« Quelques antisystèmes parlent encore de la chute du système… Toujours plus fort, le système n’a plus besoin de porte-avions. Il est comme le Tulsa Doom de Conan le barbare, il n’a plus besoin de fer pour contrôler, il lui suffit de contrôler notre esprit, comme dans un bon vieil épisode de Star Trek. La télé et le smartphone suffisent pour choquer puis pour soumettre tout le monde.

En réalité il n’a jamais été aussi fort le système, parce qu’il reproduit à chaque fois les mêmes gimmicks et les mêmes mensonges – avec la même chutzpah et les mêmes bons résultats. Notre martyre, pour reprendre Lucien Cerise, n’est pas prêt d’être achevé, car le destin du spectacle, comme dit Guy Debord cette fois, n’est pas de finir en despotisme éclairé. Brandon Smith qui semblait fou et cauchemardesque il y a peu confirme que c’est moins l’argent que le contrôle qui les motive. Les control freaks des films hollywoodiens ont été clonés sur nos hommes politiques qui en Inde, Espagne, France, aux Philippines, découvrent comme il est bon de nuire à autrui. L’homme est un pion pour l’homme.

Cette affaire de virus (je passe sur la manipulation des chiffres, qui nous ramène à Timisoara) va donc achever la fascisation des états occidentaux et la tiers-mondisation des citoyens. En relisant Naomi Klein on ne peut qu’en être assuré, alors que seize millions de chômeurs américains peuvent apprécier la plus forte hausse hebdomadaire de l’histoire de Wall Street – qui a repris 40% en trois semaines, grâce à l’aide multimilliardaire de Trump et de la Fed. Et comme dit aussi Brandon Smith, tous les petits commerces et commerces intermédiaires vont être liquidés, laissant la voie définitive à la tyrannie de l’Etat et des corporations titanesques. Tout cela était montré au cinéma, alors on ne croyait pas…

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Rappelons Klein pour comprendre à quelle sauce nous serons mangés. Pour les naïfs on rappellera que les libéraux-néocons aux commandes sont plus millénaristes que les anciens communistes ou les anabaptistes. Elle écrit :

« Au milieu des années 1980, l’idée communiste de crise connut un spectaculaire regain de popularité sous l’impulsion des économistes de l’école de Chicago, qui raisonnaient comme suit : s’il peut provoquer une révolution à gauche, l’effondrement du marché peut aussi déclencher la contre-révolution à droite. On baptisa cette théorie « hypothèse de la crise ».

Le but de nos bourreaux libéraux :

« Le mot qui convient le mieux pour désigner un système qui gomme les frontières entre le Gouvernement avec un G majuscule et l’Entreprise avec un E majuscule n’est ni « libéral », ni « conservateur », ni « capitaliste ». Ce serait plutôt « corporatiste ». Il se caractérise au premier chef par d’immenses transferts de ressources publiques vers le secteur privé, démarche qui s’accompagne souvent d’une explosion de l’endettement, d’un accroissement de l’écart entre les riches à outrance et les pauvres sans importance et d’un nationalisme exacerbé qui justifie des dépenses colossales dans le domaine de la sécurité. Pour ceux qui font partie de la bulle d’extrême richesse ainsi créée, il n’y a pas de moyen plus rentable d’organiser la société. »

Evidemment un tel système demande ordre et torture :

« Étant donné les désavantages manifestes pour la vaste majorité des citoyens condamnés à rester en marge, l’État corporatiste doit adopter d’autres tactiques : le resserrement de la surveillance (le gouvernement et les grandes sociétés s’échangeant une fois de plus des faveurs et des contrats), le recours massif aux emprisonnements, le rétrécissement des libertés civiles et, souvent, la torture. »

Et Naomi d’ajouter :

« Du Chili à la Chine en passant par l’Irak, la torture a été le partenaire silencieux de la croisade mondiale en faveur de la libéralisation des marchés. Cependant, elle n’est pas qu’un simple moyen utilisé pour forcer des citoyens rebelles à accepter des politiques dont ils ne veulent pas. On peut aussi y voir une métaphore de la logique qui sous-tend la stratégie du choc. »

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Depuis des mois en effet nous sommes torturés, sidérés, abrutis, tétanisés par cette histoire de virus, à qui on attribue toutes sortes de morts qui représentent un millième de la grippe faussement nommée espagnole.

Or on ne traite pas autrement les cochons. Klein de rappeler :

« Je me suis rendu dans un abattoir pour observer ce qu’on appelait l’« abattage électrique ». On plaçait sur les tempes des porcs de grosses pinces métalliques raccordées à un bloc d’alimentation de 125 volts. Dès que les pinces étaient en place, les animaux perdaient connaissance, se raidissaient et, au bout de quelques secondes, étaient pris de convulsions, exactement comme nos chiens de laboratoire. Pendant cette période d’inconscience (coma épileptique), le boucher tuait les animaux d’un coup de couteau et les saignait sans difficulté (Ugo Cerletti, psychiatre). »

Le 11 septembre semble assez bucolique à côté. Mais rappelons quand même à quoi il servit – à reprogrammer les humains devenus « tous américains » :

« À cet égard, l’exemple le plus probant est le choc du 11 septembre, qui, pour des millions de personnes, fit voler en éclats le « monde familier ». Il déclencha du même coup une période de désorientation et de régression que l’administration Bush exploita de main de maître. Soudain, nous nous retrouvions en quelque sorte en l’an zéro. Tout ce que nous savions du monde relevait d’« avant » la catastrophe. Nous, les Nord-Américains, qui de toute façon connaissions mal notre histoire formions désormais un État vierge, une « feuille blanche » sur laquelle « on peut écrire les mots les plus beaux et les plus nouveaux », ainsi que Mao le dit à propos de son peuple. »

La chasse au musulman (vingt millions de victimes) fut ouverte et le début de la fin des libertés :

« Une nouvelle armée de spécialistes se chargea aussitôt d’écrire des mots beaux et nouveaux sur la table rase de notre conscience traumatisée : « choc des civilisations », « axe du mal », « islamo-fascisme », « sécurité intérieure ». Pendant que les citoyens étaient mobilisés par de nouvelles guerres culturelles aux conséquences mortelles, l’administration Bush accomplit ce dont elle n’aurait pu que rêver sans les attentats du 11 septembre : lancer des guerres privatisées à l’étranger et créer un complexe de la sécurité assujetti au contrôle du privé à l’intérieur des frontières des États-Unis. »

Naomi ne parlait pas de virus mais elle décrit pourtant le phénomène de la panique virale à laquelle nous invitait Greta l’an dernier :

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« Voici donc comment fonctionne la stratégie du choc : le désastre déclencheur — le coup d’État, l’attentat terroriste, l’effondrement des marchés, la guerre, le tsunami, l’ouragan — plonge la population dans un état de choc collectif. Le sifflement des bombes, les échos de la terreur et les vents rugissants « assouplissent » les sociétés, un peu comme la musique tonitruante et les coups dans les prisons où se pratique la torture. »

Car l’important est d’abandonner des droits – et Dieu sait que nous en abandonnons en ce moment :

« À l’instar du prisonnier terrorisé qui donne le nom de ses camarades et renie sa foi, les sociétés en état de choc abandonnent des droits que, dans d’autres circonstances, elles auraient défendus jalousement. Jamar Perry et les autres évacués entassés dans le refuge de Bâton Rouge devaient renoncer à leurs logements sociaux et à leurs écoles publiques. Après le tsunami, les pêcheurs sri-lankais devaient céder aux hôteliers leurs précieuses terres du bord de la mer. Si tout s’était passé comme prévu, les Irakiens, eux, auraient dû être sous le coup du choc et de l’effroi au point d’abandonner aux bases militaires américaines et aux zones vertes la maîtrise de leurs réserves de pétrole, de leurs sociétés d’État et de leur souveraineté. »

Après le moment-choc (peur et confinement), nous aurons le chômage, la dette enflée, les impôts et les confiscations – sans oublier d’autres confinements, car pourquoi changer une équipe qui gagne ? Ce sera la fin définitive du travail tel que nous avons connu. Et nous savons tous que pendant que le virus effraie, les réformes continuent…

Autre menace aussi : les monologues du vaccin ont remplacé momentanément les monologues du vagin. On pense au psychopathe Bill Gates et à son vaccin qui enrégimentera l’humain au nom de l’identité digitale (la technologie comme application physique des cauchemars gnostiques). Parlons alors de cette manipulation moliéresque de l’obsession médicale, de la paralysie par l’hôpital (comme on sait ils sont souvent assez vides, et tout le monde a vérifié…). Ici Naomi Klein cite Susan Sontag :

« L’utilisation du cancer dans le discours politique encourage le fatalisme et justifie des mesures « rigoureuses » — tout en renforçant l’idée largement répandue que cette maladie est obligatoirement mortelle. Le concept même de la maladie n’est jamais innocent. Mais on pourrait répondre que les métaphores liées au cancer portent en elles, et implicitement, l’idée de génocide. »

On ne saurait mieux dire alors ce qui nous attend. Déjà dissuadés (Virilio), nous finirons décérébrés comme Nicholson dans le prophétique Vol au-dessus d’un nid de coucous. Et je rappellerai cette phrase sur l’hôpital comme lieu de dressage de Michel Foucault :

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« L’hôpital d’abord, puis l’école et plus tard encore l’atelier n’ont pas simplement été ‘mis en ordre’ par les disciplines ; ils sont devenus, grâce à elles, de tels appareils que tout mécanisme d’objectivation peut être utilisé comme instrument de sujétion, et tout accroissement de pouvoir donne naissance à une connaissance possible ; de ce lien, typique des systèmes technologiques, c’est ainsi que la médecine clinique ; la psychiatrie ; la psychologie des enfants ; la psychopédagogie ; la rationalisation du travail ont pu se former dans l’élément disciplinaire. »

Pauvre Nietzsche qui nous demandait de devenir durs… »

Nicolas Bonnal, le 11 avril 2020

Sources

Naomi Klein, la stratégie du choc

Rappel :

La guerre psychologique derrière l’effondrement économique (B. Smith)

Lire aussi :

La phrase du siècle : ONLY THE PARANOID SURVIVE. Elle est d’Andy Grove, fondateur d’Intel et rescapé de la shoah