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mardi, 15 décembre 2020

Les "antiracistes" et la réinvention du langage

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Les "antiracistes" et la réinvention du langage

par Marco Malaguti

Source : Centro Machiavelli & https://www.ariannaeditrice.it

"Je ne suis pas raciste mais...". Cette phrase a longtemps été une phrase qui ne peut plus être prononcée. Dans le passé, elle était utilisée pour exprimer les distinctions les plus polies concernant l'immigration de masse, mais maintenant elle est considérée comme une sorte de confession. Le "mais" nie automatiquement la négation, quelle que soit la suite de la phrase, de sorte que le "je ne suis pas raciste" est arbitrairement supprimé par celui qui reçoit la phrase : une intervention extérieure brutale révoque la légitimité de la relation existante entre le signifiant et le signifié, modifiant de manière significative ce deuxième aspect, le sommet du triangle sémiotique de la signification.

31tJToGpqVL.jpgUne telle opération n'est possible qu'en intervenant au niveau de la légitimation, dont le fonctionnement est décrit avec précision par Jean-François Lyotard dans le deuxième chapitre de La condition postmoderne avec un titre particulièrement emblématique : "Le problème". Le droit de décider de ce qui est vrai - par exemple, que la phrase "Je ne suis pas raciste mais" implique le rejet de la discrimination raciale - est pour Lyotard un problème essentiellement prospectif. Le droit de décider de ce qui est vrai ou faux (par exemple un sens), est étroitement lié au droit de décider de ce qui est juste et de ce qui est injuste. Dans un tel scénario, la science (la sémiotique) est étroitement liée à la politique et à l'éthique qui, selon Lyotard, reposerait sur un concept appelé "Occident". Lyotard conclut son chapitre par ce commentaire paradigmatique : "Qui décide de ce qu'est la connaissance (c'est-à-dire le sens à attribuer aux signifiants, ndA) ? La question de la connaissance à l'ère des technologies de l'information est plus que jamais la question du gouvernement".

En ce sens, l'œuvre culturelle du progressisme a été activée avec clairvoyance par une remise en question de toute la culture occidentale qui a sagement combiné les outils d'un relativisme semi-absolu et d'un dogmatisme para théologique qui ne sont qu'en apparence en contradiction l'un avec l'autre. L'affirmation progressive de significations progressistes corroborée par l'imprimatur de la légitimité académique et politique a placé les défenseurs des anciennes significations dans une impasse dont il semble n'y avoir aucune issue.

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Dans un tel contexte, l'adversaire double les enjeux : il ne suffit plus de proclamer que l'on n'adhère pas aux anciennes significations, il faut les répudier publiquement. L'autodafé de l'Inquisition espagnole est de nouveau à la mode. C'est ce qu'ont suggéré des universitaires comme Ibram Kendi (Université de Boston), qui, lors d'un webinaire de l'Université de Stanford, a déclaré qu'il ne suffit plus de ne pas dire qu'on est raciste, mais qu'il faut une déclaration publique de lutte contre le racisme.

Nous l'avons vu : Lyotard a attribué à l'Occident un sens central en tant que concept prospectif. Si nous encadrons les significations dans une prospective occidentale (c'est-à-dire blanche), la déclaration de Kendi a une logique qui lui est propre : les institutions décident de ce qui est juste et de ce qui ne l'est pas, c'est-à-dire qu'elles décident des significations des signifiants dans une perspective eurocentrique, donc implicitement raciste. Au lieu de cela, exiger des autoproclamations ouvertes d'antiracisme démolit le système de consensus et de légitimité sur lequel reposent les significations.

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Mais le problème qui se pose est celui de l'émergence, qui connote cette évolution comme une simple succession d'actes de force nihilistes : ceux qui ont le plus de force brute et de ruse pour s'imposer au détriment des autres sont aux commandes, et une perspective commune fait totalement défaut. C'est ainsi que se produit le déclin de toute transcendance politique, en particulier dans les républiques libérales-démocrates. En ce sens, le concept d'État lui-même est redéfini et se corrode, devenant une sorte de vase prêt à être rempli, selon la fortuité, le hasard et les forces qui s'affrontent à l'extérieur, avec des significations toujours nouvelles. Les oppositions, quelles qu'elles soient, sont soumises à la violence coercitive des maîtres du sens, prêts cependant à en payer le prix au premier moment de faiblesse de ceux-ci.

Le concept d'alternance démocratique disparaît, submergé par une lutte brutale pour la vie et la mort.

Cet état de précarité totale est perçu avec lucidité par les appareils au pouvoir, qui courent se mettre à l'abri :

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Le pouvoir déclenche une course à des lois toujours plus liberticides dans une sorte d'idéation pré-traumatique mais loin d'être paranoïaque. Cette tendance peut être observée dans tous les pays, des démocraties libérales occidentales aux pays "populistes", des "démocraties" sud-américaines au totalitarisme chinois et aux monarchies musulmanes du Golfe persique. Dans tous les pays du monde, les technologies et les lois qui les contrôlent représentent le secteur clé des relations entre les gouvernements et les oppositions, et aucun changement de tendance n'est visible : ce processus trouve précisément ses racines dans le champ de bataille sémiologique et plus encore dans celui des récits et des images.

L'importance de ce champ de bataille a été implicitement soulignée par Kendi lui-même à l'occasion des dernières élections présidentielles, lorsqu'il s'est particulièrement attardé sur des expressions telles que "vote légal" et "responsabilité personnelle", soulignant le caractère éminemment linguistique du problème. Il reste à savoir si les différentes langues du monde, en particulier celles d'origine européenne, peuvent être repensées dans une optique "inclusive" et "antiraciste", ou si, ayant été codifiées et provenant d'une époque certainement "raciste" (ainsi que "patriarcale", "homophobe", etc.), elles ne devraient pas plutôt être abolies tout court et remplacées par quelque chose d'autre, peut-être créé de toutes pièces, en dehors de la perspective occidentale.

Ce problème affecte la légitimité même des États qui seraient théoriquement appelés à approuver de telles mesures, mais qui sont aussi les rejetons d'un même horizon sémiotique. La conséquence serait qu'aucun État, du moins à l'Ouest, ne serait pleinement légitime. Un message radical dont les conséquences à long terme peuvent être aussi dangereuses qu'impondérables.

Fausses nouvelles : une nouvelle chasse aux sorcières

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Fausses nouvelles : une nouvelle chasse aux sorcières

par Enrica Perucchietti

Source :  Nazione futura & https://www.ariannaeditrice.it

Enrica Perucchietti, journaliste et écrivain, fait un tabac en librairie avec Fake News. Come il potere controlla i media e censura l’informazione indipendente per ottenere il consenso.  (= Fake News. Comment le pouvoir contrôle les médias et censure l'information indépendante pour obtenir un consensus). Ce livre décrit le monde dystopique dans lequel nous avons été catapultés ces derniers mois. Analyses, descriptions, commentaires et réflexions pour démasquer le pouvoir qui contrôle l'information et occulte la dissidence.

Entretien avec Enrica Perucchietti

Fake News vise à démasquer le pouvoir qui contrôle les médias et censure l'information. Pensez-vous que la lutte contre les fausses nouvelles ressemble à une nouvelle chasse aux sorcières ?

Oui, je crois que la lutte actuelle contre les pseudo-fausses nouvelles est en fait une chasse aux sorcières, d’un type très élaboré, visant à réprimer toute dissidence. Elle dure désormais depuis trois ans, et elle a atteint son point culminant pendant le confinement, avec la censure sur le Net de contenus que l'algorithme de service ne considérait pas comme convergents avec le récit officiel sur le Covid-19. D'une part, cette chasse aux sorcières moderne exploite la question de la cyberintimidation, de la haine et de la désinformation sur le web, pour aboutir à l'approbation d'une censure du réseau, en venant à assumer, du DDL Gambaro à la Commission d'enquête parlementaire sur les fausses nouvelles, l'introduction de nouvelles lois ou formes d'amendes et d'emprisonnement pour ceux qui divulguent des nouvelles "fausses, exagérées, biaisées, concernant des données ou des faits manifestement infondés ou faux" ; des normes qui rappellent le crime d'opinion (une forme moderne de psycho-réalité orwellienne), dont le but n'est pas tant de frapper les nouvelles non fondées que la dissidence en général.

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La classe politique prépare-t-elle les nouvelles pour obtenir un consensus et obscurcir les dissensions?

La propagande a toujours été, même en démocratie, un outil de formation de l'opinion publique et d'hétéro-détermination du consensus. La politique, et plus généralement le pouvoir, a intérêt à diriger l'information, qui, surtout au cours de ces derniers mois, est parfois devenue indissociable de la propagande. Un exemple récent est le décret-loi 34/2020 (dit "décret de relance") qui, dans son article 195, a prévu l'allocation de 50 millions d'euros pour la fourniture d'une contribution extraordinaire en faveur des diffuseurs locaux de radio et de télévision (c'est-à-dire des spots) qui s'engagent à transmettre des messages de communication institutionnelle relatifs à l'urgence sanitaire dans leurs propres espaces d'information. On peut imaginer combien d'éditeurs, pour accéder à ce financement, en viendront à accepter de diffuser des spots institutionnels et à aligner leur ligne éditoriale sur une version pro-gouvernementale. Cela conduira bien évidemment à la formation de l'opinion publique en orientant le consensus dans la direction prédéterminée d'en haut (dans ce cas par le gouvernement). Les informations de masse qui se diffusent par le biais des médias grand public et bénéficient d'investissements sont obligées de se soumettre à des lignes éditoriales spécifiques et à la volonté (ou au caprice) des sponsors. Y compris, bien sûr, la censure.

Ce que vous appelez la "psychose antiraciste" se répand. De quoi s'agit-il ?

Cette psychose fait partie du progressisme politiquement correct qui, depuis des années, tente de reprogrammer les consciences. Au lieu de sensibiliser les citoyens sur des questions significatives, elle tente de convertir les masses par la violence, la psychose et l'hystérie, en refusant toute forme de confrontation. En d'autres termes, on a créé une forme de psychopole arc-en-ciel et politiquement correct qui ne tolère pas les déviations par rapport à la pensée unique qui est aussi féroce qu'implacable. Pensons, par exemple, à Black Lives Matter : le mouvement, né après l'homicide dont fut victime George Floyd, a décrété l'interdiction de films parce qu'ils sont considérés comme racistes, sexistes, homophobes ou transphobes, (Variety, le magazine américain culte des cinéphiles du monde entier, a publié une liste de dix films considérés comme "dangereux", de Autant en emporte le vent à Forrest Gump), une autre liste d’œuvres littéraires (de Dante à Lovecraft), une liste de termes considérés comme racistes et a également banalisé la démolition iconoclaste de statues. Cela a généré une véritable psychose qui a touché des domaines inattendus, en changeant une fois de plus le langage et en interdisant l'utilisation de termes tabous. L'Oréal, la multinationale des cosmétiques, a décidé de supprimer le mot "blanc" et "blanchissant" de ses produits : cette décision intervient après que la filiale indienne du groupe Unilever, qui a choisi de rebaptiser sa crème blanchissante pour la peau commercialisée sous le nom de "Fair & Lovely", ait visé un modèle plus "inclusif". Johnson & Johnson a également confirmé aux médias qu'elle ne vendra plus le sérum blanchissant "Fine Fairness" de Neutrogena, mais qu'elle le remplacera par un hydratant d'Indian Clean & Clear, appelé "Clear Fairness Cream". La frénésie antiraciste a également investi le Git-Hub, la communauté des développeurs informatiques, peuplée de programmeurs d'Apple, Microsoft, Google, Twitter, Facebook et sur laquelle les codes sources sont téléchargés et divers sujets sont débattus sur des forums de discussion spéciaux. Le siège a pris la décision d'abolir le terme technique "maître", utilisé dans les logiciels, parce qu'il est trop proche de l'esclavage.

Donald Trump pourrait être un cas d'école, en tant que victime de la censure par Twitter, surtout dans son moment politique le plus délicat : la campagne électorale. Comment analysez-vous l'affaire Trump dans le contexte de la communication ?

C'est un cas emblématique et très grave en termes de liberté de pensée et d'information, puisque - qu'on aime le personnage ou non - Trump a été victime de battage publicitaire, de campagnes de diffamation, de scandales montés et pilotés avec art, voire de censure des réseaux sociaux et des chaînes de télévision. La censure a servi à empêcher à tout prix que certains messages du président sortant puissent pénétrer et se répandre dans l'opinion publique : si cela se produit avec l'occupant de la Maison Blanche, comment peut-on penser que le citoyen moyen sera immunisé ?

Les canulars circulant facilement sur le web sont des canulars, rarement reconnus par l'utilisateur moyen. Serait-ce une bonne habitude de vérifier les faits ?

fake-news-n-e-4d.jpgSi la vérification des faits était objective et ne constituait pas seulement un moyen d'attaquer, de dénigrer et de persécuter des informations indépendantes, elle constituerait une pratique bonne et souhaitable. C'est pourquoi j'ai rejoint le projet de Matteo Gracis du site nobufale.it, dont le but est de vérifier les nouvelles, y compris, toutefois, celles transmises par les médias, qui sont les premiers à se tromper, et non de vérifier les nouvelles et de diffuser de fausses nouvelles.

Sommes-nous en train de revivre un deuxième 1984 ?

Nous risquons de nous réveiller dans un contexte très similaire. En quelques mois, nous avons été catapultés dans une véritable dystopie, un système totalitaire, produit par l'intersection d'idéologies égalitaires, du capitalisme technologique et du contrôle pharmaceutique, incluant la surveillance des citoyens, le déploiement de drones, les amendes sauvages, les propositions de bracelets hi-tech pour la distanciation sociale, la distanciation verticale dans les transports publics, le psycho-policier, le néo-langage avec l'invention de termes ad hoc pour marquer les dissidents (NO MASK , négationniste, etc.), la censure du web, les traitements médicaux obligatoires, la délation, la tempête d’injures sur les réseaux sociaux contre ceux qui osent critiquer les mesures prises par le gouvernement. ), la censure sur le web, le traitement médical obligatoire, etc. La crainte de l'urgence sanitaire a conduit à la création d'une sorte de psychopole dans lequel les citoyens ont joué avec diligence le rôle d'informateurs, prêts à dénoncer toute personne qui, selon leurs paramètres, ne respectait pas les règles. Cela a créé une sorte de chasse au "untore" de la mémoire de Manzoni (vous vous souvenez de la colonne infâme ?) avec le signalement viral de comportements ambigus et la création de groupes Facebook où signaler tout contrevenant aux interdictions. Les "dissidents", c'est-à-dire ceux qui critiquaient l'excès de restrictions, étaient insultés, dénigrés, menacés, coupables précisément de penser mal, comme si leur esprit critique pouvait mettre en danger, voire "infecter", toute la communauté. On peut bien dire que, assombrie, voire écrasée par le poids de la peur, la recherche de la sécurité a conduit de plus en plus de personnes à accepter de s'appuyer sur des mesures autoritaires et répressives pour se sentir en sécurité. Le pouvoir, qui ne s'identifie pas à la politique mais l'exploite et la dirige dans les coulisses, profite des moments de crise pour diriger l'opinion publique de manière de plus en plus sophistiquée, en imposant un principe d'autorité : dans un horizon où tout risque de s'estomper et de disparaître sous le poids des images, où tout devient "relatif" et virtuel, pour comprendre ce qui est vrai et ce qui est faux, il faut se référer à une autorité extérieure pour être rassuré et savoir orienter ses choix.

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La langue est un autre élément étudié dans son analyse. La pathologie du politiquement correct affecte-t-elle également notre façon de nous exprimer ?

Le recours à des néologismes toujours nouveaux, créés avec art, signifie que ce n'est plus nous qui pensons avec des mots, mais que ce sont les mots eux-mêmes qui pensent pour nous. Cela se produit parce qu'ils sont vidés de leur sens, sclérosés, tout comme l'esprit des gens est devenu schizophrène à force d'être manipulé et de vivre dans un présent éternel où l'histoire est constamment falsifiée et réécrite. Le langage est réduit à l'essentiel, les mots deviennent des coquilles vides, idéales pour véhiculer les concepts du « double langage » orwellien, qui peuvent être constamment modifiés, renversés, niés, désavoués. De même que la conscience est nivelée et l'identité de la personne est éradiquée, car "remplie" par les préceptes du pouvoir, de même le langage est vidé. La pensée unique, aujourd'hui, ne nécessite plus une censure violente, bien que le dénigrement et la violence médiatique la remplacent en partie, mais fait de chacun un censeur de lui-même. D'une part, la répression et la violence nous empêchent d'exprimer ce que nous voudrions, par peur d'une réaction; d'autre part, le politiquement correct et le néolangage (la novlangue) rendent de plus en plus difficile non seulement de parler et d'écrire, mais même de penser. Le néo-langage politiquement correct est une construction artificielle et bureaucratique ; c'est une langue pour les fanatiques idéologiques, qui infecte le monde entier, s'imposant par des slogans et une dépendance aux médias. Aujourd'hui, nous pouvons observer de nombreux exemples de néo-langage, mais le plus flagrant est le processus de réécriture du langage, qui a été imposé par le gender friendly pour subjuguer mentalement les consciences et les empêcher de "penser", et surtout de penser de manière "hérétique".

Revenant sur la forme du langage, quand le pouvoir "s'adresse au public comme à des enfants" ?

L'exploitation de l'émotion est une technique classique, une règle d'or, pour provoquer un court-circuit dans une analyse rationnelle. De plus, l'utilisation du registre émotionnel permet d'ouvrir la porte à l'inconscient, d'implanter ou d'injecter des idées, des désirs, des peurs et des craintes. Walter Lippmann a déjà expliqué l'importance de l'empathie : une personne finit par s'identifier à une idée ou à une image lorsqu'elle la sent sienne, c'est-à-dire lorsqu'elle éprouve un sentiment de participation émotionnelle et donc de proximité.

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Comment la stratégie de distraction est-elle mise en œuvre ?

Elle est l'élément principal du contrôle social et consiste à détourner l'attention du public des problèmes et des changements importants décidés par les élites politiques et économiques, par la technique du déluge ou de l'inondation de "distractions" continues et d'informations insignifiantes. C'est-à-dire qu'il vise à occuper le public sans lui donner le temps de réfléchir, le rendant ainsi "passif". Déjà Aldous Huxley notait, dans Le meilleur des mondes revisité, comment les puissants avaient compris que, pour contrôler les masses, il fallait agir sur "l'appétit presque insatiable de distractions" de l'homme. En ce sens, explique le romancier anglais, l'industrie des médias est décrite comme l'un des bras armés des gouvernants, visant non pas tant à communiquer le vrai ou le faux, mais plutôt à offrir l'irréel, c'est-à-dire une évasion du réel qui oblige l'homme à se distraire des contingences sociales, économiques et politiques. Cette règle peut également être appliquée aux scandales, aux nouvelles ou aux commérages, qui servent à détourner l'attention de l'opinion publique de problèmes beaucoup plus urgents. Il comprend également tous les événements sportifs ou spectacles qui parviennent à attirer une attention considérable des médias et donc du public.

L'urgence de Covid19 a été un test pour la communication au grand public. Quel a été l'effet sur la population ?

À partir des différentes versions émises sur la propagation de la contagion, pendant les mois de la pandémie du Covid-19, les informations officielles étaient virtuelles, contradictoires et parfois schizophrènes, alimentant un récit catastrophique et générant la terreur et la psychose de masse. Au cours des premiers mois, je pense que le caractère vague des informations était dû en partie au manque de transparence dans la gestion initiale de la pandémie par la Chine et en partie à la diffusion de données contradictoires et peu claires par les organismes institutionnels et les "experts". Pendant des semaines, même les journalistes n'ont pas pu comprendre la gravité de la situation, car les déclarations - parfois exprimées superficiellement et à titre personnel - des "experts" étaient trop diverses et contradictoires. D'où la désorientation et la perception publique de l'information "virtuelle". Dans les mois qui ont suivi, on a cependant pu constater que les médias ont délibérément choisi de continuer à cautionner le catastrophisme et d'accroître l'anxiété et la psychose, poursuivant une criminologie de la santé visant à maintenir un climat de peur élevé et justifiant des mesures répressives clairement destinées à maintenir la pression jusqu'à l'arrivée du vaccin. Le fait que l'opinion publique soit divisée même sur une question aussi sensible que la pandémie du Covid-19 montre clairement que l'information, de plus en plus spectaculaire, peine parfois à être crédible, précisément parce qu'elle semble avoir abandonné l'objectivité et la recherche de la vérité pour se soumettre à des lignes éditoriales spécifiques ou simplement pour faire de l'audimat, capter quelques clics ou vendre quelques exemplaires supplémentaires d'un journal. Dans ce cas, même les journalistes se sont trouvés obligés de courir après des informations confuses et contradictoires émanant d'organes officiels : comme ils sont tous devenus des "experts" mais sont tous en contradiction les uns avec les autres, il a été difficile de reconstituer et de diffuser des informations correctes.

Variations géopolitiques

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Variations géopolitiques

par Georges FELTIN-TRACOL

Décédé des suites d’une longue maladie en 2012, Hervé Coutau-Bégarie n’a jamais pu tenir entre ses mains cet ouvrage réunissant vingt-cinq contributeurs et composé de vingt-huit articles, achevé sous la houlette de son élève et ami, Martin Motte. Celui-ci ne cache pas les insuffisances du recueil. Il déplore l’absence de Nicholas J. Spykman ou des « géopolitiques “ exotiques ” – la Chiseigaku japonaise, les écoles latino-américaines […], la géopolitique “ gondwanienne ” du Gabonais Marc-Louis Ropivia… (p. 14) ». Il le regrette alors que Hervé Coutau-Bégarie n’ignorait rien de l’extraordinaire foisonnement des courants géopolitiques en Amérique du Sud, en Afrique et en Extrême-Orient (1).

Un exemple en digression

Né en 1951, Marc-Louis Ropivia est un géographe. L’ancien recteur de l’université Omar-Bongo de Libreville fut détenu politique de 1972 à 1975 avant de devenir plus tard ministre gabonais de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur. Il travaille dès 2007 sur la notion d’« écocide ».

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En géopolitique, il contredit la conception « verticaliste » des écoles géopolitiques occidentales. Il théorise très tôt un autre système international « horizontal » celui-là. Le monde selon Ropivia se divise entre une « aire boréale » (Amérique du Nord, Europe, Afrique du Nord, Proche – et Moyen-Orient, Sibérie), une « aire australe » (Antarctique et Afrique du Sud), un immense « Bassin Pacifique » (dont la côte Ouest des Amériques, de la Colombie britannique au Chili en passant par la Californie et le Pérou) et deux ensembles géopolitiques qui se partagent le continent africain. L’« Amérafrique » réunit le Brésil, le bassin hydrographique du Congo et le golfe de Guinée. L’« Indo-Afrique » rassemble autour de l’Inde, la Péninsule arabique méridionale, la Corne de l’Afrique, la côte orientale de l’Afrique, l’Indochine et l’Ouest de l’Insulinde). À l’intersection de l’« Amérafrique » et l’« Indo-Afrique » se situe le Gabon dont la situation centrale pourrait susciter une nouvelle dynamique géopolitique continentale dans l’Hémisphère Sud en s’appuyant sur les projections conjointes ultra-marines de l’Inde et du Brésil, un Brésil retrouvant un double tropisme africain et lusophone. La réalisation d’un axe dynamique Brésil – Afrique centrale « gabonocentrée » – Inde (« impérialisme tropical gondwanien ») reconstituerait le continent perdu du Gondwana (2).

Il faut par ailleurs relever que Marc-Louis Ropivia soutient une forme particulière de fédéralisme : le « fédéralisme nucléaire ». Il conçoit une pluralité d’États fédéraux régionaux fondés sur les différentes aires culturelles de l’Afrique reposant elles-mêmes sur les différents milieux biophysiques de l’espace négro-africain. Dès le début des années 1980, Marc-Louis Ropivia théorise dans un cadre géopolitique un panafricanisme sensé et l’esquisse des « bio-régions ».

Un manuel original

Approches de la géopolitique s’organise en quatre parties au nombre inégal d’articles. « Épistémologie de la géopolitique » en comprend deux; « Préhistoire de la géopolitique » sept; « La première géopolitique » onze et « La géopolitique après la seconde Guerre mondiale » six. Il revient enfin à Martin Motte de signer les introduction et conclusion générales.

Le recueil entend néanmoins offrir au public francophone une meilleure connaissance du vaste champ géopolitique, en particulier de son histoire et de ses enjeux théoriques. Si le terme façonné par le politologue conservateur suédois Rudolf Kjellén est assez récent, « le fondement géographique de la politique et de la stratégie est connu de toute éternité, il était déjà affirmé par Sun Zi [Sun Tzu] au IVe siècle avant notre ère et on retrouve le thème tant chez les théoriciens politiques, avec la justification des guerres de conquête, que chez les géographes militaires (p. 21) ».

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Nombreuses sont les perceptions de la géopolitique que d’aucuns assimilent parfois à la « géostratégie », à la « géo-histoire » ou à la « géo-économie »… Pour Olivier Kempf, il s’agit principalement d’« une lutte d’intérêts de puissance sur des territoires (p. 142) ». On peut compléter cette définition en y intégrant des données humaines, culturelles, religieuses, médiatiques, sociales, voire psychologiques.

L’ouvrage ne cache pas son intention : dépasser les travaux géopolitiques du général Gallois, de Paul Claval, de Claude Raffestin, de Michel Korinman et de Pascal Lorot qui datent « tous des années 1990, ils manquent de recul sur la pensée géopolitique de l’après-Guerre froide; [… or] la recherche sur les origines de la géopolitique a progressé depuis lors (p. 14) », car sa genèse remonte au début du XXIe siècle. L’ampleur de la tâche, les diverses activités des participants ainsi que les inévitables contretemps expliquent sa sortie une douzaine d’années plus tard. Le recueil prend date par rapport à l’autre école géopolitique hexagonale, celle d’Yves Lacoste autour de la revue Hérodote et de l’Institut français de géopolitique (IFG) rattaché à l’université de Paris – VIII – Saint-Denis.

Géopolitiques politisées

Rédacteur aux Cahiers de l’indépendance de Paul-Marie Coûteaux, Hervé Coutau-Bégarie n’a jamais caché sa fibre souverainiste nationale. Il se permet de donner quelques piques bien senties à l’ancien marxiste Yves Lacoste, auteur en 1997 chez Fayard d’un Vive la nation. Destin d’une idée géopolitique, au dessein nationiste-républicain crypto-chevénementiste. Exégète des écrits de l’amiral – géopoliticien Raoul Castex (1878 – 1968) (3), Hervé Coutau-Bégarie envisage la géopolitique en « pensée déterministe. Elle établit une relation privilégiée entre l’espace et la politique (p. 30) ».

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Contrairement à Yves Lacoste et à ses « disciples », souvent de formation universitaire géographique, Hervé Coutau-Bégarie, spécialiste internationalement reconnu de stratégie navale, provient de l’ENA. Souvent réticents à l’égard du concept même de géopolitique, bien des géographes de profession n’ont jamais goûté son intrusion brillante dans leur « pré carré »… Le courant « lacostien » et sa postérité intellectuelle charrie aujourd’hui un étrange mélange de conformisme post-gauchiste, perceptible à travers des études parues dans Hérodote ou soutenues par l’IFG souvent hostiles à la Droite nationale, et de néo-atlantisme belliciste (chercheur associé à l’Institut Thomas-More, l’eurosceptique et « russophobe » – dans son acception étymologique – Jean-Sylvestre Mongrenier collabore régulièrement à Hérodote). La collection « Bibliothèque stratégique », prolongement éditorial de l’Institut de Stratégie comparée, défend une vision à la fois realpolitik et conservatrice – souverainiste.

La revue Conflits peut être vue sous un angle polémique comme une tentative ratée de concilier ces deux sensibilités rivales avant de se perdre, avec le retrait de son fondateur, Pascal Gauchon, dans les méandres du (géo)politiquement correct.

Par-delà Terre et Mer

Suivant l’enseignement de l’amiral Castex qui approfondit et développe les analyses de l’amiral étatsunien Alfred Thayer Mahan, Hervé Coutau-Bégarie rappelle que « la puissance maritime reste à l’abri des entreprises de son adversaire tant qu’elle conserve la maîtrise de son élément et il en va de même pour la puissance terrestre (p. 519) ». La puissance maîtresse de la mer peut tour à tour exercer le blocus, constituer un réseau insulaire et établir un dispositif océanique de maîtrise des flux. Toutefois, « la terre n’est pas totalement désarmée devant l’ennemi marin. Elle peut d’abord, en contrôlant le littoral, ôter à la puissance maritime ses bases et points d’appui. Le maintien d’une flotte ainsi privée de tout contact terrestre devient difficile (p. 516) ». Il faut donc se défier de toute dichotomie simpliste et de tout réductionnisme géopolitique autour de l’opposition « géopolitiste » Terre – Mer d’autant que les actions militaires s’effectuent dorénavant aussi bien en mode amphibie que dans le ciel, l’espace interplanétaire et même dans le cybermonde.

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Dans ce refus « dualiste », Martin Motte se réfère bien sûr à Carl Schmitt, auteur dans le classique Terre et Mer de la notion fondamentale à la fois géographique, historique, politique et psychologique de « révolution spatiale ». Celle-ci « ne se limite pas à la dilatation des phénomènes économiques, politiques et culturels, elle est avant tout une nouvelle perception de l’espace (p. 38) ». La géopolitique aide à prendre en compte cette nouvelle appréhension multidimensionnelle des territoires.

Si le texte de Marlène Laruelle, « De l’eurasisme au néo-eurasisme : à la recherche du troisième continent », annonce ses livres à venir sur ce sujet passionnant, Christian Malis évoque la personnalité, la carrière et les idées du général souverainiste français Pierre Gallois. Amaël Cattaruzza sort de l’ombre le très méconnu Jean Gottmann tandis que Frédéric Le Moal s’attarde sur la pensée géopolitique fasciste du géographe italien Paolo Orsini d’Agostino, « connu pour être un des pères du concept d’Eurafrique (p. 471) ». L’amiral Mahan, Rudolf Kjellén, Friedrich List, Montesquieu, le général Giacomo Durando ou Zbigniew Brzezinski font l’objet de monographies pertinentes. Antoine Schülé de Villalba s’intéresse pour sa part au général et baron autrichien Jordis von Lohausen, auteur de l’essai magistral Les Empires et la Puissance. Le collaborateur à Nation Europa offre un regard continental européen tourné vers l’Eurasie hors des œillères faciles des idéologies modernes.

AVT_Olivier-Kempf_3685.jpgVauban et le chemin de fer

Signalons aussi l’excellente contribution d’Olivier Kempf (photo) consacré à Sébastien Le Prestre, maréchal de Vauban qui serait « le père de la géopolitique française (p. 129) ». Toujours en déplacements du fait de ses fonctions d’ingénieur militaire, Vauban se trouve « au croisement de la pratique et de la représentation géographique (p. 130) ». Ce catholique suggère le retour des Huguenots fuyant la révocation de l’édit de Nantes de 1685. Curieux des affaires navales et des colonies d’Amérique, ce mercantiliste « avancé » se veut réformateur fiscal avec son Projet de dîme royale. Il vante par ailleurs la réalisation des voies de communication, dont les canaux. Il comprend en effet que « les voies de communication apportent une cohérence à un territoire et contribuent autant à l’homogénéité des populations que des postes-frontières (p. 133) ».

Son intuition se confirme bien plus tard avec l’essor du chemin de fer, phénomène géopolitique étudiée par Anne et Martin Motte. Ces derniers rappellent que les saint-simoniens en France et Friedrich List outre-Rhin théorisèrent des treillages ferroviaires qui, pour List, structureraient le Zollverein. Il est avéré qu’avec la Révolution industrielle, « le développement des chemins de fer bouleversait le rapport entre puissance continentale et puissance maritime. Depuis Christophe Colomb, la seconde l’avait emporté sur la première parce qu’elle pouvait acheminer marchandises et troupes avec une célérité inaccessible aux transports terrestres; mais la “ mobilité ferroviaire ” était en passe de déclasser la mobilité maritime (p. 249) ». Malgré tout un pan dédié au transport maritime, l’ambitieux projet eurasiatique de « Nouvelles routes de la soie » porté par la Chine repose principalement sur des voies ferrées. Et si les trains intercontinentaux (ou tricontinentaux Asie – Europe – Afrique) détrônaient enfin les navires porte-conteneurs transocéaniques de la mondialisation ? Les auteurs expliquent pourquoi « la puissance ferroviaire n’a pas fait l’objet d’une théorisation aussi poussée que la puissance maritime ou la puissance aérienne (p. 303) », à l’exception notable de Guillaume Faye, fervent partisan de l’aérotrain de Jean Bertin, victime d’un autre ratage spectaculaire du septennat de VGE. Serge Gadal décrit la puissance aérienne à travers « L’aviation et la géopolitique : l’apport de George Renner ».

Approches de la géopolitique est une formidable et brillante somme qu’il importe de posséder. Ce livre prouve l’ancienneté, le dynamisme et la très grande variété d’une discipline toujours mal comprise et bien trop critiquée.

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Sur ces écoles géopolitiques méconnues en Europe, cf. l’excellent Vouloir, « Panorama théorique de la géopolitique », n° 9, printemps 1997.

2 : Le terme de Gondwana revient au géophysicien allemand Alfred Wegener, père de la « dérive des continents ».

3 : L’actuel Premier ministre français Jean Castex n’a pas de lien de parenté avec le célèbre amiral français.

• Hervé Coutau-Bégarie et Martin Motte (sous la direction de), Approches de la géopolitique. De l’Antiquité au XXIe siècle, Économica – Institut de Stratégie comparée – Écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan, coll. « Bibliothèque stratégique », 2013, 725 p., 39 €.

Davos, le Covid-19 et la grande réinitialisation

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Davos, le Covid-19 et la grande réinitialisation

"Guerre" et Covid, considérations amorales
 
Irnerio SEMINATORE

La Réinitialisation

La Réinitialisation, ou le "Great Reset" est le guide prospectif de "Davos", phare du globalisme référentiel, pour repenser le système international, améliorer le capitalisme, apporter des solutions aux défis planétaires et esquisser un nouvel ordre mondial. Pour les adeptes de la théorie du complot, il s'agirait de la mise sur pied d'un plan mondial de contrôle, de manipulation et de destruction malthusienne de la population, sur fonds de pandémie Covid 19 et du réseau 5G. La droite réformiste et multilatéraliste du globalisme, s'opposerait ici, à l'aile souverainiste et multipolariste du mondialisme.

La réinitialisation serait au même temps le Graal de "Davos" et le secret inavouable des globalistes de la grande finance, dont l'idéologie se constitue autour d'un projet de dépopulation planétaire et donc d'une philosophie génocidaire, à expérimentation smart et transversale, pour mesurer concrètement les failles du système, âpre et asymétrique. L'hypothèse de base de ce projet, grâce au Covid19 est de reconstruire la société sur une économie durable, qui a ses limites dans l'insuffisance des ressources et dans l'inadaptation des politiques censées les distribuer.

Qui ne se rappelle à ce propos du Rapport Meadows sur "Les limites à la croissance" de 1972, qui fut commandé au Massachusetts Institute of Technology (MIT), par le "Club de Rome" ? Personne ne peut oublier, à ce même propos, l'incontournable "1984" de Orwell, publié en 1949, sur les formes de totalitarisme qui se cachaient derrière la façade de la Novlangue, l'universalisation de la restriction des limites de la pensée.

41y7IMyPZzL._SX315_BO1,204,203,200_.jpgLe Rapport Meadows

Le premier modélisait l'empreinte écologique des principales interactions du "Système Terre": population, économie, énergie, production agricole et industrielle. Il mettait en avant le danger, pour l'environnement planétaire des conséquences dramatiques d'une croissance démographique et économique exponentielle de l'humanité sur le long terme et faisait état des risques de catastrophe environnementale et économique, liés à la quête de croissance, à partir de ressources limitées et d'un monde fini. Le rapport concluait à l'urgence de freiner l'augmentation de la population ainsi que l'industrialisation. La théorie de l'interdépendance, conçue dans la même année, 1972, par le "Rapport Spécial du Département d’État américain", servait parfaitement ce modèle et laissait entrevoir une possible convergence d'intérêts entre Est et Ouest, capitalisme et socialisme.

Les modalités des calculs du Rapport Meadows comme la dimension alarmiste du rapport firent l’objet de nombreuses controverses, en particulier l’idée que le franchissement de certaines limites conduirait nécessairement à un effondrement économique et à une baisse massive de la population. Ce travail précurseur a largement contribué à une prise de conscience non seulement de la fragilité de l’écosystème, mais aussi des "boucles de rétroaction" qui le régissent et des questions démographiques en matière d’environnement. Selon Laure Waridel et Philippe Descamps, les conclusions du rapport Meadows tiennent toujours la route et son rejet témoigne de la force des biais cognitifs quant aux effets de l’activité humaine sur l’environnement et en appelle toujours à freiner la croissance et à protéger la biodiversité.

91AXG-rkZJL.jpg"1984" de George Orwell

Le deuxième modèle, "1984" de Orwell, se donnait pour but, dans un monde obstinément bipolaire et radicalement antinomique de restreindre, avec le paradoxe de la Novlangue, les limites de la pensée, de manière à ce que les crimes de celle-ci, l'opposition, l'insubordination ou la révolte, n'aient plus de mots ou de concepts pour l'exprimer (toute analogie à l'actualité est purement arbitraire). D'autres penseront pour vous, par des procédés du haut vers le bas de la société !

L'insémination des idées comme celle des enfants procédera par des méthodes artificielles. D'autre part la réinterprétation et le renversement mémoriels du passé transformeront le mensonge en vérité.

L'abattement des statues des grands hommes, le changement de noms des édifices et des rues,la modification et le trucage des photos, ou encore les actuelles fake-news, altéreront et modifieront le passé et deviendront les vérités du moment, le sang bouillant qui nourrit l'esprit de révolte. Ils seront le tombeau de l'autorité ! Dans ces conditions la réinitialisation devient nécessaire et se colore de la promesse de la Bible et la mondialisation représentera le rachat de la dégénérescence du christianisme.

Le Covid de Davos

Le Covid est une chance pour Davos ! Les complotistes, les conspirationnistes et les vérificateurs de la pensée ont acquis la certitude qu'elle avait été inventée, créée à dessein, dans les laboratoires militaires de Wuhan ! Et bien non !

81TBcvgYqNL.jpgElle vient d'un monde inique et pervers, qu'il faut réformer et un changement radical s'impose ! Profitons de cette occasion historique ! "Il s’agit, - clame d'en haut le tout-puissant Docteur Schwab, Président-Fondateur de Davos,- de rendre (le monde) moins clivant, moins polluant, moins destructeur, plus inclusif, plus équitable et plus juste que celui dans lequel nous vivions à l’ère pré-pandémique." Une véritable révolution ! Ni rouge ni noire, mais verte ! Elle rendra notre vie, déjà difficile, définitivement plate et sans oppositions.

En effet la réinitialisation, n'est pas une conséquence du Covid, mais une opportunité fondatrice. Il faudra agir "ensemble et rapidement, afin de réorganiser tous les aspects de nos sociétés et de nos économies, de l’éducation aux contrats sociaux et aux conditions de travail. Chaque pays, des États-Unis à la Chine, doit participer, et chaque industrie, du pétrole et du gaz à la technologie, doit être transformée." Une grande révolution globaliste blanche, inclusive et laissant derrière nous le Mal (les oppositions) et les grandes iniquités sociales. Voici le terrifiant message de Davos. Il est existentiel et biblique ! En clair le choix de chacun se résumerait aux expressions les plus simples : Politique ou science bridée ? État ou individu ? Démocratie ou totalitarisme ? Au niveau inter-étatique et systémique, le champ de la pandémie aura pour confrontation l'emprise du pouvoir de l'hémisphère Nord sur le Sud, ou bien de l'Est sur l'Ouest ? Et la réinitialisation sera-t-elle souple et  multilatéraliste et par conséquent interne à l'actuelle hiérarchie des pouvoirs mondiaux, ou, en revanche, multipolariste et disruptive, exigeant une guerre nucléaire ? Elle sera de nature à comporter un coup d’État globaliste à l'intérieur de la Triade. Et quel sera le choix de l'Europe et de l'Otan dans ce terrain, totalement nouveau, d'expérimentation et d'expérience historique ?

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Guerre et Covid19. Considérations amorales

Si le Covid est considéré comme une forme de guerre et donc comme un aspect de la politique mondiale, interne à la logique d'affrontement régulier du système, dont le but inavouable serait un projet de dépopulation de la planète et donc une grande purge générale du monde, un accord entre les puissances globales (Triade- USA, République Populaire Chinoise et Russie, ou avec les noms de 1984 d'Orwell, Oceania, Eurasia et Eastasia) est nécessaire pour le contrôle mesuré de la pandémie. En revanche, si le Covid n'est qu'un complément de la politique d'hégémonie et de suprématie systémiques, tous les autres moyens de la politique seront nécessaires pour affermir ses intérêts, y compris la guerre nucléaire et génocidaire, à côté des gains (en morts) de la pandémie. Ainsi la perspective de résolution de la pandémie ne concernerait plus seulement un choix de régime et de société, ni même une révolution blanche, mais une option de fond sur la nature civilisationnelle du système hégémonique de demain et sur la détermination, conséquente et contraignante, des grands choix éternels de la philosophie. Cette option aura pour référence de base le citoyen ou le peuple et, par là et en conséquence ultime, la garantie de sécurité de l’État; autrement dit une soumission conditionnelle et relative de l'individu au pouvoir en Océania ou, par une sorte d'antinomie conceptuelle, une subordination intégrale et totale de l'individu au Pouvoir et au "Ministère de la Vérité", en Estasia, où le souverain est le démiurge arbitraire du destin des nations.

Bruxelles le 13 décembre 2020