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mercredi, 04 août 2021

Philosophie de Don Quichotte

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Philosophie de Don Quichotte

Par Juan Manuel de Prada

La philosophie de Don Quichotte consiste à se battre contre l'esprit de notre temps, mais sans espoir de victoire.

Avant de renverser Don Quichotte sur le sable de la plage de Barcelone, le célibataire Samson Carrasco (déguisé à l'époque en Chevalier de la Lune Blanche) détermine expressément les règles du défi. Si Don Quichotte est vaincu, il devra se retirer dans son village pendant un an ; mais il doit d'abord déclarer que Dulcinée du Toboso n'est pas la plus belle dame du monde. En lui faisant abjurer la dame de ses pensées, Samson Carrasco entend, en effet, que la retraite de Don Quichotte soit définitive ; car un chevalier qui abandonne sa cause devient un homme sans mission.

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Mais lorsqu'il est renversé et à la merci de son vainqueur, la lance de celui-ci pointée sur sa gorge, Don Quichotte, "comme s'il parlait du fond d'une tombe, d'une voix affaiblie et malade", refuse de renier sa bien-aimée : "Dulcinée du Toboso est la plus belle femme du monde, dit-il, et moi le chevalier le plus déshonoré de la terre, et il n'est pas juste que ma faiblesse conteste cette vérité. Pousse, chevalier, la lance, et finis-en, car tu m'as déjà déshonoré". Don Quichotte s'est donné à Dulcinée sans conditions, sans rien demander en retour, sans exiger en contrepartie de sa fidélité que Dulcinée lui réponde. Pourquoi, alors, la grandeur de Dulcinée devrait-elle dépendre de la faiblesse de son bras ? Ce n'est pas la force de Don Quichotte qui a déterminé que Dulcinée est la plus belle femme du monde, l'opinion inconstante des hommes ne change pas l'essence de la vérité. La loyauté de Don Quichotte envers Dulcinée n'a pas changé même lorsqu'il l'a vue transformée en un paysan sans classe ; elle ne changera pas non plus lorsque la lance du Chevalier de la Lune Blanche lui coupera la gorge. Et la détermination de Don Quichotte est si belle que même le méchant Samson Carrasco se rend: " Vive, vive dans son intégralité la renommée de la beauté de la dame Dulcinée du Toboso, que je suis déjà satisfait si le grand Don Quichotte se retire chez lui pendant un an".

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Miguel de Unamuno a affirmé à juste titre que cette scène résume la philosophie du "quichottisme". Peu importe si, en luttant pour défendre la vérité, nous sommes vaincus et humiliés ; peu importe si notre moi déchu est vaincu, car la vérité, où vit notre moi éternel, ne peut être vaincue. Et le paradoxe veut que, à travers notre défaite, cette vérité brille avec plus d'intensité. Don Quichotte se jette dans toutes les entreprises sans se soucier de la défaite, il sait accepter sereinement l'échec car il est pleinement convaincu de la vérité qu'il défend. Il n'a d'autre aspiration que de se faire le défenseur de cette vérité, aussi n'admet-il pas de la négocier, il n'est pas prudent et ne calcule pas, il n'hésite pas et ne recule pas. Même s'il sait que cette vérité sera attaquée par toutes les canailles, même s'il sait qu'en la défendant contre vents et marées il sera vilipendé et moqué, il ne veut pas renoncer à la défendre ; car l'adhésion à cette vérité qui s'est nichée dans son moi éternel l'a dépouillé de l'amour-propre et des peurs humaines. Celui qui est guidé par l'amour de soi et les peurs humaines finit par déformer les demi-vérités, finit par craindre davantage son propre sort - le rejet de ses contemporains, la perte de prestige, etc. - que l'obscurcissement de cette vérité qui illumine nos jours.

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La philosophie de Don Quichotte, aujourd'hui, se résume à lutter contre l'esprit de notre époque, même sans espoir de victoire. Et pour cela, nous devons être prêts à prendre de nombreux coups et à nous rendre ridicules, non seulement devant des hommes façonnés par la mentalité de l'époque, mais aussi devant nous-mêmes. Miguel de Unamuno affirme à juste titre que cette philosophie quichottesque est "la fille de la folie de la croix", où, en effet, le Christ s'expose au ridicule, non seulement devant les bourreaux qui se moquent de lui en lui demandant, au milieu des rires, de descendre de la croix, mais devant lui-même, qui aurait pu accéder à cette demande s'il avait seulement "retrouvé sa raison", c'est-à-dire s'il s'était libéré de la nature mortelle qui le maintient emprisonné sur la croix.

Don Quichotte aurait également pu éviter de nombreux problèmes et afflictions s'il avait seulement "retrouvé la raison" : car, comme nous le remarquons souvent tout au long du roman, c'est un homme qui réfléchit de manière très subtile et prudente et, par conséquent, il aurait pu élaborer des plans pour échapper aux dangers et aux complots, sans renier complètement sa vérité, en acceptant seulement de la dissimuler par divers subterfuges. Mais il ne le fait pas. Et, vaincu, Don Quichotte gagne mystérieusement ; devenant la risée de ses détracteurs, il triomphe d'eux.

C'est une leçon de morale extraordinaire, mais il faut un courage héroïque pour l'assumer. Faisons comme Don Quichotte, même avec une lance sur la gorge, même si nous devons retourner vaincus au village.

Source: http://novaresistencia.org/2021/07/29/a-filosofia-quixotesca/

Afghanistan et Iran, la stratégie du chaos des États-Unis

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Afghanistan et Iran, la stratégie du chaos des États-Unis

par Alberto Negri

Ex : Il Manifesto & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/afghanistan-e-iran-la-strategia-del-caos-degli-stati-uniti

Après-guerre au Proche- et au Moyen-Orient? Pas vraiment. En substance, il s'agit d'économiser la présence militaire directe, comme ce fut le cas en Afghanistan ou en Irak, et de laisser se consumer les foyers de guerre ou de résistance: ce sont alors des guerres dites "par procuration", menées avec la vie d'autres acteurs sur le terrain. Voilà à quoi ressemblait déjà l'Irak, ainsi que la Syrie, sans oublier la Libye et maintenant le nouveau chapitre de l'histoire des "guerres par procuration" s'ouvre en Afghanistan.

À qui profite le chaos en Afghanistan, causé par le retrait des États-Unis, retrait qui était aussi tout à fait prévisible, étant donné que les talibans sont à l'offensive depuis au moins trois mois ? Certainement pas aux Afghans et pas même à l'Iran, où l'ultraconservateur Ebrahim Raisi vient de prendre ses fonctions de président, négociant avec les États-Unis sur les sanctions, à la tête d'un pays écrasé par l'embargo et la pandémie, qui a toujours été un adversaire des talibans.

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Avant le retrait américain, les Iraniens pouvaient accepter, voire encourager, les talibans à déstabiliser Kaboul, mais ils ne peuvent tolérer leur retour au pouvoir comme cela s'annonce aujourd'hui. Même si une délégation de Talibans a été reçue à Téhéran - ainsi qu'à Moscou et à Pékin - tout le monde se souvient qu'en 1998, ils ont massacré onze diplomates iraniens à Mazar el Sharif et qu'ils font maintenant subir le même sort à la population chiite afghane et aux Hazaras.

En Afghanistan, il y a le risque d'une guerre civile sanglante qui pourrait se transformer en un autre conflit entre chiites et sunnites, comme ce fut le cas en Irak, d'abord avec Al-Qaïda, puis avec la montée du califat. C'est dans un moment pareil que les bureaux stratégiques de la République islamique ont dû pleurer la mort au combat du général Qassem Soleimani, éliminé par les États-Unis en 2020 à Bagdad.

La guerre américano-israélo-iranienne se poursuit par tous les moyens disponibles, des provocations aux attentats contre les scientifiques iraniens, en passant par les raids aériens américains et israéliens en Syrie et en Irak contre les milices pro-chiites et les Pasdarans: on en parle peu, sauf lorsque les tensions explosent dans le Golfe d'où vient le pétrole, comme ce fut le cas avec le navire israélien touché par un drone à Oman (deux morts). L'Iran va bientôt se retrouver sous pression sur trois fronts, dans le Golfe, à l'Est et à l'Ouest, et cette fois, il n'y aura plus de Soleimani pour diriger le tourbillon sanglant qui ravagera le Moyen-Orient.

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Tout cela se produit en raison d'un choix américain bien précis: créer le chaos et l'exploiter à son avantage et à celui des alliés de Washington, d'Israël aux monarchies du Golfe qui font partie ou gravitent autour du pacte d'Abraham, voulu naguère par Trump.
C'est la "stratégie du chaos" qui est mise en œuvre, de l'Afghanistan à la Libye, par diverses administrations républicaines et démocrates, y compris, jadis, par le vice-président d'Obama, Joe Biden. En substance, il s'agit d'économiser la présence militaire américaine directe, comme ce fut le cas en Afghanistan ou en Irak, et d'entretenir sciemment les foyers de guerre ou de résistance: ce sont les guerres dites "par procuration", menées avec la vie d'autres acteurs que les Marines ou l'infanterie US. L'Irak a été le théâtre d'une telle guerre, tout comme la Syrie, la Libye et maintenant le nouveau chapitre de ce type précis de conflit va s'amorcer en Afghanistan.

Biden est un type contradictoire. D'une part, il reprend les négociations avec Téhéran sur l'accord nucléaire de 2015 voulu par Obama et annulé par Trump en 2018, mais en même temps il bombarde les alliés de l'Iran en Irak et en Syrie. Même en Irak, l'administration américaine se retire en apparence du jeu en laissant la présence militaire principale à une mission de l'OTAN qui sera placée sous le commandement de l'Italie. En bref, les États-Unis créent des problèmes, comme ils l'ont fait avec la guerre de 2003 contre Saddam, et nous paierons les pots cassés pendant des décennies, tout comme cela s'est produit en Libye en 2011, lorsque, avec les Français et les Britanniques, les Etats-Unis ont attaqué Kadhafi.

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Certains se souviendront de la réaction de la secrétaire d'État Hillary Clinton au lynchage et à l'assassinat de Kadhafi, une phrase rappelée par l'analyste américaine Diana Johnstone dans sa biographie judicieusement intitulée "Hillary Clinton, reine du chaos" : "Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort", une devise qu'elle a prononcée suivie d'un grand rire. Tony Blinken, l'actuel secrétaire d'État, était alors le partisan le plus acharné de l'attaque contre la Libye. Oui, la Libye même dont le ministre des Affaires étrangères Di Maio vient de revenir, dans les rangs de ceux qui n'abandonnent pas même face à l'évidence et continuent de remercier les États-Unis pour je ne sais quelle faveur.

Il faut noter qu'en 2019, alors que Khalifa Haftar assiégeait Tripoli et le gouvernement Sarraj - légitimement reconnu par l'ONU - les États-Unis se sont abstenus de bombarder le général en Cyrénaïque, laissant Erdogan occuper la Tripolitaine, avec tous les déboires que cela a entraîné pour l'Italie. Pourquoi les États-Unis, toujours prêts à bombarder n'importe qui, n'ont-ils rien fait ? C'est simple: parce que le général Haftar est soutenu par l'Egypte et les Emirats, deux pays clients des armes américaines, et les Emirats ont également conclu le fameux pacte d'Abraham avec Israël.

La guerre en Afghanistan était condamnée dès le départ, affirme à juste titre l'essayiste indien Pankaj Mishra. Pourtant, les fausses nouvelles ont alimenté une initiative qui a coûté un nombre considérable de vies et des centaines de milliards de dollars, laissant l'Afghanistan dans un état pire qu'avant. Il n'est pas non plus nécessaire d'invoquer le cliché de l'Afghanistan comme "cimetière d'empires" pour se rendre compte que les Talibans étaient une force résiliente et potentiellement changeante. Mais ce qui nous apparaît comme un échec - comme l'Irak, la Libye ou la Syrie - ne l'est pas si l'on applique la stratégie américaine du chaos. Il y a toujours une Dame Clinton ou un de ses héritiers prêt à rire.

Tout ce qui nous restera de l'"ancienne normalité" sera le souvenir...

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Tout ce qui nous restera de l'"ancienne normalité" sera le souvenir...

par Daniele Scalea

Source : Daniele Scalea & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/tutto-cio-che-rimarra-a-noi-della-vecchia-normalita-sara-il-ricordo


Lorsque l'État s'arroge un nouveau pouvoir, il le fait presque toujours pour faire face à une "urgence". Puis l'urgence disparaît mais le nouveau pouvoir demeure.

C'est ainsi que s'est construit l'État moderne en Europe (l'urgence à l'époque était principalement celle d'entretenir de grandes armées permanentes : une fois les guerres terminées, les armées restaient avec tout l'appareil fiscal, administratif et logistique pour les entretenir). Pour prendre un exemple plus proche de chez vous : vous souvenez-vous comment les gens voyageaient en avion avant le 11 septembre 2001 ? Vingt ans ont passé mais les mesures de sécurité supplémentaires pour les voyages en avion sont restées et sont maintenant acceptées par tous comme la norme.

Voilà. Ce covid créera une "nouvelle normalité", nous ont-ils dit immédiatement et en toute franchise. Si j'ai prêché en mars 2020 qu'il fallait s'opposer au confinement, c'est parce que je savais que les "deux semaines pour abaisser la courbe" auraient un impact bien plus important que cette simple parenthèse de 14 jours.

En l'absence d'une forte réaction de la société (qui a d'ailleurs dans une large mesure salué les initiatives du gouvernement), l'État a consolidé entre ses mains de nouvelles compétences et de nouveaux pouvoirs qui lui resteront acquis, quel que soit les avatars du virus.

Ne vous attendez donc pas à ce que le Draghi de demain dise: "C'est le retour à la normale de 2019". Dorénavant, l'État pourra imposer des confinements ou d'autres mesures restrictives/coercitives en fonction des pics de maladies infectieuses (ne serait-ce que la grippe). Le principe restera que si vous avez des symptômes de la grippe (toux, éternuements), vous ne pouvez pas quitter la maison. Un passeport interne sera appliqué à chaque citoyen. Il est probable que le modèle sera également appliqué à d'autres domaines, en premier lieu l'écologie (pourquoi pas des confinements pour sauver l'environnement ?). Et comme je l'ai déjà écrit, le laissez-passer vert dissimule l'introduction en Europe d'un système de crédit social à la mode chinoise.

Tout ce qui nous restera de l'"ancienne normalité" sera le souvenir, et avec lui le regret de l'avoir perdue et de ne pas l'avoir léguée à nos enfants.

17:15 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, souvenirs, normalité, pandémie, coercition | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Pass sanitaire, biopolitique et apartheid social: quelles perspectives? Réponses de Nicolas Bonnal

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Pass sanitaire, biopolitique et apartheid social: quelles perspectives?

Réponses de Nicolas Bonnal

Nicolas Bonnal répond aux questions de strategika.fr au sujet du pass sanitaire et des évolutions possibles de la situation actuelle.

Strategika  – Le professeur Neil Ferguson a récemment expliqué que l’épidémie de Coronavirus pourrait être jugulée d’ici octobre. D’autres sources semblent indiquer la possible arrivée de nouveaux protocoles de traitements anti-covid en Octobre. Rappelons que Neil Ferguson – que les anglais appelle « Professor Lockdown » – est à l’origine du célèbre modèle de l’Imperial College de Londres. C’est lui qui avait averti Boris Johnson que, sans un confinement immédiat, le coronavirus causerait 500 000 décès et submergerait le National Health Service. Ses projections amèneront la plupart des gouvernements occidentaux à suivre la même politique. Il préconisait aussi dès le départ un confinement de 18 mois en six étapes. Confinement qu’il avait d’ailleurs lui-même enfreint dès mars 2020. Les récentes déclarations de Neil Ferguson ont amené Boris Johnson à mettre en garde la population contre des conclusions « prématurées ».

Dans la foulée de ces déclarations en Grande-Bretagne, on commence aussi à parler de la chute des contaminations pour d’autres pays comme les Pays-Bas ou la Tunisie, deux pays qui connaissent de grands soulèvements populaires. Selon vous, pourquoi Ferguson fait-il ces déclarations en ce moment ? Est-ce pour tenter de juguler la colère populaire qui monte dans le monde entier ? Allons-nous vers un changement dans la narration covidienne ?

Les propos de ce dangereux imbécile à la solde de Bill Gates sont une bonne nouvelle, mais vous avez raison d’y déceler un piège. Je rappelle mon texte de Zweig sur le manège nazi ; une dose, une pause ; une dose, une pause. Zweig rappelle aussi que le troupeau laisse tomber les victimes expiatoires, les boucs émissaires (penser au sort des futurs non-vaccinés). On ferme les yeux et on pense à autre chose pendant que les fervents et les bourreaux volontaires s’agitent. Ceci dit les mondialistes sont allés trop vite : ils nous ont vomi dessus et ont en fait alerté l’opinion éclairée (la « complotiste ») en délivrant bêtement leur programme monstrueux. Les gouvernements sont tous ou presque allés trop loin dans cette histoire. Sont-ils achetés par Gates et les labos, sont-ils idiots ou sont-ils simplement soucieux d’exercer leur droit de contrôle sur les populations, c’est toute la question. Proudhon et Tocqueville en ont déjà parlé il y a plus d’un siècle et demi, de ce pouvoir moderne inquiétant et omniprésent. Les guerres et les épidémies renforcent les pouvoirs, et Foucault (la référence la plus usitée dans le monde des travaux universitaires, et ce n’est pas fortuit) a bien décrit les effarantes mesures contre la peste de Marseille en 1720. Mais il y a aussi un plus : le virus ne tue plus, le vaccin oui, et seule l’effarante pression médiatique, la plus folle étant en France, maintient la fiction. Donc la pause est possible (mais pas en France)  ou même l’oubli du Covid, en attendant un nouveau storytelling de terreur déjà dans les dossiers atlantistes : terrorisme, climat, guerre contre la Russie. Il faut bien s’occuper.

Strategika – Pourquoi le gouvernement accélère-t-il la marche en France et tente-t-il de faire passer en force le pass-sanitaire au risque de déclencher un soulèvement populaire plus massif encore que celui des gilets jaunes ? Est-ce justement parce qu’il sait que la fenêtre de tir covidienne va bientôt se refermer ?

Revenons sur cette exception française. Le pouvoir pour l’instant en France ne veut pas changer de narration. Ailleurs il est plus prudent, sauf en Italie, création napoléonienne, et qui en a repris toutes les tares. Ce refus peut causer sa perte ici. On a un mélange de jacobinisme psychopathe, de bonapartisme aigu, et aussi de morgue caractéristique de de notre gauche caviar néo-mitterrandienne. C’est Saint-Germain de Prés qui veut tout vacciner avec la presse subventionnée. On en revient au dix-neuvième siècle de Napoléon III et de la République, qui à l’époque chassait les catholiques au lieu des non-vaccinés. J’ai parlé de tout cela dans mon Coq hérétique il y a vingt-cinq ans : la France est un pays autoritaire, hiérarchisé (Victor Hugo parle même de la « prodigieuse pyramide » au début des Misérables). Si nous nous en sortons, il faudra épurer ce pays, sa presse, son administration, liquider enfin Paris et son élite vulcanisée, comme disait Balzac. Car la dictature de la gauche libérale que prévoyais dans mon Macron publié en 2017 est arrivée. Et on ne s’en sortira pas avec trois manifs. Il faudra refaire des institutions dans un esprit libertarien. L’administration et l’Etat français qui tue et remplace sa population, qui la vaccine et la terrifie en reproduisant les méthodes du nazisme (simple mutation de la démocratie libérale) et de l’apartheid, doivent être radicalement transformés. Ne pas comprendre cela c’est se donner au prochain dictateur, qui sera de centre-droit ou de centre-gauche. Et pour lui comme pour sa presse la fenêtre covidienne n’est que médiatique, donc cela peut durer tant que les gens y croient, comme la peur de l’enfer. J’ajoute que cela ne marcherait pas sans la crétinisation et la préparation d’une grande partie de l’opinion. Certains me trouvent pessimiste mais Victor Hugo a dû attendre la défaite de Sedan pour rentrer à Paris. Et ce n’est pas Jean Moulin qui a libéré la France, mais le débarquement et l’Armée rouge.

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Strategika – Sur quoi la colère populaire et les manifestations peuvent-elles déboucher selon vous ?

On bouge, mais attention, le pouvoir est féroce. Il l’était déjà sous Hollande. Il peut fermer nos sites, coffrer Boutry ou Philippot, utiliser comme il l’a fait attentats et risques de guerre pour se renforcer. Ce n’est pas Ursula qui le contredira.  Ce pouvoir est du centre catho-bobo, donc il peut s’appuyer sur toutes les âmes damnées et Dieu sait que ce pays en compte. Il a aussi l’appui absolu de la presse et des télés (voyez la presse aux cent bras dans Maurice Joly). Mais soyons optimistes. C’est un énorme mouvement de masse. On peut espérer une suspension du passe avec des arrangements sinon ; ou, si la gendarmerie, la police et les militaires se réveillent enfin, à une transformation radicale à un putsch à l’envers, et à un départ des monstres. Ne rêvons pas trop, mais sincèrement on peut y  arriver. Il y aura un déclic, me disait Lucien il y a peu. Il a lieu et il peut aller loin car c’est la première qu’un gouvernement est suffisamment stupide et criminel pour marginaliser et priver de droit un tiers de sa population dans un pays moderne. Avant on avait l’alibi du racisme, là on n’a même pas d’alibi, sauf celui d’un vaccin qui ne marche pas, qui tue, et qui commence à être connu en ce sens. Ce pouvoir tyrannique irréel fournirait une bon sujet de nouvelle pour Philip K. Dick (voyez le livre de ma femme) ou même pour Buzzati ou pour Marcel Aymé, pour rester plus près de chez nous. Mais comme je le disais, il faudra un conseil national de la résistance en France pour empêcher notre administration pléthorique et notre Etat de nuire aux humains (je ne dis même pas citoyens, j’en ai marre du mot) de vivre tranquillement. J’étais à Biarritz à la plage il y a deux ans : la militarisation de cet espace beatnik par le surf industrialisé, les CRS, les sifflets, le troupeau résigné, m’a donné la nausée. On me reproche mon défaitisme et ma francophobie, il faut voir où sont tombés les Français avec leur politiciens mondialisés. Et discutez avec les gens, ils vous ricanent tout de suite au nez en lançant le mot d’ordre complotiste. Vaincus par les rhinocéros, les antisystèmes se réfugient dans le clic, ce qui n’est d’ailleurs bon ni pour eux ni pour le pays.

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Strategika – Est-il imaginable qu’on en finisse réellement avec le Covid ? Si oui le scénario covidien va-t-il être remplacé par autre chose ?

Ce Covid est un jeu pour nous exterminer à terme. Mais c’est un jeu ; rappelons Roger Caillois alors, qui dans son livre sur les Jeux parle de la Mimicry : on adore se faire peur ; on adore jouer au bourreau ou à l’expert ; on adore jouer au trouillards, et on adore jouer au dénonciateur. Cette dimension ludique de notre apocalypse pour débiles légers est ignorée, et c’est dommage. Tout le monde fait son théâtre comme pendant la Révolution (voyez Furet, Cochin, ou même Tocqueville et la révolution imbécile de 1848). On est dans une réalité bien française. Le Grand Reset c’est la pénurie et internet, a dit mon ami Alexandre. L’occupation c’était la pénurie et la radio. Et quelques résistants…

 Le jeu éculé du Covid, ils  peuvent le remplacer par autre chose ; le climat, une autre épidémie, le musulman gauchiste, le russe aux missiles entre les dents. On n’a pas cité  chez les antisystèmes le très bon livre de Zylberman intitulé Tempêtes microbiennes. Ce chercheur officiel a franchi un Rubicon en expliquant comment on avait lancé médiatiquement tout un tas d’épidémies, et comment on les gérait militairement en accord avec l’OTAN. Il fallait donc que cela nous tombe dessus. C’est fait. Comme disait Guy Debord, le destin du spectacle (de la démocratie occidentale) n’est pas de finir en despotisme éclairé. On connaît les épouvantables décisions en matière de désindustrialisation et de famine, décisions bénies par les médias et les bobos. Le fait d’ailleurs que l’occident veuille se désindustrialiser tout en menaçant le reste de la planète du feu nucléaire montre qu’il est entre les mains de sociopathes dûment sélectionnées par les Bilderbergs, Trilatérale et autre OTAN depuis soixante ans. Ces types-là doivent dégager : si on contente de trois manifs contre le passe, ils reviendront à la charge comme un moustique affamé. Enfin, n’oublions  pas que les chefs de la Résistance ont vite été écartés du pouvoir après la Guerre.

Strategika – Tout comme Bill Gates, l’épidémiologiste Bruce Aylward, conseiller du directeur de OMS et responsable du programme international Covax expliquait « qu’il faut vacciner autour de 60 % de la population mondiale pour stopper l’épidémie de Covid-19 ». Peut-on penser qu’une fois atteint ce taux de vaccinations dans la plupart des pays, les autorités lâcheront prise ? Que feront-elles alors des non-vaccinés ? Vont-elles tenter de réduire ce bloc d’irréductibles sur le temps long afin d’atteindre une couverture vaccinale totale ou accepteront-elles qu’une partie de la population (30, 20 % ?) continue de vivre normalement sans être vaccinée ? Comment devront alors vivre les humains non-vaccinés ? Seront-ils réellement des citoyens de seconde zone voire pire ? Un contrôle biopolitique global de type chinois est-il envisageable pour l’ensemble de l’humanité ou le réel est-il encore trop conservateur ? 

Le contrôle biopolitique peut aussi être festif, ludique, humanitaire (pensons à Philippe Muray), décalé, cool (pensons à Lipovetsky). Une émission sur You tube et Mr Président remonte dans les sondages. Beaucoup de gens sont vaccinés, beaucoup de gens sont bêtes, beaucoup de gens sont prêts à jouer le rôle (cf. supra) du bourreau volontaire. On a cent ans de radio, télé, propagande, abrutissement, écologie, humanitarisme, autoritarisme de marché et de gauchisme sociétal. Pensons à la jeune fille, alors, livre admirable par son contenu et même par sa forme. Sur l’affaire de Perpignan (rue piétonne pour vaccinés seulement) une jeune fille a répondu à Philippot (rendons-lui hommage, c’est une révélation, et remarquons que les politiciens courageux auront encore été les gaullistes : lui, avec Asselineau et Dupont-Aignan) qu’il se foutait du monde pour tout un tas de raisons. Cette folle ne veut plus d’un non-vacciné dans sa cour de récré. En effet le rêve du bobo techno écolo et bio c’est d’être le seul dans la rue avec une trottinette électrique, son masque, sa puce sous-cutanée et son smartphone. Pour lui le reste est de la viande sale et doit disparaître, être incinéré si possible. Ces types et ces filles sont mûrs pour l’asile.

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Mais encore une fois, ce programme psychotique est-il réalisable ? Il semble que non : il ne faut pas trop toucher à la vie ordinaire des gens, surtout dans un occident où n’a pas connu de famine ou de misère crasse depuis des siècles. On le peut, mais en guerre… Mais on sent que l’intention est forte, que le soutien est fort et que si la victime ne se défend pas, elle finira à l’abattoir filmé par Franju dans le Sang des bêtes. Pour le contrôle biopolitique, il faut en revenir à ce que nous disions plus haut : il faut une remise à plat des institutions en France, il faut remettre l’informatique à sa place. Comme je le disais dans ma conclusion (Internet nouvelle voie initiatique), l’informatique et le web sont la meilleure et la pire des choses, comme la langue d’Esope. Il va falloir enfin apprendre à les maitriser. Sinon d’animal politique peu glorieux qu’il était depuis Aristote, l’homme deviendra un animal cyber-politique. La déshumanisation du monde moderne, sa fervente déchristianisation, y compris dans le troupeau catho et dans la hiérarchie ecclésiastique, nous y ont goulûment préparé, à cette techno-servitude dans le camp de concentration électronique.