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lundi, 23 janvier 2023

Guerre totale contre la Russie et risque de "donner" l'Asie à la Chine

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Guerre totale contre la Russie et risque de "donner" l'Asie à la Chine

Leonardo Giordano

Source: https://www.barbadillo.it/107728-la-guerra-a-oltranza-alla-russia-e-il-rischio-di-regalare-lasia-alla-cina/

Risque géopolitique

Un article de Carlo Pelanda dans 'La Verità' du dimanche 15 janvier nous apprend que quelque chose est en train de changer dans les cercles des 'analystes' pro-occidentaux et atlantistes concernant la guerre entre la Russie et l'Ukraine. Dans un article en première page, le journal titrait littéralement: "Pire que la victoire de Poutine, une Russie aux mains des Chinois". À l'intérieur, l'article occupait une page entière et titrait de manière encore plus précise: "Pour freiner la montée en puissance de la Chine, l'Occident ne peut se passer de la Russie".

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La thèse de base de Pelanda (photo) est la suivante: dans les groupes de réflexion occidentaux qui ont promu l'aide à l'Ukraine dans la guerre contre la Russie, on craint de plus en plus que le danger chinois se renforcera en l'absence d'une Russie alliée pour aider à contenir d'une manière ou d'une autre l'expansionnisme chinois en Asie et en Afrique. L'analyste de "La Verità" déclare textuellement : "[...] la Russie ne sera jamais en mesure de remplacer la domination de l'empire des démocraties sur la planète, mais la Chine pourrait facilement le faire si elle obtenait une forte influence sur Moscou et l'Asie centrale ; il n'est donc pas intelligent de laisser la Russie aux mains des Chinois".

Si, en revanche, l'analyse et le diagnostic de la situation, bien qu'un peu tardifs, sont marqués par un solide réalisme, la proposition, ou l'hypothèse de solution, laisse cependant à désirer. En fait, elle postule la nécessité d'accélérer le processus de déstabilisation interne de la Russie afin que celle-ci, ainsi que le futur scénario politique qui devrait initier les pourparlers de paix, soit libérée de la présence encombrante de Poutine.

Cette hypothèse est prudemment considérée comme "réaliste" en raison de certains signes que Pelanda semble déceler dans cette direction: "Dans cette hypothèse, il pourrait y avoir un glissement partant de la guerre d'Ukraine pour aboutir à un conflit civil interne en Russie. Indice: les services secrets danois ont publié, il y a environ un mois, une déclaration qui se prête à de multiples interprétations: les excès guerriers de Poutine sont dus à l'effet de médicaments anticancéreux. Une interprétation est qu'il s'agit d'un signal des élites russes: seuls Poutine et une vingtaine de ses loyalistes sont à blâmer, le reste peut être déclaré innocent et ne pas faire l'objet d'un Nuremberg international mais éventuellement être traité de manière sélective par la justice domestique russe post-Poutine".

Ce n'était pas le cas avec Hitler, mais ce n'était pas non plus le cas avec Milosevic et Saddam Hussein. S'il n'y avait pas eu leur défaite militaire, la situation aurait difficilement pu être résolue "en interne" et, aujourd'hui, il n'y a pas non plus de réelles conditions sur le terrain pour conclure à une inéluctable défaite russe, même si le conflit dure beaucoup plus longtemps que ce que l'autocrate russe et son état-major avaient prévu. Pour vaincre militairement la Russie, il faudrait une intervention directe de l'OTAN, ce qui serait en réalité le prélude à la déflagration d'un conflit mondial.

Même s'il était possible de parvenir à une solution du type de celle imaginée et espérée par Pelanda, avec un coup d'État anti-Poutine, il resterait sur l'échiquier des questions clés non résolues qui rendraient la situation internationale toujours très instable et susceptible de voir émerger un casus belli et, partant, d'autres interventions militaires: l'aspiration atavique de la Russie à avoir une connexion plus directe avec la Méditerranée par le biais de ses ports sur la mer Noire (c'est la question de la Crimée), les relations et les échanges économiques avec l'Europe qui ont toujours existé et ont souvent servi à "calmer" les revendications anglo-américaines sur les économies européennes.

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Pour rester chez nous, en Italie, depuis Francesco Saverio Nitti, il y a eu des relations et des échanges économiques avec la Russie, mis en œuvre pendant le fascisme, qui représentait idéologiquement une opposition résolue au communisme soviétique comme on peut aisément l'imaginer. Ces relations sont reprises sur le thème du pétrole et de l'énergie par Enrico Mattei (photo) à la fin des années 50 et lorsque, le 11 mai 1962, le sous-secrétaire d'État américain George Ball lui reproche ces "relations dangereuses", ce responsable politique de la région des Marches répond que d'autres entreprises n'appartenant pas au groupe ENI et provenant d'autres pays européens ont également tissé des relations économiques avec l'URSS et que même les usines Esso en Italie raffinent le pétrole soviétique qui sert à approvisionner la Sixième flotte de la marine américaine.

Historiquement, pour le meilleur ou pour le pire, la Russie a toujours "interagi" avec les différentes puissances européennes en participant à leurs conflits puis aux négociations de paix qui s'ensuivirent; l'exemple le plus frappant étant ce qui s'est passé avec la fin de Napoléon Bonaparte et le Congrès de Vienne qui a suivi sa défaite. Les États-Unis ont peut-être pensé identifier la défaite du communisme soviétique comme une défaite définitive de la Russie, ce qui avait dès lors pour suite que les Russes devaient revoir à la baisse leurs aspirations et leur dynamique géopolitiques pluriséculaires. Cette affirmation relève d'une posture profondément irréaliste et "utopique". De manière plus réaliste, nous aurions dû penser que, tout comme les diverses puissances européennes qui s'étaient affrontées jusqu'à la Seconde Guerre mondiale ont en quelque sorte reconstruit un tissu de relations pacifiques et "à faible tension conflictuelle" dans la période qui a suivi ce conflit, il aurait dû en être de même avec la Russie. Le communisme a rendu cela impossible jusqu'en 1989, mais il aurait alors fallu entamer et poursuivre ce processus sans relâche, au lieu de faire semblant d'arriver à la frontière russo-ukrainienne avec des missiles de l'OTAN, après l'avoir déjà fait en Pologne et dans d'autres pays d'Europe de l'Est.

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