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lundi, 15 juillet 2024

Apprendre à mourir: le sens de la vie

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Apprendre à mourir: le sens de la vie

L'homme, animal symbolique et mythologique, oublie son véritable or alchimique intérieur au profit du matériel. La liberté intérieure, la perception du sacré et la beauté authentique se trouvent dans la connaissance de soi et l'éveil spirituel, au-delà de la vie extérieure et matérielle.

Guillermo Más Arellano

Source: https://herculesdiario.es/cultura/aprender-a-morir-el-sentido-de-la-vida/

L'homme se distingue du reste du règne animal par sa capacité à utiliser un langage connotatif et surtout dénotatif; il s'ensuit qu'avant d'être un animal conscient, voire un être pour la mort, comme nous le sommes, l'homme est un animal symbolique et mythologique, un poète capable d'incarner le sacré qu'il porte en lui à travers des actes rituels et des paroles magiques, puisque tout acte est potentiellement sacré : la magie, c'est en prendre conscience pour modifier la Nature par la Volonté et l'Eros.

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L'alchimie, parmi tant d'autres dons, était capable d'accorder à ses meilleurs praticiens le pouvoir de transformer le plomb en or ; l'homme moderne, en revanche, s'est tourné vers le matériel, vers l'obtention de l'or physique, oubliant au contraire le véritable or alchimique : celui que tout homme porte en lui. Les rêves sont pour le bourgeois, comme les mythes pour le paysan, les réminiscences de tout un monde subconscient qui lui parle de sa liberté intérieure. La maison de l'Être est toujours là, en nous, quel que soit l'activisme, axé uniquement sur l'expérience extérieure, qui voudrait nous persuader de l'inexistence de cette liberté spirituelle que nous portons en nous comme un feu inaltérable.

Nous appelons kairos le moment opportun où quelque chose d'important se produit. Nous appelons metanoia le changement profond qui s'opère en nous lorsque nous nous ouvrons à ce moment qui nous arrache à la vie mondaine. Enfin, nous appelons hiérophanie l'instant de perception du sacré qui ne nous est accordé que par l'initiation au processus précédent. En fin de compte, il s'agit de l'anagnorisis qui, en Occident, porte l'épithète pieuse de révélation ou de rédemption. La vision du Soi que nous sommes par essence.

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Platon, le père de la philosophie, auteur d'une œuvre qui a nourri l'Occident solaire et apollinien pendant des siècles, n'était qu'un commentateur des mythes. Il a largement falsifié l'héritage de ces mythes, trahissant leur composante lunaire et dionysiaque qui, dans la civilisation indo-européenne, a permis une pleine coexistence des sociétés. A travers les rites et les mythes, la liturgie et la poésie, la civilisation occidentale se rappelle depuis des siècles que l'inconscient existe et qu'il doit être libéré dans les moments de fête grâce auxquels la société est équilibrée : c'est le potlach tragicomique qui structure mythopoétiquement toute culture (civilisation).

La disparition du rite en Occident, dont ont parlé René Girard, Gaston Bouthoul ou Roberto Calasso, a remis entre les mains de la littérature la tâche de rappeler cette vérité ; mais comme la littérature a disparu, en réponse à un terrible critère d'utilité, de loisir qui va à l'encontre du néc-otium, nous laissant orphelins de cette même vérité, l'état de la question s'est aggravé à un point qui était impensable auparavant. Cependant, la littérature et son message, la maison de l'Être, reste en nous, endormie, attendant que nous dormions pour faire son apparition nocturne : dans les rêves, comme dirait David Lynch, citant Roy Orbison.

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Chaque éclair de beauté que nous pouvons encore expérimenter, chaque égratignure laissée par le monde intermédiaire qui se manifeste surtout dans les rêves, est un nouveau souffle pour la liberté intérieure que, pendant des siècles, l'Occidental s'est efforcé d'anéantir. Tout homme de l'Amazonie sait ce que le scientifique le plus expérimenté ignore: il existe des forces cachées qui sous-tendent la vie ; nous appelons cela, compris comme un don que chaque homme s'offre à lui-même, la liberté. La mobilisation totale, l'oubli profond du Moi, a plongé notre civilisation dans la décadence ; et nos cœurs dans la disgrâce. Depuis la Renaissance et surtout les Lumières et l'Industrialisation, le processus de destruction s'est accéléré. Après l'effondrement de plus en plus imminent, le temps du mythe renaîtra.

Nietzsche a souligné à juste titre que, si le désir est à proprement parler projeté vers l'extérieur, notre malaise est avant tout une agitation intérieure. On a beau vouloir indiquer dans ces lignes des raisons extérieures à ce qui s'est passé, on a beau vouloir indiquer des réponses pratiques à l'ampleur du problème, il faut malgré tout comprendre que le problème de la liberté est un problème intérieur et que, par conséquent, l'éveil ou non à cette liberté personnelle dépend uniquement de chacun d'entre nous. Car la liberté est nécessaire et tout le reste, en particulier ce qui a trait au monde matériel, est purement facultatif et disparaîtra en temps voulu (vanitas). Une nuisance au calme et au silence que tout chemin ascétique requiert nécessairement.

Nous n'avons pas besoin de notre prochain et de son enfer lorsque le chemin de la connaissance de soi reste sans fin. Toute l'angoisse formée par l'effet des débris extérieurs sur nous peut être éliminée d'un seul coup si la volonté s'exerce. Le reste n'est que bagage, insignifiance, ruines qui seront effacées par le silence imperturbable de celui qui cherche le sacré parmi les casseroles. La faiblesse ne se manifeste alors que par la peur, par l'ego, par une peur intime de soi qui fuit la transparence du silence. La liberté, en revanche, doit être atteinte libre de tout bagage : telles sont les règles de l'ascension. Incipit authenticité : sans rien à perdre. Même dans la pire des prisons, la liberté est possible, si le sujet emprisonné se l'accorde.

20:28 Publié dans Philosophie, Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tradition, mort, vie, philosophie, mythes, rêves | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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