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samedi, 16 novembre 2024

Le nationalisme libéral contre les communautés organiques

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Le nationalisme libéral contre les communautés organiques

Alexander Bovdunov

Le penseur libéral sans originalité Francis Fukuyama a récemment publié un article dans lequel il appelle les libéraux à abandonner la cause de la création d'une « société mondialisée et à embrasser plutôt le nationalisme » (entendu comme le nationalisme civique) (1).

Il n'est évidemment pas surprenant que Fukuyama prône le « nationalisme libéral », puisqu'il affirme depuis 2000 qu'il est nécessaire de soutenir et de cimenter la création de structures modernes (les « États-nations ») à travers le monde afin que le libéralisme puisse les utiliser comme un outil pour détruire les vestiges des communautés et traditions prémodernes qui survivent encore. L'article dit en substance: « Nous voulons créer un monde sans États-nations, mais comme c'est encore impossible, il vaut mieux utiliser les États-nations pour atteindre cet objectif ». Il affirme également que « malheureusement, l'opération militaire spéciale russe en Ukraine montre que nous n'avons pas encore créé un monde post-historique ».

Fukuyama est favorable à un nationalisme civique de type jacobin qui détruit toutes les formes de communautés et de solidarités organiques, car « les sociétés libérales ne devraient pas reconnaître officiellement les groupes fondés sur des identités fixes telles que la race, l'ethnie ou la tradition religieuse ». Seul le « nationalisme » permet de construire des valeurs et des attitudes uniformes compatibles avec le libéralisme. En outre, Fukuyama considère que le fédéralisme renforce les « identités ethniques et religieuses » pré-modernes.

Curieusement, Fukuyama considère que l'Ukraine est un parfait exemple de « nationalisme » libéral, puisque « ses citoyens se sont engagés en faveur de l'indépendance et de l'idéologie libérale et démocratique, montrant clairement qu'ils sont prêts à se battre pour cela jusqu'à leur dernier souffle. Cependant, ils n'ont pas été en mesure de construire un État qu'ils puissent appeler le leur ». Fukuyama considère apparemment que les « droits de l'homme » de Karl Popper et la société ouverte ont pour représentant légitime le « bataillon Azov », allant même jusqu'à laisser entendre que le nationalisme ukrainien est très similaire à celui défendu par les « pères fondateurs » des États-Unis.

Toutefois, Fukuyama admet que dans les Etats-nations où existent des groupes ethniques et religieux hétérogènes, le fédéralisme peut résoudre les conflits de peuples qui « occupent le même territoire depuis des générations et ont leurs propres traditions culturelles et linguistiques », mais « le fédéralisme exige la dévolution du pouvoir à des entités infranationales indépendantes ». Cette solution a toutefois été écartée par l'Ukraine.

Note :

(1) https://inosmi.ru/20220417/liberalizm-253821826.html

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