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jeudi, 06 novembre 2014

Et si l’on mobilisait pour Tarek Aziz?

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Chrétiens d’Irak: et si l’on mobilisait aussi pour Tarek Aziz?

par Camille Galic

Ex: http://www.polemia.com

TAREK_AZIZ.jpgCamille Galic, éditorialiste et essayiste, rappelle la sévère situation de Tarek Aziz, ancien ministre des Affaires étrangères de Saddam Hussein, et le triste sort des chrétiens d’Orient.
Polémia

♦ Sans la criminelle invasion américaine de 2003 et l’irresponsable démantèlement du régime de Saddam Hussein, sans doute l’Etat islamique n’aurait-il pas vu le jour en Irak avec son cortège d’horreurs, dont les persécutions antichrétiennes. Mais si aucun responsable états-unien n’a payé pour ce crime (prévisible) contre l’humanité, Tarek Aziz, ancien ministre des Affaires étrangères et vice-premier ministre du raïs, a été condamné à mort et il est toujours emprisonné. (CG)


« Dix mille chrétiens irakiens ont déposé une demande de visa au consulat général de France à Erbil [Kurdistan] depuis le début de l’offensive de l’Etat islamique », a révélé Elish Yako, secrétaire général de l’Association d’entraide aux minorités d’Orient (AEMO), lors d’une conférence de presse tenue le 29 septembre au Sénat.

Combien d’entre eux obtiendront satisfaction ? « A ce jour, seuls 55 d’entre eux ont été admis sur le sol français », déplore Elish Yako. 55, un nombre égal à celui des clandestins africains qui, déversés par dizaines de milliers sur les côtes italiennes depuis l’anéantissement du régime Kadhafi – et de l’Etat tout court – en Libye, se faufilent chaque jour dans l’arrière-pays niçois au départ d’une Vintimille submergée et dont la police est moralement désarmée depuis la noyade d’un Sénégalais qui, pour échapper à l’interpellation, s’était jeté en juillet 2013 dans la Roya.

Le « nettoyage ethnique » (en fait, religieux) entrepris depuis l’émergence de l’Etat islamique menace les trois cent mille chrétiens d’Irak, une communauté trop importante pour être exfiltrée et accueillie en Occident. Beaucoup d’entre eux, d’ailleurs, ne souhaitent pas une telle issue : très attachés à leurs racines, ils sont conscients de ce que leur présence, leurs connaissances et souvent leur dynamisme ont apporté à la Mésopotamie, où ils servaient de passerelles entre des mondes étrangers les uns aux autres et volontiers antagonistes. Le terme de drogman, par lequel les voyageurs, explorateurs, archéologues ou diplomates opérant au Moyen-Orient aux siècles passés désignaient les intermédiaires, presque tous chrétiens, qui facilitaient leurs déplacements et leurs démarches auprès de la Porte, ne vient-il pas du mot français truchement ?

Refusant pour la plupart l’exil, les Assyro-Chaldéens, une des communautés chrétiennes les plus anciennes de la planète aujourd’hui chassée de Mossoul ou de la plaine de Ninive vers le Kurdistan, souhaitent en revanche, par la voix de leurs patriarches, que le monde chrétien les soutienne, les défende, les aide. La grande manifestation organisée le 21 septembre à Paris à l’appel de plusieurs organisations traditionalistes, dont Civitas, en soutien aux « chrétiens d’Orient persécutés », ou les initiatives épiscopales comme le « banquet solidaire » organisé le 2 octobre à Lyon à leur profit, témoignent d’un début de mobilisation, ce dont on peut se réjouir, en espérant que ce mouvement prendra de l’ampleur.

Il faut souhaiter que cette compassion s’étende à un autre chrétien d’Irak : Mikhaïl Johanna, alias Tarek Aziz, qui lutta avec tant d’énergie pour préserver son pays de l’invasion de mars 2003 menée prétendument pour détruire un fantasmatique arsenal d’armes de destruction massive – dont l’inexistence fut officiellement reconnue deux mois plus tard (*) – mais qui conduisit inéluctablement au chaos et à l’éclatement. Aujourd’hui âgé de 78 ans, Tarek Aziz croupit dans une prison de Bagdad depuis sa reddition fin avril 2003, et, malgré une santé très chancelante puisqu’il souffre de diabète, d’une forte hypertension, d’ulcères à l’estomac, de problèmes cardiaques et prostatiques, il fut condamné à mort en octobre 2010 après avoir, sans la moindre preuve, été déclaré coupable de « meurtre délibéré et de crimes contre l’humanité ».

 

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Gravement malade, isolé, très déprimé, l’ancien ministre des Affaires étrangères avait confié en janvier 2013 à son avocat, Me Badie Aref, son intention de « faire appel au pape » afin, disait-il, « que soit mis fin à ma souffrance, car je préfère être exécuté plutôt que de continuer dans ces conditions ».

Début septembre, le bruit avait couru que, pour se concilier ce qui reste du parti Baas, naguère au pouvoir, aujourd’hui réduit à la clandestinité mais toujours influent auprès des tribus et des sunnites non islamistes qui restent très attachés à Saddam Hussein, le premier ministre (chiite) Nouri al-Maliki était favorable à la libération de Tarek Aziz et du général Sultan Hashem, quant à lui ancien ministre de la Défense. Certains affirmaient même que les deux vieillards se trouvaient déjà au Qatar. Mais un mois s’est écoulé, chaque jour qui passe affaiblit davantage l’ancien vice-premier ministre. Et rien n’est venu confirmer ces rumeurs de libération.

1981

La France qui, de Mitterrand en Chirac, déroula si longtemps le tapis rouge devant Tarek Aziz dans l’espoir de décrocher en Irak des « marchés du siècle » ne s’honorerait-elle pas de demander la grâce du condamné et, éventuellement, de lui offrir l’asile ?

Après tout, c’est bien ce qu’elle vient de faire en faveur du président du Parlement nigérien, Hama Amadou, qui s’est réfugié chez nous pour « des raisons de sécurité » alors même qu’il est sous le coup d’un mandat d’arrêt international car soupçonné de complicité dans un trafic international de bébés entre le Nigeria, le Bénin et le Niger. Et ne parlons pas du très cher Abdelaziz Bouteflika, auquel les portes de l’hôpital militaire du Val-de-Grâce sont toujours grandes ouvertes malgré des « meurtres délibérés et crimes contre l’humanité » commis d’abord pendant « notre » Guerre d’Algérie puis lors de la guerre civile qui ravagea son pays dans les années 1990.

Camille Galic
7/10/2014

(*) En particulier par le faucon Paul Wolfowitz, numéro deux du ministère américain de la Défense, avouant cyniquement le 30 mai 2003 dans le magazine Vanity Fair que le mensonge d’Etat fondé sur la menace des ADM pour justifier une guerre préventive contre l’Irak avait été élaboré « pour des raisons bureaucratiques » : « Nous nous sommes entendus sur un point, les armes de destruction massive, parce que c’était le seul argument sur lequel tout le monde pouvait tomber d’accord.  » Jane Harman, représentante démocrate de Californie, devait dénoncer ensuite « la plus grande manœuvre d’intoxication de tous les temps ».

Correspondance Polémia – 11/10/2014

Image : Tarek Aziz condamné à mort pour détourner l’attention du génocide perpétré en Iraq par les Etats-Unis et leurs complices (Source : International news.fr)

http://www.internationalnews.fr/article-tarek-aziz-condamne-a-mort-pour-detourner-du-genocide-en-iraq-perpetre-par-les-etats-unis-et-leurs-complices-60191937.html

mardi, 19 août 2014

L'Irak, les Américains, la France, et le double langage

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L'Irak, les Américains, la France, et le double langage

Par  

Ex: http://medias-presse.info  

Que remarque-t-on ? Que ce soit au Kosovo, en Afghanistan (où ils ont promu Al Qaïda avant de le pourchasser), ou en Syrie, partout les Américains instrumentalisent l’Islam au gré de leurs besoins. Alors que sous la présidence de Jacques Chirac la France savait encore manifester une certaine indépendance vis-à-vis des Américains, depuis la présidence de Nicolas Sarkozy, elle s’est complètement assujettie.

Les USA séparés par les océans des zones de conflit qu’ils suscitent savent qu’en agitant l’Islam ils atteignent l’Europe, la Russie et même la Chine en prise avec les ouïghours. De quoi réduire à néants, espèrent-ils, les velléités d’indépendance financière des pays qui en ont assez de cracher au bassinet pour soutenir le dollar et l’économie américains. La pression permanente au Moyen-Orient musèle et asservie l’Europe;  envahie d’immigrés du monde musulman, celle-ci est tenue éloignée d’une alliance avec la Russie, dont le berceau naturel est l’Europe… La politique du chaos est la bouée de sauvetage dont se servent sans modération les USA pour sauver leur économie qui aurait dû sombrer depuis longtemps.

 

Un langage musclé..

Sur ce sujet le député UMP et soutien inconditionnel de Nicolas Sarkozy, Claude Goasguen, vient de donner une Interview à BFMTV qui est intéressante à double titre, d’une part pour certaines vérités, d’autre part, au titre du double langage qui est la rhétorique habituelle de nos élites politiques: un langage pour la politique extérieure et un langage différent pour la politique intérieure.

Extraits:

« La France a attendu comme d’habitude que M. Obama se réveille (…) On aurait du déposer une résolution depuis longtemps à l’ONU, car la France a des responsabilités particulières avec les chrétiens d’Orient.  (…) Plus personne ne connaît l’Histoire, mais historiquement, c’est la France qui est protectrice des chrétiens d’Orient. Alors on a attendu que M. Obama change d’avis, parce que l’année dernière M. Obalma soutenaity les djihadistes contre M. Assad, puis les djihadistes sont passés en Irak et maintenat M. Obama combat les djihadistes, c’est d’une logique toute américaine dans laquelle nous sommes entraînés »(…) « Nous n’avons pas su impulser, comme Nicolas Sarkozy l’avait fait il y a quelques années en Géorgie, une réaction différente et musclée de la part de l’Europe. » (…)

Question: Faut-il soutenir physiquement en Irak ?

« Physiquement ça serait difficile parce que le gouvernement a réduit les crédits militaires, nous sommes embourbés en Centrafrique et en difficulté au Mali, je ne vois pas très bien où on pourrait trouver des crédits, mais il faut soutenir sur le plan humanitaire. Bon, Fabius a fait le travail avec les Anglais, mais parce que Obama a donné le feu vert, quand même! » (…) « Ca fait deux ans que ça dure les massacres des chrétiens d’Orient » [en fait depuis 2003! NDLR] (…) Les armes, il ne faut pas les disséminer,  « oui, mais il ne fallait pas les donner aux djihadistes non plus », assène-t-il, « quand le Qatar achète des armes à la France pour les distribuer aux djihadistes, ou l’Arabie Saoudite qui fait exactement la même chose »…

… Oui, mais un double langage

Après avoir pris comme modèle à imiter Nicolas Sarkozy quant à sa politique en Géorgie, -comme s’il s’était imposé face aux Américains, alors qu’en réalité il les avait devancé – , Claude goasguen termine sa charge contre la soumission de la France au régime américain et sa plaidoirie en faveur des chrétiens d’Orient, par un retour sur la politique intérieure: « Je voudrais que M. Hollande, dit-il, considère que ce qui se passe en Irak a des conséquences terribles en France car nous voyons monter l’intolérance, l’intolérance contre les Juifs, l’intolérance contre les musulmans, l’intolérance des chrétiens qui désormais vont accuser les musulmans de massacrer les chrétiens »

N’est-ce pas justement les massacres des chrétiens par les Musulmans que Claude Goasguen a exposé tout-au long de son entretien? Pourquoi cette vérité deviendrait-elle de l’intolérance si elle est constatée par les chrétiens de France ? Chassez le naturel il revient au galop. On reconnaît là le double langage propre aux élites politiques françaises, et en particulier celui du proche de Nicolas Sarkozy qui, comme ministre du culte, avait imposé à la France la représentation du culte musulman pour le mettre sur un pied d’égalité avec celui – la Foi catholique – qui a suscité la France à travers le baptême de Clovis par Saint-Rémi et l’a confirmée mille ans plus tard par l’épopée miraculeuse de Jeanne d’Arc.

Emilie Defresne