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mercredi, 01 avril 2009

Disney World pour les enfants, Pognon World pour les parents...

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DISNEY WORLD POUR LES ENFANTS, POGNON WORLD POUR LES PARENTS…

La chronique de Philippe Randa 


Tout ce remue-monnaie autour de quelques grands patrons indélicats prouve que ces derniers ne sont rien d’autres que des Français, bien Français, comme les autres, finalement. Qu’ils aient " chargé le bourriquot " de leurs rémunérations au moment de la signature de leur contrat n’est que bien naturel, puisqu’alors ils en avaient toute la liberté, au vu et au su de tous. Rien n’était concocté en secret, dissimulé, honteux : des reportages étaient même alors réalisés sur leurs juteux contrats, rappelez-vous, avec interviews de pompeux avocats d’affaires à l’appui, qui expliquaient comment ils négociaient dans leur contrat d’embauche les pharaoniques indemnités du futur licenciement de leurs clients.


À l’époque, tout un chacun trouvait ça énorme, fascinant, quasi-féerique et ces grands patrons attiraient sinon la sympathie, n’exagérons pas, sinon l’admiration de tous, n’exagérons toujours pas, mais de quelques-uns sans doute, en tout cas la baveuse envie du plus grand nombre de téléspectateurs : quelle chance ils avaient ! C’est comme si ces grands patrons avaient été les heureux gagnants d’un tirage du Loto… et les reportages sur ce monde surréaliste des affaires accédaient au même audimat que ceux consacrés aux têtes couronnées ou aux stars du show-biz. Il y a Disney World pour les enfants, il y avait Pognon World pour leurs parents. Rien que du bonheur, de 7 à 77 ans.


Oui, personne, en tout cas, n’y trouvait rien à redire, puisque, somme toute, leurs contrats à eux étaient signés dans le même esprit d’équité que tout autre contrat en France : le Grand Patron avait bien droit, lui aussi, comme tout salarié, quel qu’il soit et quel que soit le montant de son salaire, à des garanties de sécurité d’emploi… et de perte de celui-ci. C’est ça l’égalité républicaine : tout le monde " il est z’égaux devant la loi et le marché de l’emploi, qu’ils disaient " ! La revendication n’était plus le monopole des damnés de la fin de mois !


Seule différence, le nombre de zéros sur le montant de leurs indemnités, mais il y a en avait tant et tant que, bien souvent, le commun des salariés n’avait pas – et n’a pas toujours – assez de doigts pour les compter.


Ces grands patrons-là, cloués aujourd’hui au pilori de leurs mauvaises habitudes, sont tous un peu les frères de John Rambo. Les muscles en moins, la morgue en plus. Ce sont, eux aussi, des " soldats perdus ". Les John Rambo, démobilisés après des années et des années de bons et loyaux services, ne sachant rien faire d’autre que la guerre, n’ont pas leur place dans une société en paix. Qu’ils aient perdu la guerre ou qu’ils l’aient gagnée ne change finalement rien à leur condition.


Les grands patrons, eux, n’ont plus leur place dans une société en crise. Et qu’ils aient accumulé des dettes ou fait des bénéfices ne change finalement rien à leur condition, non plus. Et ils ne peuvent pas comprendre pourquoi on leur conteste tant, brusquement, leurs " avantages acquis ", tabou s’il en est de tout salarié.