Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 06 novembre 2023

Le voyage du chevalier Jean Cau dans la forêt

JEAN-CAU_contre-attaque.jpg

Le voyage du chevalier Jean Cau dans la forêt

Non pas la farce des positions du monde, mais la posture droite dans le voyage d'une vie

par Donato Novellini

Source: https://www.barbadillo.it/111631-artefatti-il-percorso-del-cavaliere-jean-cau-verso-il-bosco/

Le parcours de l'écrivain français Jean Cau est curieux : il est passé du militantisme intellectuel de gauche - il a été le secrétaire de Jean-Paul Sartre pendant dix ans - à la droite radicale et à la Nouvelle Droite dans l'après-guerre, apparemment à la suite de certains de ses rapports sur l'épineuse question algérienne ; un choix sans doute anticonformiste et courageux, bien qu'en toute honnêteté placé dans un contexte culturel comme celui de nos voisins transalpins, beaucoup plus vivant que l'homologation intellectuelle presque totale de l'après-guerre qui s'est produite dans nos contrées italiques. Il a reçu le prix Goncourt pour son excellent roman La pitié  de Dieu, qu'il faudra récupérer, et il s'est battu surtout dans le monde du journalisme. 

9782072655302_1_75.jpg

49jcchg.jpg

Attention, Jean Cau n'est pas le réactionnaire typique, bien qu'il en ait progressivement pris toutes les caractéristiques, puisque Che Guevara était l'un de ses héros et qu'il a passionnément fait l'apologie du révolutionnaire argentin (Une passion pour Che Guevara, 1979), contribuant ainsi à introduire sa figure dans les circuits flétris de la droite, dans une tonalité anti-impérialiste et existentialiste.

La-Folie-corrida.jpg

Cau, originaire de Gascogne, portait secrètement dans son cœur, même dans la mondanité parisienne de ses années progressistes, un lien intime et atavique avec sa terre d'origine, une destination à la frontière de l'Espagne chargée d'histoire : sa passion pour la corrida, par exemple, une corrida réactionnaire à son époque, inavouable aujourd'hui sans déclencher un tollé animaliste. Occitanie, lenga d'òc, langue romane et vignobles, christianisme et paganisme se rejoignent ou se superposent pour le maintien des rites ancestraux, plus importants que la politique, plus importants que l'État et la religion en vogue. Là encore, il s'agit d'Europe, de racines.

Le_chevalier_la_mort_et_[...]Cau_Jean_bpt6k33576280.JPEG

C'est précisément de cette conscience d'appartenance à l'Occident, chargée de symboles, de traditions et de retour à la terre, qu'est né un livre de chevet très étrange, visionnaire, romantique et utopique, comme on dit dans ces cas-là : Le Chevalier, la mort et le Diable (1977), avec une double préface de Pietrangelo Buttafuoco et Sigfrido Bartolini. Un livre en quelque sorte formateur, si "passé" qu'il a transcendé le temps et les modes, si obsolète aujourd'hui qu'il est même prophétique dans certains passages. Le texte, examen artistique mais surtout symbolique de la célèbre gravure du même nom d'Albrecht Dürer, devient un prétexte pour esquisser la physionomie et la conduite d'un héros intemporel, donc accidentellement toujours contemporain. L'écrivain français fait sortir l'œuvre du musée, en animant sa fixité austère sans négliger aucun des éléments, même les plus microscopiques et allégoriques de la composition, pour tisser une intrigue qui touche à l'épuisement de la contemporanéité européenne.

La forêt, donc, une scénographie active et une destination nécessaire, ici certainement liée au traitement jungien, ainsi que référée par suggestion à l'épopée du Seigneur des Anneaux, précisément à la forêt de Fangorn, à la fois lieu de danger et de salut, et cela dépend de l'âme de la personne qui y entre. D'autre part, le chevalier d'acier va consciemment de droite à gauche, de la ville sur la colline au danger, de la vie à la mort, et Tolkien lève le doute avec la question de Frodon: "Mordor, Gandalf, est-ce à gauche ou à droite ? À gauche".

La mort ceinturée à la tête par des serpents avec un sablier à la main et le diable, un sanglier cornu armé d'une hallebarde, deux figures monstrueuses et bestiales semblent entourer désespérément le chevalier, un crâne au sol reposant sur le tronc d'arbre coupé devient un avertissement, vanitas memento mori, et pourtant il y a aussi la salamandre propice, symbole médiéval et transsubstantiel du Christ, puis le chien fidèle, à son tour protégé par l'allure puissante du destrier. Malgré le danger imminent et l'atmosphère hostile, le chevalier solitaire avance impassiblement, sans soucis matériels, sans illusions déformantes sur le passé et l'avenir, sans se soucier des contingences et des conséquences ; il se tient, inébranlable et serein, dans son passage boisé ; l'interprétation de Cau se fonde précisément sur l'archétype du soldat chrétien médiéval, un homme d'ascendance païenne, converti à la "nouvelle" foi plus par la possibilité de pouvoir se battre sous une bannière que par les principes fondateurs de la religion elle-même. C'est finalement - comme dans le film d'Ingmar Bergman Le Septième Sceau - une ultime bataille décisive qu'il doit affronter seul. Ici, à la fin, en l'absence du signe de l'ordre chevaleresque, l'influence existentialiste de Sartre et de son "Dieu absent" revient, ainsi que la définition particulière de l'anarchie développée par Jünger dans Le traité du rebelle.

Albrecht_Dürer,_Knight,_Death_and_Devil,_1513,_NGA_6637.jpg

Le Chevalier, la Mort et le Diable de Dürer

Le jeu des renvois à l'actualité clivante (celle, politisée, de la fin des années 1970) fonctionne jusqu'à un certain point, notamment en évoquant - quoique dans le pessimisme crépusculaire conscient de la civilisation européenne - une forme d'individualisme héroïque d'origine évolienne, plus concrètement l'indépendance active de l'individu à la manière de L'Unique et sa propriété de Stirner ; le livre n'indique en effet pas une voie, mais suggère plutôt la conduite à tenir. L'auteur prévoit, à tort comme d'autres dystopies à la Orwell, que le danger totalitaire viendra de l'Est, et pourtant au fond de lui il l'espère, au moment où les communistes de salon français et européens cessent d'y croire : le communisme russe est un masque destiné à tomber tôt ou tard, une peinture rouge sous laquelle résiste la dernière cavalerie européenne.

Les pages consacrées à la Russie, comme celles, impitoyablement réalistes, sur la décadence de l'homme européen, la purulence démocratique et la sécularisation catholique, ont tout le goût amer d'une prophétie adverse réalisée. S'éloignant radicalement du flou intellectuel, des arguties spéculatives et de l'existentialisme impuissant, Jean Cau nous laisse un précieux témoignage éthique et esthétique, dans une moindre mesure politique, car Le Chevalier, la Mort et le Diable n'est pas un essai sur la position possible à prendre dans les farces du monde démocratique libre, fait totalement négligeable, mais au contraire il pourrait encore nous apprendre à nous tenir droit sur un cheval, peut-être en direction de la forêt et de ses réponses.

Donato Novellini

 

jeudi, 28 février 2013

Jean Cau, amigo de España

Erik Norling:

Jean Cau, amigo de España

jean-cau1.jpgCuando falleció Jean Cau (18-VI-93), Robert Schener escribió en la revista «Le Choc du Mois» que fue «una ironía del destino: el cáncer ha vencido al que tanto combatió, con por arma principal un singular talento, contra el cáncer ideológico, cultural, social y político, que se ha abatido sobre Occidente, le mina y desvitaliza». No se equivocaba el columnista galo, Cau ha sido quizás el último de los intelectuales que se atrevieron a levantar la pluma para combatir como anticonformista en medio del pensamiento único que azota Europa.

 
Nacido en Bram, en el mediodía de Francia, el 8 de julio de 1925, autor de más de cuarenta volúmenes (novelas, ensayos, poesía, discursos políticos, etc.) y centenares de artículos periodísticos, Jean Cau ocupa un papel central en las letras europeas. Su itinerario cultural e ideológico es el del prototipo anticonformista, quizá el último del círculo de los intelectuales que iniciaran su andadura con Drieu La Rochelle y «Nouvel Ordre» en el período de entreguerras.
 
Tras la Segunda Guerra mundial participa y se inicia en el joven grupo de intelectuales que se reunían en el despacho de «Les Temps Modernes» con André Malraux, Simone de Beauvoir, y Jean-Paul Sartre. Sus simpatías eran claramente filocomunistas por aquella época. En palabras de Herbert Lottman, que ha estudiado este grupo de intelectuales, «la reunión parecía entonces más imponente que la Academia francesa» por la gran valía intelectual de los asistentes que discutían de política, filosofía y literatura.. Allí se convertirá en el secretario privado de Sartre hasta el año 1956 en que rompe con su maestro y comienza un peregrinar solitario en las filas anticonformistas como articulista en «L’Express», «Figaro Littéraire», «France-Observateur» y, después, «París Match». Escribe en la flor y nata de la prensa respetable de la época, abandonando sus extremistas posturas anteriores.
 
La izquierda asimiló mal su conversión a lo que ellos llamaban la «extrema derecha» y mucho peor la defensa que hará, en un principio, de la figura del general De Gaulle. Jean Cau nunca fue de la extrema derecha, ni de izquierdas desde que comprendió la mentira del igualitarismo marxista. A mediados de los años sesenta asume una postura claramente anticomunista, cuatro años después de haber recibido en 1961 el premio Goncourt, el máximo galardón de las letras francesas, por su inmortal La piedad de Dios. Sin embargo, ya entraba en la marginalidad en que el sistema relega a los que no juegan con las cartas trucadas (ese mismo año se daba a conocer en España con Las orejas y el rabo editado por Plaza y Janés). Sustituirá su producción narrativa (editada principalmente por la prestigiosa editorial parisina Gallimard) por obras de ensayo y pensamiento: Un testament de Staline, Lettre ouverte á tout le monde, Les écuries de l’Occidente, La grande prostituee, etcétera.
 
Poco conocido en España a no ser por la labor de divulgación que de él hiciera Ramón Bau en febrero de 1982 en una crítica literaria del ensayo de Cau Reflexiones duras sobre una época decadente, y la publicación de un breve trabajo suyo (Ediciones Nuevo Arte Thor, Barcelona 1986) donde aparecerá una de las obras más comprometidas de este autor: El Caballero, la Muerte y el Diablo. En esta novela, escrita con tonos autobiográficos y en un estilo ensayístico, Cau introduce a los lectores, en fecha temprana pues recordemos que la edición francesa es de 1975, en el mundo de las ideas anticonformistas que abrirán paso, casi una década después, a la llamada «Nueva Derecha» liderada por Alain de Benoist. Se atreve a escribir que: «nadie hoy en día se atreve a esculpir a negros como porteadores, pues sería acusado de racista. Ningún Balzac osaría escribir su Avaro pues sería tratado de antisemita. Nunca hemos sido tan poco libres de ser inocentes. Frente a cada uno de nuestros pensamientos, de nuestros actos, infinitos jueces nos interrogan e investigan y, bajo pena de ser culpables, debemos parar nuestra marcha» (Reflexiones duras sobre una época decadente).
En su calidad de convencido europeista, superador de los nacionalismos, Jean Cau tampoco duda en creer que la salvación de Europa puede venir del Este y será de los pioneros de esta concepción, que propagase el también fallido Jean Thiriart. Dice Cau: «Rusia, única nación en el Occidente blanco que no siente la vergüenza de vivir el siglo… orgullosa de ser rusa, fuerte, mostrándonos, a plena luz y en primer plano, sus soldados de piel blanca y ojos claros. Rusia, cuya tierra endurecida por la tiranía habrá protegido la semilla de los héroes» (El Caballero, la Muerte y el Diablo).
 
Es antiliberal y aborrece el igualitarismo pseudodemocrático y, por ello, desenmascara a sus antiguos compañeros de viaje recordando que la desgracia de la democracia reside en haber «multiplicado las cobardías por millones… Los enanos gritan que es culpable (la raza blanca). Ella se calla. Los enanos han inventado una nueva lengua de la que han sido expulsadas las antiguas palabras hasta el punto que el pensamiento-enano es el único que describe el mundo a través de las rejas que sobre él aplica». (Ibid.).
 
 
Pero Jean Cau en el fondo es optimista, cree en los valores eternos de nuestros pueblos. Se considera a sí mismo como introductor de una literatura que busca el pasado de Europa y muchos de sus personajes son valerosos caballeros andantes y cruzados de Occidente. Sobre la infinita capacidad de superación de Europa, opinaba: «Sin embargo, siempre han quedado rescoldos de fuego bajo las cenizas y Occidente se ha fortalecido con una contradicción que ha producido el caballero, el cruzado, el constructor de catedrales, el conquistador y el colonizador». (Ibid.).
 
Otra faceta de este autor galo fue su pasión por España. Una profunda pasión que se enraiza en la antigua tradición hispanófila de los intelectuales franceses desde que Corneille escribiera su inmortal Cid. Así, mientras que la intelectualidad hispana era tradicionalmente antifrancesa, nuestros vecinos veían en España un mundo romántico y atrayente que correspondía al país de sus sueños. No es una casualidad que autores tan dispares como Albert Camus, André Malraux, Maurice Barrés (padre del nacionalismo político francés), Víctor Hugo, o Drieu La Rochelle buscasen inspiración en España. Otro enamorado de España, Robert Brasillach, igualmente reconocía que «era España el país que… hablaba mejor a sus corazones después de Francia… en la cuál nunca se sentirían desplazados». La obra maestra de Cau, La Pitié de Dieu, es precisamente un relato sobre el ambiente taurino como lo será Vida y muerte de un toro bravo (1963), Matador (1967) y Toros (1973). Este tema le apasionó aunque podamos tener nuestras discrepancias con él sobre la excesiva práctica reduccionista que identifica lo español con lo meridional. No le atrajo el mundo de los toros por su carácter festivo, sino porque representaba la España que era capaz de despertar sus más íntimas sensaciones.
 
También Jean Cau había percibido el cambio copernicano que la sociedad española había sufrido desde la entrada en la Europa de Bruselas, no porque prefiriese el régimen anterior, sino porque no podría aceptar que el progreso significase la destrucción de los valores tradicionales del pueblo español. Hace algunos años, Espasa Calpe publicó una de las últimas obras de Cau, Por sevillanas, (1988), en la que el autor confesaba, al igual que hiciera Brasillach poco antes de morir, que «Desde hace muchos años, me paso el tiempo haciendo declaraciones de amor a España, porque si Francia es la patria de mis ideas, España es la de mis pasiones». «Ser andaluz. Como ser español». Estimaba que Sevilla encarnaba el genuino espíritu de esa España que se resistía a morir a manos del progreso: «No quiero volver a verla, porque la he amado todavía para desearla todavía…. nos callaremos si no nos reconocemos».
 
Con su muerte, España ha perdido uno de los defensores intelectuales que tenía en Europa, y ésta perdió a uno de los últimos pensadores anticonformistas. Cau fue de los que supieron abrir camino a las nuevas generaciones de intelectuales que se niegan a formar parte del sistema impuesto; éste es su legado. Es triste comprobar que, aparte de una breve nota necrológica aparecida en el periódico «El País» y un digno artículo en «Diario 16» -edición de Andalucía- de la mano de Antonio Burgos su desaparición pasase inadvertida. Que esta nota sirva para atenuar el olvido de un verdadero amigo de España.
 
[Razón Española n°87]