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mercredi, 23 mars 2022

Normaliser le principe de dépopulation

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Normaliser le principe de dépopulation

Martin Hedlund

Source : https://motpol.nu/gastkronikor/2022/03/11/avfolkningens-normalisering/

La langue a été un terrain central de la guerre métapolitique au cours des dernières décennies. Nombreux sont les concepts qui ont été bannis, tout comme sont nombreux les nouveaux concepts auxquels nous devons nous rattacher (dont la majorité est issue de la "perspective intersectionnelle" proposée par la gauche universitaire). Ainsi, ce qui, pour l'homme du XIXe siècle, se résumait à des concepts tels que la "perversion" et la "débauche", est à notre époque non seulement imprégné d'un langage détaillé, mais aussi de théories associées.

La notion de "variation fonctionnelle", qui se substitue à celle de "handicap" ou à celui désormais suspect d'"handicapé", fait des bulles lorsqu'il s'agit de nouveaux concepts. Au sein du discours académique de gauche qui constitue le berceau du concept, les motifs déclarés sont, comme d'habitude, le respect de l'égale valeur de tous, dans ce cas, le fait que le borgne et le borgne ne doivent pas être considérés comme pires que le borgne et le borgne. Derrière cette prétendue bienveillance se cache toutefois un programme infernal de transhumanisme et même de meurtre de masse, ce que j'avais l'intention d'expliquer dans le reste de l'espace qui m'est dévolu ici, dans le cadre du présent article.

En fait, tout n'a pas commencé avec la "variation du handicap", mais ce n'est que la pièce linguistique du puzzle dans un programme transhumaniste plus vaste. Une autre pièce du puzzle se trouve dans la philosophie analytique, où Germund Hesslow en particulier a joué un rôle de premier plan dans le débat suédois des années 1990.

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Hesslow (photo) écrit, entre autres, que la science médicale a atteint le point où elle doit rejeter la dichotomie sain/malade en faveur des "variations". Comme d'habitude dans la philosophie analytique, Hesslow utilise un exemple banal de la vie quotidienne pour résumer son argument: cette fois à travers un visiteur de garage déçu qui n'est pas autorisé à améliorer sa voiture sur la base de la dichotomie sain/malade. L'article passe en revue et rejette un certain nombre d'objections au rejet du concept de maladie, mais ce qu'il n'aborde pas, c'est le caractère déraisonnable de l'assimilation d'un être humain à une voiture.

Dans ce contexte, il est clair que le concept de "handicap" n'a pas émergé de nulle part et qu'il permet le transhumanisme : avant de pouvoir "améliorer" les êtres humains, le concept de normalité doit d'abord être mis au rebut (c'est d'ailleurs un excellent exemple de la façon dont les philosophes analytiques travaillent pour le même agenda que la gauche postmoderne, bien qu'ils prétendent être opposés l'un à l'autre).

Ce que ni Hesslow, ni aucun autre philosophe analytique travaillant dans la même direction, n'aurait pu imaginer, cependant, c'est comment le rejet du concept de maladie permet non seulement le transhumanisme mais aussi le meurtre de masse. Mais en fait, cela s'ensuit très logiquement : remplacer la dichotomie hiérarchique sain/malade par le concept horizontal de "variation fonctionnelle" abolit également la moralité associée à la maladie. Il devient donc non seulement acceptable d'être malade ou handicapé, mais aussi de rendre les gens malades et handicapés. Notez comment l'abolition de la morale sexuelle est un premier pas dans cette évolution : aujourd'hui, il est non seulement acceptable d'être perverti, mais il est également acceptable de pervertir les gens par le biais de la pornographie. Et pourquoi pas lorsque les gens n'ont plus un langage et une morale qui leur permettent de comprendre qu'ils sont malades ou pervers ?

De ce point de vue, il est plus que désagréable que nos autorités, régions et municipalités travaillent fébrilement pour "rendre accessible" leur production de rapports aux aveugles et aux sourds. Là encore, le problème est double : ce qui ressemble à première vue à une bonne action est plutôt un pas vers une numérisation accrue, l'IA et le transhumanisme. En même temps, on sent que la véritable cause n'est ni la supposée bienveillance de la gauche ni le transhumanisme de la philosophie analytique, mais précisément la préparation au meurtre de masse. Les personnes handicapées ont existé à travers les âges, alors qu'aujourd'hui, on assiste à une grande ruée vers l'information gouvernementale ; une entreprise gigantesque qui a son explication très rationnelle si l'on s'attend à ce que la société se transforme en hôpital.

Malheureusement, ce n'est pas seulement ma spéculation ; c'est exactement ce qui sera la conséquence du passeport vaccinal et de la vaccination de masse (qui en est maintenant à sa quatrième injection en Suède). Les effets secondaires qui, pour la plupart (mais loin d'être tous), se limitent aujourd'hui à de la fièvre et à des douleurs au bras peuvent, dans un avenir sans concept de maladie, se transformer facilement en cécité, amputation et cancer ; tout n'est de toute façon que des variations sur une normalité qui n'existe plus. "Quels étaient vos effets secondaires ?" - a été une question courante dans les salles de café pendant le programme de vaccination - "C'est un œil qui a flanché cette fois-ci ; c'est excitant de tester un borgne, je me réjouis déjà d'essayer les prothèses" - sera la réponse dans un avenir pas trop lointain où les humains n'ont plus de langage pour distinguer les malades des sains, et où le transhumanisme follement utopique a dû céder la place au meurtre de masse beaucoup plus réaliste.

Martin Hedlund, docteur en géographie culturelle

lundi, 22 juin 2020

Nietzsche, la souffrance et la maladie

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Nietzsche, la souffrance et la maladie

par Jean-Marc Dupuis

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A l’âge de 4 ans, le jeune Friedrich Nietzsche perd son père, qu’il adorait.

Peu après survient la mort de son petit frère, Joseph.

Etudiant, il attrape la syphilis, une maladie infectieuse mortelle et très douloureuse.

Il passera le reste de sa vie accablé de nausées, de terribles maux de tête, de vomissements. Il restera parfois des journées entières dans une cécité complète. Il est obligé d’abandonner la carrière universitaire brillante qui l’attendait, et se réfugie dans une chambre modeste qu’il loue à un fermier au plus profond de la Suisse, seul endroit où sa santé fragile lui permet de survivre.

En hiver 1880, il tombe dans le “trou noir de son existence”. Il est au fond de l’abîme, au bord du suicide. Il rencontre une jeune Russe, Lou Salomé, et semble trouver enfin le bonheur. Mais l’aventure tourne au fiasco.

Elle laisse Nietzsche profondément blessé, en 1883 :

«Je ne comprends plus du tout à quoi bon vivre, ne fût-ce que six mois de plus. Tout est ennuyeux, douloureux, dégoûtant !», écrit-il.

Il n’eut que des déceptions avec les femmes, qui étaient il est vrai effrayées par son énorme moustache. “Grâce à ta femme, tu es cent fois plus heureux que moi”, écrit-il à un ami.

Mais la syphilis, qui attaque le cerveau, gagne du terrain. Il perd la raison. Il est interné en hôpital psychiatrique puis meurt dans une misère noire.

Ses livres ne connaissent, durant sa vie, aucun succès, tant il est en décalage avec ses contemporains. Nietzsche vit dans une grande pauvreté, presque totalement incompris.

Nietzsche avait l’expérience de la souffrance, et voici ce qu’il recommandait de faire

Nous avons tous des zones sombres dans notre vie. Nous avons tous des difficultés qui paraissent insurmontables. Nous connaissons tous des échecs.

La plupart des philosophes ont essayé de nous aider à réduire nos souffrances. Ils nous ont donné des conseils pour nous consoler, et nous aider à nous débarrasser de nos douleurs.

Friedrich Nietzsche ne voyait pas les choses ainsi.

Il pensait que toutes les sortes de souffrances et d’échecs sont en réalité la clé vers le bonheur, et devraient donc être accueillies avec joie.

Pour lui, il ne peut y avoir de joie que dans le fait de surmonter des défis.

Plus grands sont les défis, plus grande est la joie, comme l’alpiniste recherche des montagnes plus hautes et plus difficiles à vaincre. C’est du haut de ces montagnes que l’on peut contempler les vues les plus belles, respirer l’air le plus pur. Et les parois les plus vertigineuses sont aussi celles qui ont la plus fascinante beauté.

“A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire”

A l’inverse de tous les philosophes, Nietzsche pensait que c’était un avantage, que d’avoir de graves déconvenues dans sa vie !

Il écrivait :

“À tous ceux à qui je porte intérêt, je souhaite la souffrance, l’abandon, la maladie, les mauvais traitements, le déshonneur ; je souhaite que ne leur soient épargnés ni le profond mépris de soi, ni le martyr de la méfiance envers soi; je n’ai point pitié d’eux, car je leur souhaite la seule chose qui puisse montrer aujourd’hui si un homme a de la valeur ou non : de tenir bon…”

Pour atteindre quoi que ce soit de valable, estimait Nietzsche, il faut faire des efforts gigantesques.

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Nietzsche avait une vie routinière. Il se levait à 5h du matin, écrivait jusqu’à midi, puis allait marcher sur les immenses montagnes qui entouraient son village. De sa fenêtre, il pouvait contempler de magnifiques paysages qui parlaient à son âme.

“ Ne venez surtout pas me parler de dons naturels, de talents innés ! On peut citer dans tous les domaines de grands hommes qui étaient peu doués. Mais la grandeur leur est venue, ils se sont faits « génie » (comme on dit)”, écrivait-il.

Et ils l’ont fait en surmontant les difficultés.

“Ce n’est pas par le génie, c’est par la souffrance, par elle seule, qu’on cesse d’être une marionnette”, écrira après lui le philosophe nietzschéen Emil Cioran.

La difficulté est la norme

La difficulté est la norme.

Nous éprouvons de la douleur à cause de la différence que nous constatons entre la personne que nous sommes, et celle que nous pourrions être.

Mais évidemment, souffrir ne suffit pas. Sinon, nous serions tous des génies ! Le défi, c’est de bien réagir à la souffrance.

Nietzsche pensait que nous devions considérer nos problèmes comme un jardinier regarde ses plantes. Le jardinier transforme des racines, des oignons, des tubercules, qui paraissent très laides, en de jolies plantes portant des fleurs et des fruits.

Dans nos vies, il s’agit de prendre des choses qui paraissent “moches”, et essayer d’en sortir quelque chose de beau.

L’envie peut nous conduire à nuire à notre voisin, mais aussi à une émulation nous conduisant à donner le meilleur de nous-même. L’anxiété peut nous paralyser, mais aussi nous conduire à une analyse précise de ce qui ne va pas dans notre vie, et ainsi à la sérénité. Les critiques sont douloureuses mais elles nous poussent, en général, à adapter notre conduite.

Concernant la maladie elle-même, Nietzsche a écrit ceci :

« Quant à la longue maladie qui me mine, ne lui dois-je pas infiniment plus qu’à ma bonne santé ? Je lui dois une santé supérieure, que fortifie tout ce qui ne tue pas ! Je lui dois ma philosophie. Seule la grande douleur affranchit tout à fait l’esprit. ”

Mais bien entendu, les choses se passent en plusieurs temps : la “joie”, le “sens” de la maladie ne surviennent pas au moment où vous êtes en train de souffrir. Cela n’apparaît que lentement, et après coup, lorsque la vie offre une forme de répit. C’est alors, seulement, qu’on peut se retourner et voir le côté positif de l’épreuve.

“D’abord il y a la crucifixion ; ensuite seulement vient la résurrection”, me disait un ami. Mais au moment où l’on est cloué sur la croix, ce n’est jamais drôle, évidemment… Ce qui me fait penser que, au fond, ces réflexions de Nietzsche ne peuvent être comprises que par les personnes d’un certain âge, qui ont déjà vécu, eu le temps de cicatriser leurs épreuves, et de prendre du recul.

Tout le monde n’a pas cette chance, et Nietzsche qui est mort à 56 ans, un âge respectable pour l’époque, aurait sans doute pu insister un peu plus sur ce point…

A votre santé !

Jean-Marc Dupuis