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mardi, 27 décembre 2022

Après la Russie, c'est au tour du Qatar. Et nous n'aurons plus qu'à acheter du gaz aux Américains

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Après la Russie, c'est au tour du Qatar. Et nous n'aurons plus qu'à acheter du gaz aux Américains

Nous recevons et publions les analyses et réflexions de l'historien et essayiste Michele Rallo, ancien député de la République italienne.

Par Michele Rallo

Source: https://comedonchisciotte.org/dopo-la-russia-tocca-al-qatar-e-a-noi-non-restera-che-comprare-il-gas-dagli-americani/

Il y a définitivement trop de coïncidences.

C'est une coïncidence que la guerre de l'OTAN contre la Russie (déguisée en guerre entre la Russie et l'Ukraine) ait abouti à la fin de la "dépendance" de l'Europe vis-à-vis du gaz russe.

C'est une coïncidence que l'Europe doive compter sur la "dépendance" d'autres fournisseurs et que les États-Unis puissent placer leur coûteux gaz de schiste dans nos pays.

Et voilà maintenant une troisième coïncidence: le scandale providentiel du "Qatargate" amène l'Union européenne à une quasi-rupture avec le Qatar. Le Qatar qui - par pure coïncidence - est actuellement le deuxième plus grand fournisseur de gaz à l'Europe. Et comme le Qatar menace - en représailles - de couper nos approvisionnements en gaz, la part des États-Unis dans les approvisionnements en gaz (très chers) monterait en flèche: et hop, que voilà une quatrième coïncidence! Dans le même temps, comme un effet secondaire inévitable, les pays européens (l'Italie en tête) devraient dépenser encore plus sur leurs factures énergétiques; encore une fois de plus - coïncidence parmi les coïncidences - au profit de Washington.

Soyons clairs : je ne veux pas défendre le PD socialiste italien ni même les petites vierges du Parlement européen qui s'étonnent d'apprendre qu'un système de lobbying organisé (celui du "lobbying" d'importation américaine) a généré des scandales flagrants de corruption. Tout cela est probablement vrai. Mais il est néanmoins surprenant que les services secrets belges aient décidé d'enquêter - seulement maintenant - sur ce qui se passe dans les bureaux secrets de Strasbourg. À l'instigation de collègues des Émirats arabes unis - a-t-on dit - qui sont hostiles au Qatar pour des raisons de politique interne dans l'aire sunnite. 

C'est peut-être vrai. Mais je ne crois pas que les services émiratis soient parmi les mieux équipés et les plus performants du Moyen-Orient. Peut-être - c'est ma malignité - ont-ils à leur tour reçu un tuyau des services secrets de quelque grande, très grande, puissance occidentale. Ces derniers - que je continue à malmener - auraient alors pu convaincre les Belges d'accepter les suggestions venant des Emirats, et ainsi mettre le doigt dans ces engrenages européens infernaux dont les 007 de Bruxelles s'étaient jusqu'à présent obstinément tenus à l'écart.

Et - si l'on souhaite poursuivre l'hypothèse - on pourrait ajouter que le Qatar n'est pas seulement un grand producteur de gaz naturel, mais aussi un pays qui joue un rôle très particulier dans les équilibres internationaux. Il est inextricablement lié à la Turquie (un pays "désobéissant" au sein de l'OTAN qui a refusé d'adhérer aux sanctions contre la Russie) et est, en même temps, une sorte de première escale pour la Chine au Moyen-Orient. Les liens - entre les deux pays - sont très, très étroites. Selon certains, le Qatar jouerait même un rôle de "charnière" (également économique) entre Ankara et Pékin. Selon d'autres - mais une chose n'exclut pas l'autre - le Qatar serait également une sorte de rampe de lancement pour la pénétration de la Chine en Afrique.

Et que dire de ce qui se passe de l'autre côté du golfe Persique ? Sommes-nous sûrs que les protestations contre le gouvernement de l'Iran constituent un événement entièrement spontané ? Pas les protestations - sacro-saintes - contre un régime tristement obscurantiste et sa brutale "police morale". Pas les manifestations - disais-je - qui sont certainement authentiques et spontanées... Pas les manifestations, mais la tentative de les prolonger indéfiniment - au prix de centaines de morts - afin de les transformer en un coup d'État violent contre un gouvernement qui, avec tous ses défauts, est néanmoins l'expression d'un verdict électoral légitime, bien que résultant d'une simili-démocratie absolument sui generis, dans la lignée des canons politiques du Moyen-Orient.

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Êtes-vous sûr que ce qui se passe en Iran est un phénomène entièrement spontané ? Sommes-nous sûrs que la "couverture" de ces événements par les grands médias internationaux ne vise pas à préparer l'opinion publique occidentale à une forme d'intervention ou de simple conditionnement pour défendre les principes démocratiques en Iran ? Et pourquoi une "couverture" similaire n'est-elle pas accordée à ce qui se passe en Afghanistan au même moment ? Dans l'Afghanistan livré par les États-Unis aux talibans, où la police des mœurs (ou son équivalent) a droit de vie et de mort sur tout le monde, où les femmes n'ont même pas un dixième des libertés qui leur sont accordées en Iran, où les condamnations à mort ne sont pas un événement épisodique mais une pratique quotidienne dont plus personne ne s'étonne...

Toutes les coïncidences, tous les indices qui - si nous ébauchions les grandes lignes d'un roman policier - ne pointeraient que dans une seule direction : Washington. Mais comme nous ne sommes pas dans un roman policier, mais dans la réalité formidable du "politiquement correct", nous devons croire que tout est arrivé et arrive par hasard: du sabotage du gazoduc Nord Stream aux pots-de-vin des lobbyistes européens.

Les Américains, quant à eux, sont les "gentils" par excellence. Ils ne font que des guerres pour mettre fin aux guerres.

Le président Thomas Woodrow Wilson l'avait déjà déclaré en 1917. Mais il semble que, après cent cinq ans, ils n'ont toujours pas découvert comment y parvenir. Ils en sont toujours aux déclarations de principe, et je ne pense pas qu'ils iront plus loin. Du moins tant qu'il y aura encore beaucoup de simplets en Europe qui croient aux "coïncidences".

Michele Rallo