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vendredi, 10 février 2023

La crise des subprimes semblera être une promenade de santé en comparaison...

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La crise des subprimes semblera être une promenade de santé en comparaison...

par Andrea Zhok

Source : Andrea Zhok & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/a-confronto-la-crisi-subprime-ci-sembrera-una-passeggiata

La question des sanctions occidentales à l'encontre des pays jugés hostiles nous rappelle une chose très simple: l'économie et la finance à l'échelle internationale, et pas seulement aujourd'hui, sont des armes, et sont comprises et conçues comme telles.

Rappelons qu'il fut un temps où les situations considérées par le droit international comme des "casus belli" incluaient toujours le blocus naval (à l'époque où l'économie se déplaçait principalement par le biais de marchandises et que celles-ci étaient transportées par bateau). Le système de sanctions que l'Occident a l'habitude de produire implique également des sanctions à l'égard des alliés qui ne veulent pas se joindre aux sanctions contre l'"ennemi", et constitue en fait une sorte de blocus naval de la deuxième puissance.

Outre le niveau strictement commercial, les guerres de devises, avec l'induction d'entrées ou de sorties rapides de capitaux, sont également des armes primaires qui peuvent être utilisées et employées pour faire plier les pays indisciplinés.

Le fait que les principaux marchés financiers soient physiquement sous le contrôle économique, matériel et infrastructurel du bloc anglo-saxon (New York et Londres) et que les systèmes d'échange soient (jusqu'à présent) régulés par ce bloc géopolitique a permis à l'empire américain de continuer à exercer des formes de domination avec les armes de l'économie non moins qu'avec celles de l'armée pendant très longtemps.

Elle l'a fait à maintes reprises contre des puissances régionales plus petites et contre des alliés dont les politiques n'étaient pas momentanément alignées.

Tout cela a toujours été vendu à l'opinion publique occidentale comme un accident ingérable lorsqu'il s'agissait de la sphère financière et comme un devoir moral ("peace enforcing") lorsqu'il s'agissait de l'utilisation de bombardiers.

À la lumière de ces idées, le compte-rendu que les États-Unis et leurs employés se sont fait de la guerre en Ukraine est clair: elle a été vendue comme d'habitude comme un "devoir moral incontournable", puis présentée comme un "interventionnisme doux" qui nous laissait tranquilles, fournissant à l'Ukraine des armes et de l'argent pour acheter des armes, payer des mercenaires, plus un soutien logistique et de renseignement.

Pendant ce temps, elle comptait étrangler la Russie avec des sanctions.

L'Occident étant, sur le papier, largement plus riche en termes financiers, la partie semblait jouée: nous ne pouvions pas perdre.

Mais c'est là le point de vue de personnes habituées à traiter la dimension virtuelle de la finance comme un substitut du monde: des personnes qui ne regardent plus les gens, mais l'argent dont vous avez besoin pour les embaucher, qui ne regardent plus les marchandises, mais leurs contrats d'achat et leur relation sur le marché des titres, etc.

Et c'est là que l'on comprend la folle erreur de jugement qui s'est produite, une erreur intuitive pour ceux qui raisonnent avec bon sens, mais invisible pour ceux qui vivent dans le monde virtuel de l'argent.

Ils ne l'admettront jamais, mais la situation est devenue complètement hors de contrôle.

La réalité virtuelle des chiffres des comptes courants a volé en éclats, se heurtant à la réalité des chiffres de la population, de la quantité de ressources naturelles, des extensions territoriales.

Ce sera une erreur fatale qui déterminera, qui détermine déjà, un tournant historique.

Et les premiers signes de panique se manifestent dans les formes de plus en plus fréquentes de vol national légalisé. Lorsque, par exemple, le produit de la vente de Chelsea par un milliardaire russe en Angleterre est d'abord gelé, puis saisi pour être utilisé pour soutenir les dépenses de guerre, nous voyons ici comment les derniers tabous dont s'était nourrie l'idéologie occidentale (Pacta sunt servanda + sacralité de la propriété privée) se sont dissous.

Le vol par l'État des dépôts bancaires d'autres personnes a toujours été considéré comme un abîme infranchissable. Le caractère sacré de la propriété privée est l'un des fondements séculaires de l'idéologie occidentale, à commencer la version formulée jadis par Locke, et a été, entre autres, le rempart idéologique contre toutes les tentatives de nationalisation au profit du peuple qui ont parfois eu lieu sous des gouvernements socialistes (comme dans le Chili d'Allende).

Aujourd'hui, même cette dernière frontière, la fiabilité du respect des droits de propriété, a été franchie.

Si sur le plan de la guerre, la dernière ligne rouge, l'utilisation de l'armement nucléaire, n'a pas encore été dépassée, sur le plan économique, l'équivalent de la bombe nucléaire a déjà connu sa déflagration: la confiance dans un système de commerce international doté de règles, qui lui donnaient une certaine autonomie par rapport aux conflits nationaux, s'est dissoute.

Les conséquences de ce bouleversement commencent à peine à se faire sentir, mais elles feront date, à commencer par le possible défaut de paiement du Trésor américain sur ses obligations.

En comparaison, la crise des subprimes semblera être une promenade de santé.

mardi, 03 mars 2015

L’horreur synallagmatique

LA GRANDE FRAUDE, CRIME, SUBPRIMES ET CRISES FINANCIÈRES*

L’horreur synallagmatique

Auran Derien
Ex: http://metamag.fr
grande_fraude.jpgLa civilisation a toujours reposé sur la parole donnée, éthique qui dispense d’une grande partie de la bureaucratie puisque les élites considèrent qu’elles s’insultent elles-mêmes si les contrats ne sont pas respectés. Dans de telles civilisations, il n’est nécessaire ni de terroriser les populations ni de les abrutir pour qu’elles participent à l’ordre du monde. Aujourd’hui, à l’inverse, règne la terreur synallagmatique, la terreur légale des contrats. 

Les dernières élections en Suède avaient vu apparaître un nouveau parti, le SD, avec 12% des voix. Un autre parti d’opposition s’est alors joint à lui pour rejeter le budget. Que faire? En France, le gouvernement sort le 49-3. En Suède, le chef du gouvernement, Stefan Löfven, a décidé que les élections prévues pour 2015 n’auront pas lieu. Ce n’est rien de plus que la mise en place de la tyrannie des temps maastrichtiens. Les promesses faites aux électeurs n’engagent pas. Pour l’Europe, la banque Morgan a même publié un document en mai 2013 réclamant des régimes autoritaires

Jean-Claude Juncker, à la tête de la Commission européenne, est le chargé de mission d’une opération de conversion des oligarques européens en collabos des intérêts américains. La méthode économique, le ficelage par des contrats léonins reste la manière privilégiée des habitués de Davos, du Bilderberg et autres lieux identiques. Représentant de l’oligarchie, Jean-Claude Juncker agit comme si les élections, comme en Grèce, n’avaient aucune importance car les traités sont irréversibles. Un fanatique a succédé à Manuel Barroso.

gayraud.jpgAristote enseigna que le contrat était une loi faite par des particuliers en vue d’une affaire déterminée. L’absolutisation du contrat est contraire aux us et coutûmes européennes. Un contrat tire sa force d’un engagement. Non pas d’un écrit ou d’un texte, mais d’un souffle de l’âme. Ce totalitarisme des accords entre boutiquiers endimanchés étalant leur rolex, c’est l’inhumanité des valets du veau d’or, toqués et visionnaires d’un paradis sur terre qui résulterait de leurs magouilles. Juncker incarne à la perfection le néant du contrat.
 
Les financiers assassins se présentent comme des victimes car rien ne laisse jamais prévoir les crises dont ils sont responsables et coupables. Mais la collusion entre la finance et la politique construit une oligarchie criminelle qui cherche à tout moment comment rendre légale la fraude. Les criminels deviennent ainsi le droit et le système social. Les contrats qui mettent les Européens en coupe réglée manifestent que les politiques sont des prédateurs au service de ploutocrates, ainsi que l’expose Jean-François Gayraud dans son ouvrage "La grande fraude"*.
 
Les politiciens soumis aux banquiers se prennent finalement pour des Christophe Colomb: ils acceptent leur bimbeloterie, leur verroterie en échange de la civilisation. Les peuples, seule donnée valable en politique, interlocuteurs de ces tristes sires, sont traités comme les indigènes, à peine des hommes. Nous affirmons qu’à ce prototype de parvenu, nul ne doit rien. Personne ne doit les respecter.

*Jean-François GAYRAUD : La grande fraude. Crime, subprimes et crises financières. O.Jacob, 2011, 23,25€