jeudi, 13 mars 2008
Le Zen en guerre
Le Zen en guerre
Moine soto zen depuis 1964, Brian Victoria publie Le Zen en guerre. Ce livre est intéressant en dépit de sa tonalité politiquement trop correcte. J. P. Berthon écrit en préface: « L'une des caractéristiques du bouddhisme japonais concerne son étroite relation avec l'Etat. Ce dernier lui exprime souvent son soutien, tout en le contrôlant au niveau de son clergé et de ses organisations. En retour, le bouddhisme a toujours offert au pouvoir son support spirituel. Dans certains cas, comme celui de l'école de Nichiren et de sa revendication de l’“établissement de la Loi juste pour la paix dans le pays” au XIIIè siècle, le bouddhisme put même prendre à l'occasion des accents menaçants en demandant des réformes immédiates de la part de l'Etat. Ce que propose le bouddhisme de l’époque Meiji, ce sont, également, des "doctrines pour temps de guerre" qui entraînent l’ensemble des sectes dans le sillage du système impérial sans que les savants des études bouddhiques ne fassent entendre la moindre voix dissonante à l'encontre de ce choix pour le moins singulier. L'aventure militariste à laquelle fut associé le bouddhisme japonais au cours de la première moitié du XXe siècle ne manquera pas d’intriguer le lecteur occidental » (JdB).
Brian VICTORIA , Le Zen en guerre 1868-1945. Le Seuil. 2001. 368 pages. 138 FF.
L’opinion de Jean DESSALLE :
Le découpage temporel est un exercice délicat. Le risque est toujours de construire un récit à partir d’une idéologie ou d’un savoir actuel qui amènent à opérer un tri regrettable parmi les documents. La dénonciation du bouddhisme en tant que moyen psychique de la plus efficace des cultures militaires, celle des bushis nippons, oublie la dimension d’experts martiaux à la limite des capacités humaines qu’ils ont incarnée. Parallèlement, le bouddhisme n’a-t-il pas porté, depuis vingt-trois siècles, l’expansion politique d’empires parmi les plus vastes qui aient jamais existé ? Comment l’auteur s’étonne-t-il que cette philosophie et cette psychologie aient si bien servi les arts de la politique, de la guerre, comme d’ailleurs ceux de l’esthétique, malgré la non-violence, le détachement et l’introspection de la pensée complète ? N’en est-il pas de même en Occident avec les monothéismes ? Il est normal que les philosophes bouddhistes se soient posées la question de la compatibilité avec les multiples dimensions de la vie sociale et aient apporté une réponse. D’autant que le bouddhisme n’est pas un dogme et n’en contient pas ; qu’il ne dispose même pas d’écritures saintes : tous les textes ne font que proposer et préconiser (JD).
00:12 Publié dans Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les commentaires sont fermés.