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mardi, 29 septembre 2009

A propos du Sommet entre Africains et Latino-Américains

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A propos du Sommet entre Africains et Latino-Américains

 

Le sommet entre pays d’Afrique et d’Amérique latine se tiendra les 26 et 27 septembre prochains au Venezuela. Il aura pour but, selon le Président Chavez, de créer un “pont” entre les deux rives de l’Atlantique Sud. Dans la célèbre émission télévisée vénézuélienne “Alo Presidente!”, où Chavez s’adresse chaque dimanche directement à son peuple, le président “bolivarien” a déclaré: “Il faut créer un pont entre le Venezuela et l’Afrique, un pont de solidarité, de coopération, de rapprochement culturel, politique et économique qui s’avèrera fondamental pour la vie de nos deux continents”. Et: “Nous sommes latino-américains mais aussi africains; plus africains que les autres. Sans l’Afrique, nous ne serions pas tels que nous sommes”. Outre quelques outrances, qui pourraient prêter à rire, ce discours implique que des relations bilatérales entre continents peuvent désormais émerger (ou devraient pouvoir émerger) sans l’intervention de Washington et sans une participation nord-américaine. En ce sens, l’exemple que vient de donner Chavez, en tendant la main à l’Afrique, pourrait servir de modèle à l’Europe, qui ne parvient pas à se débarrasser du boulet atlantiste. Si Latino-Américains et Africains envisagent l’établissement de “ponts”, on ne voit pas pourquoi l’Europe et le reste de l’Eurasie n’envisageraient pas la consolidation définitive de “ponts” qui nous ramenerait à l’optimum stratégique que fut, pendant seulement une quinzaine d’années au début du 19ème siècle, la Pentarchie européenne qui s’étendait de l’Atlantique au Pacifique. Au contraire, l’Europe vassalisée tolère que Washington installe des obstacles entre l’Europe et le reste de l’Eurasie: surtout dans le Caucase, non seulement en entretenant l’abcès de fixation tchétchène, mais en induisant une nouvelle diplomatie turque à faire sauter le verrou arménien, entre la Turquie et l’Azerbaïdjan et, pire, à faire sauter le pont arménien potentiel entre la Russie et l’Iran.

 

La règle géopolitique en jeu ici est celle, éternelle, de la biocéanité: la Pentarchie était bi-océanique; la Doctrine Monroe visait la biocéanité nord-américaine; le Mercosur vise une bi-océanité ibéro-américaine entre Atlantique et Pacifique; les géopolitologues d’Amérique du Sud ont déjà, avant Chavez, imaginé un “pont” au-dessus du Pacifique (la géopolitique pacifique de Pinochet, notamment); désormais, comme dans les spéculations géopolitiques sur le “Cinquième Empire” de Dominique de Roux, Chavez entend rétablir un “pont” au-dessus de l’Atlantique Sud, en direction d’une Afrique, à laquelle les Britanniques ont toujours ravi la biocéanité, en torpillant les projets allemands, belges et portugais de “Mittelafrika” entre l’Atlantique et l’Océan Indien. La marche du monde, les vicissitudes de la politique internationale, sont bien souvent déterminées par la volonté de bi-océanicité: la Chine actuelle, notamment, cherche à devenir biocéanique, avec sa façade pacifique et ses bases au Myanmar, reliées au territoire chinois par les axes routiers birmans installés par les Alliés anglo-saxons pendant la seconde guerre mondiale pour venir en aide à Tchang Kai-Tchek. L’Axe euro-russe pourrait, lui, viser la quadri-océanité: arctique, atlantique, pacifique et indienne. A méditer.

 

Robert Steuckers.

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