dimanche, 10 janvier 2010
Entretien exclusif avec A. Soljenitsyne
Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1991
Entretien exclusif avec Alexandre SOLJENITSYNE
propos recueillis par Wolfgang STRAUSS
Depuis novembre 1987, une complicité spirituelle lie le Prix Nobel de littérature Alexandre Soljénitsyne, en exil à Cavendish (Vermont, USA), et notre camarade Wolfgang Strauss, collaborateur des revues Europa Vorn, Staatsbriefe et, pour les traductions françaises, de Vouloir. Cette amitié s'est scellée par une intense correspondance entre les deux hommes. Les propos ci-dessous ont été recueillis avant les événements d'août.
Q.: Le peuple allemand est enfin réunifié. Prenez-vous part aux événements qui se déroulent en Allemagne?
AS: Oui, évidemment. Car pour moi, vous êtes un important intermédiaire. Avant déjà, je lisais vos articles et vos recensions: un éditeur allemand me les envoyait. Lorsque je les lisais, j'étais surpris par la précision de vos connaissances en histoire russe. Mais maintenant que je sais que vous avez séjourné dans l'Archipel Goulag, je comprends.
Q.: Les Allemands dans leur majorité aujourd'hui sont russophiles; ils se solidarisent avec le combat russe pour la liberté, pour la renaissance de la Russie, dont vous êtes le représentant, tant sur le plan politique que sur le plan spirituel. Mais, malheureusement, les informations que nous recevons sont rares et lacunaires.
AS: Bien sûr, vous avez appris personnellement à connaître la Russie et vous savez beaucoup de choses qu'il est difficile d'expliquer à vos compatriotes. Ne perdez pas courage, gardez votre énergie, poursuivez vos efforts.
Q.: Au vu de la décadence dominante, quelles sont, à votre avis, les chances d'un renouveau spirituel et éthique chez les Russes et les Allemands?
AS: Oh, le chemin sera long avant que les peuples de Russie et de notre communauté ne recouvrent la santé morale. L'Allemagne, elle aussi, se trouve dans une triste situation, une situation pathologique, et peu de temps nous reste pour retrouver la voie de la convalescence et de la guérison.
Q.: Quelle est votre tâche principale, aujourd'hui?
AS: Depuis six ans déjà, je ne réponds plus aux questions que me posent les médias occidentaux. Mon devoir, c'est d'écrire des livres. Et ce qui me reste à faire est titanesque.
00:05 Publié dans Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lettres, littérature, littérature russe, lettres russes, russie, entretiens | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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