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dimanche, 17 janvier 2010

Michel Collon nous parle du Venezuela

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Michel Collon nous parle du Venezuela

Ex: http://unitepopulaire.org

 

J’ai eu le plaisir de me rendre à Annemasse, en France, près de Genève, afin de rencontrer et d’écouter le journaliste belge Michel Collon  qui, dans la lignée de Noam Chomsky et de William Blum, pratique depuis de nombreuses années un journalisme de recherche de la vérité en investiguant sur les nombreux mensonges des médias – Kosovo, Irak, Amérique Latine, Israël…

Michel Collon commence sa conférence par son expérience du Venezuela où il a pu observer que la pauvreté est étonnamment présente dans le pays en dépit du fait que ce dernier est l’un des plus grands producteurs de pétrole du monde depuis plus d’un siècle. Si tant de Vénézuéliens vivent dans des taudis, sans eau, sans électricité, sans ressources… où est parti l’argent ? En direction d’une toute petite élite et au profit de quelques multinationales. Comment cela s’est il produit ? Un certain nombre de mécanismes se sont mis en place qui permettent cela et placent les pays d’Amérique Latine en état de dépendance à l’égard des multinationales d’Amérique du Nord et d’Europe. D’abord au moyen des conquistadors au service de l’Espagne dès le XVIe siècle et jusqu’au  XXIe siècle en passant par le commerce triangulaire, l’esclavage et la doctrine Monroe. Michel Collon décrit ce mécanisme qu’il nomme “les 7 fléaux de l’Amérique Latine” :

 

1. pillage des ressources naturelles (or, pétrole, gaz, agriculture, biodiversité)

2. pillage de la main d’œuvre (travailleurs sous-payés, conditions de travail difficiles, insalubrité, travail dangereux, etc.)

3. assassinat de l’agriculture par l’importation de produits étrangers subventionnés par les USA ou l’EU

4. vente du pays par ses propres élites

5. dette (instrument de chantage incitant par la force aux “réformes” ultralibérales)

6. privatisation (plus de 1000 sociétés publiques privatisées depuis 1989 !)

7. vol de cerveaux (et non fuite) – médecins, techniciens, personnes formées, autant de forces vives du savoir et de l’économie qui ont reçu une excellente formation au pays mais qu’on en fait sortir une fois leur diplôme en poche pour servir des intérêts privés ou étrangers.

 

Ces sept péchés se retrouvent dans d’autres pays du Sud, en Afrique notamment. Michel Collon critique de manière générale la forte migration du Sud vers le Nord qui appauvrit les pays du Sud et amène une pression salariale énorme sur les travailleurs du Nord : il faut une vraie solidarité Nord-Sud qui ne soie pas fondée sur l’exploitation. Sans cela, il est à craindre que le système des multinationales qui mène le monde n’amène à des guerres entre le Nord et le Sud, ainsi qu’à une tiers-mondialisation des pays occidentaux. Michel Collon oppose ces sept fléaux aux “sept péchés capitaux d’Hugo Chavez”, titre de son dernier livre. Ces fléaux ont pour résultat d’amener le pays-cible à une dépendance à l’égard de l’étranger.  Ils ne peuvent se résoudre un par un, mais uniquement comme un tout, afin de briser ces liens malsains et d’acquérir l’indépendance politique et économique de ces nations. C’est  ce qu’un Hugo Chavez au Venezuela ou un Evo Morales en Bolivie ont commencé à faire.

Michel Collon raconte ensuite les événements qui ont amené Hugo Chavez au pouvoir. Après une longue période d’exploitation du Venezuela par ses élites et les multinationales étasuniennes et l’appauvrissement de la population locale, celle-ci à manifesté son mécontentement envers le Président d’alors, Carlos Andres Perez, qui fit réprimer la contestation de manière très brutale – plus de 3000 morts et pratiquement sans aucune mention dans nos médias occidentaux à géométrie, intérêts et intégrité variables... Ces événements ont consommé le divorce entre le peuple et ses élites. Malgré l’échec du coup d’Etat de 1992 de l’armée – dont les troupes et les officiers proviennent des classes populaires – mené par Chavez, ce dernier, une fois libéré en 1994, a gagné les élections présidentielles de 1998 à la surprise générale. A en croire les sondages sur le taux de satisfaction de la population, ce changement fut ressenti comme une bonne chose peur 70% des citoyens.

Une fois au pouvoir, Hugo Chavez, sans grande expérience et héritant malgré lui d’une administration bureaucratique et corrompue, engagea rapidement des réformes fondamentales en faveur de la population :

 

- changer la constitution, la rendre plus démocratique, donner plus de droits aux citoyens, notamment la possibilité de demander un référendum révocatoire à mi-mandat pour les élus ;

- utiliser les revenus du pétrole pour aider le développement et financer les programmes sociaux ;

- faire participer le Venezuela à l’ALBA, une organisation qui a pour but de promouvoir le commerce équitable entre pays d’Amérique Latine ;

- prendre de mesures d’urgence contre la pauvreté ;

- mettre en place de programmes de lutte contre l’analphabétisme et des programmes d’alphabétisation qui ont fait passer l’illettrisme à 0% selon l’UNESCO ;

- améliorer les programmes de santé (opération Milagro pour la vue, etc.)

 

Ces programmes ont des résultats spectaculaires qui ont fortement réduit la pauvreté et apporté la démocratie populaire à tous les niveaux de la société – même si c’est parfois de manière un peu confuse. Bref, l’expérience chaviste est intéressante et nombre d’autres pays du tiers monde s’en inspirent de plus en plus : Bolivie, Equateur, etc. Ceci déplait fortement aux multinationales et aux Etats-Unis, notamment aux immenses  et puissants groupes pétroliers qui n’hésitent pas à influencer les médias et les politiques pour diaboliser le “communiste” Chavez, notamment au moyen de fausses informations, de calomnies et de montages erronés. Le coup d’état de 2002, financé et organisé par la CIA, qui échoua après 48 heures, a révélé de nombreux exemples de manipulation dans les télévisions et les journaux.

Le lien entre le Venezuela et la Palestine est fait par l’histoire de l’industrie du pétrole et des multinationales qui gèrent son exploitation et sa distribution. Michel Collon décrit la doctrine Kissinger qui planifie le contrôle des pays producteurs de pétrole et qui s’appuie sur Israël pour dominer le Moyen-Orient. Dans ce contexte, la Palestine est une épine douloureuse dans le pied de ces stratèges car, par la résistance de la population palestinienne, elle est très dangereuse. La Palestine fait preuve à la fois d’une vraie opposition et d’un vrai sens démocratique qui ennuient fortement les dirigeants des régimes du Moyen-Orient qui sont obligés par leur allégeance envers les Etats Unis et à qui doivent toutefois ménager la rue en soutenant – en paroles seulement – le combat des Palestiniens contre l’occupation israélienne dans les territoires occupés.

Michel Collon revient sur l’image très forte d’Hugo Chavez qui, selon lui, ne bénéficie pas d’un culte de personnalité mais est la manifestation d’une affection sincère du peuple pour son président. Un dirigeant sans son peuple n’est rien ; un peuple sans dirigeant ne peut appliquer les idées qui l’animent ni ne peut arriver à changer la société. Pour conclure, il encouraga à recréer le lien social (lien si cher a Soral, à Livernette et à nous autres d’Unité Populaire) et à la participation populaire dans la politique locale pour forcer les élus à pratiquer enfin la justice sociale. Il rejoint à cet égard les théories de William Blum sur la responsabilité que les citoyens ont de protéger le droit souverain des nations et le droit qu’ils sont à prendre l’initiative d’expériences alternatives au modèle ultralibéral.

Pour plus d’informations, voir l’excellent site : www.michelcollon.info

 

pour Unité Populaire, Piero Falotti

 

un texte de Michel Collon :  La  Bolivie  - et  Ceux  qui  Voudraient  l’Asservir

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