Céline et les châtaignes grillées
...Que faisait Céline un certain soir d’octobre 1933 ? Il dégustait des châtaignes grillées en compagnie de confrères écrivains tels Pierre Mac Orlan, André Thérive, André Salmon, Léon Frapié ou Lucien Descaves. Une fois encore, c’est grâce aux patientes recherches (parallèles) d’Henri Thyssens et de Gaël Richard ¹ dans la presse française de l’époque que la biographie célinienne s’est enrichie de ce détail pittoresque.
C’est l’hebdomadaire satirique Bec et Ongles qui, le 21 octobre, relate ce fait sans en donner malheureusement la date. Cela se passe à la Brasserie Courbet, porte d’Orléans, à l’initiative du peintre Auguste Clergé (1891-1963) qui, l’année précédente, avait créé avec quelques autres artistes, le premier Salon populiste. Voici ce qu’écrit l’échotier sous le titre « Vernissage au Gaillac » :
« Un vernissage qui dure jusqu’à quatre heures du matin est un vernissage qui compte. Il est vrai que les invités, réunis autour d’un tonneau de vin de Gaillac, n’avaient pas besoin de ce qu’il y avait au mur pour prendre du bon temps. Il y avait à boire, il y avait à manger aussi. On était nourri ; châtaignes grillées à discrétion… La châtaigne donne soif, on buvait du Gaillac, le Gaillac donne faim, on mangeait des châtaignes. Ceci explique pourquoi on était encore là à quatre heures du matin.
Mais tout le monde n’était pas venu uniquement pour boire et manger.
Il s’agissait d’une exposition d’un genre très nouveau, dont l’initiative revenait au peintre Clergé. Des écrivains, et non des moindres, MM. Georges de Boutelier, Céline, Mac Orlan, Thérive, Salmon, Marcel Belger, Lucien Descaves, avaient calligraphié une page d’un de leurs livres sur une grande feuille de papier et des peintres avaient illustré ces textes au gré de leur fantaisie.
Cela s’appelait, on ne sait trop pourquoi, le Salon Populiste ². »
Dans un autre article, « Le Salon Populiste sous le signe des châtaignes », Charles Fegdal confirme la présence de l’écrivain : « J’aperçois, parmi la foule, M. Céline, très entouré, très pressé – il ne restera pas jusqu’au bout de la nuit ». Ce journaliste mentionne également le titre figurant sur le carton d’invitation (« Vernissage aux vieux vins et châtaignes grillées »), mais sans préciser, lui non plus, la date de cette manifestation ³. Tout au plus sait-on qu’elle eut lieu la deuxième ou, plus vraisemblablement, troisième semaine d’octobre 1933.
Commentaire de Henri Thyssens : « Voilà donc une manifestation assez inattendue à laquelle a participé Céline, grand auteur à la mode en 1933, mais qui n’est pas attestée ailleurs. Il serait curieux de retrouver, si elle a existé, cette grande feuille du papier Canson où Céline aurait calligraphié un extrait du Voyage, qu’un peintre inconnu aurait aquarellée… ».
Ce mois d’octobre 1933 est aussi celui où il prononce à Médan son « Hommage à Zola » à l’invitation de Lucien Descaves. Durant cette année 1933, suite à la parution du Voyage, il s’avère que Céline participa un peu à la vie littéraire, ou du moins ne déclina pas certaines invitations 4, comme il le fit généralement par la suite.
Marc LAUDELOUT
1. Tous deux effectuent des recherches à partir des collections numérisées de journaux disponibles sur le site internet de la Bibliothèque Nationale de France. Voir la « Chronologie biographique » sur le site de Henri Thyssens, « Robert Denoël, éditeur » [www.thyssens.com] et Gaël Richard, « Céline dans Bec et ongles (1933) » in L’Année Céline 2008, pp. 124-130.
2. ***, « Vernissage au Gaillac », Bec et ongles, n° 89, 21 octobre 1933.
3. Charles Fegdal, « Le Salon Populiste sous le signe des châtaignes », Une semaine à Paris, n° 596, 20-26 octobre 1933.
4. Notamment celle de Daniel Halévy, le 22 février 1933. Au cours de cette réception, il rencontre Lucien Daudet, Georges Bernanos, Robert Vallery-Radot et Robert de Saint-Jean qui s’en fait l’écho dans son journal.
C’est l’hebdomadaire satirique Bec et Ongles qui, le 21 octobre, relate ce fait sans en donner malheureusement la date. Cela se passe à la Brasserie Courbet, porte d’Orléans, à l’initiative du peintre Auguste Clergé (1891-1963) qui, l’année précédente, avait créé avec quelques autres artistes, le premier Salon populiste. Voici ce qu’écrit l’échotier sous le titre « Vernissage au Gaillac » :
« Un vernissage qui dure jusqu’à quatre heures du matin est un vernissage qui compte. Il est vrai que les invités, réunis autour d’un tonneau de vin de Gaillac, n’avaient pas besoin de ce qu’il y avait au mur pour prendre du bon temps. Il y avait à boire, il y avait à manger aussi. On était nourri ; châtaignes grillées à discrétion… La châtaigne donne soif, on buvait du Gaillac, le Gaillac donne faim, on mangeait des châtaignes. Ceci explique pourquoi on était encore là à quatre heures du matin.
Mais tout le monde n’était pas venu uniquement pour boire et manger.
Il s’agissait d’une exposition d’un genre très nouveau, dont l’initiative revenait au peintre Clergé. Des écrivains, et non des moindres, MM. Georges de Boutelier, Céline, Mac Orlan, Thérive, Salmon, Marcel Belger, Lucien Descaves, avaient calligraphié une page d’un de leurs livres sur une grande feuille de papier et des peintres avaient illustré ces textes au gré de leur fantaisie.
Cela s’appelait, on ne sait trop pourquoi, le Salon Populiste ². »
Dans un autre article, « Le Salon Populiste sous le signe des châtaignes », Charles Fegdal confirme la présence de l’écrivain : « J’aperçois, parmi la foule, M. Céline, très entouré, très pressé – il ne restera pas jusqu’au bout de la nuit ». Ce journaliste mentionne également le titre figurant sur le carton d’invitation (« Vernissage aux vieux vins et châtaignes grillées »), mais sans préciser, lui non plus, la date de cette manifestation ³. Tout au plus sait-on qu’elle eut lieu la deuxième ou, plus vraisemblablement, troisième semaine d’octobre 1933.
Commentaire de Henri Thyssens : « Voilà donc une manifestation assez inattendue à laquelle a participé Céline, grand auteur à la mode en 1933, mais qui n’est pas attestée ailleurs. Il serait curieux de retrouver, si elle a existé, cette grande feuille du papier Canson où Céline aurait calligraphié un extrait du Voyage, qu’un peintre inconnu aurait aquarellée… ».
Ce mois d’octobre 1933 est aussi celui où il prononce à Médan son « Hommage à Zola » à l’invitation de Lucien Descaves. Durant cette année 1933, suite à la parution du Voyage, il s’avère que Céline participa un peu à la vie littéraire, ou du moins ne déclina pas certaines invitations 4, comme il le fit généralement par la suite.
Marc LAUDELOUT
1. Tous deux effectuent des recherches à partir des collections numérisées de journaux disponibles sur le site internet de la Bibliothèque Nationale de France. Voir la « Chronologie biographique » sur le site de Henri Thyssens, « Robert Denoël, éditeur » [www.thyssens.com] et Gaël Richard, « Céline dans Bec et ongles (1933) » in L’Année Céline 2008, pp. 124-130.
2. ***, « Vernissage au Gaillac », Bec et ongles, n° 89, 21 octobre 1933.
3. Charles Fegdal, « Le Salon Populiste sous le signe des châtaignes », Une semaine à Paris, n° 596, 20-26 octobre 1933.
4. Notamment celle de Daniel Halévy, le 22 février 1933. Au cours de cette réception, il rencontre Lucien Daudet, Georges Bernanos, Robert Vallery-Radot et Robert de Saint-Jean qui s’en fait l’écho dans son journal.
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