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samedi, 16 novembre 2013

Géopolitique de l’Arctique

Géopolitique de l’Arctique (Th. Garcin)

Géopolitique de l’Arctique. Thierry Garcin, éditions Economica, 2013 , 186 pages

Cet ouvrage était nécessaire : en effet, depuis 2007 ou 2008, l’Arctique avait connu une certaine vogue médiatique (année polaire internationale, fantasme sur la route du nord-ouest qui serait dégagée avec le réchauffement climatique – ce qui apparaissait comme la seule bonne nouvelle dudit réchauffement–, drapeau en titane planté par les Russes sous le pôle Nord, …). Depuis, même si l’intérêt s’émoussait, l’Arctique demeurait la source d’un certain intérêt géopolitique mais aussi l’exemple d’une méconnaissance certaine.

Cette lacune est comblée par l’ouvrage très pédagogique de Thierry Garcin, HDR et producteur à France Culture d’une bonne chronique de géopolitique.

Le livre est divisé en trois parties : la première nous explique ce qu’est l’Arctique, sa géographie et son histoire, mais aussi la question du réchauffement climatique et les enjeux scientifiques. La deuxième nous décrit les enjeux contemporains (géopolitiques au sens étroit) qui sont juridiques, économiques et stratégiques. La troisième aborde quelques points particuliers : l’indépendance programmée du Groenland, le rôle des acteurs secondaires, le rôle des organisations régionales.

De la lecture, aisée et pédagogique, agrémentée de quelques encadrés et d’un cahier de cartes couleurs, on retient que l’Arctique est une zone des extrêmes, qui est plus un « enjeu » qu’un acteur, pour reprendre une formule de la conclusion. Il est à l’équilibre entre les actions des puissances riveraines, qui s’entendent pour ne pas s’entendre et surtout exclure les non riverains de leurs conversations. Surtout, cet équilibre est marqué par le déséquilibre des ambitions et des moyens, et de façon sous-jacente par le déséquilibre de puissance entre les acteurs : Russie et Etats-Unis d’un côté, Danemark (et bientôt Groenland peuplé de 58 000 habitants) de l’autre, puissances moyennes comme le Canada ou la Norvège entre les deux.

Ces disparités géographiques, humaines, stratégiques, économiques expliquent les contrastes et les chocs, mais aussi, de façon paradoxale, les accords, rendus nécessaire par la dureté des conditions géographiques. Car voici le grand enseignement du livre : malgré tous les fantasmes (navigation rendue plus facile ou exploitation des ressources devenant plus intense), les conditions sont très adverses et éloignent la perspective d’une vie « normale » en Arctique. De ce point de vue, l’Arctique demeure une région durablement exceptionnelle et non intégrée. Le deuxième enseignement réside dans la négligence avec laquelle beaucoup (Danemark mais aussi Europe) accueillent l’indépendance programmée du Groenland.

Au final, le livre réussit à être à la fois agréable à lire et informatif en proposant un bel appareil documentaire (bibliographie fournie, index). On regrette l’apparence des cartes qui auraient pu être redessinées par un professionnel. Le défaut est mineur comparé à l’ensemble des atouts offerts.

O. Kempf

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