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mercredi, 04 décembre 2013

QUAND LA CHINE VACILLERA, LE MONDE TREMBLERA

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QUAND LA CHINE VACILLERA, LE MONDE TREMBLERA

Le cauchemar écologique

Rémy Valat
Ex: http://metamag.fr

9782842802233.jpgChine : le cauchemar écologique est le titre du dernier ouvrage de Sébastien le Belzic, correspondant de presse en Chine et romancier (Le lotus et le dragon, éditions Zinedi, 2003). Ce livre a été écrit à partir des données et des enquêtes de terrain qu'il a pu effectuer sur place en contact des acteurs du drame écologique (militants d'ONG, victimes des pollutions).  Sur la forme, ce  livre de 109 pages est très agréable à lire et bien documenté, mais une bibliographie, même sommaire aurait été la bienvenue. L'auteur a pris soin d'intégrer des petits encarts récapitulant les points ou les chiffres clefs des phénomènes observés. Sébastien Le Belzic souhaite informer, alerter à partir des informations qu'il a pu collecter pour ses reportages.


Sur le fond, oui, la Chine, deuxième économie mondiale, est bien le premier pollueur de la planète. Ceci, on le savait déjà, mais Sébastien Le Belzic nous apporte des précisions, des faits concrets et des informations, souvent de première main, très inquiétantes sur les conditions sanitaires en Chine, mais aussi sur la résistance des populations aux abus des autorités. Les mouvements de contestation populaire sont importants, 500 manifestations quotidiennes, et ceci en dépit de la censure et des risques sur la personne. Les informations circulent via le réseau Twitter chinois, Weibo, facilitant ainsi l'organisation d'actes revendicatifs et l'information des ONG, chargée de la défense de l'environnement... ONG, qui nous paraissent, selon notre point de vue, remplir une mission ambiguë de protection de l'environnement et d'outils de dépréciation de l'image de la Chine au service des Ėtats-Unis, car la guerre économique fait rage entre les deux supers-grands : Ma Jun, d'abord journaliste d'investigation (donc un « opposant »), a été officiellement promu directeur de l'Institut des Affaires publiques et Environnementales, puis classé par la « voix de l'Amérique », The Times, parmi les 100 personnes les plus influentes du monde...  

Une résistance des plus légitime


On ne compte plus les villages aux populations ravagées par des épidémies de cancer (plus de 450) : statistiquement, les cancers du poumon ont augmenté de 645% ; une hausse de 98% des accidents industriels depuis 2010 dans une économie en surchauffe, au sein d'entreprises peu intéressées par les conditions de travail de ses ouvriers. 


L'auteur nous présente le cas des « ateliers de la sueur d'Apple » dans les maquiladoras chinois où règnent le travail des mineurs, les discriminations à l'embauche, les heures supplémentaires imposées et non payées, un taux de suicide record, les expositions aux produits chimiques... Sébastien le Belzic nous expose d'autres affaires, comme celles du lait contaminé et autres gourmandises empoisonnées qui ont mis un coup de projecteur sur la mauvaise qualité de certains produits chinois. Les « contrôles qualités » se sont renforcés, mais beaucoup de produits destinés à l'export ne quittent pas les usines ou restent à quai : 51% des aliments chinois ayant fait l'objet d'audits sont impropres à la consommation ou facteurs de risques sanitaires... Parmi les sujets les plus préoccupants : les biotechnologies. Outre les OGM, qui sont censées résoudre en partie les problèmes alimentaires du pays, les scientifiques chinois lorgnent du côté du clonage des embryons humains pour s'emparer du juteux marché des transplantations d'organes : le professeur de philosophie près l'Académie des Sciences sociales de Chine, Qiu Renzong aurait déclaré : « Selon la pensée confucianiste, une personne n'est considérée comme un être humain qu'après sa naissance. Les embryons et les fœtus ne sont donc pas des êtres humains (…) C'est la raison pour laquelle, il n'y a pas de problème pour les Chinois à détruire des embryons humains pour conduire les recherches sur les cellules souches ». Si Confucius l'a dit... La lecture de cet ouvrage ouvre de nombreuses pistes de réflexions dépassant le cadre, déjà catastrophique des problèmes sanitaires et environnementaux. J'en retiendrai deux. Tout d'abord, la montée d'une résistance citoyenne qui tôt ou tard va finir par prendre dessus : et, à ce moment-là, si la crise économique et sociale chinoise ne peut être canalisée, le vacillement chinois aura une répercussion planétaire (pensons aux risques de conflits avec les voisins asiatiques de la Chine, la fuite des bons du trésor chinois investis aux Ėtats-Unis, etc.). Enfin, si dans une perspective « plus heureuse » pour les Chinois, leur pays venait à se hisser à la tête des premières puissances économiques du monde, on peut s'interroger sur les valeurs offertes par ce nouveau modèle.... Un capitalisme pragmatique et sauvage, certes. Un idéal ? Une projet de société ? Probablement aucun.


Chine : le cauchemar écologique, de Sébastien Le Belzic, Editions SEPIA

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