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dimanche, 15 décembre 2013

La mise en place de la fausse gauche

La mise en place de la fausse gauche  - Des chrétiens de gauche à la « culture culturelle »

La mise en place de la fausse gauche

Des chrétiens de gauche à la «culture culturelle»

 


Jacques-Yves Rossignol
Ex: http://metamag.fr
Un type de militantisme inédit apparaît à la « libération ». Plus ou moins issu de la « résistance », comme tout ce qui s’invente alors, il est aux antipodes du militantisme « rationaliste » du Parti communiste ou de l’adhésion sincère et joyeuse aux mouvements d’Action catholique. C’est un militantisme élitiste, un militantisme du libre examen qui initie à l’art d’éluder les vraies questions, un militantisme qui n’aime pas les hommes aux vertus simples, un militantisme qui sait brasser du vent, méthode promise à un bel avenir. On aura reconnu le christianisme social et certains mouvements « socialistes » extrêmement ambitieux.

Sous deux étiquettes différentes, on a création d’une mouvance d’ensemble qui invente une nouvelle forme d’intervention politique. Une bourgeoisie émergente fait fabriquer ses intellectuels, ses clercs, son personnel politique. Le recrutement mord largement dans les rangs de l’Eglise. Les idées qui vont être développées dans ces sphères ont conquis entre 1945 et 1980 une bonne moitié des jeunes prêtres français. Ils deviendront les porte-paroles de la bourgeoisie la plus faisandée. 

On a l’invention d’un mode de militantisme politique nouveau dont les produits paraitront au grand jour quelques années plus tard. Des militants auront acquis une longue pratique commune de l’art du consensus, de l’art d’éluder et d’écarter la réalité sociale, de l’art d’éliminer les gêneurs qui seraient bien capables de viser à autre chose qu’au maintien d’une immense chape d’hypocrisie dissimulant des intérêts de caste. C’est essentiellement par la formation et l’entretien de consensus veules et onctueux, confusionnistes, entre initiés de même obédience que le personnel politique du nouveau capitalisme obéira à ses commanditaires. L’obédience ? Disons un moralisme confusionniste très dégradé et malléable se pliant à toutes les exigences du marché.
 
Une osmose entre chrétiens de gauche, fausse gauche et capitalisme culturel

Les militants des mouvements d’Action catholique venus doubler le « christianisme de paroisse » vont développer des types d’intervention dans le monde issus ni de la doctrine sociale de l’Eglise ni d’une politique doctrinale cohérente et réfléchie. Ils agissent dans l’espace qui leur est socialement concédé, quelque part entre le sérieux des luttes de la classe ouvrière et le sérieux de la préservation des intérêts dynastiques de la bourgeoisie la plus traditionnelle. 


La grande bourgeoisie en cours de mondialisation va disposer là d’un stock permanent de petits bourgeois activistes bardés de discours éthiques aussi creux que prétentieux. Au gré des besoins, ces petits bourgeois goberont sans broncher le tiers-mondisme et tout le fatras idéologique confusionniste dirigé contre l’Europe civilisée. Ils deviendront des militants « politiques » directement formés et téléguidés par le capitalisme mondialisé le plus âpre, qui saura d’ailleurs les récompenser : par une culture aliénante qui viendra à la fois égayer et redoubler leur domestication. 

Entre les chrétiens de gauche, la fausse gauche et le capitalisme culturel, l’osmose est parfaite. Les chrétiens de gauche moralisateurs et zélateurs vont intimider, faire taire et finalement, chasser les très rares militants populaires égarés dans les rangs de la fausse gauche. C’est tout à fait artificieusement qu’ils vont aborder les problèmes économiques. Ils vont ajouter un peu de flou et de nauséeux dans les « débats » et les « programmes ». 

Ayant pris de l’assurance en passant à la « politique », ils courront voir leurs curés et leurs évêques avec plein d’idées nouvelles et généreuses à mettre en œuvre : très exactement celles du capitalisme à son stade mondialiste culturel. On aboutira à l’Eglise néo-bourgeoise, celle qui se pâmera devant les embryons et les cellules embryonnaires et qui adulera l’art contemporain. Cette Eglise qui aime tant « la vie » embryonnaire toisera, jugera et méprisera les braves gens. Très vite, ce sera la fin du catholicisme populaire. Réseaux soudés, aplomb, à propos dans l’infiltration et le noyautage, hypocrisie consommée et pharisaïsme rassis, ces jeunes vieillards vont attendre leur heure dans l’ombre.
 
Un état mental anté-doctrinal et anté-politique

Catholiques et communistes : étrange association dans la désignation des adversaires à éliminer dira-t-on ! C’est pourtant un point capital. 

On ne peut pas comprendre vraiment l’histoire récente si l’on refuse de considérer qu’a été inventée sur mesures une fausse gauche n’ayant rien à voir avec la tradition de critique sociale qui fut au fondement du mouvement socialiste dès le XIXe siècle. La gauche culturelle est fabriquée pour invalider l’esprit humain bien en-deçà des possibilités d’exercer un choix fondé entre des conceptions du monde cohérentes. La gauche culturelle est chargée d’entraver le développement de l’esprit humain de manière à rendre impossible une réflexion politique autorisant un engagement réfléchi quel qu’il soit. Elle intervient avant le développement d’un sens politique de manière à interdire son émergence, elle maintient les hommes dans un état mental anté-doctrinal, anté-politique et c’est là le spécifique de sa fonction.

Une élite politico-mondaine contre les vivants

Le capitalisme culturel mondialisé a fabriqué une structure sociale, une « élite politico-mondaine » et ses petits pédagogues, parallèle aux pouvoirs et élites en place, et totalement contradictoire avec ceux-ci. La confrontation ne pouvait être qu’un duel à mort entre les vivants et les sophistes suréquipés en ratiocination spécieuse et en hypocrisie pleurnicharde : effectivement la droite parlementaire s’est trouvée ridiculisée par son « inculture » et son goût oldschool et le Parti communiste a été carrément éradiqué. Pour le crétinisme culturel, la voie est devenue libre.

Le capitalisme mondialiste a offert à des sots triés sur le volet d’abord une solide formation à la sophistique et au vide mental, ensuite les postes clefs de l’Etat en échange de leur participation à la mise en place d’un Etat culturel hégémonique. Participation à laquelle précisément leur solide formation à la sophistique et au vide mental les préparait on ne peut mieux.

La vie intellectuelle et spirituelle anéantie

Nul n’était politiquement formé pour s’opposer à la révolution culturelle fomentée par le  néo-capitalisme  : une droite parlementaire tatillonne, obnubilée par les sempiternelles geignardises de son électorat archéo-bourgeois « libéral » étriqué, égoïste et mesquin, ne pouvait développer des stratégies culturelles permettant de prévenir ou de limiter la catastrophe ; le parti communiste refusait de sortir de ses analyses économistes pour apercevoir l’horreur culturelle qui se profilait à l’horizon. Le danger a été perçu par quelques isolés, marxistes conséquents d’une part, contre-révolutionnaires d’autre part.
 
Lorsque ce pouvoir fondamentalement « culturel » apparaîtra à visage découvert en 1981, après des années d’incubation discrète, il ne trouvera en face de lui aucun adversaire équipé pour lui résister. En quelques années, la vie intellectuelle et spirituelle va se trouver anéantie.

00:05 Publié dans Actualité, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gauche, idéologie, politique | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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