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lundi, 27 janvier 2014

La politique énergétique européenne

La politique énergétique européenne
Un désastre politique et financier

Michel Gay
Ex: http://metamag.fr

Depuis 10 ans, la politique énergétique de l'Europe est un désastre qui continue à s'amplifier. La première directive européenne de 2003 concernant les énergies renouvelables, dites "vertes" a été à l’origine de toutes les dérives.


Alors que la France avait mené depuis le Général de Gaulle une politique indépendante, responsable, cohérente, la Commission Européenne a décidé en 2001 d’imposer à chaque pays des directives motivées par des a priori idéologiques et ne tenant pas compte des spécificités de chaque pays.


 

Cette première directive de 2003, fixant un objectif de 21% de la consommation intérieure brute à partir des sources d'énergies renouvelables en 2010, a été une imposture. Sous la pression de l’Allemagne, de lobbies écologistes anti-nucléaires, très influents à Bruxelles, et de la passivité inadmissible des négociateurs français, le nucléaire a été volontairement éliminé des énergies non émettrices de gaz à effet de serre (GES), alors que l’objectif de la directive était principalement la lutte contre le réchauffement climatique.


L’Europe a gravement failli en excluant le nucléaire des énergies non émettrices de GES et elle est responsable de dizaines de milliards d’euros engloutis en pure perte. La directive dite des 3 x 20, qui lui a succédé en 2008, a été appliquée dans notre pays par la loi de programmation du 3 août 2009 issue du Grenelle de l’environnement. Cette loi prévoit en particulier que la part des énergies renouvelables sera portée à 23% en 2020 dans la consommation d'énergie finale. Elle a été votée à la quasi unanimité des députés. Les conséquences économiques, environnementales et sociétales pour notre pays sont désastreuses.


Des dizaines de milliards d’euros ont été engloutis en pure perte dans les éoliennes et les panneaux photovoltaïques. L’investissement devra être renouvelé trois fois par rapport au nucléaire compte tenu de la durée de vie de ces installations qui est au maximum de 20 ans. Ceci entraîne une augmentation du coût de l’électricité à la charge des consommateurs, et notamment des plus pauvres. Et pendant 20 ans, EDF a une obligation d'achat de l’électricité à des prix exorbitants. Cela entraîne aussi un accroissement des émissions de CO2 dues à l’intermittence qu'il faut compenser par des centrales à gaz ou à charbon comme en Allemagne en ce moment.

De plus, la fabrication des modules solaires se fait en Chine et nous achetons nos éoliennes au Danemark, à l'Allemagne et à l'Espagne. L’objectif de 5 GWc d'énergie solaire prévu en 2020 par le Grenelle de l’environnement sera atteint fin 2013, soit 6 ans plus tôt. Il aura coûté en investissement plus de 30 milliards d’euros qu’il faudra renouveler trois fois sur 60 ans alors que l’énergie produite, à peine 1% de la production totale, pouvait être produite par un réacteur nucléaire de 600 MW ( le tiers de la production de Fessenheim qui comprend deux réacteurs de 900 MW) pour un investissement de moins de deux milliards, soit 7 fois moins. Les consommateurs et les contribuables paieront plus de 1,5 milliards par an et ceci pendant 20 ans, soit une augmentation de la facture annuelle d’électricité d’une cinquantaine d’euros!


La directive européenne des 3 x 20 concernant l’efficacité énergétique faisant référence à l’énergie primaire conduit à pénaliser le recours à l’électricité pour le chauffage au profit du gaz, ce qui est une aberration. Un des objectifs de la directive européenne concernant la libéralisation des marchés de l’électricité est de déstabiliser le leader européen et même mondial de l'électricité, EDF. Toute politique énergétique responsable, doit être basée sur les deux objectifs prioritaires suivants :


1) L’indépendance énergétique, c'est-à-dire dire la diminution du recours aux énergies fossiles importées,

2) Le coût le plus bas possible de l’énergie. Le commissaire européen (M. Oettinger) semble enfin découvrir ces objectifs avec 10 ans de retard.

L’Europe doit elle intervenir ? La question est posée du rôle de l’Europe dans la politique énergétique. Il n'est pas indispensable d’avoir recours aux technocrates de Bruxelles pour prendre des décisions de bon sens. Plus de 90 % de notre électricité est produite sans émissions de CO2 grâce au nucléaire et aux barrages. La réduction des gaz à effet de serre n’est donc pas un objectif prioritaire dans la politique énergétique de la France qui est un des pays les plus vertueux au monde dans ce domaine. Il faut rappeler que notre pays représente 65 millions d’habitants de la planète sur plus de 7 milliards d’habitants dont la plupart se désintéressent totalement du réchauffement climatique. Il en découle les principales propositions suivantes :


1) Garantir une part d’au moins 75% de nucléaire pour continuer à bénéficier d'une production massive d'électricité à bon marché.

2) Prolonger la durée de vie du parc actuel jusqu’à 60 ans si possible.

3) Préparer le recours dés 2050 aux réacteurs de la génération 4 en lançant le plus rapidement possible la construction du réacteur ASTRID (600 MWe) prévue à Marcoule et intensifier aussi la recherche sur le cycle Thorium - Uranium 233.

4) Accroître le recours à l’électricité en remplacement des matières fossiles (dans l’industrie, le chauffage, les transports par le développement des voitures électriques, les liaisons ferroute,...

5) Stopper de toute urgence les aides accordées aux énergies éoliennes et surtout au panneaux photovoltaïques dont les coûts pour la nation se chiffrent à plusieurs milliardsd’euros dépensés en pure perte. Ces subventions inutiles ont atteint 3,6 Mds€ en 2011, 4,33 Mds€ en 2012 et la Commission de régulation de l'énergie  prévoit 5,1 Md€ en 2013.

6) Supprimer les obligations de rachat par EDF de l’électricité provenant de ces énergies à des prix scandaleusement élevés et dont le coût se répercute pendant 20 ans au niveau du consommateur et notamment des plus pauvres. Cette taxe qui va perdurer doit apparaître comme un impôt.

7) Modifier la norme aberrante RT 20124 qui pénalise le recours à l’électricité pour le chauffage au profit du gaz.

8) Mener une action incitative contre tous les gaspillages (y compris financiers dans certaines énergies renouvelables) par une politique de formation à l’école et d’information par les moyens audio visuels.

9) Poursuivre les actions décidées par la loi du 9 août 2009 concernant les rénovations thermiques des bâtiments et le transport.

10) Développer l‘utilisation de la biomasse pour la production électrique, le chauffage collectif, développer la filière du biogaz.

11) Supprimer ou modifier le principe de précaution, véritable frein à l’innovation et au progrès, que seuls l’Allemagne, la France et le Brésil ont inscrit dans leur constitution.

Dans le contexte actuel de mondialisation et de libéralisation de l’énergie imposé par l’Union européenne, il appartient à l’Etat, comme cela a été le cas pendant 60 ans, d’avoir la maîtrise de la politique énergétique du pays.


La politique européenne menée depuis plus de 10 ans, politique mise en oeuvre dans notre pays en 2012 avec le Grenelle de l’environnement, est une faute grave qui ne peut conduire qu'à un désastre encore plus grand pour la compétitivité de notre industrie, déjà si mal en point, et pour le niveau de vie des français. Il faut être conscient que les dégâts "acquis" par contrat devront être supportés par tous les français pendant prés de 20 ans.

Comme l’a écrit le 2 février 2012 le Président Giscard d'Estaing : "L'abandon de l'indépendance énergétique de la France serait plus qu'une faute, ce serait un crime".

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