jeudi, 27 mars 2014
Lo que se juega Alemania en Rusia
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6.200 empresas alemanas comercian con Rusia o han realizado inversiones en el país y 300.000 puestos de trabajo alemanes dependen del negocio ruso. La inversión germana en Rusia se cifra en 20.000 millones, por eso la aplicación de sanciones contra Moscú tendría consecuencias desastrosas para la primera economía europea.
Como es habitual antes de la celebración de un Consejo Europeo, Merkel ha comparecido ante el Bundestag para dar cuenta de las negociaciones que se llevarán a cabo en Bruselas. Pasados los peores batacazos de una crisis económica que Alemania todavía no da por superada y con una Unión Bancaria en ciernes, el grueso de las conversaciones de la cumbre de marzo se centrará en la gestión de la crisis abierta en Ucrania.
Los socios europeos encaran este encuentro dispuestos a aplicar la tercera fase de las sanciones contra Rusia, que se extenderían al ámbito económico. Este es un paso que Berlín observa con preocupación y que Merkel ha intentado evitar por todos los medios insistiendo en sus últimas apariciones públicas en que, de forma paralela a las sanciones impuestas, debe permanecer abierta la vía del diálogo. Sin embargo, en su última intervención, este jueves en el Bundestag, la canciller ha abandonado el discurso tibio de los últimos días, llegando incluso a dar por suspendido temporalmente la celebración del G-8.
En la crisis ucraniana Angela Merkel está jugando un papel principal, actuando como mediadora ante Moscú para evitar un agravamiento de las relaciones entre este y oeste. Sus constantes comunicaciones vía telefónica con Vladimir Putin también habrían servido para templar los ánimos del sector empresarial, preocupado por las consecuencias económicas que podrían derivarse de un aislamiento de Rusia.
En Berlín, la crisis abierta en Ucrania preocupa no solo por la dependencia energética de Moscú -Alemania importa de Rusia el 35% del gas que consume- sino también por sus enormes intereses empresariales en el país. Alemania tiene mucho que perder si se materializa una espiral de sanciones económicas contra Rusia.
6.200 empresas alemanas comercian con Rusia o han realizado inversiones en el país y 300.000 puestos de trabajo alemanes dependen del negocio ruso. El volumen comercial bilateral se sitúa en los 76.400 millones de euros, con exportaciones valoradas en 36.000 millones e importaciones en 40.400 millones. En total, los alemanes han invertido en Rusia 20.000 millones de euros, según ha confirmado recientemente Anton F. Börner, presidente de la Asociación Federal Alemana de Comercio Exterior y Al Por Mayor (BGA), en un encuentro con medios extranjeros en Berlín, entre ellos, la Cadena Ser.
Rusia es el undécimo socio comercial de Alemania, un país al que la locomotora europea exporta, sobre todo, bienes de consumo de alto valor, maquinaria, productos electrónicos y coches. De aplicarse sanciones contra Moscú, la economía alemana podría resentirse en 2014. "Calculamos que las exportaciones alemanas aumentarán un 3% y las importaciones un 2% este año, por lo que se daría una balanza comercial con un superávit de 215.000 millones de euros, unos planes que se podrían ir al traste en caso de la crisis en Ucrania continúe escalando", señala Börner.
En su opinión, la crisis abierta no debe solucionarse a favor o en contra de Rusia, sino "con Rusia" y teniendo en cuenta que el recrudecimiento de las relaciones también afecta a los intereses económicos rusos en Europa. No en vano, Alemania es el tercer socio comercial de Rusia y las exportaciones de energía de Rusia suponen más de la mitad de los ingresos públicos del país y un 25% su PIB. "Más de un 80% de las exportaciones de energía rusas van a parar al oeste, el volumen comercial de entre Europa y Rusia es de un 1% del PIB de la UE mientras que supone el 15% del PIB ruso", recuerda el presidente de la BGA.
Fuente: Cadena SER
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Le basculement de la Crimée est-il le premier d’une longue série?
Le basculement de la Crimée est-il le premier d’une longue série?
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Au-delà des pleurs emphatiques de l’Occident face à l’adhésion de la Crimée à la Fédération de Russie, le vrai enjeu est de savoir s’il s’agit d’un événement orphelin ou s’il préfigure le basculement de l’Europe orientale vers Moscou. N’ayant plus que l’asservissement à la bureaucratie bruxelloise à offrir, Bruxelles craint que ses actuels clients soient attirés par la liberté et l’argent de Moscou.
Les Occidentaux s’époumonent à dénoncer l’« annexion militaire » de la Crimée par la Russie. Selon eux, Moscou, revenant à la « doctrine Brejnev », menace la souveraineté de tous les États qui furent membres non seulement de l’ex-URSS, mais aussi du Pacte de Varsovie, et s’apprête à les envahir comme il le fit en Hongrie en 1956 et en Tchécoslovaquie en 1968.
Est-ce bien vrai ? Manifestement, les mêmes Occidentaux ne sont pas convaincus de l’imminence du danger. S’ils assimilent en paroles l’« annexion » de la Crimée par Vladimir Poutine à celle des Sudètes par Adolf Hitler, ils ne pensent pas que l’on se dirige vers une Troisième Guerre mondiale.
Tout au plus ont-ils pris des sanctions théoriques contre quelques dirigeants russes —y compris criméens— en bloquant leurs comptes, au cas ou ils voudraient en ouvrir dans des banques occidentales, ou en leur interdisant d’y voyager, si l’envie leur en prenait. Le Pentagone a bien envoyé 22 avions de combats en Pologne et dans les États baltes, mais il n’a pas l’intention de faire plus que cette gesticulation, pour le moment.
Que se passe t-il au juste ? Depuis la chute du Mur de Berlin, le 9 novembre 1989, et le sommet de Malte qui l’a suivie, les 2 et 3 décembre, les États-Unis n’ont cessé de gagner du terrain et, en violation de leurs promesses, de faire basculer un à un tous les États européens —sauf la Russie— dans l’Otan.
Le processus a débuté quelques jours plus tard, à la Noël 1989, avec le renversement des Ceau?escu en Roumanie et leur remplacement par un autre dignitaire communiste subitement converti au libéralisme, Ion Iliescu. Pour la première fois, la CIA organisait un coup d’État aux yeux de tous, tout en le mettant en scène comme une « révolution » grâce à une nouvelle chaîne de télévision, CNN International. C’était le début d’une longue série.
Une vingtaine d’autres cibles allaient suivre, souvent par des moyens tout aussi frauduleux : l’Albanie, l’Allemagne de l’Est, l’Azerbaïdjan, la Bosnie-Herzégovine, la Bulgarie, la Croatie, l’Estonie, la Géorgie, la Hongrie, le Kosovo, la Lettonie, la Lituanie, la Macédoine, la Moldavie, le Monténégro, la Pologne, la Serbie, la Slovaquie, la Slovénie, la Tchéquie et l’Ukraine.
Aucun document ne fut signé lors du sommet de Malte, mais le président Bush Sr., conseillé par Condoleezza Rice, prit l’engagement oral qu’aucun membre du Pacte de Varsovie ne serait accepté dans l’Otan. En réalité, l’Allemagne de l’Est y entra de facto, par le simple jeu de son adhésion à l’Allemagne de l’Ouest. La porte étant ainsi ouverte, ce sont aujourd’hui 12 États ex-membres de l’URSS ou du Pacte de Varsovie qui y ont adhéré et les autres qui sont en attente de rejoindre l’Alliance.
Cependant, « les meilleures choses ont une fin ». La puissance de l’Otan et de son versant civil, l’Union européenne, vacille. Certes l’Alliance n’a jamais été si nombreuse, mais ses armées sont peu efficaces. Elle excelle sur de petits théâtres d’opération, comme en Afghanistan, mais ne peut plus entrer en guerre contre la Chine, ni contre la Russie, sans la certitude de perdre comme on l’a vu en Syrie cet été.
En définitive, les Occidentaux sont stupéfaits de la rapidité et de l’efficacité russes. Durant les jeux Olympiques de Sotchi, Vladimir Poutine n’a stoïquement livré aucun commentaire sur les événements de la place Maidan. Mais il a réagi dès qu’il a eu les mains libres. Chacun a pu alors constater qu’il abattait des cartes qu’il avait préparées durant son long silence. En quelques heures, des forces pro-russes ont neutralisé les forces pro-Kiev de Crimée tandis qu’une révolution était organisée à Semferopol pour porter au pouvoir une équipe pro-russe. Le nouveau gouvernement a appelé à un référendum d’autodétermination qui a enregistré une immense vague pro-russe, population tatare incluse. Puis, les Forces officielles russes ont fait prisonniers avec leurs matériels les soldats se réclamant encore de Kiev. Tout cela sans tirer un coup de feu, à l’exception d’un sniper ukrainien pro-Otan qui fut arrêté à Semferopol après avoir tué une personne de chaque bord.
Il y a vingt ans, les mêmes Criméens auraient certainement voté contre la Russie. Mais aujourd’hui, leur liberté est bien mieux assurée par Moscou que par Kiev, où un tiers du gouvernement revient aux nazis et les deux autres tiers aux représentants des oligarques. En outre, leur économie en faillite a immédiatement été relevée par la Banque de Russie, tandis que, malgré le FMI et les prêts des États-Unis et de l’UE, Kiev est condamné à une longue période de pauvreté. Il n’était pas nécessaire de parler russe pour faire ce choix et, malgré la propagande occidentale, les musulmans Tatars l’ont fait comme les russophones. C’est également le choix de 88 % des militaires ukrainiens stationnés en Crimée, qui se sont ralliés à Moscou avec la ferme intention de faire venir leurs familles et de leur obtenir la nationalité russe. C’est aussi le choix de 82 % des marins ukrainiens qui se trouvaient en mer, trop heureux de pouvoir devenir Russes, ils se sont ralliés à Moscou avec leurs bâtiments sans y être contraints d’aucune manière.
La liberté et la prospérité, qui ont été les arguments de vente de l’Occident depuis presque 70 ans, ont changé de camp.
Il ne s’agit pas d’affirmer ici que la Russie est parfaite, mais de constater que pour les Criméens et en réalité pour la plupart des Européens, elle est plus attractive que le camp occidental.
C’est pourquoi l’indépendance de la Crimée et son adhésion à la Fédération de Russie marquent le retour du balancier. Pour la première fois, un peuple ex-soviétique décide librement de reconnaître l’autorité de Moscou. Ce que craignent les Occidentaux, c’est que cet événement ait un effet comparable à la chute du Mur de Berlin, mais dans l’autre sens. Pourquoi ne verrait-on pas des États membres de l’Otan —comme la Grèce— ou simplement de l’Union européenne —comme Chypre— suivre le même chemin ? Le camp occidental se déliterait alors et sombrerait dans une très forte récession —comme la Russie d’Eltsine—.
En outre, la question de la survie des États-Unis ne manquerait pas de se poser. La dissolution de l’URSS aurait dû entrainer celle de son ennemi et néanmoins partenaire, ces deux super-puissances n’existant que l’une face à l’autre. Or, il n’en fut rien. Washington étant débarrassé de son compétiteur se lança à la conquête du monde, globalisa l’économie et installa un Nouvel Ordre. Il fallut deux ans et un mois à l’Union soviétique pour se dissoudre après la chute du Mur de Berlin. Verrons-nous bientôt la dissolution des États-Unis et de l’Union européenne en plusieurs entités, ainsi que l’enseigne Igor Panarin à l’Académie diplomatique de Moscou ? L’effondrement sera d’autant plus rapide que Washington réduira ses subventions à ses alliés et Bruxelles ses fonds structurels.
Personne ne doit craindre l’attractivité de la Russie, car c’est une puissance impériale, mais pas impérialiste. Si Moscou a tendance à rabrouer les petits pays qu’il protège, il n’entend pas étendre son hégémonie par la force. Sa stratégie militaire est celle du « déni d’accès » à son territoire. Ses armées sont les premières au monde en termes de défense anti-aérienne et anti-navale. Elles peuvent détruire des flottes de bombardiers et de porte-avions. Mais elles ne sont pas équipées pour partir à la conquête du monde, ni déployées dans quantité de bases extérieures.
Il est particulièrement étrange d’entendre les Occidentaux dénoncer l’adhésion de la Crimée à la Fédération de Russie comme contraire au droit international et à la Constitution ukrainienne. N’est-ce pas eux qui démembrèrent l’URSS et le Pacte de Varsovie ? N’est-ce pas eux qui rompirent l’ordre constitutionnel à Kiev ?
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, déplore une prétendue volonté russe de « couper l’Europe en deux ». Mais la Russie s’est débarrassée de la dictature bureaucratique soviétique et n’entend pas restaurer le Rideau de fer. Ce sont les États-Unis qui veulent couper l’Europe en deux pour éviter l’hémorragie vers l’Est. La nouvelle dictature bureaucratique n’est plus à Moscou, mais à Bruxelles, elle se nomme Union européenne.
D’ores et déjà, Washington tente de fixer ses alliés dans son camp, il développe sa couverture de missiles en Pologne, en Roumanie et en Azerbaïdjan. Il ne fait plus mystère que son « bouclier » n’a jamais été destiné à contrer des missiles iraniens, mais est conçu pour attaquer la Russie. Il tente aussi de pousser ses alliés européens à prendre des sanctions économiques qui paralyseraient le continent et pousseraient les capitaux à fuir… aux États-Unis.
L’ampleur de ces ajustements est telle que le Pentagone examine la possibilité d’interrompre son « pivot vers l’Extrême-Orient », c’est-à-dire le déplacement de ses troupes d’Europe et du Proche-Orient pour les positionner en vue d’une guerre contre la Chine. Quoi qu’il en soit, toute modification de sa stratégie à long terme désorganisera encore plus ses armées sur le court et le moyen terme. Moscou n’en demandait pas autant, qui observe avec volupté les réactions des populations de l’Est de l’Ukraine et, pourquoi pas, de la Transnistrie.
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OTAN GO HOME !
OTAN GO HOME !
Un communiqué du Réseau Identités:
En 1991 l‘Union Soviétique s’effondrait et avec elle la menace militaire qu’elle représentait. En effet, immédiatement, la Russie nouvelle sabordait le Traité de Varsovie: dès lors l’OTAN n’avait plus de raisons d’être. Mais au lieu de jouer le jeu de la réciprocité, les U.S.A. poussaient leurs pions un peu plus profond en Europe. Ce furent les épisodes du démembrement de la Yougoslavie et de la Serbie, puis des “révolutions oranges” téléguidées depuis Washington. Aujourd’hui, Russie et « Occident » sont à nouveau face à face à l’occasion de la crise Ukrainienne.
Souvenons-nous de ces mains tendues… Gorbatchev et sa « Maison commune », Poutine et sa « Grande Europe »… Autant de plaidoyers pour un partenariat euro-russe enterré par nos dirigeants corrompus inféodés à Washington tels les Hollande, Fabius cornaqués par l’ineffable Bernard Henri Lévy. Concrètement, l’OTAN divise notre continent alors que nous devrions l’unir. Nous ne pouvons demeurer les complices silencieux de l’OTAN quand elle bombarde une capitale européenne comme Belgrade, quand elle installe des républiques musulmanes comme le Kosovo ou la Bosnie en plein coeur de l’Europe, ou quand elle tente de déstabiliser la Russie comme on l’a vu en Géorgie ou en Ukraine…
C’est pourquoi le Réseau-Identités entreprend aujourd’hui une campagne visant à libérer l’Europe de la tutelle des USA en abrogeant le Traité de l’Atlantique Nord qui ne sert ni le continent européen, ni les nations qui le composent. A la place, nous devons oeuvrer pour une armée européenne au service des intérêts européens et de leur diplomatie. On est en droit de se demander aujourd’hui quelle sera l’attitude de l’OTAN quand les peuples de France ou d’autres pays d’Europe auront décidé de se réapproprier les outils de leur souveraineté et de s’atteler au grand défi de la re-migration. Décidemment, non! Nous ne voulons plus d’une ingérence étrangère dans les affaires de notre continent car nous voulons l’Europe aux Européens…
Alors, comme De gaulle en son temps, disons non à l’OTAN…
OTAN hors de France !!! OTAN hors d’Europe !!! OTAN GO Home !!!
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Le ras-le-bol de la politique politicienne
Le ras-le-bol de la politique politicienne
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com
Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de François Huguenin, cueilli sur Figarovox et consacré aux résultats du premier tour des élections municipales. Historien des idées, François Huguenin était rédacteur-en-chef, au début des années 90, de l'excellente revue Réaction. Il est l'auteur de plusieurs essais comme Histoire intellectuelle des droites (Perrin, 2013), L'Action française, Une histoire intellectuelle (Perrin, 2011), Résister au libéralisme - Les Penseurs de la communauté (Éditions du CNRS, 2009) ou Le Conservatisme impossible : libéralisme et réaction en France depuis 1789 (La Table Ronde, 2006).
Abstention, percée du FN : le ras-le-bol de la politique politicienne
Les résultats du premier tour des élections municipales ont été sans surprise marquées par un double phénomène: l'importance du taux d'abstention et le succès du Front National. Deux manières de manifester une profonde défiance par rapport à la classe politique, dont le Front National, qui n'exerce pas de responsabilités de gouvernement, peut donner l'illusion de ne pas faire partie.
Se lamenter sur l'absence de sens civique de nos concitoyens, s'indigner de la lepénisation des esprits peut être louable. Cela risque pourtant de n'être qu'une incantation supplémentaire qui peut certes donner bonne conscience, mais qui a montré sur la durée son inconsistance et son inefficacité. Ce double mouvement de défiance renvoie à quelque chose de fondamental qui est l'absence de principes de la classe politique, ou tout au moins de sa partie la plus visible, au sommet des appareils partisans, et donc de l'Etat. Comment en est-on arrivé là? Qu'est-ce que cela dit de notre démocratie?
La corruption du personnel politique n'est pas nouvelle. Il suffit de lire l'histoire de l'Antiquité à nos jours pour savoir que le pouvoir corrompt, que l'homme est bien souvent sous l'emprise de ce que saint Augustin appelait la libido dominandi qui le conduit à des pratiques immorales. Quel que soit le type de régime, cette tentation a existé au cœur de l'homme et la démocratie française n'y a pas échappé. On se souvient de la difficulté à s'implanter de la IIIe République, gangrénée par les affaires de corruption (scandales de Panama et des décorations), ou d'atteinte à la liberté d'opinion (affaire des fiches). Pourtant, malgré tout, il restait clair que ces pratiques, lorsqu'elles étaient mises en lumière, pouvaient faire tomber un gouvernement ou un ministre et heurtaient une morale laïque partagée par tous. Qu'elles aient été moins ou aussi fréquentes qu'aujourd'hui, ces pratiques étaient à tout le moins considérées comme anormales et condamnables. Aujourd'hui, un gouvernement ne tombe plus pour une sombre histoire d'écoute et d'atteinte à la liberté ; un parti politique qui finance sa campagne de façon malhonnête garde pignon sur rue ; sans parler des glauques affaires sexuelles d'un ancien candidat à la présidence. Les Français sont-ils choqués? Sans doute. Mais rien ne se passe. Ils en ont pris leur parti. Ces affaires ne sont au demeurant que la partie immergée d'un iceberg qui met en péril le navire de notre démocratie: c'est le sentiment que les hommes politiques ne cherchent qu'à conquérir, garder ou retrouver le pouvoir, en servant les intérêts du camp qui les soutient, sans attention au bien commun ; que les promesses électorales sont systématiquement non tenues et que les électeurs ne sont pas considérés comme des citoyens à qui l'on doit la vérité et le respect.
Pourquoi cet effondrement des principes qui garantissent la légitimité de notre démocratie? C'est là qu'un passage par l'histoire des idées s'impose. Comme l'avait montré Leo Strauss, la fracture de la politique moderne a consisté, avec Machiavel, dans le fait d'abandonner l'exigence de vertu au service du bien commun qui était le but de la politique traditionnelle. Non sans arguments, Machiavel, puis Hobbes, Locke et les Lumières ont considéré que l'écart entre l'objectif des Anciens et leur pratique était trop important. Il a donc fallu abaisser le seuil d'exigence de la conduite politique: remplacer l'objectif de bien gouverner par celui de prendre ou garder le pouvoir, troquer la quête de la vertu pour la recherche de la force et de la ruse (Machiavel) ; chercher la division et la neutralisation des pouvoirs pour garantir la paix civile (Montesquieu). Toutes ces stratégies ont abouti sur le plan des institutions à une démocratie qui a pu fonctionner sur des mécanismes électifs garantissant l'expression des diverses opinions et sur des institutions permettant l'équilibre ou l'alternance des pouvoirs. Mais ces institutions étaient ancrées sur d'anciens réflexes, et notamment sur la création d'une élite, ou pourrait-on dire d'une aristocratie certes non héréditaire, mais encore marquée par le souci d'un bien commun, d'un certain esprit de service, d'un souci d'honnêteté (pensons à de Gaulle payant les factures d'électricité de l'Elysée relatives à sa consommation personnelle!). L'effondrement des principes éthiques, la mise entre parenthèse de la notion de bien commun, la foi en un complet relativisme des conceptions du bien ont réduit à néant cet héritage. Désormais, plus rien ne vient obliger les politiques, rien ne vient transcender leurs objectifs de carrière, leurs accords partisans, leur appétit de pouvoir. La démocratie a oublié ce que Rousseau avait rappelé: elle peut encore moins vivre sans vertu, au sens des qualités requises pour agir en fonction du bien, que l'aristocratie ou la monarchie. Les Anciens le savaient, les Modernes tant qu'ils ont gardé cette mémoire le savaient encore. Les postmodernes que nous sommes l'avons oublié. La démocratie s'est recroquevillée sur un mécanisme purement procédural. Seul compte le sacre de l'élection pour légitimer le pouvoir alors que la politique ancienne savait que, quel que soit le mode de désignation des gouvernants, leur légitimité tenait à leur souci du bien commun. Cette exigence s'est perdue. L'adhésion aux institutions, le sentiment d'appartenance au corps social, risquent de se dissoudre dans le triomphe de l'individualisme, du consumérisme et du relativisme. Retrouver le souci du bien commun est devenu une urgence politique.
François Huguenin (Figarovox, 23 mars 2014)
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