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vendredi, 06 février 2015

RIC ou BRICS

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RIC ou BRICS

par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Les deux ne sont pas incompatibles. Nous avons assez souvent présenté le BRICS ici pour ne pas revenir sur celui-ci, ni sur ses grands projets de dédollarisation, mise en place d'un Fonds monétaire et d'une Banque internationale BRICS.

Néanmoins dans l'immédiat, même si Dilma Rousseff, pour le Brésil, ne se retire en rien du BRICS, c'est le rapprochement Moscou, Pékin et New Dehli qui se précise. Nous pouvons donc parler de RIC. Or les éventuelles difficultés de coopération pouvant naitre d'une compétition entre la Russie, la Chine et l'Inde, semblent en voie de se résoudre. Une réunion entre les trois ministres des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, Wang Yi et Sushma Swaraj (la ministre indienne) tenue le 2 février paraît en témoigner.

Sur le plan politique, on retiendra que la Chine et l'Inde ont confirmé leur attitude de neutralité au sujet de l'Ukraine. Ceci peut paraître un peu décevant pour Moscou, mais au contraire a été perçu comme positif, le reste de la « communauté internationale » incarnée par les Etats-Unis et les pays de l'Otan souhaitant une condamnation de la Russie de la part des Chinois et des Indiens. La récente visite de Obama à New Dehli visait en partie à provoquer une telle condamnation.

Par ailleurs, l'Inde et la Chine ont soutenu l'initiative de la Russie de faire adopter à l'Onu une résolution sur le caractère inadmissible d'une ingérence dans les affaires intérieures des États, ainsi que sur le refus de reconnaître un coup d'État comme un moyen de changement de pouvoir. En outre, New Dehli et Pékin ont rejoint la position de Moscou concernant le caractère inadmissible de sanctions unilatérales.

Concernant le fond de la coopération au sein du RIC, Sergueï Lavrov et Wang Yi ont annoncé soutenir la volonté de l'Inde d'adhérer à l'APEC (Coopération économique en Asie-Pacifique) et l'OCS (Organisation de coopération de Shanghai). Mais le point le plus important est que le ministre chinois aurait convaincu les représentants de la Russie et de l'Inde du fait qu'au sein du RIC, la Chine n'entendait pas affirmer une suprématie qui aurait à terme conduit l'accord entre les trois parties à l'échec.

Wang Yi a entrepris de démontrer à ses homologues que le projet commercial et économique ambitieux de la Chine, dit de la Ceinture ou Nouvelle Route de la Soie, serait bénéfique pour la Russie et l'Inde. Jusque là, Moscou et New Dehli restaient méfiants à l'égard de ce programme, craignant que les tentatives de relier la Chine à l'Europe par une "ceinture économique" via l'Asie centrale et orientale puissent détériorer les positions de la Russie et de l'Inde dans la région.

Le BRICS et la Grèce

Bien sûr, tout cela sera à concrétiser, mais débattre ouvertement de ces questions et s'engager à les résoudre ne pourra que donner une plus grande autorité aux projet du BRICS résumés en introduction. Rappelons que pour les Etats-Unis, la concrétisation de ces projets sera considérée comme une menace majeure à l'égard de leurs intérêts au sein de la zone dollar. Il n'est pas exclu que pour les contrer, Washington recoure à des moyens militaires.

Pour l'Europe, ces projets représenteraient également une menace si cédant aux pressions américaines, elle persistait à se tenir à l'écart du BRICS. Il s'agirait au contraire d'une opportunité considérable si elle s'engageait dans un rapprochement euroBRICS que de plus en plus d'Européens avertis demandent.

Dans l'immédiat si le gouvernement grec Tsipras désirait renforcer sa position par une coopération même limitée avec la Russie, élargir cette coopération à l'échelle du BRICS constituerait un atout considérable. La Grèce est un nain économique au regard des pays du BRICS, mais elle pourrait devenir un géant diplomatique si elle se rapprochait résolument des géants du BRICS.

Jean Paul Baquiast

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