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samedi, 10 mars 2018

Rapprochement entre les Corées. Echec majeur pour Washington

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Rapprochement entre les Corées. Echec majeur pour Washington

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La Corée du Sud et la Corée du Nord se sont entendues sur la tenue d'un sommet entre les deux pays à la fin du mois d'avril, a annoncé le 6 mars un émissaire sud-coréen, reçu à Pyongyang par le leader nord-coréen Kim Jong-Un. Leurs discussions ont duré plus de quatre heures.

https://francais.rt.com/international/48519-rapprochement...

"Le Sud et le Nord sont d'accord pour une ligne de communication d'urgence entre les dirigeants pour désamorcer les tensions militaires et se coordonner étroitement", a déclaré l'émissaire de Séoul, le chef du Bureau de la sécurité nationale Chung Eui-yong. La Corée du Nord pour sa part a promis de suspendre ses essais nucléaires et de missiles pour la durée du dialogue inter coréen, a ajouté Chung Eui-yong, qui est conseiller pour la sécurité du président Moon Jae-in. Il a confirmé que la Corée du Nord avait exprimé la volonté de se dénucléariser à condition que sa sécurité soit garantie. Les Nord-Coréens ont également dit être ouverts à des discussions avec Washington concernant la dénucléarisation et la normalisation des relations bilatérales,

Le sommet aura lieu symboliquement dans le village de Pan-mun-jom, au milieu de la zone démilitarisée qui sépare la Corée du Nord de la Corée du Sud. Il sera précédé d'une conversation téléphonique entre Kim Jong-Un et Moon Jae-in. Chung Eui-yong et les diplomates sud-coréens qui l'ont accompagné à Pyongyang sont les plus hauts responsables du Sud à se rendre en Corée du Nord depuis plus de dix ans, dans la suite d'un début très remarqué de rapprochement occasionné par les jeux Olympiques d'hiver à Pyeongchang qui se sont achevés le 25 février. Ils ont été marqués, entre autres, par un défilé des deux Corées réunies sous une même bannière.

La Corée du Sud n'oublie pas cependant que sa marge de manœuvre reste limitée, tant qu'elle demeure une plate forme militaire avancée des Etats-Unis, non seulement face à la Corée du Nord, mais aussi à la Chine, pour ne pas mentionner la Russie orientale très proche. De plus, ses puissantes mais fragiles industries ne peuvent se passer de coopération avec les Etats-Unis et l'Europe. Aussi Séoul a-t-il annoncé qu'il rendra compte très rapidement à Washington de ce voyage. Des émissaires s'y trouvent actuellement. 

Donald Trump persiste

Mais manifestement, Donald Trump ne veut pas accepter le moindre rapprochement. L'administration américaine vient d'imposer de nouvelles sanctions unilatérales au Nord, les plus dures à ce jour selon Trump.

Plus puérilement, si l'on peut dire, la diplomatie américaine, qui ne recule devant aucun effort pour compromettre un rapprochement entre les deux Corées, vient de faire savoir qu'aucune discussion avec Kim Jong-Un ne sera possible tant que celui-ci n'aura pas reconnu et dit regretter l'assassinat de son demi-frère Kim Jong-Nam survenu en Malaisie en 2010 par un nord-Coréen appréhendé ensuite comme espion.

Il est évident que Kim Jong-Un ne renoncera pas durablement au développement d'armes atomiques et balistiques. Il s'agit de sa seule garantie contre un attaque de première frappe américaine, qui sinon aurait eu lieu depuis longtemps. Mais il est évident aussi qu'il ne s'en servira pas lui-même en première frappe, ce qui serait un suicide pour la Corée du Nord, accompagné de la destruction de la Corée du Sud. En cela, Kim tient le même propos que celui de Vladimir Poutine, dans sa révélation début mars des nouvelles armes russes.

Beaucoup de citoyens américains réalistes commencent à souhaiter que les Etats-Unis reconnaissent loyalement qu'ils ont perdu la guerre visant à conserver la domination unilatérale du monde. Les Etats-Unis devraient tenir compte du fait que le pouvoir devra être partagé de façon multilatérale avec d'autres puissances, la Russie et la Chine notamment.

L'actuel recul de l'influence américaine face aux deux Corées leur donnera sans doute de nouveaux arguments. Malheureusement aucun homme politique d'envergure, à Washington, ne paraît prêt à reconnaître cette réalité.

Note
Sur la question des deux Corées, voir notre article du 13/02
http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2906...

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