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mardi, 24 septembre 2019

TERRE & PEUPLE Magazine n°80

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Communiqué de "Terre & Peuple-Wallonie"

TERRE & PEUPLE Magazine n°80

Le numéro 80 de Terre & Peuple Magazine est centré autour du thème ‘L’Eglise de Bergoglio – le naufrage’.

Pierre Vial, brocardant la Macronie dans son éditorial, épingle la porte-parole du gouvernement, une Sénégalaise, française depuis 2016, qui revendique sereinement de « mentir pour protéger le président ».  Se flattant d’être diplômée en philosophie, elle avertit : « Je ne crois que ce que je vois, » mais confond ensuite Saint Thomas d’Aquin et l’apôtre Thomas !

Thodinor interviewe Jean-Marie Le Pen au sujet de ses mémoires, épuisées en librairie dès avant de paraître !  Plus rebelle que révolutionnaire, le Menhir confie n’avoir jamais consenti à obéir qu’aux Jésuites et à la Légion, deux organismes dont les cadres s’imposent de donner l’exemple.  Il se dit pagano-chrétien.  Né le jour du solstice d’été, il est sensible aux influences telluriques, poétisées par une religion révélée qu’il ne pratique pas, sans pour autant la renier.  Pour lui, le poujadisme était déjà une réaction de l’aristocratie populaire à la trahison des élites.  Le communisme a été écrasé, mais ce n’est qu’une victoire à la Pyrrhus, car le virus perdure à travers les médias et l’enseignement.  Seule est efficace la résistance nationale pour les racines et les traditions.  Il ne croit pas à une fédération européenne : les nationalismes doivent rester forts, mais se conjuguer.  Dissoudre l’UE serait ouvrir une béance, sans doute mortelle.  Il faut révéler les réalités, ouvrir les yeux.

Introduisant le dossier central, Pierre Vial rappelle que, dans son combat contre l’identité européenne, le Pape a adressé, lors de sa visite au Maroc, un discours aux migrants envahisseurs. Appelant à l’exécution rapide du Pacte de Marrakech, au moyen notamment des « visas humanitaires », il promet : « Les sociétés d’accueil s’enrichiront si elles savent valoriser la contribution des migrants. »  Il recommande de créer en Europe une société interculturelle.  Entre-temps, elle se déchristianise comme jamais.

Pierre Vial se réfère au volumineux ouvrage (632 pages) ‘Sodoma, enquête au cœur du Vatican’ (Laffont 2019) du journaliste écrivain Frédéric Martel.  Correspondant à France-Culture, celui-ci était déjà l’auteur de ‘Le rose et le noir, les homosexuels en France depuis 1968’ (Le Seuil 1996) et de ‘Global Gay, Comment la révolution gay change le monde’ (Flammarion 2013).  Homosexuel ostensible, Frédéric Martel a mené l’enquête auprès de 1.500 personnalités, dont 41 cardinaux qui ont presque tous accepté que soit révélée leur identité.  De son étude, il conclut: « Le sacerdoce a longtemps été une échappatoire pour des jeunes homosexuels.  L’homosexualité est une des clés de leur vocation. »  Selon lui, il y aurait, lorsqu’on monte dans la hiérarchie ecclésiastique, de plus en plus d’homosexuels au point que, au Vatican, l’hétérosexualité serait l’exception !  Cette situation ne serait pas de l’ordre de la dérive, mais du système, lequel prend soin de se masquer, affectant d’être homophobe !  Frédéric Martel s’en prend aux Légionnaires du Christ, l’empire éducatif et humanitaire du prêtre Mexicain Marcial Maciel, plus que suspect, mais finalement innocenté et rétabli par Paul VI et Jean-Paul II, en reconnaissance de l’ampleur de ses réalisations : 15 universités, 50 séminaires, 177 collèges, 34 écoles, 125 maisons religieuses, etc !  Frédéric Martel n’est pas un martyr de la vérité historique, loin s’en faut.  Toutefois, que son registre soit peu ragoûtant, voire dégoûtant (il pousse jusqu’à faire flèche de « rumeurs récurrentes » sur les mœurs du Pape Pie XII !) n’efface pas la réalité que révèle son énorme contribution : le pourrissement avancé de l’Eglise de Bergoglio.

Remarquant que Benoît XVI, le pape démis, a attribué récemment à l’esprit de Mai ’68 les déviances dans l’Eglise, Robert Dragan rappelle que celle-ci se présente en détentrice de la vérité par la Révélation.  Pour elle, toutes les autres religions sont fausses et, partant, d’origine satanique.  Il en est ainsi de la Gnose, voie ésotérique de la connaissance intuitive des choses divines, qui a séduit, après le néo-platonicien Plotin, le dominicain Maître Eckhart et, plus près de nous, le jésuite Teilhard de Chardin.  Après s’être incarnée dans les Rose-Croix, la Gnose se cristallisera, en 1717, dans la franc-maçonnerie, que la papauté excommuniera aussitôt.  Avec la restauration de la monarchie, les idées modernistes ne progressent plus dans l’Eglise que masquées.  Pour faire face à leur diffusion, celle-ci les condamne et le Concile de Vatican I proclame le dogme de l’infaillibilité pontificale en matière de foi et de morale.  Pie X (qui sera canonisé par Pie XII) imposera aux prêtres le serment anti-moderniste.  Le cardinal Mariano Rampolla, franc-maçon de la Haute Loge OTO, n’en parvient pas moins à devenir le secrétaire de Léon XIII et, à la mort de celui-ci, à être élu par le Sacré-Collège.  Saisi, l’Empereur François-Joseph, exerce alors son droit de veto (droit déjà appliqué au premier Jean XXIII déposé en 1414) et c’est le cardinal Sarto qui est élu au second tour sous le nom de Pie X.  Mais le cardinal Rampolla demeure en place et continue de placer ses protégés (dont l’un devint le pape Benoît XV) et il prend comme secrétaire Eugenio Pacelli (qui deviendra Pie XII).  Durant la première moitié du XXe siècle, une abondante littérature dénonce l’infiltration moderniste.  La Seconde Guerre Mondiale discrédite les conservateurs, qu’on amalgame à la droite autoritaire, voire à la collaboration avec les perdants.  Au même moment, les démocrates chrétiens créent la Communauté européenne.  Le communisme a cessé d’être considéré comme intrinsèquement pervers depuis que, l’Allemagne, renversant en 1941 son alliance avec l’URSS, celle-ci s’est retrouvée dans le camp du Bien.  Sous le pseudonyme Maurice Pinay, les traditionnalistes s’activent alors à la rédaction d’un ouvrage collectif ‘2000 ans de complot contre l’Eglise’.  Y contribuent le cardinal Ottaviani, Mgr Lefebvre et Léon de Poncins.  Jean XXIII se refuse à révéler, comme promis par ses prédécesseurs, le troisième secret de la Vierge de Fatima : l’apostasie de la hiérarchie. 

Paul-VI-VM.jpgA sa mort, lui succède sous le nom de Paul VI le cardinal Montini, compromis dans l’affaire du Russicum (dénonciation au KGB des prêtres et évêques clandestins derrière le rideau de fer).  Pour le cardinal Traglia : « Le diable est au Vatican. »  Padre Pio le dénonce de même.  Mais le concile consacre le triomphe des modernistes.  L’encyclique Nostra Aetate reconnaît le judaïsme comme religion-mère.  Le Sanhédrin n’est plus responsable du déicide.  L’Eglise s’est trompée durant 1965 ans !  Pour le cardinal Suenens, lui aussi franc-maçon : « Vatican II, c’est 1789 dans l’Eglise. »  Les francs-maçons étant excommuniés de facto, tous les papes depuis 1958 sont des anti-papes !  De nouveaux rituels d’ordination et de sacre sont promulgués, sans être théologiquement motivés, ce qui pose la question de leur validité.  Le rituel de la messe est profondément modifié, écourté et simplifié.  Les traditionnalistes se replient derrière Mgr Lefebvre, lequel ordonne plusieurs évêques, ou derrière d’autres dissidents, dont les Sédévacantistes qui considèrent que le siège de Pierre est inoccupé.  Les premiers se divisent entre la Fraternité Saint Pierre et la Fraternité Saint Pie X.  Celle-ci se divise à nouveau entre ceux qui acceptent la main tendue par Benoît XVI à son supérieur Mgr Fellay et ceux qui jugent que c’est un piège.

Jean-Patrick Arteault adresse une lettre ouverte à ses amis chrétiens, en particulier les catholiques romains.  Incroyant, il est prêt, pour la survie de son peuple albo-européen autochtone, à servir le christianisme pour le message culturel qu’il a encore.  La Manif pour Tous a permis aux catholiques conservateurs de se compter.  La compétition religieuse avec un islam agressif ouvre la perspective d’une résistance et d’un retour aux racines chrétiennes.  L’obstacle est le Pape François qui, prônant l’ouverture, va jusqu’à pratiquer l’auto-humiliation, donc la soumission.  A l’objection que c’est la subversion moderniste qui est parvenue à faire élire un antipape, il remarque que les catholiques reconnaissent son magistère, sauf une infime minorité.  Le christianisme que cette minorité place aux racines de l’Europe n’est qu’un greffon, dont les racines propres sont moyen-orientales.  L’Ancien Testament, que les Juifs appellent La Loi, n’a -quel que soit son charme- rien à voir avec l’imaginaire européen, dont les vraies racines sont un mixte des peuples néolithiques fécondé par la vision et la culture des Indo-Européens, holistes et profondément polythéistes. Alors que le christianisme, dépossédant le judaïsme de son élection divine en se proclamant ‘verus Israël’, a développé sa propre trame idéologique : un Dieu unique et universel, créateur d’hommes égaux vouant leur vie à leur salut individuel, soit les trois valeurs premières de l’Occident : individualisme-égalitarisme-universalisme.  Selon l’auteur, les Pères de l’Eglise ont subverti le judaïsme (en proclamant que le christianisme donne leur vrai sens à Platon et Aristote) et la religion romaine et ensuite celles des Germains, des Celtes, des Scandinaves, des Slaves, des Baltes, soit les sentiments profonds de ces peuples.  On ne peut implanter des valeurs étrangères dans une psychologie collective sans une passerelle mentale : les missionnaires ont récupéré certains mythes des païens à convertir, se laissant ainsi contaminer.  Notamment la triade des trois ordres, ceux qui prient, ceux qui combattent et ceux qui travaillent, en paraphrase de la trinité du Père, du Fils et de l’Esprit assortie d’une divinité Mère et de génies bienfaisants (voire malfaisants).  Les clercs ont refusé cet enracinement, une première fois par la Réforme Grégorienne, qui rompt avec la pratique indo-européenne de l’association du spirituel et du politique.  Elle ne sera plus coopérative et coordonnée, mais ordonnée par le spirituel, auquel est soumis le temporel.  C’est cette prétention dominatrice qui suscitera, avec la séparation de l’Etat d’avec l’Eglise, la marginalisation progressive de celle-ci.  Les élites ne se faisaient qu’un souci mineur de la religiosité populaire, alors d’un paganisme flamboyant.  La réforme protestante, par contre, avec la traduction des textes sacrés en langue vernaculaire et l’introduction de l’imprimerie, oppose doctrine et pratiques ‘superstitieuses’, dont elle ne considère pas les racines culturelles.  La contre-réforme catholique toilettera les superstitions et se distanciera des protestants par ses fastes.  Communautaires, les églises protestantes ont lassé moins vite que l’église romaine hiérarchique et bureaucratique.  L’alphabétisation et l’urbanisation ont étranglé le paganisme campagnard.  Le bon Pape François ne manque de rappeler que son église n’est européenne qu’accidentellement.  Universaliste, elle n’a plus intérêt à se cramponner à l’Europe.  Entre son message cosmopolite et nos racines ethniques, il faut choisir.

clovis_bapteme.jpgAlain Cagnat rappelle les liens intimes de la France avec l’Eglise : Clovis (496), les carolingiens avec Charles Martel et Charlemagne (800), le roi Saint-Louis (1239), Jeanne d’Arc (1431), Louis XIII qui consacre la France à la Vierge-Marie.  Au moyen-âge, les paysans se groupent autour de leur curé, loin de la richesse, parfois scandaleuse, des prélats.  La contestation ne touche que les plus instruits.  Les humanistes placent l’homme au centre du jeu et l’irréligion introduit le libertinage.  Par la lecture littérale des textes, la Réforme écarte les clercs, intermédiaires entre le croyant et Dieu.  L’esprit des Lumières prétend fonder le monde sur la raison, plutôt que sur une révélation contre laquelle se liguent des sociétés de pensée.  La désaffection des fidèles touche d’abord les villes.  La Révolution, avec la constitution civile du clergé (les prêtres, élus, doivent prêter serment et les réfractaires sont persécutés), provoque une réaction.  Des provinces se soulèvent, dont la Vendée.  Deux Frances s’opposent, deux universalismes, et l’Eglise se scinde en progressistes et traditionnalistes.  Le Concordat entre Bonaparte et Pie VII apaise les esprits, mais le catholicisme n’est plus la religion officielle, mais celle d’une majorité.  Il va récupérer une partie du terrain avec la restauration et avec la Loi Guizot sur la liberté de l’enseignement primaire.  Les apparitions de la Vierge (Lourdes 1858) rapprochent l’Eglise d’une partie, surtout féminine, de la population.  Sont négatifs, par contre, le développement de l’évolutionnisme de Charles Darwin  et l’emprise de la pensée d’Ernest Renan, qui s’attache à concilier sentiment religieux et analyse scientifique.  Le fossé se creuse entre villes et campagnes.  Le prolétariat ouvrier échappe à l’Eglise.  La loi de 1901 contraint les congrégations religieuses à se faire agréer.  Le président du Conseil Emile Combes, défroqué devenu anticlérical, bloque les demandes : trois mille établissements scolaires sont fermés ; des milliers de religieux sont expulsés.  Les biens de l’Eglise sont étatisés et 70.000 édifices doivent être inventoriés.  La colère des fidèles (qui ont financé la réparation des saccages des révolutionnaires) dégénère en émeutes qui font des morts. Cinq mille inventaires ne seront jamais exécutés.  L’Action Française, puissante, organise malgré l’interdiction des manifestations qui rassemblent des foules (en commémoration à Jeanne d’Arc ou au génocide vendéen).  Monarchiste, nationaliste, antisémite, elle fait peur aux démocrates chrétiens qui l’accusent de se servir de l’Eglise sans la servir.  Pie XI met Maurras à l’index et excommunie les membres et sympathisants du mouvement.  Les clercs suspectés font l’objet d’une chasse aux sorcières par les futurs activistes de Vatican II.  Dans le marxisme, certains prêtres catholiques perçoivent des échos d’un message évangélique égalitariste et universaliste.  Pour rechristianiser le monde ouvrier, certains s’engagent à l’usine, adhèrent à la CGT, voire au parti communiste.  Ils soutiennent le Vietminh.  Pie XII, qui a excommunié les communistes dès 1949, met fin en 1954 à l’expérience des prêtres ouvriers (que Jean XXIII rétablira dès 1965).  En Indochine, bien que les viets assassinent les prêtres locaux, la sympathie de la hiérarchie va au Vietminh, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes primant pour l’Eglise !  Pour la question algérienne, le bas clergé épouse la cause française, mais les congrégations, associations, dont l’Action Catholique, et la presse choisissent l’Algérie algérienne.  De nombreux religieux cachent, soignent, approvisionnent (y compris en explosifs) les terroristes du FLN et acheminent ou exfiltrent des déserteurs.  L’Eglise ferme les yeux.  Ben Bella remerciera ceux qu’il qualifie de ‘vrais chrétiens’ : « Certains nous ont aidés concrètement, n’hésitant pas à se trouver à nos côtés. »  Dès le début du XXe siècle, les paysans, fascinés par les lumières de la ville, quittaient la terre des ancêtres, qui ne les nourrit plus.  A la place de leur communauté, qu’ils rencontraient chaque dimanche, ils ne trouvent plus que l’aliénation d’une société universelle de consommation ordonnée à les endetter.  Avec Vatican II, l’Eglise veille à prendre ce virage universaliste, condamnant toute discrimination, même des ennemis déclarés, « en tout premier lieu les musulmans qui adorent avec nous le Dieu unique. »  Jean XXIII corrige la condamnation par Pie XI du communisme ‘intrinsèquement pervers’ : « Nous avons autre chose à faire qu’à lui jeter des pierres. »  Dans le même temps, les rites sont dépouillés.  Le latin est remplacé par les langues vulgaires.  La musique est réduite à l’élémentaire.  On tutoie Dieu dans les prières.  On tourne le dos à son tabernacle.  On se passe l’hostie de main en main.  Les prêtres quittent leur soutane.  Les fidèles désertent les églises.  Mgr Lefebvre se retranche dans sa Fraternité.  Paul VI dénonce le fumées de Satan dans l’Eglise !  Bâtard des matérialismes capitaliste et communiste, Mai ’68 consacre le triomphe de l’individualisme et du nihilisme.  Interdit d’interdire, un aréopage d’intellectuels en vogue réclame la dépénalisation de la pédophilie avec des enfants ‘consentants’ quel que soit leur âge !  Naît alors, en Amérique latine, la théologie de la libération, qui engage des religieux dans l’activisme révolutionnaire.  Pour Paul VI, dans Evangelii nuntiandi, « La libération totale n’est pas étrangère à l’évangélisation. »  Mais en 1984, après que Mitterand ait promis de faire de l’Education nationale un service laïc unifié, deux millions de manifestants lui expriment à Paris leur refus. C’est la dernière victoire du peuple.  Contre le mariage homosexuel, la Manif pour Tous réalisera une mobilisation égale, mais molle, à laquelle Hollande opposera sans dommage un bras d’honneur.  Pour achever la famille, il ne reste plus que la GPA et la PMA.  L’Eglise est désertée.  Il n’y a plus que 60% de catholiques déclarés dont 5%, vieillissants, se disent pratiquants.  La  prêtrise est en voie de disparition par manque de vocations.  L’islam sera sous peu la première religion de France, avec la complicité de l’Eglise.

pie12.jpgAlain Cagnat remarque que Pie XII n’invitait les pays riches à accueillir des immigrants qu’en cas de nécessité et à condition de renoncer à leur propre culture.  Jean XXIII reconnaît, moyennant des motifs valables, le droit de se fixer à l’étranger, déplorant la séparation de la famille.  Paul VI attend « un vaste élan d’unification de tous les peuples et de l’univers. »  Il contredit Pie XII en prônant le droit de conserver sa langue maternelle et son patrimoine spirituel.  Pour Jean-Paul II, l’immigration enrichit la culture d’accueil et les immigrants n’ont pas à se laisser assimiler : « Dieu a choisi la migration pour signifier son plan de rédemption.»  Incitant les fidèles à la désobéissance civile, il confirme l’orientation politique de l’Eglise.  Pour Benoît XVI, « L’émigration est la préfiguration de la cité sans frontières de Dieu. »  Le peuple d’accueil doit se soumettre au message du Christ.  Mais il évoque ce que l’Eglise doit à l’Europe, à ses racines tant grecques et romaines que chrétiennes.  Au contraire, le Pape François ne manque pas de rappeler qu’il est fils d’immigré et que l’Europe lui est étrangère.  Il néglige les motifs d’émigration et parle d’itinéraires qui renouvellent l’humanité entière.  Il invite les pays d’accueil à « créer de nouvelles synthèses culturelles ».  A la Journée de l’Accueil du migrant, il recommande de faire passer la sécurité personnelle de celui-ci avant la sécurité nationale et de lui ouvrir sans limite le régime national d’assistance sanitaire et de retraite.  Il réclame pour lui la liberté religieuse, le regroupement familial et la protection de l’identité culturelle, interdisant au pays d’accueil d’imposer sa langue.  En avril 2019, il invitait : « Rendons grâce à Dieu pour une société multiethnique et multiculturelle. »  Le 8 juillet 2013, il s’adressait aux « chers immigrés musulmans » pour l’ouverture du Ramadan.  Le 16 avril 2016, il embarquait dans son avion des familles de réfugiés syriens musulmans, ignorant le martyre des Syriens chrétiens.  Après l’assassinat du Père Hamel, il ose objecter : « Si je parlais de violence islamique, je devrais également parler de violence catholique. »  Ce qui fait dire à Michel Onfray : « L’amour est une évidente promesse de victoire pour ceux qui ont choisi la haine. »  Le cardinal guinéen Robert Sarah écrit : « J’ai peur que l’Occident ne meure. »

Tomislav Sunic titre ‘La décadence finale ?’  Se référant à Montesquieu et à la notion allemande d’entartung, ou dénaturation, il démontre que l’amour indifférencié qui élargit l’amour pour la patrie est en fait de l’indifférence .  Depuis celle de l’empire romain, l’Europe a survécu à plusieurs décadences, mais celle-ci pourrait être finale.  Il cite Oswald Spengler, pour qui le déclin de l’occident résulte du vieillissement biologique, et Arthur de Gobineau qui, avec son ‘Essai sur l’inégalité des races’, démontre que la décadence est la conséquence de la dégénérescence de la conscience ethnique.  Il cite l’écrivain romain Salluste, pour qui c’est la metus hostilis, l’inquiétude de la menace hostile, qui est la base de la virtus, de la virilité, au contraire de la richesse, qui incite à la composition et au déni de soi.  Le poète satirique Juvenal a dénoncé les étrangers venus d’orient et d’Afrique, qui introduisaient la mode de la zoophilie et de la pédophilie.  Le plus grand nombre d’esclaves venait d’orient, d’Egypte et d’Afrique.  Les européens étaient de plus grand service à l’empire en tant que soldats, moins en tant que domestiques.  Les esclaves orientaux étaient méprisés dans la conscience romaine, à cause de leur méchanceté !

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Pour Jean Haudry, la notion de décadence exclusive est au centre de la conception indo-européenne des âges du monde, présente en Inde, en Grèce en Scandinavie et en Irlande, mais elle est récente.  Il a existé une conception antérieure d’alternance de phases de progrès et de décadence.  Dans la conception indienne, l’histoire du monde se répartit en quatre âges, nommés à partir de coups du jeu de dés.  Dans le parallèle grec des races d’Hésiode, aux âges d’or, d’argent, de fer, les héros justes et pieux d’un âge de bronze sont précédés par des hommes injustes et impies. Le poème eddique Voluspa présente l’histoire du monde en trois parties, qui correspondent aux trois fonctions. Elle commence par la première guerre du monde entre les Ases et les Vanes, provoquée par l’ivresse de l’or, à rapprocher des Lois de Manou qui attribuent la décadence au gain mal acquis.  La mort de Baldr annonce le Crépuscule où dieux et géants s’entretueront.  Cyclique, le monde détruit renaît par son âge d’or.  La quatrième attestation, celtique, est la prédiction de la Bodb, celle du monde qui ne plaira pas.  Ces quatre documents, concordants, suffisent pour conclure à un héritage de la période commune.  La tradition se partage en trois périodes : celle de la religion cosmique, celle de la société lignagère des quatre cercles et des trois fonctions et la société héroïque qui précède les dernières migrations.  L’absence de correspondant iranien est un indice du caractère récent de cette conception pessimiste de l’histoire.

Jean Haudry livre une recension du numéro 68, particulièrement substantiel, de Nouvelle Ecole.   La paléo-génétique du foyer d’origine des Indo-Européens, analyse biologique de fossiles d’os et de dents, confirme la théorie scythique des auteurs du XVIIe siècle qui rejetaient la légende biblique.  On lui avait entre-temps préféré l’Asie centrale, la Scandinavie, voire les régions circumpolaires (Tilak).  Elle avait été confirmée par la théorie des Kourganes de Marija Gimbutas.  La raciologie actuelle permet de distinguer trois ensembles à la base des Européens : les chasseurs-cueilleurs occidentaux, les néolithiques du Levant et d’Anatolie et la population des Kourganes.

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Haplogroupe R1b

Robert Dragan complète cette recension en évoquant les progrès de la paléo-génétique, qui permettent de rattacher sans risque d’erreur des restes à un ‘haplogroupe’ apte à transmettre de manière homogène une mutation, d’identifier les migrations et de mesurer les mélanges.  On distingue ainsi les EHG (Eastern Hunters Gatherers) des ANE (Ancient North Asians) et des CHG (chasseurs-cueilleurs du Caucase).  Les Européens appartiennent en majorité à l’haplogroupe R1 lui-même divisible en R1a et R1b.  Le matériel archéologique permet de dater les mutations et dès lors l’haplogroupe qui s’y rattache.  Si une population envahie accepte de se métisser, elle ne transmettra à ses descendants qu’une part de son héritage.  Quand un séquençage révèle un tel changement, on tient la preuve d’une invasion.  On peut en mesurer les proportions et donc raconter l’histoire.  Au paléolithique, la population EHG qui occupe la Sibérie a pour ancêtres les ANE, présents dans la région depuis au moins 24.000 ans et dont une branche a traversé le détroit de Behring.  Il est établi que l’occupation humaine de la Sibérie n’a jamais connu d’interruption ni de rétractation dans les périodes glaciaires. Une population génétiquement homogène occupe un couloir entre la Volga et le Pacifique.  Le blondisme semble répandu.  Selon le linguiste David Anthony, un parler proto-indo-européen, avec des affinités avec le proto-ouralien et le proto-kartvelien, ancêtre du géorgien, du tchétchène et de l’avar, se serait fixé dans les steppes ponto-caspiennes entre 4500 et 2500, genèse de culture héroïque des Indo-européens, semi-nomades conduits par des chefs guerriers et cavaliers.  Le peuple indo-européen semble issu du mélange de Sibériens et de Caucasiens  dans la basse Volga.

zevi.jpgPierre Vial poursuit son analyse de l’identité juive par le Sabbatianisme, mouvement mystique fondé en Palestine en 1665 par l’ascète Sabbataï Tsevi.  Menacé de mort par le sultan s’il ne se convertit pas à l’islam, il choisit de préserver l’étincelle de sainteté qu’il porte en lui.  Détenu dans une forteresse, il promulgue un Mystère de la vraie foi.  La plupart de ses disciples, en ayant en apparence adopté l’islam, conservent ses rites et demeurent juifs.  Ils sont persécutés par les rabbins.  Jacob Frank (1726-1791) métamorphose le sabbatianisme, qui trouve alors refuge dans le monde chrétien.  S’intégrant à la noblesse polonaise et autrichienne et devenant francs-maçons, ses disciples établissent le nouvel ordre maçonnique des Frères d’Asie, mêlant la Kabbale juive à des éléments chrétiens.  A la même époque, le mouvement social et religieux hassidiste se répand en Europe de l’Est.  Se fondant, au contraire de l’ascèse, sur l’expérience émotionnelle, l’intention, la ferveur et la joie, ils pratiquent la danse, volontiers débridée, qui peut amener le tzadik à la justesse et à devenir médiateur entre les croyants et Dieu.  C’est dans le contexte des violences épouvantables qu’ont eu à subir les communautés juives de la part des cosaques et des brigands qu’apparait le tzadik Ba’al ShemTov (1700-1760), pour qui la mystique importe plus que la connaissance : il a des visions et perd connaissance.  Ses disciples, les hassidim (les pieux) lui font une confiance absolue.  Il accomplit des miracles, guérit les malades tant par ses invocations que par ses simples.  Conteur, il enseigne par des fables.  Ses successeurs étendent le hassidisme vers la Pologne et la Russie Blanche.  Les Hassidim trouvent des opposants dans les Mitnagdim, lesquels les accusent de frivolité.  Au XIXe siècle, tous les pays d’Europe reconnaissent aux juifs l’égalité des droits, à l’exception de la Russie, qui les avait interdits jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, lorsqu’elle a annexé de vastes territoires ottomans et polonais.  Elle ne les tolère que dans la zone frontière occidentale.  Alexandre Ier les incite à travailler la terre.  Nicolas Ier leur impose un service militaire, espérant leur conversion.  Dès qu’Alexandre II lève les restrictions, d’importantes communautés s’installent à Saint-Petersbourg et à Moscou.  De nombreux jeunes juifs, qui croient que leur émancipation viendra d’un changement de régime, militent pour la révolution.  La tentative d’intégration est un échec.  L’assassinat du tsar Alexandre II déclenche une vague de pogroms et une vague d’émigrations vers l’Europe de l’ouest et le Nouveau Monde.

Pierre Vial rend hommage à notre ami Guillaume Faye récemment disparu.  C’est un témoignage de reconnaissance, dans les deux sens du terme, d’aveu féal et de gratitude.

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