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lundi, 18 novembre 2019

"Il serait plus qu’utile de supprimer la notion d’incitation à la haine dans notre code pénal" - Entretien avec Thibault Mercier

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"Il serait plus qu’utile de supprimer la notion d’incitation à la haine dans notre code pénal"

Entretien avec Thibault Mercier

Thibault Mercier est avocat, co-fondateur du Cercle Droit & Liberté (www.cercledroiteetliberte.fr) et auteur d’un livre brillant, sur lequel nous l’avions interrogé : Athéna à la borne. Discriminer ou disparaître. Alors qu’il est revenu cette semaine, pour nos confrères de Sputnik, sur l’affaire Zemmour et la cabale médiatique déclenchée à son encontre (et judiciaire), nous l’avons interrogé sur cette évolution notable de nos sociétés, dans lesquelles désormais les juges (au pénal comme au tribunal médiatique) semblent faire la pluie et le beau temps, et confisquer la démocratie.

Entretien à ne pas manquer !

Breizh-Info.com : Nous avons échangé au sujet de votre dernier ouvrage, Discriminer ou disparaître. Les évènements actuels (voile, communautarisme, débat sur l’immigration, l’islamisation) ne confirment-ils pas l’impératif de discriminer dans la société française, c’est-à-dire de distinguer et de séparer ?

Thibault Mercier : Alors que les combattants de l’Islam politique accusent la France d’avoir imposé un racisme systémique et les Français de les discriminer, il apparaît au contraire que ce sont eux qui se discriminent en affichant clairement leur volonté tant de se distinguer de tout ce qui se rapproche de la culture française que de vivre séparément de la seule communauté qui était auparavant reconnue en France : la communauté nationale.

Malheureusement nos gouvernants, à l’image d’un Macron qui pense qu’il « n’y a pas de culture française » (Lyon, février 2017) et que le voile dans l’espace public « n’est pas son affaire » (La Réunion, octobre 2019), donnent dans le pacifisme niais et refusent d’admettre la nécessité de défendre la civilisation européenne. « Qu’un peuple n’ait plus la force ou la volonté de se maintenir dans la sphère du politique, ce n’est pas la fin du politique dans le monde. C’est seulement la fin d’un peuple faible », écrivait Carl Schmitt.

Breizh-info.com : Ce sont finalement des petits groupes de pression influents (CCIF, antifas, extrême gauche, ligues de vertus, associations LGBT) qui entraînent bien souvent en France des cabales, des censures, des persécutions judiciaires, des interdictions. Comment remédier à cela ?

Thibault Mercier : Il est vrai que nous vivons dans une société où les postures victimaires permettent à chacun d’agir en justice pour chaque pseudo-humiliation ou blessure de l’ego. Les lois voulant interdire l’incitation à la haine ont d’ailleurs favorisé cette guerre victimaire de tous contre tous en créant une myriade de catégories bénéficiant chacune de la protection exorbitante du Législateur au détriment de l’intérêt national.

Pour y remédier la réponse ne sera pas que juridique. Et il pourrait apparaître pertinent de réhabiliter des valeurs comme la pudeur et la dignité. En effet, nul besoin alors de lois antiracistes quand le sens de la dignité vous défendait d’exiger un droit à être protégé des propos désobligeants des autres. Jamais un homme digne ne pouvait demander, sans mourir de honte, d’être légalement protégé de propos « haineux » ou de « phobies » supposées dont il serait victime.

À l’opposé d’un droit de ne pas être « victime » de propos « haineux », c’est au contraire un devoir d’indifférence qu’il s’agit de développer

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Breizh-info.com : Vous qui êtes avocat, comment percevez-vous l’évolution globale de la magistrature en France ? N’est-elle pas aujourd’hui en train de définitivement tourner le dos au peuple de par ses actions menées ?

Thibault Mercier : La magistrature ne tourne le dos au peuple que par démission du pouvoir politique.

Rappelons que notre Constitution prévoit que les juges sont censés exercer leurs attributions « au nom du peuple français ».

Pourtant, depuis plusieurs décennies (et notamment depuis le « coup d’État » du Conseil constitutionnel de 1971), les juges, qui n’étaient que les serviteurs de la loi (édictée de manière démocratique) en sont maintenant devenus ses censeurs. Aussi se permettent-ils de contrôler la loi sous couvert de « liberté », « égalité », « équité » ou encore « justice » qui sont des principes aux multiples acceptions possibles, ce qui leur laisse un pouvoir énorme d’interprétation.

On peut par exemple citer la récente décision du Conseil constitutionnel du 6 juillet 2018 qui est venue conférer une portée normative à la « fraternité » de notre devise républicaine et dépénaliser l’aide aux clandestins (mettant fin à ce qu’il était commun d’appeler faussement un « délit de solidarité »). Pour l’avenir, cette nouvelle construction prétorienne permet au juge de se doter d’une nouvelle arme polyvalente sachant qu’aucun texte ne précise ce qu’est juridiquement cette « fraternité ».

Tristement, l’isoloir ne sert plus à grand-chose puisque tout se passe désormais dans le prétoire. Et nos politiques et gouvernements de devenir de simples exécutants des arrêts des juges.

Pour contrer cela pourquoi ne pas revenir à un ancien article de notre Code pénal qui disposait jusqu’en 1994 que les juges seraient coupables de forfaiture et punis de la dégradation civique en cas d’immixtion dans l’exercice du pouvoir législatif ?

Breizh-info.com : Plusieurs entreprises, plusieurs assureurs, ont fait des menaces économiques vis à vis de diffuseurs d’Éric Zemmour. Certains ont cessé toute collaboration suite à la polémique. Ne s’exposent-elles pas à un retour de bâton ? Comment expliquez-vous qu’à une époque où les masses semblent pourtant populisto compatibles, les groupes économiques préfèrent prendre le risque de se saborder en jouant le jeu des minorités ?

Thibault Mercier : Il est assez sidérant de voir avec quelle facilité de grandes multinationales se couchent devant le moindre appel au boycott, alors même que, une polémique en chassant une autre en quelques jours sinon quelques heures, les conséquences économiques de telles actions seront certainement minimes. Ces entreprises ont une sorte de peur panique du « bad buzz ». Le courage ne faisant généralement pas partie de leur système de fonctionnement elles préféreront en générale céder préventivement plutôt que de se défendre. Starbucks ou encore Etam en ont récemment fait les frais.

Quoiqu’il en soit je ne crois d’ailleurs pas que les grands groupes se sabordent en jouant le jeu des minorités. Un auteur américain dont le nom m’échappe expliquait dans un ouvrage récent que les minorités profitaient d’une sorte de prime à l’intolérance. Il prenait pour exemple le cas de l’abattage rituel : puisque qu’un catholique ou un athée pourra tout à fait consommer de la viande hallal ou casher (alors qu’un juif ou un musulman ne pourra consommer que de la viande sacrifiée), pourquoi les entreprises pratiqueraient-elles deux types d’abattage ? Voilà comment la logique économique peut servir l’expansion des revendications de minorités.

Breizh-info.com : Faut-il revoir les notions d’incitation à la haine et de « discrimination », dans le code pénal français selon vous ? Ces notions semblent en effet dévoyées et utilisées à toutes les sauces aujourd’hui… Êtes-vous inquiet pour l’avenir de la liberté d’expression en France ? Que faire alors ?

Thibault Mercier : Dans une tribune intitulée « Comment la haine est sur le point de prendre le dessus » et publiée la semaine dernière par Libération, un confrère appelle à « protéger les musulmans de France dans nos discours ». Dans un laïus en langage inclusif, il déclare que le « racisme anti-musulman » est devenu un « sport national » et en appelle au respect des droits de l’homme et des libertés individuelles pour justifier notamment le port du voile. Plusieurs remarques nous viennent à l’esprit après une telle lecture. Tout d’abord on peut se demander pourquoi les musulmans de France (vous noterez qu’il n’est pas question dans cette tribune de « Français musulmans ») devraient bénéficier d’une protection particulière (que les autres groupes n’ont pas). Ensuite on voit bien que cette accusation de haine sert bien souvent à éviter toute autocritique et à museler ses adversaires politiques. Enfin, cela confirme que le discours des droits de l’homme est désormais utilisé à tout va par certaines minorités pour imposer des pratiques et des modes de vie contraires à ceux des cultures historiquement présentes en Europe.

Il serait donc plus qu’utile de supprimer la notion d’incitation à la haine dans notre code pénal. La haine est un sentiment humain, il n’est pas matérialisable et jusqu’à preuve du contraire ce n’est ni à l’État ni au Juge de venir vous interdire de ressentir des sentiments. Nous obligera-t-on bientôt à exprimer de force notre amour de ceux qui nous entourent ? Il y a quelque chose de totalitaire dans ce texte de loi qui voudrait venir vous changer en votre for intérieur et qui permet au juge de se faire inquisiteur.

Et d’ailleurs qui décide ce qu’est un discours de haine ? Est-ce la victime présumée de ces propos ? Le juge ? Un consensus politique ? Il y a bien trop de subjectivité dans cette notion pour permettre une application impartiale de la loi.

Quant à la discrimination, j’ai pu exposer longuement dans mon essai l’urgence de réfléchir aux dommages collatéraux de ces lois qui sont venues pernicieusement interdire à la Nation de se défendre et ont participé activement du délitement du lien social.

• Propos recueillis par Yann Vallerie

• D’abord mis en ligne sur Breizh-Info, le 4 novembre 2019.

Une actualité éditoriale sur la Contre-Révolution

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Une actualité éditoriale sur la Contre-Révolution

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

De-Meuse-201x300.jpgAncien rédacteur à la Nouvelle Revue d’Histoire et auteur d’ouvrages sur les hérésies, Pierre de Meuse s’attaque à un continent historiographique, politique et culturel immense : la Contre-Révolution. Dans Idées et doctrines de la Contre-révolution (préface de Philippe Conrad, Éditions DMM, 2019, 410 p., 23,50 €), l’ancien militant passé par l’Action Française examine à partir de nombreuses sources l’histoire et la postérité de cet univers intellectuel.

Écrit avec une plume alerte et sans le moindre jargon universitaire prétentieux, Pierre de Meuse convient que « le terme de Contre-révolution est l’un des plus ambigus du langage de la politique, ce qui le rend difficile à utiliser, car son sens est étroitement dépendant de son contexte (p. 18) ». Ainsi constate-t-il que « les doctrines contre-révolutionnaires sont diverses dans leurs fondements et leurs postulats, elles se combattent quelquefois entre elles, elles empruntent des raisonnements à leurs adversaires et surtout elles connaissent dans leurs propositions de graves contradictions, et mêmes de lourdes apories, dont certaines sont détectées par leurs contradicteurs, et face auxquelles les réponses proposées ne sont jamais définitives. Ces contradictions internes sont en grande partie à l’origine de l’échec de la praxis conte-révolutionnaire, parce qu’il est impossible de réussir en voulant des choses contradictoires (p. 29) ».

Le concept de Contre-révolution qui recouvre en partie les notions de traditionalisme, de réaction, voire de conservatisme, s’adapte au gré des réflexions de ses différents auteurs. Certes, le contre-révolutionnaire adhère à un ordre social organique, communautaire et hiérarchisé organisé autour d’une vision sacrale de l’existence. Il n’empêche que dans les faits, cette unité théorique éclate quand on se penche sur les écrits d’Edmund Burke, de Joseph de Maistre, de Louis de Bonald ou de Charles Maurras.

Si Pierre de Meuse met bien en évidence le phénomène d’attraction et de répulsion entre la Contre-révolution et le romantisme, on peut regretter qu’un autre chapitre consacré aux relations entre le nationalisme et la Contre-révolution soit parasité par le maurrassisme sous-jacent de l’auteur. N’écrit-il pas : « Quand le nationalisme commence à s’exprimer, il est bien un produit de la tradition, mais ne s’exprime pas en conformité avec les voies traditionnelles, et c’est déjà là toute l’ambiguïté du nationalisme (p. 227) » ? S’il n’évoque que deux fois le chancelier Bismarck, ce symbole de contre-révolutionnaire offensif ou de « révolutionnaire au nom des principes traditionnels », dont une fois par un grave contre-sens (Bismarck s’opposait à l’annexion de l’Alsace – Lorraine comme il s’était opposé à l’annexion de la Silésie autrichienne), l’auteur ne mentionne jamais ce modèle de contre-révolutionnaire que fut le chancelier autrichien Metternich, père de la Sainte-Alliance.

Pierre de Meuse examine bien en revanche les recoupements possibles entre la Contre-révolution et certains courants du libéralisme ainsi qu’avec la démocratie chrétienne. Cette dernière procède du ralliement au monde moderne des catholiques sociaux à l’origine corporatistes. L’auteur rappelle que Joseph de Maistre soutenait le libre-échangisme commercial au contraire de Louis de Bonald plutôt favorable à un revenu universel minimum. Il mentionne aussi quelques tentatives plus ou moins maladroites de compromis entre une certaine Contre-révolution et des écoles libérales (les « Autrichiens » avec Hayek et von Mises, les « néo-marginalistes » de Léon Walras et de Vilfredo Pareto, voire les ordo-libéraux avec Wilhelm Röpke).

Cependant, ne gâchons pas notre plaisir de savourer un pareil ouvrage. Outre un « Tableau chronologique des œuvres contre-révolutionnaires », ce livre s’achève avec un « Bref dictionnaire biographique » de quelque cinquante-deux pages qui complète utilement l’ensemble des démonstrations. Fruit d’un travail considérable, cette étude mérite dès à présent de figurer en bonne place dans toutes les bibliothèques de France, de Navarre et d’ailleurs.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 147, mise en ligne sur TV Libertés, le 13 novembre 2019.

Tarte à la crème et superstition : « l’Etat de droit »

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Tarte à la crème et superstition: «l’Etat de droit»

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com

 

Sur les plateaux de télévision, journalistes de cour et politiciens, nous resservent, jusqu’à la nausée, l’expression « Etat de droit ». Il s’agit d’un concept frauduleux qui ne veut rien dire et dont ils seraient bien en peine de nous donner même l’orthographe.

Faut-il écrire en effet « Etat de droit », avec une majuscule, ou « état de droit », sans majuscule ? La question est bonne car si l’on parle « état de droit », on parle d’une situation comme dans « état d’urgence » ou « état de siège ». Mais si l’on parle « Etat de droit », on parle d’un « corps politique » comme dans « Etat souverain » ou « Etat démocratique ». C’est tout au-moins la définition de l’Académie française qui précise : « Ainsi écrit-on : Rousseau imagine le passage de l’état de nature à l’état de droit mais La République française est un État de droit ».

N’allons pas si vite !

Si l’on parle « état de droit », on parle donc d’une situation dans laquelle les individus sont en état de disposer de « droits », ou de faire valoir un droit. De ce point de vue, l’ancien régime organise un « état de droit » tout comme d’ailleurs l’Etat soviétique, ou même n’importe quel autre Etat, puisque tous accordent des droits à leurs ressortissants !  Il y a un droit d’ancien régime, un droit soviétique, un droit Khmer rouge ou un droit musulman, comme il y a un droit républicain. Les individus, quels que soient l’époque et le lieu, sauf s’ils sont esclaves (et encore !), évoluent le plus souvent dans un « état de droit ». Mais, bien sûr, sous peine de s’interdire de sublimer l’Etat républicain, ce n’est jamais avec une minuscule que journalistes de cour et politiciens appréhendent « l’Etat de droit ».

Il faut remonter à Rousseau pour comprendre comment le concept s’est progressivement doté d’une majuscule. Le philosophe décrit le passage de « l’état de nature » à « l’état civil ». Or, « l’état civil » dont il est question ici, l’Académie française le souligne, correspond effectivement à « l’état de droit ». L’état de nature correspond à une époque où les hommes, vivant isolés les uns des autres, disposaient de droits issus de leur nature (sic !). Ce sont les « droits naturels » : la liberté, le droit de posséder des biens, la sûreté, la résistance à l’oppression. L’état de droit correspond quant à lui au moment où les hommes isolés établissent un « Contrat » par lequel ils font société, en échange de quoi la société ainsi créée s’engage à protéger leurs anciens droits naturels. Cette « agrégation » (Rousseau) humaine forme ainsi une « république » centrée autour des droits naturels de l’Homme. La liberté naturelle, écrit Rousseau devient la liberté civile. Les possessions deviennent des propriétés. Bref, la vie des individus autrefois régit par leur nature (« état de nature ») est désormais régi par le droit (« état de droit »).

On sait que la République « française » se veut agrégation d’individus selon les termes d’un contrat social, ou pacte républicain. Or le contrat en question est constitutionnellement fondé sur les droits naturels de l’Homme, droits qu’énonce la Déclaration des droits de l’homme, Déclaration qui forme le préambule de la Constitution du régime et que les républicains ont judicieusement placé au sommet de la hiérarchie des normes. L’Etat républicain étant soumis à un droit supérieur à lui-même, qu’il ne peut violer (les droits naturels de l’Homme), on considère qu’il est une simple « personne morale » soumise au droit comme le sont les individus. Tour de passe-passe idéologique : il devient alors un « Etat de droit » !

Ainsi, de l’état de nature, on est passé  à l’état de droit (avec une minuscule). Puis de l’état de droit (avec une minuscule) on est passé à L’Etat de droit (avec une majuscule) ! Il s’agit d’une véritable escroquerie intellectuelle :

  • Les droits naturels n’existent pas. C’est une fable pour enfants. La nature ne concède pas plus de droits à l’homme qu’à la mouche ou au ver de terre. D’éternité, le seul droit naturel qui existe est le droit du plus fort. C’est triste, mais c’est ainsi.
  • L’état de nature n’existe pas davantage : les hommes ont toujours vécu en société, même aux temps simiesques ! Et comme toute société, même simiesque, concède des droits (et des devoirs) à ses membres, nous pouvons dire que les hommes ont toujours vécu dans un état de droit.
  • L’état de droit n’est donc pas plus lié au droit naturel qu’au Contrat social. C’est la situation des hommes qui vivent en société.
  • La prétendue soumission du régime aux lois d’une Transcendance absolue, qu’il a lui-même imaginé pour le servir et assurer sa pérennité, nonobstant l’hypocrisie de la construction, fait de ce régime un régime théocratique. C’est en effet la marque de tous les régimes théocratiques que de se soumettre à un droit supérieur à eux-mêmes. Sont-ils des Etats de droit d’un point de vue républicain ? L’Etat islamique (Daesch) se soumet à la Charia. Est-ce un Etat de droit ?    

Revenons sur ce dernier point car il exprime toute la duplicité du régime. Imaginez un régime qui refuse qu’on le remette en cause (Constitution, code pénal…) ; imaginez un régime qui fabriquerait une Transcendance (les droits naturels de l’Homme) qui le justifierait de ses lois ; imaginez un régime qui nommerait des prêtres (les juges) pour interpréter les lois des hommes selon leur conformité aux lois de la Transcendance ; imaginez que l’interprétation de ces haruspices conforte toujours la république universelle au détriment de la nation… et vous aurez une idée très claire de ce qu’est la république « française ».

L’idée que la république est un Etat de droit en raison de sa soumission à des règles révélées, relève d’une foi corrompue et d’une croyance délirante. La République n’est pas un Etat de droit. C’est un Etat morphothéocratique, qui ne se distingue en rien des Etats théocratiques que nous connaissons, si ce n’est qu’il a lui-même inventé un dieu sur mesure, pour servir ses intérêts sociopolitiques et réaliser une universalité fantasmée depuis 1789.

La République n’est pas un Etat de droit : c’est un droit d’Etat. Un droit d’Etat totalitaire qui produit un état de droit dans lequel seuls les individus abstraits sont reconnus, un droit d’Etat qui dissout les peuples et qui engendre des agrégats artificiels. 

Nous avons parlé des haruspices. Dans l’antiquité, ils ouvraient les entrailles des animaux pour connaître la volonté divine. Aujourd’hui, ce sont des Juges qui ouvrent les Tables de la Loi naturelle pour dire les volontés de la Transcendance. La comparaison s’arrête là, car même si les haruspices étaient consultés à Rome, ils n’avaient aucun pouvoir. Nos haruspices modernes, juges du Conseil d’Etat, membres du Conseil constitutionnel, magistrats… sont les gardiens républicains du dogme révélé et leurs sentences sont exécutoires. Pour le plus grand bien de la République, qui s’affranchit ainsi du peuple : voici venu le temps du « gouvernement des juges » !

Il ne faut donc pas se laisser enfermer dans la mythologie de l’Etat de droit. Accepter cette idée, c’est accepter la fable des « droits naturels », c’est accepter l’idée que ces « droits naturels » révélés et déifiés constituent une transcendance dont la République serait l’Eglise et les juges des prêtres. C’est surtout oublier que la République est pour notre peuple une tyrannie qui s’est imposée et perpétuée avec une violence inouïe et un droit aussi arbitraire que populicide.

Face à la superstition républicaine des droits naturels et aux croyances irrationnelles en l’Etat de droit, il nous faut donc affirmer que ce sont les peuples qui sont au sommet de la hiérarchie des normes, et non la religion des droits de l’Homme ! Autrement dit, si l’obscurantisme idolâtre la superstition bricolée, l’autochtonisme doit évoluer dans la lumière des peuples enracinés.

Antonin Campana