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lundi, 18 novembre 2019

Tarte à la crème et superstition : « l’Etat de droit »

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Tarte à la crème et superstition: «l’Etat de droit»

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com

 

Sur les plateaux de télévision, journalistes de cour et politiciens, nous resservent, jusqu’à la nausée, l’expression « Etat de droit ». Il s’agit d’un concept frauduleux qui ne veut rien dire et dont ils seraient bien en peine de nous donner même l’orthographe.

Faut-il écrire en effet « Etat de droit », avec une majuscule, ou « état de droit », sans majuscule ? La question est bonne car si l’on parle « état de droit », on parle d’une situation comme dans « état d’urgence » ou « état de siège ». Mais si l’on parle « Etat de droit », on parle d’un « corps politique » comme dans « Etat souverain » ou « Etat démocratique ». C’est tout au-moins la définition de l’Académie française qui précise : « Ainsi écrit-on : Rousseau imagine le passage de l’état de nature à l’état de droit mais La République française est un État de droit ».

N’allons pas si vite !

Si l’on parle « état de droit », on parle donc d’une situation dans laquelle les individus sont en état de disposer de « droits », ou de faire valoir un droit. De ce point de vue, l’ancien régime organise un « état de droit » tout comme d’ailleurs l’Etat soviétique, ou même n’importe quel autre Etat, puisque tous accordent des droits à leurs ressortissants !  Il y a un droit d’ancien régime, un droit soviétique, un droit Khmer rouge ou un droit musulman, comme il y a un droit républicain. Les individus, quels que soient l’époque et le lieu, sauf s’ils sont esclaves (et encore !), évoluent le plus souvent dans un « état de droit ». Mais, bien sûr, sous peine de s’interdire de sublimer l’Etat républicain, ce n’est jamais avec une minuscule que journalistes de cour et politiciens appréhendent « l’Etat de droit ».

Il faut remonter à Rousseau pour comprendre comment le concept s’est progressivement doté d’une majuscule. Le philosophe décrit le passage de « l’état de nature » à « l’état civil ». Or, « l’état civil » dont il est question ici, l’Académie française le souligne, correspond effectivement à « l’état de droit ». L’état de nature correspond à une époque où les hommes, vivant isolés les uns des autres, disposaient de droits issus de leur nature (sic !). Ce sont les « droits naturels » : la liberté, le droit de posséder des biens, la sûreté, la résistance à l’oppression. L’état de droit correspond quant à lui au moment où les hommes isolés établissent un « Contrat » par lequel ils font société, en échange de quoi la société ainsi créée s’engage à protéger leurs anciens droits naturels. Cette « agrégation » (Rousseau) humaine forme ainsi une « république » centrée autour des droits naturels de l’Homme. La liberté naturelle, écrit Rousseau devient la liberté civile. Les possessions deviennent des propriétés. Bref, la vie des individus autrefois régit par leur nature (« état de nature ») est désormais régi par le droit (« état de droit »).

On sait que la République « française » se veut agrégation d’individus selon les termes d’un contrat social, ou pacte républicain. Or le contrat en question est constitutionnellement fondé sur les droits naturels de l’Homme, droits qu’énonce la Déclaration des droits de l’homme, Déclaration qui forme le préambule de la Constitution du régime et que les républicains ont judicieusement placé au sommet de la hiérarchie des normes. L’Etat républicain étant soumis à un droit supérieur à lui-même, qu’il ne peut violer (les droits naturels de l’Homme), on considère qu’il est une simple « personne morale » soumise au droit comme le sont les individus. Tour de passe-passe idéologique : il devient alors un « Etat de droit » !

Ainsi, de l’état de nature, on est passé  à l’état de droit (avec une minuscule). Puis de l’état de droit (avec une minuscule) on est passé à L’Etat de droit (avec une majuscule) ! Il s’agit d’une véritable escroquerie intellectuelle :

  • Les droits naturels n’existent pas. C’est une fable pour enfants. La nature ne concède pas plus de droits à l’homme qu’à la mouche ou au ver de terre. D’éternité, le seul droit naturel qui existe est le droit du plus fort. C’est triste, mais c’est ainsi.
  • L’état de nature n’existe pas davantage : les hommes ont toujours vécu en société, même aux temps simiesques ! Et comme toute société, même simiesque, concède des droits (et des devoirs) à ses membres, nous pouvons dire que les hommes ont toujours vécu dans un état de droit.
  • L’état de droit n’est donc pas plus lié au droit naturel qu’au Contrat social. C’est la situation des hommes qui vivent en société.
  • La prétendue soumission du régime aux lois d’une Transcendance absolue, qu’il a lui-même imaginé pour le servir et assurer sa pérennité, nonobstant l’hypocrisie de la construction, fait de ce régime un régime théocratique. C’est en effet la marque de tous les régimes théocratiques que de se soumettre à un droit supérieur à eux-mêmes. Sont-ils des Etats de droit d’un point de vue républicain ? L’Etat islamique (Daesch) se soumet à la Charia. Est-ce un Etat de droit ?    

Revenons sur ce dernier point car il exprime toute la duplicité du régime. Imaginez un régime qui refuse qu’on le remette en cause (Constitution, code pénal…) ; imaginez un régime qui fabriquerait une Transcendance (les droits naturels de l’Homme) qui le justifierait de ses lois ; imaginez un régime qui nommerait des prêtres (les juges) pour interpréter les lois des hommes selon leur conformité aux lois de la Transcendance ; imaginez que l’interprétation de ces haruspices conforte toujours la république universelle au détriment de la nation… et vous aurez une idée très claire de ce qu’est la république « française ».

L’idée que la république est un Etat de droit en raison de sa soumission à des règles révélées, relève d’une foi corrompue et d’une croyance délirante. La République n’est pas un Etat de droit. C’est un Etat morphothéocratique, qui ne se distingue en rien des Etats théocratiques que nous connaissons, si ce n’est qu’il a lui-même inventé un dieu sur mesure, pour servir ses intérêts sociopolitiques et réaliser une universalité fantasmée depuis 1789.

La République n’est pas un Etat de droit : c’est un droit d’Etat. Un droit d’Etat totalitaire qui produit un état de droit dans lequel seuls les individus abstraits sont reconnus, un droit d’Etat qui dissout les peuples et qui engendre des agrégats artificiels. 

Nous avons parlé des haruspices. Dans l’antiquité, ils ouvraient les entrailles des animaux pour connaître la volonté divine. Aujourd’hui, ce sont des Juges qui ouvrent les Tables de la Loi naturelle pour dire les volontés de la Transcendance. La comparaison s’arrête là, car même si les haruspices étaient consultés à Rome, ils n’avaient aucun pouvoir. Nos haruspices modernes, juges du Conseil d’Etat, membres du Conseil constitutionnel, magistrats… sont les gardiens républicains du dogme révélé et leurs sentences sont exécutoires. Pour le plus grand bien de la République, qui s’affranchit ainsi du peuple : voici venu le temps du « gouvernement des juges » !

Il ne faut donc pas se laisser enfermer dans la mythologie de l’Etat de droit. Accepter cette idée, c’est accepter la fable des « droits naturels », c’est accepter l’idée que ces « droits naturels » révélés et déifiés constituent une transcendance dont la République serait l’Eglise et les juges des prêtres. C’est surtout oublier que la République est pour notre peuple une tyrannie qui s’est imposée et perpétuée avec une violence inouïe et un droit aussi arbitraire que populicide.

Face à la superstition républicaine des droits naturels et aux croyances irrationnelles en l’Etat de droit, il nous faut donc affirmer que ce sont les peuples qui sont au sommet de la hiérarchie des normes, et non la religion des droits de l’Homme ! Autrement dit, si l’obscurantisme idolâtre la superstition bricolée, l’autochtonisme doit évoluer dans la lumière des peuples enracinés.

Antonin Campana

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