par James Howard Kunstler
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
Après un printemps infernal et deux mois de séjour d’été forcé, les familles de tout le pays attendent avec impatience la réouverture très hasardeuse de l’année scolaire. Le virus Covid-19 a révélé des fissures structurelles dans la puissante forteresse de l’éducation publique. Certains campus restent fermés, ou sont seulement provisoirement, et partiellement, ouverts. Il est facile de voir où cela va nous mener.
J’ai reçu cette semaine une lettre d’un professeur de physique de lycée en Nouvelle-Angleterre – qui veut rester anonyme. Il écrit :
Avant d’aller plus loin, rappelez-vous le premier principe de notre longue urgence : tout ce qui est organisé à une échelle géante est appelé à échouer. Au cours de la poussée de croissance de l’après-guerre, nous avons regroupé toutes les écoles du pays en campus géants desservis par des flottes d’autobus jaunes réunissant des milliers d’enfants dans des bâtiments conçus pour ressembler à des usines d’insecticides. Et une fois ce projet terminé, qu’avons-nous obtenu ? Deux décennies de fusillades de masse dans les écoles. Je ne pense pas que nous ayons compris le bon message – à savoir que ce type d’école produit tellement d’ennui et d’anomie que certains enfants deviennent des meurtriers au moment où ils atteignent l’adolescence.
Le fait que cette condition reste méconnue, et certainement absente du débat public, en dit long sur la psychologie collective désastreuse qui a prévalu dans l’investissement précédent : après avoir mis en place ce système misérable à des coûts titanesques, nous ne pouvons même pas penser à le changer. Maintenant, comme d’habitude dans l’histoire de l’humanité, le processus se déroulera de manière urgente, tout seul, que cela nous plaise ou non, parce que les circonstances l’exigent.
Une autre question absente des médias d’information est ce qui se passe lorsque la baisse des recettes fiscales commence à atteindre les campus scolaires géants consolidés. Mon correspondant, professeur de physique en Nouvelle-Angleterre écrit :
Et ainsi, la «technologie» intervient pour sauver la situation : l’apprentissage à distance. Cela semblait être une bonne idée à l’époque, mais les conséquences imprévues sont assez sombres. Est-il réaliste de poster les petits enfants, disons de la 1ère à la 6ème année, devant des écrans d’ordinateur pendant six heures par jour ? J’en doute. Et maintenant que nous avons mis les choses en place pour que de nombreux ménages aient besoin du revenu des deux parents pour vivre, qui sera là pour superviser l’apprentissage à distance ? Personnellement, je doute que la majorité, même des lycéens, s’habitue à ce régime.
Qu’en est-il des nombreux ménages pauvres ? Les écoles peuvent leur distribuer des ordinateurs portables et des tablettes, mais que se passe-t-il s’il n’y a pas de service Internet à la maison ? Et si les parents sont analphabètes en informatique ? Et s’il y a plusieurs enfants et que le ménage est chaotique ? Telle est la véritable réalité dans laquelle de nombreuses mères célibataires bénéficient de l’aide publique. Dans l’état actuel des choses, les enfants réussissent déjà mal dans une école ordinaire.
Alors, il y a l’enseignement à domicile. Un parent achète un programme d’enseignement et le suit. Prenez votre respiration ! Combien de parents sont réellement équipés pour faire cela ? Et qui sont les parents – surtout les mères – qui restent à la maison avec les enfants au moins une demi-journée ? Je m’empresse d’ajouter que la prochaine étape de la scolarité en Amérique naîtra probablement hors des efforts de scolarisation à domicile, car des groupes, ou des familles, organisent de petites écoles ad hoc qui ressemblent par leur structure aux écoles à une seule pièce d’antan. Mais le chemin vers ce résultat sera probablement compliqué et difficile, et beaucoup d’enfants seront laissés pour compte. Eh alors ? Abraham Lincoln a réussi à avoir une éducation avec rien de plus qu’une Bible, un volume de Shakespeare et une pile de livres de droit.
Les collèges ont la tête si profondément dans le sable qu’on peut à peine voir dépasser les chevilles des responsables. C’est encore absolument pire en haut du tas. Par exemple, voici une lettre récemment envoyée à l’ensemble de la «communauté» d’étudiants, au personnel et aux professeurs de l’Université de Princeton par son président Christopher Eisgruber – lisez le tout ici. Une telle décharge puante de bigoteries racistes, lâches et malhonnêtes, n’a jamais été vue auparavant, ou à peine, même à Harvard, Yale et Brown, où l’insincérité coule comme le xérès Amontillado. Eisgruber écrit :
J’ai reçu cette semaine une lettre d’un professeur de physique de lycée en Nouvelle-Angleterre – qui veut rester anonyme. Il écrit :
«… Covid a signé la mort de l’éducation publique en Amérique … L’État n’arrive pas à décider si nous devrions faire du télétravail partout ou plutôt essayer un calendrier hybride étrange. Personne ne peut prendre de décision. Le syndicat a les boules. Il sait que la plupart des salles de classe sont mal ventilées et trop petites et ils n’imaginent qu’un scénario du type «bateau de croisière». Le travail à distance est horrible, mais c’est mieux que rien…»
Avant d’aller plus loin, rappelez-vous le premier principe de notre longue urgence : tout ce qui est organisé à une échelle géante est appelé à échouer. Au cours de la poussée de croissance de l’après-guerre, nous avons regroupé toutes les écoles du pays en campus géants desservis par des flottes d’autobus jaunes réunissant des milliers d’enfants dans des bâtiments conçus pour ressembler à des usines d’insecticides. Et une fois ce projet terminé, qu’avons-nous obtenu ? Deux décennies de fusillades de masse dans les écoles. Je ne pense pas que nous ayons compris le bon message – à savoir que ce type d’école produit tellement d’ennui et d’anomie que certains enfants deviennent des meurtriers au moment où ils atteignent l’adolescence.
Le fait que cette condition reste méconnue, et certainement absente du débat public, en dit long sur la psychologie collective désastreuse qui a prévalu dans l’investissement précédent : après avoir mis en place ce système misérable à des coûts titanesques, nous ne pouvons même pas penser à le changer. Maintenant, comme d’habitude dans l’histoire de l’humanité, le processus se déroulera de manière urgente, tout seul, que cela nous plaise ou non, parce que les circonstances l’exigent.
Une autre question absente des médias d’information est ce qui se passe lorsque la baisse des recettes fiscales commence à atteindre les campus scolaires géants consolidés. Mon correspondant, professeur de physique en Nouvelle-Angleterre écrit :
«Les finances des écoles sont en mode complètement inversé. Chuchotée dans les couloirs avant chaque comité d’école et dans chaque salle du conseil municipal, il y a la formidable réalité que la TVA et la taxe foncière sont en baisse de 25 à 30%. La peur est palpable…. Il me semble que l’Éducation publique, telle que nous le connaissons actuellement sera de l’histoire ancienne dans environ quatre ans. C’est une grande institution. Il lui faudra quelques années pour imploser complètement, mais pas une décennie. Il ne reste plus d’argent pour la faire fonctionner telle qu’elle est.»
Et ainsi, la «technologie» intervient pour sauver la situation : l’apprentissage à distance. Cela semblait être une bonne idée à l’époque, mais les conséquences imprévues sont assez sombres. Est-il réaliste de poster les petits enfants, disons de la 1ère à la 6ème année, devant des écrans d’ordinateur pendant six heures par jour ? J’en doute. Et maintenant que nous avons mis les choses en place pour que de nombreux ménages aient besoin du revenu des deux parents pour vivre, qui sera là pour superviser l’apprentissage à distance ? Personnellement, je doute que la majorité, même des lycéens, s’habitue à ce régime.
Qu’en est-il des nombreux ménages pauvres ? Les écoles peuvent leur distribuer des ordinateurs portables et des tablettes, mais que se passe-t-il s’il n’y a pas de service Internet à la maison ? Et si les parents sont analphabètes en informatique ? Et s’il y a plusieurs enfants et que le ménage est chaotique ? Telle est la véritable réalité dans laquelle de nombreuses mères célibataires bénéficient de l’aide publique. Dans l’état actuel des choses, les enfants réussissent déjà mal dans une école ordinaire.
Alors, il y a l’enseignement à domicile. Un parent achète un programme d’enseignement et le suit. Prenez votre respiration ! Combien de parents sont réellement équipés pour faire cela ? Et qui sont les parents – surtout les mères – qui restent à la maison avec les enfants au moins une demi-journée ? Je m’empresse d’ajouter que la prochaine étape de la scolarité en Amérique naîtra probablement hors des efforts de scolarisation à domicile, car des groupes, ou des familles, organisent de petites écoles ad hoc qui ressemblent par leur structure aux écoles à une seule pièce d’antan. Mais le chemin vers ce résultat sera probablement compliqué et difficile, et beaucoup d’enfants seront laissés pour compte. Eh alors ? Abraham Lincoln a réussi à avoir une éducation avec rien de plus qu’une Bible, un volume de Shakespeare et une pile de livres de droit.
Les collèges ont la tête si profondément dans le sable qu’on peut à peine voir dépasser les chevilles des responsables. C’est encore absolument pire en haut du tas. Par exemple, voici une lettre récemment envoyée à l’ensemble de la «communauté» d’étudiants, au personnel et aux professeurs de l’Université de Princeton par son président Christopher Eisgruber – lisez le tout ici. Une telle décharge puante de bigoteries racistes, lâches et malhonnêtes, n’a jamais été vue auparavant, ou à peine, même à Harvard, Yale et Brown, où l’insincérité coule comme le xérès Amontillado. Eisgruber écrit :
«Nous devons nous demander comment Princeton peut lutter contre le racisme systémique dans le monde. »
La grandiosité c’est vraiment quelque chose, le mot – inexistant – attendait justement que Princeton l’invente, et maintenant le moment est venu ! Et, bien sûr, comme si des croisades donquichottesques contre les gremlins politiques sauveraient Princeton.
J’ai des nouvelles pour vous : les collèges et les universités s’effondrent et pas simplement parce que Covid-19 a interrompu leurs business plans. Plutôt, à cause de la malhonnêteté prodigieuse et grossière dans laquelle est tombée l’éducation supérieure. Le racket autour des prêts universitaires était déjà assez grave, mais le racket intellectuel autour de faux domaines d’études, la persécution contre les crimes de la pensée et une hystérie sexuelle épique a déshonoré la mission même de l’enseignement supérieur, l’a transformé en quelque chose de pas mieux qu’un culte malade, et a infecté le reste de la culture en essaimant dans de nombreuses institutions et entreprises commerciales, avec des diplômés sectaires, déterminés à soumettre l’ensemble de la société américaine à une session de lutte maoïste sans fin – [genre Révocul, NdT].
Si l’apprentissage à distance est fait pour vous, suivez cinq cours en ligne gratuits par semestre à la Khan Academy et ne consacrez plus de soixante-dix ans d’économie à une université de l’Ivy League pour à peu près exactement la même chose. À l’heure actuelle, les écoles sont en pleine effervescence alors que les étudiants se présentent, commencent à faire la fête – ou se réunissent simplement en petits groupes sociaux – et qu’est-ce-que vous croyez, tout se déroule comme dans un bateau de croisière. C’est ce qui s’est passé cette semaine à SUNY Oneonta and Indiana University. Plus à venir, j’en suis sûr.
Finalement,voyez vous, des milliers de collèges et d’universités à travers le pays fermeront ou du moins réduiront considérablement leurs effectifs – si les maoïstes ne les incendient pas après les élections. Le destin de nombreux jeunes aujourd’hui ne réside pas dans les couloirs sacrés de Google, Microsoft et Goldman Sachs, mais plutôt dans les champs et les pâturages des régions fertiles du pays où la nourriture doit être cultivée pour une population en déclin. Chutttt !!! Ne leur dis pas ça. Ils vont juste avoir une autre crise de colère, te crier dessus et t’annuler. Mais le monde évolue comme il évolue, et c’est probablement par là que ça ira.
James Howard Kunstler
Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone
J’ai des nouvelles pour vous : les collèges et les universités s’effondrent et pas simplement parce que Covid-19 a interrompu leurs business plans. Plutôt, à cause de la malhonnêteté prodigieuse et grossière dans laquelle est tombée l’éducation supérieure. Le racket autour des prêts universitaires était déjà assez grave, mais le racket intellectuel autour de faux domaines d’études, la persécution contre les crimes de la pensée et une hystérie sexuelle épique a déshonoré la mission même de l’enseignement supérieur, l’a transformé en quelque chose de pas mieux qu’un culte malade, et a infecté le reste de la culture en essaimant dans de nombreuses institutions et entreprises commerciales, avec des diplômés sectaires, déterminés à soumettre l’ensemble de la société américaine à une session de lutte maoïste sans fin – [genre Révocul, NdT].
Si l’apprentissage à distance est fait pour vous, suivez cinq cours en ligne gratuits par semestre à la Khan Academy et ne consacrez plus de soixante-dix ans d’économie à une université de l’Ivy League pour à peu près exactement la même chose. À l’heure actuelle, les écoles sont en pleine effervescence alors que les étudiants se présentent, commencent à faire la fête – ou se réunissent simplement en petits groupes sociaux – et qu’est-ce-que vous croyez, tout se déroule comme dans un bateau de croisière. C’est ce qui s’est passé cette semaine à SUNY Oneonta and Indiana University. Plus à venir, j’en suis sûr.
Finalement,voyez vous, des milliers de collèges et d’universités à travers le pays fermeront ou du moins réduiront considérablement leurs effectifs – si les maoïstes ne les incendient pas après les élections. Le destin de nombreux jeunes aujourd’hui ne réside pas dans les couloirs sacrés de Google, Microsoft et Goldman Sachs, mais plutôt dans les champs et les pâturages des régions fertiles du pays où la nourriture doit être cultivée pour une population en déclin. Chutttt !!! Ne leur dis pas ça. Ils vont juste avoir une autre crise de colère, te crier dessus et t’annuler. Mais le monde évolue comme il évolue, et c’est probablement par là que ça ira.
James Howard Kunstler
Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone
Les commentaires sont fermés.