Le 4 mars 1981, un jeune mouvement nationaliste, républicain et indépendantiste, le Vlaams Blok (VB), ouvrait sa première permanence à Anvers. Le même jour, quarante ans plus tard, l’une de ses figures historiques, François « Francis » Van den Eynde, rejoint depuis la commune d’Alost le vol des oies sauvages. C’est d’ailleurs sous sa direction que chantaient en français, en néerlandais et en allemand autour du Soleil de Pierre invités et participants à la dernière soirée solennelle des universités d’été annuelles du GRECE Les Oies sauvages.
Né à Bruxelles le 1er avril 1946, Francis étudie les sciences humaines, puis travaille dans une compagnie d’assurances. Favorable à l’autodétermination de la Flandre, il s’engage très tôt à la Volksunie ainsi que dans des formations plus radicales telles que Were Di et Voorpost. L’approbation du pacte d’Egmont en 1977 par la Volksunie l’indigne. Il la quitte et milite bientôt au Parti populaire flamand (VVP). Le VVP forme en 1978 avec le Parti national flamand un cartel électoral prometteur : le Vlaams Blok.
Francis anime le VB à Gand. Il siège au conseil communal de la ville de 1988 à 2012. Élu au conseil flamand entre 1991 et 1995, il entre dès 1991 à la Chambre des représentants du Parlement fédéral belge en tant qu’élu de la Flandre orientale. De 1999 à 2001, il en est même l’un des vice-présidents. Il en démissionne, suite à sa participation – « sacrilège » pour les médiats régimistes – à une réunion de vétérans flamands du front de l’Est. Il conserve néanmoins son mandat parlementaire jusqu’en 2010.
Francis regrette qu’en changeant de nom sur les injonctions menaçantes et scandaleuses de la « justice » belge en 2004, le nouveau Vlaams Belang abandonne le solidarisme, se modère sur l’immigration et s’affadit. De plus en plus critique envers la ligne politique défendue par les instances dirigeantes, il est suspendu dès mars 2011. Il en est exclu le 27 juin suivant. À l’occasion des élections communales en 2012, il apporte un soutien public à la NVA (Nouvelle Alliance flamande).
Fier d’être Flamand et d’appartenir au monde néerlandophone qui englobe par-delà la Flandre et Bruxelles, les Pays-Bas et la nation afrikaner en Afrique australe, Francis s’affiche en Européen convaincu. Il défend à travers la réunification de l’Irlande, la cause flamande et l’émancipation de la Padanie une Europe identitaire des régions ethniques. Il participe chaque année dans la décennie 1990 aux universités d’été du GRECE en Provence. Passant aussi bien du néerlandais au français et à l’anglais, Francis s’impose au sein de l’assistance tant par sa culture, son sens de la répartie, son humour ravageur que par sa carrure massive.
Quand le brouhaha devient trop grand pendant les séances des questions des groupes de travail adressées aux conférenciers, Francis n’hésite pas à lancer tel un étudiant médiéval un tonitruant « Silentium triplex ! ». Désigné par la haute-maîtrise de l’université estivale « maître des chœurs et de la chorale », il tente bon an mal an de créer l’unisson, une gigantesque tâche pour une courte semaine fort active.
Francis Van den Eynde restera l’exemple du responsable politique affable et proche des militants de base. En lui brûlait la belle flamme de la cause des peuples d’Europe. Le mouvement flamand peut se féliciter de l’avoir compté parmi les siens.
Georges Feltin-Tracol.
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