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vendredi, 15 septembre 2023

Feniks : positions et stratégie métapolitique

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Feniks : positions et stratégie métapolitique

Sacha Vliegen

L'idée de créer le groupe de combat métapolitique Feniks a émergé en pleine crise du co ron avirus. La confusion qui régnait chez tous allait au-delà d'une simple histoire de virus, de masques buccaux ou, plus tard, des fameux vaccins à ARNm. Ce qui nous est apparu clairement après plusieurs moments passés entre quelques amis, c'est qu'un grand débat social était occulté. Quel contrôle pouvait-on donner à l'homme et à la société ? Peut-être que cela n'a pas laissé grand monde indifférent. Cependant, la dystopie, pour l'instant éphémère, dans laquelle nous étions entrés ne nous a pas entièrement surpris. La bonne nouvelle, c'est que lorsque l'on commence à s'interroger ou que l'on a une intuition sur la société, on peut aussi commencer à réfléchir. Cette intuition est toujours un point de départ, mais pour nous, ce n'est pas un point où débute une frustration ou un désespoir sans fin. 

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Avant que vous ne pensiez que nous avons supposé une intrigue bien conçue dans la cave d'un certain Klaus, je vais vous décevoir quelque part. Le terreau social d'une société artificielle dans laquelle les méthodes des sciences naturelles seraient utilisées, et abusées, au cours de la quatrième révolution industrielle était prévisible depuis un certain temps. C'est cette question qui nous a préoccupé en premier lieu. Je cite :

"Comte distingue trois étapes dans le développement de l'existence humaine: la religion, la métaphysique et la science. Le stade de la science en est aujourd'hui à ses débuts. Le but est une sociologie développée par les méthodes de la science naturelle en une théorie générale de l'homme et de ses relations humaines". Je répète : "Le but est une sociologie développée par les méthodes des sciences naturelles en une théorie générale de l'homme et de ses relations humaines". C'est jusqu'à présent la description la plus parfaite de la grande réinitialisation que j'ai trouvée. Elle est pourtant tirée d'un ouvrage de 1925 de celui que je considère comme le plus grand philosophe depuis l'Antiquité classique, Martin Heidegger. 

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Les tentatives d'organiser une société en fonction d'images idéales abstraites, qui se veulent souvent nobles à l'origine, ne sont pas du tout nouvelles et ne peuvent certainement pas être considérées indépendamment d'autres thèmes qui méritent notre attention. L'identité, les normes éthiques et morales, la migration et l'intégration, et même notre politique étrangère et notre modèle économique sont une conséquence de la généalogie et de l'ontologie de notre pensée. En bref, l'ontologie est la science de l'être. La connaissance ou la science de l'"être", une enquête sur ce qui "est" ou "existe". C'est peut-être la partie la plus difficile du manifeste, mais ne vous inquiétez pas, nous avons essayé de la formuler de manière très compréhensible. 

Quoi qu'il en soit, ce qui n'est pas nouveau non plus, ce sont les conséquences catastrophiques lorsqu'une élite politique tente de s'accrocher au pouvoir alors que son système social ne fonctionne plus. Nous obtenons des politiciens du pouvoir pour le pouvoir, certains plus nuisibles que d'autres, qui aujourd'hui sont principalement engagés dans une campagne de marketing permanente. Essayer de construire un récit sociologique à partir des faibles fondations de la philosophie moderne et des Lumières est voué à l'échec. D'une manière ou d'une autre, cela conduira à une frustration profonde parmi les personnes qui, avec ou sans fondement, sentent intuitivement que des principes tels que la "liberté", la "tolérance" et la "justice" sont depuis longtemps devenus des concepts érodés. 

"Un système de société capitaliste a besoin à la base - Karl Marx l'avait déjà vu - d'une révolution culturelle permanente, pour faire exploser les habitudes et les traditions toujours en formation qui s'opposent à l'accumulation illimitée de capital", a-t-il déclaré. Ce n'était donc qu'une question de temps avant que l'avant-gardisme culturel de gauche et le progressisme capitaliste ne se rencontrent (...). La conséquence finale de ce développement est le capitalisme éveillé. Il s'agit ici d'un amalgame final entre la pensée de la nouvelle gauche et les désirs d'un marché mondial. Un produit constant de cette osmose est la vision d'un être humain désincarné, sans histoire, sans origine, sans sexe, sans corps matériel même."

Alexander Grau

À part donner occasionnellement des coups de pied aux tibias de toute l'élite politique, où se situe notre tâche, et plus particulièrement celle de Feniks ? Fournir un contrepoids, même si c'est à une échelle limitée. "Si nous enseignons aux étudiants la possibilité de faits différents basés sur des ontologies alternatives, ils peuvent alors s'engager dans des discussions moins stériles, sur la seule bonne voie, et plutôt explorer et comprendre différentes visions du monde à travers les cultures, et même interroger leur propre ontologie pour évaluer les domaines qui résonnent ou non avec leurs intuitions".

C'est cette mission, et elle suit un mouvement de réflexion vers l'intérieur, qui va à l'encontre du temps trépidant de l'an 2023, que Feniks traite comme un projet formatif avant tout, sur le modèle de la "paideia" de Platon. 

Nous le ferons à partir de l'analyse révélée dans notre premier manifeste: Essais contre le récit du globalisme. Nous y abordons de nombreux thèmes parce qu'ils peuvent être reliés horizontalement. Chaque essai peut être le point de départ d'un débat ou d'une exploration plus approfondie.

Pour nous, les questions identitaires sont indissociables du contexte géopolitique. C'est une chose de constater que, à juste titre, les migrations de masse ont des conséquences le plus souvent négatives pour la population, mais c'en est une autre de ne pas vouloir voir le contexte international, voire de considérer les migrants comme un groupe coupable. Par ailleurs, il est impossible de dissocier le contexte géopolitique de la vision que nous avons (surtout en Occident) du passage du temps et de la société. Les croyances au progrès du siècle des Lumières nous amènent souvent à croire à l'illusion que les autres cultures sont proverbialement "derrière" l'Occident et que le monde entier veut, a besoin et suivra notre propre moralité. 

L'influence de la pensée unipolaire qui a régné en maître après la chute du mur, l'optimisme du progrès, l'exploitation capitaliste sont autant de conséquences du déracinement et de l'oubli de l'homme occidental. Personnellement, je suis sceptique sur le fait que ce problème sera "résolu" à court terme, ou résolu en votant pour le parti x ou y. Bien qu'il soit inutile de dire que je suis moi-même en faveur d'un changement politique fondamental. Nous devrons le faire nous-mêmes, à partir de la base. Feniks se veut une étape intermédiaire vers quelques grands penseurs d'un spectre illibéral plus large. Les premières critiques à l'égard de notre manifeste seront peut-être que nous citons principalement ces philosophes antilibéraux. Vous pouvez toujours trouver une excuse politique pour ne pas lire un grand philosophe. "Aristote soutenait l'esclavage". "Platon était proto-communiste". "L'universalisme de Kant est colonialiste". "Hegel a inspiré Marx". En réalité, la plupart des accusateurs s'épargnent commodément la peine de réfléchir à quoi que ce soit.

Le plus grand défi, cependant, est d'amener les gens à comprendre à l'avance l'intérêt de la philosophie. D'une part, la philosophie est le savoir le plus élevé, au service d'aucun autre savoir. Par avance, elle ne peut donc pas "servir" la politique, mais elle peut la transcender. Pour éviter de s'enliser dans l'éternelle inimitié et la pensée qui se réduit à un "entre-nous".

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Nous avons pris trois penseurs dans ce manifeste comme fondements: Nietzsche, Spengler et Heidegger. Pourquoi ces trois penseurs ? 

Nietzsche a montré que la démocratie libérale se transformerait en nivellement social et que cela créerait à son tour une culture de masse, une mentalité de troupeau et une atomisation. Il a lancé une attaque sans précédent contre la tradition métaphysique et ontologique depuis Platon.

Ce que Spengler nous a inculqué, c'est une méthode comparative d'étude de l'histoire et d'examen de l'ascension et de la chute d'une société dans le cadre d'un processus cyclique, par opposition à la vision téléologique d'un processus linéaire. Il indique aussi clairement que nous devons veiller à ne pas comparer ou mélanger les cultures et les civilisations, et encore moins à considérer le monde entier comme une seule civilisation ou une seule culture. 

Heidegger, quant à lui, a placé la fin de la métaphysique occidentale dans un contexte historique approprié, montrant, d'une manière peut-être difficile à saisir, que le sujet humain a des limites à la création du monde qu'il projette à l'extérieur de lui-même. Comme personne d'autre, il a fait une critique correcte et profonde de la modernité et nous a avertis que dans notre attitude envers le monde que nous utilisons et conceptualisons uniquement de manière instrumentale, il y avait un risque que nous-mêmes, en tant qu'êtres humains, soyons également utilisés de manière instrumentale comme une réserve utile pour les objectifs d'autrui.  

Ensemble, ils ont apporté une philosophie de l'interconnexion, de la diversité authentique et de l'ouverture. Une ouverture qui va au-delà des manifestations d'un objet, au-delà du calcul et du rationnel. Cela contraste avec l'idéologie dominante en Occident aujourd'hui, celle du déracinement, de la monoculture et de l'étroitesse d'esprit.

20:14 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : feniks, flandre, métapolitique | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 18 mai 2023

Entretien avec le groupe Feniks/Flandre : contre-mouvement et collectif métapolitique - Contre le narratif du mondialisme

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Entretien avec le groupe Feniks/Flandre : contre-mouvement et collectif métapolitique

Contre le narratif du mondialisme

Par Nick Krekelbergh

Quiconque ouvre régulièrement un journal ou parcourt l'internet a peut-être remarqué qu'une nouvelle étoile brillait depuis peu au firmament du conservatisme et du nationalisme en Flandre. Feniks est un nouveau groupe d'action et un collectif métapolitique qui s'adresse principalement aux jeunes. Il est frappant de constater que les fondements théoriques y occupent une place centrale. Mais le groupe se fait aussi régulièrement entendre par le biais de manifestations et de campagnes dans les médias sociaux. Ce faisant, le groupement ne se concentre pas tant sur les thèmes nationalistes flamands habituels, qui se résument généralement à une synthèse des luttes identitaires et institutionnelles, mais plutôt sur ce qu'il considère comme des développements sociaux plus profonds et plus fondamentaux. Pas d'actions autour de la périphérie flamande de la région bruxelloise ou contre l'islamisation, mais des soirées de formation sur lap pensée de Spengler et des manifestations contre l'introduction des pass sanitaires et de l'euro. Après plusieurs manifestations réussies, la publication d'un manifeste volumineux constitué d'"essais contre le narratif du mondialisme" est désormais à l'ordre du jour. TeKoS s'est entretenu avec Sacha Vliegen, l'un des initiateurs de Feniks.

TeKoS : Depuis quelques années, dans la rue et sur les médias sociaux (et parfois dans les médias grand public), nous avons pu faire la connaissance d'un nouveau groupe catalogué au sein de la droite conservatrice : Feniks. Pouvez-vous nous présenter brièvement Feniks ? Comment Feniks a-t-il vu le jour ? Pourquoi le besoin d'ajouter une nouvelle association au paysage nationaliste flamand ou à celui de la droite conservatrice ?

SV : Le riche paysage conservateur et nationaliste flamand actuel compte plusieurs organisations qui s'occupent principalement du domaine identitaire et, dans une moindre mesure, du domaine politico-institutionnel. Ces thèmes n'ont certainement pas perdu de leur pertinence, mais ces dernières années, d'autres thèmes ont également été mis en avant. Nous pensons à la pandémie du coronavirus, qui semble maintenant bel et bien derrière nous, au cours de laquelle les sciences se sont alliées à la pensée de l'ingénierie sociale et ont ébranlé toute la société de manière inattendue. En outre, nous assistons à la résurgence de la géopolitique, qui s'est également installée dans les préoccupations de nos contemporains depuis le printemps arabe de la décennie précédente. En raison de l'accent mis principalement sur la politique intérieure flamande et belge, ces thèmes essentiels ont souvent échappé à d'autres organisations que la nôtre. D'un point de vue structurel, Feniks établit également un lien étroit entre le contenu propement intellectuel et idéologique (nous pensons simplement aux conférences et aux entretiens en ligne, aux blogs, à la publication d'un manifeste) et les campagnes grand public. Au cours de la première année et demie de notre existence, l'accent a été mis sur les manifestations de ce que l'on appelle le "contre-mouvement", un nom collectif pour les différentes organisations qui ont vu le jour en réponse aux mesures prises lors de la pandémie.

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TeKoS : Feniks s'est révélé pour la première fois au monde extérieur lors des manifestations contre le confinement en novembre 2021. En effet, le premier événement de l'initiative Samen Voor Vrijheid, une organisation baldaquin, pluraliste, à laquelle Feniks a apporté son soutien logistique, a attiré 35.000 personnes. Pouvez-vous nous expliquer brièvement comment vous vous êtes impliqué dans cette initiative et pourquoi cette question est si importante pour Feniks ?

SV : La réaction officielle de l'Etat à l'émergence du coronavirus a eu un impact indéniable sur la société. Les réactions telles que le confinement général, les fermetures de sites où s'exprimait la convivialité sociale, et l'introduction du CST (Covid Safe Ticket) ont été imposées par une peur irrationnelle, attisée par des médias sensationnalistes, et ont aussi parfaitement montré à quel point l'élite politique est convaincue de l'existence d'une forme d'ingénierie sociale. Une technocratie a remplacé la primauté de la politique et les aspects sociaux de la vie humaine ont été négligés. Pour nous, cela reflétait à quel point une société peut être dystopique entre les mains d'une élite, pour laquelle les êtres humains sont réduits à "survivre" en tant qu'individus, mais qui ne sont plus considérés dans leurs connexions naturelles avec leurs communautés. Alors que nous venions tout juste de nous réunir pour former Feniks, nous avons uni nos forces à celles d'un certain nombre d'organisations pour descendre collectivement dans la rue pour protester contre le CST qui venait d'être introduit. Depuis lors, le nom collectif de "contre-mouvement" a émergé compte tenu des différentes perspectives émanant de toutes les associations qui se sont réunies à l'époque. Ce qui a été organiquement mis en place en très peu de temps constitue, pour le dire avec prudence, un jalon manifeste dans l'histoire récente.

TeKoS : Outre l'activisme de rue et les campagnes sur les médias sociaux, Feniks accorde également beaucoup d'attention aux fondements théoriques de son idéologie conservatrice. Cela va au-delà de la simple organisation de soirées de formation. Un manifeste est en cours d'élaboration. Il ne s'agit pas seulement d'une liste énonçant quelques points de désaccord avec d'autres instances ou organisations. Il s'agit d'une vaste collection d'essais philosophiques fondamentaux contre "le narratif du mondialisme", qui aborde divers thèmes tels que l'identité, l'économie, la migration, la géopolitique, la spiritualité, ... Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ? Comment ce manifeste a-t-il vu le jour ?

SV : Ce corpus doctrinal était déjà présent à l'origine juste avant la création de Feniks. Il y a tellement de thèmes différents qui se rejoignent lorsqu'il s'agit d'un système social, qu'en les réduisant à un seul thème, on s'obscurcit la vue. Par exemple, ceux qui évoquent principalement les migrations, qui sont un thème important, ne peuvent pas porter leurs regards au-delà et percevoir les causes géopolitiques. Celui qui parle d'identité doit aussi prendre en compte la phase du capitalisme dans laquelle nous sommes et l'impact qu'elle a sur notre vie quotidienne.

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TeKoS : Bon nombre d'essais couvrent le domaine de la géopolitique. Surtout aujourd'hui, avec la guerre en Ukraine en toile de fond, c'est un sujet délicat. Alexander Douguine et sa Quatrième théorie politique (y compris le modèle de la multipolarité) sont également abordés. Comment voyez-vous l'avenir de l'Europe et son rôle dans le monde ?

SV : Nous craignons nous-mêmes une Europe qui se soumet servilement à ce que dictent les Etats-Unis. Notre espoir réside dans une Europe souveraine qui poursuit ses propres intérêts et les aborde de manière réaliste. Pour les États-Unis, par exemple, les migrations provoquées par le printemps arabe ou par la guerre en Ukraine n'ont pas un impact aussi important que pour l'Europe. Pourtant, l'Europe suit docilement les États-Unis. Notre espoir est de larguer les États-Unis, tant sur le plan géopolitique que culturel, en tant que première civilisation du monde. Cette primauté ne correspond plus à la réalité, ou du moins, nous vivons une phase de transition. Douguine est un philosophe extrêmement intéressant, qui tend un bon miroir à ce qui s'est passé en Occident au cours des trente dernières années (en particulier après la chute du mur): la transition de la démocratie libérale à la société postmoderne. Cela ne veut pas dire que nous sommes entièrement d'accord avec Douguine. Douguine nous décrit ce qui se passe au sein de la civilisation russe (ou du moins d'une partie de celle-ci). La société multipolaire est de fait devenue une réalité après le 24 février 2022. Cependant, elle apparaissait déjà en gestation évidente après la guerre en Syrie (ou contre la Syrie). La civilisation occidentale a atteint ses limites. Par exemple, nous partageons avec Douguine, mais pas seulement avec lui (pensez à Samuel Huntington), l'idée que la civilisation occidentale ne continuera pas à se développer universellement. Nous pensons qu'il existe différentes civilisations qui partageront le pouvoir au niveau international, politiquement, militairement, économiquement et culturellement. La manière irréfléchie dont l'OTAN et l'UE ont cherché à s'étendre s'est traduite par une réponse militaire misérable. C'est ce qui nous différencie de Douguine, par exemple: nous envisageons la situation d'un point de vue européen et souhaitons avant tout que les armes se taisent le plus rapidement possible. Cela peut encore être possible si nous osons, en tant qu'Europe, fixer une limite à la volonté d'expansion de l'OTAN et de l'UE en échange de la souveraineté nationale des pays d'Europe de l'Est limitrophes de la Russie. Les hommes politiques européens suivent cependant la voie opposée.

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TeKoS : Chez Feniks, ce sont surtout les jeunes qui sont actifs, semble-t-il. Les jeunes générations sont parfois blâmées pour la volatilité, le manque d'engagement et de concentration par les générations plus âgées. Est-il facile de les mobiliser sur un projet aussi substantiel que Feniks ? Cela nécessite-t-il une stratégie de mobilisation et de communication adaptée ?

SV : C'est en effet un défi, en contradiction avec l'esprit du temps. C'est délibérément que nous ne visons pas les masses en soi. Les actions à l'extérieur servent à montrer les positions spécifiques que nous défendons ou auxquelles nous sommes opposés, la formation réelle est principalement une question interne, parfois individuelle, et ne s'adresse donc pas à tout le monde. La prise en compte de sujets substantiels est souvent très demandée aujourd'hui, dans un monde où l'on est constamment stimulé par de courts clips de trente secondes ou des messages publicitaires. Il y a donc des conférences en ligne, qui sont aussi parfois mises en ligne pour le grand public, ainsi qu'un canal de formation interne via Telegram (une application de médias sociaux) et des formations individuelles. Ces dernières me rappellent le regretté Francis Van den Eynde qui, à l'époque, prenait personnellement le temps de philosopher avec de jeunes étudiants, parfois pendant plusieurs heures de suite lors d'un après-midi.

TeKoS : Il y a aussi beaucoup de citations philosophiques et idéologiques partagées sur les médias sociaux. Heidegger, Spengler et Nietschze, par exemple, sont souvent cités. Si vous pouviez citer trois penseurs qui ont eu une influence fondamentale sur Feniks, quels seraient-ils ?

SV : Trois, c'est difficile parce que ce serait encore trop limité. Oswald Spengler, Heidegger, De Benoist, Douguine, Johan Gotfried von Herder et Diego Fusaro, si nous pouvons aller jusqu'à six, cela fait deux fois trois. Ils peuvent probablement tous être qualifiés de "penseurs controversés" mais leurs idées sont étroitement liées. Par conséquent, aucun d'entre eux n'est décisif dans tous les domaines. Il y a donc suffisamment de thèmes pour continuer à donner des conférences et des interviews pendant plusieurs années encore.

TeKoS : Le "marxisme culturel" n'existe pas en réalité, comme l'affirme le manifeste de Feniks, ou du moins il n'est pas ce grand moteur des évolutions sociales que certains penseurs, blogueurs et journalistes conservateurs ont cru y reconnaître il y a quelques années. Pourriez-vous nous en dire un peu plus ? Qu'est-ce que c'est ? Et quel a été le rôle de l'école de Francfort et de la génération de Mai 68 dans cette évolution ?

SV : La théorie critique, par exemple, joue un rôle très important dans notre réflexion. Alors que de nombreux faiseurs d'opinion conservateurs se concentrent sur le contexte marxiste, ils oublient souvent que les Frankfurter eux-mêmes qualifiaient Karl Marx et ses idées de réactionnaires. En outre, le terme "marxisme culturel" crée une confusion avec le socialisme ou le communisme tel que nous les connaissions à l'époque soviétique. Les communistes soviétiques et les soi-disant marxistes culturels n'en seraient peut-être pas très heureux. Nous n'allons pas nier l'infusion de Marx et de la théorie freudienne dans les idées de l'école de Francfort, ni l'impact essentiellement négatif de ce corpus sur la civilisation occidentale, avec les aberrations de la culture woke et de la cancel culture. Il est important de reconnaître également, d'un point de vue métapolitique, que ces "marxistes culturels" se sont concentrés sur le sujet individuel, de manière encore plus radicale que les libéraux classiques. Nous pouvons donc - et nous l'expliquons plus en détail dans notre manifeste - considérer le "marxisme culturel" comme un enfant du libéralisme. L'ancienne gauche radicale a donc complètement vendu son âme au capitalisme. La phrase de Clay Routledge, reprise dans Tekos 188, résume bien la situation : "Nous vivons à l'ère du woke capitalism, où les entreprises prétendent se préoccuper de justice sociale pour vendre des produits à des gens qui prétendent détester le capitalisme".

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Le n°189 de TeKoS, où est paru la version originale du présent entretien avec Sacha Vliegen.

TeKoS : Feniks accorde également de l'attention aux penseurs de gauche (Sahra Wagenknecht, Hannah Arendt, Diego Fusaro) dans son manifeste, et explique même que la Frankfurter Schule n'était pas sans mérite. Les collaborations concrètes avec des organisations dissidentes, plus à gauche, ne sont pas non plus rejetées. La droite commence-t-elle à sortir tranquillement de sa "stérilité anticommuniste", comme le rappelle Alain de Benoist dans les notes deson journal, récemment publiées ?

SV : Personnellement, je ne considère pas Hannah Arendt comme un penseur de gauche, mais dans tous les cas, l'intégration d'autres perspectives est essentielle si vous voulez poursuivre une théorie globale et être un véritable groupe anti-système. Prenez l'immigration, par exemple. La force motrice qui la sous-tend est d'origine capitaliste. Par conséquent, quiconque critique l'immigration doit également critiquer le capitalisme et vice versa. Quelqu'un comme Diego Fusaro, par exemple, le reconnaît et s'inscrit donc moins dans un cadre purement gauchiste tel que nous le verrions en 2023. La plupart des personnes appartenant à la gauche politique pourraient considérer Fusaro comme étant d'extrême droite en raison de ses opinions sur la souveraineté nationale uniquement. Même les premiers Frankfurter ont formulé des critiques intéressantes sur le capitalisme et la massification de l'homme (par exemple, l'influence de l'industrie du divertissement). Dommage que la gauche ait oublié ces critiques.

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TeKoS : "Nouvelle droite" est un terme qui revient sans cesse dans les médias, où il est utilisé par toutes sortes de journalistes, de "spécialistes" et d'universitaires pour désigner à peu près tout ce qui évolue dans le sillage du Mouvement flamand contemporain et de la droite conservatrice. Considérez-vous Feniks comme une émanation de la "Nouvelle Droite" et quelle influence la Nouvelle Droite, en tant qu'école de pensée historique, a-t-elle eue sur vous ?

SV : L'influence est indéniablement très forte. Francis Van den Eynde (auteur et éditeur de TeKoS pendant de nombreuses années, ndlr) a été mon père spirituel et politique pendant mes années d'études, et ma contribution personnelle au manifeste lui est d'ailleurs dédiée. Pour nous, Robert Steuckers est également un compagnon et une encyclopédie ambulante, et ses travaux sur l'Europe et la géopolitique sont également importants dans notre manifeste. La Nouvelle Droite ne peut pas tout englober: comme nous l'avons déjà dit, il y a plusieurs penseurs qui ont apporté des contributions importantes qui ne s'inscrivent pas tout à fait dans le cadre de la Nouvelle Droite.

TeKoS : Un thème sur lequel Feniks est remarquablement silencieux, même dans son manifeste, est celui de la Flandre, de l'indépendance flamande et des Pays-Bas. C'est plutôt atypique pour un mouvement de droite conservatrice du sud des Pays-Bas. Est-ce une décision délibérée de se concentrer sur d'autres thèmes ?

SV : Laissons de côté la question institutionnelle pour l'instant. Il s'agit également d'un thème juridique très important qui s'inscrit moins dans un cadre philosophique. Néanmoins, il y a eu une nette tendance dans ce sens ces dernières années, malheureusement peut-être. Par ailleurs, dans l'Union européenne actuelle, il sera très difficile, voire impossible, de créer de nouveaux États souverains. Cela est douloureusement clair depuis l'affaire de la Catalogne. Nous devrons donc nous détacher politiquement et institutionnellement de l'enchevêtrement de l'UE avant de pouvoir parler d'une Flandre ou de Pays-Bas "indépendants".

TeKoS : Activisme de rue, médias sociaux, multimédia, théorisation et formation. Votre champ de vision est large, les moyens sont vastes et les objectifs semblent ambitieux. Comment envisagez-vous l'année à venir et comment Feniks entend-il continuer à marquer de son empreinte le paysage métapolitique et la société civile ?

SV : L'ambition ne manque pas. Le 5 février a déjà eu lieu une manifestation sur le thème "Towards €xit", qui désigne une attitude critique à l'égard de l'Union européenne. Le pouvoir politico-institutionnel se niche largement dans les institutions européennes, bien davantage qu'au niveau national. C'était un premier pas en termes d'actions. En outre, notre manifeste sera bientôt publié et nous le présenterons lors d'un congrès. D'ailleurs, nous organiserons une première fête de la mi-hiver cet automne, et nous espérons pouvoir continuer à le faire chaque année. En ce qui concerne les conférences, nous avons déjà interviewé au début de l'année David Engels sur l'avenir de l'Europe et Robert Steuckers sur les conflits actuels en Europe. À plus long terme, la formation d'une nouvelle génération est un projet en cours, que nous avons l'intention de poursuivre dans l'esprit de feu Francis Van den Eynde.

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Le Manifeste de Feniks porte le sous-titre "Essais contre le narratif du mondialisme" et peut être lu comme une analyse du système mondial avec des contributions fondamentales et réfléchies sur des sujets tels que l'identité, l'immigration, l'idéologie, l'économie, la géopolitique et la culture, à la fois dans leurs dimensions actuelles et historiques. Les lecteurs qui souhaitent acheter un exemplaire en prévente peuvent contacter info.feniksvlaanderen@gmail.com.

mercredi, 03 mai 2023

Manifeste du Groupe Feniks (Flandre): Pourquoi ai-je contribué à ce travail?

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Le manifeste du groupe Feniks en Flandre sera bientôt disponible!

Pourquoi ai-je contribué à ce travail?

Sacha Vliegen

Pour la plupart des gens, et c'est ma propre expérience qui le dit, l'opposition de "droite" est synonyme de populisme à bon marché sans trop manifester de substance. Se plaindre quotidiennement de l'immigration sans avoir une véritable vision alternative du monde. Personnellement, c'est la dernière raison pour laquelle j'arrive à être "à droite" dans la plupart des domaines.

Deuxièmement, ce travail est aussi une critique solide mais constructive de la droite. L'identitaire met trop l'accent sur un récit anti-migrants. La transmission de l'identité mérite une attention plus profonde que la simple aversion pour les migrants eux-mêmes. Il est nécessaire d'aborder des contextes plus larges, même si ce ne sont pas nécessairement les thèmes par lesquels on marque des points aux élections (c'est la raison pour laquelle la politique des partis n'ose pas anticiper en ces domaines).

La géopolitique et la philosophie, ainsi qu'un anticapitalisme économique, doivent également et principalement innerver une lutte politique nationale.

J'espère sincèrement que ce livre en choquera plus d'un et qu'il incitera les gens à réfléchir davantage à tous ces thèmes.

* * *

Notre premier manifeste est maintenant disponible en pré-vente!

Le livre compte 272 pages et est écrit de manière didactique, ne vous laissez donc pas décourager par la complexité apparente des disciplines qui y sont traitées.. Le prix du livre est de 30 euros, mais il n'est que de 25 euros en prévente. 

Vous pouvez le commander en cliquant sur le lien suivant : https://feniksvlaanderen.be/product/104855

vendredi, 03 février 2023

Qu'en est-il de nos oeuvres d'art pillées par les Français entre1794 et 1814 ?

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Qu'en est-il de nos oeuvres d'art pillées par les Français entre 1794 et 1814?

par Jan Huijbrechts       

Source: https://palnws.be/2023/02/wat-met-de-franse-roofkunst/

Vous ne pouviez vraiment pas manquer le coche ces derniers mois. Qu'il s'agisse d'objets d'art volés au Congo pendant la période coloniale ou du livre très médiatisé du journaliste d'investigation Geert Sels sur les œuvres d'art pillées par les nazis... Le thèmes des oeuvres d'art pillées au cours de l'histoire est à la mode... Il est donc quelque peu étrange qu'entre-temps, un silence assourdissant se soit abattu sur les oeuvres qui ont été pillées dans nos régions par des occupants étrangers au cours des siècles. Cela s'est produit à une échelle sans précédent et de manière systématique pendant l'occupation française (1794-1814).

Dans le sillage des armées françaises, trois commissions pénètrent dans nos régions immédiatement après la bataille de Fleurus (26 juin 1794) pour recueillir "tous les monuments, toutes les richesses, toutes les connaissances concernant les Arts et les Sciences, pour en enrichir la République". Ils ont été dirigés par le marchand d'art parisien Lebrun - un grand connaisseur de la peinture baroque flamande - qui s'est lui-même inspiré du guide de voyage culturel Voyage Pittoresque de la Flandre et du Brabant publié par Jean-Baptiste Descamps en 1769. Avec ce guide à la main, les membres du comité, dont l'architecte et peintre renommé Charles de Wailly et l'illustrateur Pierre-Jacques Tinet, ont parcouru villes et campagnes à la recherche de précieux butins. Selon le rapport de Tinet, il a confisqué lui-même 73 œuvres d'art. Mais cela ne s'est pas arrêté là.

Le vol d'artefacts dans nos régions reste malheureusement encore trop souvent sous le radar

La commission dans laquelle siégeaient les peintres Jacques-Luc Barbier et Antoine Léger a encore aggravé la situation. Ils ont commencé leur mission à Anvers le 31 juillet 1794. Là, ils ont saisi une cinquantaine de tableaux en à peine une semaine. De là, ils se sont rendus à Malines, Lierre, Bruxelles, Louvain, Alost, Gand et Bruges, entre autres, où ils ont volé une quarantaine d'autres œuvres. Les œuvres d'art pillées ont été rassemblées à Bruxelles d'où, entre septembre 1794 et février 1795, pas moins de sept transports sont partis pour "la douce France" .....

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Quelques-unes des oeuvres d'art pillées, jamais restituées et entreposées dans des musées dont les direction pratique le recel.

Louvre

La plupart de ces œuvres ont fini au Louvre. Un "Jugement dernier" de Jacob Jordaens, deux toiles de Frans Francken et une "Crucifixion" de Caspar de Craeyer y sont encore accrochés aujourd'hui. Mais on trouve aussi des œuvres pillées ailleurs en France. La "Vision de Dominique" de Pieter Paul Rubens, par exemple, est exposée au Musée des Beaux Arts de Lyon. Une autre de ses œuvres se trouve à Lille. La "pêche miraculeuse", un autre chef-d'œuvre de Caspar de Craeyer, est également accrochée à Lille, tandis que le "Saint Sébastien" de Wenceslas Co(e)bergher, qui avait été volé dans la cathédrale Notre-Dame d'Anvers, se trouve désormais au Musée des Beaux Arts de Nancy. Un Antoon Van Dyck est accroché à Caen, et pour admirer un bel Otto Venius, il faut aller à Bordeaux.

Les troupes françaises ont d'ailleurs appliqué plus tard la même recette en Italie et en Égypte, par exemple, dont l'obélisque de Louxor sur la place de la Concorde à Paris est un témoignage durable. Alors que le pillage d'œuvres d'art en Italie et en Égypte a fait et fait encore l'objet d'une attention mondiale, le vol d'objets d'art dans nos régions est malheureusement encore trop souvent resté et demeure sous le radar. Une petite partie des œuvres d'art et des artefacts pillés ont été récupérés par Guillaume Ier après la chute de l'empire napoléonien en 1815, mais après cela, les choses sont devenues bien calmes dans ce dossier.

Pas de commission de suivi

Ce n'est qu'en 2015 que la secrétaire d'État de l'époque, Elke Sleurs, a fait dresser par l'Institut royal du patrimoine culturel un inventaire des 188 œuvres d'art pillées. Après une enquête juridique exploratoire, - malheureusement - aucune autre mesure n'a été prise, par exemple la création d'une commission de suivi. Apparemment, cela a été considéré comme un point final au niveau fédéral, alors qu'en fait, cela devrait être le point de départ d'un large débat sur la restitution de nos oeuvres d'art volées par les Français. Pour le député flamand Filip Brusselmans, qui suit ce dossier depuis son entrée en fonction, la coupe est désormais pleine. Il y a quelques jours, le Vlaams Belang a soumis une proposition de résolution, tant au Parlement flamand qu'à la Chambre des représentants, demandant la création d'une commission chargée d'obtenir la restitution de ces oeuvres d'art spoliées par le biais d'une consultation bilatérale avec la France.

Après tout, la restitution est une option viable. En 1993, Mitterrand, alors président de la République, a restitué à la Corée du Sud un précieux manuscrit confisqué et ayant appartenu aux archives royales de Corée lors d'une expédition punitive française en 1867. En novembre 2018, suite à la publication d'une étude virulente de l'historienne d'art Bénédicte Savoy et de l'auteur sénégalais Felwine Sarr, l'État français a annoncé sa volonté de restituer le patrimoine culturel africain spolié, y compris au Bénin. En d'autres termes, rien n'empêche le retour des œuvres d'art pillées dans nos régions également

samedi, 28 janvier 2023

Des universitaires flamands et néerlandais lancent une ligne d'assistance contre "l'activisme woke"

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Des universitaires flamands et néerlandais lancent une ligne d'assistance contre "l'activisme woke"

par Wannes Neukermans          

Source: https://palnws.be/2023/01/vlaamse-en-nederlandse-academici-starten-meldpunt-tegen-toegenomen-woke-activisme/

Un groupe d'universitaires flamands et néerlandais lance une ligne d'assistance téléphonique baptisée "Hypatia" afin de dénoncer les incidents liés à cette volonté rabique d'étouffement du réel, typique du mouvement woke. Les fondateurs disent qu'ils traiteront les plaintes concernant "la prolifération de l'activisme woke et de la cancel culture" au sein des universités et des instituts de recherche. "Vous voulez signaler un incident de type woke? Ou vous avez une autre question ou un commentaire? Vous pouvez le faire ici: https://www.hypatia-academia.be/ )", peut-on lire sur leur site web. Entre autres, Mark Elchardus, Matthias Storme et Paul Cliteur font partie des huit membres principaux d'Hypatia.

Les principaux membres d'Hypatia se décrivent comme "un groupe indépendant d'universitaires préoccupés par la menace que représentent l'activisme woke et la cancel culture pour la liberté académique et la liberté d'expression". Ils se disent préoccupés par l'augmentation des critiques à l'égard des déclarations, des opinions et des propos d'universitaires et par les conséquences qui en découlent. Ils font notamment référence à l'incident impliquant les deux employés de l'université d'Anvers (UAntwerp). Les universitaires Astrid Elbers et Leo Neels ont critiqué les actions de leur recteur Herman Van Goethem à l'époque où ces deux employés ont été harcelés et injustement sanctionnés et ont mis en place une pétition pour que les deux hommes retrouvent leurs postes de travail. Maintenant, ils co-parrainent la ligne d'assistance.

Liberté

Pour protéger la liberté académique et la liberté d'expression, les membres fondateurs d'Hypatia veulent "s'efforcer de respecter des critères académiques et donc non idéologiques lors de l'évaluation des dossiers du personnel, des publications scientifiques et des thèses" et "sauvegarder la présomption d'innocence envers les étudiants et le personnel, y compris en cas d'accusations de racisme et de discrimination".

Si la menace qui pèse sur ces libertés peut venir de plusieurs côtés, les universitaires se concentreront principalement sur les menées de type "woke" et sur la "cancel culture". "Dans les pays démocratiques, les universitaires sont parfois intimidés, notamment par le biais des médias sociaux, par les partisans de mouvements extrêmes. Cependant, la cancel culture et la woke attitude sont des menaces qui viennent de l'intérieur même du monde universitaire. En outre, ce sont les menaces les plus sérieuses", raisonnent les universitaires.

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Cancel Culture

La "Cancel culture" désigne le phénomène des personnes qui sont boycottées, licenciées... après avoir été critiquées l'espace public - souvent via les médias sociaux. Cela se produit souvent après qu'ils aient exprimé des opinions, des points de vue ou parfois même des faits qui ne sont pas conformes à la "pensée unique" et qui peuvent être considérés comme offensants ou discriminatoires par certaines personnes. Souvent, après une tempête médiatique, les clients, les employeurs ou les annonceurs sont poussés à rompre toute coopération avec la personne en question.

"Woke" est un terme qui désigne le fait d'être conscient de toutes sortes de faux problèmes (tel le racisme, telles la marotte LGBT ou la discrimination imaginaire, tel l'environnement...). Aujourd'hui, il est souvent décrit comme une forme exagérée du politiquement correct et est associé à la cancel culture.

Les huit membres principaux d'Hypatia sont le Dr Astrid Elbers (Université d'Anvers), le prof. ém. dr Leo Neels (Université d'Anvers), le prof. ém. dr Boudewijn Bouckaert (Université de Gand), le prof. ém. dr Paul Cliteur (Université de Leiden), le prof. Dr Matthias Storme (KU Leuven et Universiteit Antwerpen), prof Dimitri Aerden (Vrije Universiteit Brussel), em. prof Mark Elchardus (Vrije Universiteit Brussel) et prof Marc Cools (Universiteit Gent).

jeudi, 19 janvier 2023

Le port d'Anvers aux mains des narcos. Et l'État belge capitule

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Le port d'Anvers aux mains des narcos. Et l'État belge capitule

Marco Valle

Source: https://insideover.ilgiornale.it/societa/il-porto-danversa-nelle-mani-dei-narcos-e-lo-stato-belga-si-arrende.html?fbclid=IwAR15sL6mgZcgCTt-ESoTA9tS-AxLQTw-ih6Xh9KlQ_B5z7L1_-MqfmMYFVU

"Anvers capitale du crime comme le Medellin d'Escobar ou le Chicago d'Al Capone". "Une ville sans loi, une guerre sans fin pour la drogue". C'est ainsi que la presse belge titre ces jours-ci après le meurtre d'une fillette de 11 ans, tuée lors d'une fusillade à Merksem, l'un des quartiers chauds de la métropole belge. La victime a été mortellement blessée lors de l'attaque de son domicile par une bande rivale du clan auquel elle appartenait par malchance. Il s'agissait d'un véritable règlement de comptes entre gangs: deux des oncles de la jeune fille sont considérés comme des membres importants de la Mocro Mafia, une organisation criminelle marocaine spécialisée dans le trafic de drogue et solidement implantée entre la Belgique et les Pays-Bas.

Un crime, le énième, qui a convaincu le bourgmestre Bart De Wever - président du parti de droite N-VA (Nouvelle Alliance flamande) allié en Europe au groupe conservateur-réformiste de Giorgia Meloni - de demander au gouvernement de Bruxelles l'envoi immédiat de l'armée pour garder le port sur l'Escaut.

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La porte d'entrée de la drogue en Europe

Rien que le port. Le contrôle du troisième plus grand complexe maritime d'Europe est la véritable cible des organisations de trafic de drogue de toutes les couleurs et nationalités. Par les portes grandes ouvertes de ce gigantesque entrepôt passent chaque année d'énormes quantités de cocaïne en provenance d'Amérique du Sud, notamment de Colombie et du Panama. Un trafic lucratif: en 2022, les douaniers belges ont saisi 110 tonnes de cocaïne (23 % de plus que l'année précédente) pour une valeur estimée à environ 5 milliards d'euros. Rien de plus qu'une goutte dans l'océan.  Selon des sources policières, les drogues saisies ne représentent que 10% du mouvement total. Les calculs sont donc vite faits. Anvers est maintenant devenu la porte d'entrée des drogues dans l'Union européenne et celui qui contrôle son port contrôle le marché continental. D'où l'escalade de la violence qui traverse toute la ville depuis au moins une décennie.

En plus d'exiger l'arrivée de soldats, le maire exaspéré a demandé une convocation d'urgence du Conseil national de sécurité, l'organe fédéral chargé des urgences et composé des principaux ministres et des chefs des forces armées, de la police et des services secrets. Une proposition, compte tenu de la situation, qui est absolument raisonnable et nécessaire, et pourtant le gouvernement dirigé par le libéral Alexander de Croo préfère passer sous silence ce sujet épineux. Aucune réunion du Conseil n'est prévue et aucun militaire ne sera mobilisé. "L'armée n'est pas préparée à ces tâches", a déclaré la ministre socialiste de la Défense Ludivine Dedonder. Tout au plus, les mesures de sécurité du port, actuellement très banales, seront renforcées en plaçant des drones, des scanners et des robots le long des quais et aux entrées. Zéro renforcement.

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Une attitude renonciatrice et scandaleuse, mais conforme à la traditionnelle modestie - comme on l'a déjà vu au moment des attentats islamiques de Bruxelles - de la politique belge en matière de sécurité et d'ordre public. Pourtant, l'urgence est dramatiquement réelle. En décembre dernier, l'enlèvement par un gang du ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne a été déjoué au dernier moment. Ces jours-ci et pour les mêmes raisons, son ancien collègue néerlandais Ferdinand Grapperhaus a été placé sous haute protection. Pourtant, en dehors des phrases de circonstance, rien ne semble bouger.

Alors que les criminels deviennent de plus en plus audacieux et dangereux, l'État préfère ne pas voir, ne pas agir. Par paresse, par peur, par un tolérantisme contradictoire et malsain qui a épuisé les ressources de la police et des services de renseignements. Il y a un manque de volonté, un manque de courage. Le juge Michel Claise, le magistrat qui dirige aujourd'hui l'enquête sur le "Qatargate" et qui a combattu le crime organisé dans la solitude pendant des années, n'a plus de doutes. Il a déclaré au journal La Dernière Heure qu'il était convaincu que "les narcotrafiquants ont acquis un sentiment d'impunité totale parce qu'il n'y a pas de réaction adéquate de la part des autorités politiques, de la police et du système judiciaire". Les mafias remercient ce laxisme et, pendant ce temps, elles prospèrent et tuent.     

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samedi, 10 décembre 2022

Stupéfiante offensive sur les plats pays

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Stupéfiante offensive sur les plats pays

par Georges FELTIN-TRACOL

En septembre dernier, une patrouille de la police belge interpellait quatre individus louches qui rôdaient autour du domicile privé du ministre fédéral belge de la Justice, Vincent Van Quickenborne. Leur intention visait à l’enlever ou à ravir l’un de ses proches. Courant octobre, la princesse héritière des Pays-Bas, Catharina-Amalia d’Orange-Nassau, se voit contrainte de délaisser son appartement d’étudiante à Amsterdam et de retourner vivre au palais royal parental bien mieux protégé. Quant au Premier ministre néerlandais Mark Rutte, il ne se déplace plus seul en vélo. Ces trois exemples montrent que la Belgique et les Pays-Bas entrent dans une « guerre moléculaire » larvée due à la montée en puissance sur notre continent des organisations de la drogue.

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Utilisant pleinement les méfaits de la mondialisation marchande et le transport maritime par porte-conteneur, des groupes criminels belges et néerlandais tels la Mocro Maffia coopèrent avec les bandes organisées d’Amérique latine. Premiers ports d’Europe par le tonnage embarqué ou débarqué, Anvers et Rotterdam constituent les portes d’entrée idéales pour le trafic de drogue en Europe où, à la différence de l’Amérique du Nord au marché saturé, existe une forte demande pour cause de déchéance spirituelle totale. Le port français du Havre en Normandie bénéficie lui aussi de cette activité illégale fort lucrative, mais dans des proportions moindres. La zone portuaire d’Anvers s’étend sur 500 km², soit environ cinq fois la surface de Paris. Les rues de ce vaste complexe ne sont pas répertoriées, ni cartographiées, ni indiquées par satellite. Selon les dockers et des délinquants repentis, il est assez facile de livrer une grosse cargaison de drogue sans se faire remarquer.

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Des reportages récents témoignent de l’inquiétante situation des ports de la Mer du Nord. Les trafiquants incitent les dockers à travailler pour eux, en les menaçant parfois. Les pressions sont terribles, d’autant que les organisations criminelles n’hésitent pas à tuer. Elles ont déjà assassiné en juillet 2021 le journaliste Peter Rudolf de Vries (photo) qui enquêtait sur leurs trafics. Auparavant, le 26 juin 2018, un attentat à la voiture bélier était commis contre le siège du journal De Telegraaf. Outre les journalistes trop curieux, ces nouvelles mafias transnationales visent d’autres groupes concurrents. Fusillades en pleine rue, jets de grenade, explosions à la bombe, exécutions sommaires rythment le quotidien de la cité flamande en proie à une insécurité grandissante.

Si les Pays-Bas et la Belgique ne sont pas encore des États en déshérence bien qu’il faille soupçonner l’insistance des nouvelles mafias auprès des principales formations politiciennes, ces deux pays entrent dans une phase chronique de violences publiques croissantes qui s’apparente à la situation chaotique de la Colombie dans les années 1980 – 1990 quand le gouvernement de Bogota affrontait le célèbre et redoutable cartel de Medellin de Pablo Escobar.

En dépit des saisies record de cargaisons illicites et le démantèlement répété des réseaux, police et justice, victimes des coupes budgétaires décidées au nom de l’ultra-libéralisme maastrichtien, n’endiguent plus le phénomène. Le déploiement de l’armée dans l’aire portuaire serait une possibilité que les autorités belges refusent pour l’heure d’envisager par crainte de favoriser encore plus le vote « populiste »… Le bourgmestre d’Anvers, le national-centriste indépendantiste Bart De Wever, chef de la NVA (Nouvelle Alliance flamande), critique la faible réactivité des gouvernement régional et fédéral qui lui sont hostiles. La hausse de la délinquance en Flandre, y compris à la campagne où se multiplient les points de deal, profiterait en priorité d’après les sondages au Vlaams Belang.

Par pruderie droit-de-l’hommiste, les reportages ne mentionnent pas la conjonction de deux phénomènes qui bouleversent en profondeur la physionomie générale de la Flandre belge et des Pays-Bas. Ces deux plats pays paient aujourd’hui cinquante ans d’immigration extra-européenne voulue et encouragée. Les dirigeants des bandes mafieuses ont des origines allogènes. Vit en Belgique et aux Pays-Bas une importante diaspora marocaine dont les meneurs proviennent de la région septentrionale du Rif, historiquement rétive à Rabat. Le dimanche 27 novembre 2022, les Bruxellois ont peut-être compris qu’un grand remplacement démographique s’effectuait avec les émeutes provoquées par des Marocains heureux de célébrer la victoire au Qatar dans le cadre de la Coupe du monde de balle au pied de leur équipe sur la Belgique (2 – 0).

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Divisée en plusieurs clans, plus ou moins puissants et souvent rivaux, la Mocro Maffia ne forme toutefois pas un ensemble cohérent puisque les conflits tribaux de là-bas se cumulent aux contentieux « commerciaux » d’ici et maintenant. Divers accords se nouent au Surinam, l’ancienne Guyane néerlandaise, ainsi qu’avec des États africains en déclin en passe de devenir des narco-États.

Le second facteur concerne bien sûr la légalisation de la toxicomanie aux Pays-Bas à partir de 1976. La liberté laxiste de fumer un pétard sans se préoccuper d’ailleurs du bilan carbone émis à cette occasion n’entraîne pas la fin des réseaux, mais au contraire les renforce. Quant à la demande, loin de diminuer, elle augmente dans toutes les classes d’âge. Le 10 août 2022, une trentaine de sénateurs PS publiait dans Le Monde une tribune libre en faveur de la dépénalisation du cannabis en avançant des motifs les plus grotesques les uns que les autres. Honte à ces parlementaires fourriers de la décadence ! Parmi les signataires pour qui il serait plus grave de ne pas porter de masque que de fumer un joint, il y a l’actuelle vice-présidente du Sénat et élue de l’Oise, Laurence Rossignol, déplorable ministresse de la Famille de 2016 à 2017 sous Flamby, qui soutient par ailleurs la pénalisation de pauvres clients de braves prostituées alors qu’ils ne font que satisfaire un impératif naturel légitime, ce qui n’est pas le cas pour la drogue ! Dans Causeur de novembre 2022, le libertarien français Laurent Obertone prône lui aussi la légalisation de la fumette dans une perspective néo-darwiniste sociale assez aberrante.

Il importe non seulement de briser les réseaux de trafic de drogue en s’attaquant aux producteurs, aux distributeurs, aux transporteurs et aux guetteurs. Il faut aussi se montrer impitoyable envers les consommateurs. Plutôt que de les envoyer en prison, les plus aisés verraient leur fiscalité augmentée de 200 %. En cas d’insolvabilité, ils effectueraient pour une durée renouvelable de six à dix-huit mois une cure de désintoxication virile dans des chantiers du peuple en plein air.

Oui, il est probable que ces propos soient considérés dans quelques années comme « toxicophobes » et punissables par une future loi liberticide. Longtemps, la toxicophobie a signifié la crainte de l’empoisonnement. De nos jours, les milieux crasseux, jamais en retard dans l’abjection catagogique, parlent de « discriminations toxicophobes », à savoir un sentiment négatif que ressent une personne vis à vis la toxicomanie et les drogués. Cette détestation engendrerait chez les toxicomanes un sentiment d’humiliation incroyablement tenace. Pauvres choux ! Ainsi le voisinage devrait-il accepter de bon gré l’ouverture de dix salles de shoot dans sa rue près de l’école maternelle. La vieille dame devrait pour sa part donner sur le champ son sac et sa maigre pension au premier junkie venu. Les fumeurs de crack du cloaque parisien de Stalingrad devraient incarner la forme idéale de l’humanité. Pas sûr que ce discours satisfasse des riverains, découragés, fatigués et excédés…

L’ombre pesante de la « narco-guerre » plane sur toute l’Europe occidentale. Le recours aux drogues contribue à l’ethnocide en cours des Albo-Européens. La réponse, draconienne, doit être militaire et implacable. On n’est plus au temps des expériences élitistes relatées par Charles Baudelaire, Gérard de Nerval, Alexandre Dumas, Théophile Gautier ou Eugène Delacroix ou même par Ernst Jünger dans Approches, drogues et ivresse (1970). La massification des drogues et leur démocratisation posent un évident problème social et sanitaire, psychologique et philosophique, économique, politique et géostratégique. L’indispensable salut public exigera par conséquent une ambitieuse politique de la « Grande Santé » physique et mentale résumé par cet adage fondamental, esthétique, altier, hygiénique et intemporel d’« un esprit sain dans un corps sain ».   

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 54, mise en ligne le 6 décembre 2022 sur Radio Méridien Zéro.

mercredi, 31 août 2022

Comment la presse a abordé l'arrêt de la Cour suprême des États-Unis

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Comment la presse a abordé l'arrêt de la Cour suprême des États-Unis

Jan Sergooris

Quelle: Knooppunt Delta Vzw - Nieuwsbrief Nr 171 - Augustus 2022

Le 24 juin 2022, la Cour suprême des États-Unis a annulé l'arrêt "Roe versus Wade". La loi de 1973 avait statué que l'avortement était un droit garanti par la Constitution.

Cette décision a provoqué des réactions hystériques dans les médias, semblables à celles rapportées par la presse occidentale il y a quelques mois sur le projet de loi en Hongrie qui stipulait que l'éducation sexuelle des enfants relevait de la responsabilité des parents et du système éducatif et ne devait pas être à la merci des ONG de défense des femmes. Cette loi a été qualifiée à tort dans les médias de "loi anti-gay". Et une fois encore, ce sont principalement les opposants à la décision de la Cour suprême que l'on a entendus dans les médias crier leur indignation face à "l'interdiction" de l'avortement. En réalité, l'arrêt de la plus haute juridiction, l'arrêt Dobbs, n'abolit pas du tout l'avortement, mais la Cour suprême décide que, contrairement à ce qui a été décidé en 1973, ce n'est pas à elle de décider de la question, mais aux États. C'est le parlement (= le législatif) des différents États qui doit décider.

Les commentaires des faiseurs d'opinion et la couverture médiatique de cette question ont été très instructifs. Je fais référence à l'autoproclamé "journal flamand de qualité", De Standaard, et à son journaliste Ruud Goossens, représentant de l'establishment gaucho-libéral, dans son commentaire hebdomadaire du samedi intitulé "Onder de waterlijn" (= "Sous la ligne de flottaison"). Dans 2 articles, Goossens a commenté l'(in)dépendance des tribunaux dans l'UE et aux Etats-Unis. Le sujet de son commentaire du 18/6/2022 ("Une sortie hors de la conscience européenne") était la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), la cour du Conseil de l'Europe: dans cet article, il défendait l'indépendance de la CEDH. Il y fait référence au récent livre de Mark Elchardus et critique en particulier la vision qu'a Elchardus de la Cour des droits de l'homme. Selon Elchardus, la Cour des droits de l'homme empêche "le peuple" - comme il sied à tout postmoderne, il met "le peuple" entre parenthèses pour montrer qu'il ne s'agit que d'une relique du passé - de prendre des décisions souveraines. Il s'agit d'un sujet d'actualité puisque la grande majorité des citoyens européens sont fortement opposés à la politique d'ouverture des frontières imposée par l'UE. Le journaliste du Standaard juge inacceptable la proposition d'Elchardus de permettre au Parlement d'annuler les décisions judiciaires. Selon Goossens, cela ouvrirait la porte à la "dictature de la majorité" (!).

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Le Prof. Mark Elchardus.

Dans "Onder de waterlijn", deux semaines plus tard (2/7/2022), Goosens commente l'arrêt de la Cour suprême américaine, mais en puisant dans un tout autre tonneau (idéologique). Le titre de son article d'opinion "Une prise de pouvoir par neuf juges" était révélateur. Avec son arrêt, la Cour suprême des États-Unis s'inscrirait dans une longue tradition conservatrice, qui trahirait un parti pris idéologique. Mais soudain, il a trouvé l'opinion de la majorité des citoyens très pertinente. Après tout, il a fait référence à une récente étude Gallup qui devait montrer que seulement 1/4 des Américains font confiance à la plus haute juridiction.

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Dans cette analyse plus approfondie, Goossens indique qu'au cours des années 1960 et 1970, les républicains ont eu du mal à remporter les élections législatives et se sont donc tournés vers la Cour suprême afin d'exercer une influence politique. Cela posait problème car, selon le journaliste, les Républicains défendaient des idées qu'une majorité de la population rejetait. Lorsque la Cour européenne des droits de l'homme prend des positions contraires aux souhaits de la majorité, la "terreur de la majorité" s'installe, mais aux États-Unis, la Cour suprême doit refléter les souhaits de la majorité de la population. On peut se demander si ce n'est pas précisément le mouvement Pro-Life qui défend une minorité vulnérable (la vie à naître) contre la "terreur de la majorité" ? Vive la démocratie légale, mais seulement si elle entre dans notre moule idéologique. Si vous pouvez comprendre, comprenez !

Selon Goossens, ce n'est pas une coïncidence si le tribunal aux États-Unis a pris un caractère de plus en plus partisan. Il en voit la cause dans la création par les républicains de la Federalist Society (1981). La plupart des juges qui seront nommés par les Républicains y sont liés. Ce que Goossens omet de mentionner, c'est qu'aux États-Unis, la nomination des juges est soumise à un débat public, ce qui n'est pas le cas pour la nomination des juges à la Cour européenne des droits de l'homme du Conseil de l'Europe (article 18/6).

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Et le dernier mot n'a pas encore été dit sur la neutralité politique des juges de la CEDH. Le Centre européen pour le droit et la justice, une ONG d'inspiration chrétienne qui défend la liberté individuelle et religieuse, a publié un rapport montrant que 22 des 100 juges de la Cour européenne des droits de l'homme qui ont statué de 2009 à 2019 étaient actifs dans diverses ONG (d'extrême) gauche.  Il s'agit notamment de la Fondation Open Society, du Comité d'Helsinki, de la Commission internationale des juristes, de Human Right Watch, etc. ..... Les juges ont également traité les affaires de leurs propres ONG avec lesquelles ils étaient liés. Mais dans la pratique, l'interconnexion est encore plus grande. Les chercheurs ont basé leurs conclusions sur les curricula officiels des juges au moment de leur élection, montrant les liens qu'ils entretiennent avec les ONG. Mais il y a aussi des juges qui ne mentionnent pas leurs liens dans leur CV, mais où il y a certainement un lien idéologique. La réalité montre que le chiffre de 22 juges est une sous-estimation grossière du chiffre réel. Adieu l'objectivité. Après cette révélation, le silence des représentants de la Commission a été frappant. Des mois ont passé avant que la Commission ne réponde au nom de la vice-présidente Věra Jourová (ALDE). Les faits n'ont pas été niés mais Mme Jourova a déclaré qu'elle ne doutait pas de "l'intégrité et de l'indépendance de la Cour européenne des droits de l'homme". Admettez-le : c'est un argument qui n'a aucun sens. Bizarre que nous n'ayons jamais entendu parler de cela dans "Onder de waterlijn" ?

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Encore un autre exemple. Le 8/1/2021, on pouvait lire dans De Standaard que le gouvernement belge quadripartite, dit "Vivaldi", envoie un jeune juge progressiste à Strasbourg. Le Conseil de l'Europe a dû désigner un nouveau juge pour succéder à Paul Lemmens, qui prend sa retraite. Trois candidats francophones de gauche ont été désignés, dont l'un travaille comme avocat spécialisé dans l'immigration et l'autre travaille pour la fondation Open Society de George Soros. Une nomination qui était en contradiction directe avec les résultats des dernières élections (2019) dans notre pays. Mais une fois encore, Ruud Goossens ne s'est pas montré soucieux de l'indépendance du pouvoir judiciaire !

C'est l'un des nombreux exemples qui montrent comment les représentants de la "presse de qualité", autoproclamée telle, se révèlent être des activistes politiques en mélangeant délibérément les faits et les commentaires et en violant ainsi la déontologie journalistique.

Jan Sergooris

dimanche, 13 mars 2022

Penser de manière identitaire serait donc raciste ?

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Penser de manière identitaire serait donc raciste ?

Groupe de travail Feniks (Flandre)

À chaque prise de position critiquant la migration de masse, le reproche adressé par le centre politique et par les mouvements postmodernes extrêmement politiquement corrects surgit : le racisme. Le raisonnement est assez simple : quelqu'un qui ne veut pas voir la nouvelle réalité, soit un afflux de 160 millions de migrants en Europe d'ici 30 ans, le fait en fait par une sorte de racisme caché. Sans peut-être en être lui-même conscient, il se montrera haineux et xénophobe à l'égard des personnes d'origine culturelle différente. L'accusation de racisme s'efface de plus en plus à force de l'utiliser à tout bout de champ dans tous les débats. Une personne qui se rend coupable de racisme, délibérément ou non, n'est plus à prendre au sérieux et finit immédiatement dans la poubelle de l'extrême droite.

Nous allons commencer notre raisonnement là où se trouve la base de la pensée identitaire, ou du nationalisme, avec les Contre-Lumières. En réaction aux Lumières françaises, que nous connaissons grâce à de grands penseurs tels que Voltaire et Rousseau, un mouvement contre-Lumières a débuté en Allemagne, dans lequel le nationalisme populaire a trouvé sa base.

Le philosophe allemand Johan Herder considérait chaque "peuple" comme une unité liée par une langue, une culture et une histoire spécifiques. Il considérait que la plus grande menace à cette unicité de chaque peuple était les pensées impérialistes des Lumières françaises (ce que les campagnes de Napoléon Bonaparte ont également mis en évidence). Il existait au départ une relation amicale entre Rousseau et Herder, mais celle-ci a été mise à mal par le fait que Herder renonçait catégoriquement au racisme, alors que Rousseau et les penseurs des Lumières ne le faisaient pas. "Notre partie du monde ne pourrait pas être qualifiée de la plus raisonnable, mais de la plus arrogante, agressive par l'argent : ce qu'elle a donné à ces gens n'est pas la civilisation, mais la destruction des fondements de leur propre culture".
 
Est-ce que quelque chose a changé, alors ?

Bien sûr, beaucoup de choses ont changé au cours des 200 dernières années et il y a de nombreuses références aux guerres mondiales, mais nous y reviendrons plus tard. En termes de contenu, cependant, nous voyons aujourd'hui la même ligne de fracture entre les lumières et les contre-lumières sur la scène internationale. Récemment, Egbert Lachaert, figure de proue du libéralisme, a donné une interview dont le passage suivant mérite d'être mis en exergue : "Je pourrais être heureux n'importe où dans le monde, cela me donne la tranquillité d'esprit". Il a reçu de nombreuses critiques sur les médias sociaux, car il donne l'impression que, lorsque les choses vont mal en Europe occidentale, il peut, avec un peu plus de moyens que le citoyen lambda, déménager là où la situation serait meilleure qu'ici.

Il reflète la façon dont les "gens de Davos" pensent. Le "peuple de Davos" est un terme issu des travaux de Samuel Huntington, qui est connu pour son œuvre principale : Le choc des civilisations (1996). Il s'agit d'un club assez sélect de managers qui considèrent les nations comme obsolètes face à leurs ambitions mondiales, et voient les sociétés comme de grandes entreprises qui doivent avant tout gagner en efficacité. "Les gens de Davos ont peu besoin de ce facteur qu'est la loyauté nationale. Ils considèrent les frontières nationales comme des obstacles qui disparaitront bientôt. Ils considèrent les gouvernements nationaux comme des vestiges du passé. La seule fonction utile de ceux-ci, est de faciliter pour l'élite les opérations mondiales qu'elle entreprend".  Les libéraux, ici en Belgique, ont également réussi, ces dernières années, à obtenir des postes importants dans des institutions supranationales en bradant les intérêts de la nation. Il suffit de penser à Karel De Gucht, Guy Verhofstadt, Didier Reynders et Charles Michel. Culturellement, ils ne ressentent rien pour les nations, rien pour la culture. Dans la pensée libérale, il s'agit avant tout de quelque chose dont l'individu doit se libérer.

En substance, le libéralisme suppose une liberté négative, une liberté que vous gagnez en vous débarrassant, par exemple, de votre nation, de votre classe socio-économique et même, dernièrement, de votre propre sexe. La seule chose qui compte est l'individu fantasmé, qui se fait et se crée continuellement. Ce dernier est un mythe qui se perpétue.

L'individu reçoit en effet une série de bagages culturels et physiques avant même sa naissance, sans avoir le choix en la matière. C'était déjà la critique faite par Herder et Fichte, entre autres, aux Lumières françaises il y a 200 ans avec l'idée du contrat social. Le fait qu'ici, en Flandre, la langue de communication soit actuellement l'anglais, et que cette langue soit officieusement en deuxième position, est l'un des facteurs de notre Geworfenheit dans le monde, de notre "être-jeté-là" dans le monde (Heidegger).

Des civilisations en conflit

Aujourd'hui, nous pouvons aborder toute autre culture de deux manières. D'une part, nous pouvons attendre de notre culture qu'elle soit le modèle du monde et qu'elle s'applique universellement partout. C'est ce qui est généralement mis en avant, également et surtout dans le centre politique. Les valeurs des Lumières sont également considérées comme supérieures à toutes les autres cultures. Cela peut ou non créer intentionnellement la confusion qu'une supériorité technologique ou économique est également synonyme d'une valeur culturelle supérieure. Pour les penseurs libéraux, l'histoire du monde est également linéaire, et tôt ou tard, chaque nation devra s'adapter aux valeurs libérales et universelles formulées dans les Déclarations universelles des droits de l'homme. La déclaration de Gwendolyn Rutten, l'ancienne présidente de l'Open VLD (le parti libéral flamand - l'une des rares personnalités politiques à ne pas avoir réussi à obtenir un poste de premier plan dans une institution supranationale), par exemple, est révélatrice : Notre culture est supérieure aux autres cultures, et c'est quelque chose qui doit être dit. Une référence directe à la vision linéaire de l'histoire et au plan universel qui doit servir à la civilisation mondiale globale.

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Que des civilisations différentes peuvent coexister et négocier sur un pied d'égalité. Le fait qu'il existe plusieurs civilisations, plutôt qu'une seule universelle, remonte également à Oswald Spengler, qui a publié en 1918 et 1922 un énorme ouvrage : Untergang des Abendlandes, dans lequel il travaille avec une méthode comparative entre différentes civilisations à différentes époques. Il y arrive à la conclusion que l'histoire du monde n'est pas linéaire, comme le pensent encore les penseurs des Lumières. L'histoire de chaque civilisation passe par différentes étapes avec des hauts et des bas, et chaque civilisation ou culture possède ses propres caractéristiques qui la rendent unique. La civilisation occidentale, selon Spengler, était unique en raison d'un désir de connaissance et de contrôle, l'archétype de notre âme culturelle étant l'âme faustienne. Faust, qui a vendu son âme au diable en échange du savoir, dans l'œuvre de Goethe. Selon Spengler, c'était déjà notre perte à long terme, que nous essayions de tout calculer à l'excès, et ainsi de remplacer notre propre créativité culturelle par la culture et la production de masse.

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Aujourd'hui, d'ailleurs, une voie similaire est défendue sous une forme contemporaine par des penseurs tels qu'Alexandre Douguine dans la 4e théorie politique, à savoir en plaidant pour la multipolarité. Au lieu de plaider en faveur d'une seule civilisation mondiale universelle (qui a franchi ses barrières en 1991 selon Fukuyama), ces penseurs reconnaissent qu'il n'existe pas et ne doit pas exister une seule morale et une seule culture universellement valables. Chaque culture est culturellement équivalente selon ce principe, même si les cultures se trouvent à un stade de développement différent ou, par exemple, s'organisent selon des principes (par exemple religieux) complètement différents. "La mondialisation n'est donc rien d'autre qu'un modèle mondialement déployé d'ethnocentrisme ouest-européen, ou mieux, anglo-saxon, qui est la pure manifestation d'une idéologie raciste".

Et les marxistes culturels/postmodernistes ?

Les plus grands antiracistes de tous les temps se trouvent à l'extrême gauche. Ils vont même si loin dans leur antiracisme que les partis dits "écologistes" ne peuvent rien faire lorsque les musulmans demandent à pouvoir abattre sans anesthésie ici dans nos pays. Bien entendu, il s'agit d'une motivation électorale, d'une part, parce que les immigrants désignés comme victimes forment une grande réserve potentielle d'électeurs pour demeurer au-dessus du seuil électoral.

Le postmodernisme est quelque chose qui ne plaît pas vraiment à une grande partie de la population. D'autre part, ils puisent souvent leurs idées dans la déconstruction de Derrida ou de Foucault, deux penseurs français plus ou moins proches de l'école de Francfort et exposants de la French Theory, en vogue aux Etats-Unis.

Sans l'admettre eux-mêmes, ils sont les enfants philosophiques des libéraux, qui tentent de porter la libération négative de l'individu à un niveau supérieur. La philosophie moderne, disons la philosophie occidentale depuis le rationalisme de Descartes, est à l'origine de leurs excès durant la première moitié du 20e siècle. Pour cela, ils ont partiellement adopté les idées de philosophes conservateurs tels que Heidegger. Pour eux, l'Occident comportait des éléments susceptibles de conduire à de nouvelles poussées de totalitarisme, et chaque norme sociale (la nation, par exemple, ou le modèle familial) ne serait qu'une construction sociale servant à maintenir au pouvoir un patriarcat et une bourgeoisie.
 
Ce qu'ils négligent, c'est que leur philosophie poursuit la même liberté négative que le libéralisme qu'ils cherchent à critiquer. Comme en témoigne la violence de la cancel culture et la cultural approration, ils s'opposent explicitement aux derniers fondements de la culture occidentale tels que le nationalisme et la famille classique en tant qu'institution. Au centre de tout cela se trouve le sujet solitaire qui doit se composer une identité hybride par lui-même. Mark Elchardus l'a récemment bien résumé dans son ouvrage Reset - Over identiteit, gemeenschap en democratie (= Reset - Sur l'identité, la communauté et la démocratie). L'identité privée, comme celle du sexe (ou plutôt de l'un des 43 sexes) ou de la couleur de la peau, prime sur une forme générale de citoyenneté. De cette manière, ils sapent effectivement la civilisation occidentale, mais ils ne font que réaliser une étape nouvelle dans une évolution dont le libéralisme est le précurseur. L'individu en tant que sujet qui s'oppose aux grandes identités telles que la nation ou la religion.

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Cela ne concorde certainement pas avec le mental de la majorité des migrants ici en Europe occidentale, et encore moins avec le mental de ceux issus d'autres cultures dans leur pays d'origine. En clair, aucune partie significative de la population en Iran ou en Chine n'attendra une heure d'histoire à l'école, sur les drag queens ou une attitude générale anti-religieuse ou anti-nationaliste. C'est principalement dans l'esprit, oui, des enfants de la bourgeoisie et des classes moyennes supérieures de l'Occident même que germent ce genre de pensées. Il ne s'agit cependant pas d'une alternative globale fondée sur une nouvelle culture majoritaire.

En outre, la gauche radicale a également accepté le mondialisme depuis un certain temps. Alors que dans les années 1980, on trouvait encore sporadiquement des éléments altermondialistes dans la gauche radicale, ceux-ci ont maintenant été complètement absorbés par les mouvements à vocation internationale. Michael Hardt et Antonio Negri écrivaient déjà dans les années 1990 qu'une nouvelle forme de socialisme ne pouvait être réalisée qu'à travers "l'empire mondial". Nous nous demandons s'ils voient aujourd'hui leur rêve se réaliser avec la 4e révolution industrielle, ou vice versa ?

En tout cas, il n'y a malheureusement pas d'éléments dans la gauche radicale qui se réconcilient, par exemple, avec l'idée de la souveraineté nationale ou de l'individualité culturelle des Européens eux-mêmes. Au contraire, ils sont plutôt célébrés par des blogs sans intérêt qui diffusent toutes sortes de théories complotistes et rejouent une bataille fantasmée sur un nouveau type, calqué sur celui des années 1930, un combat fantasmagorique qui se déroulerait depuis les années 1970.

Conclusion

La philosophie moderne occidentale et la civilisation libérale comportent donc un élément culturel raciste, à cet égard, les postmodernistes ont raison. La pensée libérale suppose que la supériorité économique et technologique (temporaire) des sociétés libérales équivaut à une supériorité culturelle. Elle fournit souvent une excuse morale pour commencer à bombarder des pays sous le prétexte d'apporter notre démocratie libérale (cf. Syrie, Libye, Irak,...) ou de piller les matières premières d'autres pays pauvres. La meilleure réaction contre le racisme réside dans le corpus doctrinal des contre-lumières, et dans l'idée de la multipolarité.

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samedi, 31 juillet 2021

Constant Permeke, expressionniste flamand

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Constant Permeke, expressionniste flamand

Jan Huijbrechts

Le 31 juillet 1886 - il y a exactement 135 ans aujourd'hui - un robuste rejeton de sexe masculin voit le jour à Anvers et reçoit le nom de Constant Permeke. Ce fils du non moins méritant peintre paysagiste Henri Permeke allait devenir l'un des plus importants, sinon le plus important, artiste de l'expressionnisme flamand. 

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Permeke est souvent décrit comme le peintre du dur labeur sur les maigres terres agricoles ou au bordde la mer agitée. Ses ouvriers agricoles et ses pêcheurs monumentaux - comme tirés de l'argile - dont les mains rugueuses dépassent de loin la taille de leur tête, ont provoqué un choc dans le paysage artistique flamand. Des figures massives, noueuses, aux traits forts et fortement simplifiés, peintes dans des couleurs terreuses et lumineuses qui semblent ne plus avoir grand-chose d'humain... Il fallait s'y habituer à l'époque...

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Il n'était pas seulement un peintre, mais aussi un dessinateur doué qui parvenait à capter une essence avec un simple fusain et aussi un sculpteur puissant qui s'inspirait indéniablement de l'art ethnique. Deux aspects de son travail qui sont malheureusement trop souvent restés sous-exposés.

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Pour beaucoup de gens, et même aujourd'hui, son travail est trop brutal, sans art. J'admets aussi volontiers qu'en tant que jeune homme ayant fréquenté une école d'art, je n'ai pas vraiment été charmé par son œuvre sombre et sobre. Petit à petit, cependant, j'ai appris à l'apprécier.  Pour moi, Permeke est avant tout un artiste animé d'un instinct créatif incroyablement fort, qui permet à ses tableaux de jaillir naturellement de son pinceau, pour ainsi dire. Un artiste qui a su tirer le meilleur parti de sa palette typique et sombre, avec laquelle il a radicalement tourné le dos aux couleurs ensoleillées de l'impressionnisme.

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Mais il n'était que trop conscient du danger que représentait précisément cette utilisation sobre et terreuse de la couleur. En particulier, que la stabilité ou la clarté des formes pouvaient se noyer dans ses peintures. C'est pourquoi il a entouré ses figures de contours extrêmement nets, dessinés avec une telle emphase qu'ils apparaissent comme des lignes de force, et grâce auxquels ses meilleures œuvres, en plus de leur sombritude, acquièrent quelque chose d'une fermeté d'acier et d'une puissance expressive. La rigidité du compatriote ou du capitaine flamand de l'époque...

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Permeke avait consciemment et avec beaucoup d'enthousiasme rompu avec la tradition de la représentation fidèle et relevait sans cesse le défi d'aller chercher l'essence, le noyau de son sujet, de donner une expression aux choses les plus élémentaires. Qu'il s'agisse de grandes toiles ou de petites esquisses presque intimes, son travail ne laisse personne indifférent... Un artiste ne peut souhaiter davantage... Ou bien le peut-il ?

Source: https://www.facebook.com/jan.huijbrechts.9

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lundi, 14 juin 2021

Les relations entre Joris Van Severen et Pierre Nothomb

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Les relations entre Joris Van Severen et Pierre Nothomb

Par Lionel Baland
 
Ex: https://eurolibertes.com/histoire/les-relations-entre-joris-van-severen-et-pierre-nothomb/

jvsjb24.jpgLe numéro 24 (année 2020) de la publication annuelle en néerlandais du Centre d’étude Joris Van Severen (1) consacre un article aux relations entretenues par Pierre Nothomb (1887-1966), fer de lance du nationalisme belge, et Joris Van Severen (1894-1940), au départ nationaliste flamand mais qui a évolué de l’idée d’une union entre les Pays Bas et la Flandre vers celle du regroupement, au sein d’un nouvel État, des Pays Bas, de l’ensemble de la Belgique, du Luxembourg et de la Flandre française, sous la direction du Roi Léopold III.

L’auteur de cette production intellectuelle, Ruud Bruijns, habitant à Lelystad, le chef-lieu de la province néerlandaise de Flevoland, base ses recherches sur les archives de Pierre Nothomb déposées au CEGESOMA (2), (3),  (4) à Bruxelles en Belgique.

L’étude porte sur le fait de savoir qui a influencé l’autre, Nothomb ou Van Severen ? Il apparaît désormais que chacun des deux a eu plus besoin de l’autre pour ses actions politiques respectives, que ce qui était jusqu’à présent établi : Nothomb désirait des contacts néerlandophones et Van Severen voulait utiliser les relations de Nothomb avec les autorités.

Bruijns met en avant que Joris Van Severen était conscient du fait que, depuis l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale début septembre 1939, il devait éviter de se trouver dans le viseur des autorités belges, comme il l’avait été en 1933-1934. Cela peut expliquer pourquoi à l’automne 1939 Van Severen a agi de manière si prudente et si proche de la politique de neutralité officielle belge.

Le Verdinaso devient fréquentable

Alors que l’idée, prônée par Pierre Nothomb, de réalisation d’une Grande Belgique n’est pas prise au sérieux par l’establishment belge, Nothomb est utilisé par les nationalistes flamands en tant que caricature de l’hypernationalisme belge.

Le Verdinaso, le mouvement dirigé par Joris Van Severen, est, quant à lui, brouillé, dès sa création en 1931, avec les autorités belges et est ouvertement séparatiste, tout en érigeant une milice afin de réaliser son programme révolutionnaire visant au renversement du système politique et administratif belge.

Cette situation conduit le Verdinaso à rencontrer des problèmes. Ainsi, les autorités mettent en place des mesures visant à interdire les milices privées et les uniformes en ciblant ouvertement la milice du Verdinaso. Joris Van Severen lance alors, en 1934, sa nouvelle direction de marche (Nieuwe Marsrichting), mais cela prend encore des années avant que l’image radicale des débuts du mouvement ne soit atténuée.

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Le 1er février 1937, le Conseil des ministres belge lève l’interdiction de vente dans les gares de l’organe de presse Hier Dinaso !. Lors du sixième congrès du Verdinaso, le 29 août 1937 à Anvers, la perspective d’une union entre les Pays Bas, la Belgique et le Luxembourg est pour la première fois mise en avant : les drapeaux belges et néerlandais sont hissés et Joris Van Severen parle en français aux Wallons (et Luxembourgeois).

Le pays thiois n’est plus mis en avant, mais désormais l’empire thiois est prôné, réunissant la Belgique, les Pays Bas et leurs colonies respectives. Lorsque le Roi Léopold III visite Tielt le 7 novembre 1937, la section locale du Verdinaso se trouve devant son local sur la façade duquel est fixé un panneau portant les mots : « Majesté, le Verdinaso vous salue plein d’espoir ».

Ces éléments signifient une réconciliation entre le Verdinaso et l’ordre établi et ainsi une fréquentabilité grandissante du Verdinaso.

Au sein des cercles nationalistes belges francophones, le Verdinaso est perçu en tant que force anti-séparatiste défendant l’unité du pays et visant à la réunification des Pays Bas, de la Belgique et du Luxembourg. Cette dernière idée constitue en 1939 le principal thème mis en avant par le Verdinaso. Le 25 février 1939, Joris Van Severen parle, au sein du théâtre de la ville d’Ypres (Ieper), du Benelux. En mars 1939 sort un organe de presse portant le nom Pays Bas Belgique. Organe mensuel du Verdinaso, titre plaidant pour l’unité belgo-néerlandaise.

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Le 28 mars 1939, Joris Van Severen tient à Bruxelles un discours en français au sein duquel il considère que la Révolution belge de 1830 est un incident et réclame la réunification des Pays Bas, de la Belgique et du Luxembourg. En juillet 1939, la constitution de l’association Belgique-Pays-Bas-Luxembourg, préparée depuis plusieurs mois, est officiellement annoncée.

C’est le prélude au congrès prévu le 10 septembre 1939, organisé par un jeune impliqué dans l’association Belgique-Pays-Bas-Luxembourg sous la devise « Belgique, Pays Bas et Luxembourg ». Le 30 août 1939, Joris Van Severen décide de déclarer à la presse que le congrès est ajourné en attendant la prise de position des autorités.

IIe Guerre mondiale

L’éclatement de la IIe Guerre mondiale lors de l’invasion de la Pologne par l’armée allemande le 1er septembre 1939 et la déclaration de la neutralité belge qui suit rétrécit encore plus les marges de manœuvre. Le 2 septembre, Joris Van Severen déclare dans l’organe de presse Hier Dinaso ! : « … que le Verdinaso place toutes ses forces au service de la défense de la patrie et dans le maintien de l’indépendance de la Belgique et de sa stricte neutralité, sous la haute direction du Roi Léopold III ».

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Le 2 novembre 1939, Pierre Nothomb lance un appel en faveur de la Ligue de l’indépendance nationale dans lequel il estime que la Belgique, les Pays Bas et le Luxembourg doivent former un phare de la civilisation dans l’œil de la tempête. Le 10 novembre, le Conseil des ministres en arrive à la conclusion que dans le cas où seuls les Pays Bas seraient attaqués, la Belgique n’interviendrait pas mais les alliés (France et Grande-Bretagne) devraient être appelés à la rescousse et la Belgique abandonnerait ainsi sa neutralité. À l’automne 1939, il n’est donc pas question d’un rapprochement entre les Pays Bas et la Belgique.

Action commune de Nothomb et Van Severen

D’après le biographe de Joris Van Severen, Arthur de Bruyne, Pierre Nothomb cherche à entrer en contact avec Van Severen. Le 29 décembre 1939, Pierre Nothomb prend contact avec Joris Van Severen à propos du texte néerlandophone de la Ligue de l’Indépendance nationale qui est paru dans Hier Dinaso !

Malgré l’approche nationale belge exprimée au sein du manifeste de la Ligue nationale de l’Indépendance, Pierre Nothomb est fin 1939 clairement sous l’influence de Van Severen, comme l’indique une lettre du 29 décembre 1939 : « Je me suis rendu compte de tout ce que notre collaboration pouvait apporter à la grandeur des Pays Bas. »

Pierre Nothomb, qui au début des années 1920 est considéré comme un chauviniste belge en raison de son plan d’annexion de territoires néerlandais, est visiblement devenu compréhensif envers les opinions de Van Severen à propos des Pays Bas. En d’autres mots, Van Severen ne s’est pas déplacé en direction du belgicisme, comme il est souvent supposé, mais a gagné des belgicistes à son combat pour la réunification des Pays Bas.

Nothomb ne désire pas seulement une traduction de son manifeste en néerlandais, mais veut également un accès au carnet d’adresses de Van Severen. La liste de Nothomb consiste avant tout en noms francophones de l’establishment belge. Il demande pour cette raison à Van Severen un nombre de noms de personnes importantes en Flandre. Dans d’une lettre du 3 janvier 1940, il apparaît que Van Severen est d’accord mais exige une place de premier ordre sur la liste des signataires, directement après les noms des premiers d’entre eux ou même à côté de celui de Pierre Nothomb.

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Plus de deux semaines plus tard, Van Severen envoie le texte en néerlandais à Nothomb en précisant qu’en plus du nom de Van Severen, il demande que soit indiqué qu’il est le dirigeant du Verdinaso.

Dernière étape pour le tandem Nothomb-Van Severen

Au début du mois de mars 1940, le manifeste néerlandophone sort et Van Severen commande 50 exemplaires à Nothomb. Ce manifeste n’est pas seulement soutenu par Van Severen, mais aussi par le Verdinaso en tant qu’organisation.

Le 10 mai 1940, les troupes allemandes envahissent les Pays Bas, la Belgique et le Luxembourg. Joris Van Severen est arrêté par les autorités belges car il est considéré par celles-ci comme un danger, alors que Van Severen ne s’attend pas à cela et pense encore, après son arrestation, être bientôt de retour à la maison. Pierre Nothomb intervient auprès des autorités en faveur de la libération de Van Severen et écrit au domicile de Van Severen, Ce dernier n’est pas relâché, mais transféré vers la France où il est assassiné, le 20 mai 1940, à Abbeville par des soldats français.

Source :

BRUIJNS Ruud, « Joris van Severen en Pierre Nothomb », in Jaarboek Joris Van Severen 24, Ieper, 2020, p. 71 à 94.

Notes :

(1) http://www.jorisvanseveren.org

(2) Le CegeSoma, quatrième direction opérationnelle des Archives de l’État, est le centre d’expertise belge de l’histoire des conflits du XXe siècle.

(3) https://www.cegesoma.be/fr/le-cegesoma

(4) https://www.cegesoma.be/fr/archives-de-pierre-nothomb

mardi, 27 avril 2021

Entretien avec le collectif Zannekinbond: Socialiste Révolutionnaire et Flamand

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Entretien avec le collectif Zannekinbond: Socialiste Révolutionnaire et Flamand

Ex: https://rebellion-sre.fr/

Nous, animateurs de la revue Rébellion, sommes très heureux t’offrir la parole à nos camarades du collectif Zannekinbond. Ils font un important travail qu’il faut soutenir pour faire vivre une alternative socialiste révolutionnaire partout en Europe.

Pourriez-vous présenter Zannekinbond ?

Le Zannekinbond a été créé officiellement le 11 juillet 2019. Il a l’ambition d’être un groupe de réflexion dans le but d’établir un corpus idéologique de fond, avant d’être un groupe d’action. Cette possibilité n’est pas exclue à l’avenir mais nous souhaitons, pour l’instant, nous placer dans la bataille des idées. Nous voulons mener cette bataille nécessaire car en Flandre, en Belgique et dans les Pays-Bas en général, les idées que nous portons sont absentes. Alors que beaucoup de nouvelles idées intéressantes circulent à l’étranger, la mentalité de clocher et la politique des polders persistent en Flandre. La plupart restent bloqués sur les mêmes idées démodées depuis les années 1990. Dans les années 70, les idées développées en France, en Allemagne et en Italie se sont facilement propagées ici. Quand il pleut à Paris, il coule à Bruxelles et bruine à Anvers. Mais il n’y a plus d’innovation politique depuis le début des années 90.

La tribalisation politique, qui caractérisent actuellement la politique en Europe, et plus généralement le monde occidental dans son ensemble, sont apparus très tôt en Flandre. D’une part, le libéralisme progressiste de gauche et, d’autre part, la droite, libérale, conservatrice ou identitaire. Cette droite qui ,tout comme chez nos voisins du Nord, est de plus en plus guidée par des tendances venue de l’autre côté de l’Atlantique.

Les partis politiques et les protagonistes vont et viennent, mais les thèmes restent largement les mêmes, les deux partis jouant de facto le rôle d’idiots utiles du grand capital. Notre activité s’inscrit dans la diffusion d’une vision qui est, d’une part, explicitement de gauche sur le plan socio-économique, de nature socialiste sans se réduire à un mouvement spécifique au sein de la grande famille socialiste. D’autre part, le Zannekinbond souhaite offrir au nationalisme flamand un ressourcement, un nouveau souffle, loin des recettes libérales.

Nous souhaitons revenir aux origines du mouvement radical qui a défié la Belgique depuis la Première Guerre mondiale. De nombreux Flamands, même au sein du mouvement national flamand, ont oublié les batailles, les grandes figures et leurs points de vue de l’époque. Pourtant, Il est étonnant de constater à quel point les questions du passé peuvent encore inspirer les problèmes actuels.

Par exemple, nous souhaitons apporter une critique saine de la politique d’ouverture des frontières. Le discours habituel de la droite radicale n’est que trop peu de crédibilité pour une partie considérable de la population car elle s’exprime sur fond de racisme. Cette radicalité engendre une polarisation entre, d’un côté, le camp de la droite radicale qui restera toujours indigeste pour une majorité de la population et, en face, cette majorité qui reste sous l’influence d’une élite libérale et cosmopolite qui prône l’ouverture des frontières. Nous pensons qu’une politique économique de type socialiste n’est possible que si la souveraineté nationale est restaurée et si le travail n’est plus considéré comme un facteur de production mobile à l’échelle mondiale, comme le souhaitent les capitalistes. En outre, nous concentrons nos flèches sur la mise en péril du socialisme par la politique identitaire libérale. Nous affirmons que que la privation de droits nationaux et la lutte des classes coïncident. Il ne peut en être autrement.

Nous constatons qu’à l’étranger, les idées profondément innovantes sur le plan social, économique, politique et géopolitique sont dynamiques. Ces idées ne sont pas nouvelles, mais elles prennent de plus en plus d’ampleur. L’objectif du Zannekinbond est donc d’entreprendre une nouvelle approche au débat, de développer de nouvelles idées, de lancer des analyses critiques et d’importer de nouvelles idées de l’extérieur en Flandre et de les y adapter. Par exemple en traduisant des œuvres politiques pour un public néerlandophone. L’objectif est de déconstruire le clivage habituel gauche/droite afin d’en synthétiser des idées pertinentes. Cette synthèse ne se situe pas tant « à gauche du capital, à droite de la morale » mais devrait construire un nouveau cadre de référence sur lequel de nouvelles valeurs peuvent être construites pour le 21ème siècle. Et parfois, s’inspirer et adapter les anciennes à notre siècle.

Quel lien faite vous entre combat de libération nationale et socialisme?

L’un ne va pas sans l’autre. D’une part, il ne peut y avoir de souveraineté populaire tant que les Nations, les peuples et les régions, restent soumises à des structures supranationales au service d’un ordre mondial qui est en contradiction avec l’idée de souveraineté. D’autre part, les mouvements et les partis politiques qui parlent de souveraineté et d’indépendance ne semblent pas pouvoir analyser correctement cette situation et semblent même en être souvent les plus grands défenseurs. Par exemple, au sein du Mouvement flamand traditionnel, il était jusqu’à très récemment impossible de remettre en question le rôle des multinationales, car ces dernières étaient nécessaires dans la prospérité de la Flandre en renforçant sa position concurrentielle vis-à-vis de nos voisins. La myopie l’emporte. Maintenant que ces mêmes multinationales sont activement engagées dans une politique d’identité, de genre, de communautarisme et de censure, le fusil change lentement d’épaule. Mais il est trop tard.

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Pour nous, les deux sont donc inséparables : les notions de lutte des classes et de libération nationale se fondent en un mélange explosif qui peut briser le statu quo libéral. Ernst Niekisch avait déjà indiqué les moyens de la lutte des classes pour parvenir à la libération nationale. Nous récusons La croyance romantique – et ultérieure – selon laquelle il existerait une communauté populaire indivisible dans laquelle il n’y aurait pas d’intérêts opposés dans un environnement libéral-capitaliste. L’Histoire de libération du peuple flamand contredit également ce constat : la classe ouvrière flamande a été à maintes reprises trahie par son élite économique qui, dès que l’occasion de monter dans l’échelle sociale se présentait en étant incluse dans l’élite économique belge.

Avec le Zannekinbond, nous sommes vigilants aux courants de type fascistes, ou autres tendances d’extrême droite, qui s’infiltrent dans le courant national-révolutionnaire. Par le passé, en Flandre comme ailleurs en Europe, des groupes d’extrême droite ont abusé de l’étiquette « national-révolutionnaire » pour cacher leurs véritables opinions. Mais, assez rapidement, les masques tombent et, aussi bien le racisme brut que l’autoritarisme de droite, apparaissent. Pour nous, l’inspiration se trouve plus souvent dans un James Connolly ou un Henning Eichberg et certainement pas dans la Falange espagnole par exemple. Cela signifie que la résistance à l’impérialisme coïncide avec la volonté d’assurer la liberté et la souveraineté de chaque peuple sans perdre de vue le tableau européen dans son ensemble. Les luttes de libération nationale, à l’heure actuelle et en ce qui concerne l’Union européenne, mais aussi en ce qui concerne les États nationaux européens, ont connu leurs meilleurs moments.

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Une Europe socialiste de Dublin à Vladivostok dans laquelle tous les peuples peuvent vivre leur spécificité culturelle et où il n’y a plus de place pour des Etats comme la Belgique, la France, l’Espagne. Notre nationalisme est basé sur l’idée que cette nation peut encore construire son propre empire tel qu’il a été propagé dans les années trente. Pour nous, ce que Jean Thiriart a appelé le « petit nationalisme » en ce qui concerne la Flandre, la Bretagne, la Corse etc. s’applique aux États européens multiethniques qui, à maintes reprises, empêchent une véritable unification européenne par leur nationalisme inspiré soit par les valeurs de 1789, soit par le traditionalisme réactionnaire catholique. Comme les jumeaux siamois, ils sont attachés par leurs élites à l’UE, à l’OTAN et à l’ordre socio-économique existant. Le statu quo institutionnel et politique est lié à l’emprise des États-Unis sur l’Europe. L’UE et sa Banque centrale européenne veillent au libre marché et à une politique néo-libérale dans les États membres. En échange de quoi ces derniers sont autorisés à s’accrocher désespérément à leur propre armée nationale au sein de l’OTAN et à leur propre corps diplomatique comme dernier noyau de leur « souveraineté nationale ». Nous saluons le fait que la Russie ait déjà montré qu’elle considère la lutte pour les droits des peuples d’Europe occidentale et d’ailleurs comme un moyen d’affaiblir le statu quo, comme en témoigne la conférence « Dialogue des nations : le droit à l’autodétermination et la construction d’un monde multipolaire » en 2015.

En ce qui concerne ce positionnement géopolitique, nous constatons le même problème au sein du Mouvement flamand traditionnel. Pendant des décennies, les nationalistes flamands se sont révélés être de grands défenseurs d’institutions telles que l’OTAN, l’UE, et ont soutenu les guerres au Moyen-Orient, parce que c’était « contre l’Islam ». Nous voyons encore qu’ils sont – avec leurs « ennemis » de gauche d’ailleurs – en première ligne lorsqu’il s’agit de mener une politique hostile à l’égard de la Russie ou de la Chine – car c’est là que les « communistes » règnent en maître. Nous sommes chaque fois très surpris de voir ces mêmes institutions supranationales se retourner finalement contre leurs vassaux. On ne mord pas la main qui nourrit, on nourrit la bouche qui mord. Le néolibéralisme en est à la pointe ; le socialisme, en revanche, est détesté. Avec le Zannekinbond, nous essayons de briser cette spirale descendante.

Ce qui se présente comme de “gauche » a non seulement quitté le nationalisme populaire, ce qui n’était certainement pas le cas par le passé, mais aussi le socialisme ! Un cocktail mortel de mondialisme, de politique identitaire et de néolibéralisme en constitue désormais l’épine dorsale et tente également de dominer le discours social, universitaire et politique. Ainsi, toute opposition à ce projet sera fondée en premier lieu sur la souveraineté nationale, et en second lieu sur le socialisme comme alternative économique au service de la communauté, et non au service du grand capital. La lutte de libération nationale est donc nécessaire pour libérer la communauté populaire et souveraine des entraves de l’oligarchie internationale afin de réaliser le véritable socialisme comme base économique et sociale au service de cette même communauté. C’est la seule alternative au néolibéralisme globalisant. Nous ne faisons aucune distinction entre le socialisme marxiste et non marxiste. Avec les éléments du passé, nous tirons les leçons nécessaires et déconstruisons et (re)construisons ce qui doit être démasqué et analysé comme une plate-forme stable pour construire des communautés et des nations solides.

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Comment jugez-vous la situation politique de la Belgique après une dizaine d’année de crise politique ?

En fait, la crise politique en Belgique est beaucoup plus ancienne. Pour la comprendre, il faut revenir à la naissance de l’État belge. La Belgique est une construction artificielle de l’État qui devait servir les intérêts politiques internationaux de l’époque en obtenant un équilibre des superpuissances européennes de l’époque tout en proposant un projet très libéral. La révolution belge de 1830 fut avant tout une révolution de type libérale, soutenue par la bourgeoisie libérale francophone d’une part et par le concours de l’Église catholique d’autre part pour qui la crainte du protestantisme aux Pays-Bas était justifiait de devoir accepter une constitution très libérale. En 1831, sur la recommandation de la famille bancaire britannique Rothschild, les familles Saxe-Cobourg et Gotha ont été placées sur le trône royal. L’une des principales raisons en est l’activité financière du premier roi, Léopold Ier. À aucun moment, le soulèvement belge n’a été un soulèvement ouvrier. Le nationalisme belge était et est toujours bourgeois. À l’époque, les Flamands étaient une population paysanne appauvrie dont l’élite était francisée, et la nouvelle élite belge voulait étendre cette francisation à toute la Flandre.

La crise en Belgique se renforce alors que l’élite dirigeante capitaliste belge se mondialise. Elle se transforme en une élite cosmopolite qui trouve les frontières nationales gênantes. Le libéralisme belge est en train de tuer son propre enfant, la Belgique. Plus rien ne justifice cet état, sauf peut-être encore quelques intérêts financiers de groupes capitalistes. Parce qu’un État belge unitaire s’est avéré intenable après la Seconde Guerre mondiale – les Flamands exigeant plus de droits politiques – une construction fédérale nébuleuse a été conçue. En plus de l’État fédéral, des régions et des communautés viennent s’y superposées, et ce système arrive à terme. Il est temps d’abolir définitivement cette construction belge. D’un point de vue purement électoral, la situation au niveau fédéral, belge et national devient intenable. La formation du gouvernement fédéral est extrêmement difficile car la population wallonne vote plus à gauche et la population flamande plus à droite. Cette orientation de droite en Flandre est principalement basée sur des valeurs culturelles plutôt que sur des questions socio-économiques.

En termes de politique actuelle, le gouvernement dit de Vivaldi qui est une mosaïque composées de libéraux, de sociaux-démocrates, de verts et des chrétiens-démocrates flamands, et qui a été formée après une autre longue période de négociation politique, représente le pire des mondes. Culturellement, elle exprime un libéralisme de gauche agressif par lequel elle se distingue du précédent gouvernement du Premier ministre Michel qui est désormais le président de l’Union européenne. Elle était perçue comme conservatrice et néolibérale en raison de la présence de la N-VA, parti nationaliste flamand de type libéral-conservateur. Dans une large mesure, cela était correct. Le gouvernement Michel Ier n’a pas caché son soutien aux organisations patronales en faisant reculer beaucoup de droits et acquis sociaux.

Mais à bien des égards, le gouvernement actuel ne diffère guère de son prédécesseur. La parodie de « changement » de ce gouvernement vise en fait à intégrer des sous-identités dans son administration afin de donner à l’ensemble un faux air de « justice sociale ». Celà sert à masquer les mêmes mesures néolibérales et à imposer à la population un projet social qu’elle n’a pas demandé.

De plus, la situation devient de plus en plus urgente. Les partis politiques qui composent la coalition Vivaldi se rendent compte qu’ils pourraient être le dernier gouvernement d’un État unitaire s’ils échouent dans leur tâche de reconquérir le soutien populaire. Les rapports de force évoluent. Les partis flamands séparatistes et confédéralistes voient leur influence augmenter dans les sondages, tout comme les communistes. Les « partis majoritaires » bénéficient du soutien d’une minorité de la population. En 2024, il pourrait donc y avoir un cap important. Mais cela en dit peu sur le type de société vers lequel nous évoluerons. Si ces mêmes groupes d’intérêt se recentrent sur le niveau flamand, au lieu du niveau belge comme actuellement, ce que nous constatons déjà par le lobbying de certains groupes d’intérêt et partis politiques conservateurs de droite et nationalistes flamands, alors en fin de compte, peu de choses changeront pour la communauté.

Vue depuis la France, le mouvement national flamand semble très libéral. Cette impression est une réalité?

Depuis les années 60, le mouvement national flamand s’est de plus en plus préoccupé des intérêts d’une certaine classe moyenne naissante, avec la mentalité d’épicier qui en découle. Cela lui a donné la réputation, en tant que rare mouvement nationaliste populaire en Europe, d’être marqué très à droite, très libéral et très réactionnaire. C’est une grande différence avec l’Irlande, la Corse ou l’Écosse, pour n’en citer que quelques-unes des régions européennes en lutte. L’un des rares mouvements régionalistes en Europe avec lequel vous pourriez comparer le mouvement flamand actuel est l’ancienne Lega Nord sous Umberto Bossi. Mais vous pourriez aussi avoir du mal à le qualifier de nationaliste populaire. De plus, le Mouvement flamand est aujourd’hui en proie à des clichés anticommunistes, à une adoption superficielle du nouveau langage formel de l’altright, à un populisme informe et sans but, et à un sentiment général que le gouvernement est responsable de toutes les souffrances, d’autant plus qu’il s’agit du gouvernement belge. Pourtant, le fait que des partis nationalistes flamands, tels que la Volksunie ou la N-VA, aient partagé le pouvoir à plusieurs reprises par le passé, ne semble pas constituer une objection à cela. Cela crée une symbiose entre les idées libérales et libertaires de droite, souvent issues des États-Unis, et le nationalisme populaire flamand, qui, à notre avis, est non seulement tout à fait unique en Europe, mais aussi contradictoire sur le plan interne.

imageszbpal.jpgCette image libérale du mouvement flamand est donc largement correcte ou du moins compréhensible. Il est dominé par un parti conservateur-libéral de centre-droit, la N-VA, et par le Vlaams Belang, un parti radical de droite. Tous deux sont libéraux lorsqu’il s’agit de vision socio-économique. La N-VA est plus explicitement pour le libre-échange – moins de gouvernement, plus de privatisation – que le Vlaams Belang. Mais ce dernier continue aussi à prôner une économie de l’offre déterminée par les forces du marché libre. Ces dernières années, le Vlaams Belang a adopté un profil socio-économique plutôt de gauche, mais on ne peut pas se défaire de l’impression qu’il s’agit là d’un opportunisme propagandiste. La preuve étant les vote de leurs élus dans les parlements lorsque des dossiers socio-économiques sont sur la table, ainsi que de leurs attaques persistantes contre l’action syndicale.

Les deux partis soutiennent aussi explicitement le camp pro-occidental en termes de politique internationale, en laissant de côté les exceptions individuelles. La domination de ces deux partis sur la scène politique flamande conduit également à son caractère visceralement anti-socialiste. L’une des conséquences de cette main-mise politique est que la Wallonie et la population wallonne sont visées à la place de l’État belge, de sa monarchie et de ses principaux groupes capitalistes, qui de fait se maintiennent au pouvoir.

Avec le Zannekinbond, en revanche, nous souhaitons rétablir une vision de l’État belge et de son élite dirigeante comme principal ennemi du peuple flamand en lieu et place de la Wallonie et de la classe ouvrière wallonne. Nous souhaitons revenir aux véritables racines émancipatrices du Mouvement flamand. Il devrait en résulter un nouveau cadre conceptuel, adapté au 21e siècle mais avec les deux pieds dans les traditions sociales du Mouvement flamand. Bien sûr, il reste encore beaucoup de travail à faire, mais nous pensons que le moment est venu, plus que jamais !

L’Histoire du mouvement radical flamand prouve qu’il n’a pas toujours été à “droite”. Lorsqu’au lendemain de la Première Guerre mondiale, le mouvement s’est radicalisé et a résolument choisi la voie anti-belge – abandonnant ainsi la voie de la réfome linguistique dans un cadre belge – cela a souvent coïncidé avec des sympathies ou des positions socialistes et révolutionnaires au début de l’entre-deux-guerres. La période 1916-1922 a clairement vu naitre des opinions révolutionnaires et socialistes parmi les vétérans du front flamands et les militants flamands. On relève des sympathies pour la rébellion de Pâques irlandaise de 1916 et pour la révolution d’octobre russe de 1917. Ces racines ont été quelque peu oubliées et Zannekinbond veut contribuer à les ramener sur le devant de la scène.

Si nous regardons la société contemporaine, nous pensons que la politique bourgeoise libérale et/ou de droite radicale ne peut pas offrir une solution de long terme. C’est surtout la politique au jour le jour en fonction du mécontentement général de la population. La phase actuelle du capitalisme tardif montre de plus en plus que la défense de la souveraineté populaire, des traditions et de l’individualité coïncide avec l’anticapitalisme, avec la volonté de repositionner la politique au-dessus de l’économie et de réguler à nouveau cette dernière, avec la volonté d’écrire une nouvelle histoire d’inspiration socialiste. Les Flamands attachent une grande importance aux valeurs de droit culturel, au respect des traditions. Mais sur le plan socio-économique, les Flamands sont souvent beaucoup plus à gauche qu’on ne le pense, y compris en Flandre même. La grande majorité de la population flamande n’est pas favorable à la privatisation de la sécurité sociale. 80 % des Flamands pensent que le grand capital devrait contribuer davantage aux revenus de l’État. Le problème, c’est que lorsqu’ils votent pour la droite bourgeoise, ils obtiennent une politique libérale, aussi et surtout sur le plan économique.

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Lorsque l’on examine la genèse du mouvement flamand radical, celui qui ne se contenta plus de défendre les droits linguistiques mais qui a décidé de remettre en question l’État belge, il apparaît que bon nombre de cadres de ce mouvement se sont naturellement aligner non seulement sur les positions socialistes mais aussi sur la lutte contre l’impérialisme militaire qui a pris forme dans le mouvement pacifique flamand. Elle a conduit aux célèbres pèlerinages de l’Yser où des milliers de nationalistes flamands sont venus prêter serment d’allégeance à l’héritage politique des soldats flamands du front. Avec le Zannekinbond, nous pensons que ce mouvement pacifiste flamand a besoin d’être relancé, compte tenu de la politique d’agression de l’OTAN à l’égard de la Russie et à laquelle la Belgique atlantiste reste fidèle. Il reste un mystère pour nous, par exemple, de savoir comment les Flamands de droite, conservateurs et libéraux, parviennent à jurer allégeance au “Testament de fer” des “Fronters” et à accepter ensuite les crédits de guerre pour le soutien militaire belge en Syrie, à accepter les propositions de réintroduction du service militaire dans l’armée belge ou même d’adhésion à l’OTAN…

Comment intégrer vous la dimension européenne à votre engagement pour la Flandre ?

En ce qui nous concerne, la reconquête de la souveraineté des communautés s’inscrit avant tout dans la réalité de l’Union Européenne. Mais cela ne signifie en aucun cas une croyance ni dans une Europe des nations indépendantes, ni dans une Europe aux 100 drapeaux selon la vision de Yann Fouéré. Nous pensons que cette souveraineté ne peut être garantie que lorsqu’il existe un projet idéologique commun aux différentes communautés de personnes, qui peut être une alternative à l’ordre mondial atlantique et néo-libéral. La liberté des peuples européens, d’une part, et l’organisation d’une économie socialiste, d’autre part, ne peuvent être séparées de la (re)construction d’une Europe unifiée. Une association de peuples ne sert donc pas à subordonner ces peuples à certaines prémisses idéologiques, telles que le libre marché ou la liberté absolue des formes d’expression individuelles, ou à une oligarchie de groupes d’intérêts financiers, comme c’est le cas actuellement de l’UE, mais plutôt à soutenir les intérêts de ces peuples et à sauvegarder leur souveraineté. Le leitmotiv idéologique, c’est à dire un cadre commun socialiste et nationaliste populaire, est nécessaire pour défendre l’intégrité de ces communautés, ainsi que de promouvoir l’amitié et la fraternité entre les différents peuples. La Belgique, par contre, a été dès le départ du côté de l’Atlantisme, du côté de l’économie capitaliste volatile, du colonialisme, de l’économie de marché libérale, du développement d’un État occidentaliste.

images.jpgEn ce qui concerne la Flandre et ses relations avec l’Europe, nous optons pour la « civilisation de la terre », pour la fermeté, l’identité, la durabilité, les valeurs immuables et l’enracinement, une économie basée sur les principes socialistes où la politique peut diriger l’économie. Cela signifie qu’il faut regarder plus loin vers l’Est, vers un rapprochement avec l’Europe centrale et orientale, y compris la Russie. Avec le Zannekinbond, nous nous concentrons – précisément en raison de cette souveraineté des communautés – sur un espace politique eurosibérien et, par extension, sur un espace spirituel eurasien. Il y a donc certainement des questions où l’Europe a besoin d’une unification politique, mais cela ne peut se faire uniquement dans le cadre de l’Union européenne. L’UE actuelle est née des souhaits des Américains qui, avec leur plan Marshall, ont exigé que les Européens disposent désormais d’un marché plus vaste qui faciliterait l’approvisionnement en produits américains. Les élites libérales européennes ont travaillé davantage sur ce point en voulant réaliser l’unification politique par l’unification économique. Outre l’érosion de la souveraineté nationale, le résultat est une Europe impuissante sur le plan international car elle reste le jouet des Américains.

Ainsi, pour savoir quelle peut être la dimension européenne d’un futur projet flamand, il faut d’abord savoir : quelle Europe et quelle Flandre ? Ensuite, il faut déterminer quel est le cadre le plus approprié pour réaliser ces objectifs. Selon nous, il s’agit d’un projet continental de Dublin à Vladivostok, où les peuples de langues, de cultures et d’ethnies différentes peuvent préserver leur identité organique, leurs intérêts économiques et leur intégrité écologique dans un cadre idéologique partagé, une plate-forme consultative commune et, si nécessaire, une organisation de sécurité commune.

Merci à vous camarades.

Retrouvez nos camarades sur le net :

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lundi, 22 mars 2021

Vaart wel, Francis!

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Vaart wel, Francis!
 
door Peter Logghe
Bron: Nieuwsbrief Deltapers, Nr. 157, Maart 2021
 
Hoewel we met z’n allen wisten dat het met zijn gezondheid minder goed ging, heeft zijn overlijden voor een donderslag aan heldere hemel gezorgd.  Hij was zo vergroeid met de Vlaamse Beweging dat hij deze als geen ander belichaamde, zeker intellectueel. Een Duitse journaliste noemde hem ooit eens een “Urgestein” van de Vlaamse Beweging, een fenomeen dus, én: terecht.
 
01/04/1946 - 04/03/2021
 
Als Brusselse ket heeft Francis het ganse gamma van de Vlaamse Beweging doorlopen: van Volksunie over de (eerste) VMO, Were Di, stichter-mede-oprichter van Voorpost. Daarna in de V.V.P., en het Vlaams Blok waar hij, samen met de vrienden, de grote electorale doorbraak, onder andere in Gent, wist te bewerkstelligen. Zovele jaren op straat en in het Federaal Parlement  als actieve Volksvertegenwoordiger.  Het parlement waar hij zijn actieve loopbaan afsloot met een afscheidsrede deels  in het Frans – hij was perfect tweetalig – zodat de politieke tegenstanders, de Franstalige parlementairen dus, een ongewoon goed geformuleerd zicht kregen op de beweegredenen van het radicale nationalisme in Vlaanderen. Eén van de hoogtepunten van Francis.

Waar men ging langs Vlaams-nationale wegen, kwam men Francis tegen: hoeveel zangavonden heeft hij geleid? Hoeveel studenten heeft hij wegwijs gemaakt in de Ierse rebellenliederenschat? Of het nu voor de Marnixring Adriaen Willaert was, of voor een VNJ-, NSV- of KVHV-afdeling: vormingsavonden gaf hij als de beste. Jongeren kon hij boeien met zijn verhalen, gelardeerd met liederen en kwinkslagen. Hij was een vaste waarde voor deze Nieuwsbrief en voor TeKoS, waar hij na zijn partijpolitieke jaren zijn stek had gevonden.

Twee thema’s  hielden zijn aandacht gaande: Het Europa der Volkeren en de heel-Nederlandse dimensie van ons Vlaams-nationalisme aan de ene kant (“Het Vlaams nationalisme is een deel van de groter geheel”) en de inhoudelijke uitdieping van ons nationalisme, in een jeugdige, rechts non-conformistische stijl. In die jaren ’70 en vooral ’80 en volgende van de vorige eeuw maakten wij in Europa deel uit van die nieuwe, rechtse jeugd die er overal wortel schoot. Er werden kameraadschappen gesmeed die er na 40 jaar nog altijd staan!

Francis gaf vorm aan die rechtse revolte, hij was er de eerste militant van.  Of het nu in een pub in het Ierse Clifden was waar hij met de rebelsong “Kevin Barry” de dames (en niet alleen de dames) tot tranen toe bewoog, of in het Italiaanse Napels een cantus bovenop een chic appartementsgebouw leidde met een groep enthousiaste Napolitanen, of in het zuiden van Frankrijk vorming gaf of in zijn beste Frans tussenkwam op de zomeruniversiteit van GRECE: Francis gaf zichzelf altijd voor de 100 volle percent. En dan vergeet ik nog de zangavonden van Voorpost aan de vooravond van de IJzerbedevaart.
Hij was nooit te beroerd om zijn stem te laten horen, ook in de jaren toen er amper naar ons stemmetje werd geluisterd. Hij ging in debat met een toen nog progressieve Mia Doornaert, hij ging in debat met professor Jaap Kruithof, en hij confronteerde links met haar eigen tegenstrijdigheden en onverdraagzaamheid. Niet zelden verliet hij als overwinnaar het debat. Zo zal ik nooit de avond vergeten in de Gentse studentenparochie, waar hij als vertegenwoordiger van het Vlaams Blok aan een politieke debat met alle partijen deelnam. Hij werd er uitgejouwd, beledigd, bijna fysiek aangevallen. Ik was erbij, in die zaal, samen met Joris uit Kortrijk, en zag hoe hij langzaamaan de sympathie in de zaal won. Op het einde van de avond kreeg hij breed applaus, en waren wij apetrots. Want hij kon debatteren!  Ik zal ook nooit het boekenstandje van Voorpost in Nederland vergeten, waar we belaagd werden door een massa spuwend en sigaretten-op-de-arm-uitduwend tuig. Francis gaf geen kik. Het was één tegen allen, het was ons kleine groepje militanten tegen de rest, “teen de hele wereld vrij”, zoals we in het Afrikaans zongen.

Hij was, hij is mijn oudste kameraad, en nu is hij er niet meer. In het Duitse afscheidslied “Ich hatt’ einen Kameraden” zongen we:  “Er liegt vor meinen Füssen, als wärs ein Stück von mir”.  Sinds vandaag besef ik het: Francis was een stuk van mij, Francis was een stukje van ons allemaal.  Ik zal dit lied nooit meer kunnen zingen, zoals ik zovele liederen nooit meer zal kunnen zingen zonder aan Francis te denken.  Hij is er niet meer, maar ik ben overtuigd dat deze, zijn belangrijke les aan de Vlaamse Beweging overeind zal blijven: de les dat kameraadschap het bindmiddel  is van die beweging, en dat niemand die beweging kapot krijgt als het bindmiddel er maar is.

Het woord van auteur J.R.R. Tolkien is meer dan ooit op zijn plaats: “I will not say: do not weep; for not all tears are an evil.” Vaart wel, Francis, ik mis je heldere stem nu al, en onze maandelijkse Nieuwsbrief mist jouw heldere, scherpe maar correcte pen.
 
Peter Logghe
 
 

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Als je kan dromen zonder aan dromen verslaafd te zijn.
Als je kan denken en toch niet alleen maar een denker zijn.
Als je zege of nederlaag op dezelfde wijze kunt bejegenen.
Als je kan verdragen dat de waarheid die je sprak door canaille verdraaid wordt
om dwazen tegen jou op te jutten.
Als je je levenswerk vernietigd kunt zien en zo weer aan de slag kunt gaan.
 
Als je in één enkele worp alles kan verliezen
en zonder een zucht van spijt onmiddelijk zo maar kan herbeginnen.
Als je kan hard zijn en nooit woedend.
Als je kan trouw blijven wanneer alle anderen dat niet zijn.
Als je kan stand houden wanneer er niets mee overblijft
dan je eigen wil die zegt 'hou stand'
 

Tweede en derde strofe uit IF van Kipling
Vertaald door Francis Van den Eynde en tekst op zijn doodsprentje

jeudi, 11 mars 2021

Un seigneur nous a quittés: Francis Van den Eynde

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Un seigneur nous a quittés: Francis Van den Eynde

par Marceline Galirel

https://www.breizh-info.com/

Francis Van den Eynde, Flamand  né en 1946, vient d’entamer son dernier voyage. Que ce voyage, cher Francis, soit à nouveau, pour toi  une source d’inspiration, car les voyages, ce Flamand et cet Européen  convaincu, il les aimait.

Qu’aimait-il  en fait ?

Cet homme  curieux de tout aimait  découvrir les peuples, leurs histoires, leurs cultures. Mais avant tout ses passions furent, outre sa famille et ses amis, la Flandre, l’Irlande et l’Europe. L’Europe, pas celle de Maastricht, mais l’Europe aux cent drapeaux.

Travailleur acharné, féru d’histoire, les désastres de la Première Guerre mondiale l’avaient marqué. Aussi, à l’occasion d’un séjour dans sa famille à Gand, Francis m’avait conduit de cimetière en nécropole, où sont enterrés plus de 40.000 soldats  belges, mais aussi des soldats anglais, allemands, français, australiens…

Est-ce carnage qui avait développé son âme profondément européenne ? Francis, disait «  rêver d’une sorte d’empire confédéral européen, qui se serait étendu depuis l’Oural jusqu’à la côte atlantique, de l’Irlande et du Cap Nord jusqu’à Gibraltar. Un projet commun à toutes les communautés ethniques de notre continent, qui travaillent ensemble dans le respect le plus total de leur particularité et de leur diversité. Nous avons malheureusement dû constater que l’Union européenne ne répondait pas du tout à nos espoirs ». Le respect des cultures, de leurs diversités, de l’enracinement, a guidé son parcours militant.

Flamand d’abord, Francis rêvait d’une Flandre  indépendante. Il aura consacré  à cette idée toute sa vie militante.

Dès 1960, il milite au sein de Were Di et Voorpost, un mouvement nationaliste flamand ; puis il rejoint le Vlaams Blok en 1979. Sa première véritable percée électorale dans toute la Flandre se situe en 1989 où il remporte son premier siège au parlement européen ; ce poste le confirme dans ses idées d’une grande Europe des peuples et d’un rejet de l’oligarchie prétentieuse technocratique européenne. Il est élu député fédéral à la Chambre en 1991 à 2010. Il occupe même pendant trois ans la vice-présidence de la Chambre.

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Tout en  étant élu, il  continuait avec ses talents d’orateur à animer, avec brio, d’innombrables réunions et conférences, ponctuées de ses innombrables anecdotes historiques, en particulier.

Militant, Francis l’était assurément, mais d’abord il fut un seigneur.

Généreux, courageux, volontaire, homme de concorde au sein de ses troupes, fier de ses origines ouvrières qu’il ne reniait pas.  Hédoniste enfin : il aimait la vie simple. Impossible d’oublier une soirée dans un pub flamand, terminée par des chants européens (Francis disait que la chanson était un bon moyen d’apprendre les langues étrangères !) et arrosée de pintes de bières des abbayes.

Francis, tu nous manqueras. Ce soir nous chanterons et nous boirons à ta santé, ainsi qu’à celle de ta chère épouse, de tes enfants et de tes petits-enfants, auxquels nous pensons aujourd’hui.

Marceline Galirel

Crédit photo : DR
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lundi, 08 mars 2021

Salut à toi, Francis !

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Salut à toi, Francis !

par Georges FELTIN-TRACOL

Le 4 mars 1981, un jeune mouvement nationaliste, républicain et indépendantiste, le Vlaams Blok (VB), ouvrait sa première permanence à Anvers. Le même jour, quarante ans plus tard, l’une de ses figures historiques, François « Francis » Van den Eynde, rejoint depuis la commune d’Alost le vol des oies sauvages. C’est d’ailleurs sous sa direction que chantaient en français, en néerlandais et en allemand autour du Soleil de Pierre invités et participants à la dernière soirée solennelle des universités d’été annuelles du GRECE Les Oies sauvages.

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Né à Bruxelles le 1er avril 1946, Francis étudie les sciences humaines, puis travaille dans une compagnie d’assurances. Favorable à l’autodétermination de la Flandre, il s’engage très tôt à la Volksunie ainsi que dans des formations plus radicales telles que Were Di et Voorpost. L’approbation du pacte d’Egmont en 1977 par la Volksunie l’indigne. Il la quitte et milite bientôt au Parti populaire flamand (VVP). Le VVP forme en 1978 avec le Parti national flamand un cartel électoral prometteur : le Vlaams Blok.

Francis anime le VB à Gand. Il siège au conseil communal de la ville de 1988 à 2012. Élu au conseil flamand entre 1991 et 1995, il entre dès 1991 à la Chambre des représentants du Parlement fédéral belge en tant qu’élu de la Flandre orientale. De 1999 à 2001, il en est même l’un des vice-présidents. Il en démissionne, suite à sa participation – « sacrilège » pour les médiats régimistes – à une réunion de vétérans flamands du front de l’Est. Il conserve néanmoins son mandat parlementaire jusqu’en 2010.

Francis regrette qu’en changeant de nom sur les injonctions menaçantes et scandaleuses de la « justice » belge en 2004, le nouveau Vlaams Belang abandonne le solidarisme, se modère sur l’immigration et s’affadit. De plus en plus critique envers la ligne politique défendue par les instances dirigeantes, il est suspendu dès mars 2011. Il en est exclu le 27 juin suivant. À l’occasion des élections communales en 2012, il apporte un soutien public à la NVA (Nouvelle Alliance flamande).

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Fier d’être Flamand et d’appartenir au monde néerlandophone qui englobe par-delà la Flandre et Bruxelles, les Pays-Bas et la nation afrikaner en Afrique australe, Francis s’affiche en Européen convaincu. Il défend à travers la réunification de l’Irlande, la cause flamande et l’émancipation de la Padanie une Europe identitaire des régions ethniques. Il participe chaque année dans la décennie 1990 aux universités d’été du GRECE en Provence. Passant aussi bien du néerlandais au français et à l’anglais, Francis s’impose au sein de l’assistance tant par sa culture, son sens de la répartie, son humour ravageur que par sa carrure massive.

Quand le brouhaha devient trop grand pendant les séances des questions des groupes de travail adressées aux conférenciers, Francis n’hésite pas à lancer tel un étudiant médiéval un tonitruant « Silentium triplex ! ». Désigné par la haute-maîtrise de l’université estivale « maître des chœurs et de la chorale », il tente bon an mal an de créer l’unisson, une gigantesque tâche pour une courte semaine fort active.

Francis Van den Eynde restera l’exemple du responsable politique affable et proche des militants de base. En lui brûlait la belle flamme de la cause des peuples d’Europe. Le mouvement flamand peut se féliciter de l’avoir compté parmi les siens.

Georges Feltin-Tracol.

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jeudi, 04 février 2021

Naar Engeland gedeporteerd. Vlaamse geïnterneerden op het eiland Man 1940-1945 door Carlos H. Vlaemynck

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Bespreking van: Naar Engeland gedeporteerd. Vlaamse geïnterneerden op het eiland Man 1940-1945 door Carlos H. Vlaemynck

Björn Roose

11 november komt er weer aan en daarmee de jaarlijkse herdenkingen. Die zullen ook respectievelijk 100 jaar na het einde van de Eerste Wereldoorlog en bijna 75 jaar na het einde van de Tweede ongetwijfeld behalve over oorlog en vrede ook over de good guys en de bad guys gaan. Niet meer dan passend dus om in deze tijd van het jaar een boekje te lezen dat nóg maar eens aantoont dat de officiële good guys dat verre van altijd waren (en zijn).

Naar Engeland gedeporteerd - Vlaamse geïnterneerden op het eiland Man - 1940-1945 is zo'n boekje. Carlos H. Vlaemynck schreef het neer "uit de mond" (zoals dat dan heet) van Ieperling Luc Desramault en ik ga er van uit dat het in 1984 bij De Nederlandsche Boekhandel (DNB, sinds 1986 bekend onder de naam Uitgeverij Pelckmans) verschenen werk ook nu nog verbazing kan wekken bij de lezers. Ikzelf kende de basis van het verhaal, maar niet de "details", en dit boek gaat in zowel op die basis als op die "details".

Wat die basis betreft, die doet Vlaemynck al meteen in zijn inleiding uit de doeken:

"Toen België op 10 mei 1940 voor de tweede maal in nog geen kwarteeuw door Duitse troepen overrompeld werd, besloot de regering alle verdachte personen, zowel vreemdelingen als landgenoten, bij wijze van voorzorgsmaatregel in hechtenis te nemen. Van uur tot uur zonden de nationale radiozenders oproepen uit waarin de bevolking aangespoord werd hulp te verlenen bij het onschadelijk maken van vijandelijke parachutisten, spionnen en saboteurs. Weldra maakte er zich een ware spionnen-psychose van de bevolking meester. Deze psychose werd in de hand gewerkt door de sterke verhalen van de honderdduizenden vluchtelingen. Overal dacht men leden van de 'Vijfde Colonne' te zien en het aantal preventieve arrestaties steeg onrustbarend. Duizenden mensen, onder wie vooral leden van het V.N.V., het Verdinaso, Rex en de K.P. kwamen aldus in de gevangenis terecht. De meesten onder hen waren onschuldig. Zij kregen echter de kans niet hun onschuld te bewijzen omdat hun aanhouding slechts een zogenaamde 'voorlopige administratieve veiligheidsmaatregel' was, hetgeen iedere vorm van rechtsbijstand uitsloot. Nadat de Franse en Britse troepen op de 19de mei het Nederlandse en het Belgische leger te hulp waren gesneld, gingen de militaire autoriteiten van beide mogendheden eveneens tot aanhoudingen op Belgisch grondgebied over. Zij deden dit onder voorwendsel de aanvoerlijnen van hun strijdkrachten in het opmarsgebied veilig te stellen. Vooral de Fransen lieten zich bij dit wederrechtelijke optreden - België was immers een bondgenoot en geen bezet gebied - niet onbetuigd. Met het oog op de te verrichten arrestaties hadden zij zelfs maanden vooraf door geheime agenten in het neutrale België 'verdachtenlijsten' laten opstellen. Ten gevolge van het bijzonder snel oprukken van de Duitse troepen werd een aanzienlijk aantal politieke gevangenen in uiterst verwarde omstandigheden naar Frankrijk gedeporteerd. Voor velen onder hen betekende deze wegvoering het begin van een wekenlange lijdensweg. [Voor onder andere Joris Van Severen betekende het zelfs het einde, noot van mij] Een kleine groep verdachten kwam evenwel in Engeland terecht."

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Bij die "kleine groep verdachten" het hoofdpersonage van dit boekje, Luc Desramault, destijds gouwleider (regionaal leider) van het Algemeen Vlaamsch Nationaal Jeugdverbond, voor wie deze deportatie vijf jaar zou duren. Liever dan hier het hele verhaal dunnetjes over te doen, houd ik het bij een aantal veelbetekenende citaten:

"Onze bewaking [bij de eerste stop, de gevangenis van Ieper, noot van mij] bestond deels uit politieagenten en deels uit leden van een soort plaatselijke burgerwacht." [terwijl in "klassieke" geschiedenisboeken altijd volgehouden wordt dat burgers pas andere burgers gingen gevangenhouden tijdens de repressie-annex-straatterreur, noot van mij]

"In de bus [waarmee de stouterds afgevoerd werden richting Oostende om van daar richting Engeland gedeporteerd te worden, noot van mij] kregen wij het gezelschap van een zestal Joodse vrouwen die drie kinderen bij zich hadden. Voorts waren er nog enkele communisten bij uit Moeskroen, Wervik en Menen alsook enkele vreemdelingen." [Geef toe, een gezelschap dat, als de Vlaams-nationalistische "verdachten" nationaal-socialisten zouden geweest zijn, toch wel zéér explosief was samengesteld, noot van mij.]

"Op onze bus zat er een jonge jodin die door de natuur met heel wat charmes begunstigd was. Zij bracht het zover dat een van de gendarmen erg verlangend werd om even met haar alleen te zijn ... Toen beiden na geruime tijd terugkwamen, bleek de jodin in het bezit te zijn van enkele koekjes en karamels die wij van haar konden kopen om onze kwellende honger te stillen. Zij bracht het zover dat wij zelfs een weinig water kregen om onze brandende keel te verfrissen." [Het gemengde gezelschap had dus duidelijk ook geen hekel aan mekaar, noot van mij.]

"Niettegenstaande wij slechts verdachten waren, werden wij onderworpen aan het reglement dat van toepassing was op de veroordeelden [in de Londense gevangenis Pentonville, noot van mij] (...) Onze ondervragers hadden een burgerpak aan en waren telkens met vieren. Merkwaardig genoegen kregen wij nooit hun gelaat te zien. Zij droegen steeds een zwarte satijnen kap voorzien van twee doorkijkspleten en een mondopening over het hoofd. Het maakte aanvankelijk een vrij lugubere indruk en liet ons het ergste vermoeden. (...) De ondervragingen duurden twee dagen telkens zonder onderbreking van 8 tot 12 uur en van 13 tot 17 uur. Zij gingen gepaard met heel veel intimidatie. Herhaaldelijk kregen wij te horen dat indien wij de waarheid niet zouden zeggen, zij er die wel uit zouden krijgen! Herhaalde malen verklaarden zij onomwonden dat zij ons zouden afmaken, hetgeen bij ons de bedenking ontlokte dat indien zij toch reeds van plan waren ons te liquideren het dan in feite geen zin meer had om ons te ondervragen. Het kruisverhoor bestond meestal uit vragen die zij door elkaar stelden in de hoop ons op tegenstrijdige antwoorden te kunnen vangen. Dit leverde evenwel niets op aangezien wij niets te verbergen hadden. Wij waren weliswaar allemaal op de een of andere wijze in de Vlaamse beweging actief geweest, maar dit had met de oorlog nooit iets te maken gehad." [Deze mensen waren dus zonder welke officiële beschuldiging dan ook opgepakt, gedeporteerd en gevangen gezet en nu hoopte de belgische staat er op dat ze zelf bewijzen zouden leveren van collaboratie terwijl ze zelfs ... de oorlog niet van dichtbij hadden gezien, noot van mij.]

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"Toen wij in Hutchinson [Hutchinson Camp, een Brits concentratiekamp op het eiland Man, noot van mij] aankwamen, zaten er naar schatting wel vijfduizend joden in het kamp en hoop en al een vijftigtal niet-joden, onder wie Leo Hoste en ik." [Weer dat eigenaardige idee om potentiële "nationaal-socialisten" op te sluiten samen met joden, noot van mij.]

"Het is via dit communicatiesysteem [in de gevangenis van Leeds, de volgende halte van Desramault, noot van mij] dat wij tot de ontdekking kwamen dat er in de gevangenis heel veel Ierse politieke gevangenen zaten. Zij waren leden van de I.R.A. Wij hadden deze drie mysterieuze letters reeds herhaaldelijk als graffiti op de muren van de gevangenis zien prijken, maar de inhoudelijke betekenis van dit letterwoord was toen nog maar een vaag begrip voor ons. Geleidelijk aan leerden wij deze Ierse nationalisten en hun strijd voor de volledige hereniging van hun eiland in één onafhankelijke republiek beter kennen." [Ofte flater nummer zoveel van de Engelsen, noot van mij.]

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"Hoezeer de Londense politiemannen zich [dit keer in Camp X, een ander concentratiekamp op het eiland Man, noot van mij] ook inspanden om het kampleven draaglijker te maken, toch kreeg de drang naar de vrijheid sommigen van ons zo erg te pakken dat er ontvluchtingspogingen werden ondernomen. Een van de merkwaardigste pogingen werd op touw gezet door drie geïnterneerde Nederlanders. Een was officier bij de Koninklijke Nederlandse Marine, de tweede was stuurman bij de Nederlandse Koopvaardij en de derde was piloot bij de K.L.M.. Alle drie werden, terecht of ten onrechte, dat heb ik nooit geweten, verdacht van lidmaatschap bij de N.S.B. Zij hadden hun tocht zorgvuldig gepland en voorbereid. Aldus hadden zij wekenlang in de fabriek waar zij overdag werkten kleine hoeveelheden benzine gehamsterd. Op een mooie morgen kaapten zij ongezien een motorbootje, brachten de benzine aan boord en startten de motor. Met een brede zwaai staken zij van wal en stevenden op volle kracht de Ierse Zee in zuidwestelijke richting op met de kennelijke bedoeling de kust van de neutrale Ierse Republiek te kunnen bereiken. Aanvankelijk scheen hun poging te zullen slagen maar plots kwamen zij echter in een opstekende storm terecht. Aangezien de Ierse Zee een soort van binnenzee is, zijn de golfslagen er kort maar krachtig. Zij kregen water in de boot en de motor begon te sputteren. Weldra viel hij geheel stil en wat zij ook probeerden om hem weer op gang te krijgen, niets mocht baten. Voortgestuwd door de storm dreven zij af naar de Schotse kust. Een Brits legervliegtuig had reeds de drenkelingen opgemerkt en toen hun vaartuig in de branding aan diggelen sloeg en zij uitgeput aan land strompelden, werden zij er opgewacht door militairen die hen oprecht feliciteerden met de gedurfde stunt! Later moesten zij voor een krijgsgerecht verschijnen en werden er tot één maand gevangenisstraf veroordeeld wegens diefstal van benzine en het ontvreemden van een boot. De Britse eigenaar van het vaartuigje weigerde schadevergoeding te vragen. Als sportieve Engelsman vond hij het al erg genoeg dat hun poging mislukt was!" [En dat zijn nu de dingen die een mens veel te weinig leest in "oorlogsverhalen", het respect dat "vijanden" voor mekaar kunnen opbrengen in de juiste omstandigheden, noot van mij]

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"Aldus gingen langzaam maar zeker de oorlogsjaren voorbij. Een paar malen kregen wij bezoek van leden van het Belgische Rode Kruis. Vóór onze aankomst in 'Camp X' hadden wij ze nog nooit gezien. Met veel tegenzin spraken zij Nederlands en het eerste wat zij deden, was ons verwijten maken. Volgens hen waren wij slechte Belgen, omdat wij in een interneringskamp zaten. Het was onze plicht dienst te nemen bij het Belgisch Leger en te gaan strijden tegen de Duitsers. Daarop hebben wij hen ons standpunt uiteengezet. Wij zegden dat wij bereid waren de Belgische strijdkrachten in Groot-Brittannië te vervoegen op voorwaarde dat wij eerst volledig in het openbaar gerehabiliteerd zouden worden. Daar konden zij niet voor instaan, zegden zij, wij moesten dat met de Engelsen regelen. En wanneer wij dan met de Engelsen daarover van gedachten wisselden, verwezen zij ons naar de Belgische regering te Londen. Het gevolg was dat de zaken bleven zoals zij waren en dat de afgevaardigden van het Belgische Rode Kruis ons kamp niet meer bezocht hebben." [Kafka, iemand ?, noot van mij]

En dan, dan moest de kers op de taart nog komen:

"Toen de afreisdatum aanbrak, pakten wij onze koffers en kregen wij onze identiteitskaarten terug. Voorts gaven de Britten ons een vrijgeleidebrief waarop stond dat wij in België overal mochten heengaan waar wij maar wensten. Op 20 mei 1945, Pinksterzondag, stapten wij voor het eerst in ruim vijf jaar als vrije burgers aan boord van een Brits legervliegtuig. (...) Bij de uitgang van de luchthaven [die van Evere, noot van mij] werden wij tegengehouden door enkele mannen in burger. Zij wensten onze persoonsbewijzen te zien. Geen onheil vermoedend toonden wij ze onze vrijgeleidebrieven. Daarop zegden zij dat er voor ons vervoer voorzien was om ons naar Brussel te brengen. (...) Toen men ons daar ter hoogte van het Cantersteen liet uitstappen, werden wij spoedig omringd door een vijandig gezinde menigte die, naar wij later vernomen hebben, daar uit Duitsland gerepatrieerde collaborateurs stond op te wachten. Wij werden er uitgemaakt voor 'sales boches' (smerige moffen) en kregen harde klappen te incasseren. (...) Onder veel gejouw en getier van de omstaanders werden wij [na een ondervraging in Cantersteen, noot van mij] terug in de camion geduwd die ons na een korte rit in het 'Klein Kasteeltje' afleverde. Wij vlogen er bij de aldaar reeds opgesloten incivieken en brachten daar een tiental dagen door. Het eten was er bar slecht en bestond hoofdzakelijk uit gedeshydrateerde rode kool en wortelen. Weldra zat iedereen met diarree geplaagd. Daarna werden wij overgebracht naar de gevangenis van Sint-Gillis (...) Vanuit Sint-Gillis werd ik dan overgeplaatst naar de inmiddels tijdens de oorlog wederopgebouwde gevangenis van Ieper. (...) Het duurde tot in september 1945 vooraleer ik de militaire auditeur te zien kreeg. Hij wist mij alleen maar te vertellen dat er tegen mijn gedrag tijdens de oorlog niets viel in te brengen en dat er derhalve geen reden was om mij te vervolgen. (...) Aangezien ik onschuldig was, gaf de krijgsauditeur bevel mij op staande voet [na zo'n vijf jaar volkomen onterechte vrijheidsberoving dus, noot van mij] in vrijheid te stellen. Hij gaf mij echter de raad mij voor mijn eigen veiligheid voorlopig niet in de buurt van Ieper te vestigen. Ik heb zijn raad opgevolgd en heb eerst een drietal maanden in Vilvoorde bij een zuster van mijn vader gewoond. (...) Daarna heb ik nog zogezegd mijn domicilie gehad bij mijn broer in Komen. Het is daar dat ik dan op 28 februari 1946 een officieel attest van buitenvervolgingstelling heb bekomen."

Om dit waanzinnige verhaal te beëindigen geef ik nog graag mee dat in die officiële buitenvervolgingstelling nog steeds geen reden stond aangegeven waarom Luc Desramault vijf jaar van zijn leven beroofd is door de Belgische staat, maar wel dat die buitenvervolgingstelling "slechts van voorloopigen aard" was en "het hernemen van het onderzoek niet [verhindert] ingeval er zich nieuwe bezwaren voordoen".

Allemaal het overdenken waard als de wereld van de oorlogsjaren weer eens door iemand opgedeeld wordt in zwart en wit ...

dimanche, 16 août 2020

Note sur les Ménapiens

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Note sur les Ménapiens
Sam D'roo (Facebook)

La datation du haplogroupe caractéristique (R1b-Z16340) des Ménapiens a été estimée en utilisant la méthode développée par Iain McDonald. L'âge médian de Z16340 est de 3 217 années, soit environ 1 268 ans avant l'ère chrétienne, soit environ 120 ans après la formation de celle (S5668) du groupe de la Manche. Les recherches se poursuivent pour réduire l’intervalle de confiance à 95% qui est actuellement compris entre 1810 et 751 avant l'ère chrétienne. Cette analyse révèle une concordance entre les haplogroupes des Menapii irlandais et des Ménapiens belgæ et confirme l'appartenance des Ménapiens au groupe celtique atlantique.

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Une partie des peuples belgae entament une migration vers les îles Britanniques dès les années 200 av. J.C. et s’y installent durablement. César écrit au sujet de la Bretagne : « La partie maritime est occupée par des peuplades que l'appât du butin et la guerre ont fait sortir de la Belgique ; elles ont presque toutes conservé les noms des pays dont elles étaient originaires, quand, les armes à la main, elles vinrent s'établir dans la Bretagne, et en cultiver le sol » (Guerre des Gaules, V, 12). Le lien continuera d’exister entre ces « deux » peuples belgae : le chef Commios, fuyant les Romains, se réfugie en Bretagne chez les Belgae bretons. Les Fir Bolg (ou Fîr Bholg), dans la mythologie celtique irlandaise, sont un peuple de guerriers et d'artisans, ayant constitué la troisième vague d'envahisseurs de l'Irlande. Les Ménapiens marins étaient des commerçants. Ils ont quelquefois été qualifiés de "Phéniciens du Nord". Ils disposaient aussi d'une flotte conséquente issue de techniques équivalentes (construction en chêne) à celles de leurs alliés Vénètes leur permettant d'établir des colonies commerciales juqu'en mer d'Irlande et en Écosse (dont Menapia mentionné par Ptolémée dans le sud-est de l'Irlande). Les Ménapiens sont la seule tribu celtique connue qui soit spécifiquement nommée sur la carte de Ptolémée en Irlande, où elle a localisé sa première colonie - Menapia - sur la côte de Leinster vers 216 av. J.C.. Ils s'installèrent plus tard autour du Lough Erne et devinrent connus sous le nom de Fir Manach et donnèrent leur nom à Fermanagh et à Monaghan.

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Ptolémée, au deuxième siècle apr. J.C., dans son œuvre Geographia, plaçait les Ménapiens entre les Tungri (autre nom pour Eburons et Aduatuques) et les Nerviens. Il mentionne aussi une tribu Manapi vivant dans les sud-est de l'Irlande dont les Ménapiens de Belgique constituent l'origine continentale (Ce lien a été confirmé en 2016 et prouvé par test génétique NGS sur plus d'une trentaine de leurs descendants en Irlande et en Belgique). On retrouve également plusieurs noms de tribus celtes en Grande-Bretagne et dans le reste de l'Irlande (Parisii, Atrebates, Belgæ...). Ceci peut s'expliquer par les invasions celtes aux VIe et IIIe siècles av. J.-C. qui atteignirent également les îles britanniques.

vendredi, 14 août 2020

Retrospectieve Maurits De Maertelaere / Rétrospective Maurits De Maertelaere

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Retrospectieve Maurits De Maertelaere

Rétrospective Maurits De Maertelaere

Tentoonstelling Beeldhouwkunst

Exposition de sculptures

Sporen van Maurits De Maertelaere

Traces de Maurits De Maertelaere

Van 26 september t/m 18 october

Info

Waar? Où?

Artmut

Pareipoelstraat 3

2800 Mechelen

Hoe geraak ik hier? / Comment s'y rendre? 

Het Schone sterker dan steen

Maurits De Maertelaere (1927-2014)

Ik heb dat beeldje in Maurits z’n atelier altijd weten staan. Een verfijnd, slank naakt, gekapt uit wit marmer van Carrara. Toen  hij, na een mooi leven vol noeste arbeid, de deur van zijn atelier achter zich dichttrok, gaf Maurits me het kleinood mee.

Bijna veertig jaar geleden,  ontmoette ik Maurits De Maertelaere voor de eerste keer. Het klikte  meteen tussen ons. Mijn bezoeken aan zijn atelier koester ik als de meest dierbare herinneringen. In Kalken kon het jachtige leven even tot rust komen. Overpeinzingen over de vrienden, het leven, en de bandbreedte van de strijd. Ze  konden tot in  de late avonduren duren. ‘En zo, of zo’ beaamde Maurits, filosofisch.

Maurits kende in heel Europa de goden en klein Pierke. Overal gaf hij present met zijn beeldhouwwerk, van Zuid-Vlaanderen tot Occitanië en van de Oost- tot de Noordzee. Een kunstenaarsleven, soms  ondankbaar, dat hij in zijn stijlvolle, trotse eenvoud volwaardig beleefde.

Een voldaan leven

Maurits de Maertelaere is na een voldaan leven voorbije zomer heengegaan. Wat blijft  is  zijn beeldhouwwerk, uit  steen en hout gewekt tot leven. Het Schone zoals Maurits het zag. Ze zijn uit ons huis niet weg te denken: een moeder die haar kindje omarmt, dansende jongen en meisje, heidense figuren elkaar omhelzend, drie kinderen van Moeder Aarde die de sterren aanreiken als op een gravure van Dombrowski.

Ik kijk ook naar de adelaar boven het haardvuur. Maurits  was de vriendenhand uit het gedicht die de adelaar uit nobele eik sneed: “het dubbele hoofd strak en trots geheven naar ginds en naar ginds”.* Symbool van 1.200  jaar Europese geschiedenis waarover hij zoveel kon vertellen.

En dan is er nog dat beeld uit wit marmer van Carrara. Vorige week viel het toch wel  in stukken op de grond. Het kon niet waar zijn.  Tekenen vanuit het hiernamaals zijn niets voor mij. Ik verzamelde dus  zorgvuldig de brokstukken en, zonder hoop,  haastte me naar een handige Harrie. En het onmogelijke gebeurde: geen sporen van restauratie. Het beeld kreeg ik heel terug.

De achtergelaten boodschap van beeldhouwer Maurits De Maertelaere: het Schone is sterker dan (gebroken) steen.

*Uit het gedicht De Adelaar van Paul-Hendrik Leenaards ( 1924-1988)

samedi, 13 juin 2020

Eric Vanneufville : « L’abbé Gantois appréciait les qualités humaines de l’abbé Perrot »

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Flandres/Bretagne:

Eric Vanneufville : « L’abbé Gantois appréciait les qualités humaines de l’abbé Perrot »

[Interview]

Ex: https://www.breizh-info.com

Eric Vanneufville, issu d’une famille ancrée au cœur de la Flandre, déjà auteur de plusieurs livres sur l’histoire de sa contrée, vient de sortir une biographie de l’abbé Gantois, prêtre de Flandre française et surtout nationaliste flamand et néerlandophone, mort en 1968. Ce sont les éditions Yoran Embanner qui permettent de découvrir une figure majeure du nationalisme flamand du XXe siècle.

Condamné par la justice française en 1946, l’abbé Gantois fût considéré comme traître à la patrie. Or l’Abbé Gantois, en tant que nationaliste flamand, était anti-français, considérant que la France était la puissance occupante responsable de la division de la Flandre en deux États par une frontière artificielle. Pendant l’Occupation, il a donc eu une position pro-allemande, du fait de son pangermanisme.

Durant l’entre-deux-guerres, Gantois fut secrétaire général et véritable leader du Vlaamsch Verbond van Frankrijk (Ligue des Flamands de France). Cette biographie est l’œuvre d’un historien flamand, elle est donc à charge et à décharge laissant au lecteur le choix de son opinion.

« L’analyse pertinente produite par Éric Vanneufville est l’histoire d’un homme, dénué de culture et d’analyse politiques, qui a placé son amour passionné et idéaliste, voire mystique dans sa patrie flamande. Dommage qu’il ait vécu cette période de l’Histoire du XXe siècle qui l’a broyé » écrit l’éditeur.

L’Abbé Gantois, Eric Vanneufville, Yoran Embanner, 10 € (à commander ici).

Breizh-info.com : Pourquoi avez-vous souhaité écrire sur l’Abbé Gantois ? Pouvez-vous nous le présenter rapidement ?

Eric Vanneufville : J’ai souhaité écrire sur Gantois car plus de 70 ans après les années de l’occupation allemande du nord de la France, il n’existait pas de présentation la plus véridique possible et pour le grand public, de l’abbé dans ses différents aspects.

L’abbé Gantois, né en 1904, était un prêtre de Flandre de France, d’une famille de Watten. Érudit, il réalisa très vite que sa Flandre française n’était que la partie méridionale de l’ancien comté de Flandre, lui-même intégré aux 17 provinces des Pays-Bas de l’empereur Charles Quint. Il insista donc sur l’aspect « Néerlande » de la Flandre des bouches de l’Escaut aux collines d’Artois, ainsi que, de façon plus contestable, sur les fondements germaniques d’une grande partie de la Picardie.

Entraîné par le pangermanisme dans lequel il inscrivit son action, il s’affirma partisan de la refonte des régions et États d’Europe sous la domination germanique du IIIème Reich, sans toutefois sombrer dans le nazisme. De ce fait, il fut jugé et condamné après guerre. Il resta bien considéré en certains cercles de Flandre Belge mais en Flandre de France il fut déconsidéré, ce qui handicapa pendant longtemps tout mouvement flamand régionaliste.

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Breizh-info.com : Qu’est-ce que le nationalisme flamand qu’il prônait ?

Eric Vanneufville : Le nationalisme flamand doit être selon l’abbé Gantois ancré dans ses racines, y compris ethniques mais aussi chrétiennes, populaires et sociales et ne pas rejeter la Flandre de langue française ou picardisante (Lille, Douai).

Bien dans son temps des nationalismes des années 30, Gantois affirma des convictions racistes, en considérant que c’étaient la race et le sang qui décidaient.

Cela lui permit de préciser que dans les régions autrefois de langue germanique ou de peuplement flamand, basé sur les tribus franques ou saxonnes ou frisonnes, la francisation ultérieure ne gommait pas le caractère ethnique fondamental : ces francophones demeuraient germains et flamands par la race et le sang, lesquels expliquaient l’unité culturelle traditionnelle des Pays-Bas français, jusqu’à la Somme.

Même en France en la seconde moitié du XXe siècle, il y eut chez un petit nombre de régionalistes, plutôt à droite, une référence révérencieuse à « l’abbé », personnage devenu quasi mythique. Évidemment, pendant longtemps cela découragea les idéologues de gauche de soutenir les régionalistes flamands. La situation n’évoluera que peu avant 1980, plus de 10 ans après le décès de Gantois en 1968 à Watten alors qu’il n’était déjà plus vraiment actif au titre du mouvement flamand.

Breizh-info.com : Il n’y a pas de bibliographie à la fin de votre ouvrage. Est-ce un parti pris de votre part ?

Eric Vanneufville :  J’ai préféré citer les ouvrages essentiels permettant de l’approcher dans les notes, références et citations indiquées dans le corps même de l’ouvrage.

Breizh-info.com : L’abbé Gantois en Flandres, l’abbé Perrot en Bretagne. Même époque, mêmes fonctions. Quelles similarités ? Quelles différences ?

Eric Vanneufville : C’est l’un des aspects les plus difficiles à cerner. Gantois était persuadé que, pour connaître quelque chance de succès, les mouvements régionalistes de France devaient être unis chez eux et solidaires entre eux. Il s’y ajouta une certaine empathie de Gantois envers Perrot dont il appréciait les qualités humaines.

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Breizh-info.com : Quel héritage a laissé, aujourd’hui encore, l’abbé Gantois aux Flamands ? Comment se fait-il qu’il soit finalement assez méconnu, voir pas connu du tout ?

Eric Vanneufville : Gantois en France est soit méconnu, soit présenté négativement, au détriment du régionalisme encore à présent, en particulier eu égard à la période de l’occupation allemande. En Flandre belge, il jouit encore d’une certaine aura.

Propos recueillis par YV

Photo d’illustration : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V

mercredi, 10 juin 2020

Louis Fruchart, chouan des Flandres

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Louis Fruchart, chouan des Flandres

via Facebook de Pierre-Olivier Gaden

Connaissez-vous l’histoire de Louis Fruchart, brave paysan de l’Alleu, qui, à la tête de l’insurrection royaliste des Flandres, remporta quelques victoires sur les troupes républicaines provoquant un vif émoi dans la capitale ?

Dans les provinces du nord, majoritairement fidèles à Dieu et au Roi, les actes de résistance se multiplièrent à la suite de la Révolution. Reflets de ces troubles, Le Sentier de briques, paru en 1953, comporte sept récits s’appuyant sur des anecdotes familiales au moment de la Terreur. Leur intérêt demeure bien plus historique que littéraire. à travers le personnage d’Adélaïde de Chevry, Pierre de Mouveaux illustre le dévouement à la cause royale des aristocrates de la région lilloise et met l’accent sur des évènements que l’historiographie républicaine s’efforce d’occulter. Une grande partie de la population de ces contrées tenta de s’opposer à l’idéologie du nouveau régime. On se demande cependant ce que viennent faire les dessins vendéens de Daniel Lordey dans cette flamanderie.

La révolte des conscrits

Sous l’Empire, l’impôt et la conscription avaient dévasté et rendu exsangues les campagnes du nord. Les Flamands, choqués par l’arrestation de prêtres des Deux-Nèthes et de la Dyle en 1810, maudissaient l’«Antéchrist» excommunié par Pie VII. L’exaspération enflait dans les chaumières. Après l’hécatombe de la retraite de Russie et la défaite de Leipzig, un sénatus-consulte décrétant une nouvelle levée de près de trois cent mille hommes mit le feu aux poudres et raviva les tensions entre Jacobins et royalistes. Louis Fruchart, brave paysan de l’Alleu, d’une force athlétique et d’une intrépidité hors du commun, catholique fervent et ardent royaliste, incita bon nombre de jeunes gens à se rebeller.

84384358_p.jpgLe lundi 22 XI 1813 resta gravé dans les mémoires sous le nom de «Stokken maendag». Les conscrits firent leur entrée à Hazebrouck, vociférant et frappant le pavé de leurs bâtons noueux. L’hôtel de la sous-préfecture fut mis à sac et le préfet Deghesquières malmené. Informé de cette rébellion, le général Lahure envoya de Lille troupe et canonniers qui mirent leurs pièces en batterie sur la Grand-Place pour rétablir l’ordre. Les révoltes s’étendirent à toute la Flandre et se muèrent en un soulève-ment rural antinapoléonien d’envergure. Les insurgés se retirèrent en forêt de Nieppe et dans les impénétrables marécages des environs.

Le 16 décembre, sur le marché d’Estaires, le solide gaillard de vingt deux ans, une paire de pistolets à la ceinture, vêtu d’une blouse bleue et coiffé d’un large chapeau orné d’une cocarde blanche – sur laquelle se détachaient les mots « Je combats pour Louis XVII » surmontés de trois fleurs de lys –, apostropha la foule : « Mes amis, les puissances coalisées ne se battent contre la France que pour la délivrer de Bonaparte et rétablir les Bourbons, nos seuls souverains légitimes; ne rejoignons plus les armées du tyran ; ne lui payons plus aucune espèce de contributions; armons-nous, unissons-nous pour chasser les troupes envoyées contre nous ! […] Un meilleur avenir nous attend ; mais pour l’obtenir, prenons les armes contre celui qui nous gouverne injustement et qui nous prouve, tous les jours, qu’il est capable de sacrifier à son ambition le dernier des Français. » Le chef de bande rameutait les insoumis. Le 24 décembre, près de deux mille insurgés et déserteurs l’avaient rejoint. Le 26, ils affrontèrent à Merville un détachement militaire envoyé de Lille pour réprimer la sédition. La révolte des paysans débutait par une victoire qui provoqua un vif émoi dans la capitale.

Le soulèvement des paysans

Le 1er janvier 1814, l’Empereur chargea le général Boyer d’arrêter les séditieux et de fusiller les hommes armés. Mais les rebelles s’étaient dispersés, gagnant le département de la Lys (Bruges, Courtrai). Maître du pays, l’audacieux Fruchart assaillait les détachements impériaux qui traversaient la contrée et paralysait les opérations de la soldatesque et de la gendarmerie. Echappant à la capture, il semblait se multiplier en tous lieux. S’il inspirait de l’effroi à ses ennemis, il traitait les prisonniers avec humanité. Arrêtant un convoi de grains destiné à Dunkerque, il les fit distribuer au nom du Roi aux indigents alentour. La rébellion s’étendit à la quasi totalité du Nord, aux arrondissements de Saint-Pol, Béthune et St-Omer et jusqu’à la Somme. De succès en succès, « Louis XVII Fruchart » devint une légende. On rapporte qu’un jour, deux gendarmes demandèrent à un paysan s’il pouvait leur indiquer sa retraite : « Je puis vous le faire voir, répondit-il, suivez-moi. » Et les attirant à l’écart : « Ce Louis XVII que j’ai promis de vous montrer, le voici. En garde ! » à ces mots, il fondit sur eux, les mit hors de combat et rejoignit paisiblement ses compagnons.

Louis Fruchart surnommé Louis XVII

Geismar_Fedor_Klementevich.jpgLe baron de Geismar (photo), colonel russe, aide de camp du duc de Saxe-Weimar, commandant un corps de cavalerie légère de six à sept cents hommes, vint prêter son appui aux conscrits insurgés et opéra la jonction avec Fruchart à Hazebrouck le 18 février 1814. Il destina aux habitants cette proclamation : « On fait savoir que tous les conscrits et tous autres qui voudront se battre pour la cause des Bourbons seront commandés par Louis Fruchart surnommé Louis XVII, qui marche avec un corps de troupes alliées. Ils seront bien nourris, habillés et payés ». Symbole de l’insurrection des campagnes contre la guerre perpétuelle, la colonne guidée par Fruchart se mit en branle dès le 19 février. Ils livrèrent une bataille difficile à Doullens, dont ils conquirent la citadelle. Les opérations des Alliés se poursuivirent courant mars dans l’Aisne, la Somme et l’Oise. Le 28 mars, ils franchirent la Marne et Paris capitula le 31. Fruchart obtint la décoration du Lys et regagna ses pénates.

9791090029842-475x500-1.jpgLors des Cent-Jours, le vaillant flamand se mit au service du Roi à Gand, secondé par ses deux frères Célestin et Benoit. En juin 1815, les anciens soldats de Fruchart arborèrent de nouveau leur drapeau blanc. Ils participèrent à la campagne de Belgique et armèrent une compagnie de volontaires. Placés sous les ordres du général de Bourmond, commandant la 16e division militaire, portant le nom de volontaires royaux, ils cernèrent Béthune, et le 28 investirent Arras, forçant les troupes impériales au retrait.

Louis XVIII indemnisa Fruchart des pertes subies dans sa ferme, pillée par le général Vandamme, lui octroya une rente et le fit sous-lieutenant porte-drapeau dans la lère légion départementale du Nord. Il fut élevé au grade de chevalier de la Légion d’Honneur en 1815 et nommé lieutenant, garde du corps du comte d’Artois, frère du roi, en 1822. Charles X, qui l’appréciait, reconduisit en 1824 Louis Fruchart dans son grade de garde du corps, mais cette fois du Roi. En revanche, Louis Philippe, insensible à ses sollicitations, le mit en réforme en 1837. Désabusé par cette ingratitude, le flamand rentra au pays et reprit un emploi à la Brasserie du Pont Riqueult. Le 8 janvier 1851, Louis Fruchart s’éteignait à 59 ans, célibataire, à Lestrem, chez sa sœur Catherine où il s’était retiré.

A lire : Le Sentier de briques, de Pierre de Mouveaux, Via Romana, réédition 2014, 15 euros & Une chouannerie flamande au temps de l’Empire, de Paul Fauchille, Pedonne, 1905.

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jeudi, 02 avril 2020

Semer la panique ?

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Semer la panique ?

Lettre de Frank Beckers à l’hebdomadaire flamand ‘t Pallieterke (n°13/2020) :

Cher Pallieterke,

A mon grand étonnement, je dois constater que ‘t Pallieterke informe ses lecteurs sur la crise du coronavirus de la même manière que les médias conventionnels, en poursuivant apparemment le même but : semer la panique dans la population ! Dans vos articles, je ne perçois pas la moindre nuance. Belgique, 2017 : 3.300 personnes meurent de… la grippe saisonnière. Y a-t-il eu panique ? Confinement ? Non. En 2018, du 26 février au 4 mars, 2.900 personnes meurent de la grippe en Belgique, en une seule semaine ! Le nombre de morts dus au coronavirus est actuellement de 513 en Belgique. A la date du 30 mars, le monde entier compte 34.997 morts du coronavirus et 119.271 morts dus à la grippe saisonnière.

Je trouve également très choquant que vous, Pallieterke, prenez à la légère les mesures prises à l’endroit de notre population, lesquelles, de mon point de vue, sont totalement disproportionnées. Vous ne semblez pas comprendre qu’ôter le liberté aux gens est la pire chose qu’un gouvernement peut infliger à sa population. Ensuite, je dois également déplorer que les politicards de droite, dans ce pays, plaident pour un confinement encore plus drastique. J’attendais de ces gens-là plus de lucidité et de bon sens ou bien ont-ils décidé de jouer un jeu politicien ?

mardi, 03 mars 2020

Henri Conscience et la chouannerie belge

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Henri Conscience et la chouannerie belge

Ex: https://lepassebelge.blog

« De Boerenkryg » , le roman d’Henri Conscience (1853), relate de manière réaliste le soulèvement contre le régime français, pour la foi catholique et pour la patrie belge, qui mobilisa dans toutes les couches de la population. Mais la diffusion de cette œuvre, comme le souvenir des événements eux-mêmes, se sont largement estompés (1798).

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Le monument conçu par Ernest Dieltiens et érigé en 1898 à Herentals pour le centenaire de la guerre des Paysans. (Source: https://www.herentals.be/boerenkrijgmonument)

   La Belgique est française depuis trois ans et Overmere, près de Termonde, appartient au département de l’Escaut quand, le 12 octobre 1798, un huissier, accompagné de quelques soldats de l’armée occupante, vient saisir les biens d’un citoyen récalcitrant à l’impôt. L’affaire fait rapidement le tour du village. Les jeunes commencent à s’attrouper, montrant les dents ou les poings en direction des sbires qui n’en mènent pas large. Les cris de « Vive l’Empereur » (d’Autriche) sont lancés comme autant de défis. Les représentants de l’ordre n’insistent pas: ils s’en vont sous les huées.

   Partie remise, bien sûr. On envoie peu après des gendarmes pour réduire les bagarreurs. Mais les jongens ont ameuté les communes environnantes. La guerre des Paysans est déclenchée. Elle va s’étendre, à des degrés divers, dans toutes nos provinces et, malgré l’appellation réductrice, mobiliser dans toutes les couches sociales. La République mettra trois mois au moins pour venir, partiellement, à bout de l’incendie.

   Un demi-siècle s’est écoulé depuis ces événements quand Henri (ou Hendrik) Conscience en fait, en 1853, la matière d’un roman qui sera l’un de ses plus grands succès, tant en néerlandais qu’en traduction française.

De Boerenkryg (La guerre des Paysans), observe Kevin Absillis (Université d’Anvers), a « ancré dans la mémoire collective belge et flamande » ce chapitre de l’histoire en en faisant, « selon les standards d’alors, une épopée tourbillonnante » [1]. C’est une révolte pour la foi et pour la patrie – patrie qui est bien d’un bout à l’autre la Belgique. Même si l’essentiel de l’action se situe en Flandre, dans le village campinois de Lichtaart (Kasterlee) rebaptisé du nom de Waldeghem, les héros sont les « Belges opprimés » et la « Belgique combattante » . Cinq mois après la parution du livre, le roi Léopold Ier offrira à Conscience une bague en diamant comme « marque de Sa haute bienveillance » .

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Depuis, des interprétations en sens divers ont fait leur chemin. L’une d’elles veut que l’intérêt pour la chouannerie belge ait été lié à la crainte – nullement infondée – d’une résurgence des projets annexionnistes français après la révolution de 1848 et surtout sous le Second Empire. D’autres exégèses tiennent du procès idéologique intenté à un écrivain chantre de la tradition catholique et rurale. L’historien et journaliste Marc Reynebeau, dans Het klauwen van de leeuw (1995), y ajoute une dose de freudisme: la haine de la France serait liée à un complexe d’Œdipe, l’artisan du renouveau des lettres flamandes étant né d’un père français! Kevin Absillis entend pour sa part exonérer l’auteur de sa supposée mauvaise réputation pour en faire un louable réformiste. Il se demande surtout, à la fin de son étude, si la modernité opposée au conservatisme culturel et religieux des paysans n’est pas elle-même une construction discursive (beaucoup moins appréciée par ses protagonistes quand elle est invoquée dans un contexte colonial…).

   Qu’en est-il au fond ? Pour « l’homme qui apprit à lire à son peuple » , selon l’expression consacrée, il n’est pas douteux que la Terreur condamne 1789 et que nos contrées, au XVIIIè siècle, n’avaient pas de leçons de libertés à recevoir de la France, étant sur ce point beaucoup mieux loties qu’elle. Dès les premiers paragraphes du prologue de De Boerenkryg, Conscience n’hésite pas à qualifier la Belgique de « pays natal de la liberté » , rappelant que dès le Moyen Age, entre prince et peuple, « les droits et les devoirs de chacun étaient réglés par des lois écrites » . Toute notre histoire a été « un gigantesque déploiement de forces pour la défense de la liberté » , ajoute l’écrivain, se montrant aussi éloigné de la monarchie absolue portée à sa quasi-perfection par Louis XIV que du libéralisme national et romantique pour lequel le passé antérieur à la Révolution française se résume à une longue nuit.

   cms_visual_1024445.jpg_1519392015000_300x399.jpgCeci posé, le lecteur du récit ne peut manquer d’être frappé par le soin qui y a été mis à casser les stéréotypes et autres images d’Epinal. Le meneur de l’insurrection à Waldeghem, Bruno Halinx, n’a rien du fruste campagnard qu’on serait tenté de se représenter dans ce rôle. Fils du notaire de la localité, il a pu bénéficier d’un enseignement de qualité à l’école latine des augustins d’Anvers. Le futur héros est raffiné, quelque peu efféminé même, au point que le début de l’œuvre ressemble à un roman d’apprentissage, où la force des circonstances transforme un homme peu viril en chef intrépide.

   La fiancée de Bruno, Genoveva, est tout aussi éloignée de la Vlaamse boerin dont il « conviendrait » qu’elle soit une femme faible et effacée. Fille du maître d’école et sacristain, elle est intelligente et bien au fait des questions politiques. Sa fermeté et son intransigeance vont jusqu’à susciter l’admiration des soldats français pour qui elle n’a rien à envier à l’icône de la République! Mais son héroïne à elle est Charlotte Corday, qui a assassiné Marat pour sauver les vies de ses futures victimes.

   Quant au collaborateur de l’ennemi, Simon Meulemans, devenu commandant d’un régiment de sans-culottes qui opprime le village, il dépasse tout autant les figures unidimensionnelles. Il n’est pas Wallon ou francophone – ce qui aurait été pour l’auteur le choix de la commodité. Il est né et a grandi à Waldeghem. Révolutionnaire fanatique, responsable de l’exécution du père de Bruno, il peut aussi être taraudé par le doute. A la fin, il revient à Dieu et à la Belgique.

   En toile de fond de ces figures qui déjouent les a priori, on n’en retrouve pas moins la mise en valeur d’un passé glorieux et d’un héritage ancestral proposés comme remèdes aux dérives du temps présent. Le mal en Simon, qui est l’autodéracinement, est symbolisé par sa décision de se faire appeler Brutus, en référence au fondateur légendaire de la République romaine, qui fit condamner à mort ses deux fils royalistes. Qui rejette le nom de son père mérite la plus grande « indignation » possible, avait déjà écrit Conscience dans De Leeuw van Vlaenderen (Le Lion de Flandre, 1838). Et ce n’est pas fortuitement que la conversion du futur Simon « Brutus » commence à Bruxelles où il séjourne pendant la première occupation française (novembre 1792 – mars 1793). Il y subit l’influence d’un club entiché des doctrines venues de Paris, qui l’amène progressivement à quitter le droit chemin et à mépriser la vie pieuse de sa campagne natale.

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Cette dualité entre ruraux résistants et citadins égarés (ou à tout le moins passifs) s’exprime encore dans l’épilogue où Henri Conscience s’imagine, longtemps après les faits, en interviewer de Genoveva, devenue une vieille dame de 75 ans. « Maintenant, lui dit-elle, les histoires du pays ne disent pas un mot des pauvres Brigands [2] qui eurent le courage de verser leur sang à flots pour l’indépendance commune, alors que les villes courbaient lâchement la tête devant la tyrannie de l’étranger » .

   Relevons encore – ce que ne font pas Kevin Absillis ni Philippe Raxhon – la manière habile dont sont distillées, dans les propos de Simon, des expressions d’origine biblique, comme pour souligner la prétention de l’idéologie jacobine à s’ériger en religion. Ainsi, quand le séide du nouveau régime déclare à ses concitoyens de Waldeghem qu’il a rejoint les rangs des apôtres de l’affranchissement pour « annoncer la liberté des peuples jusqu’aux confins de la terre » (« tot aen de uiterste uithoeken der aerde » ), la similitude avec la parole du Christ envoyant ses témoins en mission [3] a été de toute évidence voulue. Et quand le même personnage affirme ailleurs qu’ « en vérité, un républicain ne devrait avoir sur terre ni père, ni mère, ni amis » (« in der waerheid, een Republikein zou op aerde noch vader, noch moeder, noch vrienden mogen hebben » ), comment ne pas y entendre une résonance du renoncement évangélique [4] ?

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On le voit: La guerre des Paysans mérite à coup sûr d’être considérée comme autre chose et plus qu’un pensum patriotique simpliste. Mais encore faut-il lire ce livre et sa diffusion sur papier, pour l’heure, est en panne. La dernière réédition (en néerlandais) date de 1985… Le souvenir des boerenkrijgers s’est tout autant estompé derrière les tragédies des deux guerres mondiales. Quelques cercles d’histoire locale maintiennent la flamme, certes, et nombreux demeurent les monuments élevés naguère aux héros de 1798: à Herentals, Mol, Bornem, Overmere, Turnhout, Hasselt, Clervaux… Mais combien de passants, en les voyant, pourraient dire à leurs enfants quelle épopée ces vieilles pierres devaient préserver de l’oubli ?

P.V.

[1] « Mag Conscience spreken ? « De Boerenkryg » (1853) anders gelezen » , dans De grote onleesbare. Hendrik Conscience herdacht, dir. Kris Humbeeck, Kevin Absillis & Janneke Weijermars, Gent, Academia Press, 2016, pp. 463-496. Cfr aussi Philippe RAXHON, « Henri Conscience and the French Revolution » , dans Nationalism in Belgium. Shifting Identities, 1780-1995, dir. Kas Deprez & Louis Vos, Basingstoke (Hampshire, Great Britain) – New York, Macmillan Press Ltd – St. Martin’s Press Inc., 1998, pp. 72-80. On notera que le premier auteur critique sans ménagements la lecture que fait le second du roman de Conscience.

[2] C’est ainsi que les Français désignaient les paysans insurgés.

[3] Les Actes des Apôtres, 1:8.

[4] Luc, 14:26. – Matthieu, 10:37.

dimanche, 08 septembre 2019

Introduction succincte à la géopolitique et à l’historiographie géopolitique des Bas-Pays

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Louvain, 17 novembre 2018

Discours tenu lors du IIème Colloque du « Geopolitiek Instituut Vlaanderen-Nederland »

Introduction succincte à la géopolitique et à l’historiographie géopolitique des Bas-Pays

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

GIVN-RS.jpgLes principaux manuels de géopolitiques, notamment celui que le Professeur David Criekemans a rédigé selon les critères de la plus haute scientificité dans le cadre de l’Université de Louvain, commencent presque toujours par une histoire de cette discipline depuis les premières tentatives de saisir conceptuellement les faits géographiques, non pas tant dans une perspective purement empirique mais surtout dans une perspective stratégique, notamment à l’aide de la cartographie établie par Carl Ritter, de l’anthropo-géographie de Ratzel ou des définitions données par le Suédois Rudolf Kjellén. C’est, personne ne le niera, un travail des plus utiles, ce qui était aussi mon intention lorsque feu le Professeur Jean-François Mattéi m’avait invité à présenter les penseurs de la géopolitique dans sa remarquable Encyclopédie des Œuvres philosophiques entre 1990 et 1992, encyclopédie qui fut ultérieurement publiée aux Presses Universitaires de France. L’intention du Prof. Mattéi correspondait à celle qu’avait déjà formulée le géopolitologue Yves Lacoste, à savoir élargir le cadre de la discipline, philosophique pour le premier, géographique/géopolitique pour le second. Mattéi voulait donc élargir le champ de la philosophie, tout simplement parce que plus aucune philosophie sérieuse ne peut encore être pensée sans tenir compte du temps et de l’espace, de l’émergence de tous les phénomènes, faits, modes de pensée et aspirations religieuses ou éthiques qui, tous, nécessairement, se déploient en des lieux et des périodes précises qu’ils influencent ensuite en profondeur, les inscrivant dans la durée et leur assurant une résilience difficilement éradicable.

Yves Lacoste, fondateur et ancien éditeur de la célèbre revue Hérodote, voulait, lui aussi, élargir le champ scientifique de sa propre discipline, la géographie, dans le sens où même la description la plus purement factuelle d’un espace géographique ou d’une zone maritime sert le chef de guerre, si bien que, de ce fait, elle cesse d’être une science véritablement exacte : la géographie sert donc à faire la guerre, dit Lacoste, et toute guerre est menée au départ d’une perspective politique, historique ou religieuse, où des valeurs organiques, par définition non rationnelles, jouent un rôle toujours décisif, état de choses qui fait que tout géopolitologue doit prendre en considération ces valeurs, notamment à cause des dynamiques qu’elles suscitent, de l’impact qu’elles ont ensuite sur l’organisation d’un pays, de son agriculture et de ses armées, même si cet impact n’est pas exclusivement de nature géographique.

YL-géo.jpgLacoste a prouvé que la géographie sert les chefs de guerre en démontrant que les premières tentatives de dessiner des cartes dans la Chine de l’antiquité servaient à indiquer les voies à suivre aux chefs de guerre, de manière à ce qu’ils puissent mouvoir leurs armées de manière optimale dans les paysages et terrains divers de leur propre pays ou dans le pays de l’ennemi. Ensuite, dans un livre succinct, mais rédigé de manière magistrale, il nous a montré que le Prince Henri du Portugal, Anglais par sa mère, a fondé  et soutenu son « école de la mer »  afin de trouver de nouvelles voies maritimes extra-méditerranéennes pour que l’écoumène chrétien/européen de son époque puisse trouver le chemin vers les épices indiennes et vers le mystérieux « Cathay » en échappant aux blocus terrestres et maritimes que lui imposait le contrôle turc/ottoman des accès aux routes continentales vers l’Asie et des voies maritimes en Méditerranée. Quelques décennies plus tard, les Portugais livreront bataille dans la Corne de l’Afrique et des navires lusitaniens surgiront face aux côtes du Gujarat en Inde pour vaincre glorieusement une flotte musulmane. Tant les seigneurs de la guerre que les empereurs chinois du monde antique et que le Prince Henri du Portugal ont donc fait dessiner des cartes pour que des militaires ou des marins avisés puissent mener la guerre ou des expéditions exploratrices de manière optimale. Le raisonnement de Lacoste est parfaitement exact, et fut posé en dépit de son engagement idéologique dans les rangs de la gauche pacifiste.

Halford John Mackinder prononce un célèbre discours en 1904 en Ecosse où il évoque le Heartland, la « Terre du Milieu » ou le « Cœur du Monde », capable de se soustraire à tous les efforts que la puissance navale britannique pourrait déployer pour y détruire la puissance continentale, russe, allemande ou chinoise, qui en serait devenue la maîtresse parce que le feu terrifiant des dreadnoughts de la flotte anglaise ne pourrait frapper ses points névralgiques. La puissance navale britannique se voyait dès lors contrainte de neutraliser et d’occuper, dans la mesure du possible, les rimlands, les bandes littorales plus ou moins profondes, du grand continent eurasiatique et de les « protéger » contre toute tentative du Heartland de les conquérir. On a appelé cette stratégie la stratégie de l’endiguement (containment), y compris après 1945, après que l’alliance entre les puissances anglo-saxonnes et l’Union Soviétique se soit dissoute et que les anciens partenaires soient devenus ennemis dans le cadre de la guerre froide. Les Etats-Unis vont alors organiser militairement les rimlands, en créant trois organisations défensives : l’OTAN, le CENTO (ou « Pacte de Bagdad », dissout partiellement en 1958 après le retrait de l’Irak baathiste) et l’OTASE pour l’Asie du Sud-Est. Après Mackinder, qui meurt en 1947, cette nouvelle stratégie de la guerre froide est théorisée par Nicholas Spykman, un stratégiste et géopolitologue américain d’origine néerlandaise, dont l’itinéraire et les idées ont été récemment étudiées par le Prof. Olivier Zajec, par ailleurs auteur d’une Introduction à l’analyse géopolitique (Ed. du Rocher, sept. 2018). On peut donc parler d’une lutte quasi permanente entre puissances continentales et puissances maritimes, permanence immuable sur l’échiquier global que ne cesse d’explorer et d’expliciter le discours géopolitique.

RH-geo.pngMais s’il existe des permanences immuables en géopolitique, comment devons-nous repérer celles qui se manifestent dans le cadre géographique de nos bas pays ? La méthode, que je souhaite utiliser ici, et que j’ai toujours utilisée notamment dans l’écriture de ma trilogie, qui porte pour titre Europa, est celle d’un géopolitologue non politisé du temps de la République de Weimar. Son nom était Richard Henning (1874-1951), auteur d’un ouvrage très copieux, Geopolitik – Die Lehre vom Staat als Lebewesen, qui a connu cinq éditions successives. Henning avait une écriture très claire, limpide, n’utilisait jamais un jargon compliqué et illustrait chacun de ses arguments par des cartes précises. Au départ, sa discipline était la géographie des communications et des transports, renforcée par une géographie historique, où il mettait toujours l’accent sur le rôle des états, des hommes d’état et des surdoués politiques dans l’organisation et la transformation des espaces. Sa thèse centrale était de dire, à son époque, que les données spatiales d’un peuple devaient être davantage valorisées conceptuellement plutôt que les facteurs raciaux, ce qui le fit entrer en conflit avec les thèses officielles du pouvoir sous le Troisième Reich, même si, Prussien natif de Berlin, il défendait le principe clausewitzien d’une nécessaire militarisation défensive de tout état, en tenant compte, bien sûr, du vieil adage romain, Si vis pacem, para bellum. Dans les années 50 et 60 du 20ème siècle, son œuvre exerça une influence importante en Argentine sous le régime du Général Juan Peron et, plus tard, s’est retrouvée en filigrane dans les cours des écoles militaires du pays.

pye-livre.jpgPar suite, si je privilégie l’exemple d’un historien-géographe comme Henning dans ma façon de raisonner en termes géopolitiques, je dois me limiter aux bas pays dans un exposé aussi bref que celui que je vais tenir aujourd’hui à Louvain, car il m’est impossible de parler de tous les pays qu’Henning a étudiés. Le temps qui m’est accordé est de fait limité et mon exposé se bornera à suggérer un certain nombre de pistes que nous devrons, ultérieurement, approfondir tous ensemble. Dans un ouvrage relativement récent de l’historien britannique Michael Pye, The Edge of the World – How the North Sea Made Us Who We Are (Viking/Penguin, London, 2014), nous trouvons, très largement esquissé, un cadre historique précis dans lequel Pye suggère l’émergence d’une histoire culturelle particulière qui se déploie, du moins au tout début de notre histoire, entre l’Islande et Calais et entre le Skagerrak danois/norvégien et les eaux de la Mer Baltique. Pour Pye, c’est en cette région que nait un monde à part, qui entretient certes des contacts, d’abord ténus, avec l’espace méditerranéen tout en restant plutôt autonome dans ses limites intérieures et où Bruges en constitue la plaque tournante méridionale à proximité du Pas-de-Calais. La Flandre médiévale abrite de ce fait le port principal de cette région de la Mer du Nord et de la Baltique qui doit nécessairement entretenir des contacts avec la Normandie, la Bretagne et surtout les côtes atlantiques du nord de l’Espagne, principalement le Pays Basque puis le Portugal, libéré par des croisés venus justement de toutes les régions du pourtours de la Mer du Nord, opération réussie dès le 12ème siècle qui démontre qu’il y avait une visée géopolitique implicite cherchant à étendre l’écoumène nordique à toutes les côtes de l’Atlantique européen. Cette Flandre prospère, pointe avancée vers le sud de cet espace nordique défini par Pye, cherche aussi à ouvrir une voie terrestre entre le Pays Basque et la Catalogne, sur le cours de l’Ebre, voie la plus courte vers les produits de la Méditerranée à une époque où la péninsule ibérique est encore sous contrôle musulman et ne peut être contournée sans danger.

Le site particulier de la Mer du Nord détenait pourtant sa spécificité bien avant le dynamisme marchand et hanséatique de la Flandre médiévale : bien peu d’entre nos contemporains se souviennent encore d’une figure de l’époque romaine dans nos régions. Il s’agit d’un militaire romain du nom de Carausius. Il vécut au 3ème siècle, était ethniquement parlant un Ménapien, originaire de la Gallia Belgica. Après plusieurs décennies de turbulences dans les Gaules romaines, il est nommé par ses troupes « Imperator Britanniarum » ou « Empereur du Nord ». Il a régné à ce titre sur les provinces romaines de Britannia, de Gallia Belgica Prima et Secunda pendant treize ans. Commandant de la « Classis Britannica », c’est-à-dire de la flotte de la Manche, il avait reçu pour tâche de détruire la piraterie franque et saxonne qui en écumait les eaux, troublant le commerce de l’étain en provenance des Cornouailles. Les Romains l’ont accusé de coopérer avec ces pirates pour acquérir personnellement du butin. En réaction contre ces accusations, il se crée un propre empire dans la Manche et la Mer du Nord (Mare Germanicum) avec l’appui de quatre légions, de troupes auxiliaires indigènes, de sa propre flotte et de celle des pirates qu’il avait dû préalablement combattre, avant de s’en faire des alliés. Il est assassiné en 293. Carausius, toutefois, est le premier chef de guerre, sur terre et sur mer, qui a considéré l’ensemble de nos régions comme une unité géostratégique, non plus seulement autour des trois grands fleuves, le Rhin, la Meuse et l’Escaut mais autour des espaces maritimes de la Manche et de la Mer du Nord.

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L’approche romaine du territoire était plutôt axée sur les rivières : en effet, César a d’abord dû contrôler le bassin du Rhône pour le protéger contre les Helvètes celtiques ou contre les Germains d’Arioviste qui, au départ de la Forêt Noire, traversaient le Rhin à hauteur de Bâle, remontaient le Doubs, soit le principal affluent de la Saône qui, elle, était le principal affluent du Rhône. Or si l’on veut contrôler le cours tout entier de la Saône, on doit tenir aussi le Plateau de Langres, principal château d’eau des Gaules, où la Seine et la Marne, et aussi la Meuse, prennent leur source. Toute puissance qui entend utiliser l’atout hydropolitique du Plateau de Langres doit également avoir pour but le contrôle des bassins de la Seine, de la Meuse et de la Moselle et toute puissance qui veut empêcher que le Doubs devienne la première porte d’entrée des Germains en marche vers Provence, contrôlée par Rome, doit nécessairement contrôler le Rhin jusqu’à son embouchure dans la Mer du Nord.

Le destin géopolitique des bas pays dépend donc des rivières et fleuves, surtout de la Meuse et de l’Escaut et aussi, en ce qui concerne le Luxembourg, de la Moselle. Mais ils dépendent aussi de l’écoumène qui a surgi, au cours de l’histoire, autour de la Mer du Nord depuis l’époque de ce fameux Carausius, dont l’un des héritiers sera le Danois Knut ou Canute au début du 11ème siècle, qui règnera sur l’Angleterre, la Norvège et le Danemark.

L’écoumène de la Mer du Nord a été lié, pendant toute l’époque médiévale, à la Mer Baltique, avec le Danemark comme plaque tournante, un Danemark qui exigeait parfois d’énormes droits de passage pour les navires flamands ou anglais qui entendaient se rendre dans les eaux de la Baltique. La Hanse, bien qu’elle constitue un idéal pour ceux qui rêvent d’un monde nordique autonome, à l’abri des turbulences de la Méditerranée, n’a pourtant pas été une structure idéale à cause des concurrences diverses qui surgissaient entre les villes qui la composaient et à cause d’alliances parfois problématiques entre certaines villes et certains pirates contre d’autres villes et d’autres pirates. Plus tard, la Prusse, puissance montante dans l’hinterland des deux mers, aura pour objectif géopolitique d’en contrôler les côtes et d’en éliminer toutes les formes de concurrence stérile, en s’opposant parfois à la Suède.

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Revenons au continent. Lorsque les petits-fils de Charlemagne se partagent l’Empire de leur aïeul lors du Traité de Verdun en 843, cette division de l’héritage est souvent apparue comme absurde. Or elle était rationnelle dans la mesure où les trois héritiers se partageaient des bassins fluviaux. Leur géopolitique implicite était de fait une hydropolitique. A Verdun en 843 s’amorce une dynamique qui conduira aux trois guerres franco-allemandes depuis 1870. Le plus jeune des petits-fils, Louis, dit Louis le Germanique, s’empare in fine de la partie centrale qui avait été dévolue à feu son frère aîné, Lothaire, ce qui heurte les intérêts de Charles, devenu roi de la Francie occidentale, la future France, qui fera tout pour reprendre les deux parties de la grande « Lotharingie » de Lothaire, en vain dans la première phase de cette lutte pluriséculaire. L’héritage de ce Lothaire, mort prématurément, consistait en une Basse Lotharingie et une Haute Lotharingie, une Burgondie ou un  Arélat, ce qui correspond à nos Pays-Bas pour la Basse Lotharingie et à la Lorraine, l’Alsace, la Franche-Comté et la Suisse romande pour la Haute Lotharingie ; quant à la Burgondie ou Arélat, elle est formée par le bassin du Rhône jusqu’à la Méditerranée provençale (comprenant la Bresse, la Savoie, le Dauphiné et la Provence). Lothaire possédait aussi l’Italie du Nord, plus exactement le bassin du Pô. De Philippe le Bel à Napoléon III, qui annexera la Savoie, Paris s’emparera systématiquement de territoires qui firent partie de l’héritage de Lothaire, si bien que nous pouvons aujourd’hui décrire la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg comme de minuscules résidus d’un empire potentiellement puissant qui n’a jamais pu se développer sauf pendant le règne bref de l’Empereur germanique Konrad II, au 11ème siècle.

Isabelle_de_Portugal_(1397-1471).jpgLes ducs de Bourgogne essaieront, par une politique habile, de ressusciter l’Empire de Lothaire mais sans succès. Pour comprendre la dynamique de l’histoire européenne dans nos régions, nous devons donc, aujourd’hui, étudier la géopolitique implicite de ces ducs qui entendaient consolider une alliance avec l’Angleterre et englober la Lorraine et l’Alsace dans leur orbite politique afin de joindre leurs possessions de l’ancienne Basse Lotharingie (« Pays de Par-Deça ») avec celles de l’ancienne Haute Lotharingie et de la Bourgogne (fief français inclus dans la Francie occidentale de Charles le Chauve). Cependant, dans cette étude, nous ne devons surtout pas oublier que la tête pensante de cette géopolitique bourguignonne a été Isabelle de Portugal (ou Isabelle de Bourgogne), épouse de Philippe le Bon et mère de Charles le Hardi (dit le « Téméraire » en France). Isabelle de Portugal était la sœur du Prince Henri, dit « Henri le Navigateur », fils du roi du Portugal et de Philippine de Lancaster, princesse anglaise. Le Prince Henri (1394-1460) a fondé son école maritime, école géopolitique avant la lettre, à Sagres au Portugal, dans le but de créer les conditions requises pour le développement de flottes de haute mer et de mobiliser tous les savoirs pratiques disponibles pour pouvoir, à terme, contourner les empires musulmans et trouver de nouvelles voies vers l’Inde et la Chine. Yves Lacoste, fondateur de la revue Hérodote et pionnier de la redécouverte des théories géopolitiques en France à partir des années 1970, a consacré une bonne part de son livre sur l’histoire de la cartographie à la figure d’Henri le Navigateur et a ainsi démontré que ce prince fut l’impulseur premier de la conquête européenne du monde.

Isabelle de Portugal voulait poursuivre sa politique maritime et continentale à une époque où la France était sortie victorieuse de la guerre de cent ans et où l’Angleterre avait sombré dans une guerre civile entre les Maisons de York et de Lancastre. Philippe le Bon voulait, lui, retourner à une politique française parce que l’Angleterre semblait hors-jeu tandis que son épouse et son fils voulaient maintenir une ligne pro-anglaise contre Charles VII de France et son fils, le futur Louis XI. Finalement, la géopolitique bourguignonne débouchera sur une double alliance continentale, avec l’entrée en scène des Habsbourgs pour sauver les Pays-Bas de l’invasion française, ensuite avec la Castille et l’Aragon pour créer un bastion anti-français dans le sud de l’Europe, créant ainsi dans le delta des fleuves et dans la péninsule ibérique la fusion géostratégique rêvée par les marchands hanséatiques flamands du 12ème siècle. L’Empereur Charles-Quint règnera sur l’ensemble de ces terres rassemblées par son aïeul Charles, son bisaïeul Philippe et son arrière-grand-mère Isabelle et nous savons tous, Flamands comme Néerlandais, quel sort tragique les bas pays et l’Allemagne ont connu dans cette orbe impériale qui, hélas, ne fut jamais harmonisée.

Rey_Felipe_III.jpgSous Philippe III d’Espagne, fils de Philippe II que nous n’aimions guère, se déchaîne une véritable guerre mondiale entre les puissances réformées et les puissances catholiques, qui n’eut pas que l’Europe comme théâtre d’opération mais où les affrontements eurent également lieu en Afrique, en Amérique et, ce que l’on oublie généralement, dans les eaux de l’Océan Pacifique, considéré à l’époque comme un « océan espagnol ».  Sous le règne de Philippe III, tous les conflits d’ordre géopolitique, tous les conflits nés de la volonté des uns et des autres de maîtriser des sites stratégiques indispensables le long des voies maritimes ont émergé et sont parfois encore virulents aujourd’hui: plusieurs puissances non européennes de nos jours les activent encore régulièrement, notamment dans la Mer de Chine du Sud et entre les Philippines et les côtes de la Chine continentale. Une étude de cette période, dont nous ne nous souvenons plus sauf peut-être l’épisode du siège d’Ostende, s’avère nécessaire pour comprendre la situation géopolitique des bas pays car leurs provinces méridionales faisaient partie, volens nolens, de cet empire espagnol et devinrent, au cours des innombrables affrontements durant le règne de Philippe III et de ses successeurs, ce que les historiens anglais nomment aujourd’hui la fatal avenue, le « corridor fatal », où passaient et s’affrontaient les armées.

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La bataille de Rocroi (1643) fut la dernière bataille des fameux tercios espagnols, où ils ont appliqué leurs techniques de combat, auparavant imparables. Ils furent battus mais leur sacrifice ne fut pas inutile. Ils y ont rudement éprouvé l’ennemi, si bien qu’il a été impossible aux Français de marcher sur Bruxelles après le choc. Il n’existe qu’une seule brochure sur la « géopolitique du Nord-Ouest » (de l’Europe), qui expliquent les motivations géographiques des belligérants sur ce territoire, notamment au temps de cette bataille de Rocroi. Elle a été écrite par un homme qui est demeuré totalement inconnu, un certain J. Mercier, qui l’a rédigée pendant la seconde guerre mondiale sans s’orienter sur une politique pro-belge ou pro-allemande. Pour lui, les Pays-Bas du Sud sont composés de trois parties du point de vue géopolitique : la Flandre occidentale, à l’ouest de l’Escaut et de la Lys ; le centre qu’il appelle « l’espace scaldien » parce qu’il se situe entre le cours de l’Escaut et celui de la Meuse ; et, enfin, le glacis ardennais à l’est de la Meuse. La dynamique qui articulait ce triple ensemble était la suivante :

  • La Flandre occidentale était une région qui servait aux Français à encercler, le cas échéant, le centre (« l’espace scaldien ») ; c’est la raison pour laquelle la France de Louis XIV a, un moment, annexé Furnes, Ypres et Ostende ;
  • Le centre était considéré, normalement, comme l’objectif le plus important de toute conquête éventuelle de l’ensemble des Pays-Bas Royaux ou espagnols, parce que Bruxelles et Anvers s’y trouvaient ;
  • Le glacis ardennais était un espace de réserve qui, après Rocroi, a accueilli les troupes vaincues du Colonel Fontaine (« de la Fuente » dans certaines sources espagnoles) pour les joindre à celles d’un autre colonel espagnol, von Beck, commandant des tercios allemands et luxembourgeois, prêt à lancer une nouvelle offensive contre les vainqueurs.

meusegéo.jpgLa Meuse est un axe de pénétration géostratégique dans la direction d’Aix-la-Chapelle, capitale symbolique du Saint-Empire : ce qui explique les tentatives répétées de Richelieu pour acheter la neutralité de la Principauté épiscopale de Liège et l’entêtement des Néerlandais du Nord, et plus tard des Prussiens, de conserver la place forte de Maastricht, de la soustraire aux Français ou à une Belgique qui serait inféodée à la France. La brochure de J. Mercier est un survol assez bref de la situation géopolitique des Pays-Bas et, plus particulièrement, de la fatal avenue, que leur portion méridionale allait devenir au cours de l’histoire. Le contenu de cette brochure mériterait d’être étoffé de bon nombre de faits historiques sur la période bourguignonne, sur le régime espagnol du Duc d’Albe à 1713, sur la période autrichienne au 18ème siècle et sur les stratégies défensives au temps des conquêtes de la France révolutionnaire, jusqu’à l’ultime bataille de Waterloo en juin 1815.

Dans la production littéraire et historiographique du mouvement flamand existe un gros volume, aujourd’hui oublié, dû à la plume de Maurits Josson et datant de 1913 ; cet ouvrage copieux et dense récapitule toutes les batailles qui ont été livrées pour contenir, avec des fortunes diverses, les invasions venues du Sud. Le livre a été publié juste avant la mort de Josson et le déclenchement de la première guerre mondiale. Josson était une figure intéressante de son époque, de la Belgique d’avant 1914 : il devint célèbre comme reporter pendant la guerre des Boers en Afrique du Sud, devenant dans la foulée un critique virulent de l’impérialisme britannique dans le cône austral du continent noir. Son étude en trois volumes de la révolte belge de septembre 1830 (« de Belgische Omwenteling ») et de ses prolégomènes mérite toute notre attention si nous voulons approfondir la géopolitique des Pays-Bas du Sud. Son livre sur « la France comme ennemis pluriséculaire de la Belgique » a été écrit, notamment, quand sévissaient de houleux débats dans le parlement belge sur la question des chemins de fer entre Bruxelles et Liège et entre Liège et l’Allemagne. Les Français avaient exercé une pression économique et menacé la Belgique de guerre si les chemins de fer et l’industrie belge de l’acier étaient reliés aux lignes ferroviaires allemandes, donc à la région de la Ruhr, et si la ligne Cologne-Liège était prolongée jusqu’à Bruxelles et Anvers. Nous retombons ici dans une problématique toute actuelle : la construction de chemins de fer et l’établissement de communications terrestres, ajoutant de la qualité à un espace, quel qu’il soit, suscitent encore et toujours la méfiance, notamment, aujourd’hui, à Washington parce que les politiques de développement en ces domaines viennent désormais de Chine. Ici, une fois de plus, Richard Henning, a raison dans sa méthode : l’organisation de toutes formes de réseaux de communication détermine la géopolitique d’un pays et aussi les réactions de ses ennemis, même s’ils appartiennent à la même « race ».

Day-of-the-Saxon-1.jpgImmédiatement avant la première guerre mondiale, en 1912, meurt une autre figure importante de la pensée géopolitique concernant nos régions : Homer Lea, auteur de The Day of the Saxon. Lea avait été un élève handicapé de West Point qui avait su maîtriser avec brio toutes les disciplines théoriques de sa célèbre école militaire mais ne pouvait évidemment pas servir sur le terrain, au sein d’un régiment, vu son pied bot. Il fut actif en Chine pour soutenir le mouvement modernisateur de Sun Ya Tsen dans l’espoir de faire éclore une alliance durable entre l’Empire du Milieu, devenu république moderne, et les Etats-Unis. Son livre me parait, à moi comme au stratégiste suisse Jean-Jacques Langendorf, aussi important que le texte de Mackinder où le géographe écossais esquisse la dualité terre/mer et jette les fondements de la géostratégie globale des puissances anglo-saxonnes. Dans The Day of the Saxon, Lea explique comment la Grande-Bretagne et les Etats-Unis doivent, en toutes circonstances, empêcher la Russie de dépasser la ligne Téhéran/Kaboul. L’état actuel de conflictualité diffuse entre la telluricité russe et le thalassocratisme anglo-saxon depuis 1979, qui a commencé dès l’intervention soviétique en Afghanistan, est donc une application du précepte préconisé par Lea dans son livre, puisque l’Armée rouge de Brejnev avait franchi cette ligne fatidique. Pour ce qui concerne les Pays-Bas, les Low Countries, Lea a esquissé, bien avant les coups de feu de Sarajevo, les raisons d’une future guerre anglo-allemande, que Londres, à ses yeux, devait impérativement mener : les côtes de la Hollande, de la Belgique et du Danemark ne peuvent en aucun cas tomber entre les mains des Allemands et les « Saxons » doivent s’apprêter à défendre la France contre l’Allemagne pour que les ports de Dunkerque et de Calais ne soient pas occupés par la Kriegsmarine et pour que les armées du Kaiser ne prennent pas pied en Normandie sur les côtes de la Manche. Il était évident, dès lors, que l’Angleterre allait combattre l’Allemagne si celle-ci violait la neutralité belge ou néerlandaise. Pour la Belgique, une telle violation, en fait, n’avait guère d’importance puisque, de facto, elle faisait partie de la Zollunion allemande, de même que les Pays-Bas. A la limite, elle pouvait récupérer les départements du Nord et du Pas-de-Calais, perdus depuis le 17ème siècle. En revanche, pour le Congo, c’était une autre histoire : le Roi Albert I ne pouvait accepter le transit des troupes allemandes vers la France car, dans ce cas, les Anglais auraient immédiatement occupé le Congo et plus particulièrement le Katanga, tout simplement parce que cette province, riche en mines de cuivre, formait surtout un obstacle territorial au grand projet de Cecil Rhodes, celui de relier le Cap au Caire par une même ligne de communications terrestres. Il y avait aussi un précédent que méditaient les chancelleries : les colonies hollandaises du Cap, de l’Ile Maurice et de Ceylan avaient été envahies et annexées au moment où Napoléon Bonaparte avait transformé les Pays-Bas du Nord en une série de départements français, prétextant que le territoire de la Hollande était français puisqu’il provenait d’alluvions de fleuves français.

Pour résumer la problématique :

Les Français veulent contrôler le Rhin et utiliser le cours de la Meuse pour réaliser un des objectifs éternels de leur politique : être présents en Mer du Nord, au nord du Pas-de-Calais, ce qu’ils n’ont jamais réussi à faire, puisque le Comté de Flandre, initialement fief français qui leur donnait accès à cette mer tant convoitée, s’est toujours montré rebelle et rétif.

bimrgg.jpgLes Allemands veulent contrôler les côtes de la Mer du Nord et, éventuellement, celles de la Manche ; pendant la première guerre mondiale, ils développent considérablement les infrastructures des ports flamands d’Ostende et de Zeebrugge ; leur objectif est donc de déboucher également dans la Manche pour avoir meilleur accès à l’Amérique. C’était déjà le but de Maximilien de Habsbourg, époux de Marie de Bourgogne, fille de Charles le Hardi dit le Téméraire, à la fin du 15ème siècle, avant même la découverte du Nouveau Monde par Colomb ; Maximilien avait voulu contrôler la Bretagne, excellent tremplin vers l’Amérique, en en épousant la duchesse et en liant cette péninsule armoricaine aux Pays-Bas.

Les Anglais ne voulaient à aucun prix qu’Anvers, Flessingue et le « Hoek van Holland » ne tombent aux mains des Français ou des Allemands car la possession de ces ports par une puissance dotée d’un vaste hinterland continental est, pour eux, un cauchemar, celui de voir, comme au 17ème siècle, un nouvel amiral de Ruyter partir d’un port néerlandais pour atteindre Londres en une seule nuit (au temps de la marine à voiles). Les Pays-Bas, du Nord comme du Sud, doivent donc demeurer divisés et « neutralisés », c’est-à-dire ne rejoindre aucune alliance trop étroite avec la France ou avec l’Allemagne, selon l’adage latin Divide ut impera, que l’Angleterre conquérante n’a jamais cessé de vouloir concrétiser, partout sur le globe.

J’ai esquissé, trop brièvement, j’en ai bien conscience, le cadre initial, au départ duquel nous devons articuler nos réflexions d’ordre géopolitique, en récapitulant les voies globales qui furent jadis ouvertes à partir de notre espace, défini par Pye : vers l’Atlantique Nord en suivant les bancs de morues, vers l’Arctique à partir de la découverte, par les Scandinaves, des Iles Svalbard, porte d’entrée de l’Arctique, vers tous les comptoirs de la Hanse et, par la Manche, vers les ports de la partie septentrionale de la péninsule ibérique et du Portugal et, de là, à partir de la découverte de l’Amérique par Colomb, vers l’Amérique du Sud et l’Antarctique, sans oublier le désir des Croisés, des Ducs de Bourgogne et des Rois d’Espagne de rouvrir les routes de la soie, maritimes et terrestres vers la Chine, en ancrant une présence hispano-habsbourgeoise dans le Pacifique, ce que n’ont jamais omis non plus les futurs Etats contemporains de nos Pays-Bas divisés, en Insulinde par le biais de la colonisation nord-néerlandaise, en Chine et au Japon par la voie d’une diplomatie belge, du moins quand elle n’était pas encore totalement inféodée à l’atlantisme, incluse dans le « Spaakistan » comme le rappelle le Prof. Rik Coolsaet de l’Université de Gand.

Donc les questions qui se posent à nous aujourd’hui sont les suivantes :

  • Devons-nous participer ou non à une nouvelle dynamique qui se dessine en Europe centrale et en Europe orientale et cela, sans aucune limite ?
  • Devons-nous participer à l’élaboration de nouvelles voies de communication, selon le projet chinois de la « Route de la Soie », tout en tenant compte du fait bien évident que les ports de Rotterdam et d’Anvers sont les ports les plus importants qui réceptionnent de nos jours les marchandises importées de Chine et, simultanément, les ports les plus importants d’où partent les marchandises européennes exportées vers la Chine, situation qui se confirmera, a fortiori quand la route arctique sera bientôt ouverte ?
  • Devons-nous encore et toujours dépendre mentalement de l’idéologie occidentale, qui nous empêche, de commercer normalement avec la Russie, qui fut, pour la Belgique, le principal partenaire commercial avant 1914, qui a fait de la Belgique un pays très riche avant le cataclysme de la première guerre mondiale ?
  • Devons-nous opter avec l’Amérique, une Amérique avec ou sans Trump, pour l’isolement atlantique au détriment de toute coopération eurasiatique ?
  • Devons-nous développer une géopolitique originale, pour le bénéfice de nos bas pays, où l’historien et le géopolitologue doivent coopérer pour additionner tous les faits qui, au fil des siècles, se sont avérés positifs pour nos régions et pour vulgariser ces perspectives innovantes de façon à ce qu’elles se diffusent dans la population et chez les décideurs ?
  • Devons-nous nous souvenir ou devons-nous oublier que nous fîmes partie de l’Empire de Charles-Quint et, du moins pour les Pays-Bas du Sud, de l’empire espagnol en Amérique et dans le Pacifique, sous les règnes de Philippe III, Philippe IV et Charles II, et que nous fûmes actifs sur toutes ces parties du globe, en n’oubliant pas non plus que le Père Ferdinand Verbist fut le principal ministre de la Chine du 17ème siècle ?
  • Devons-nous oublier et abandonner ce tropisme chinois qui fut toujours, tacitement, un désir fécond de la politique et de la diplomatie belges ?
  • Devons-nous aussi oublier que nous avons tous vécu de formidables aventures en Indonésie, dans le Pacifique et dans les Amériques, que ce soit sous la bannière catholique ou réformée et que nous avons été des acteurs féconds dans tous les coins du monde (cf. : « Vlaanderen zendt zijn zonen uit ») ?

Voilà donc les questions que nous devons nous poser, auxquelles nous devons répondre, positivement et activement, tant que nous sommes en vie, tant que nous sommes actifs pour le bien-être de nos peuples.

Je vous remercie pour votre attention.

Robert Steuckers,

17 novembre 2018.

Sur le même sujet, à lire: http://robertsteuckers.blogspot.com/2018/06/geopolitique-de-la-belgique.html

 

 

mardi, 13 novembre 2018

"Een sterke plaats voor de Lage Landen in het Verre Westen van Eurazië"

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"Een sterke plaats voor de Lage Landen in het Verre Westen van Eurazië"

Kort gesprek met Robert Steuckers

Op 17 november aanstaande organiseert het Geopolitiek Instituut Vlaanderen-Nederland voor de tweede maal een congres in Leuven, ditmaal onder het thema ‘Een eerlijke kijk op geopolitiek’. Eén van de sprekers op dat congres is de Brusselse publicist Robert Steuckers, Novini sprak met hem.

Meneer Steuckers, u spreekt op 17 november aanstaande op het congres van het GIVN, over welk onderwerp zult u daar spreken en waarom juist dat onderwerp?

Eerst over een algemene definitie van wat in mijn ogen geopolitiek wel is: de noodzakelijkheid de lessen van de geschiedenis te onthouden op ieder specifiek stuk land op deze aarde. Geschiedenis is tijd en aardrijkskunde is ruimte. Niets gebeurt buiten tijd en ruimte. Dan, in het tweede deel, over geopolitiek in de specifieke tijd en de eigen ruimte van onze Lage Landen. Welke geopolitieke lessen kunnen wij trekken uit ons verleden, een verleden dat wij niet altijd zelfstandig hebben kunnen bepalen?

U heeft al veel geschreven over de geopolitiek van Europa, wat heeft in eerste instantie uw belangstelling voor die materie gewekt?

Ik werd altijd, zelfs als kind, gefascineerd door geschiedenis en door atlassen, in het bijzonder door historische atlassen. Met historische kaarten heb ik kunnen ontdekken dat door overwinningen en nederlagen onze huidige tijd er heel anders uit had kunnen zien. De regels van deze vooruit- of achteruitgangen uit het verleden moeten onderzocht worden. Daarom de drie delen van mijn recente drieluik, dat als titel “Europa” draagt. Wat in het verleden is gebeurd kan zich vaak herhalen op dezelfde plaatsen waar ze ooit aan de oude geschiedenis vorm en inhoud hebben gegeven.

Zijn er uit de huidige trends op dit gebied bepaalde ontwikkelingen voor de middellange termijn af te leiden? Zo ja, welke ontwikkelingen kunnen we als eerste verwachten? Zijn er bepaalde zaken die onze bijzondere aandacht verdienen als het om de toekomst van Europa gaat?

De trend die men vanuit Amsterdam, Rotterdam, Antwerpen of Brussel moet observeren en volgen, is ontwijfelbaar de strijd tussen een hernieuwde poging om de verschillende grote regio’s van Eurazië communicatief (spoorwegen, wegen, kanalen) te verbinden, meestal vanuit China, en de inspanningen van Amerika om de realisatie van deze verbindingen binnen de Euraziatische landmassa te verhinderen. Wij moeten schema’s en plannen schetsen om een sterke plaats voor de Lage Landen en voor Midden-Europa te vinden of beter, terug te vinden, hier in het Verre Westen van Eurazië. Daarom is het ook nodig de tot hiertoe verborgen gebleven wortels van een potentiële geopolitiek voor de Lage Landen grondig te doordenken.

Hartelijk dank voor uw antwoorden!

Het 2e congres van het Geopolitiek Instituut Vlaanderen-Nederland (GIVN) onder het thema ‘Een eerlijke kijk op geopolitiek’ vindt plaats op zaterdag 17 november 2018, van 14.00 tot 17.00 uur aan de Andreas Vesaliusstraat 2 te Leuven. Van deelnemers wordt een kleine bijdrage in de onkosten gevraagd.

vendredi, 28 septembre 2018

GIVN: een eerlijke kijk op GEOPOLITIEK

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13:37 Publié dans Evénement, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : géopolitique, événement, louvain, flandre | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook