Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 01 juin 2022

Anatole France sur la guerre en Ukraine – et la folie américaine

Anatole_France_1921.png

Anatole France sur la guerre en Ukraine – et la folie américaine

par Nicolas Bonnal

L’Amérique est toujours en guerre, un peu comme sa marâtre anglaise ; elle a fait détruire l’Ukraine et prépare l’anéantissement de l’Europe comme en 1942-43 (on rase l’Occident et on laisse l’Orient à Staline); ensuite l’infatigable ira exterminer russes et chinois; et si elle peut au bout détruire une nouvelle fois le monde, elle sera exaucée car on pourra tout reconstruire ou faire des croisières au milieu des ruines (Julius Evola sera bien attrapé). Anatole France nous explique pourquoi dans l’Ile aux pingouins (merci à un lecteur anonyme).

C’était il y a plus de cent ans. Avant la guerre, on fait les présentations (Titan, Babel, géant, Walhalla du business comme dans le film Network, etc.) :

« Après quinze jours de navigation son paquebot entra, la nuit, dans le bassin de Titanport où mouillaient des milliers de navires. Un pont de fer, jeté au-dessus des eaux, tout resplendissant de lumières, s'étendait entre deux quais si distants l'un de l'autre que le professeur Obnubile crut naviguer sur les mers de Saturne et voir l'anneau merveilleux qui ceint la planète du Vieillard. Et cet immense transbordeur charriait plus du quart des richesses du monde. »

ldpdg014_1964.jpg

On arrive dans la Nouvelle Atlantide façon Francis Bacon (on y reviendra à celui-là) :

« Le savant pingouin, ayant débarqué, fut servi dans un hôtel de quarante-huit étages par des automates, puis il prit la grande voie ferrée qui conduit à Gigantopolis, capitale de la Nouvelle-Atlantide. Il y avait dans le train des restaurants, des salles de jeux, des arènes athlétiques, un bureau de dépêches commerciales et financières, une chapelle évangélique et l'imprimerie d'un grand journal que le docteur ne put lire, parce qu'il ne connaissait point la langue des Nouveaux Atlantes. Le train rencontrait, au bord des grands fleuves, des villes manufacturières qui obscurcissaient le ciel de la fumée de leurs fourneaux: villes noires le jour, villes rouges la nuit, pleines de clameurs sous le soleil et de clameurs dans l'ombre. »

Le très crétin professeur obnubilé se croit dans un pays pacifique (il n’a pas lu Smedley Butler) :

« —Voilà, songeait le docteur, un peuple bien trop occupé d'industrie et de négoce pour faire la guerre. Je suis, dès à présent, certain que les Nouveaux Atlantes suivent une politique de paix. Car c'est un axiome admis par tous les économistes que la paix au dehors et la paix au dedans sont nécessaires au progrès du commerce et de l'industrie. »

Gigantopolis est une dromocratie (comme dirait Virilio) :

« En parcourant Gigantopolis, il se confirma dans cette opinion. Les gens allaient par les voies, emportés d'un tel mouvement, qu'ils culbutaient tout ce qui se trouvait sur leur passage. Obnubile, plusieurs fois renversé, y gagna d'apprendre à se mieux comporter: après une heure de course, il renversa lui-même un Atlante. »

On arrive au parlement (style grec néoclassique) :

« Parvenu sur une grande place, il vit le portique d'un palais de style classique dont les colonnes corinthiennes élevaient à soixante-dix mètres au-dessus du stylobate leurs chapiteaux d'acanthe arborescente.

Comme il admirait immobile, la tête renversée, un homme d'apparence modeste, l'aborda et lui dit en pingouin:

—Je vois à votre habit que vous êtes de Pingouinie. Je connais votre langue; je suis interprète juré. Ce palais est celui du Parlement. En ce moment, les députés des États délibèrent. Voulez-vous assister à la séance?

Introduit dans une tribune, le docteur plongea ses regards sur la multitude des législateurs qui siégeaient dans des fauteuils de jonc, les pieds sur leur pupitre. »

La séance commence – et les justes guerres et autres guerres du droit commercial ou autre. On commencera par la Mongole (c’est entre la Chine et la Russie) :

« Le président se leva et murmura plutôt qu'il n'articula, au milieu de l'inattention générale, les formules suivantes, que l'interprète traduisit aussitôt au docteur:

—La guerre pour l'ouverture des marchés mongols étant terminée à la satisfaction des États, je vous propose d'en envoyer les comptes à la commission des finances….

»Il n'y a pas d'opposition?…

»La proposition est adoptée.

»La guerre pour l'ouverture des marchés de la Troisième-Zélande étant terminée à la satisfaction des États, je vous propose d'en envoyer les comptes à la commission des finances….

»Il n'y a pas d'opposition?…

»La proposition est adoptée. »

Après Anatole nous explique pourquoi cette grande nation commerçante adore comme l’Angleterre faire tout le temps et partout la guerre. Lisez bien c’est génial :

—Ai-je bien entendu? demanda le professeur Obnubile. Quoi? vous, un peuple industriel, vous vous êtes engagés dans toutes ces guerres!

—Sans doute, répondit l'interprète: ce sont des guerres industrielles. Les peuples qui n'ont ni commerce ni industrie ne sont pas obligés de faire la guerre; mais un peuple d'affaires est astreint à une politique de conquêtes. Le nombre de nos guerres augmente nécessairement avec notre activité productrice. Dès qu'une de nos industries ne trouve pas à écouler ses produits, il faut qu'une guerre lui ouvre de nouveaux débouchés. C'est ainsi que nous avons eu cette année une guerre de charbon, une guerre de cuivre, une guerre de coton. Dans la Troisième- Zélande nous avons tué les deux tiers des habitants afin d'obliger le reste à nous acheter des parapluies et des bretelles. »

La suite n’est pas mal non plus :

« À ce moment, un gros homme qui siégeait au centre de l'assemblée monta à la tribune.

—Je réclame, dit-il, une guerre contre le gouvernement de la république d'Émeraude, qui dispute insolemment à nos porcs l'hégémonie des jambons et des saucissons sur tous les marchés de l'univers.

—Qu'est-ce que ce législateur? demanda le docteur Obnubile.

—C'est un marchand de cochons.

—Il n'y a pas d'opposition? dit le président. Je mets la proposition aux voix.

La guerre contre la république d'Emeraude fut votée à mains levées à une très forte majorité.

—Comment? dit Obnubile à l'interprète; vous avez voté une guerre avec cette rapidité et cette indifférence!… »

Cerise sur le gâteau, le coût humain :

—Oh! c'est une guerre sans importance, qui coûtera à peine huit millions de dollars.

—Et des hommes….

—Les hommes sont compris dans les huit millions de dollars. »

N’oublions pas que nos commerçants anglo-saxons sont malthusiens aussi. Il leur faudra 500 millions d’hommes, comme indiqué en Géorgie.

On laisse le maître conclure :

« Alors le docteur Obnubile se prit la tête dans les mains et songea amèrement:

—Puisque la richesse et la civilisation comportent autant de causes de guerres que la pauvreté et la barbarie, puisque la folie et la méchanceté des hommes sont inguérissables, il reste une bonne action à accomplir. Le sage amassera assez de dynamite pour faire sauter cette planète. Quand elle roulera par morceaux à travers l'espace une amélioration imperceptible sera accomplie dans l'univers et une satisfaction sera donnée à la conscience universelle, qui d'ailleurs n'existe pas. »

Mais si que la conscience universelle existe, ou la communauté internationale, ils l’ont dit à la télé !

On répète car c’est merveilleux :

—Les hommes sont compris dans les huit millions de dollars. »

Sources :

http://www.bouquineux.com/index.php?telecharger=1970&...

https://fr.wikisource.org/wiki/Nouvelle_Atlantide_(trad._...

 

Le mythe de l'"économie collaborative"

Economie-collaborative.jpg

Le mythe de l'"économie collaborative"

Ernesto Milà

Source: http://info-krisis.blogspot.com/2022/05/cronicas-desde-mi-retrete-el-mito-de-la.html

En 2016, Klaus Schwab, président du Forum économique mondial, a lancé, dans son livre sur La quatrième révolution industrielle, l'idée de l'"économie collaborative". Depuis lors, tous ceux - et ils ne sont pas peu nombreux - qui veulent s'acoquiner avec les idées qui "font bouger la modernité", répètent le thème comme des perroquets. Si Schwab l'a dit - "un homme qui sait" - alors cela doit être vrai. L'idée de Schwab est que la "quatrième révolution industrielle" va également modifier l'idée de "propriété". Nous ne chercherons plus à posséder tel ou tel bien ou objet de consommation, mais serons prêts à le partager avec d'autres, puisque nous n'en aurons pas besoin tout le temps. De plus, tout ce qui est inclus dans ce concept d'"économie collaborative" implique l'émergence de "nouveaux modèles commerciaux".

9782100759675-001-X.jpeg

A force de répéter ces idées encore et encore, voire des milliers de fois, et par des "leaders" issus des secteurs sociaux les plus divers, le concept s'est imposé et semble, même authentique, véridique et applicable actuellement. On dit, par exemple, qu'Uber, la plus grande compagnie de taxis, ne possède pas un seul taxi. Ou que Facebook, le plus grand réseau social qui diffuse du contenu, ne propose lui-même aucun contenu. On se souvient qu'AirBNB, la plus grande société d'hébergement, ne possède pas un seul appartement dans le monde. Il s'ensuit que ces "nouveaux modèles commerciaux" rompent avec les conceptions passées de l'industrie et de la propriété (ce qui est strictement vrai).

De plus, nous nous promenons dans les villes et nous voyons des vélos et des scooters électriques utilisés à bas prix par des centaines de propriétaires. Plutôt que d'acheter un de ces moyens de transport urbain, ils ont opté pour la location. Aujourd'hui, en Espagne, ils pénètrent également dans la location de cyclomoteurs et en Chine, la location de véhicules conventionnels a déjà été testée.

Les "gourous" de la post-modernité nous disent que, dans le futur, personne ne cherchera à posséder une maison: nous vivrons dans des maisons que nous partagerons avec d'autres. Aujourd'hui, nous sommes ici, mais demain, nous déménagerons là-bas. Nous vivrons tranquillement dans un appartement partagé avec d'autres personnes, comme nous, qui auront également besoin de maisons mobiles. Tout ce que nous utilisons, un ordinateur, une console de jeux vidéo, un drone, tout sera rigoureusement utilisé par l'un ou l'autre, loué à l'heure à des prix minimes. Un jour, nous nous rendrons compte que nous n'avons plus besoin de rien qui puisse être considéré comme "nôtre". Dans l'"économie collaborative", tout appartiendra à tous ceux qui en ont besoin et sont capables de payer un loyer minimum par utilisation. Nous le remarquerons à peine. Et cela nous libérera également de la peur de la "propriété" : personne ne pourra voler quelque chose qui est "à nous". Si un objet est volé, il l'aura été dans une société et l'assurance le couvrira sans que nous ayons à nous soucier de quoi que ce soit.

Les gourous nous disent : "à l'ère du numérique, l'économie ne peut être que collaborative". Et, sans surprise, ce modèle est justifié "pour sauver la planète" et créer un "développement durable".

Le modèle est basé sur la "collaboration mutuelle": quelqu'un a quelque chose dont j'ai besoin, et je le lui donne en échange d'une petite compensation qui contraste avec la grande valeur du service qu'il fournit. Ce donnant-donnant est favorisé par les nouvelles technologies de l'information, sans lesquelles l'existence des entreprises mentionnées dans les premiers paragraphes ne serait pas possible. Aujourd'hui, un modeste scooter électrique loué peut être localisé en permanence par GPS. L'idée de propriété et de consommation est modifiée : l'économie collaborative est celle qui correspond à un "modèle durable" : on produit moins, mais ce qui est produit peut être utilisé par beaucoup. Dans l'économie conventionnelle, une bicyclette n'était généralement utilisée que par son propriétaire. Dans l'économie collaborative, un même vélo peut être utilisé par des milliers d'utilisateurs au cours de sa durée de vie. On produit moins et l'environnement est sauvegardé... Comme c'est merveilleux !

belgaimage-95917070-full-e1550151322946.jpg

Dans l'économie collaborative, rien n'est jeté avant d'être totalement inutile. D'où la multiplication des applications de vente de biens d'occasion. Si, pour une raison quelconque, nous n'avons plus besoin d'une caméra vidéo, nous trouverons toujours un collectionneur intéressé. Si nous en avons assez d'un vêtement que nous avons trop porté, nous le mettons en vente. Un livre qui a été lu peut être vendu à quelqu'un d'autre qui pourrait être intéressé.

Et nous sommes tous prêts à partager notre vie privée sous forme de données pour améliorer les services dont nous avons besoin. Des entreprises telles que AirBNB, Amazon, Facebook, Alibaba, Uber, Blablacar, etc., modifient le visage économique des sociétés et génèrent de nouveaux modes de relation, de travail, de divertissement, d'achat ou d'information.

Klaus Schwab a donc raison et la quatrième révolution industrielle qu'il prédit est déjà là, en marche, présente parmi nous. Nous allons vers de nouveaux modèles, de nouvelles valeurs, de nouveaux critères de propriété et de consommation, de nouvelles formes de relations sociales... Nous voyons comment l'avenir se construit sous nos yeux et nous pouvons nous-mêmes participer à cette construction.

Tout ce que dit Schwab est répété par des perroquets excités d'être les premiers interprètes de la nouvelle ère et de savoir où elle va.

Mais, à vrai dire, le livre de Schwab contient de nombreuses erreurs et inexactitudes, notamment dans ses prévisions (dont nous parlerons une autre fois). Mais le pire n'est pas cela, mais ce que cela cache: car une chose est le modèle vers lequel nous nous dirigeons, et une autre de dire que cette évolution est "positive" et représente un "progrès".

Tout d'abord, il n'y a pas lieu de s'enthousiasmer pour cette idée d'une "économie collaborative". C'est une vieille idée. Des centaines de sociétés de location de voitures existent depuis longtemps. C'est une bonne idée. Pour ma part, je préfère louer une voiture à certains moments plutôt que d'en posséder une que je n'utiliserai pratiquement pas. Le partage de la maison n'est pas non plus une nouveauté. C'est une pratique qui dure depuis plus de trente ans. Il n'a pas eu beaucoup de succès, à vrai dire. Chaque locataire occasionnel d'un tel bien tente d'y apporter un détail de sa personnalité (le "désordonné" le remettra en désordre, l'"original" introduira des variations discutables dans la décoration, le "sale" le transformera en tas de fumier et le "profiteur" l'utilisera aux meilleures périodes de l'année). Et puis il y a l'"arnaqueur" qui transformera un tel bien en quelque chose d'inutilisable qui n'aura servi qu'à escroquer de l'argent à des personnes bien intentionnées qui ont fait l'erreur de croire à la "bonté universelle". Le leasing automobile, par exemple, est aujourd'hui la meilleure alternative à la "propriété", la plus répandue, la plus ancrée et la plus efficace pour la majorité de la population.

Cambio-e1527159177569.png

D'autre part, la nouvelle orientation des technologies va à l'encontre de l'évolution de la société, et contribuera à mettre un terme à certaines formes d'"économie collaborative" : le temps où une chambre d'amis était mise à la disposition des touristes et des voyageurs est en déclin. Tout d'abord, parce que les hôtels ont été contraints de baisser leurs prix et d'améliorer leurs services. Ensuite, parce que de nombreux propriétaires ont constaté que les incivilités, les bizarreries psychologiques, les nuisances générées par nombre de ces loueurs occasionnels, l'emportent de loin sur les avantages de ce concept d'"économie du partage". La location de petits objets pour se déplacer dans une grande ville peut présenter un certain intérêt pour les utilisateurs, notamment les jeunes, mais la location touristique est une autre affaire et il ne semble pas que dans notre sphère culturelle elle puisse avoir le même succès que celui prédit en Chine. Quant aux applications de vente d'occasion, elles ne sont pas nouvelles : aujourd'hui encore, il existe des magasins de vêtements d'occasion qui vendent directement aux personnes économiquement limitées qui ne peuvent pas faire leurs achats dans les grands centres commerciaux.

Ce dernier nous donne un indice sur la véritable nature du problème, celui dont Klaus Schwab n'a pas dit un seul mot : le véritable nœud du problème. L'argent vaut de moins en moins, l'inflation est de plus en plus rapide par rapport à l'augmentation des salaires, et depuis le début des années 1970, cela se traduit par une perte de pouvoir d'achat, notamment des classes moyennes, inexorablement tirées vers le bas. En outre, les citoyens sont confrontés à une gamme de biens de consommation de plus en plus large et ont peur d'être laissés pour compte: à partir des années 1980, la présence d'un ordinateur personnel est devenue une nécessité dans les foyers. Puis vint l'ordinateur portable. Puis sont arrivés le téléphone portable et la tablette. Et les drones. Et puis il y a des centaines de petits gadgets qui permettent de profiter et de s'amuser. Ou pas si petit: même pour ceux qui aspirent à "sauver la planète", la course à la "consommation responsable" les laisse épuisés: la voiture électrique est chère et encore plus chère à entretenir; les produits issus de cultures biologiques et non polluantes, en plus d'être plus chers, sont plus rapidement périssables.

Il ne s'agit pas que les citoyens voient les besoins de l'"économie collaborative", mais plutôt qu'en réalité, la perte de pouvoir d'achat les oblige à se jeter dans ses bras, même s'ils ne le veulent pas. L'évolution dans cette direction ne peut être considérée comme un "progrès", mais comme le signe d'une crise économique irréversible. Si nous ne sommes pas en mesure de payer 40.000 euros pour acheter le dernier modèle hybride, pas même sous forme de leasing, nous pouvons toujours nous bercer de l'illusion que nous "sauvons la planète" en faisant partie des milliers d'utilisateurs du même véhicule qui change de mains chaque jour. Nous ne savons pas si le conducteur est un rustre ou un conducteur responsable, s'il a poussé le véhicule au-delà des limites de ses capacités et nous le prenons sérieusement en défaut.

Ce n'est pas l'optimisme qui génère une observation de la société : si nous avons des yeux et de la compréhension, nous nous rendrons compte que la société n'évolue pas vers des niveaux plus élevés d'éducation, de responsabilité et de civilité, mais le contraire. Une économie collaborative, au mieux, serait viable s'il y avait une conscience civique, une honnêteté, une responsabilité, un sérieux et une stabilité mentale dans les sociétés. Ce sont tous des éléments dont nous nous éloignons à pas de géant. C'est pourquoi les locations de chambres sur des applications sont en déclin, pourquoi les utilisateurs de plateformes d'achat et de vente d'articles d'occasion sont de plus en plus alertés par les arnaques, les escroqueries et les problèmes. C'est pourquoi le "logement en propriété partagée" est en désuétude et n'a jamais vraiment bien fonctionné.

4D6C2556-D823-4C84-A286-BA770F4439D9.jpeg

Le résultat est que le citoyen moyen n'a plus assez d'argent pour payer tous les biens de consommation proposés. Peu importe qu'il travaille dur, peu importe que son salaire soit élevé, il trouvera toujours que certains objets sont au-dessus de ses moyens (dans de nombreux cas pour répondre aux besoins de base). Il n'a donc pas d'autre choix que de se tourner vers le concept de "l'économie du partage". Mais il ne s'agit pas de "progrès", mais plutôt de la reconnaissance d'une crise que l'on habille de l'habituel "sauver la planète" pour la présenter comme une forme d'économie nécessaire à notre époque.

Si la République populaire de Chine est le modèle vers lequel l'élite veut nous conduire, c'est parce qu'elle est une symbiose entre le communisme (qui n'est pas le communisme sous sa forme marxiste-léniniste) et le capitalisme (qui n'est pas non plus le capitalisme libéral conventionnel). Le "collectivisme" pour les masses; la "propriété" pour l'élite. L'"économie collaborative" est une adaptation de l'"économie collectiviste" (tout appartient à tout le monde et personne ne possède rien), mais elle ne découle pas d'une révolution sociale, ni même imposée par une idée de "consommation responsable", mais elle découle de l'impossibilité pour la majorité de profiter des biens dont dispose l'"élite économique".

Nous ne pouvons pas imaginer le Baron de Rothschild partager un Uber avec le rejeton Rockefeller. Le destin de l'élite est ailleurs. Ceux des masses passent par l'"économie collaborative", qui nous sera présentée comme un "progrès technologique", alors qu'elle est en réalité un symptôme de manque et de crise.

De l'Etat-Civilisation

pekinetlaciteinterdite.jpg

De l'Etat-Civilisation

Alexandre Douguine

Source: https://www.geopolitika.ru/article/gosudarstvo-civilizaciya

L'OSU est unanimement reconnue par les experts compétents en relations internationales comme étant l'accord final et décisif qui amènera la transition d'un monde unipolaire à un monde multipolaire.

La multipolarité semble parfois intuitivement et claire, mais dès que nous essayons de donner des définitions précises ou une description théorique correcte, les choses deviennent moins claires. Je pense que mon ouvrage "Théorie d'un monde multipolaire" est plus pertinent que jamais. Mais comme les gens ne peuvent plus lire, surtout les longs textes théoriques, je vais essayer de partager ici les points principaux.

L'acteur principal dans un ordre mondial multipolaire n'est pas l'État-nation (comme dans la théorie du réalisme en relations internationales) mais pas non plus un gouvernement mondial unifié (comme dans la théorie du libéralisme en relations internationales). C'est l'État-civilisation. D'autres noms lui sont donnés : le "grand espace", l'"Empire", l'"œcumène".

Le terme "État-civilisation" est le plus souvent appliqué à la Chine. À la fois  à la Chine ancienne et moderne. Dès l'Antiquité, les Chinois ont développé la théorie du "Tianxia" (天下), "Empire céleste", selon laquelle la Chine est le centre du monde, étant le point de rencontre du Ciel unificateur et de la Terre diviseuse. L'"Empire céleste" peut être un État unique, ou être démantelé en ses composants, puis réassemblé. En outre, la Chine Han proprement dite peut également servir d'élément culturel constitutif pour les nations voisines qui ne font pas directement partie de la Chine - avant tout, pour la Corée, le Vietnam, les pays d'Indochine et même le Japon, qui a acquis son indépendance.

Tianxia_en-zh-hans.svg.png

L'État-nation est un produit du Nouvel Âge européen, et dans certains cas une construction post-coloniale. L'État-Civilisation a des racines anciennes et... des frontières mouvantes, incertaines. L'État-civilisation est tantôt poussé en avant, tantôt élargi, tantôt contracté, mais reste toujours un phénomène permanent. (C'est, avant tout, ce que nous devons savoir sur notre SSO).

La Chine moderne se comporte strictement selon le principe du "Tianxia" en politique internationale. L'initiative "One Belt, One Road" est un exemple brillant de ce à quoi cela ressemble dans la pratique. L'Internet de la Chine, qui ferme tous les réseaux et ressources susceptibles d'affaiblir son identité civilisationnelle, montre comment les mécanismes de défense sont mis en place.

L'Etat-civilisation peut interagir avec le monde extérieur, mais elle n'en devient jamais dépendante et conserve toujours son autosuffisance, son autonomie et son autarcie.

L'État-civilisation est toujours plus qu'un simple État, tant sur le plan spatial que temporel (historique).

La Russie gravite de plus en plus vers le même statut. Après le début du "Nouvel ordre mondial", ce n'est plus un simple vœu pieux, mais une nécessité urgente. Comme dans le cas de la Chine, la Russie a toutes les raisons de prétendre être précisément une civilisation. Cette théorie a été développée de manière plus complète par les Eurasiens russes, qui ont introduit la notion d'un "État-monde" ou - ce qui est la même chose - d'un "monde russe". En fait, le concept de Russie-Eurasie est une indication directe du statut civilisationnel de la Russie. La Russie est plus qu'un État-nation (ce qu'est la Fédération de Russie). La Russie est un monde à part.

b5.jpg

La Russie était une civilisation à l'époque de l'Empire, et elle est restée la même pendant la période soviétique. Les idéologies et les régimes ont changé, mais l'identité est restée la même.

Le combat pour l'Ukraine n'est rien d'autre qu'un combat pour l'État-civilisation. Il en va de même pour l'État d'union pacifique de la Russie et du Belarus et l'intégration économique de l'espace eurasien post-soviétique.

Un monde multipolaire est composé d'États et de civilisations. C'est une sorte de monde des mondes, un mégacosmos qui inclut des galaxies entières. Et ici, il est important de déterminer combien de ces États-Civilisations peuvent exister, même théoriquement.

Sans aucun doute, l'Inde appartient à ce type, c'est un État-civilisation typique, qui possède aujourd'hui encore suffisamment de potentiel pour devenir un acteur à part entière de la politique internationale.

6fa439f34ae645ab02da24a5eae26cc3.jpg

Ensuite, il y a le monde islamique, de l'Indonésie au Maroc. Ici, la fragmentation en États et en différentes enclaves ethnoculturelles ne nous permet pas encore de parler d'unité politique. Il existe une civilisation islamique, mais son amalgame dans une civilisation d'État s'avère plutôt problématique. En outre, l'histoire de l'Islam connaît plusieurs types d'états-civilisations - des califats (le Premier, puis celui des Omeyyades, des Abbassides, etc.) aux trois parties de l'Empire de Gengis Khan converties à l'Islam (la Horde d'or, l'Ilkhan et le Chagatai ulus), la puissance perse des Safavides, l'État moghol et, enfin, l'Empire ottoman. Les frontières autrefois tracées sont à bien des égards toujours d'actualité. Toutefois, le processus consistant à les rassembler en une seule structure nécessite un temps et des efforts considérables.

L'Amérique latine et l'Afrique, deux macro-civilisations qui restent plutôt divisées, sont dans une position similaire. Mais un monde multipolaire impulsera d'une manière ou d'une autre les processus d'intégration dans toutes ces zones.

Maintenant, la chose la plus importante: que faire de l'Ouest ? La théorie du monde multipolaire dans la nomenclature des théories des relations internationales est absente de l'Occident moderne.

Le paradigme dominant y est aujourd'hui le libéralisme, qui nie toute souveraineté et toute autonomie, abolit les civilisations et les religions, les ethnies et les cultures, les remplaçant par une idéologie libérale outrancière, par le concept des "droits de l'homme", par l'individualisme (conduisant à l'extrême à des politiques gendéristes et favorable à la manie transgenre), par le matérialisme et par le progrès technique élevé à la plus haute valeur (via l'Intelligence Artificielle). L'objectif du libéralisme est d'abolir les États-nations et d'établir un gouvernement mondial basé sur les normes et règles occidentales.

C'est la ligne poursuivie par Biden et le parti démocrate moderne aux États-Unis et la plupart des dirigeants européens. Voilà ce qu'est le mondialisme. Il rejette catégoriquement l'Etat-Civilisation et toute velléité de multipolarité. C'est pourquoi l'Occident est prêt pour une guerre avec la Russie et la Chine. Dans un sens, cette guerre est déjà en cours - en Ukraine et dans le Pacifique (avec le problème de Taïwan), mais jusqu'à présent en s'appuyant sur des acteurs qui mènent leur combat par procuration.

Il existe une autre école influente en Occident - le réalisme dans les relations internationales. Ici, l'État-nation est considéré comme un élément nécessaire de l'ordre mondial, mais seuls ceux qui ont pu atteindre un haut niveau de développement économique, militaro-stratégique et technologique - presque toujours aux dépens des autres - possèdent la souveraineté. Alors que les libéraux voient l'avenir dans un gouvernement mondial, les réalistes voient une alliance de grandes puissances occidentales fixant des règles mondiales en leur faveur. Encore une fois - tant en théorie qu'en pratique, cet Occident rejette catégoriquement toute idée d'une civilisation d'État et d'un monde multipolaire.

aachener-dom-das-karolingische-oktogon-8ba417c6-9cd0-4b4b-a985-5f9916158467.jpg

aachen-2683036_960_720.jpg

Cela crée un conflit fondamental déjà au niveau théorique. Et le manque de compréhension mutuelle conduit ici aux conséquences les plus radicales au niveau de la confrontation directe.

Aux yeux des partisans de la multipolarité, l'Occident est aussi une civilisation-état, voire deux - celle de l'Amérique du Nord et celle de l'Europe. Mais les intellectuels occidentaux ne sont pas d'accord: ils n'ont pas de cadre théorique pour cela - ils connaissent soit le libéralisme soit le réalisme et non pas la multipolarité.

Cependant, il existe aussi des exceptions parmi les théoriciens occidentaux - comme Samuel Huntington ou Fabio Petito. Ils reconnaissent - contrairement à la grande majorité - la multipolarité et l'émergence de nouveaux acteurs sous la forme de civilisations. C'est réjouissant car de telles idées peuvent jeter un pont entre les partisans de la multipolarité (Russie, Chine, etc.) et l'Occident. Un tel pont rendrait au moins les négociations possibles. Tant que l'Occident rejettera catégoriquement la multipolarité et la notion même d'État-civilisation, le débat ne sera mené qu'au niveau de la force brute - de l'action militaire au blocus économique, en passant par les guerres d'information et par les sanctions, etc.

Pour gagner cette guerre et se défendre, la Russie elle-même doit d'abord comprendre clairement ce que signifie réellement la multipolarité. Nous nous battons déjà pour elle, et nous ne comprenons pas encore tout à fait ce qu'elle est. Il est urgent de dissoudre les think tanks libéraux créés pendant la période Gorbatchev-Eltsine et d'établir de nouveaux think tanks multipolaires. Le paradigme éducatif lui-même doit également être restructuré - en premier lieu au MGIMO, au MGU, au PFUR, à l'Institut Maurice Thorez, à l'Académie diplomatique et aux universités concernées. Enfin, nous devons vraiment nous tourner vers une école de pensée eurasienne à part entière, qui s'est avérée être d'une pertinence maximale, mais contre laquelle les atlantistes et les agents étrangers déclarés et dissimulés, qui ont pénétré profondément dans notre société, continuent de se battre.

Bienvenue dans la guerre des réseaux - Le spectre de la violence

000508441_5.jpg

Bienvenue dans la guerre des réseaux

Le spectre de la violence

par Schwab

Source: https://reactionair.nl/artikelen/welkom-in-de-netwerkoorlog/

Ceci est un article traduit, l'original peut être lu ici : https://schwabstack.substack.com/p/the-spectrum-of-violence?s=r.

    "La guerre n'atteint jamais son état absolu car la guerre n'est jamais un acte isolé : la guerre ne consiste pas en un seul et bref coup de poing : et dans la guerre, l'issue n'est jamais fixée définitivement." - Carl von Clausewitz

Bienvenue dans la guerre des réseaux. Vous êtes un guerrier en guerre contre un réseau. Ce réseau totalisant est défini par des mots tels que "globalisme", "le renversement", "le nouvel ordre mondial", "la conspiration ouverte", "l'antebellum" ou simplement "le réseau ouvert". On peut le décrire comme un mouvement social extrémiste, maximaliste et transnational. Dans ce contexte, l'épisode actuel de "guerre de cinquième génération" ou de "guerre hybride" doit être considéré comme une lutte entre réseaux, façonnée par des changements de loyauté politique et sociale envers l'"identité", qu'elle soit construite de manière organique ou cybernétique. Il n'existe pas de hiérarchie fixe, basée sur l'État, dans le monde. Il n'y a pas d'individus flottants. Soit vous avez formé votre propre réseau, rejoint un réseau de connexions déjà existant, soit vous êtes subjugué.

Le réseau "mondialiste", ou plutôt mondialisateur, est composé d'oligarques, de technocrates, de médias grand public, de gestionnaires d'État et d'entreprises, de services de renseignements, de terroristes, de mercenaires, d'institutions philanthropiques, de cryptocrates non élus et d'à peu près toutes les organisations internationales de la planète. Le réseau est décentralisé, modulaire et cellulaire - c'est-à-dire qu'il se compose de nombreux réseaux plus petits, couvrant le spectre de la légalité à l'illégalité et tout ce qui se trouve entre les deux. Le réseau ne se cache pas, ni ses activités, mais annonce ses intentions et dramatise ses actions.

Il n'y a pas de centre nerveux central, le réseau ne contient rien d'autre que des systèmes aux extrémités, systèmes cohérents et autonomes, permettant à chaque système d'extrémité de communiquer avec l'hôte de son choix. Certains sont des "réseaux multicouches" ou des "réseaux multifonctionnels / multidirectionnels" capables d'échanger leurs loyautés / identités tout en servant des objectifs environnants. Toutes ces structures suivent un protocole qui leur donne accès au réseau global. Le protocole est essentiellement un style de gestion qui injecte le contrôle dans les lignes de front du désordre, des réseaux de chantage, des horreurs invisibles, des crises, des conflits et des révolutions. Le protocole exige que pour accéder aux surfaces rhizomatiques du "méta-réseau", il faut passer par certaines procédures de contrôle qui surcodent et territorialisent l'espace. Ce réseau s'identifie à des stratégies telles que la "méta-crise" ou "la crise permanente", également connue sous le nom de "hype du moment" (l'actualité).

Si vous êtes un être humain, ce réseau est en guerre contre vous.

17:03 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : réseaux, actualité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook