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jeudi, 21 septembre 2023

James Fenimore Cooper et le rejet de l’Amérique moderne et démocrate

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James Fenimore Cooper et le rejet de l’Amérique moderne et démocrate

Nicolas Bonnal

Grand nostalgique, l’écrivain James Fenimore Cooper encense les indiens et rejette le monde moderne. Nous avons déjà relié son œuvre à celle de Tolkien, les indiens en voie de disparition y tenant les rôles des elfes, êtres supérieurs en voie d’exil et d’extinction.

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Dans son grand livre La Prairie perdue, l’universitaire Jacques Cabau écrivait :

« Là, gentleman-farmer éclairé, véritable squire à l'anglaise, il devient le prototype même de ces princes qui gouvernent alors l’Amérique, de cette nouvelle aristocratie qui s'est révoltée contre le roi d'Angleterre parce qu'elle se sait destinée au gouvernement des masses. Le drapeau frappé de treize étoiles flotte depuis quelques années seulement. On n'a pas encore inventé le dollar. On trace les plans d'une capitale digne de treize Etats fédérés. Aucune frontière ne borne l’ambition de ces trois millions d'Américains, fiers de leur liberté et de leurs sept cent mille esclaves. Mais la fédération des treize Etats si différents n'est pas encore une nation. L'esprit colonial y perpétue les traditions et les préjugés sociaux de la vieille Europe. »

Lothrop Stoddard et Madison Grant (cités dans un passage crypté de Gatsby -  que j’ai commenté ailleurs) ont dressé un portrait enchanté de cette Amérique coloniale que le premier comparait au monde grec. Borges aussi encensa ce grand nombre de génies (Poe, Emerson, Hawthorne, Thoreau, Whitman, Melville, etc.) qui vont tous ou presque rejeter l’involution du monde moderne en Amérique. Mais Fenimore Cooper est le premier à rejeter l’involution de son pays (c’est vrai que pour en arriver à cet océan de laideur urbaine, à Biden et à l’invasion migratoire, au wokisme, à la dette immonde et aux néo-cons…) ; Cabau note :

« L'Amérique n'est alors ni une démocratie idéale, ni un paradis né des utopies du XVIIIème siècle. Il y a vers l'Ouest des pionniers qui défrichent, des trappeurs qui explorent; il y a dans le Nord des communautés utopiques et des exaltés qui parlent d'égalité et de droits de l'homme. Mais ces gens-là ne comptent guère ; on les méprise même dans la bonne société des planteurs sudistes et des négociants du Nord. »

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On est encore dans une société aristocratique :

« Dans cette société encore coloniale où les grands propriétaires et les négociants viennent de conquérir l'indépendance pour prendre le pouvoir et imposer leurs intérêts, les privilèges sociaux rendent la naissance tout aussi nécessaire qu'en Europe. Pour avoir sa place, il faut être bien né. Cooper a tous les traits de cette nouvelle classe dirigeante, austère, très consciente de ses devoirs comme de ses droits, et qui donne l’exemple de la morale, de la dignité et du courage parce que son pouvoir est, comme la démocratie qu'elle institue, d'essence paternaliste. Comme Sir Walter Scott, son maître en littérature, Cooper est homme d'ordre, assez intolérant dans ses opinions théologiques, politiques et sociales, et très conventionnel dans ses goûts. Il s'intéresse peu aux arts, lit de préférence des traités d'histoire, de géographie, ou des récits de voyages, dont il est friand ».

Fenimore Cooper redoute cette immigration EUROPEENNE qui va détruire le pays (Tocqueville parle de la menace de masses socialistes européennes immigrées à Philadelphie) :

« II est surtout féru de droit. Car ce grand propriétaire foncier, habile gérant de ses terres, s’inquiète des libertés qu’on laisse aux immigrants de s'approprier les terres qu'ils défrichent. Cooper souhaite qu'au lieu d'éparpiller les terres défrichées aux mains des petits colons, on les rassemble en latifundia, en grand domaines. »

Fenimore Cooper s’exile en Europe comme bien des grands auteurs américains (Henry James, Hemingway, Fitzgerald…) ; et quand il revient notre aristocrate écologiste peut sangloter :

51k8T0oLDYL._AC_SY1000_.jpg« Mais il lui faut déchanter, en 1833, quand il rentre en Amérique. Installé à Cooperstown, il découvre une Prairie ravagée par les pionniers, les terres distribuées à l'encan, un gaspillage de toutes les richesses naturelles, en particulier de la forêt. Il dénonce l'erreur d'une société de plus en plus démocratique, de plus en plus urbaine et industrielle, qui sape ses fondements naturels, et gaspille ses ressources en s'engageant à un rythme trop rapide dans une conception contestable du progrès. Ses attaques contre l’Amérique, ses luttes avec une presse trop librement critique, ses procès enfin contre les défricheurs de terres et les immigrants lui valent une réputation de réactionnaire et d'aristocrate européen. Malgré le succès de ses romans, sa popularité en souffre. Comme sir Walter Scott, et pour les mêmes raisons politiques, quand Fenimore Cooper meurt, en 1851, il est brouillé avec la nation américaine dont il a pourtant, le premier, exprimé les traits les plus profonds. »

Nous avons écrit un texte sur le rapport de Fenimore Cooper à la presse (http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/10/08/james-fenimore-cooper-et-la-critique-de-la-presse-americaine.html). La typographie aura été le plus grand ennemi de la civilisation (effondrement qualitatif) et aujourd’hui de l’humanité.

c59d771c293e08b06dd5bd8ad9e5d824.jpgJacques Cabau ajoutait même sur ce rejet élitiste des « modernes » qui nous fait préférer les indiens (voir Schuon) :

« Les Pionniers, premier volume écrit, est le plus réaliste, le plus documentaire, qui décrit Templeton en fait Cooperstown village de pionniers. Natty Bumppo, vieilli, maussade et bavard, vit là, dans une hutte aux abords de la ville Natty, est devenu une sorte de hors-la-loi. Il braconne, menace la maréchaussée, se fait arrêter par le shérif, mettre au pilori, ne cesse de se révolter contre la civilisation qu’il hait parce qu'elle a anéanti la forêt, c'est-à-dire la liberté. Avec la Prairie, qui décrit les derniers jours de Natty Bumppo, le mythe prend toute son ampleur. Au seuil de la mort, le vieux trappeur octogénaire mais encore valide, médite sur l'ensemble de sa vie, Seul avec Hector, son vieux chien édenté qui va le devancer dans la mort, il a fui la civilisation jusqu'au plus profond de la Prairie, sur les contreforts des Montagnes Rocheuses, où acculé au Pacifique, il se dresse soudain dans l'éclat du soleil couchant, et meurt en criant ce mot cryptique et splendide : Here! Ainsi s'achève une vie qui n'a été qu'une longue fuite devant la civilisation, et qui pose le problème de la marche vers l'ouest et de la disparition de la Frontier ».

On découvrira notre livre sur les westerns et on reverra avec profit et enchantement le célèbre documentaire Koyaanisqatsi en voyant le chaos déglingué cauchemardesque qui caractérise aujourd’hui l’Amérique à Biden.

 

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Contre les "progressistes"

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Contre les "progressistes"

Carlos x. Blanco

Le lecteur connaît déjà une série d'écrits de ma part, certains déjà anciens, tous destinés à dénoncer une grave imposture. L'imposture de ce qu'on appelle aujourd'hui "gauche", "progressisme", "éveil" (woke), etc. C'est toute une galaxie d'activistes, de leaders, d'enseignants, d'écrivains, de "penseurs" qui s'arrogent la possession absolue de la vérité et qui exercent de manière hégémonique et parfois totalitaire le pouvoir de censure ("culture de l'annulation" ou "cancel culture"). Les moins avisés ne peuvent manquer de remarquer un fait fondamental, qui s'impose d'emblée comme une réponse immédiate à la question suivante : qu'ont en commun des personnages et des approches aussi variés, apparemment si contradictoires entre eux ? Le capital. Le capital les finance et les met en œuvre.

Le progressisme, la "nouvelle gauche" post-moderne et "réveillée" se caractérise par :

(a) Un anti-marxisme forcené. La plupart d'entre eux font un usage partiel, ignorant ou tordu de l'héritage théorique ou scientifique de Marx et Engels. Ils nient le concept de classe et donc de lutte des classes. Ils le dénaturent en le subordonnant au concept de lutte identitaire (racialisée, sexiste, ethnique). Ils tentent de nous faire avaler un ragoût toxique: ils disent que l'identité ( ?), souvent indéfinie, est plus importante que la conscience de classe et l'exploitation d'une classe sur une autre. Ainsi, sous un habillage prétendument progressiste, ils reviennent aux pires méthodes du suprémacisme. Une race autrefois opprimée et asservie doit maintenant être la maîtresse de nos destinées. Un "genre" autrefois opprimé et exploité doit maintenant être privilégié. Un peuple ou une nation prétendument colonisé(e) dans le passé doit maintenant mettre ses bottes sur les nations autrefois dominantes. L'infantilisme et le crypto-fascisme de cette nouvelle gauche sont vraiment effrayants. Elle admet que le Blanc, le mâle, l'Européen, l'Espagnol, l'habitant du présent, possède une tache générique, un péché originel qui doit être lavé en raison des outrages commis par ses ancêtres et congénères il y a plusieurs siècles ou décennies. Ce suprémacisme qui fait porter aux populations d'aujourd'hui la "culpabilité" des exactions et des génocides du passé est intolérable. Un tel enfantillage nous conduit dans les ténèbres, et plus encore si l'on considère que la perspective de classe est délibérément occultée. C'est une classe exploitée (et en tant que classe, elle est multiraciale et composée de personnes des deux sexes) qui doit s'élever contre l'exploiteur. C'est le capitalisme qui produit le rêve de la raison et tous ses monstres, y compris le racisme, le colonialisme des peuples ou l'aliénation des femmes.

b) L'absence absolue de remise en cause du régime capitaliste dans sa version néo-libérale. De forts soupçons pèsent sur la gauche identitaire, post-moderne ou woke, anti-ouvrière, bourgeoise, financée par les grandes fondations d'ingénierie sociale, qui étendent leurs tentacules partout, y compris dans les partis politiques, les universités, les gestionnaires culturels, etc. Beaucoup d'argent a été investi pour enterrer la théorie de la valeur travail, le cœur du marxisme, dans l'oubli. La lutte idéologico-culturelle a été déconnectée de la lutte syndicale et de la lutte pour la souveraineté économique.

En Espagne, cela se voit très bien : qui finance toute cette pléthore de sites web et de plumes qui se consacrent à voir le fascisme partout, sauf chez Soros, chez les GAFAM, chez les fonds vautours et les banques habituelles? Qui se consacre à distribuer des cartes de fasciste ou de progressiste, selon le cas, comme s'il s'agissait du jugement divin à la fin des temps? Le système néolibéral paie 90% de ce qui est écrit sur le "progressisme". Je lis déjà de multiples articles de gauchistes (c'est ainsi qu'ils se présentent) assimilant Marx et le "travaillisme" au fascisme. Il en va de même pour les tentatives d'"annulation" d'autres auteurs qui, sans être strictement marxistes, défendent, avec d'authentiques marxistes, une perspective souverainiste espagnole (M. Gullo, Pedro Baños, etc.).

Il faut dénoncer la pseudo-gauche qui tente de nous refiler l'Agenda 2030 et le "monde sans frontières". De même, les gourous de la mort du travail et les partisans de l'oisiveté et de la "soupe universelle". Le marxisme espagnol doit être reconstruit dans une perspective souverainiste, au moyen d'un État du travail qui réalise une insubordination, c'est-à-dire qui se réindustrialise avec le protectionnisme et la déconnexion programmée (Gullo, S. Amin, Fusaro).