lundi, 02 juin 2025
Les États-Unis veulent mettre les océans sous écoute
Les États-Unis veulent mettre les océans sous écoute
Ronald Lasecki
Source: https://ronald-lasecki.blogspot.com/2025/05/usa-chca-pods...
Les États-Unis travaillent sur un système de surveillance militaire décentralisé pour les côtes, océans, détroits et sites stratégiques tels que les porte-avions, en utilisant des récepteurs basés sur des organismes marins vivants comme des poissons, coraux, moules, méduses ou pieuvres. Le programme, baptisé Persistent Aquatic Living Sensors (PALS), a été lancé en mars 2018 par le Bureau des technologies biologiques de la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) lors d’une conférence à Arlington, Virginie, avec la participation de centres universitaires, instituts de recherche et laboratoires impliqués dans le projet (notamment Naval Research Laboratory, Naval Undersea Warfare Center et autres).
PALS a été une réponse à l’annonce par la Russie, en mars 2018, de six « superarmes », c’est-à-dire de systèmes d’armement nucléaire ou capables de transporter des charges nucléaires. Il s’agissait du système hypersonique de missiles « Avangard », du missile de croisière intercontinental « Burevestnik », du missile hypersonique anti-navire « Zircon », du missile hypersonique « Kinzhal » tiré d’un MiG-31, du système intercontinental « Sarmat », et surtout du missile autonome sous-marin « Poseidon ». Si ce dernier était détoné près des côtes américaines, il provoquerait un tsunami radioactif et des destructions dont la neutralisation prendrait des années, voire des décennies. La détection du « Poseidon » par les systèmes conventionnels est pratiquement impossible.
Les ingénieurs, techniciens et océanographes impliqués dans PALS mènent des recherches physiques, chimiques, biologiques et utilisant l’intelligence artificielle pour identifier et traiter des signaux et des changements de comportement chez les organismes marins vivants, afin de fournir des informations sur la présence de sous-marins, de robots sous-marins autonomes (UUV) et de plongeurs dans des zones surveillées. Ces signaux doivent être détectés et caractérisés par des appareils appropriés, puis transmis en temps réel aux unités de surveillance et de commandement sous forme d’indicateurs et de graphiques affichés sur des écrans d’ordinateurs.
PALS exploite la réactivité des organismes marins à des signaux visuels, acoustiques, mécaniques, électriques, magnétiques et chimiques. L’utilisation de récepteurs issus d’organismes marins doit permettre une surveillance à grande échelle, tout en compliquant l’identification par l’ennemi des facteurs de détection, qui font simplement partie de la biosphère locale. L’extension du spectre d’observation et la réduction des coûts sont également facilitées par la présence d’organismes dans des niches inhospitalières à l’homme, à haute température, dans l’obscurité ou sous une pression extrême.
L’objectif du programme est d’observer, de caractériser et de classer le comportement des organismes marins, en distinguant notamment leurs réactions aux perturbations naturelles et aux véhicules sous-marins. Il s’agit aussi de concevoir du matériel, des logiciels et des systèmes analytiques pour observer leur comportement, filtrer les informations pour éviter de fausses alertes et transmettre des signaux d’alerte aux centres de surveillance et de commandement militaires. La conception et la fabrication du matériel ont été confiées à Northrop Grumman et à des entités académiques, industrielles et militaires impliquées dans PALS. Le matériel comprendra notamment des hydrophones, des sonars, des caméras et des capteurs magnétiques, cinétiques et acoustiques.
Le programme comporte deux phases: dans la première, les organismes marins détectent la présence d’un véhicule sous-marin ou d’un autre facteur perturbateur dans leur environnement et réagissent par un signal ou un comportement observable ; dans la seconde, un système développé par l’homme observe, enregistre et interprète ces réactions, en transmettant des signaux d’alerte catégorisés aux utilisateurs finaux à distance. En raison de leur omniprésence, leur autonomie et leur auto-réplication, ces organismes doivent constituer un système discret, omniprésent, permanent, peu coûteux et facile à déployer.
Cinq équipes de recherche ont été créées dans le cadre du projet, étudiant respectivement : la réaction lumineuse de micro-organismes bioluminescents aux flux d’eau provoqués par des sous-marins (Northrop Grumman) ; la migration de certains micro-organismes vers des zones de faible pression magnétique près des sous-marins ; la détection de signaux à basse fréquence émis par le poisson thermoviseur Itajara goliath (photo, ci-dessus) en réaction à la présence de plongeurs, drones ou sous-marins (Florida Atlantic University) ; la propagation de sons crepitants émis par la crevette Alpheidae (photo, ci-dessus), qui rebondissent sur des objets en mouvement et peuvent être utilisés comme signaux sonar (Northrop Grumman, Raytheon BBN) ; et la variation de la vitesse et de la direction des bancs de poissons en réaction à des objets passant à proximité (Maryland University’s Environmental Science Center). En outre, le Naval Undersea Warfare Center étudie la réaction des récifs coralliens à la présence de UUV.
PALS ne nécessite pas de gros investissements financiers, mais demande des matériaux, logiciels et algorithmes adaptés. DARPA ne divulgue pas de détails sur ses recherches, mais leur objectif est notamment de déterminer si les organismes marins réagissent différemment aux autres créatures ou sous-marins en mouvement à proximité. L’un des buts est de cataloguer les signaux émis par les animaux pour repérer leur mouvement à une distance de 500 mètres. La modification génétique des organismes marins à des fins de défense dans des zones restreintes n’est pas exclue. Pour le traitement avancé des signaux, leur classification et l’extraction de leurs caractéristiques permettant de déterminer le type et les propriétés de l’objet qui a émis le signal, l’intelligence artificielle sera utilisée.
Fin 2020, DARPA a annoncé que quatre équipes de recherche avaient démontré que les organismes marins peuvent détecter la présence d’objectifs militaires sous-marins et réagir par des signaux ou comportements spécifiques mesurables scientifiquement, et que ces signaux pouvaient être extraits du « bruit » de l’environnement marin. Lors de la deuxième phase, ces systèmes de détection devaient prouver leur efficacité en conditions réalistes sur une période de trente jours. La phase trois, prévue pour novembre 2021, devait prouver leur efficacité dans des conditions réelles sur une période de soixante jours.
Un défi majeur du programme sera sans doute la filtration des signaux (distinguer les réactions aux menaces militaires des autres) et la vulnérabilité du système aux interférences (l’adversaire pourrait facilement brouiller le système en envoyant de faux signaux). Le programme est prévu pour quatre ans et doit s’intégrer dans le concept d’Internet sous-marin des Objets (IoUT), mais on ignore à quel stade il en est. Il semble peu probable que PALS puisse réellement neutraliser une attaque avec le « Poséidon », qui atteint des vitesses de 185 km/h.
17:28 Publié dans Actualité, Défense | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, défense, états-unis, océans, fonds marins | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Le déclin de l’Occident engendre la guerre
Le déclin de l’Occident engendre la guerre
par Enrico Tomaselli
Source : Giubbe rosse & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-declino-dell-o...
L’éclatement actuel de conflits extrêmement violents, longs et potentiellement très dangereux, est une conséquence directe du déclin de l’Occident. Non seulement parce que, bien sûr, l’affaiblissement de son hégémonie (économique, militaire, politique, et même culturelle) a favorisé l’émergence de nations qui contestent – et défient – sa domination, mais aussi parce que ce déclin (disons, la chute globale du système colonial-impérial occidental) est étroitement lié à celui de ses élites.
Des siècles d’hégémonie s’effondrent rapidement, et les dirigeants européens et américains se révèlent terriblement incompétents, incapables non seulement d’arrêter ce déclin, mais aussi d’en freiner la rapide accélération.
Il faut, hélas, constater que les élites politiques (mais aussi économiques et militaires) qui dirigent l’Occident collectif, sont en réalité composées d’adolescents attardés et incompétents.
Incompétents parce qu’incapables de lire la réalité – celle de leur propre système ou du système-monde – et totalement dépourvus des compétences fondamentales pour assumer des rôles de leadership.
Adolescents parce qu’ils sont dominés par une émotion immature, incapables de réflexion et de maîtrise de soi.
De cette décadence effrayante découle directement l’explosion de ces conflits sanglants, car des leaders incapables ont joué avec la politique internationale, la mélangeant en plus avec des intérêts personnels, et ont jeté de l’huile sur le feu alors qu’ils auraient dû recourir à des extincteurs.
Des personnages comme Biden (clairement sénile), Zelensky (un comédien de télévision), Netanyahu (un fanatique messianique), ne sont que la pointe de l’iceberg, mais il existe toute une pléthore de dirigeants et dirigeantes qui seraient manifestement incapables même de gérer une copropriété, mais qui se retrouvent à la tête d’États et d’organisations supranationales, tout en se comportant comme s’ils jouaient à Risk ou au Monopoly.
Et l’autre aspect dramatique est que, de l’autre côté (qu’on pense ce qu’on veut des positions politiques personnelles et/ou des États qu’ils dirigent), il y a des leaders politiques de très haut niveau, avec derrière eux une expérience politique collective considérable (et qui explique, entre autres, la présence, auprès d'eux, de conseillers très qualifiés). Des leaders qui commencent à se rendre compte de la vacuité de leurs homologues occidentaux, auxquels ils doivent pourtant faire face. Et qui jugent – à juste titre – que, non seulement leur niveau est très faible, mais aussi qu'ils sont totalement peu fiables.
Une situation qui amplifie énormément les risques. Parce que le sens des responsabilités que manifestent les élites de ces nations émergeantes a ses limites, à un certain point, et quand elles doivent faire face à des dirigeants totalement irresponsables (comme celles de l’Occident), tout peut rapidement atteindre un point de rupture imprévu.
Hélas, aucun signe d’une véritable prise de conscience de l’ampleur de cette menace, et les peuples européens semblent totalement engourdis, incapables de remettre en question radicalement le système de pouvoir qui continue de produire des leaders toujours plus médiocres.
Le dernier espoir terrible est qu’un choc puissant nous réveille. En espérant qu’il ne soit pas trop tard, ni trop dur.
12:42 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, occident, déclin, élites déclinantes | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
SAFE – La sécurité de l’Europe à crédit?
SAFE – La sécurité de l’Europe à crédit?
Elena Fritz
Source: https://pi-news.net/2025/05/safe-europas-sicherheit-auf-p...
SAFE (Security and Defence Action for Europe) conduit non seulement à la militarisation de l’Europe, mais aussi à l’autonomisation et à l’autodestruction par une politique d’armement démesurée.
Avec force mise en scène, le fonds appelé SAFE (Security and Defence Action for Europe) a été adopté; il entrera en vigueur ce jeudi: 150 milliards d’euros pour l’achat commun d’armements par les États membres de l’UE. Bruxelles parle de « gain d’efficacité », « d’indépendance stratégique » et de « renforcement de l’industrie européenne ». À première vue, cela semble plausible: des projets communs doivent éviter des doublons, permettre d’obtenir de meilleurs prix et renforcer la cohésion politique.
Mais tout cela est, comme trop souvent, un bel emballage sans contenu réel. Les achats ne s'avèrent pas plus efficaces, mais plus lourds. Les prix ne baissent pas, ils sont négociés dans les coulisses bruxelloises. Et l’unité politique n’est pas l’objectif, mais la façade d’un développement qui menace le cœur même de toute démocratie: la souveraineté nationale en matière de guerre et de paix. SAFE n’est pas seulement une ligne budgétaire. C’est un changement de paradigme. L’UE crée ainsi une union de crédit militaire sans légitimité démocratique suffisante.
Dettes communes, responsabilité nationale
SAFE est financé par des prêts communs de l’UE. En pratique, cela signifie: l’Allemagne se porte garante avec sa solvabilité pour des projets sur lesquels elle n’a aucun contrôle. Le Bundestag n’est ni consulté ni doté de droits de contrôle. Les traités européens ne prévoient pas une telle construction. Il en résulte un no man’s land juridique entre le droit contractuel, le droit coutumier et l’opportunisme politique. La Cour constitutionnelle fédérale a clairement indiqué dans ses arrêts sur Maastricht (1993) et Lisbonne (2009): les compétences militaires essentielles ne peuvent être déléguées qu’avec l’accord du Bundestag et dans le respect du principe démocratique. SAFE contourne ces deux principes.
SAFE permet la participation d’entreprises ukrainiennes et britanniques. L’Ukraine n’est pas membre de l’UE, ne relève pas des mêmes règles, mais a accès à des projets valant des milliards. La Grande-Bretagne a quitté l’UE, ne paie pas, n’est en rien responsable – mais peut profiter de la manne. C’est comme si on quittait l’association tout en continuant à piller la caisse.
Autonomie apparente et impuissance structurelle
SAFE suggère une indépendance stratégique. En réalité, cela ne crée pas une identité de défense européenne, mais un instrument de subventions pour les grandes nations qui possèdent leur propre industrie d’armement. Les petits États paient, mais ont peu de chances de participer. Le nouveau militarisme européen n’est pas solidaire, mais hiérarchique.
Perte de contrôle historique: jamais dans l’histoire de l’intégration européenne n’a-t-on décidé de milliards en budgets militaires sans contrôle parlementaire, sans mandat populaire et sans débat public. Même à l’époque de la Guerre froide, les parlements nationaux étaient impliqués. SAFE marque la fin de cet ordre républicain.
SAFE – premier pilier d’un programme d’armement beaucoup plus vaste de l’UE
« ReArm Europe » est un programme d’une valeur de 800 milliards d’euros. SAFE prévoit à lui seul jusqu’à 150 milliards d’euros de crédits, liés à des plans nationaux et octroyés à des « conditions compétitives ». L’industrie technico-militaire de l’UE est ainsi délibérément renforcée. L’Ukraine est intégrée dès le départ – comme site de production, marché et avant-poste géopolitique.
L’objectif officiel : augmenter la capacité de production, garantir la disponibilité stratégique des systèmes d’armement, combler les lacunes en capacités. L’objectif officieux : préparer la guerre dans l’ombre. La ligne stratégique est claire – une guerre par procuration contre la Russie via le territoire ukrainien, combinée à une préparation insidieuse à une confrontation directe. SAFE introduit ainsi non seulement la militarisation de l’Europe, mais aussi l’autonomisation et l’autodestruction par une politique d’armement démesurée.
La sécurité ne dépend pas uniquement de la taille
Les partisans de SAFE soutiennent que l’Europe, en tant qu’ensemble d'États-nations, est trop faible pour faire face à la Chine, la Russie ou les États-Unis. Cet argument semble intuitivement logique – mais il est objectivement faux. La sécurité ne dépend pas de la taille, mais de la clarté stratégique, de la capacité de défense et de la souveraineté diplomatique.
Israël, la Suisse, Singapour, la Norvège – tous ces États montrent que même de petites puissances peuvent se défendre lorsqu’elles disposent d’une doctrine claire, d’une logistique fiable et d’alliances flexibles. Même en Europe, il existe des alternatives fonctionnelles: la coopération de défense nordique (NORDEFCO), des accords bilatéraux comme ceux entre la Grèce et Chypre, ou des formats trilatéraux. L’Europe n’a pas besoin d’un commandement central, mais d’une souveraineté connectée.
Une dénationalisation par porte dérobée
Ce qui se passe ici, ce n’est pas une réforme de la sécurité, mais une reconstruction du système: l’UE, en tant que projet politique, s’éloigne de plus en plus de ses citoyens, de ses États membres et de ses bases contractuelles. SAFE n’est qu’une pierre parmi d’autres puisqu'il y a déjà union de la dette, harmonisation fiscale, règlement migration, et, maintenant, on peut ajouter le transfert des compétences militaires. Le leitmotiv est toujours le même: une dénationalisation par porte dérobée, une intervention technocratique sans contre-pouvoir démocratique. Une politique de sécurité européenne responsable ne peut exister que dans les conditions suivantes:
- Maintenir la souveraineté nationale – les dépenses de défense doivent rester dans les mains des Etats nationaux.
- Les États peuvent coopérer, mais ne doivent pas être forcés à le faire.
- Pas de mutualisation de la dette: celui qui commande doit aussi payer.
- Ceux qui portent la responsabilité doivent être effectivement responsables.
- Soutien industriel souverain: chaque État membre doit développer ses propres capacités de défense ou investir dans des clusters régionaux – mais pas dans des structures centralisées, démocratiquement incontrôlables.
SAFE n’est pas une expression de la force européenne, mais un symptôme d’aliénation institutionnelle. La sécurité ne peut pas être imposée, elle doit être ancrée: dans la nation, dans la responsabilité, dans le contrôle par le peuple. Ceux qui veulent réellement la sécurité pour l’Europe doivent parler avec les citoyens – et non décider à leur place. L’avenir de l’Europe ne se trouve pas dans le budget militaire bruxellois, mais dans le retour à ce qui a jadis rendu l’Europe forte: la diversité dans la responsabilité, la coopération dans la liberté, la défense dans l’autodétermination.
12:18 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Défense | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : safe, défense, défense européenne, union européenne, politique internationale, actualité, europe, affaires européennes | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
L'État-nation: une aberration libérale
L'État-nation: une aberration libérale
L'État-nation est une invention moderne, libérale, et une aberration dans l’histoire humaine, qui devrait être remplacée par l'État civilisateur.
Brecht Jonkers
Bron: https://brechtjonkers.substack.com/p/the-nation-state-a-l...
Le concept d’État-nation et celui d'«un État pour chaque groupe ethnique» est une notion libérale moderne, sans valeur pour la grande majorité de la population mondiale, et peu ou pas du tout relié à la majeure partie du passé humain.
On ne peut pas prétendre être « traditionnel » tout en soutenant le jeu qui consiste à affirmer « un État pour chaque race », comme aiment particulièrement à le faire certains conservateurs en Occident. L’intégration spatiale large basée sur des caractéristiques civilisatrices communes est la norme générale de la société humaine, et cela dure depuis des millénaires. De même, cela n’a pas de sens de revendiquer une légitimité en tant qu’antiimpéraliste ou qu'anti-globaliste, tout en voulant maintenir ce vestige de la pensée politique libérale qui, elle, cherche à saper la solidarité entre groupes ethniques.
Les civilisations anciennes telles que la Chine, l’Iran/Perse, et l’Inde (du Nord) n’ont jamais été unifiées par le sang ou la race, mais par des systèmes de valeurs communs, des institutions politiques et des traditions anciennes. La Russie a été construite selon des principes similaires. Le cœur de l’Eurasie, resplendissant le long des Routes de la Soie, a compté des dizaines d’empires et de royaumes magnifiques, dont aucun n’était ethniquement exclusif.
L’idée d’un « État-nation », en tant que concept politique, est une idée de l'ère capitaliste, plus particulièrement libérale. Elle visait à diviser et à conquérir les institutions anciennes et les sociétés politiques, et à « harmoniser » de force les États en posant un seul groupe ethnique comme guide qui serait alors identifié à l’État.
C’est pour cette raison que la France moderne a violemment réprimé l’identité ethnique bretonne et occitane, que la Turquie a soudainement décidé qu’il n’y avait plus de place pour les Grecs et les Arméniens ethniques en Anatolie, que la Grande-Bretagne a cherché à éradiquer pratiquement l’ethnos irlandais sous son contrôle.
L’État-nation libéral est une aberration récente dans l’histoire mondiale, spécialement conçue pour faciliter l’ascension du capitalisme et de la société civile libérale. Et ce n’est même pas particulièrement utile dans l’absolu. Même les États-Unis ont abandonné cette idée à la fin du 19ème siècle en faveur d’une migration « melting pot », car ils n’avaient tout simplement pas assez de population pour mener à bien leur programme de Destinée Manifeste. Et c’est cette infusion de pensée libérale-capitaliste dans certains segments de l’intelligentsia juive qui a conduit au sionisme et à l’établissement du prétendu État ethnique d’« Israël ».
Dans le monde contemporain, la demande d’états-nations est une arme entre les mains de l’élite financière mondiale pour exiger la dissolution des États-civilisations à travers le monde, en particulier contre des rivaux géopolitiques comme la Chine (Tibet, Xinjiang, Hong Kong) et la Russie. Il s’agit d’un concept régressif, réactionnaire et finalement impérialiste, visant une stratégie ancestrale de division et de conquête.
11:47 Publié dans Actualité, Définitions, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : état-nation, nationalisme, définition, actualité, théorie politique, sciences politiques, politologie | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook