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samedi, 01 février 2025

La stratégie "futée" de l'Allemagne: acheter du gaz russe via la France en le payant plus cher

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La stratégie "futée" de l'Allemagne: acheter du gaz russe via la France en le payant plus cher

Andrea Muratore

Source: https://it.insideover.com/energia/lastuta-strategia-della...

Rien ne fonctionne dans la stratégie énergétique de l’Allemagne en pleine crise économique, politique et stratégique. Après avoir subi le double coup dur de la fin des achats de gaz russe par gazoduc et, en septembre 2022, du sabotage de Nord Stream dans la mer Baltique, il apparaît désormais que Berlin continue tout de même de recevoir l’or bleu de Moscou, mais sous une forme plus coûteuse et plus complexe. Plus précisément, depuis Dunkerque, dans le nord de la France. Près des plages où, en 1940, la Wehrmacht d’Adolf Hitler laissa échapper l’occasion d’asséner un coup fatal au corps expéditionnaire britannique fuyant la France alors occupée; une nouvelle humiliation, bien que plus subtile, est aujourd’hui infligée à Berlin par un pays considéré comme adversaire : la Russie.

Le court-circuit allemand

Le Financial Times a révélé que la compagnie énergétique nationale allemande Sefe a acheté 58 cargaisons de GNL russe en provenance du terminal de Yamal, en Sibérie, et arrivées à Dunkerque en 2024, contre seulement dix en 2023. Angelos Koutsis, responsable de la politique énergétique au sein de la boîte à penser belge Bond Beter Leefmilieu, a déclaré au FT que « l’Allemagne a interdit l’importation de GNL russe dans ses ports. Mais les importations officiellement en provenance de France et de Belgique sont en réalité en partie composées de gaz russe. »

Nous sommes certes loin de l’ancienne hégémonie russe dans le mix énergétique allemand, mais le FT estime que Berlin « reçoit encore entre 3% et 9,2% de son approvisionnement en gaz depuis la Russie via d’autres pays».

Le GNL russe ne disparaît pas de l’UE

En 2024, les importations de GNL russe en Europe ont atteint un niveau record, avec plus de 17 milliards de mètres cubes d’or bleu transportés par voie maritime. Un tiers de ces cargaisons ont été achetées via des contrats négociés au jour le jour au prix marginal (spot market), ce qui signifie que les navires sont « achetés » avec leur cargaison après leur mise en mer. En tirant parti d’économies d’échelle favorables, la Russie parvient ainsi à récupérer des parts de marché face aux États-Unis, au Qatar et à la Norvège dans la course au GNL européen, réintroduisant sur le marché une partie du gaz évincé par l’Union européenne.

À l’avenir, après avoir augmenté de 500% ses achats de GNL russe en 2024 et s’être imposé des coûts de transport plus élevés via la France, Berlin, dont l’industrie est en grande difficulté, pourrait devenir l’un des principaux contributeurs indirects au boom de la demande de gaz russe par voie maritime. Un phénomène qui s’est déjà manifesté dans les quinze premiers jours de 2025, période durant laquelle, selon Sky Insider, « l’Europe a acheté à la Russie plus de 837.000 tonnes de GNL, soit une augmentation de 10% par rapport à la même période en 2024 et de 23% par rapport à 2023 ».

Pour l’Allemagne, cette situation soulève une fois de plus des questions sur ses choix politiques, impliquant à la fois le gouvernement sortant d’Olaf Scholz et son successeur probable, le leader de la CDU, Friedrich Merz. Ce dernier mène une campagne électorale en attaquant agressivement Moscou, mais pourrait, en cas de victoire le 23 février, se retrouver à gérer un nouvel énième paradoxe berlinois, après ces trois longues années de turbulences.

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