dimanche, 08 juin 2025
« Poutine veut toute l'Ukraine »: Douguine décortique la déclaration de Trump
« Poutine veut toute l'Ukraine »: Douguine décortique la déclaration de Trump
Alexandre Douguine
Ce que Trump a écrit dans son message et qui n'a pas été souvent cité chez nous, en Russie, contenait des mots importants : "Poutine veut toute l'Ukraine".
Mais il faut comprendre qu'il veut libérer toute l'Ukraine du régime naziste qui s'y est installé avec la complicité de l'Occident "anti-fasciste". C'est dans ce sens qu'il veut toute l'Ukraine. Pour qu'il ne reste aucune trace, aucune chance pour le groupe néonaziste, terroriste et extrémiste qui a illégalement pris le pouvoir sur le territoire de cette partie historique de notre espace culturel, géopolitique et politique unique. C'est donc notre affaire interne.
Trump souhaite sincèrement mettre fin à la guerre et, à mon avis, il n'y a là aucune fourberie ni mensonge. Mais il ne sait pas de quelle guerre il s'agit. Au début, il l'appelait « la guerre de Biden », maintenant il dit que c'est « la guerre de Biden, Zelensky et Poutine ». Mais surtout, il comprend que ce n'est pas sa guerre. Cependant, il y participe. De plus, divers cercles mondialistes et néoconservateurs le poussent à continuer de participer à cette guerre « qui n'est pas la sienne » et qui ne lui apportera rien d'autre que des problèmes.
C'est pourquoi il souhaite sincèrement mettre fin à cette guerre, mais ne sait pas comment s'y prendre. Et lorsqu'il se plonge dans l'analyse de ce problème, en essayant de comprendre qui se bat contre qui, pourquoi, quels sont les plans de chacun – au-delà de la propagande –, il découvre une image qui ne ressemble en rien aux sentiments et aux formes sous lesquels ce conflit lui est présenté en Occident. Il comprend que l'affaire est très sérieuse et qu'il existe effectivement des « lignes rouges » que nous, les Russes, ne franchirons jamais. L'Ukraine doit être libérée du régime naziste, elle doit devenir différente. Et tant qu'elle ne sera pas fondamentalement différente, la guerre ne prendra pas fin.
Mais Trump souhaite mettre fin à la guerre le plus rapidement possible et subit une pression énorme de toutes parts. En premier lieu, de la part des personnes qui le détestent. Macron, Starmer, les dirigeants canadiens (le nouveau Premier ministre élu Carney est aussi libéral que Trudeau), Merz, le Parti démocrate américain, tous les mondialistes, le « deep state » veulent que Trump participe à cette guerre, qu'il s'engage dans une escalade avec la Russie. Et ainsi les aider à porter un coup à leurs principaux adversaires: c'est-à-dire à Poutine et... à Trump lui-même.
Bien sûr, Trump ne peut pas ne pas comprendre cela. Mais il se retrouve entre le marteau et l'enclume. Il veut arrêter une guerre qu'il est actuellement impossible d'arrêter. Mais il n'est pas encore prêt à accepter nos conditions, car il n'est tout simplement pas encore « mûr », il n'a pas encore «compris». Et comme il est attaqué de toutes parts sur d'autres questions — les tarifs douaniers, la politique intérieure, le blocage de toutes ses décisions par la coterie des juges, qui s'est avérée être simplement le réseau de Soros — et qu'il voit qu'il ne réussit en rien sur aucun de ces fronts, il s'en prend à nous.
Au final, personne dans notre direction n'a particulièrement insisté sur cette déclaration désagréable, dure et peu diplomatique de Trump à l'égard de la Russie, la considérant comme une simple crise de nerfs. Oui, à première vue, il s'agissait bien d'une crise de nerfs. Mais en même temps, il comprend parfaitement que nous avons besoin de toute l'Ukraine, mais il n'est absolument pas prêt à nous céder toute l'Ukraine. Voilà le problème.
Mais le temps guérit tout. Je pense que le sommet prévu entre Trump et Poutine guérira beaucoup de choses. Et dans cette conversation privée, la question de l'Ukraine pourrait même passer d'une position centrale à une position périphérique. Nous avons des choses bien plus importantes à régler et des problématiques communes à résoudre. La Russie, les États-Unis et la Chine, trois États-civilisations, doivent répartir de manière définie leurs zones d'influence dans le nouveau monde multipolaire. C'est de cela, me semble-t-il, que Trump et Poutine doivent discuter. L'Ukraine n'est pas un sujet qui doit être sérieusement abordé à un tel niveau.
Je ne prêterais donc tout simplement pas attention à ces déclarations virulentes, comme le fait très judicieusement, sagement et efficacement notre président. Ne faisons pas tout un scandale à cause des propos lourdauds de Trump. Nous sommes une grande puissance qui connaît sa valeur, et les autres la connaîtront aussi.
Nous devons maintenant nous préparer à mener cet été une campagne militaire convaincante et efficace, en libérant autant de terres russes ancestrales que possible, tout en empêchant l'ennemi d'envahir notre territoire. Et si nous y parvenons, Trump commencera progressivement à nous traiter différemment. Mais pour commencer, nous avons besoin d'une victoire militaire: éclatante, réussie, puissante, à grande échelle. Et alors, le discours changera.
Quant aux menaces de Trump, nous avons déjà entendu cela à maintes reprises. De la part de Biden, de l'Union européenne. En fait, il veut dire qu'en cas de problème, la Russie pourrait subir une frappe nucléaire de la part des États-Unis. Mais l'Amérique peut aussi subir une frappe nucléaire de la part de la Russie. C'est donc un mauvais discours, et je ne voudrais pas que ces menaces continuent à être proférées. Ce n'est pas là un discours sérieux. Trump n'est pas là pour simplement suivre le pire scénario de la politique mondialiste de Biden, dictée par le « deep state ». Je pense qu'il faut clore ce sujet et ne pas y répondre.
Mais si vous voulez vraiment une escalade, eh bien, nous sommes prêts à tout, y compris à une escalade. Mais mieux vaut garder le silence.
19:34 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, donald trump, ukraine, russie, alexandre douguine, politique internationale | |
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