vendredi, 25 juillet 2025
Une volonté claire de détruire l'Europe et d'en faire véritablement une colonie
Une volonté claire de détruire l'Europe et d'en faire véritablement une colonie
par Alessandro Volpi
Source : Alessandro Volpi & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/una-chiara-volont...
Il est de plus en plus évident que les États-Unis ont l'intention de démanteler l'Union européenne et de la remplacer par l'OTAN, ou par quelque chose de similaire. Les droits de douane à 30%, tout en conservant ceux déjà existants à 50%, sont l'instrument que Trump entend utiliser pour convaincre les différents pays européens de négocier, un par un, avec le gouvernement américain dans l'espoir d'obtenir des conditions favorables.
Face aux impositions douanières basées sur l'idée trumpienne, loin d'être farfelue, selon laquelle les économies des différents pays européens ne peuvent se passer de leur part d'exportations vers le marché américain, et face à la fermeture obstinée des dirigeants des différents États du Vieux Continent à l'égard de la Chine, il est en effet très probable que chaque pays en vienne à remettre en question la solidité globale de l'Union et de la zone euro, en essayant d'obtenir des dérogations pour ses propres productions.
En résumé, Trump a compris la profonde dépendance des Européens vis-à-vis des États-Unis, ainsi que leur servilité, et il veut utiliser les droits de douane pour mettre fin à toute expérience d'Europe commune. De cette manière, il n'y aurait plus de véritables concurrents pour l'économie productive américaine, avec pour conséquence l'afflux de filières entières à l'intérieur des frontières américaines, il n'y aurait plus aucun doute quant à la destination de la grande masse d'épargne européenne vers les marchés américains et, surtout, vers la dette américaine précaire, tandis que le dollar, après la dissolution de l'euro générée par la fin de la zone euro, reprendrait clairement de la vigueur, pouvant d'ailleurs définir avec les différentes monnaies nationales des politiques monétaires plus ou moins accommodantes en fonction de la subordination politique et économique aux États-Unis, comme cela a d'ailleurs été le cas pendant des décennies.
Si l'Europe se transforme en un ensemble de plus en plus conflictuel d'États qui reconnaissent dans l'empire américain leur principal élément de survie économique, une nouvelle phase de la mondialisation néolibérale s'ouvrira, caractérisée cette fois-ci par une acceptation totale du modèle américain qui imposera le démantèlement complet des États sociaux et l'affirmation d'une nouvelle vague gigantesque de privatisations confiées aux grands fonds, auxquels Trump associera ses propres finances.
Avec la guerre des droits de douane, en effet, les États-Unis rendront impossible toute idée de dette publique européenne commune, qu'ils considéreront comme une « faute » à punir précisément par l'imoposition de droits de douane à l'encontre des pays qui la soutiendraient, tout comme ils interdiront toute idée d'imposition des grandes entreprises technologiques et des plateformes numériques. Les États européens qui souhaiteront négocier des conditions plus clémentes en matière de douanes devront voter contre toute hypothèse de ce type et défendre les paradis fiscaux internes indispensables aux grandes entreprises technologiques américaines.
L'Europe des micro-patries, où Trump soutiendra ouvertement certaines forces populistes de droite, sera donc dollarisée et vidée de ses capacités économiques et sociales, avec des citoyens transformés, par l'épargne, en sujets dépendants des décisions des Big Three.
Bien sûr, l'OTAN restera fermement en place pour maintenir l'occupation de vastes zones de l'Europe par des bases américaines, pour consolider la dépendance totale vis-à-vis des États-Unis dans la perspective d'un système de relations internationales uniquement militaires et pour financer certains secteurs très coûteux de l'économie américaine. Les États-Unis, dont le coût des intérêts sur la dette fédérale a largement dépassé les dépenses militaires, ont besoin de bailleurs de fonds externes pour leur appareil stratégique: Rearm Europe servira précisément à cela et, d'ailleurs, ce plan est construit sur les dettes nationales et non sur la dette commune.
Les différents États européens s'endetteront pour porter à 5% les dépenses militaires destinées à l'OTAN, qui restera sous le strict commandement des États-Unis, comme le démontre l'ineffable Rutte; ces dépenses seront destinées aux grandes industries américaines d'armement, entre autres, faisant ainsi grimper constamment la valeur de leurs titres, ainsi que ceux des sociétés des différents États européens, naturellement largement détenus par les Big Three. Parallèlement, le coût de ces dettes publiques sera l'instrument qui accélérera le démantèlement de l'État social.
Face à tout cela, nous assistons au récit obscène et complice d'Ursula Von der Leyen, de la Commission, récit qui évoque des gouvernements volontaires et non volontaires, de la « très bonne amie de Trump » Giorgia Meloni, des chantres d'un réalisme surréaliste de l'esclavage à la Gentiloni, Letta, etc., selon lesquels il faut continuer à négocier pour éviter des ruptures dangereuses avec Trump.
La vérité est tout autre: le capitalisme américain est en crise profonde, il a besoin des droits de douane et de retrouver la crédibilité de sa dette et du dollar, et l'Europe doit se sacrifier dans ce sens. La classe dirigeante néolibérale européenne est prête à le faire car elle craint l'effondrement du système dont elle est l'expression cohérente, tandis que les prétendus souverainistes s'imaginent être les vassaux préférés de l'empereur, visant à sauver les groupes sociaux qui ont accepté de vivre dans un monde dominé par les inégalités, où l'égoïsme de la condition individuelle, tout à fait temporaire et précaire, prévaut sur toute considération collective, selon une logique qui vaut pour les super-riches comme, malheureusement, pour les plus pauvres, qui ont été privés de conscience de soi par le discours dominant.
Mais ce capitalisme, malgré le suicide européen, n'est plus crédible précisément en raison de la faiblesse américaine, dont la crise profonde est saisie par les « maîtres du monde », prompts à remplacer les dollars par des bitcoins et à opérer un gigantesque pillage de l'épargne partout dans le monde, et surtout par le nouveau monde productif, à commencer par la Chine, qui attend, sans hâte, le déclin définitif de l'Occident, qui n'a eu aucune volonté de s'affranchir réellement de la domination impériale américaine.
14:29 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, états-unis, commission européenne, affaires européennes | |
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