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jeudi, 01 janvier 2009

Réflexion sur le destin et l'actualité de l'Europe

 

 

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Archives de SYNERGIES EUROPÉENNES / TROISIÈME VOIE (Paris) / Mai 1985

 

Robert STEUCKERS:

Réflexion sur le destin et l'actualité de l'Europe

Discours prononcé à la Mutualité à Paris en mai 1985

Les années 80 sont marquées par l'agitation pacifiste en Allemagne Fédérale, aux Pays-Bas, en Angleterre, en Scandinavie et en Belgique. Lors de leur congrès de la Pentecôte, il y a trois jours, les Verts ont réclamé une nouvelle fois le départ des troupes américaines et le retrait de la RFA de l'OTAN.

Parallèlement à cette version de "gauche", à cette version contestatrice et iréniste de l'hostilité à l'OTAN et aux Etats-Unis, s'est développée, en Allemagne Fédérale, une véritable renaissance de l'historiographie nationale. La "nation" est réelle-ment redevenue une valeur politique Outre-Rhin et un objet de discussions politiques incessantes. De l'extrême-gauche à l'extrême-droite de l'échiquier politique parlementaire ou extra-parlementaire, des voix se sont élevées pour réclamer le non-alignement de l'Allemagne et la réunification. En France, de ce glissement de terrain idéologique, on n'enregistre pratique-ment pas d'écho dans les médias. Et pour cause, ce phénomène souterrain, cette maturation sourde ne correspond à aucun des schémas dans lesquels les idéologies dominantes veulent enfermer l'Allemagne.

Aux Pays-Bas, mêmes défilés de masse, mêmes pétitions, même hostilité aux fusées étrangères. En Angleterre, l'amé-ricanolâtrie pathologique de Madame Thatcher  —et en prononçant son nom, on a envie de cracher la même hargne que le chanteur anar Renaud—  provoque le bradage de l'industrie militaire britannique au profit des Etats-Unis. En Belgique, le scéna-rio est identique: le gouvernement conservateur rejette un projet national de blindé transporteur de troupes au profit de surplus obsolètes de l'US Army!! Alors que le chômage concerne 15% de la population active et qu'aucune amélioration de cette situation n'est prévue... De part et d'autre de la Mer du Nord, atlantiste rime de plus en plus avec "anti-national" et "anti-social"...

Jouer la carte américaine, c'est clair désormais, c'est faire un mauvais pari. C'est renoncer à l'indépendance comme en Alle-magne ou aux Pays-Bas; c'est renoncer à l'autonomie militaire comme en Grande-Bretagne ou en Belgique. Les Allemands sont ceux qui, en Europe, ont le plus réfléchi à la question. Quatre modèles d'organisation militaire alternatifs existent dans la réalité et non dans les rêves fumeux des pacifistes, pour qui la chose militaire doit être purement et simplement abrogée. Quatre modèles peuvent servir à amorcer une réflexion, une réflexion qui doit nous conduire à élaborer un système de défense européen efficace et indépendant. 

Il y a le modèle suisse, le modèle yougoslave, le modèle suédois et le modèle autrichien. La Suisse  -on s'en moque parfois-  est pourtant le seul pays qui s'est donné un système militaire réellement démocratique, c'est-à-dire organique et populaire. Quand je parle de démocratie, je ne parle pas de partitocratie ni de truquages électoraux. La Yougoslavie a calqué son système militaire sur le mode de mobilisation des partisans enracinés dans leurs villages. La Suède a su créer sa propre industrie mili-taire et sa propre industrie informatique: SAAB pour les avions, Volvo et Scania pour le charroi, Chars "S", missiles "Carl Gustav" et missiles air-sol, etc. L'Autriche nous a légué un théoricien hors ligne: le Général Spannocchi.

En Suisse, les citoyens disposent chez eux de leurs uniformes de combat et de leurs armes et munitions. Le reste, armes anti-chars, munitions supplémentaires, charroi, etc; est entreposé aux maisons municipales ou aux commissariats. Ce système permet une mobilisation immédiate de 600.000 hommes. La Suède s'est dotée d'une industrie militaire et aéronautique auto-nome, qui ne demande, au fond, qu'à devenir l'arsenal du non-alignement eu-ropéen. Les officiers d'Etat-Major yougo- slaves ont procédé à une étude systèmatique des guerres et guerillas de partisans pour construire une armée populaire nombreuse, immédiatement mobilisable comme en Suisse et prête à affronter n'importe quel envahisseur, d'où qu'il vienne. L'Autriche, "protégée" par un "Traîté d'Etat" cosigné par les quatre puissances occupantes en 1955, ne s'est pas dotée d'une armée et d'une industrie militaire aussi puissantes que dans les autres pays neutres. Néanmoins, l'Autriche construit en autarcie ses armes légères, ses munitions et son charroi et privilégie ses achats militaires en Suisse, en Suède et en France, trois pays qui n'appartiennent ni à l'OTAN ni au Pacte de Varsovie. Mais l'Autriche, rappelons-le, a donné à l'Europe un doctrinaire mili-taire remarquable, le Général Emil SPANNOCCHI. 

Entre les blocs existe donc un "cordon sanitaire" de pays qui adoptent, sur le plan militaire, des principes de "troisième voie", c'est-à-dire une logique de la non-inféodation diplomatique. Bien sûr, la Suède, l'Autriche et la Suisse appartiennent toutes trois à la sphère "capitaliste", à la sphère dominée par la logique libérale. Mais les sociales-démocraties autrichiennes et suédoises assurent une large redistribution et, en Suède surtout, les gouvernements sociaux-démocrates, contrairement à bon nombre de leurs camarades bavards d'Europe Occidentale, ont pratiqué une politique d'investissements nationaux dans les domaines les plus divers: création d'une usine nationale de chaussures pour enrayer la concurrence venue du Tiers-Monde, création d'industries de pointe en informatique et en bio-technologie, maintien d'une relative autarcie alimentaire (en Au-triche également), etc. La sociale-démocratie suédoise est bien souvent dénigrée par les néo-libéraux qui mettent en exergue sa lourde fiscalité mais prennent bien soin d'occulter le résultat: une indépendance nationale accrue. 

Qu'il n'y ait pas d'équivoque: notre défense partielle et limitée de la sociale-démocratie suédoise n'implique nullement une va-lorisation quelconque des "sociales-démocraties" corrompues, inefficaces, oligarchiques, népotistes, partisanes, préban-dières et, pire reproche, atlantistes de Grande-Bretagne, de Belgique, de France, d'Espagne et d'Italie. 

Il y a donc un "cordon sanitaire" non-aligné au centre le l'Europe, du Cercle polaire à la frontière grecque, avec un énorme trou au milieu: le territoire de la RFA. Bons géographes, les observateurs politiques ouest-allemands revendiquent le rem-blaiement de cette trouée, c'est-à-dire l'élargissement du statut de l'Autriche à leur pays. Ainsi, le cordon serait soudé et les blocs ne seraient plus face à face. Le danger d'une conflagration, d'une apocalypse guerrière au centre du continent diminue-rait. Pour ceux qui ont le souci de l'avenir de l'Europe, cette perspective est à envisager avec le maximum de sérieux. Mais, halte aux utopistes, aux pacifistes peureux qui voudraient un neutralisme à la hippy, un neutralisme de la rose contre les baïonnettes, copié des manifestations de Washington contre la guerre du Vietnam. Halte à ceux qui voudrait, par niaiserie, faire de ce cordon un ventre mou, un espace démilitarisé. Cet espace doit obéir à la logique militaire helvétique, celle du "hérisson" aux piquants acérés, celle de l'oursin aux piquants vénéneux. Cet espace doit obéir aux principes de la logique de l'économie nationale et non aux chimères idéologiques du libéralisme, à une logique économique impliquant des investisse-ments industriels innovateurs et rentables.

Une doctrine de dialogue inter-européen avait été élaborée au Ministère belge des affaires étrangères dans les années soixante. C'était la "Doctrine HARMEL", brillant projet aujourd'hui abandonné au profit du suivisme atlantiste le plus ser-vile, le plus lâche, le plus abject. La Doctrine HARMEL, qu'est-ce que c'est que ça? C'est une doctrine qui préconisait le dia-logue entre partenaires subalternes de l'OTAN et partenaires subalternes du Pacte de Varsovie, de façon à diminuer sciemment le poids des super-gros au sein des deux pactes et à créer, petit à petit, une "EUROPE TOTALE". A ce propos, on a parlé de "gaullisme élargi". Cette doctrine européiste, courageuse, qui a fait enrager les Américains, le Général ouest-allemand KIESSLING en est un chaleureux partisan. Vous vous souvenez, amis et camarades, du Général Günther KIESSLING? Non, sans doute. Eh bien, c'était ce Général allemand en poste au QG du SHAPE à Mons-Casteau, qui a volé dehors en 1984, sous prétexte d'homosexualité. Le scandale orchestré par les médias, focalisé sur le sensationnel de la "pénétration" du sous-off chauffeur par le Général quatre étoiles, a tout simplement occulté la raison politique de ce limogeage. La raison politique, c'était que le Big Brother américain ne voulait plus entendre parler de rapprochement inter-européen, de diplomatie indépen-dante, de "voie européenne".

Notre projet est donc clair et précis: renouer avec la vision d'Harmel d'une EUROPE TOTALE, collaborer avec les neutres, re-trouver l'indépendantisme gaulliste, rejeter l'éparpillement tous azimuts des capitaux que postule le libéralisme mondia-liste, construire une défense autonome, bâtir une industrie de pointe sans capitaux américains. 

Comment y parvenir? Par étapes. La France est, depuis l'application des principes de Richelieu, une nation homogène, ca-pable de vivre en semi-autarcie. Il n'en est pas de même pour le reste de l'Europe. Et la CEE, avec son cirque parlementaire strasbourgeois, ses interminables palabres qui visent l'harmonisation du pas-harmonisable, ne résoudra pas la question eu-ropéenne et freinera au contraire l'avènement de l'EUROPE TOTALE. D'autres regroupements devront s'opérer: un ensemble scandinave, un ensemble britannique, un ensemble hispanique, un ensemble français, un ensemble balkanique et un en-semble centre-européen, couplant les zones industrielles de la Wallonie et de la Ruhr aux greniers à blé polonais. Dans cha-cun de ces ensembles, l'organisation des armées devra obéir aux principes militaires élaborés par BROSSOLET, AFHELDT et LöSER, c'est-à-dire la défense par maillages des territoires. 

Postulat incontournable de cette réorganisation de l'Europe: la réunification allemande. En effet, nous ne voulons pas d'une Europe qui juxtapose faiblesses et forces. Une Europe avec une France et une Russie fortes et une Allemagne faible est im-pensable. Une Europe avec une Russie et une Allemagne fortes et une France faible est également impensable. N'est pensable qu'une Europe avec une France, une Allemagne et une Russie fortes. Pourquoi? Parce que la stratégie des thalassocraties a tou-jours été de s'allier avec la puissance la plus faible contre la puissance la plus forte, de façon à éliminer cette dernière. L'Angleterre a pratiqué cette stratégie contre Napoléon et contre Guillaume II. ROOSEVELT l'a pratiqué contre HITLER, en at-tendant que STALINE soit suffisamment aux abois. Il ne faut donc pas laisser subsister de nations faibles en Europe, pour que celles-ci ne tombent pas sous la tutelle de la thalassocratie d'Outre-Atlantique. Et pour rassurer mon camarade WALKER ici présent, j'ajouterai qu'il faut, dans ce Concert de demain, une Grande-Bretagne forte, qui n'aura pas bradé ses industries mi-litaires, grâce au zèle atlantiste de Madame THATCHER et de Lord BRITTAN.

Pilier central du continent, l'Allemagne réunifiée et incluse dans un "marché commun" semi-autarcique et auto-centré, cessera d'être un foyer de discorde entre Européens et perdra le rôle abominable qu'on veut lui faire jouer, celui de champ de bataille nucléaire potentiel. Une bataille entre les blocs qui se déroulerait au centre de notre continent aura pour résultat d'irradier à jamais le cœur de l'Europe et de stériliser irrémédiablement notre civilisation. 

Devant ces projets de rendre l'Europe autonome, de dépasser l'occidentalisme de la CEE et d'envisager un dialogue avec les Est-européens, vous autres Français, vous vous posez certainement la grande question de LENINE: QUE FAIRE? Eh oui, que faire? Que faire, en effet, quand on se sent un peu étranger, un peu en dehors de ses spéculations suèdoises ou allemandes, au-trichiennes ou polonaises, hongroises ou belges? Quand, de cet immense débat, les médias ne transmettent que quelques bribes informelles, détachées de leur contexte, tronquées ou détournées de leur sens réel, avec une stupéfiante malhonnêteté?

En entendant ce plaidoyer neutraliste centre-européen, balkanique ou scandinave, les Français demeureront sans doute scep-tiques et estimeront être hors du coup. Pourtant, entre le désengagement de 1966, voulu par De GAULLE, et ce neutralisme des sociales-démocraties et des cercles conservateurs-nationaux, il y a une analogie évidente. Entre la vieille politique sué-doise d'indépendance et d'autarcie et l'esprit de Richelieu et de Colbert, il y a une filiation historique certaine. L'Académie Royale suédoise est calquée sur l'Académie Française, héritage de l'alliance entre Richelieu et Gustav Adolf au XVIIème siècle. La tradition nationale française et la tradition nationale suédoise (qui a pris en ce siècle une coloration sociale-démo-crate sans en altérer l'esprit colbertiste et la philosophie inspirée de Bodin), ces deux traditions nationales dérivent de la clarté conceptuelle du XVIIème, le siècle que MAURRAS admirait car il n'était pas infecté des miasmes du moralisme. 

Cet esprit national a permis aux deux pays de se forger chacun un complexe militaro-industriel et celui de la France, à l'Ouest, est le deuxième en importance après celui des Etats-Unis. Et avec ces deux complexes, le français et le suédois, notre Europe tient les instruments pour construire et affirmer sa "troisième voie". Les avions Dassault et Saab, conjointement aux produc-tions de Fokker aux Pays-Bas et de MBB en RFA, sont à même d'équiper les aviations européennes et les Airbus pour-raient parfaitement remplacer les flottes de Boeings des compagnies aériennes européennes. La force de frappe française est un élément d'indépendance que vous connaissez tous et sur lequel je ne reviendrai pas. La France, la RFA et la Suède ont conçu des blindés sur roues ou chenillés remarquables. Bref, aucune arme n'est négligé dans les forges européennes et toutes pour-raient très aisément se passer du matériel américain, finalement moins fiable. On se souvient en RFA des fameux F-104 de Lockheed qui s'écrasaient allègrement à une cadence inégalée; Merci Oncle Sam pour les pilotes "alliés" qui ont péri à cause de la piètre qualité technique de tes avions....

Mais pour qu'une collaboration européenne d'une telle ampleur s'effectue et se réalise, il faut sauter au-dessus du mirage occi-dentaliste. Car il s'avère INDISPENSABLE d'extirper de notre vocabulaire et de notre mental cette notion d'Occident. Hur-lons-le une fois pour toutes: il n'y a pas d'Occident. Il y a une Europe et deux Amériques. Dans le dernier numéro de la revue française de géopolitique, Hérodote , dirigée par Yves LACOSTE, le philosophe Robert FOSSAERT écrit: "L'Occident? On cherchait un continent ou deux et l'on ne trouve, au premier abord, qu'une manifestation banale d'incontinence  idéo-logique, une évidence du discours social commun ". Hélas, devant les rudes réalités du devenir, des changements, des mutations, des nécessités, les "incontinences idéologiques" ne valent généralement pas tripette. 

L'Occident n'est plus l'Europe et l'Europe n'a pas intérêt à rester l'Occident. La France doit de ce fait cesser de se percevoir comme "occidentale" et doit s'affirmer "européenne". Le "front" n'est plus à l'Est ni au Nord; il est à l'Ouest, il est sur le tracé de feu le Mur de l'Atlantique. Se défendre, pour la France européenne de demain, c'est donc se donner une Marine super-puis-sante, se donner l'instrument nécessaire pour se mesurer à la thalassocratie qui nous fait face. Se défendre contre la triple me-nace culturelle, économique et militaire qui nous vient de Disneyland, de la Silicon Valley et de la Force d'Intervention Ra-pide (RDF), c'est truffer l'océan de nos sous-ma-rins nucléaires. Et dans ce déploiement, c'est la France qui a plus d'une lon-gueur d'avance sur les autres Européens. Autant exploiter cet atout. L'Amiral de "gauche" Antoine SANGUINETTI ne nous contredira pas. 

Outre la flotte et les sous-marins, la France doit reprendre ses projets de construction d'aéroglisseurs militaires et de navires à effet de surface (NES). Les côtes aquitaines, charentaises, vendéennes, bretonnes et normandes de la forteresse Europe doi-vent être protégées par une "cavalerie marine" d'aéroglisseurs et de NES, bardés de missiles. Français et Britanniques avaient abandonné ces projets fascinants, la construction de ces armes du XXIème siècle. Et voilà que, depuis janvier dernier, les in-génieurs américains font un petit tour d'Europe pour vendre leurs productions... 

La figure du combattant français de demain sera sans doute ce missiliste d'un NES, avatar moderne du fusilier-marin et de l'artilleur de la "Royale". Autre vocation de la France: entretenir ses liens avec les peuples de son ancien Empire colonial. Il faut d'ailleurs que la France continue à monter la garde à Dakar et maintienne une présence dans l'Océan Indien, en symbiose avec la volonté de non-alignement qui se manifeste dans cette zone géographique. Non-alignement entretenu, impulsé par la Fédération Indienne. 

Et Moscou, dans ce scénario? L'URSS acceptera-t-elle la réunification allemande? Veut-elle d'une Europe forte? Est-elle com-plice avec les Etats-Unis, poursuit-elle le rêve duopolistique de Yalta? La soviétologie occidentale reste indécise, fumeuse et incohérente, elle ne perce pas les mystères du Kremlin. Alain de BENOIST et l'équipe rédactionnelle d'Eléments soulignent à juste titre que les kremlinologues occidentaux sont parfaitement incapables de déduire la moindre conclusion valable de leurs observations. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas Washington qui doit nous dicter l'attitude à prendre à l'égard de Moscou. Si Wa-shington nous enjoint d'être sage avec Papa Gorbat, nous aurions tendance à jouer les sales mômes et à clamer que Papa Gor-bat, il nous pompe l'air. Si Washington tonitrue que Papa Gorbat est le Grand Méchant Loup, nous aurions tendance à dire qu'il n'est pas si méchant que cela, qu'il est sur la voie du gâtisme, qu'il a des problèmes de sous, que son économie bat de l'aile, etc. 

Mais il y a deux choses que nous voulons signifier à Papa Gorbat: qu'il rentabilise sa Sibérie et qu'il s'occupe de ses voisins chinois. Et surtout, qu'il n'a rien perdu chez nous et que nous n'avons nulle envie de rééditer les tentatives de Charles XII de Suède, de Napoléon et de Hitler. Il y a aussi une promesse d'un illustrissime prédécesseur de GORBATCHEV, le camarade STALINE, que nous aimerions remémorer à Moscou. La promesse de réunifier l'Allemagne dans la neutralité. Des milliers de camarades allemands s'en souviennent de cette promesse, qui aurait fait de STALINE un vainqueur magnanime, un Européen à part entière. Tant qu'il ne sera pas répondu clairement à cette question, nous ne pourrons pas agir en anti-américains consé-quents, nous ne pourrons pas construire notre économie auto-centrée, nous ne pourrons pas monter notre défense autonome et protéger la façade occidentale de la Russie, dernier Empire. Nous serons toujours condamnés à armer nos divisions contre une éventuelle velléité belliqueuse de Moscou. La clef de l'Europe future, de la seule Europe future viable, de la seule Europe future qui perpétuera notre destin, se trouve, qu'on le veuille ou non, à Moscou. A Moscou et à Bonn, ajoute Harald RüD-DENKLAU. A Moscou car c'est aux Soviétiques qu'il appartient de réitérer leur offre de 1952 et de 1955 et de rompre avec les momies para-post-staliniennes qui inondent encore quelques médias de leurs pitreries, au détriment de Moscou. A la poubelle de l'histoire donc, les mauvais propagandistes de la Russie, les pires amis du Kremlin. C'est aussi à Bonn que se trouve la clef de l'Europe du XXIème siècle, à Bonn que siègent ceux qui devront décider de poursuivre ou non l'alignement pro-occidental, pro-américain d'ADENAUER. C'est à Bonn qu'il faudra décider si l'axe germano-américain, dénoncé ici à Paris par Charles SAINT-PROT (comme il y a quelques années par le CERES de CHEVENEMENT), vaut la peine d'être maintenu. 

Voici donc, chers amis et camarades, chers partisans de la "Troisième Voie", quelques refléxions grandes-européennes. Uto-pie tout cela, rétorqueront les esprits chagrinés de libéralisme, les adorateurs de paragraphes, les branchés de l'américanolâtrie... C'était aussi utopie et belles paroles quand FICHTE prononçait ses discours dans les caves de Berlin... Quoi qu'il en soit, demain, ce sera la nécessité, la nécessité la plus cruelle, la nécessité de la misère et du chomâge, la néces-sité de la faim, qui nous imposera cette Europe que j'ai esquissée ici. Muß es sein? Es muß sein. Cela doit-il advenir? Cela adviendra. 

Nous aurons alors l'honneur d'avoir toujours récusé les chimères, les abstractions, les irréalismes. Nous aurons l'honneur d'avoir été les pionniers. Nous aurons l'honneur d'avoir transgressé toutes les séductions. Nous aurons l'honneur d'avoir été d'inlassables combattants.

Robert Steuckers,

mai 1985.    

 

 

 

Une figure du 20ème siècle : James Connolly

Une figure du 20ème siècle, James Connolly

Image Hosted by ImageShack.usMarxiste, révolutionnaire, syndicaliste et Irlandais. C’est ainsi que l’on peut définir James Connolly (1868-1916). S’il fut un infatigable rédacteur d’articles et auteur d’essais, il fut aussi un militant proche des ouvriers dont il défendait la cause que ce soit en Écosse, aux États-Unis ou en Irlande. Il est l’un des dirigeants de l’insurrection de Pâques 1916, les « Pâques sanglantes ».

La jeunesse

James Connolly (Séamas O Conghaile en gaélique) est né le 5 juin 1868 à Édimbourg, dans une famille d’origine irlandaise, émigrée suite aux famines des années 1840. Des conditions de vie misérables le font très tôt entrer en contact avec le monde du travail, puisqu’il est successivement apprenti imprimeur, apprenti boulanger et apprenti dans une tuilerie à Edimbourg, à partir des années 1878-1879. En 1882 (il a 14 ans) il s’engage au 1er bataillon du King’s Liverpool Regiment qui est affecté en Irlande, ce premier contact avec le pays de ses ancêtres s’avérera décisif ; il y rencontre Lillie Reynolds qui deviendra sa femme en 1889.

Les années écossaises

En 1889, son batailon revient en Angleterre et geste incompréhensible, à quatre mois de la fin de son engagement, il déserte l’armée anglaise, et s’exile en Écosse. Le 13 avril, il épouse Lillie Reynolds à Perth. À Édimbourg, il fait la connaissance du Français Léo Melliet, un communard qui fut maire du quartier des Gobelins en 1870. Ces années écossaises sont celles de l’apprentissage politique, au contact des militants socialistes (il rencontre à plusieurs reprises la fille de Karl Marx, Eleonor Aveling) et autres révolutionnaires, mais aussi de l’étude du Marxisme. Trois ans plus tard, il est nommé secrétaire de la Scottish Socialist Federation ; ses premiers articles sont publiés dans Justice, le journal de la Social Democratic Federation (SDF). En 1894 et 1895 il se présente par deux fois aux élections municipales de St Giles Ward à Edimbourg, ce sont deux échecs. Connolly, sans emploi, sa famille connaît la misère. John Leslie loue dans Justice les qualités rédactionnelles et organisationnelles de son ami ; la réponse vient d’Irlande, Le Dublin Socialist Club lui propose un poste de permanent.

L’activiste en Irlande

L’année suivante, il revient donc en Irlande pour s’y installer et travaille désormais au Dublin Socialist Club dont il veut faire une organisation marxiste. Le 29 mai, il crée, avec sept autres socialistes, le l’Irish Socialist Republican Party dont il est secrétaire. Au mois d’octobre, publication de son essai « L’Irlande aux Irlandais » dans Labour Leader et parallèlement « The Rights of Ireland and the Faith of a Felon » de James Fintan Lalor.

Au mois de mars 1897, nouvelle publication : « Erin’s Hope : The End and the Means ». Il est arrêté au mois de juin, alors qu’il participe à des manifestations contre le jubilé de la reine Victoria. À la fin de l’année il fonde le Club 98 pour commémorer la révolution de 1798. Il entreprend avec Maud Gonne la rédaction d’un manifeste sur le problème de la famine : « Les Droits de la vie et les Droits de la propriété ». Au mois de juin de cette année 1898, il se rend en Écosse et rencontre Keir Hardie du Independent Labour Party. Le 13 août il lance son journal Worker’s Republic dont la parution irrégulière (85 numéros) se poursuivra jusqu’en mai 1903 (une deuxième série hebdomadaire du Worker’s Republic paraîtra du 29 mai 1915 au 22 avril 1916 à Dublin. Le congrès de la IIe Internationale se déroule à Paris en 1900, E. W. Stewart et John Lying sont les représentants de l’Irish Socialist Republican Party.

1901 voit la publication de « The New Evangel » ; Connolly est élu au Trades Council de Dublin. En janvier de l’année suivante, il est candidat malheureux aux élections municipales de Dublin. Au mois d’août il participe à des meetings aux États-Unis à l’invitation du Socialist Labor Party de Daniel De Leon. Il collabore avec la rédaction de The People à New York 1903, après une nouvelle défaite électorale aux municipales, il part en tournée en Écosse où il préside en juin à Edimbourg le meeting inaugural du Socialist Labor Party (SLP), une dissidence de la Social Democratic Federation (SDF). De retour à Dublin, l’Irish Socialist Republican Party se transforme en section Irlandaise du SLP.

Le séjour américain

En septembre, Connoly part s’installer aux États-Unis, il prend un emploi d’agent d’assurance et adhère au SLP de De Leon. Il prend connaissance de la situation des Irlandais qui ont émigré antérieurement. Sa famille le rejoindra au mois d’août de l’année suivante. En 1906, il adhère à l’Industrial Workers of the World (IWW) syndicat, créé en 1905 par Eugene Debs ; il milite notamment auprès des travailleurs des usines Singer. Au mois de janvier 1907, il est élu à la direction du SLP, puis en mars il crée l’Irish Socialist Federation (ISF). En octobre, il démissionne du SLP suite à une violente polémique avec De Leon et achève la rédaction de « Mouvement ouvrier dans l’histoire irlandaise ». En janvier suivant, il crée The Harp, le journal de l’ISF à New York, tout en poursuivant son action au sein de l’IWW ; en décembre, il publie « Le Socialisme pour tous ». Au mois de juin 1909, Connolly est élu organisateur national du Socialist Party of America, dont le leader n’est autre qu’Eugene Debs. Connolly considérera son émigration comme une erreur et, témoin de l’évolution de la situation en Irlande, décide de rentrer.

Les dernières années

Le 16 juillet 1910, il est de retour en Irlande et en août il adhère au Socialist Party of Ireland (SPI), et s’en va créer les sections de Belfast et de Cork. Il poursuit son activité littéraire en publiant successivement Mouvement ouvrier, Nationalité et Religion, puis Mouvement ouvrier dans l’histoire irlandaise. 1911 voit son installation à Belfast (mars) et son adhésion au syndicat Irish Transport and General Workers’ Union (ITGWU). En octobre, il coordonne la grève des ouvrières dans les minoteries de Belfast et participe à la création d’une section textile de l’ITGWU. L’année suivante, il est l’un des co-fondateurs de l’Irish Labour Party (ILP) dont il rédige le programme. En janvier 1913, création de l’Ulster Volunteer Force (UVF - unioniste). Le 26 août marque le début de la grève générale à Dublin et le 31 de violents affrontements entre policiers et grévistes font une victime, une jeune ouvrière et des dizaines de blessés. Connolly est arrêté, il entame une grève de la faim et est relâché le mois suivant. Le 23 novembre, c’est la création de l’Irish Citizen Army (ICA - nationaliste) par James Connolly et James Larkin ; le but est de protéger les ouvriers et les grévistes. L’ICA sera une des composantes de l’IRA (Irish Republican Army). Dés 1914, Connolly se prononce contre la partition de l’Irlande et au mois d’août prend position contre la guerre dans un article de l Irish Worker. Parallèlement, il est nommé président de l’Irish Neutrality League (INL). Le 24 octobre, Larkin émigre aux États-Unis, Connolly occupe le poste de secrétaire général de l’ITGWU. Il prend la direction de l’Irish Worker (bientôt interdit par les autorités) et le commandement de l’ICA. 1915 est une année de préparation, annonciatrice de celle qui va suivre : outre l’organisation de meetings contre la conscription, il publie des articles sur la lutte armée. Il s’occupe de la formation militaire de l’Irish Citizen Army et négocie avec les Irish Volunteers les conditions d’un soulèvement. En décembre, il publie La Reconquête de l’Irlande au titre prémonitoire.

1916, en janvier il est décidé que le soulèvement aura lieu à Pâques. Le lundi 24 avril 1916, des membres de l’ICA et des Volunteers prennent le contrôle de divers bâtiments dans Dublin (Hotel des Postes, Mendicity Institute, Four Courts, biscuiterie Jacobs, moulins à farine Boland, etc). Proclamation du gouvernement provisoire de la République Irlandaise dont Connolly est vice-président (président : Patrick Pearse), il est aussi commandant général de la division de Dublin de l’Irish Republican Army (IRA - fusion de l’ICA et des Irish Volunteers). Les combats vont durer 6 jours et faire 450 morts et plus de 2600 blessés. Le 27, il est grièvement blessé. Le samedi 29, Pearse propose aux membres du Gouvernement provisoire d’arrêter les combats, dans le but d’épargner la population civile de Dublin ; son avis prévaut en dépit de l’acharnement des jusqu’au-boutistes ; Pearse signe la reddition inconditionnelle de l’armée républicaine irlandaise. La loi martiale décrète 16 exécutions capitales, 3226 arrestations, 1862 internements en Angleterre. Le 9 mai, James Connolly est condamné à mort par la cour martiale, et fusillé le 12 à la prison de Kilmainham à Dublin.

Source : Jeune Bretagne

 


 

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R.I.P. Samuel Huntington

 

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R.I.P. Samuel Huntington

Gevonden op: http://yvespernet.wordpress.info

Op 24 december 2008 is Samuel Huntington overleden, autheur van o.a. het zeer bekende “Clash of Civilizations”. De man heeft bakken kritiek gekregen van de zogenaamde “hybridisation”-aanhangers (de mensen die geloven dat globalisme zal zorgen voor een beter verstaan van culturen en het opnemen van elementen uit andere culturen, zonder dat daarbij de eigen cultuur schade lijdt, cfr. Jan Nederveen Pieterse), maar na 11 september groeide zijn aanhang enorm.

Persoonlijk heb ik de man zijn visies leren kennen van zijn “Clash of Civilizations”, trouwens ook het eerste politieke werk dat ik kocht. Ik zat toen ergens in het vijfde middelbaar en kan gerust zeggen dat een deel van mijn politiek “bewustzijn” mede door dat boek is ontstaan. Of toch alvast de fascinatie om zoveel mogelijk te weten komen over de processen die ons dagelijks bestaan op een globale schaal bepalen. Niet dat Huntington altijd gelijk heeft gekregen in zijn voorspellingen, maar op vele vlakken had de man wel degelijk een punt.

Samuel Huntington (New York City, 18 april 1927 – Martha’s Vineyard, 24 december 2008); rust in vrede. Hieronder een korte bibliografie (los van Wikipedia geplukt)

  • The Soldier and the State: The Theory and Politics of Civil-Military Relations (1957),
  • The Common Defense: Strategic Programs in National Politics (1961),
  • Political Order in Changing Societies (1968),
  • The Crisis of Democracy: On the Governability of Democracies (1976),
  • American Politics: The Promise of Disharmony (1981),
  • The Third Wave: Democratization in the Late Twentieth Century (1991),
  • The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order (1996),
  • Who Are We? The Challenges to America’s National Identity (2004)