vendredi, 13 avril 2007
Subhas Candra Bose and India's Independance
Subhas Chandra Bose
& India's Independence
excerpts from Mihir Bose's enthralling
"The lost hero : a biography of Subhas Bose "
published by Quartet Press, 1982 (ISBN 0-7043-2301-X)
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Subhas Chandra Bose et l'armée nationale indienne

Ranjan BORRA
Subhas Chandra Bose, l'armée nationale indienne et la guerre de libération de l'Inde
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mercredi, 11 avril 2007
Sur la contre-révolution blanche en Russie

Notes sur la Contre-Révolution “blanche” en Russie
Carl Gustav STRÖHM
«Tout finira pas disparaître - souffrances, passions, sang, famine et la mort en masse. L'épée disparaîtra, mais les étoiles brilleront encore quand il ne restrera même plus une ombre de nos corps et de nos actes sur la Terre. Pas un homme ne l'ignore. Alors pourquoi ne voulons-nous pas diriger nos regards vers cela? Pourquoi?» (Mikhaïl Boulgakov, La Garde Blanche, Moscou, 1923/24).
L'histoire est généralement écrite par les vainqueurs. Les vaincus des affrontements historiques restent nuets, parce qu'ils ont été annihilés et, même, quand, plus tard, ils finissent par prendre la parole ou par écrire, on ne prête plus attention à eux. C'est le sort qui a été infligé au “mouvement blanc” ou à la “contre-révolution blanche” en Russie, qui a tenté, au cours des années de guerre civile, de la fin de 1917 jusqu'à octobre 1920, de s'opposer à la prise du pouvoir par les communistes (les bolcheviques). Les Blancs avaient réussi à enregistrer d'étonnants succès militaires et à lancer des offensives qui ne se sont enlisées qu'à proximité de Moscou ou de Petrograd. Sous le commandement d'officiers de l'Armée du Tsar, les troupes blanches, composées de volontaires anti-bolcheviques, se sont regroupées, après le coup de force de Lénine, en plusieurs groupes d'armées: ceux du Nord-Ouest sous les ordres du Général Youdenitch, ceux de Sibérie sous l'Amiral Koltchak et ceux du Sud, sous les ordres du Général Dénikine d'abord, puis après son échec et sa démission, sous le Général Wrangel. C'était au départ de petites unités, peu nombreuses —par exemple l'armée des volontaires du Sud ne comptait pas plus de 3000 hommes en février 1918, mais ses rangs se sont étoffés progressivement jusqu'en 1919, pour monter à plusieurs centaines de milliers d'hommes— mais elles ne se sont pas recrutées, comme l'affirment péremptoirement les légendes de la gauche, dans les rangs des “réactionnaires et des grands propriétaires terriens”. Dans son roman Le Docteur Jivago, Boris Pasternak décrit l'attaque d'une unité blanche contre des partisans bolcheviques, chez qui Pasternak, médecin, avait été contraint de servir. Qui étaient ces Blancs? Jivago dit reconnaître dans les visages des attaquants les traits des hommes de sa propre caste sociale: «C'était, pour la plupart, des garçons et de jeunes hommes issus de la bourgeoisie de la capitale, flanqués de quelques hommes plus âgés, qui avaient été enrôlés à titre de réservistes. Mais le gros de la troupe était composé de jeunes, d'étudiants, qui n'avaient derrière eux qu'un seul semestre à l'université, ou de lycéens de la 8ième classe qui venaient tout juste de se porter volontaires. Le Docteur (Jivago) n'en connaissait aucun; mais leurs visages lui paraissaient familiers, comme s'il les avait déjà vu auparavant. Beaucoup lui rappelaient d'anciens camarades de classe... Il croyait déjà en avoir rencontré d'autres au théâtre ou en déambulant dans les rues. Il se sentait apparentés à leurs visages impressionnants, sympathiques. Leur jeunesse et leur haute idée du devoir avaient fait naître en eux un profond enthousiasme, ce qui les avait conduit à l'héroïsme, au mépris du danger. Ils fonçaient en avant, en ordre de bataille, droits et fiers, plus intrépides que les officiers de la Garde; ils se riaient du danger et ne cherchaient pas à l'éviter en courant plus vite. Le docteur était sans arme, couché dans l'herbe, et observait le déroulement du combat. Il était de cœur aux côtés de ces jeunes gens qui marchaient vers la mort en héros. Presque tous appartenaient à des familles spirituellement proches de lui. Ils avaient été éduqués comme lui, ils étaient proches de lui par leur attitude éthique...» (Boris Pasternak, Le Docteur Jivago).
Si Pasternak, dans ce passage, dresse un monument aux classes moyennes russes, comme contre-poids au bolchevisme, d'autres témoins contemporains confirment ses sentiments. Un officier, qui a participé à la guerre civile en servant sous les ordres de l'Amiral Koltchak, écrivit, bien des années plus tard, que l'officier de l'armée impériale russe était “psychologiquement plus proche des simples paysans-soldats que les intellectuels socialistes ou communistes” (cf. Fedotoff-White, The Growth of the Red Army).
La plupart des chefs militaires de la contre-révolution blanche venaient de milieux socialement très modestes. Le Général Anton Ivanovitch Dénikine —Commandant-en-chef de l'armée des volontaires dans le Sud de la Russie— était issu d'une famille de serfs. Son père, non libre à sa naissance, était devenu, après la libération des paysans, officier subalterne. Dénikine insistait toujours pour dire qu'il était devenu général de l'armée impériale russe par ses propres efforts et non pas par naissance, fortune ou relations. Il est intéressant de noter que Dénikine n'était pas un monarchiste acharné. Il ne tolérait pas la propagande monarchiste dans ses troupes et utilisait plutôt la formule de “la Grande Russie, unie et indivisible”, qu'il s'agissait d'arracher aux griffes des bolcheviques.
Tout comme Dénikine, l'Amiral Koltchak était un officier de métier sans fortune, et aussi un explorateur polaire bien connu à son époque; il sera trahi par les légionnaires tchèques de l'ancienne armée du Tsar et livré aux communistes qui l'exécuteront. Le seul baron parmi les chefs militaires blancs était le Général Piotr Nikolaïevitch Wrangel, mais il n'avait pas non plus de fortune personnelle. Son père était directeur d'une compagnie d'assurances à Rostov sur le Don. Sa famille ne possédait qu'une propriété foncière très modeste. Au départ, Wrangel aurait dû devenir ingénieur des mines. Il a changé ses plans et opté pour la carrière d'officier.
Notre objectif, dans cet article, n'est pas de relater les exploits militaires, les victoires et les défaites des Blancs. La critique du mouvement blanc a été déjà maintes fois formulée: les chefs de l'armée blanche, souligne-t-on souvent, étaient trop “impolitiques” et ne comprenaient pas la dimension idéologique de leur combat contre les communistes. Les Blancs opéraient depuis la périphérie contre le centre, fermement aux mains des bolcheviques et de Lénine. Les actions des Blancs étaient insuffisamment coordonnées voire manquaient totalement de coordination. L'orientation “grande-russe” du mouvement blanc suscita des conflits avec les mouvements anticommunistes non russes visant l'indépendance des nations périphériques du Caucase, de l'Asie centrale et des Pays Baltes.
Quoi qu'il en soit, on peut poser la question aujourd'hui, après tant de décennies, après que les acteurs de l'époque soient tous descendu dans la tombe: une victoire blanche sur les Rouges dans la Russie d'alors aurait-elle préservé l'humanité d'une succession de souffrances inutiles? Les Russes et les ressortissants des autres nations tombées ultérieurement sous la coupe des Soviétiques auraient-ils échappé au goulag? Il est même fort probable que bon nombre de communistes, massacrés pendant les grandes purges de Staline, épurés, auraient plutôt survécu sous un régime blanc, non communiste, que sous l'emprise de leur propre idéologie.
Les communistes et les historiographes de gauche évoquent souvent la “terreur blanche”, qui aurait fait rage pendant la guerre civile. Indubitablement, des excès ont été commis dans les deux camps, chez les Blancs comme chez les Rouges: c'est le lot de toutes les guerres civiles. Mais la terreur, au départ, n'a pas été déclenchée par les Blancs, qui ne possédaient pas d'instruments de terreur, à l'instar de la Tcheka, créée par Lénine, c'est-à-dire la “Commission extraordinaire pour la lutte contre la contre-révolution”, qui a précédé la GPU, le NKVD et le KGB. Beaucoup d'officiers blancs étaient choqués par l'extension de l'anarchie, de la brutalité, par la multiplication exponentielle des assassinats pendant la guerre civile russe. Ainsi, l'un des principaux commandeurs des troupes blanches, le Colonel Drosdovski, écrivit le 25 mars 1918 dans son journal: «Comme les hommes sont détestables quand ils ont peur, ils sont alors sans la moindre dignité, sans style, ils deviennent vraiment un peuple de canailles qui ne mérite plus que le mépris: ils sont sans vergogne, sans pitié, ils méprisent scandaleusement ceux qui sont sans défense; dans les prisons, ils ne connaissent plus de retenue dans leur déchaînement et leur méchanceté, mais devant les plus forts, ils sont lâches, serviles, rampants...».
La Crimée, dernier bastion
Après l'échec de toutes les tentatives blanches de marcher sur Moscou, les forces anticommunistes n'avaient plus qu'un dernier refuge au début de 1920: la Crimée, presqu'île de la Mer Noire. C'est justement dans ce dernier bastion, dans cette “Ile de Crimée”, qu'on a pu observer l'ébauche d'une alternative russe au communisme totalitaire. Homme de droite, le Général Baron Wrangel, qui prit le commandement en Crimée après la défaite et la retraite des troupes blanches, a montré qu'il n'était pas seulement un chef d'armée capable, mais aussi un chef politique. C'est lui qui a dit qu'il “fallait mener une politique de droite avec une main de gauche”. Wrangel déclara que «la Russie ne pouvait plus être libérée par l'effet d'une campagne victorieuse des Blancs et par la prise de Moscou, mais par l'organisation politique d'une parcelle —même modeste— de terre russe où régnerait un ordre, offrant des conditions de vie telles qu'elles séduiraient les hommes croupissant sous le joug des Rouges».
Caractéristique de la position politique de ce général blanc est l'appel qu'il a lancé en juin 1920 et qui mérite d'être cité in extenso:
«Ecoute, ô peuple de Russie! Pourquoi combattons-nous? Pour la foi qu'on nous a souillée et pour les autels que l'on nous a profanés. Pour la libération du peuple russe du joug des communistes, des vagabonds et des criminels qui ont complètement ruiné la Sainte Russie. Pour la fin de la guerre civile. Pour que les paysans, qui ont acquis la terre qu'ils cultivent de leurs mains, puissent poursuivre leur travail en paix. Pour que le travailleur honnête ne doive pas végéter misérablement au soir de sa vie. Pour qu'une vraie liberté et une vraie justice puissent régner en Russie. Pour que le peuple russe puisse choisir lui-même, par élection, son souverain. Aide-moi, ô peuple russe, à sauver la patrie!».
Mis à part le terme “souverain”, qui pourrait être mésinterprété, un “souverain” que le peuple russe serait appelé à élire, nous avons affaire ici à un programme qui respecte les critères de l'Etat de droit, mais dans une optique conservatrice. Mais la formule de “souverain” prend une autre connotation quand on la découvre dans le texte original russe: en effet, ce texte utilise l'expression de “khosyaïn” qui, traduit, signifie aussi “maître de maison”, “hôte” et “chef naturel”. Wrangel a souligné à maintes reprises qu'il ne s'envisageait nullement comme le “khosyaïn” de la future Russie. Le Général blanc a formulé ce qu'il envisageait comme forme étatique pour la future Russie non communiste: «De l'autre côté du front, au Nord, règnent l'arbitraire, l'oppression, l'esclavage. On peut être d'avis différent quant à l'opportunité de telle ou de telle forme d'Etat. On peut être un républicain, un socialiste ou même un marxiste extrême et considéré malgré tout que la dite “république des soviets” est l'exemple parfait d'un despotisme calamiteux, qui n'a encore jamais existé dans l'histoire et sous le knout duquel non seulement la Russie mais aussi la nouvelle classe soi-disant au pouvoir, le prolétariat, va périr. Car cette classe, elle aussi, comme tout le reste de la population, a été mise au tapis».
Cette analyse du Général Wrangel date de 1920 mais, après 70 ans, elle reste étonnamment pertinente et actuelle. Wrangel a dit, dans le programme alternatif qu'il opposait au bolchevisme: «Bien-être et liberté pour le peuple; introduction des sains principes de l'ordre civil dans la vie russe, c'est-à-dire de principes étrangers à la haine entre classes ou entre nationalités; union de toutes les forces de la Russie et poursuite du combat militaire et idéologique jusqu'au moment tant attendu où le peuple russe pourra décider lui-même comment la Russie devra dans l'avenir être gérée».
Le Général a évoqué l'“ordre minimal” qu'il voulait instauré dans les territoires qu'il viendrait à contrôler, “afin que le peuple, s'il le souhaite, puisse s'assembler librement et dire sa volonté en toute liberté”. A quoi le commandeur blanc ajoutait: “Mes préférences personnelles n'ont aucune importance. Au moment où j'ai pris le pouvoir entre les mains, j'ai mis à l'arrière-plan mes affinités personnelles à l'endroit de telle ou telle forme étatique. Je m'inclinerai sans condition devant la voix de la Terre russe”.
Face au monarchiste V. Choulguine, Wrangel énonçait les objectifs de sa politique: il voulait, disait-il, sur le territoire de la Crimée, “sur ce petit bout de terre, rendre la vie possible... En un mot,... montrer au reste de la Russie: vous avez là le communisme, c'est-à-dire la faim et la police secrète, et, ici, chez nous, vous avez une réforme agraire, nous avons introduit l'administration locale autonome (la semstvo), nous avons créé l'ordre et rendu la liberté possible... Je dois gagner du temps, afin que tous le sachent et voient que l'on peut vivre en Crimée. Alors il sera possible d'aller de l'avant... Alors les gouvernements que nous prendront aux bolcheviques deviendront pour nous une source de puissance...».
L'héritage de Stolypine
Dans sa réforme agraire et dans la concrétisation de l'administration autonome, le Général Wrangel s'est inspiré du grand réformateur conservateur de l'époque du Tsar, le Premier Ministre Piotr Arcadéëvitch Stolypine, victime en 1911 à Kiev d'un attentat perpétré par un révolutionnaire, qui était aussi au service de l'Okhrana, la police secrète du régime tsariste. L'un des plus proches conseillers politiques de Wrangel venait de l'entourage immédiat de Stolypine, c'était Alexandre Vassiliévitch Krivochéine, mort en 1921. Krivochéine était d'origine paysanne. Son grand-père l'était. Son père était devenu Lieutenant-Colonel dans l'armée. Sous Stolypine, Krivochéine s'était penché sur les problèmes de la réforme agraire. Il voulait surtout renforcer économiquement et socialement les positions des paysans russes libres, aisés et industrieux. Dans un certain sens, Wrangel a poursuivi les réformes de Stolypine en Crimée. L'objectif de Stolypine, avant sa mort violente en 1911, avait été de couper l'herbe sous les pieds des révolutionnaires en pratiquant une politique de la propriété intelligente et modérée et en créant une caste moyenne solide composée de paysans.
Le deuxième conseiller important de Wrangel, qui fut de facto son “ministre des affaires étrangères”, était Piotr Berngardovitch Struve. Au départ, Struve était marxiste, mais redevint plus tard orthodoxe, ce qui contribua à faire de lui un conservateur et un nationaliste russe éclairé. Struve a défendu la cause de Wrangel et celle de la “Crimée blanche” auprès des alliés occidentaux, les Britanniques et les Français, que devaient évidemment solliciter les “forces combattantes de Russie méridionale”. Mais les négociations avec les Français et les Britanniques ont été décourageantes et humiliantes pour les Blancs: Paris posait des conditions pour accorder son aide militaire et pour livrer des vivres, notamment essayait d'obtenir de Wrangel qu'il promette de rembourser les dettes que l'Empire russe avait contractées auprès de la France. Les Britanniques en avaient assez de la guerre civile russe dès 1919. Ils menaçaient Wrangel de mettre un terme à toutes leurs aides et d'abandonner les Russes anti-communistes à leur sort, si l'armée blanche osait lancer une offensive contre les Soviétiques. Beaucoup d'officiers de l'armée blanche soupçonnaient alors les puissances occidentales, et surtout les Britanniques, de n'avoir pas d'autre intérêt que de laisser les Russes s'entretuer dans une longue guerre fratricide et de ne pas vouloir accorder aux Blancs une aide substantielle, car, disaient-ils, l'Occident ne voulait pas d'un régime fort non communiste en Russie.
Dans les premiers jours de novembre 1920, les Rouges attaquèrent avec des forces nettement supérieures en nombre l'ultime bastion “Crimée”. Wrangel, à ce moment-là, venait encore de se rendre utile à l'Occident ingrat: pendant la guerre polono-soviétique, il a mobilisé en face de lui des troupes rouges si bien qu'en été 1920, l'armée rouge, aux portes de Varsovie, fut contrainte, faute d'effectifs suffisants, à reculer et à se replier, lors du fameux “miracle de la Vistule”. Après la fin de la guerre polono-soviétique, le gouvernement de Lénine lança immédiatement toutes les forces rouges disponibles contre la Crimée. La percée soviétique à travers l'isthme de Perekop décida du sort de Wrangel et des Blancs: toutefois, le dernier des commandeurs blancs réussit encore à sauver 145.693 personnes, soldats et civils, en les embarquant sur des navires qui mirent le cap sur Constantinople. C'est ainsi que commença la première grande émigration russe. Dans une dernière allocution prononcée sur le sol russe devant des élèves-officiers, Wrangel déclara le 1 novembre 1920 à Sébastopol: «Abandonnée par le monde entier, notre armée exsangue quitte la patrie, après avoir combattu non pas seulement pour notre cause russe, mais pour la cause du monde entier. Nous partons pour l'étranger, non pas comme des mendiants qui tendent la main, mais avec la tête haute, conscients d'avoir accompli notre devoir jusqu'au bout».
Dans un entretien accordé au journal Velikaïa Rossiya (La Grande Russie), qui paraissait sur le “territoire libre”, Wrangel avait déclaré le 5 juillet 1920: «L'histoire honorera un jour le sacrifice et les efforts des hommes et des femmes russes en Crimée, car, dans la solitude la plus complète, sur le dernier lambeau libre de la Terre russe, ils ont combattu pour le bonheur de l'humanité et pour les lointains bastions de la culture européenne. La cause de l'armée russe de Crimée, c'est de se constituer en un grand mouvement de libération. Nous combattons une guerre sainte pour la liberté et pour le droit».
Et, à l'époque, Wrangel fut prophétique: tant qu'il n'y aura pas en Russie une “véritable puissance étatique”, de quelque orientation que ce soit, une puissance reposant sur l'“aspiration pluriséculaire de l'humanité à vivre sous une loi, à bénéficier de droits personnels et de propriété” et sur “le respect des obligations internationales”, il n'y aura pas de véritable paix en Europe.
Emigré en Yougoslavie, Wrangel est mort en 1928. Son corps fut enseveli dans la petite église russe de Belgrade. Quand les communistes prennent le pouvoir en Yougoslavie, la pierre tombale et l'inscription sont recouvertes d'un tableau.
Carl Gustav STRÖHM.
(article tiré de Criticón n°115, sept.-oct. 1989).
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lundi, 09 avril 2007
El Reino de Tudmir
El Reino de Tudmir y la dinámica expansionista musulmana por J. Martín Quintana / www.arbil.org La batalla de Guadalete del año 711 marca el final del Reino visigodo de Toledo, así como el nacimieno de nuevas formaciones políticas y culturales en la Península Ibérica. Sin embargo, a pesar de la profunda crisis política, económica, social y moral que sacudía al Reino visigodo y del rápido derrumbamiento de las estructuras políticas y militares, resultado de una creciente disolución institucional y territorial del reino, no podemos hablar de una ruptura radical: La conservación durante siglos de diversos elementos culturales y jurídicos, desde Córdoba a León, y desde Toledo a Barcelona, puede servir de elocuente testimonio de ello. Pero uno de los casos más reveladores en este sentido, es la pervivencia durante casi medio siglo del llamado Reino de Tudmir. | |
A fin de enmarcar un poco mejor el contexto en el que se enmarca la constitución de tal formación política, no está de más recordar aquí, siquiera sucintamente, los acontecimientos que condujeron a la batalla de Guadalete y con ella, al final del Reino visigodo de Toledo. A principios del año 710 fallecía el rey Witiza, reuniéndose el concilio o asamblea de nobles laicos y eclesiásticos para proceder, conforme a lo establecido en los concilios del S. VII, a la elección de un nuevo monarca, siendo honrado con tal ministerio Rodrigo, quizás duque de la Bética. Sin embargo, el clan witizano, liderado por Oppas y Sisberto, hermanos del anterior monarca, esperaba que fuera uno de los hijos de Witiza el que se sentara en el trono toledano, por lo que, contrariados, recurrieron al legendario conde D. Julián de Ceuta, para que se pusiera en contacto con los poderosos árabes de Kairwán, con cuya ayuda esperaban elevarse al poder a cambio de cederles alguna cantidad de oro o quizás las propiedades de sus adversarios. Sea como fuere, aprovechando que el rey Rodrigo se encontraba en campaña contra los díscolos vascones, Tarik, lugarteniente de Muza, procedió a desembarcar sus tropas en la zona de Gibraltar, ante lo cual, el ejército real emprendió la marcha hacia el sur, encontrándose a orillas del Guadalete con las tropas musulmanas, momento en el que los witizanos consumarían su traición, al huir y dejar expuestos los ejércitos leales al rey. El inesperado y contundente éxito de las fuerzas musulmanas, abría las puertas de Hispania a unos ejércitos que pasaron de ser aliados de una facción rebelde, a ser invasores del reino, dado que es de suponer que los witizanos esperaban entrar en Toledo para coronar como monarca a uno de los suyos, si bien hubieron de conformarse con las tierras que formaban parte del patrimonio regio y algunos cargos de importancia, aunque en la práctica inoperativos, como la sede primada de Toledo, que fue para Oppas, o el de «conde de los cristianos», cargos que sólo les daban cierta preeminencia sobre la que no era sino una población romano–goda sometida y degradada a la situación de dimmí. Sorprendentemente, a diferencia de lo que ocurriera en tiempos de Atanagildo y Suíntihla, cuando los godos cerraron filas frente a unos amenazadores bizantinos y francos llamados por una facción rebelde, en 711 los witizanos colaboraron de manera activa con los musulmanes, lo que ha llevado a algunos personajes a afirmar que nunca se produjo invasión ni conquista musulmana alguna1. Ciertamente, la debilidad institucional, el grave deterioro de la situación económica, social y moral, la división interna y el proceso de disolución territorial, contribuyeron decisivamente a que el avance musulmán fuera más rápido y cómodo, pero no podemos ignorar que los musulmanes estaban interesados en Hispania mucho antes incluso de que Witiza muriera: Ya en 682, Uqba ben Nafi al–Fihri, fundador de Kairwán, pregunta al conde Don Julián sobre las posibilidades de pasar a Hispania, y poco antes de la definitiva invasión de 711 se contabilizan hasta cinco importantes incursiones en la zona de Algeciras. Aunque Chalmeta considera que la invasión del Reino visigodo de Toledo responde más bien a una iniciativa personal de Tariq, lo cierto es que éste mismo autor señala: “Obsérvese la absoluta coincidencia entre las campañas occidentales y orientales, reveladoras de que estámos ante la aplicación local de una dirctriz general: la política expansionista de Walid”2, tendencia que sólo se ve paralizada cuando estallan luchas intestinas en el seno del Imperio islámico, reactivándose con más fuerza cuando se alcanza de nuevo la estabilidad política. Emilio Cabrera, por su parte, nos da una intersante clave para conocer los auténticos proyectos de los musulmanes con respecto a Hispania: “Las campañas de los musulmanes en el norte de África (con la conquista de Cartago y, posteriormente, de la Península Ibérica) son, en gran parte, el resultado de una nueva orientación estratégica como consecuencia de su fracaso ante los muros de Constantinopla”3. Es de nuevo Chalmeta el que asevera que “el problema esencial que se plantea entonces, por todo el orbe musulmán, será una cuestión de reajuste entre las tropas y el fluir contínuo de nuevos inmigrados árabes”. Efectivamente, y a tenor de la carrera expansionista cuyos inicios, por qué no, podríamos ya situar en torno al año 624, – cuando los partidarios de Mahoma atacaron una caravana de comerciantes en Najla4 – resulta, cuanto menos, fuera de lugar considerar que las actividades llevadas a cabo desde 711 hasta 732 no constituyeron acciones de naturaleza conquistadora. La necesidad de obtener botín, esclavos y tierras donde asentar a las belicosas tribus y guerreros que se habían ido sumando a los conquistadores desde Arabia a la Tingitana, precisaba de nuevas conquistas en una dinámica que se retro–alimentaba de manera contínua, de manera que, cada conquista exigía la invasión de nuevas tierras, y como los musulmanes no pudieran progresar por Anatolia o Grecia, decidieron reorientar su eje de avance hacia el Norte de África, en dirección a Ifriqya y Tingitana, y desde allí hacia la Hispania visigoda y la Galia franca. No obstante, aunque ciertamente los árabes contaron con la activa colaboración de diversos elementos de la población o al menos con su indiferencia, también se dieron numerosos casos de numantina resistencia, siendo uno de los casos más destacados el de Mérida, que resistiría el asedio musulmán hasta el año 713. Pero el caso más fascinante es, sin duda, el del dux Tudmir o Teodomiro . La primera referencia que tenemos relacionada con éste personaje nos la ofrece la Crónica Mozárabe, que según algunos autores pudo estar escrita en Murcia, donde se señala5 que en 697 y 698 Teodomiro, como dux o gobernador militar de Murcia, habría rechazado sendas incursiones bizantinas en el contexto de la lucha que mantenían con los árabes por Cartago6. Lo cierto, es que no era la primera vez que ésta zona se veía sacudida por ataques bizantinos, bereberes o musulmanes, por lo que es de preveer que allí habría una importante concentración de tropas. De hecho, Orlandís señala que algunas provincias tendrían un “peculiar carácter castrense”7, de manera que al frente de las mismas estaría un dux al mando de un fuerte contingente militar, lo que explicaría la capacidad de resistencia del duque Teodomiro. Efectivamente, Teodomiro habría logrado salir victorioso en varios encuentros habidos con las huestes musulmanas, dirijidas por los hijos de Muza, Abd–el–Aziz y Abd–Allah, pero dado que sus posibilidades para reponer tropas o recursos estarían más bien limitadas en comparación con la capacidad del Imperio musulmán, el duque visigodo se vio forzado a negociar finalmente con los musulmanes, suscribiendo en 713 un pacto con Abd–el–Aziz, pacto que se ha venido conociendo como Pacto de Teodomiro, cuyo texto ha sido objeto de variadas traducciones y diversas interpretaciones. Siguiendo la traducción de Simonet, el cual sigue la versión del Diccioanrio biográfico de al–Dabbí, Teodomiro se habría sometido a capitular, “aceptando el patronato y la clientela de Dios y la clientela de su Profeta (...) con la condición de que no se impondrá dominio sobre él ni ninguno de los suyos; que no podrá ser cogido ni despojado de su señorío (...)”. Felipe Maíllo Salgado, por su parte, siguiendo a Ibn Idarí, traduce “los suyos”, como «súbditos» de Teodomiro, lo cual implicaría una noción de soberanía, y en consecuencia, que el dux murciano no habría sido despojado de su dominio. No obstante, quizás el pacto se esté refiriendo a las propiedades particulares del duque y los magnates de la zona, y no tanto al territorio como entidad administrativa o jurisdiccional. Lo cierto es que el texto parece hacer de Teodomiro un protegido sujeto a chizya, la capitación pagada por los dimmíes. Sin embargo, Alfonso Carmona González considera que este pacto constituye un documento de sulh que “según la legislación islámica significa «un pacto mediante el que se llega a la eliminación del conflicto», y desde el punto de vista político, «supresión de la guerra de acuerdo con unas condiciones estipuladas»8. ¿Estámos, por tanto, ante una capitulación o más bien ante una especie de armisticio?. El caso de Ifriqiya, por cercanía en el tiempo y el espacio, puede ser sumamente significativo: Tras ser derrotadas en el campo de batalla las tropas bizantino–bereberes al mando del gobernador Gregorio, los musulmanes someten a asedio a al–Djem que sólo es levantado al concluir “una tregua o suhl con Ibn Abi Sarh, entregando una capitación anual de 300 quintales de oro (...) a cambio de que (los musulmanes) se retirasen del país”9 lo que, efectivamente hicieron. Tenemos, pues, que el establecimiento de un sulh y la exigencia de tributos, no implica la imposición de la soberanía califal y ni siquiera la ocupación del territorio, de manera que en el caso de Tudmir, podríamos estar más ante una tregua que ante una capitulación y que, por lo tanto, no estámos ante un transpaso de soberanía. Además, la imposición de tributos es una práctica que vemos desde los tiempos de las invasiones bárbaras del Imperio Romano: El emperador bizantino Constantino IV, por ejemplo, se vio obligado a pagar tributo a los búlgaros, pero no por eso dejaba de ser soberano. Los reyes leoneses de la segunda mitad del S. X también se vieron obligados a pagar tributo al poder califal, y después al amirí, quedando degradado León a la condición de protectorado, pero no dejaba de ser por ello una entidad política soberana. Por su parte, el hecho de que el pacto estipule que Teodomiro no podrá ser despojado de su señorío, implica una profunda diferencia con la figura del conde de los mozárabes que había en Córdoba: Éste no es más que un intermediario entre el poder musulmán y los súbditos cristianos, no pasa de ser un representante de la comunidad mozárabe y un perceptor de impuestos para el gobernante musulmán, un funcionario cuyo cargo está a disposición del valí, emir o califa. Su jurisdicción afecta exclusivamente a los cristianos, de una manera personal, no territorial, y no podemos hablar de ejercicio de poder soberano sobre los mismos, dado que el único soberano es el emir o el califa. Sin embargo, Teodomiro no parece ejercer un poder delegado, su cargo no está a disposición de las autoridades musulmanas, puesto que éstas no le pueden despojar de su señorío a voluntad, de manera que no es un mero representante de una comunidad sometida. El pacto explicita que su señorío, ese que no puede ser enajenado a voluntad por parte de las autoridades musulmanas, se extiende desde Alicante hasta Lorca y de Orihuela a Mula, de manera que su jurisdicción no parece limitarse a los individuos, sino que tiene un carácter territorial: ¿Podemos hablar entonces de un poder política y administrativamente autónomo con jurisdicción de carácter territorial y soberana?. Ciertamente, Teodomiro no puede ser despojado de su señorío, siempre y cuando cumpla con una serie de cláusulas que condicionan sus relaciones exteriores, de manera que su soberanía queda mermada en la práctica, pero esto no implica que Teodomiro no ejerciera funciones soberanas, al menos como duque de Orihuela, de la misma manera que, por ejemplo, los emperadores romanos no dejaron de ser soberanos cuando los vándalos condicionaron coactivamente su sistema de alianzas. De ser esto así, tendríamos que durante el S. VIII no hubo una única entidad política soberana libre del dominio musulmán y de cierta relevancia, sino dos, la cántabro–astur y la murciana, a cuyo frente se habrían puesto dos duques del que fuera Reino de Toledo, Alfonso y Teodomiro. Sin embargo, el pacto sulh parece poseer un carácter provisional, estableciéndose por parte de los musulmanes cuando resulta imposible someter un territorio y hacerlo parte de Dar–al–Islam, en una concepción de relaciones intenacionales que nos recuerda a la taqiya en las relaciones personales: Cuando el equilibrio de fuerzas se decanta a favor del Islam, se considera lícito arremeter de nuevo contra el territorio protegido por el pacto, dado que dicho territorio no deja de ser Dar–al–hurb, territorio de guerra, un espacio que ha de ser incorporado al dominio islámico. Además, el estallido de profundas tensiones internas y fuertes convulsiones políticas, étnicas, religiosas, sociales, etc. que sacudirán la recién conquistada al–Andalus a lo largo del S. VIII no contribuiría demasiado a salvaguardar la integridad de un pequeño y rico enclave cristiano pegado a los dominios musulmanes. Efectivamente, a fin de sofocar la revuelta jarichí protagonizada por los berberiscos que se había extendido por el Magreb y al–Andalus, el Califa Hisham enviaría sus últimas reservas, las tropas del chund o distrito militar sirio, las cuales, tras la batalla del río Sebú (741), se vieron obligadas a refugiarse en Ceuta. En al–Andalus, mientras tanto, la situación era confusa: Tras la derrota de Poitiers y la muerte del virrey al–Gafiqí, Abd–el–Malik se había puesto al frente de las tropas, pero el califa de Damasco no le confirmó en el cargo, encargando a Uqba tomar posesión del valiato. Abd–el–Malik entonces aprovechó la presencia de las tropas sirias en Ceuta, que necesitaban víveres desesperadamente, para pactar con ellas: Abd–el–Malik les proporcionaría los anhelados víveres a cambio de ayuda para sofocar la revuelta y consolidar su poder, y la promesa de regresar al norte de África para terminar de sofocar la revuelta jarichí, a lo que los sirios accedieron encantados. Sin embargo, una vez aplastada la revuelta berberisca en la Península, los sirios asaltaron Córdoba y proclamaron valí a su jefe, Balch, desatando una sangrienta represión e imponiendo un abusivo régimen. La oposición andalusí, formada fundamentalmente por yemeníes y muladíes, se vió obligada a pedir ayuda al gobernador de Kairwán, por cuya intermediación fue enviado Abu–l–Jattar, el cual, dotado de plenos poderes, se dispuso a organizar la que todavía era provincia de al–Andalus, empezando por aplacar a las díscolas tropas sirio–egipcias con el reparto de tierras y rentas entre las mismas, pero no con las tierras de los clanes y grupos de interés musulmanes cuyas luchas habían ensangrentado el suelo andalusí, sino proyectando las energías de todos ellos hacia fuera, hacia un enclave cada vez más débil, pero a la vez rico y fértil, y cuya condición de enclave cristiano neutralizaría todo recelo y agravio entre musulmanes. Corría el año 743 y reinaba en Murcia Atanagildo, hijo de Teodomiro. Según Simonet, Teodomiro habría acedido a que una guarnición musulmana se estableciera en el castillo de Orihuela10, que servía de capital y residencia del duque, lo que indicaría una clara sumisión por parte de éste al poder musulmán. Sin embargo, más adelante afirma que el “egregio Príncipe Atanagildo [...] había ascendido con universal aprobación de patricios y plebeyos al trono fundado por su padre Teodomiro, muerto en 743”, de manera que su posición no parece depender de poder alguno, sino del apoyo de sus súbditos – especialmente de los magnates laicos y eclesiásticos, tal y como se había estilado en Toledo, así como del derecho sucesorio basado en el parentesco, tal y como se había intentado con desigual éxito durante el período visigodo –. Que Atanagildo también administrara a placer las rentas propias, y lo que es más importante, las del Estado, refuerza la idea de que el rey de Orihuela era soberano, al menos si tenemos en cuenta que el conde de los mozárabes de Córdoba podía administrar algunas rentas pagadas por los miembros de su comunidad, pero no las del Estado. Pero, como dijimos más arriba, ésta situación dependía del equilibrio de fuerzas y la llegada de miles de sodados sirios y egipcios a la Península inclinaba decisivamente la balanza del lado musulmán: Es por esto que Abu–l–Jattar, ante la falta de buenas tierras donde instalar a las amenazadoras tropas orientales, resolvió unilateralmente asentarlas en la cuenca del Segura, es decir, en las tierras que formaban parte del reino de Orihuela. Aunque dichas tropas quedaban como aparceros de los cristianos, Atanagildo protestó ante lo que consideraba una violación del pacto de 713, pero en esos treinta años las cosas habían cambiado y ahora los musulmanes habían reforzado su poder, de manera que, aunque el califa Suleymán confirmó el pacto,11 el valí impuso a Atanagildo una cuantiosa multa que dejaba a las claras la expuesta posición del reino cristiano12; Y es que, como señala Dozy13, “cuando los árabes vieron asegurada su dominación, observaron los tratados con menos rigor que en la época en que su poderío estaba aún vacilante”14. Sería, no obstante, una nueva conmoción en el seno del Islam, lo que habría de dar la puntilla final al Reino de Orihuela: En 750 triunfaba la sublevación de los abbasidas y Abu-l-´Abbas al–Safar fundaba un nuevo Califato, lo que produjo la huída del último Omeya, Abd–el–Rahman, a la que no había sido sino una alejada y semi–independiente provincia del Imperio, esto es, al–Andalus, donde el jóven Omeya fue proclamado emir a princpios de 756. Sin embargo, las tensiones y conflictos entre distintos grupos de interés sacudían el país, situación que se vino a complicar con los intentos abbasidas de someter a la que había sido una provincia del Imperio y con la necesidad de Abd–el–Rahman de asegurar su posición: El Reino de Orihuela, todavía extenso, fértil y situado en una zona muy expuesta, iba a jugar un papel fundamental en el drama. No es, seguramente, casualidad que en torno al año 778, Abd–el–Rahman ben Habib Al–Fihri, gobernador de Ifriqiya, escogiera las costas de Murcia para desembarcar sus tropas para, en nombre de los Abbasidas y coordinadas con las de Carlomagno, acabar con el último reducto omeya. Necesitado de aliados, es probable que Al–Fihri desembarcara en Murcia en calidad de tal, tratando con una entidad política más o menos soberana y autónoma y todavía lo suficientemente poderosa como para suponer un sensible debilitamiento de las fuerzas omeyas. A diferencia de otros líderes andalusíes que sólo representaban a grupos de interés clánicos, étnicos o religiosos, Atanagildo sería soberano de un territorio y por eso al–Fihri podía contar con una base territorial y de poder considerable y estable, a diferencia de la mayor parte de los líderes andalusíes cuyo poder se encontraba allí donde tenían a sus tropas y que dependía de fluctuantes alianzas e intereses. Pero el fracaso de al–Fihri, supuso la ruina de Atanagildo, puesto que Add–el–Rahmán I consideró que el príncipe cristiano había transgredido el pacto de 715, al acoger a los enemigos de los Omeyas, por lo cual, “ocupó ciudades y fortalezas, desarraigó de allí las prepotentes familias cristians, y amarró a perpetuo y duro yugo las fértiles y un tiempo libres y venturosas comarcas del Segura, el año de 779”15, si bien todavía ciudades como Bigastro o Ello se resistieron durante largo tiempo a la dominación musulmana. No obstante, la ocupación del Reino de Orihuela parece responder, no tanto a la denuncia del pacto, como a la nueva situación creada en al–Andalus con la llegada y proclamación como emir de Abd–el–Rahmán I, hecho que atrajo a gran cantidad de exiliados y clientes (maulas) orientales a la Península a los que había que instalar sin provocar conflictos con los grupos de interés musulmanes ya asentados: “Esa «sed de tierras», provocada por la necesidad de proveer al sustento de omeyas y mawali recién llegados de Oriente, implica un intento de recuperar todas las propiedades estatales [...] y no podía por menos que afectar a los protegidos (lo que supuso) la supresión del enclave de Tudmir/Atanagildo” 16. El despojo sufrido por Ardabasto, descendiente de Witiza que, precisamente en virtud a un pacto de capitulación habría recibido numerosas propiedades, es una muestra de que Abd–el–Rahman no despojó a Atanagildo tanto por prurito legalista, como por necesidad de asentar a sus fieles y las bases de su poder a costa de unos cristianos que conservaban aún considerables propiedades, pero que no podían oponer resistencia a las decisiones del nuevo emir, tal y como se manifiesta en la forzosa conversión de la catedral de Córdoba en mezquita. Es así como, el Reino de Orihuela, el último vestigio del Reino visigodo de Toledo, se incorporaba a Dar–al–Islam: «Permamsit regnum Gothorum annis CCCLXX; destructum est a Sarracenis»17 Ciertamente, la cuestión del reino de Teodomiro ha sido objeto de una antigua y profunda discusión por parte de los especialistas pero, sea como fuere, parece evidente que fue la propia dinámica expansionista y predatoria musulmana, las tensiones y divisiones internas que desgarraban al Islam andalusí y la necesidad de los dirigentes de al–Andalus de consolidar su poder mediante la proyección de las energías sobre la minoría débil, sobre “el otro”, es decir, sobre los mozárabes y las formaciones políticas cristianas, lo que condujo a la ruina de la última entidad política directamente ligada al Reino visigodo de Toledo, en una acción equiparable a la conquista del Reino musulmán de Granada de 149218, de manera que los “nuevos” witizanos deberían ser más prudentes a la hora de ensalzar a los “tolerantes” andalusíes y de cargar con las más negras tintas a los “oscurantistas conquistadores del Norte”, puesto que una y otra visión son, cuanto menos, matizbles. ·- ·-· -······-· J. Martín Quintana Notas [1] Aunque la siguiente consideración pueda ser juzgada como anacrónica, lo cierto es que, durante la II Guerra Mundial, la actitud witizana hubiera sido calificada como de colaboracionista y, como ocurriera con los partidarios de los alemanes en países como Francia, Bélgica o Noruega, habrían sido encarcelados y ahorcados por traición y colaboración con el invasor. No obstante, para los defensores de la penetración pacífica de los musulmanes en Hispania, resulta que la existencia, por ejemplo de un Vidkum Quisling implicaría que los alemanes jamás invadieron Noruega, y no digamos el caso de Petáin en Francia, que además había sido investido con todos los poderes por parte de un Parlamento legítimo y democráticamente elegido . [2] Pág. 94, Chalmeta [3] Pág. 86, Cabrera [4] Pág. 65, Vernet [5] infra. Orlandís [6] Pág. 264, Orlandís. [7] Pág. 202, Orlandis [8] Pág. 5, Molina Rueda. [9] Pág. 80, Chalmeta [10] Pág. 27, Simonet [11]cifr. pág 200, Simonet [12] Para Chalmeta, la posibilidad de hacer frente a tal pago indicaría que Atanagildo era un poderoso propietario, dando así por hecho que ese dinero provendría de ssu rentas particulares y no de la Hacienda estatal o ducal. [13] cit. por Simonet [14] Pág. 201, Simonet. [15] Fernández–Guerra, citado por Simonet en pág. 244 [16]Pág. 362 – 363, Chalmeta [17] Pág. 245, Simonet [18] No entro a valorar aquí la existencia de las construcciones ideológicas astur–leonesa y castellana relacionadas con la restauración del ordo gothico y la «recuperación de España», por las que se justificaría el concepto de Reconquista. Bibliografía Álvarez Palenzuela, V.A. y Suárez Fernández, L. La España musulmana y los inicios de los reinos cristianos (711 – 1157) en Historia de España Madrid 1991 Cabrera, E. Historia de Bizancio Barcelona 1998
Chalmeta, P. Invasión e islamización. La sumisión de Hispania y la formación de al–Andalus Madrid 1994 Molina Rueda, B. Aproximación al concepto de paz en los inicios del islam Instituto de la Paz y los Conflictos Universidad de Granada (en internet) Orlandis, J. Época visigoda (409 – 711) en Historia de España Madrid 1999Simonet, F.J. Historia de los mozárabes de España Madrid 1983 Vernet, J. Los Orígenes del Islam Madrid 1990 |
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D. Venner et les armées blanches

Le regard de Dominique Venner sur le destin des Armées blanches
Pour la Russie et la Liberté,
Nous sommes prêts, nous les Kornilovtzy,
A nous jeter à l'eau,
A nous jeter au feu!
Marchons au combat, au sanglant combat!
Chant de marche des Volontaires, Campagne du Kouban, 1918.
Lors du cinquantième anniversaire du coup d'État bolchévique en 1967, on assista dans le monde entier, et tout spécialement en France, à une débauche de propagande et de bourrage de crâne en faveur du régime rouge: ce fut le délire, un délire soigneusement organisé, subsidié et contrôlé par les “Organes”. Combien d'intellos parisiens n'ont pas émargé aux fonds secrets soviétiques? Certains (les mêmes parfois) touchent aujourd'hui d'autres chèques... Ainsi va (leur) monde... En réaction contre cette désinformation, il y eut le livre de Marina Grey et de Jean Bourdier consacré aux Armées blanches (Stock 1968, paru en Livre de Poche, n°5116). Marina Grey est la fille du Général Dénikine, qui commanda la fameuse Division de Fer lors de la Première Guerre mondiale: le Maréchal Foch et Churchill ont dit de lui qu'il avait contribué à la survie des Alliés sur le front ouest. Anton Dénikine, pourtant acquis aux idées libérales et critique à l'égard des insuffisances de Nicolas II, sera Régent de Russie et l'un des principaux chefs blancs.
Sa fille, née en Russie libre, a écrit une excellente évocation de l'épopée des Vendéens russes, ces rebelles qui, refusant la servitude et la terreur bolchéviques, se battent à un contre cent avec un panache extraordinaire. Cette étude écrite comme un roman, se fondait sur des archives privées d'émigrés, des revues parues en exil, à Buenos Aires, Paris ou Bruxelles (saluons au passage Sa Haute Noblesse feu le capitaine Orekhoff, éditeur à Bruxelles de La Sentinelle et, en 1967, du Livre blanc sur la Russie martyre!), des mémoires rédigés en russe par des officiers rescapés du génocide communiste (au moins dix millions de morts pour la Guerre civile). P. Fleming, le frère de Ian, avait signé un beau livre sur l'amiral blanc Koltchak et plus tard, Jean Mabire avait sorti la belle figure d'Ungern de l'oubli dans un roman, qui a marqué toute une génération. Mais les Blancs, malgré ces efforts, restaient des maudits, bien plus en Occident qu'en Russie occupée!
Vers 1980, un texte du samizdat russe expliquait que, dans les cinémas soviétiques des années 70, lorsqu'on montrait des Gardes blancs (vrais ou non, mais montrés du doigt comme des vampires), souvent les jeunes se levaient d'un bloc, sans un mot. Un de ces adolescents avait écrit à une revue émigrée, une superbe lettre ouverte aux derniers Blancs pour leur dire son admiration. La SERP nous offre toujours un bel enregistrement de marches de l'ancienne Russie et les Cosaques de Serge Jaroff nous restituaient les chants des Blancs... autrement plus beaux que les chœurs de la défunte Armée rouge qui, pourtant, avaient une classe indéniable par rapport aux misérables chansonettes des armées anglo-saxonnes qu'on tente de nous faire passer pour le comble du génie.
Mais voilà que Dominique Venner, déjà auteur d'une Histoire de l'Armée rouge (ouvrage couronné par l'Académie française), vient combler ce vide regrettable. Il s'attaque à la Guerre civile, épisode soigneusement occulté de l'histoire soviétique. L'hagiographie marxiste passait sous silence la résistance des Blancs, ou alors ne parlait que de “bandes” de réactionnaires au service du capital, etc. Venner s'est replongé dans cette époque tout compte fait mal connue: peu de livres en langue occidentale, censure générale sur le sujet (tabou dans les universités européennes, alors que les chercheurs américains ont publié pas mal de thèses sur les Blancs), et surtout blocage mental sur ces épisodes qui contredisent la version officielle des faits pour une intelligentsia européenne qui subit encore une forte imprégnation marxisante, souvent inconsciente: une résistance populaire à la “révolution” communiste ne va pas dans le “sens de l'histoire”! Comme le dit justement Gilbert Comte dans le Figaro littéraire du 6 novembre 1997: «Triste modèle des démissions de l'intelligence, quand l'histoire écrite par les vainqueurs devient la seule qu'il soit possible d'écouter». On connaît cela pour d'autres épisodes de notre histoire et le procès Papon, une gesticulation inutile, en est le dernier (?) exemple. Il n'y a pas qu'à Moscou que les procès sont des farces orwelliennes...
Venner a donc lu des témoignages écrits à chaud (voyageurs, diplomates, journalistes), ce qui lui permet de rendre l'esprit de l'époque. Une seule critique vient à l'esprit à la lecture de son beau livre: peu de sources russes et pas de témoignages de première main. Il est vrai que pour trouver des rescapés des Armées blanches en 1996... Mais ces hommes, officiers, civils, soldats ont laissé des écrits: mémoires, archives, articles dans la presse émigrée. Paris, Kharbine en Mandchourie, Bruxelles, Berlin ou Buenos Aires furent des centres actifs de l'Emigratziya. Les revues, journaux, livres rédigés par des combattants blancs se comptent par centaines. Il y a là une masse de documents énorme à analyser. Il existe encore des Associations de la Noblesse russe où de Volontaires qui possèdent des archives du plus haut intérêt et les archives soviétiques doivent aussi receler des trésors... Mais ne faisons pas les difficiles! Le travail de Venner est une réussite complète. Signalons seulement qu'il reste du pain sur la planche pour de futurs chercheurs!
Venner étudie les Rouges et les Blancs, ce qui est neuf: il analyse les points forts et les faiblesses des uns et des autres. Sa description des événements est précise, militaire: il montre bien à quel point la guerre fut atroce. Surtout, il prouve que les Blancs, ces “vaincus” de l'histoire officielle, ne furent pas loin de l'emporter sur les Rouges. Fin 1919, Lénine s'écrie: «nous avons raté notre coup!». C'est Trotsky qui sauvera le régime, avec ses trains blindés et sa vision très militariste de la révolution. Il y a d'ailleurs chez Lev Davidovitch Bronstein un côté fascistoïde avant la lettre!
Pour la Russie, l'alliance avec la France fut une catastrophe: l'Etat-Major impérial est fidèle à ses promesses, jusqu'à la folie. Mal armée (usines d'armement peu productives), mal commandée (généraux incapables), sans doute trahie au plus haut niveau (la Tsarine ou son entourage), l'armée russe subit une terrible saignée: 2,5 millions de tués en 1915! Ces millions de moujiks tués ou estropiés sauvent la France du désastre: si le plan Schlieffen ne réussit pas à l'ouest, c'est en partie grâce aux divisions sacrifiées de Nicolas II. En 1940, ce même plan, actualisé (frappes aériennes et panzers) réussira grâce à l'alliance de fait germano-russe (pacte Ribbentrop-Molotov). En 1917, l'armée est à bout, et 1a personnalité du monarque, une vraie fin de race, n'arrange rien. Seul le Grand-Duc Nicolas aurait pu sauver la mise, après la mort de Stolypine (assassiné en 1911 par un revolutionnaire juif), ce qui fut un désastre pour toute l'Eurasie. Les trop vagues projets de coup d'état militaire visant à renverser ce tsar incapable ne se réalisent pas... mais le corps des officiers est préparé à lâcher ce dernier, que même le roi d'Angleterre n'a pas envie de sauver.
Ce sont des officiers comme Alexeiev ou Korniloff, futurs chefs blancs, qui joueront un rôle dans son abdication tardive. Preuve que les Blancs n'étaient pas des nostalgiques de l'ancien régime, mais des officiers qui souvent servent d'abord Kerenski, même s'ils méprisent à juste titre ce bavard incapable (un politicien). On peut d'ailleurs se demander si le ralliement au régime rouge de tant d'officiers tsaristes n'a pas été partiellement facilité premièrement par les revolvers (Nagan, au départ une conception liégeoise) délicatement braqués dans leur nuque, mais aussi par le dégoût inspiré par la cour de Nicolas II. Dénikine lui-même avait été scandalisé par le lâchage par le tsar de son meilleur ministre, Stolypine.
Un des nombreux mérites du livre de Venner est de camper tous ces personnages historiques avec un talent sûr. Le portrait de Lénine, qui était la haine pour le genre humain personnifiée, celui de Trostky, sont remarquables. Venner montre bien que là où les Bolchéviks trouvent face à eux une résistance nationaliste, ils sont vaincus, comme en Finlande, en Pologne. Les armées de paysans attachés à leurs traditions ancestrales sont toujours plus fortes que celles des révolutionnaires citadins, fanatiques mais divisés en chapelles. Un des mérites du livre est d'insister sur la respansabilité de Lénine dans le génocide du peuple russe: c'est lui qui met en place le système du goulag, et non Staline. Les premiers camps d'extermination communistes datent de l'été 1918. Toutes ces ignominies, dont Hitler ne fut qu'un pâle imitateur, découlent de l'idéologie marxiste, qui est celle de la table rase (au moins 25 millions de tués de 1917 à 1958!). La révolution blochévique vit une véritable colonisation de la Russie par des étrangers: Polonais, “Lettons”, et surtout des Juifs, animés d'une haine viscérale pour la Russie traditionnelle, qui ne leur avait jamais laissé aucune place au soleil.
Cette révolution est en fait le début d'une gigantesque guerre civile d'ampleur continentale: le fascisme, le nazisme sont des ripostes à cette menace, avec toutes les conséquences que l'on sait. L'historien allemand Ernst Nolte l'a très bien démontré au grand scandale des historiens établis qui aiment à répéter les vérités de propagande dans l'espoir de “faire carrière”. Mais ces vérités, dûment démontrées en Allemagne ou dans les pays anglo-saxons, passent mal en France où sévit encore un lobby marxisant, qui impose encore et toujours ses interdits. Voir les déclarations ridicules de Lionel Jospin, impensables ailleurs en Europe. Voir le scandale causé par le livre de S. Courtois sur les 85 millions de morts du communisme, qui réduit à néant les constructions intellectuelles du négationnisme des établissements, qui, s'ils ont souvent trahi leurs idéaux de jeunesse, ont gardé intactes leur volonté de pourrir notre communauté. Mais ces viles canailles politiques n'ont plus l'ardeur de la jeunesse: ils ne croient plus en rien et n'ont plus au cœur que la haine et le ressentiment pour toutes les innovations qui pointent à l'horizon. A leur tour de connaître la décrépitude et le mépris, des 20 à 30% de jeunes qu'ils condamnent au chômage, en dépit de leur beaux discours sur le “social”. Remercions Venner de nous avoir rendus, avec autant de sensibilité que d'érudition, les hautes figures de l'Amiral Koltchak, des généraux Dénikine, Korniloff ou Wrangel, de tous ces officiers, ces simples soldats blancs, héros d'autrefois qui nous convient à résister sans faiblir aux pourrisseurs et aux fanatiques.
Patrick CANAVAN.
Dominique VENNER, Les Blancs et les Rouges. Histoire de la guerre civile russe, Pygmalion 1997. 293 pages, 139 FF.
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vendredi, 06 avril 2007
Sur Moses Hess
Sur Moses Hess
6 avril 1875 : Mort à Paris du socialiste et militant juif Moses Hess, fortement influencé dans ses démarches par sa lecture approfondie de Spinoza et de Hegel. Hess fonde une forme de socialisme libertaire, idéaliste, assorti de la création de groupes ouvriers de travail politique, auxquels participera également Karl Marx. Mais Marx se détachera rapidement de lui et l'insultera dans le “Manifeste Communiste”, qualifiant son système d'“utopique”. Moses Hess passera surtout à la postérité pour son ouvrage Rom und Jerusalem, qui aura un impact considérable sur des figures du sionisme comme Ahad Ha'am et Théodore Herzl : Hess y définit l'identité juive, considérée comme inassimilable dans toute autre nation. Il en déduit que les Juifs doivent avoir un sol quelque part dans le monde. Hess critique toutes les formes d'universalisme qu'adopte le judaïsme réformé, car elles abandonnent la spécificité juive pour se perdre dans des mirages sans consistance. La lecture d'Hess demeure des plus intéressantes aujourd'hui, dans la mesure où il plaide, au sein du judaïsme, pour une spécificité qu'il ne faut pas noyer dans des discours soi-disant universaliste (constat qui vaut évidemment pour toutes les nations, celles qui sont considérées par lui comme nomades ainsi que les Juifs ou celles qui sont sédentaires). Ipso facto, ses démonstrations peuvent nous aider à lutter contre les discours universalistes médiatiques, notamment en francophonie, où l'on assiste à cette curieuse collusion entre un certain discours prononcé par de vrais ou de faux Juifs sur un nomadisme qui serait universaliste et transcenderait toutes les appartenances, et l'idéologie ethnocidaire et arasante de la République, qui refuse de tenir compte des données anthropologiques naturelles et des idiosyncrasies individuelles ou communautaires.

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Avril 1917: intervention américaine en Europe

Avril 1917 : L’intervention américaine dans la première guerre mondiale
Le concept allemand de « Weltpolitik », de « politique mondiale », à l’époque de Guillaume II, était fort utilisé et prisé ; il indiquait qu’en théorie, le Reich voulait jouer un rôle planétaire, ce qui n’a pas empêché les Allemands de figer leur pensée politique dans des catégories continentales européennes et non pas mondiales. La guerre qui se déclenche le 1 août 1914 prend rapidement des dimensions globales mais la politique et la diplomatie allemandes n’y étaient pas préparées. Elles n’avaient pas tenu compte d’une possibilité, pourtant prévisible : l’implication dans le conflit du potentiel militaire, industriel et militaro-industriel des Etats-Unis, dont le poids serait déterminant dans l’issue du conflit. L’ambassade d’Allemagne à Washington fut surprise d’apprendre que les puissances de l’Entente avaient coupé ses liaisons par câbles vers l’Europe. L’émetteur radio transocéanique Nauen en était encore à ses premiers balbutiements et il a fallu de longs mois pour restaurer une liaison vague et précaire avec le ministère allemand des affaires étrangères, via la Suède.
Les militaires, toutefois, avaient été plus clairvoyants et avaient agi en conséquence. L’attaché militaire Franz von Papen avait reçu un ordre de l’état-major général, sous enveloppe cachetée à n’ouvrir qu’en cas d’extrême urgence ; cette enveloppe contenait les adresses de firmes commerciales établies dans des pays neutres et un code chiffré. De cette façon, il était possible de câbler vers Berlin des informations militaires, déguisées en télégrammes commerciaux, au départ de la filiale new-yorkaise d’une firme de Hambourg.
La diplomatie allemande n’avait aucun accès aux milieux gouvernementaux américains
Sur le territoire américain, l’Allemagne était donc totalement isolée sur le plan des échanges d’information, ce qui a permis à ses adversaires de répandre sans obstacles leurs points de vue sur les raisons et le déroulement de la guerre et d’influencer l’opinion publique américaine en faveur d’une intervention pro-Entente, notamment en utilisant toutes les ficelles de la propagande sur les atrocités prêtées aux Allemands (les mains coupées des enfants belges, etc.). La majorité du peuple américain s’opposait à l’entrée en guerre des Etats-Unis. Les milieux dirigeants, en revanche, se montrèrent dès le départ favorables à l’Entente, la soutenaient financièrement et lui livraient du matériel de guerre. Sur le plan culturel, ces milieux se sentaient proches des Britanniques ; sur le plan politique, ils admiraient la forme politique que représentait la République française. L’ambassadeur britannique écrivit à son gouvernement, à propos du vingt-huitième Président des Etats-Unis, le démocrate Woodrow Wilson : « par sa naissance et son éducation, il est clairement un Britannique ». Le 3 septembre 1914 déjà, le Président lui avait dit qu’une défaite de la Grande-Bretagne ruinerait tout ce qui lui était cher. Le ministre des affaires étrangères William Jennings Bryan, qui défendait le principe d’une neutralité stricte, n’a pas pu faire triompher ses vues ; il sera vite remplacé par un pro-britannique, Robert Lansing.
La diplomatie allemande n’avait pas d’entrées dans les milieux dirigeants américains, comme en avaient les Britanniques. La très forte minorité allemande dans la population américaine étaient presque entièrement favorable aux Républicains et l’ambassadeur allemand, le Comte Johann Heinrich von Bernstorf, n’avait focalisé ses contacts politiques que sur les seuls milieux républicains, dont l’influence était très réduite sur l’entourage du démocrate Wilson. La requête des Germano-Américains, visant à interdire complètement l’exportation d’armements, a été refusée par Wilson sous le prétexte que cela nuisait à l’économie américaine. L’ampleur croissante des livraisons à l’Entente eu un effet secondaire : les Américains avaient de plus en plus intérêt à voir triompher l’Entente, car seuls les vainqueurs seraient, in fine, capables de payer leurs dettes.
Pendant longtemps, les rapports entre les Etats-Unis et le Reich avaient été cordiaux. Toutefois, de premières frictions surgirent à la fin du 19ième siècle, frictions qui devinrent vite de plus en plus aiguës. Les intérêts coloniaux des deux puissances se heurtaient dans le Pacifique ; la guerre hispano-américaine de 1898 suscita encore davantage de différends.
L’installation de communautés allemandes en Amérique latine inquiétait la presse américaine, qui lançait alors des campagnes contre la « colonisation » allemande, considérée comme une entorse faite à la Doctrine de Monroe. Cet ensemble d’incidents conduisit les Etats-Unis à soutenir les adversaires de l’Allemagne lors de la crise marocaine de 1911, car les observateurs américains jugeaient la côte marocaine trop proche du Brésil où les communautés allemandes jouaient un rôle important. Les Etats-Unis ne cessèrent dès lors plus de traiter les parties belligérantes de manière inégale, y compris après le déclenchement de la guerre en 1914. Tandis que les Etats-Unis ne critiquaient que formellement le blocus des mers qu’imposait la Grande-Bretagne à l’Allemagne, la riposte allemande, à savoir la guerre sous-marine, fut d’emblée considérée en Amérique comme une attaque intolérable contre le principe de la liberté des mers. Le motif de cette condamnation sévère est explicité dans les mémoires de Lansing : les milieux dirigeants américains envisageaient déjà, à ce moment-là de la guerre, d’entrer en belligérance aux côtés des Britanniques, dès que l’occasion se présenterait.
Les Etats-Unis veulent reprendre à leur compte l’héritage de l’Empire britannique
La politique allemande s’est montrée incapable d’endiguer l’hostilité américaine -en 1941, le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères von Weizsäcker s’étonnait encore de l’aversion qu’éprouvait Roosevelt à l’encontre de l’Allemagne. Elle s’est contentée de répéter que le Reich n’avait nulle intention d’attenter aux intérêts des Etats-Unis. La raison profonde de cette attitude anti-allemande croissante s’explique : les Etats-Unis voulaient devenir une nouvelle puissance impériale dans le monde et sentaient instinctivement que l’Allemagne pouvait à terme menacer leurs projets. Les Etats-Unis avaient retenu la leçon prémonitoire d’Alexis de Tocqueville, qui voyait l’Amérique et la Russie se partager le monde, vision où l’héritage de l’Empire britannique reviendrait aux Etats-Unis, parce que la puissance de Londres avait désormais atteint voire dépassé son zénith. L’un des principes cardinaux de la politique anglaise en Europe était de s’allier toujours à la deuxième puissance continentale contre la plus forte, pour empêcher que ne se constitue une puissance européenne unie et hégémonique. L’Angleterre visait ainsi à couvrir ses arrières sur le continent pour poursuivre ses ambitions globales. Les Etats-Unis ont repris ce principe à leur compte. Ils voyaient en l’Allemagne la puissance montante, capable à terme, de fédérer les ressources du continent européen et de faire de l’Europe-puissance un concurrent de l’Amérique sur la scène internationale.
La guerre sous-marine, menée par les Allemands contre les navires de l’Entente, a fait basculer l’opinion aux Etats-Unis. Le 15 août 1915, le paquebot « Lusitania » est torpillé au large des côtes méridionales de l’Irlande ; parmi les 1198 morts, se trouvaient 139 citoyens américains (d’autres sources évoquent le chiffre de 126). Le Lusitania avaient été repeint selon les critères du camouflage militaire et transportait des armes, alors que l’Amirauté britannique savait fort bien que, dans de telles conditions, le navire deviendrait automatiquement la cible des torpilles allemandes (cf. notre article dans « Junge Freiheit », n°18/2005). Les citoyens américains morts lors de ce torpillage devinrent des atouts considérables dans la guerre psychologique. A partir de ce moment-là de la guerre, des manifestations anti-allemandes s’organisèrent aux Etats-Unis. Le 19 août, c’est au tour de l’ « Arabic » d’être coulé dans les mêmes conditions, puis, le 5 novembre, c’est celui de l’ « Ancona » ; chaque navire, victime des torpilles allemandes, transportait son lot de citoyens américains, à compter parmi les morts. Le 24 mars 1916, le « Sussex », un navire français de transport de passagers, est coulé dans la Manche : 480 citoyens américains sont parmi les victimes. La réaction du gouvernement américain est alors si violente que le Grand Amiral Alfred von Tirpitz, secrétaire d’Etat auprès du ministère allemand de la marine, donne sa démission ; le gouvernement du Reich ordonne alors de mettre un terme au torpillage sans avertissement préalable de navires de transport. Mais le gouvernement se réserve toutefois le « droit de décider comme il l’entend, au cas où les Etats-Unis ne réclameraient et n’obtiendraient pas rapidement de la part de la Grande-Bretagne l’observation stricte des clauses de droit international prévoyant la liberté des mers (ndlr : les Allemands voulaient que soit levé le blocus naval affamant l’Allemagne) ».
Cette tentative de faire pression sur les Etats-Unis n’eut aucun effet. Washington n’envisageait nullement d’appliquer, avec équité et objectivité, les mêmes principes de droit aux Allemands et aux Britanniques. Finalement, l’objectif des Etats-Unis était de rafler les acquis de la grande puissance thalassocratique anglaise sur le plan matériel comme sur les plans politiques et idéologiques. Parmi l’héritage idéologique que convoitaient les Etats-Unis, il y avait surtout le droit souverain de définir ce qu’était et devait être le droit et le non droit dans les rapports entre nations. C’est surtout sous Wilson, qui se posait comme le missionnaire de la démocratie et du droit des gens (selon son concept de « Société des Nations »), que s’est renforcée aux Etats-Unis la tendance à affirmer les intérêts américains comme s’ils étaient l’expression d’une morale transcendante. Dans cette optique, les offres de médiation et les propositions de paix du Président américain n’ont été que des manœuvres retardatrices (rappelons qu’il devait sa réélection de la fin de l’année 1916 à la bonne utilisation propagandiste du slogan : « Il nous a maintenu hors de la guerre »).
Le télégramme Zimmermann fut une catastrophe diplomatique
Le Reich annonce le 1 février 1917 qu’il lance la guerre sous-marine à outrance. Un jour plus tôt, les Etats-Unis en avaient été avertis formellement, si bien qu’ils ne pouvaient plus protester. Le 3 février, les Etats-Unis rompent les relations diplomatiques avec Berlin et contraignent la plupart des pays latino-américains à en faire autant. Par la suite, le télégramme Zimmermann fut une catastrophe diplomatique, la goûte d’eau qui fit déborder le vase. Le secrétaire d’Etat allemand aux affaires étrangères, Arthur Zimmermann, avait chargé le représentant du Reich à Mexico de forger une alliance avec le Mexique en cas de déclaration de guerre des Etats-Unis au Reich et de promettre aux Mexicains la récupération du Texas, du Nouveau-Mexique et de la Californie, perdus en 1848. Pour le transmettre, il avait utilisé un câble américain direct que le gouvernement des Etats-Unis avait mis à la disposition de l’ambassade d’Allemagne pour faire passer toutes les informations relatives aux propositions de médiation de Wilson.
Le télégramme tomba aux mains des services secrets britanniques, qui avaient déjà réussi à déchiffrer les codes allemands dès août 1914 ; ils transmirent le texte aux Américains au bon moment psychologique. Le contenu en était si énorme que les neutralistes américains accusèrent leur propre gouvernement d’avoir fabriqué un faux et c’est Zimmermann lui-même ( !) qui torpilla leur ultime manœuvre pour sauver la neutralité américaine en affirmant haut et clair que sa dépêche résultait d’une volonté bien justifiée de se défendre. L’incident révèle, aujourd’hui encore, qu’aux niveaux de la diplomatie, de la guerre psychologique et des services secrets, l’Allemagne était inférieure aux puissances de l’Entente. Le 6 avril 1917, les Etats-Unis déclarent l’état de guerre entre leur pays et l’Allemagne. Le 7 décembre, ils déclarent la guerre à l’Autriche-Hongrie. La défaite des puissances centrales n’était plus qu’une question de temps.
Thorsten HINZ.
(article paru dans « Junge Freiheit », Berlin, n°14/2007).
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jeudi, 05 avril 2007
De "Parti agraire belge", een rechtse boerenpartij
De roep om Nieuwe Orde
in het Waalse landbouwersmilieu : de Parti agraire belge, een rechtse boerenpartij
(1931-1940)
http://www.ethesis.net/nieuwe_orde/nieuwe_orde_inhoud.htm
Maarten Michiels
Scriptie voorgelegd aan de Faculteit Letteren en Wijsbegeerte,
voor het behalen van de graad van
Licentiaat in de Geschiedenis.
Academiejaar: 2005-2006
Katholieke Universiteit Leuven
Promotor: Prof. Dr. LEEN VAN MOLLE
INHOUD
HOOFDSTUK 1: DE MOUVEMENT AGRAIRE BELGE: EEN AFSCHEURINGSBEWEGING VAN DE U.P.A. (NOVEMBER 1931 – DECEMBER 1932)
1.1 HET ONTSTAAN VAN DE MOUVEMENT AGRAIRE BELGE, DE VOORLOPER VAN DE PARTI AGRAIRE
1.1.1 De context: de economische crisis en de landbouwcrisis
1.1.2 Het eerste teken van leven van de Mouvement agraire: het verschijnen van La Terre
1.1.3 De Mouvement agraire als afscheuring van de U.P.A.
1.2 DE PROMINENTEN VAN DE PARTI AGRAIRE: ZELFBEELD EN POLITIEKE ORIËNTERING
1.3 DE MOUVEMENT AGRAIRE IN HET GROTERE PLAATJE: DE EXTERNE RELATIES
1.3.1 Een blik over de grens: op zoek naar inspirerende voorbeelden
1.3.2 De Boerenbond: de aartsvijand bij uitstek
1.4 HET PROGRAMMA VAN DE MOUVEMENT AGRAIRE: VEEL KRITIEK, WEINIG OPLOSSINGEN
1.4.1 De analyse van het regeringsbeleid volgens de Mouvement agraire
1.4.2 De zondebok: de minister van landbouw
1.4.3 De arbeidersklasse: jaloers op haar verwezenlijkingen
1.4.4 De summiere oplossingen van de Mouvement agraire
1.5 HET MOMENT VAN DE WAARHEID: DE VERKIEZINGEN VAN 1932
1.5.1 De gemeenteraadsverkiezingen en de voorbereiding van de parlementsverkiezingen
1.5.2 De parlementsverkiezingen: het verschijnen van een aparte agrarische lijst
1.5.3 Een bedreiging of een goeie grap? Receptie van de verkiezingsdeelname van de Mouvement agraire
1.5.4 De resultaten van de Mouvement agraire…
1.6 DE OFFICIËLE OPRICHTING VAN DE PARTI AGRAIRE BELGE
HOOFDSTUK 2: DE PARTI AGRAIRE IN DE WOELIGE PERIODE TUSSEN TWEE PARLEMENTSVERKIEZINGEN (DECEMBER 1932 – MEI 1936)
2.1 “LE NERF DE LA GUERRE”: DE FINANCIERING VAN DE PARTI AGRAIRE
2.2 KRITIEK EN PROGRAMMA VAN DE PARTI AGRAIRE: LEVENSVATBAARHEID VAN DE LANDBOUWSECTOR
2.2.1 Kritiek op het algemene beleid in tijden van crisis
2.2.2 Kritiek op de politieke verdediging van de landbouw
2.2.3 De relaties met andere Belgische politieke partijen
2.2.4 Het programma: de eis tot levensvatbaarheid van de sector
2.3 DE PARTI AGRAIRE LAAT IN HAAR KAARTEN KIJKEN: AANZETTEN TOT IDEOLOGISCHE ORIËNTERING
2.3.1 Op zoek naar inspiratie: de contacten met het buitenland
2.3.2 Royalisme
2.3.3 “Notre démocratie n’est qu’un masque”: een rechtsere profilering
2.3.4 De verspreiding van het eigen gedachtegoed
2.4 DE RELATIES MET ANDERE DRUKKINGSGROEPEN
2.4.1 De vertroebelde relaties met de moederbeweging: contacten met de U.P.A.
2.4.2 Aanhoudende pogingen om de Boerenbond zwart te maken
2.4.3 De Parti agraire tegenover de liquidatie van de Middenkredietkas en de ondergang van de Banque agricole
2.4.4 Op zoek naar lotgenoten: de Parti agraire zoekt toenadering tot de middenstand
2.5 EEN TWEEDE POGING: DE VERKIEZINGEN VAN 1936
2.5.1 Aanloop naar en resultaten van de parlementsverkiezingen van mei 1936
2.5.2 Receptie van de verkiezingsdeelname van de Parti agraire
2.5.3 Vissen in dezelfde vijver: de Parti agraire en het succes van Rex
HOOFDSTUK 3: HET STILLE VERDWIJNEN VAN DE PARTI AGRAIRE EN HET ONTSTAAN VAN HET FRONT PAYSAN (MEI 1936 – 1940)
3.1 DE AANDACHTSPUNTEN TIJDENS DE LAATSTE JAREN VAN DE PARTI AGRAIRE (1936 -1938)
3.1.1 Lonen voor arbeiders op grote landbouwbedrijven
3.1.2 De oprichting van officiële kredietkassen door de staat
3.1.3 Naar een nationale syndicale organisatie van de landbouw
3.1.4 Met dank aan de socialisten: de wetsvoorstellen van Wauters
3.1.5 De houding tegenover de katholieke partij
3.2 IDEOLOGISCHE UITWERKING
3.2.1 De blik op het buitenland en de houding in de internationale politiek: afhouden van zowel links als rechts
3.2.2 “Ni gauche ni droite”: het agrarisme als eigen ideologie
3.3 DE PARTI AGRAIRE IN DE OMGANG MET ANDERE ORGANISATIES TIJDENS DE LAATSTE JAREN VAN HAAR BESTAAN (1936 – 1938)
3.3.1 Natrappen naar de moederbeweging: relaties met de U.P.A.
3.3.2 De relaties met de “Trust politico-industriel de Louvain”
3.4 HET VERDWIJNEN VAN DE PARTI AGRAIRE (OKTOBER 1938) EN HET ONTSTAAN VAN HET FRONT PAYSAN
3.4.1 Het Boerenfront en de eerste contacten tussen Parti agraire en Boerenfront
3.4.2 De Parti agraire verdwijnt stilletjes van het toneel en maakt plaats voor het Front paysan
3.4.3 La Voix de la Terre als opvolger voor La Terre
3.4.4 De ruk naar rechts van het Front paysan
3.5 HET FRONT PAYSAN TIJDENS DE EERSTE MAANDEN VAN DE DUITSE BEZETTING: HET EINDE VAN HET VERHAAL
3.5.1 De landbouw onder de Duitse bezetting
3.5.2 Het roemloze einde: het Front paysan en La Voix de la Terre onder de Duitse bezetting
Samenvatting
In de jaren 1930 hield de Grote Crisis de hele wereld in de ban. Bedrijven gingen massaal overkop, de werkloosheid bereikte recordhoogtes, banken gingen failliet… De regeringen slaagden er niet in de gevolgen van de crisis te bestrijden. De mensen geraakten verbitterd. Er ontstonden talloze protestbewegingen, die reageerden tegen de crisis en tegen de aanpak ervan. Veel van deze protestbewegingen koesterden Nieuwe Ordesympathieën en neigden sterk naar rechts tot uiterst rechts.
Ook het Henegouwse landbouwmilieu kende zo een protestbeweging: op 12 december 1931 verscheen het eerste nummer van La Terre, de publicatie van de Mouvement agraire belge. Die Mouvement agraire belge was een afscheuring van de Unions Professionnelles Agricoles (U.P.A.). De Mouvement agraire was niet tevreden met de strategie van de U.P.A. om te wegen op het beleid, namelijk het steunen van verschillende kandidaten op de liberale en katholieke lijsten die de landbouwerszaak genegen waren. De Mouvement agraire wilde een aparte agrarische lijst naar voren schuiven. Armand Jabon was de voortrekker van het oproer binnen de U.P.A. Waarschijnlijk was er ook sprake van een persoonlijk conflict tussen Jabon en zijn aanhangers enerzijds en de U.P.A.-leiding anderzijds. Het belangrijkste strijdpunt van de Mouvement agraire was een betere vertegenwoordiging van de landbouwsector. Hiertoe wilde ze een corporatieve aanvulling van het parlement: het parlement zou zich moeten laten adviseren door een corporatieve kamer waarin alle beroepen vertegenwoordigd waren. Dit programmapunt, een gematigde vorm van politiek corporatisme, had de Mouvement agraire geërfd van de U.P.A. De rest van het discours van de Mouvement agraire bestond uit een verzameling klachten: tegen het regeringsbeleid dat foute prioriteiten legde en de landbouwers opofferde om de industrie tevreden te stellen, tegen de minister van landbouw en tegen de arbeidersklasse die erin geslaagd was dure sociale zekerheidswetten af te dwingen. De Mouvement agraire stelde zich bijzonder vijandig op tegenover de Boerenbond. Die hield zich in haar ogen voornamelijk bezig met industriële en commerciële activiteiten en droeg de landbouwersbelangen niet hoog in het vaandel. De oplossingen die de Mouvement agraire voorstelde waren vrij beperkt: protectionisme om de binnenlandse markt af te schermen en corporatisme om een betere vertegenwoordiging van de landbouw mogelijk te maken. Voor het overige bestond het programma uit een hoopje losse maatregelen die het bestaan van de landbouwers moesten verbeteren maar die niets structureels zouden veranderen. De Mouvement agraire keek nadrukkelijk naar het buitenland om zich te laten inspireren. Vooral de Parti agraire et paysan français, onder leiding van Fleurant Agricola, werd nauwlettend in de gaten gehouden. Die partij werd bewonderd door de Mouvement agraire omwille van haar daadkracht en verwezenlijkingen.
De Mouvement agraire nam in november 1932 deel aan de parlementsverkiezingen. In twee Henegouwse arrondissementen schoof ze een aparte agrarische lijst naar voren, namelijk in Tournai-Ath en in Mons. De reacties op de verkiezingsdeelname van de Mouvement agraire lagen allemaal in dezelfde lijn. Men vroeg zich af of de Mouvement agraire er wel bij had stilgestaan hoeveel stemmen er nodig zijn om een vertegenwoordiger naar het parlement te kunnen sturen. Bovendien waren organisaties als de U.P.A. en de Alliance agricole van mening dat een aparte agrarische lijst alleen maar meer verdeeldheid zaaide onder de landbouwers, waardoor hun positie nog verzwakt werd. De resultaten van de Mouvement agraire waren vrij bescheiden: in Tournai-Ath behaalde ze 4,01 procent van de stemmen, in Mons 1,63 procent. Dat was niet voldoende om een verkozene te halen. Na de verkiezingen besloot men over te gaan tot de oprichting van de Parti agraire belge als opvolger van de Mouvement agraire belge.
Tussen 1932 en de parlementsverkiezingen van 1936 evolueerde de partij. Het programma werd verder uitgewerkt. Waar het voor de verkiezingen van 1932 nog voornamelijk om een hoopje losse maatregels ging, werd er nu min of meer een structuur aangebracht in het programma. De Parti agraire streefde naar een veiligstelling van de levensvatbaarheid van de sector. Daartoe wilde ze ten eerste een eerlijke prijs krijgen voor landbouwproducten, ten tweede een aantal maatregels treffen om het pachtcontract voordeliger te maken voor de pachter, ten derde protectionistische maatregelen instellen om de interne markt te beschermen en te vierde de inspraak van de landbouwsector garanderen via een corporatieve staatsordening. Nu kwam er ook een sterkere ideologische profilering bij kijken. In 1932 wilde ze nog een corporatieve aanvulling van het parlement. Vanaf 1933 was de Parti agraire duidelijk naar rechts opgeschoven. Ze wilde het rechtstreeks verkozen parlement vervangen door corporatieve kamers. Het discours was opvallend rechtser geworden.
De verhouding van de Parti agraire met de Boerenbond was nog steeds niet al te best. De infiltratiepogingen van de Boerenbond in Wallonië werden hem niet in dank afgenomen. Bovendien leidde de liquidatie van de Middenkredietkas tot de definitieve ondergang van de Banque agricole de Belgique, de bank van de U.P.A. die in 1932 onder controle van de Boerenbond was gekomen. Het spaargeld van verschillende kleine boeren werd geblokkeerd. Deze gebeurtenis was nefast voor de houding van de Parti agraire tegenover zowel de U.P.A. als de Boerenbond. Vanaf 1934 begon de Parti agraire toenadering te zoeken tot de middenstandsorganisaties. Er waren contacten met Burgerstrijd, een Vlaamse organisatie van misnoegde middenstanders. Een zekere inconsequentie was de Parti agraire zeker niet vreemd: langs de ene kant pleitte ze voor samenwerking van middenstand en boerenstand, over de taalgrens heen. Langs de andere kant pleitte ze voor een Waalse samenwerking, over de grenzen van de landbouwklasse heen, tegen de Vlaamse dominantie. De voortrekkers van de Parti agraire waren echte windhanen die zich probeerden te associëren met verschillende uiteenlopende bewegingen.
In mei 1936 nam de Parti agraire opnieuw deel aan de parlementsverkiezingen. Ditmaal kwam ze ook op in het Luikse arrondissement Verviers. Ze slaagde er weer niet in een vertegenwoordiger naar de Kamer of naar de Senaat te sturen. De verkiezingen van 1936 stonden in het teken van Rex. De Parti agraire sloot aanvankelijk samenwerking met Degrelle niet uit. Na de verkiezingen realiseerde de Parti agraire zich dat Rex stemmen haalde in groepen waar ook zij hoopte te scoren, namelijk in de rangen van misnoegde boeren en middenstanders. De houding tegenover Rex was sterk bekoeld eens ze dit besefte.
Op 22 oktober 1938 verscheen het laatste nummer van La Terre. De Parti agraire hield op te bestaan. Haar opvolger, het Front paysan, was ontstaan uit de nauwe samenwerking met het Vlaamse Boerenfront. Het Front paysan vormde het Waalse verlengstuk van dat Boerenfront. La Voix de la Terre was de publicatie van het Front paysan. Daarin werd de rechtsere toon van het Front paysan duidelijk. Dictaturen werden opgehemeld en men huldigde het leidersprincipe en orde en discipline werden hoog in het vaandel gedragen. Het Front paysan was nog verder naar rechts opgeschoven.
Onder de Duitse bezetting werd de redactie van La Voix de la Terre opzij geschoven en vervangen door auteurs van Le Pays réel, een Rexistisch weekblad. Het laatste nummer van La Voix de la Terre verscheen op 23 november 1940. Daarin werd de stopzetting gemeld van alle activiteiten van het Front paysan.
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mardi, 03 avril 2007
James B. M. Hertzog

James B. M. Hertzog
3 avril 1866 : Naissance à proximité de la ville de Wellington dans la Colonie du Cap de James Barry Munnik Hertzog, militaire et homme politique au service des Britanniques, qui devint Premier Ministre de l'Union Sud-Africaine entre 1924 et 1939. Face aux gouvernements de Londres, Hertzog a toujours défendu deux principes de base : primauté des intérêts sud-africains propres, même aux dépens de ceux de Londres, et la politique dite des “deux courants” (Two-Streams-Policy), où les deux communautés européennes d'Afrique du Sud, la Britannique et l'Afrikaander pourraient amorcer un développement séparé mais harmonieux, où ni la première ni la seconde ne domineraient l'autre de manière insupportable. Hertzog, juriste de formation, avait présidé la Haute Court de justice de l'Etat Libre d'Orange, pour ensuite devenir un organisateur hors pair de la guérilla des Boers contre les Britanniques. Après ce conflit sanglant, qui n'a certes pas doré le blason de l'Empire britannique, Hertzog fonde le "Orangia Unie Party", réclamant l'auto-détermination des colons de souche hollandaise, allemande et huguenote. Dans ce combat politique, il sauve de la disparition la langue afrikaander, en en faisant l'une des deux langues officielles de l'Union Sud-Africaine. En désaccord avec Louis Botha, il fonde en 1914, l'Afrikaander Nationalist Party, qui gagne rapidement le soutien de certaines strates de la population, parce qu'il s'oppose à la guerre contre l'Allemagne. Hertzog fait ensuite voter des lois pour protéger l'industrie sud-africaine contre la spéculation libérale et cosmopolite, dès qu'il accède au pouvoir en 1924, avec l'appui des travaillistes. Il oblige Londres à concéder la “Statut de Westminster” (1931), accordant aux républiques afrikaander le droit de faire sécession de l'Empire britannique. Il amorce également une politique équilibrée de “développement séparé” des Noirs et des Blancs, que dénonceront les extrémistes du “Purified Nationalist Party” de Daniel F. Malan, préconisant un apartheid pur et dur. En 1938, Hertzog triomphe aux élections et entend mener une politique de neutralité dans le conflit qui s'annonce en Europe. Mais Smuts, son allié, est pro-britannique et fait passer une motion qui condamne la neutralité; logique avec lui-même, Hertzog démissionne et devient le chef de file de l'opposition au nouveau gouvernement Smuts, allié aux extrémistes de Malan, qui, finalement, torpillent ses mesures de ségrégation tempérée. Il se retire, dégoûté, de la politique à la fin de l'année 1940. Il meurt à Pretoria le 21 novembre 1942.
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Armeniërs zonder land of een land zonder Armeniërs

Sita VREELING :
“Armeniërs zonder land of een land zonder Armeniërs”
De Belgische houding in de Volkenbond over de Armeense kwestie, 1919-1928
http://www.ethesis.net/armeniers/armeniers_inhoud.htm
Samenvatting :
De Armeense kwestie behelsde in de jaren ’20 meerdere aspecten. Het ging op de eerste plaats om een onafhankelijk Armenië, wat geen vanzelfsprekendheid was en aan de andere kant ging het om het vluchtelingenprobleem. Na de Armeense genocide van 1915 waren de overlevenden immers op de vlucht geslagen. Vandaag de dag betekent de Armeense kwestie iets heel anders, namelijk het erkennen van de Armeense massamoorden.
De Volkenbond leek tijdens het interbellum de ideale instelling om internationale kwesties te behandelen. De Volkenbond was in 1919 immers opgericht om te voorkomen dat er ooit nog oorlog zou zijn. Ook de Armeense problematiek werd als een zaak van internationaal belang behandeld, omdat het oplossen ervan als een essentiële stap werd gezien in het terugbrengen van de vrede in het Midden-Oosten. De Volkenbond probeerde Armenië eerst garanties te bieden om een eigen staat op te richten. Zijn onafhankelijkheid werd vastgelegd in het verdrag van Sèvres, gesloten op 10 augustus 1920 tussen de Geallieerden en Turkije. Maar de Volkenbond of zijn leden konden geen mandaat aannemen over Armenië om het land te beschermen. De mogendheden wilden geen investeringen doen die ze zelf broodnodig hadden om te herstellen van de Eerste Wereldoorlog.
Turkije weigerde het verdrag van Sèvres te ratificeren en samen met de Sovjet Unie bezette het de Armeense staat. De invloed van het overwonnen Turkije nam bovendien in 1922 toe door zijn zege in de Grieks-Turkse oorlog om Anatolië. De Turkse republiek wist zelfs de herziening van het verdrag van Sèvres af te dwingen. Het nieuwe verdrag dat gesloten werd in 1923 op de conferentie van Lausanne, hield geen rekening meer met de Armeense onafhankelijkheid.
Het was wel duidelijk dat de mogendheden liever toegevingen deden dan op ‘kleine’ kwesties als de Armeense onafhankelijkheid te blijven hameren. De Volkenbond probeerde zijn beloftes, om de Armeniërs een thuis te geven, waar te maken. Er werden verschillende pogingen ondernomen om een Nationaal thuis te creëren, maar uiteindelijk bleef dit beperkt tot de Sovjet republiek van Jerevan, waar een groot deel van de Armeense vluchtelingen terecht was gekomen.
Deze pogingen mislukten om verschillende redenen. Ten eerste beschikte de Volkenbond over te weinig kapitaal en moest het telkens beroep doen op zijn leden. De Volkenbond kon daarnaast ook nooit militair ingrijpen. Het had geen eigen troepenmacht (om tussenbeide te komen in conflicten of om de garantie te bieden dat verdragen werden uitgevoerd) en de mogendheden waren uiterst voorzichtig in het sturen van hun legers. Ten slotte was de Volkenbond een overlegorgaan. Hierdoor kon het jarenlang duren eer een voorstel aangenomen werd en uitgevoerd kon worden. Vaak werden kwesties doorgeschoven naar commissies, waar de Raad of de Vergadering later opnieuw over discussieerde.
Eigenlijk slaagde de Volkenbond er alleen in de vluchtelingen te helpen. Dit was vooral door toedoen van dokter Nansen, de Hoge Commissaris voor de Vluchtelingen. Dokter Nansen riep de leden van de Volkenbond meerdere malen op om financiële en materiële hulp te bieden aan de Armeniërs. Hij zorgde ervoor dat de staatsloze vluchtelingen een internationaal paspoort kregen en dat er een juridisch statuut voor de vluchtelingen werd geregeld. Toen het niet mogelijk bleek om alle vluchtelingen in de republiek van Jerevan onder te brengen, wist dokter Nansen samen met het Internationaal Arbeidsbureau duizenden vluchtelingen te plaatsen in andere (geïndustrialiseerde) landen en een nieuw thuis te geven.
Frappant is ook het voorbeeld van Cilicië. Duizenden Armeense vluchtelingen waren in deze regio bijeengebracht. Toen hun beschermer, Frankrijk, besloot om zich terug te trekken omdat ze hierover een verdrag had gesloten met Turkije, sloegen de Armeniërs nogmaals op de vlucht. Ze vreesden immers dat de Turken hen opnieuw zouden deporteren en uitmoorden. Dankzij de tussenkomst van België moest Frankrijk voor de Volkenbond uitleggen welke garanties het land had voorzien om de vluchtelingen te beschermen.
Als we kijken naar de houding van België zien we verschillende aspecten naar voren komen. Na de Eerste Wereldoorlog wijzigde het land zijn internationaal statuut. België wilde in de jaren ’20 meer zelfstandigheid verwerven in (internationale) politieke en economische aangelegenheden. Aan de ene kant hield België rekening met de Franse politiek, door het militaire akkoord van 1920. België werd meerdere malen aangesproken door de Armeense delegaties of door de Philarmeense comités. De Armeniërs vonden in België morele steun. Hadden ze immers niet beiden evenveel geleden tijdens de oorlog? Maar ook door hun gemeenschappelijk geloof ontstond een basis voor wederzijdse sympathie.
De positie van België in de Volkenbond tegenover de Armeense kwestie, was duidelijk. België sympathiseerde met de Armeniërs en zou, wanneer nodig, zijn stem verheffen om de Armeniërs te helpen. België had immers een morele stem verworven toen zijn neutraliteit werd geschonden tijdens de Eerste Wereldoorlog. België was eveneens bekommerd om zijn imago te handhaven in de internationale politiek. De Belgische regering probeerde de Armeniërs hulp te bieden op een manier die liefst zo weinig mogelijk zou kosten.
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dimanche, 01 avril 2007
Oppositions à Roosevelt

Robert STEUCKERS:
Les oppositions américaines à la guerre de Roosevelt
Analyse : Ronald RADOSH, Prophets on the Right. Profiles of Conservative Critics of American Globalism, Free Life Editions, New York, 1975 (ISBN : 0-914156-22-5).L’histoire des oppositions américaines à la seconde guerre mondiale est très intéressante. Elle nous initie aux idées des isolationnistes et neutralistes des Etats-Unis, seuls alliés objectifs et fidèles que nous pouvons avoir Outre-Atlantique, mis à part, bien entendu, les patriotes d’Amérique hispanique.
Aborder ce sujet implique de formuler quelques remarques préliminaires.
- L’histoire contemporaine est évaluée sous l’angle d’une propagande. Laquelle ? Celle qui a été orchestrée par les bellicistes américains, regroupés autour du Président Roosevelt. La tâche de l’histoire est donc de retrouver la réalité au-delà du rideau de fumée propagandiste.
- L’histoire contemporaine est déterminée par la perspective rooseveltienne où
a) les Etats-Unis sont l’avant-garde, la terre d’élection de la liberté et de la démocratie ;
b) les Etats-Unis doivent agir de façon à ce que le monde s’aligne sur eux.
c) Via leur idéologie messianique, interventionniste et mondialiste, les Etats-Unis se posent comme le bras armé de Yahvé, sont appelés à unir le monde sous l’autorité de Dieu. Leur président est le vicaire de Yahvé sur la Terre (et non plus le Pape de Rome).
Mais, pour s’imposer, cette idéologie messianique, interventionniste et mondialiste a eu des ennemis intérieurs, des adversaires isolationnistes, neutralistes et différentialistes. En effet, dans les années 30, 40 et 50, deux camps s’affrontaient aux Etats-Unis. En langage actualisé, on pourrait dire que les partisans du « village universel » se heurtaient aux partisans de l’ « auto-centrage ».
Quels ont été les adversaires du mondialisme de Roosevelt, outre le plus célèbre d’entre eux, le pilote Lindbergh, vainqueur de l’Atlantique. Nous en étudierons cinq :
1) Oswald Garrison VILLARD, éditeur du journal Nation, ancré à gauche, libéral et pacifiste.
2) John T. FLYNN, économiste et éditorialiste de New Republic, également ancré à gauche.
3) Le Sénateur Robert A. TAFT de l’Ohio, chef du Parti Républicain, surnommé « Mr. Republican».
4) Charles A. BEARD, historien progressiste.
5) Lawrence DENNIS, intellectuel étiqueté « fasciste », ancien diplomate en Amérique latine, notamment au Nicaragua et au Pérou.
Tous ces hommes avaient une biographie, un passé très différent. Dans les années 38-41, ils étaient tous isolationnistes. Dans les années 43-50, ils sont considérés comme « conservateurs » (c’est-à-dire adversaires de Roosevelt et de l’alliance avec l’URSS) ; de 1948 à 1953, ils refusent la logique de la Guerre Froide (défendue par la gauche sociale-démocrate après guerre).
Pourquoi cette évolution, qu’on ne comprend plus guère aujourd’hui ?
- D’abord parce que la gauche est favorable au « globalisme » ; à ses yeux les isolationnistes sont passéistes et les interventionnistes sont internationalistes et « progressistes ».
- Dans le sillage de la Guerre du Vietnam (autre guerre interventionniste), la gauche a changé de point de vue.
En effet, l’interventionnisme est synonyme d’impérialisme (ce qui est moralement condamnable pour la gauche hostile à la Guerre du Vietnam). L’isolationnisme relève du non-impérialisme américain, de l’anti-colonialisme officiel des USA, ce qui, dans le contexte de la Guerre du Vietnam, est moralement acceptable. D’où la gauche militante doit renouer avec une pensée anti-impérialiste. La morale est du côté des isolationnistes, même si un Flynn, par exemple, est devenu macchartyste et si Dennis a fait l’apologie du fascisme. Examinons les idées et les arguments de chacun de ces cinq isolationnistes.
Charles A. BEARD
Charles A. Beard est un historien qui a écrit 33 livres et 14 essais importants. Sa thèse centrale est celle du « déterminisme économique » ; elle prouve qu’il est un homme de gauche dans la tradition britannique de Mill, Bentham et du marxisme modéré. La structure politique et juridique, pour Beard, dérive de la stratégie économique. La complexification de l’économie implique une complexification du jeu politique par multiplication des acteurs. La Constitution et l’appareil légal sont donc le reflet des desiderata des classes dirigeantes. La complexification postule ensuite l’introduction du suffrage universel, pour que la complexité réelle de la société puisse se refléter correctement dans les représentations.
Beard sera dégoûté par la guerre de 1914-18.
1. Les résultats de cette guerre sont contraires à l’idéalisme wilsonien, qui avait poussé les Etats-Unis à intervenir. Après 1918, il y a davantage de totalitarisme et d’autoritarisme dans le monde qu’auparavant. La première guerre mondiale se solde par un recul de la démocratie.
2. Ce sont les investissements à l’étranger (principalement en France et en Grande-Bretagne) qui ont poussé les Etats-Unis à intervenir (pour sauver leurs clients de la défaite).
3. D’où le véritable remède est celui de l’autarcie continentale (continentalism).
4. Aux investissements à l’étranger, il faut opposer, dit Beard, des investissements intérieurs. Il faut une planification nationale. Il faut construire une bonne infrastructure routière aux Etats-Unis, il faut augmenter les budgets pour les écoles et les universités. Pour Beard, le planisme s’oppose au militarisme. Le militarisme est un messianisme, essentiellement porté par la Navy League, appuyée jadis par l’Amiral Mahan, théoricien de la thalassocratie. Pour Beard, l’US Army ne doit être qu’un instrument défensif.
Beard est donc un économiste et un théoricien politique qui annonce le New Deal de Roosevelt. Il est donc favorable au Président américain dans un premier temps, parce que celui-ci lance un gigantesque plan de travaux d’intérêt public. Le New Deal, aux yeux de Beard est une restructuration complète de l’économie domestique américaine. Beard raisonne comme les continentalistes et les autarcistes européens et japonais (notamment Tojo, qui parle très tôt de « sphère de co-prospérité est-asiatique »). En Allemagne, cette restructuration autarcisante préconisée par le premier Roosevelt suscite des enthousiasmes et apporte de l’eau au moulin des partisans d’un nouveau dialogue germano-américain après 1933.
Le programme « Big Navy »
Mais Roosevelt ne va pas pouvoir appliquer son programme, parce qu’il rencontrera l’opposition des milieux bancaires (qui tirent plus de dividendes des investissements à l’étranger), du complexe militaro-industriel (né pendant la première guerre mondiale) et de la Ligue Navale. Pour Beard, le programme « Big Navy » trahit l’autarcie promise par le New Deal.
Le programme « Big Navy » provoquera une répétition de l’histoire. Roosevelt prépare la guerre et la militarisation des Etats-Unis, déplore Beard. En 1934, éclate le scandale Nye. Une enquête menée par le Sénateur Gerald Nye prouve que le Président Wilson, le Secrétaire d’Etat Lansing et le Secrétaire d’Etat au Trésor Gibbs McAdoo, le Colonel House et les milieux bancaires (notamment la J.P. Morgan & Co) ont délibérément poussé à la guerre pour éviter une crise, une dépression. Résultat : cette dépression n’a été postposée que de dix ans (1929). Donc la politique raisonnable serait de décréter un embargo général à chaque guerre pour que les Etats-Unis ne soient pas entraînés aux côtés d’un des belligérants.
En 1937, Roosevelt prononce son fameux « Discours de Quarantaine », où il annonce que Washington mettra les « agresseurs » en quarantaine. En appliquant préventivement cette mesure de rétorsion aux seuls agresseurs, Roosevelt opère un choix et quitte le terrain de la neutralité, constate Beard. En 1941, quand les Japonais attaquent Pearl Harbour, le matin du 7 décembre 1941, Beard révèle dans la presse que Roosevelt a délibérément obligé le Japon à commettre cet irréparable acte de guerre. De 1941 à 1945, Beard admettra la nature « expansionniste » de l’Allemagne, de l’Italie et du Japon, mais ne cessera d’exhorter les Etats-Unis à ne pas suivre cet exemple, parce que les Etats-Unis sont « self-suffisant » et que l’agressivité de ces Etats n’est pas directement dirigée contre eux. Ensuite, deuxième batterie d’arguments, la guerre désintègre les institutions démocratiques américaines. On passe d’une démocratie à un césarisme à façade démocratique.
Beard accuse le gouvernement américain de Roosevelt de chercher à entrer en guerre à tout prix contre le Japon et l’Allemagne. Son accusation porte notamment sur quatre faits importants :
1. Il dénonce l’échange de destroyers de fabrication américaine contre des bases militaires et navales anglaises dans les Caraïbes et à Terre-Neuve (New Foundland).
2. Il dénonce la « Conférence de l’Atlantique », tenue entre le 9 et le 12 août 1941 entre Churchill et Roosevelt. Elles ont débouché sur un acte de guerre au détriment du Portugal neutre : l’occupation des Açores par les Américains et les Britanniques.
3. Il dénonce l’incident de septembre 1941, où des navires allemands ripostent aux tirs de l’USS Greer. Beard prétend que Roosevelt monte l’incident en épingle et il appuie son argumentation sur le rapport de l’Amiral Stark, prouvant l’intervention du navire aux côtés des Anglais.
4. En octobre 1941, un incident similaire oppose des bâtiments de la Kriegsmarine à l’USS Kearny. Roosevelt amplifie l’événement avec l’appui des médias. Beard rétorque en s’appuyant sur le rapport du Secrétaire de la Navy Knox, qui révèle que le navire américain a pris une part active aux combats opposants bâtiments anglais et allemands.
Une stratégie de provocation
Beard conclut que la stratégie de Roosevelt cherche à provoquer délibérément un incident, un casus belli. Cette attitude montre que le Président ne respecte pas les institutions américaines et ne suit pas la voie hiérarchique normale, qui passe par le Congrès. La démocratie américaine n’est plus qu’une façade : l’Etat US est devenu césariste et ne respecte plus le Congrès, organe légitime de la nation.
Il est intéressant de noter que la gauche américaine récupèrera Beard contre Johnson pendant la guerre du Vietnam. De Roosevelt à Johnson, la gauche américaine a en effet changé du tout au tout, modifié de fond en comble son argumentation ; elle était favorable à Roosevelt parce qu’il était l’impulseur du New Deal, avec toutes ses facettes sociales et dirigistes, et qu’il fut le leader de la grande guerre « anti-fasciste ». Elle cesse de soutenir l’option présidentialiste contre le démocrate Johnson, redevient favorable au Congrès, parce qu’elle s’oppose à la guerre du Vietnam et à l’emprise des lobbies militaro-industriels. En fait, la gauche américaine avouait dans les années 60 qu’elle avait été autoritaire, bouclier de l’autocratie rooseveltienne et anti-parlementaire (tout en reprochant aux fascistes de l’être !). Pire, la gauche avouait qu’elle avait été « fasciste » par « anti-fascisme » !
Dans une première phase donc, la gauche américaine avait été interventionniste. Dans une seconde, elle devient isolationniste. Cette contradiction s’est (très) partiellement exportée vers l’Europe. Cette mutation, typiquement américaine, fait la spécificité du paysage politique d’Outre-Atlantique.
Mettre le Japon au pied du mur…
Intéressantes à étudier sont également les positions de Beard sur la guerre américaine contre le Japon. Beard commence par constater que le Japon voulait une « sphère de co-prospérité est-asiatique », incluant la Chine et étendant l’influence japonaise profondément dans le territoire de l’ex-Céleste Empire. Pour cette raison, croyant contrarier l’expansion nippone, Roosevelt organise l’embargo contre le Japon, visant ainsi son asphyxie. En pratiquant une telle politique, le Président américain a mis le Japon au pied du mur : ou périr lentement ou tenter le tout pour le tout. Le Japon, à Pearl Harbour, a choisi le deuxième terme de l’alternative. L’enjeu de la guerre américano-japonaise est donc le marché chinois, auquel les Etats-Unis ont toujours voulu avoir un accès direct. Les Etats-Unis veulent une politique de la « porte ouverte » dans toute l’Asie, comme ils avaient voulu une politique identique en Allemagne sous Weimar. Dans la polémique qui l’oppose à Roosevelt, Beard se range du côté de Hoover, dont la critique à du poids. Beard et Hoover pensent que l’action du Japon en Chine n’enfreint nullement la souveraineté nationale américaine, ni ne nuit aux intérêts des Etats-Unis. Ceux-ci n’ont pas à s’inquiéter : jamais les Japonais ne parviendront à japoniser la Chine.
Après la deuxième guerre mondiale, Beard ne cessera de s’opposer aux manifestations de bellicisme de son pays. Il critique la politique de Truman. Il refuse la bipolarisation, telle qu’elle s’incruste dans les machines propagandistes. Il critique l’intervention américaine et britannique en Grèce et en Turquie. Il critique la recherche d’incidents en Méditerranée. Il rejette l’esprit de « croisade », y compris quand il vise le monde communiste.
En conclusion, Beard est resté pendant toute sa vie politique un partisan de l’autarcie continentale américaine et un adversaire résolu du messianisme idéologique. Beard n’était ni anti-fasciste ni anti-communiste : il était un autarciste américain. L’anti-fascisme et l’anti-communisme sont des idées internationalistes, donc désincarnées et irréalistes.
Oswald Garrison VILLARD
Né en 1872, Oswald Garrison Villard est un journaliste new-yorkais très célèbre, offrant sa prose précise et claire à deux journaux, Post et Nation, propriétés de son père. L’arrière-plan idéologique de Villard est le pacifisme. Il se fait membre de la Ligue anti-impérialiste dès 1897. En 1898, il s’oppose à la guerre contre l’Espagne (où celle-ci perd Cuba et les Philippines). Il estime que la guerre est incompatible avec l’idéal libéral de gauche. En 1914, il est l’un des principaux avocats de la neutralité. De 1915 à 1918, il exprime sa déception à l’égard de Wilson. En 1919, il s’insurge contre les clauses du Traité de Versailles : la paix est injuste donc fragile, car elle sanctionne le droit du plus fort, ne cesse-t-il de répéter dans ses colonnes. Il s’oppose à l’intervention américaine contre la Russie soviétique, au moment où Washington débarque des troupes à Arkhangelsk. De 1919 à 1920, il se félicite de l’éviction de Wilson, de la non-adhésion des Etats-Unis à la SdN. Il apporte son soutien au néo-isolationnisme.
De 1920 à 1930, Villard modifie sa philosophie économique. Il évolue vers le dirigisme. En 1924, il soutient les initiatives du populiste LaFollette, qui voulait que soit inscrite dans la constitution américaine l’obligation de procéder à un référendum avant toute guerre voire avant toute opération militaire à l’étranger. Villard souhaite également la création d’un « Third Party », sans l’étiquette socialiste, mais dont le but serait d’unir tous les progressistes.
En 1932, Franklin Delano Roosevelt arrive au pouvoir. Villard salue cette accession à la présidence, tout comme Beard. Et comme Beard, il rompra plus tard avec Roosevelt car il refusera sa politique extérieure. Pour Villard, la neutralité est un principe cardinal. Elle doit être une obligation (compulsory neutrality). Pendant la Guerre d’Espagne, la gauche (dont son journal Nation, où il devient une exception) soutient les Républicains espagnols (comme Vandervelde au POB). Lui, imperturbable, plaide pour une neutralité absolue (comme Spaak et De Man au POB). La gauche et Roosevelt veulent décréter un embargo contre les « agresseurs ». Villard, à l’instar de Beard, rejette cette position qui interdit toute neutralité absolue.
Plus de pouvoir au Congrès
Les positions de Villard permettent d’étudier les divergences au sein de la gauche américaine. En effet, dans les années 30, le New Deal s’avère un échec. Pourquoi ? Parce que Roosevelt doit subir l’opposition de la « Cour Suprême » (CS), qui est conservatrice. Villard, lui, veut donner plus de pouvoir au Congrès. Comment réagit Roosevelt ? Il augmente le nombre de juges dans la CS et y introduit ainsi ses créatures. La gauche applaudit, croyant ainsi pouvoir réaliser les promesses du New Deal. Villard refuse cet expédient car il conduit au césarisme. La gauche reproche à Villard de s’allier aux conservateurs de la CS, ce qui est faux puisque Villard avait suggéré d’augmenter les prérogatives du Congrès.
Dans cette polémique, la gauche se révèle « césariste » et hostile au Congrès. Villard reste fidèle à une gauche démocratique et parlementaire, pacifiste et autarciste. Villard ne « trahit » pas. Ce clivage conduit à une rupture entre Villard et la rédaction de Nation, désormais dirigée par Freda Kirchwey. En 1940, Villard quitte Nation après 46 ans et demi de bons et loyaux services, accusant Kirchwey de « prostituer » le journal. Cette « prostitution » consiste à rejeter le principe autarcique et à adhérer à l’universalisme (messianique). Villard va alors contre-attaquer :
1. Il va rappeler qu’il est un avocat du Congrès, donc qu’il est démocrate et non philo-fasciste.
2. Il va également rappeler qu’il s’est opposé aux conservateurs de la CS.
3. Il va affirmer que c’est l’amateurisme de Roosevelt qui a conduit le New Deal à l’échec.
4. Il démontre qu’en soutenant Roosevelt, la gauche devient « fasciste » parce qu’elle contribue à museler le Congrès.
Ni le Japon ni l’Allemagne n’en veulent aux Etats-Unis, écrit-il, donc nul besoin de leur faire la guerre. L’objectif raisonnable à poursuivre, répète-t-il, est de juxtaposer sur la planète trois blocs modernes autarciques et hermétiques : l’Asie sous la direction du Japon, l’Europe et l’Amérique. Il rejoint l’America-First-Committee qui affirme que si les Etats-Unis interviennent en Asie et en Europe, le chaos s’étendra sur la Terre et les problèmes non résolus s’accumuleront.
Villard n’épargnera pas la politique de Truman et la criblera de ses critiques. Dans ses éditoriaux, Truman est décrit comme un « politicien de petite ville incompétent », monté en épingle par Roosevelt et sa « clique ». Villard critiquera le bombardement atomique de Hiroshima et de Nagasaki. Il s’opposera au Tribunal de Nuremberg, aux Américains cherchant à favoriser la mainmise de la France sur la Sarre, à tous ceux qui veulent morceler l’Allemagne. Villard sera ensuite un adversaire de la Guerre Froide, s’insurgera contre la partition de la Corée et contre la création de l’OTAN.
Robert A. TAFT
Le père de Robert A. Taft fut pendant un moment de sa vie Président de la CS. Le milieu familial était celui des Républicains de vieille tradition. Robert A. Taft exerce ses premières activités politiques dans le sillage de Herbert Hoover et collabore à son « Food Programm ». En 1918, il est élu en Ohio. En 1938, il devient Sénateur de cet Etat. Dès cette année, il s’engage à fond dans le combat pour la « non-intervention ». Toute politique, selon lui, doit être défensive. Il fustige les positions « idéalistes » (c’est-à-dire irréalistes), des messianistes démocrates. « Il faut défendre du concret et non des abstractions », tel est son leitmotiv. La guerre, dit-il, conduirait à museler le Congrès, à faire reculer les gouvernements locaux, à renforcer le gouvernement central. Même si l’Allemagne gagne, argumente-t-il, elle n’attaquera pas les Etats-Unis et la victoire éventuelle du Reich n’arrêterait pas les flux commerciaux. D’où, affirme Taft, il faut à tout prix renforcer le « Neutrality Act », empêcher les navires américains d’entrer dans les zones de combat, éviter les incidents et décréter un embargo général, mais qui permet toutefois le système de vente « cash-and-carry » (« payer et emporter »), à appliquer à tous les belligérants sans restriction. Taft est réaliste : il faut vendre tous les produits sans exception. Nye, Sénateur du North Dakota, et Wheeler, Sénateur du Montana, veulent un embargo sur les munitions, les armes et le coton.
« Lend-Lease » et « cash-and-carry »
Taft ne sera pas candidat républicain aux élections présidentielles car l’Est vote contre lui ; il ne bénéficie que de l’appui de l’Ouest, hostile à la guerre en Europe. Il s’opposera à la pratique commerciale du « Lend-Lease », car cela implique d’envoyer des convois dans l’Atlantique et provoque immanquablement des incidents. En juillet 1941, la nécessité de protéger les convois aboutit à l’occupation de l’Islande. Taft formule une contre-proposition : au « Lend-Lease », il faut substituer le « cash-and-carry », ce qui n’empêche nullement de produire des avions pour la Grande-Bretagne. En juin 1941, la gauche adhère à une sorte de front international anti-fasciste, à l’instigation des communistes (visibles et camouflés). Taft maintient sa volonté de neutralité et constate que la majorité est hostile à la guerre. Seule une minorité de financiers est favorable au conflit. Taft martèle alors son idée-force : le peuple travailleur de l’Ouest est manipulé par l’oligarchie financière de l’Est.
Dans le cadre du parti Républicain, Taft lutte également contre la fraction interventionniste. Son adversaire principal est Schlesinger qui prétend que les isolationnistes provoquent un schisme à l’intérieur du parti, qui risque de disparaître ou d’être exclu du pouvoir pendant longtemps. Dans cette lutte, que s’est-il passé ? Les interventionnistes républicains, rangés derrière Wendell Willkie, chercheront l’alliance avec la droite démocratique de Roosevelt, pour empêcher les Républicains de revenir au pouvoir. De 1932 à 1948, les Républicains seront marginalisés. Une telle configuration avait déjà marqué l’histoire américaine : le schisme des Whigs en 1858 sur la question de l’esclavage (qui a débouché ensuite sur la Guerre de Sécession).
Pour Schlesinger, les capitalistes, les conservateurs et la CS sont hostiles à Roosevelt et au New Deal, qu’ils estiment être une forme de socialisme. Taft rétorque que les ploutocrates et les financiers se sont alliés aux révolutionnaires, hostiles à la CS, car celle-ci est un principe étatique éternel, servant la cause du peuple, celui de la majorité généralement silencieuse. Les ploutocrates sont favorables au bellicisme de Roosevelt, parce qu’ils espèrent conquérir des marchés en Europe, en Asie et en Amérique latine. Telle est la raison de leur bellicisme.
Tant Schlesinger que Taft rejettent la responsabilité sur les capitalistes ou les financiers (les « ploutocrates » comme on disait à l’époque). La différence, c’est que Schlesinger dénonce comme capitalisme le capital producteur enraciné (investissements), alors que Taft dénonce le capital financier et vagabond (non-investissement).
Contre l’idée de « Croisade »
Quand les Japonais bombardent Pearl Harbour le 7 décembre 1941 et y détruisent les bâtiments de guerre qui s’y trouvent, la presse, unanime, se moque de Taft et de ses principes neutralistes. La stratégie japonaise a été de frapper le port hawaïen, où ne stationnaient que de vieux navires pour empêcher la flotte de porter secours aux Philippines, que les Japonais s’apprêtaient à envahir, avant de foncer vers les pétroles et le caoutchouc indonésiens. Taft rétorque qu’il aurait fallu négocier et accuse Roosevelt de négligence tant aux Iles Hawaï qu’aux Philippines. Il ne cesse de critiquer l’idée de croisade. Pourquoi les Etats-Unis seraient-ils les seuls à pouvoir déclencher des croisades ? Pourquoi pas Staline ? Ou Hitler ? L’idée et la pratique de la « croisade » conduit à la guerre perpétuelle, donc au chaos. Taft dénonce ensuite comme aberration l’alliance entre les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’URSS (chère à Walter Lippmann). A cette alliance, il faut substituer des plans régionaux, regrouper autour de puissances hégémoniques les petits Etats trop faibles pour survivre harmonieusement dans un monde en pleine mutation d’échelle.
Taft s’opposera à Bretton Woods (1944), aux investissements massifs à l’étranger et à la création du FMI. Il manifestera son scepticisme à l’endroit de l’ONU (Dumbarton Oaks, 1944). Il y est favorable à condition que cette instance devienne une cour d’arbitrage, mais refuse tout renforcement de l’idéologie utopiste. Après la guerre Taft s’opposera à la Doctrine Truman, à la création de l’OTAN, au Plan Marshall et à la Guerre de Corée. En 1946, Churchill prononce sa phrase célèbre (« Nous avons tué le mauvais cochon », celui-ci étant Hitler, le « bon cochon » sous-entendu et à tuer étant Staline) et déplore qu’un « rideau de fer » soit tombé de Stettin à l’Adriatique, plongeant l’Ostmitteleuropa dans des « régimes policiers ». Taft, conservateur « vieux-républicain », admet les arguments anti-communistes, mais cette hostilité légitime sur le plan des principes ne doit pas conduire à la guerre dans les faits.
Taft s’oppose à l’OTAN parce qu’elle est une structure interventionniste, contraire aux intérêts du peuple américain et aux principes d’arbitrage qui devraient être ceux de l’ONU. En outre, elle sera un gouffre d’argent. Vis-à-vis de l’URSS, il modifie quelque peu son jugement dès que Moscou se dote de la Bombe A. Il appuie toutefois Joe Kennedy (père de John, Robert/Bob et Ted) quand celui-ci réclame le retrait des troupes américaines hors de Corée, de Berlin et d’Europe. Taft est immédiatement accusé de « faire le jeu de Moscou », mais il reste anti-communiste. En réalité, il demeure fidèle à ses positions de départ : il est un isolationniste américain, il constate que le Nouveau Monde est séparé de l’Ancien et que cette séparation est une donnée naturelle, dont il faut tenir compte.
John T. FLYNN
John T. Flynn peut être décrit comme un « New Dealer » déçu. Beard et Villard avaient également exprimé leurs déceptions face à l’échec de la restructuration par Roosevelt de l’économie nord-américaine. Flynn dénonce très tôt la démarche du Président consistant à se donner des « ennemis mythique » pour dévier l’attention des échecs du New Deal. Il critique la mutation des communistes américains, qui deviennent bellicistes à partir de 1941. Les communistes, dit-il, trahissent leurs idéaux et utilisent les Etats-Unis pour faire avancer la politique soviétique.
Flynn était proche malgré lui des milieux fascisants (et folkloriques) américains (Christian Front, German-American Bund, l’American Destiny Party de Joseph McWilliams, un antisémite). Mais le succès de Lindbergh et de son America-First-Committee l’intéresse. Après la guerre, il critiquera les positions de la Fabian Society (qu’il qualifie de « socialisme fascisant ») et plaidera pour un gouvernement populaire, ce qui l’amène dans le sillage de McCarthy. Dans cette optique, il fait souvent l’équation « communisme = administration », arguant que l’organisation de l’administration aux Etats-Unis a été introduite par Roosevelt et parachevée par Truman. Mais, malgré cette proximité avec l’anti-communisme le plus radical, Flynn reste hostile à la guerre de Corée et à toute intervention en Indochine, contre les communistes locaux.
Lawrence DENNIS
Né en 1893 à Atlanta en Géorgie, Lawrence Dennis étudie à la Philips Exeter Academy et à Harvard. Il sert son pays en France en 1918, où il accède au grade de lieutenant. Après la guerre, il entame une carrière de diplomate qui l’emmène en Roumanie, au Honduras, au Nicaragua (où il observe la rébellion de Sandino) et au Pérou (au moment où émerge l’indigénisme péruvien). Entre 1930 et 1940, il joue un rôle intellectuel majeur. En 1932, paraît son livre Is Capitalism Doomed ? C’est un plaidoyer planiste, contre l’extension démesurée des crédits, contre l’exportation de capitaux, contre le non-investissement qui préfère louer l’argent que l’investir sur place et génère ainsi le chômage. Le programme de Dennis est de forger une fiscalité cohérente, de poursuivre une politique d'investissements créateurs d’emploi et de développer une autarcie américaine. En 1936, un autre ouvrage suscite le débat : The Coming American Fascism. Ce livre constate l’échec du New Deal, à cause d’une planification déficiente. Il constate également le succès des fascismes italien et allemand qui, dit Dennis, tirent les bonnes conclusions des théories de Keynes. Le fascisme s’oppose au communisme car il n’est pas égalitaire et le non-égalitarisme favorise les bons techniciens et les bons gestionnaires (les « directeurs », dira Burnham).
Il y a une différence entre le « fascisme » (planiste) tel que le définit Dennis et le « fascisme » rooseveltien que dénoncent Beard, Villard, Flynn, etc. Ce césarisme/fascisme rooseveltien se déploie au nom de l’anti-fascisme et agresse les fascismes européens.
En 1940, un troisième ouvrage de Dennis fait la une : The Dynamics of War and Revolution. Dans cet ouvrage, Dennis prévoit la guerre, qui sera une « guerre réactionnaire ». Dennis reprend la distinction des Corradini, Sombart, Haushofer et Niekisch, entre « nations prolétariennes » et « nations capitalistes » (haves/havenots). La guerre, écrit Dennis, est la réaction des nations capitalistes. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, nations capitalistes, s’opposeront à l’Allemagne, l’Italie et l’URSS, nations prolétariennes (le Pacte germano-soviétique est encore en vigueur et Dennis ignore encore qu’il sera dissous en juin 1941). Mais The Dynamics of War and Revolution constitue surtout une autopsie du monde capitaliste américain et occidental. La logique capitaliste, explique Dennis, est expansive, elle cherche à s’étendre et, si elle n’a pas ou plus la possibilité de s’étendre, elle s’étiole et meurt. D’où le capitalisme cherche constamment des marchés, mais cette recherche ne peut pas être éternelle, la Terre n’étant pas extensible à l’infini. Le capitalisme n’est possible que lorsqu’il y a expansion territoriale. De là, naît la logique de la « frontière ». Le territoire s’agrandit et la population augmente. Les courbes de profit peuvent s’accroître, vu la nécessité d’investir pour occuper ou coloniser ces territoires, de les équiper, de leur donner une infrastructure, et la nécessité de nourrir une population en phase d’explosion démographique. Historiquement parlant, cette expansion a eu lieu entre 1600 et 1900 : les peuples blancs d’Europe et d’Amérique avaient une frontière, un but à atteindre, des territoires à défricher et à organiser. En 1600, l’Europe investit le Nouveau Monde ; de 1800 à 1900, les Etats-Unis ont leur Ouest ; l’Europe s’étend en Afrique.
L’ère capitaliste est terminée
Conclusion de Dennis : l’ère capitaliste est terminée. Il n’y aura plus de guerres faciles possibles, plus d’injection de conjoncture par des expéditions coloniales dotées de faibles moyens, peu coûteuses en matières d’investissements, mais rapportant énormément de dividendes. Cette impossibilité de nouvelles expansions territoriales explique la stagnation et la dépression. Dès lors, quatre possibilités s’offrent aux gouvernants :
1. Accepter passivement la stagnation ;
2. Opter pour le mode communiste, c’est-à-dire pour la dictature des intellectuels bourgeois qui n’ont plus pu accéder au capitalisme ;
3. Créer un régime directorial, corporatiste et collectiviste, sans supprimer l’initiative privée et où la fonction de contrôle politique-étatique consiste à donner des directives efficaces ;
4. Faire la guerre à grande échelle, à titre de palliatif.
Dennis est favorable à la troisième solution et craint la quatrième (pour laquelle opte Roosevelt). Dennis s’oppose à la seconde guerre mondiale, tant dans le Pacifique que sur le théâtre européen. Plus tard, il s’opposera aux guerres de Corée et du Vietnam, injections de conjoncture semblables, visant à détruire des matériels pour pouvoir en reconstruire ou pour amasser des dividendes, sur lesquels on spéculera et que l’on n’investira pas. Pour avoir pris de telles positions, Dennis sera injurié bassement par la presse du système de 1945 à 1955, mais il continue imperturbablement à affiner ses thèses. Il commence par réfuter l’idée de « péché » dans la pratique politique internationale : pour Dennis, il n’y a pas de « péché fasciste » ou de « péché communiste ». L’obsession américaine de pratiquer des politiques de « portes ouvertes » (open doors policy) est un euphémisme pour désigner le plus implacable des impérialismes. La guerre froide implique des risques énormes pour le monde entier. La guerre du Vietnam, son enlisement et son échec, montrent l’inutilité de la quatrième solution. Par cette analyse, Dennis a un impact incontestable sur la pensée contestatrice de gauche et sur la gauche populiste, en dépit de son étiquette de « fasciste ».
En 1969, dans Operational Thinking for Survival, Dennis offre à ses lecteurs sa somme finale. Elle consiste en une critique radicale de l’American Way of Life.
Conclusion
Nous avons évoqué cinq figures d’opposants américains à Roosevelt. Leurs arguments sont similaires, en dépit de leurs diverses provenances idéologiques et politiques. Nous aurions pu comparer leurs positions à celles de dissidents américains plus connus en Europe comme Lindbergh ou Ezra Pound, ou moins connus comme Hamilton Fish. Nous aurions pu également analyser les travaux de Hoggan, historien contemporain non conformiste, soulignant les responsabilités britanniques et américaines dans le deuxième conflit mondial et exposant minutieux des positions de Robert LaFollette. Enfin, nous aurions pu analyser plus en profondeur l’aventure politique de cet homme politique populiste des années 20, leader des « progressistes ». Leur point commun à tous : la volonté de maintenir une ligne isolationniste, de ne pas intervenir hors du Nouveau Monde, de maximiser le développement du territoire des Etats-Unis. 80% de la population les a suivis. Les intellectuels étaient partagés.
L’aventure de ces hommes nous montre la puissance de la manipulation médiatique, capable de retourner rapidement l’opinion de 80% de la population américaine et de les entraîner dans une guerre qui ne les concernait nullement. Elle démontre aussi l’impact des principes autarciques, devant conduire à une juxtaposition dans la paix de grands espaces autonomisés et auto-suffisants. En Europe, ce type de débat est délibérément ignoré en dépit de son ampleur et de sa profondeur, l’aventure intellectuelle et politique de ces Américains non conformistes est désormais inconnue et reste inexplorée.
Une étude de cette problématique interdit toute approche manichéenne. On constate que dans la gauche américaine (comme dans une certaine droite, celle de Taft, p. ex.), l’hostilité à la guerre contre Hitler et le Japon implique, par une logique implacable et constante, l’hostilité ultérieure à la guerre contre Staline, l’URSS, la Corée du Nord ou le Vietnam d’Ho Chi Minh. Dans l’espace linguistique francophone, il semble que les non-conformismes (de droite comme de gauche) n’aient jamais tenu compte de l’opposition intérieure à Roosevelt, dont la logique est d’une clarté et d’une limpidité admirables. Navrante myopie politique…
Robert STEUCKERS.
(Conférence prononcée à Ixelles à la Tribune de l’EROE en 1986, sous le patronage de Jean E. van der Taelen ; texte non publié jusqu’ici).
06:20 Publié dans Affaires européennes, Géopolitique, Histoire, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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mardi, 27 mars 2007
Aux sources de l'européisme contemporain
Robert Steuckers:
Les visions d'Europe à l'époque napoléonienne
Aux sources de l'européisme contemporain
Les visions d'une Europe unifiée et autarcique ne datent pas de Locarno et d'Aristide Briand, ni de la seconde guerre mondiale ni des pères fondateurs des communautés européennes. Elles ont eu des antécédents dès l'âge de la philosophie des Lumières. Bon nombre de conceptions se sont précisées à l'époque napoléonienne.
L'Europe dans l'optique des philosophes des Lumières est:
× un espace de ³civilisation² et de ³bon goût²;
× une civilisation marquée par le déclin et l'inadaptation (due à l'industrie montante);
× une civilisation où la raison décline;
× une civilisation marquée par la gallomanie et déstabilisée par les réactions nationales face à cette gallomanie omniprésente.
Les philosophes des Lumières considèrent déjà que l'Europe est coincée entre la Russie et l'Amérique. Ils se partagent entre russophiles et russophobes.. Tous estiment toutefois que l'Amérique est une Nouvelle Europe, une Europe remise en chantier au-delà de l'Atlantique et où de multiples possibilités sont en jachère.
Les ³Lumières² et Herder
Dans le cadre de la philosophie des Lumières et de la gallomanie ambiante, Herder développe une vision critique de la situation intellectuelle en Europe et réfléchit en profondeur sur le sens de l'individualité historique des constructions collectives, fruits de longues maturations, ciselées et façonnées par le temps. Il jette les bases d'une critique positive de la gallomanie, comme culte artificiel des styles gréco-romains imités, à l'exclusion de tous les autres, notamment du gothique médiéval. Rousseau abonde dans le même sens, voit l'histoire comme une dialectique harmonieuse entre les nations et l'universel, mais estime que l'Europe en déclin, derrière les façades néo-classiques du XVIIIième siècle, est moralement condamnable car perverse et corrompue. Herder veut réhabiliter les cultures populaires plus enracinées, faire revivre les cultures autochtones que les processus d'urbanisation et de rationalisation, propres de la civilisation, ont marginalisées ou taraudées. Pour lui, l'Europe est une famille de nations (de peuples). Contrairement à Rousseau, il estime que l'Europe n'est pas condamnable en soi, mais qu'elle doit se ressaisir et ne pas exporter en Russie et en Amérique l'européisme abstrait au vernis gréco-romain, expression d'une artificialité sans racines permettant toutes les manipulations et engendrant le despotisme. Herder connaît l'Europe physiquement et charnellement pour avoir voyagé de Riga à Nantes, pérégrinations sur lesquelles il nous a laissé un journal fourmillant d'observations pertinentes sur l'état des mentalités au XVIIIième. Il compare avec minutie les cultures régionales des pays qu'il traverse, pose une série de diagnostics, mêlant constats de déclin et espoirs de guérison ‹la guérison d'un peuple passant par la résurrection de sa langue, de ses traditions et des racines de sa littérature. Sur base de cette expérience vécue, il veut faire des Pays Baltes, sa patrie, et de l'Ukraine (avec la Crimée) l'atelier d'une Europe rénovée, tout à la fois
× respectueuse des modèles grecs classiques (mais surtout homériques; Herder réhabilite pleinement la Grèce homérique, donnant l'impulsion aux recherches philologiques ultérieures) et
× fidèle à ses héritages non grecs et non romains, médiévaux et barbares (slaves ou germaniques).
Cette Europe rénovée se forgera par le truchement d'un système d'éducation nouveau, nettement plus attentif que ces prédécesseurs aux racines les plus anciennes des choses, des entités politiques, du droit, de l'histoire charnelle des peuples, etc. Dans ce sens, l'Europe espérée par Herder doit être, non pas une société d'Etats-personnes, mais une COMMUNAUTÉ DE PERSONNALITÉS NATIONALES.
Après les troubles et les bouleversements de la Révolution française, après la prise du pouvoir par Napoléon Bonaparte, bon nombre d'observateurs politiques européens commencent à percevoir l'Europe comme un BLOC CONTINENTAL (Bertrand de Jouvenel sortira un maître ouvrage sur cette thématique). Avec le blocus continental, l'idée d'une autarcie économique européenne prend corps progressivement. Elle a surtout des exposants français, mais aussi beaucoup de partisans allemands, comme Dalberg, Krause ou le poète Jean Paul (dont l'héritier direct au 20ième siècle sera un autre poète, Rudolf Pannwitz; cf. Robert Steuckers, "Rudolf Pannwitz: ³Mort de la Terre², Imperium europæum et conservation créatrice", in Nouvelles de Synergies Européennes, n°19, avril 1996).
Le Baron von Aretin
Le Baron von Aretin (1733-1824), Bavarois se revendiquant d'un héritage celtique, sera un partisan de Napoléon, en qui il voit un champion de la romanité et de la catholicité en lutte contre le ³borussisme², l'³anglicisme² et le ³protestantisme². Cependant, des protestants allemands développeront à leur tour un européisme pro-napoléonien, non pas au nom d'un mélange idéologique de celtitude, de romanité et de catholicisme, mais au nom de l'idéal protestant qui consiste à s'opposer systématiquement à toute puissance universelle, comme entend l'être la thalassocratie britannique. Le protestantisme, dans cette optique, s'est dressé hier contre les prétentions universalistes de l'Eglise de Rome; il se dresse aujourd'hui non plus contre l'universalisme de la Révolution et du Code Napoléon, mais contre l'universalisme économique de la thalassocratie anglaise. Cet idéal, à la fois protestant et européiste, se retrouvait essentiellement dans la bourgeoisie négociante d'Allemagne du Nord (Brème, Hambourg, mais aussi Anvers). Pour cette catégorie d'hommes, il s'agissait de briser les monopoles anglais et de les remplacer par des monopoles européens (ils préfigurent ainsi les théories de l'économiste List). L'objectif était l'éclosion d'une industrie autochtone européenne, capable de se développer sans la concurrence des produits coloniaux anglais, vendus à bas prix.
Le mémorandum de Theremin
Parmi les autres théoriciens allemands de l'autarcie et de l'indépendance continentale européenne, citons le Prussien Theremin, qui, dans son memorandum de 1795 (Des intérêts des puissances continentales relativement à l'Angleterre), constate que l'Angleterre colonise commercialement l'Europe et les Indes et qu'elle constitue de la sorte un despotisme maritime (Theremin est clairement un précurseur du géopolitologue Haushofer). Après 1815, plusieurs théoriciens allemands éprouvent une claire nostalgie de l'autarcie continentale. Ainsi, Welcker plaide pour une alliance franco-prussienne ³pour organiser l'Europe². Glave, pour sa part, prône une alliance franco-autrichienne pour exclure la Russie et l'Empire ottoman de l'Europe. Woltmann, dans Der neue Leviathan (= Le nouveau Léviathan), plaide pour l'unification européenne afin de faire face à ³l'universalisme thalassocratique². Bülow entend promouvoir une ³monarchie européenne universelle² qui aura pour tâche de conquérir l'Angleterre, afin qu'elle cesse de nuire aux intérêts du continent, et formule un ³projet culturel² d'inspiration européiste afin d'annuler les incohérences et les pressions centrifuges que génèrent les nationalismes locaux.
Le Comte d'Hauterive
Les théoriciens français de l'autarcie européenne à l'époque napoléonienne abandonnent définitivement le romantisme exotique, orientalisant, après le double échec des opérations militaires de Bonaparte en Egypte et en Palestine. Désormais, les protagonistes du grand continent raisonnent en termes exclusivement ³européens² voire, avant la lettre, ³européo-centrés². Réactualisant, dans la France impériale de Napoléon, le ³Testament de Richelieu², ces visionnaires français de l'Europe future, dans leurs projets, font de la France la base de l'unification continentale. Contre l'Angleterre et sa flotte ubiquitaire et puissante, il faut organiser le blocus, fermer l'Europe au commerce anglais et faire de cette fermeture un ³système général². Ainsi le Comte d'Hauterive, dans son ouvrage, De l'Etat de la France à la fin de l'an VIII (= 1800), écrit que l'idéal pour la France en Europe avait été la situation de 1648 mais que cette situation avait par la suite été bouleversée par la montée de la Prusse et de la Russie et par la domination navale de l'Angleterre. La France aurait eu intérêt à contrer la montée en puissance de ces trois facteurs. Néanmoins, après les guerres de la Révolution, une situation nouvelle émerge: le Continent, dans son ensemble, fait désormais face à la Mer, dominée par l'Angleterre, grâce, notamment, aux victoires de Nelson en Méditerranée (Aboukir et Trafalgar). Dans ce contexte, la France n'est plus simplement une partie de l'Europe, opposée à d'autres parties, mais l'hegemon du Continent, le moteur dynamisant de la nouvelle entité continentale européenne. D'Hauterive, dont l'idéologie n'est nullement révolutionnaire, renoue explicitement avec une perspective carolingienne, également opposée au protestantisme en Europe.
Dans le camp hostile à Napoléon et à l'hegemon de la France, on plaide généralement pour un ³équilibre des puissances², clef de voûte de la diplomatie conservatrice à l'époque. Chaque Etat doit se limiter, écrivent des auteurs comme Martens, von Gentz ou Ancillon. Si les Etats ne se limitent pas, ne brident par leur puissance et leurs propensions à l'expansion, l'ensemble européen connaîtra le déclin à la suite de guerres incessantes, épuisant la vitalité des peuples. Pour ces conservateurs prussiens, il faut élaborer un système de contre-forces et de contre-poids (ce qui, envers et contre leur bonne volonté, s'avèrera bellogène au début du 20ième siècle). Le camp des européistes anti-napoléoniens est diversifié, nous y trouvons des monarchistes d'ancien régime, des représentants du paysannat (hostiles au Code Napoléon et à certaines de ses règles de droit), des républicains puristes (qui voient dans le bonapartisme un retour à des formes monarchiques), des représentants de la fraction de la bourgeoisie lésée par le blocus, des révolutionnaires déçus parce que l'idéal de fraternité n'a pas été incarné en Europe.
Fichte, Arndt, Jahn
Dans ce contexte, les Romantiques, dont Novalis, Müller et les frères Schlegel, préconisent un retour au christianisme médiéval, c'est-à-dire à un idéal d'avant la fracture de la Réforme et de la Contre-Réforme qu'ils croient capable de surmonter les cruelles divisions internes de l'Europe. Les nationalistes (allemands), comme Fichte et Jahn, sont républicains, hostiles à la forme française de la Révolution, mais tout aussi hostiles à une restauration pure et simple de l'ancien régime. Pour Fichte, Arndt et Jahn, la Prusse est un simple instrument, mais très efficace, pour forger une nouvelle et puissante nation allemande. Fichte est volontariste: la constitution volontaire de cadres étatiques nationaux conduira à un telos universel, à un monde organisé selon autant de modalités différentes qu'il y a de peuples. L'harmonie universelle viendra quand chaque espace national aura reçu, à sa mesure, une structure de type étatique. Dans ce sens, l'universalisme fichtéen n'est pas monolithique mais pluriel. Pour ces nationalistes, la nation, c'est le peuple opposé à l'arbitraire des princes et des monarques. A ce volontarisme et à ce nationalisme centré sur le peuple s'ajoute, notamment chez Arndt, une dialectique Nord/Sud, où le Nord est libertaire et le Sud développe une fâcheuse propension à trop obéir à l'Eglise et aux Princes. Arndt, par exemple, propose pour la future Allemagne unie, qu'il appelle de ses v¦ux, le modèle suédois, modèle élaboré par une nation homogène, exemple d'une germanité plus authentique et fort puissante, organisé selon des critères étatiques solides, depuis les réformes civiles et militaires du Roi Gustav-Adolf au XVIIième siècle; un roi qui avait voulu devenir le champion du protestantisme ‹mais d'un protestantisme organisé et non générateur de sectes impolitiques, comme les dissidents anglais et les puritains américains‹ contre Rome et l'Empire catholique du fanatique Ferdinand II, qui préférait, disait-il, régner sur un désert plutôt que sur un pays peuplé d'hérétiques! (On peut parfaitement comparer les réformes de Gustav-Adolf à certaines créations de Richelieu, comme la mise sur pied d'une Académie Royale, destinée à organiser le savoir abstrait et pratique pour consolider l'Etat).
La Sainte-Alliance et Franz von Baader
Pendant la Restauration, c'est l'Autrichien Metternich qui donne le ton et tente de forger et d'asseoir définitivement une Europe réactionnaire, traquant partout tous les résidus de la Révolution française. L'instance internationale de l'époque est la Sainte-Alliance de 1815 (Grande-Bretagne, Russie, Prusse, Autriche), qui devient la Pentarchie en 1822 (quand la France se joint aux quatre puissances victorieuses de 1814-15). La Restauration permet l'éclosion d'un romantisme contre-révolutionnaire, incarné notamment par Franz von Baader. Elle vise aussi à organiser rationnellement l'Europe sur base des acquis de l'ancien régime, remis en selle en 1815. Franz von Baader envisage une Union religieuse des trois confessions chrétiennes en Europe (protestantisme, catholicisme, orthodoxie), pour s'opposer de concert aux principes laïcs de la Révolution et pour aplanir les contentieux qui pourraient survenir entre les composantes majeures de la Sainte-Alliance. Ce projet est rejeté par les catholiques les plus intransigeants, qui refusent d'accepter qu'un destin commun les lie aux protestants et aux orthodoxes. Franz von Baader perçoit la Russie comme le bastion de la restauration et comme l'ultime redoute de la religion face au déferlement de la modernité. La ³révolution conservatrice² des premières décennies du 20ième siècle reprendra cette idée, sous l'impulsion d'Arthur Moeller van den Bruck, traducteur de Dostoïevski, qui prétendra, dans la foulée, que la Russie avait maintenu intacts ses instincts anti-libéraux malgré la révolution bolchevique. De ce fait, aux yeux du conservateur Moeller van den Bruck, la Russie soviétique devenait un allié potentiel de l'Allemagne face à l'Ouest.
Schmidt-Phiseldeck
Le diplomate danois au service de la Prusse Schmidt-Phiseldeck prône dans le contexte de la restauration un autocentrage de l'Europe sur elle-même ‹même idée que celle du bloc continental napoléonien mais sous des signes idéologiques différents‹ et avertit les nations européennes contre toute aventure coloniale qui disperserait les énergies européennes aux quatre coins de la planète, déséquilibrerait le continent et provoquerait des rivalités d'origine extra-européennes entre Européens contre l'intérêt même de l'Europe en tant que famille de peuples, unis par un même destin géographique. Schmidt-Phiseldeck veut une ³intégration intérieure², donc une organisation structurelle de l'Europe, et perçoit clairement le danger américain (qui se pointe déjà à l'horizon). Pour lui, la seule expansion possible de l'Europe est en direction de l'Anatolie turque et de la Mésopotamie. L'ancienne aire byzantine toute entière doit redevenir européenne, par la force si besoin s'en faut et par une union indéfectible de toutes les forces militaires de la Pentarchie, capables de culbuter les armées ottomanes dans une campagne de brève durée. On peut dire a posteriori que Schmidt-Phiseldeck est un précurseur (anti-ottoman) de la ligne aérienne et ferroviaire Berlin-Bagdad, mais sans hostilité à l'égard de la Russie.
Autre théoricien de l'époque, Constantin Frantz (cf. Robert Steuckers, "Constantin Frantz", in Encyclopédie des ‘uvres philosophiques, PUF, 1992), critiquera également les expansions coloniales dans des termes analogues, préfigurant ainsi les thèses de Christoph Steding (cf. Robert Steuckers, "Christpoph Steding", in Encyclopédie des ‘uvres philosophiques, PUF, 1992), du géopolitologue Arthur Dix et de Jäkh, auteur, pendant la première guerre mondiale, d'un mémorandum justifiant l'alliance germano-ottomane dans le sens d'une exploitation commune de l'espace entre Constantinople et le Golfe Persique. La Guerre du Golfe est ainsi, à la lumière de ces analyses posées successivement au fil du temps par Schmidt-Phiseldeck, Frantz, Steding, Dix et Jäkh, une guerre préventive contre l'Europe, dont la seule expansion possible est en direction du Sud-Est, comme les principales vagues indo-européennes de la proto-histoire et de l'antiquité se portaient également dans cette direction, fondant successivement la Grèce archaïque, l'Empire Hittite, les Empires perse et mède, les royaumes aryens d'Inde. [ajout d'avril 2000: Le sort de l'Europe se tient par le Sud-Est: la puissance qui barre la route de l'Europe dans cette direction est celle qui la maintient la tête sous l'eau, empêche son développement harmonieux. C'est aujourd'hui, clairement, la stratégie choisie par l'alliance américano-turque, qui vient de ré-implanter une présence ottomane dans les Balkans, par Bosnie et Albanie interposées, pour s'opposer aux pénétrations pacifiques et économiques de l'Allemagne, de l'Autriche, puissances civiles et industrielles capables de développer les Balkans, et de la Russie, capable de donner une garantie militaire et nucléaire à ce projet. Pire, il s'agit d'une stratégie qui conteste à la Russie sa présence en Mer Noire, ruinant les acquis de Catherine la Grande].
Görres et l'hegemon allemand
Pour sa part, Görres, autre théoricien allemand de l'époque de la Restauration, envisage une Allemagne unifiée et re-catholicisée comme hegemon de l'Europe, en lieu et place de la France napoléonienne. Cette Allemagne serait civile et spirituelle et non pas guerrière à la façon bonapartiste. Elle viserait la paix perpétuelle et serait la puissante fédératrice par excellence, ayant des frontières communes avec toutes les autres nations européennes. Le destin géographique de l'Allemagne, la multiplicité de ses voisins, en font la fédératrice de l'Europe par destin géographique. L'universalité (ou la catholicité au sens étymologique du terme) de l'Allemagne provient justement de la simple existence bien concrète de ces voisinages multiples et diversifiés, permettant à l'intelligentsia allemande de jeter en permanence un regard varié et pluriel sur les événements du monde, sans vouloir les biffer à l'aide d'une idéologie toute faite. Elle seule peut intégrer, assimiler et synthétiser mieux que les autres, grâce à cette proximité territoriale et physique pluri-millénaire.
Leopold von Ranke, historien nationaliste allemand, développe, quant à lui, une vision plus romano-germanique de l'Europe, d'essence chrétienne. Il évoque un ³génie occidental², contrairement à von Baader qui valorise la virginité russe face au déclin rationaliste de l'Ouest. Pour von Ranke, l'Orient est ³sombre folie², car ni l'Etat ni l'Eglise n'y pénètrent au fond du peuple.. L'Occident, pour lui, est le système le plus parfait. Ce système est l'élu de Dieu sur la Terre. Ranke est donc à l'origine des options occidentalistes du nationalisme allemand ultérieur.
Constantin Frantz et l'équilibre pentarchique
Constantin Frantz s'oppose à trois forces politiques majeures, actives dans les Etats allemands de son époque: l'ultramontanisme, le particularisme catholique en Bavière, le national-libéralisme prussien (et, partant, le capitalisme). Ces forces politiques sont centrifuges, maintiennent la division de l'ensemble mitteleuropéen, parce qu'elles raisonnent en termes partisans et fractionnistes. Pour lui, le Reich moderne, le Reich à venir après l'abrogation en 1806 du Reich historique sous la pression napoléonienne, devra s'étendre à toute l'Europe centrale (la ³Mitteleuropa²) et se donner une organisation fédéraliste, tenant compte des diversités de notre continent. L'équilibre européen, pour Frantz, doit rester pentarchique et centripète dans le cadre géospatial européen. Toute extraversion colonialiste est un danger, si bien qu'à ses yeux, l'Angleterre n'est plus une nation européenne mais un empire maritime en marge du continent; la France a, elle aussi, cessé d'être pleinement européenne depuis qu'elle a pris pied en Algérie et en Afrique: elle devient une nation eurafricaine qui l'éloigne a fortiori des problèmes spécifiquement européens et la distrait des tâches structurelles dont le continent a fortement besoin, au moment où l'accroissement de la population et l'industrialisation impliquent un changement d'échelle et impulsent un volontarisme et une imagination politiques pour que les sombres prévisions de Malthus ne deviennent pas le lot inéluctable des grandes masses déracinées, urbanisées et prolétarisées. La politique sociale de Bismarck et le socialisme de la chaire seront des réponses à ce défi.
L'extraversion colonialiste
Frantz critique sévèrement l'Angleterre et la France, puissances ayant au préalable commis le péché d'extraversion, pour avoir fait la Guerre de Crimée contre la Russie. Elles se sont ainsi opposées à un Etat constitutif de la Pentarchie européenne au profit d'un Etat qui n'en faisait pas partie (l'Empire ottoman), ce qui, pour Frantz, constitue une entorse très grave à l'esprit d'unité de la Sainte Alliance, censée apporter une paix définitive en Europe, de façon à faire de celle-ci un bloc civilisationnel cohérent et solide, s'étendant de l'Atlantique au Pacifique. La Guerre de Crimée aliène la Russie vaincue par rapport au reste de l'Europe, car une violente réaction anti-occidentale, entraînant l'Allemagne et l'Autriche neutres dans cet opprobre, se constitue et se consolide chez les intellectuels russes. Ceux-ci ne pardonnent pas aux autres Européens cette trahison abjecte de la Russie, qui s'était longuement battue pour l'Europe en libérant la rive nord de la Mer Noire et le Caucase du joug ottoman entre 1750 et 1820.
L'Allemagne en gestation et l'Autriche deviennent, quant à elles, des empires sans espace, coincés entre des puissances disposant de vastes étendues extra-européennes, centre-asiatiques ou sibériennes. A elles seules incombe désormais la tâche d'organiser en autarcie, comme il se doit, la portion d'Europe qui leur reste, mais sans pouvoir étendre ce principe constructif d'organisation structurelle et territoriale aux marges occidentales et orientales de notre sous-continent. L'Europe est dès lors dangereusement déséquilibrée et déstabilisée. Les guerres inter-européennes deviennent possibles, y compris pour régler des problèmes extra-européens, survenus dans les espaces colonisés. La Guerre de Crimée porte en germe l'horrible tragédie de 1914-1918.
Ernst von Lasaulx
Pour Ernst von Lasaulx, professeur de philologie classique à Würzburg et Munich, les diplomates européens doivent reconnaître les forces à l'¦uvre hic et nunc sur le continent, et répondre à la question: "Où nous trouvons-nous aujourd'hui dans le flux de l'histoire?". Seule cette interrogation permet de faire des projets cohérents pour l'avenir. Elle implique que l'homme d'Etat sérieux et efficace doit connaître le maximum de faits historiques (sinon, la totalité!), car tous ont une incidence, même fortuite, sur la structure du présent. L'avenir ne se construit que par recours au passé, à tout le passé. Celui qui l'ignore, ou le connaît mal, ou le connaît à travers le filtre d'images propagandistes, est condamné à faire des essais et des erreurs, à procéder par tâtonnements voués à l'échec. Catholique d'origine, influencé par Baader, Lasaulx est surtout un mystique germanique et un "pansophique". Dans cette optique, la vraie religion des époques historiques fortes, est expression de la vie, de la vitalité. En Europe, régulièrement, par cycles, des "peuples jeunes" ont régénéré les peuples vieillissants. Lors de l'effondrement de l'Empire romain, ce rôle a été dévolu aux Germains. Pour Lasaulx, les Slaves (surtout les Russes) prendront le relais. Ils seront le "Katechon" de l'Europe qui, sans eux, s'engloutirait dans la décadence, accentuée par les idées occidentales et françaises.
Conclusion:
Les visions d'Europe de l'époque napoléonienne et de la Restauration conservent une pertinence politique certaine; elles expliquent des permanences et des lames de fonds. La connaissance de ce dossier demeure à nos yeux un impératif de "sériosité" pour les hommes d'Etat.
Notre exposé contient sept idées majeures, toujours actuelles, qu'il faut toujours garder en tête quand on pense ou on veut penser l'Europe, comme espace de civilisation cohérent:
1. L'espace s'étendant des Pays Baltes à la Crimée doit être organisé selon des modalités propres sans hostilité au reste de la Russie (Herder).
2. L'Europe est une diversité (et le restera). Cette diversité est source de richesse, à condition qu'on l'harmonise sans la stériliser (Herder).
3. L'opposition Terre/Mer reste une constante de l'histoire européenne (Theremin, d'Hauterive) et, dans le concert des peuples européens, la France oscille entre les deux, car elle est capable d'être tantôt une puissance navale, tantôt une puissance continentale. Carl Schmitt et Karl Haushofer sont les héritiers intellectuels de Theremin et d'Hauterive. Dans les années 60 de notre siècle, Carl Schmitt a toutefois tenu compte d'un changement de donne stratégique et technologique, avec la puissance aérienne et la maîtrise des espaces circum-terrestres.
4. L'idée de Baader de forger une Union religieuse et de dépasser, de ce fait, les clivages confessionnels bellogènes, reste un impératif important. Les guerres inter-yougoslaves de 1991 à nos jours montrent clairement que les confessions ne sont pas neutralisées, qu'elles conservent une potentialité conflictuelle certaine. Pour nous, reste à savoir si les christianismes officiels peuvent apporter l'harmonisation du continent ou s'il n'est pas légitime, comme nous le pensons, de retourner aux valeurs pré-chrétiennes, pour donner un socle plus sûr à notre espace civilisationnel.
5. Avec Schmidt-Phiseldeck, force est de constater que la présence ottomane est une anomalie à l'Ouest de l'Egée et du Bosphore, empêchant notre continent de se "vertébrer" définitivement [ajout d'avril 2000: Toute présence ottomane dans les Balkans interdit aux Européens d'organiser le Danube. L'objectif des Ottomans était de contrôler ce grand fleuve, au moins jusqu'à Vienne, la "Pomme d'Or". Ce projet a échoué grâce à la résistance héroïque des milices urbaines de Vienne, des armées impériales, hongroises et polonaises. Ce projet a failli réussir à cause de la trahison des rois de France, François I et Louis XIV].
6. Görres et Frantz ont théorisé clairement la nécessité de conserver à tout prix la cohésion du centre de l'Europe. Cette nécessité géographique doit être la base concrète d'une renaissance du Saint-Empire.
7. L'extraversion coloniale a ruiné l'Europe et importé en Europe des conflits dont l'origine était extra-européenne. L'Europe doit d'abord s'auto-centrer puis organiser sa périphérie, par la diplomatie et un dialogue inter-civilisations.
Ces sept recettes méritent d'être méditées.
Robert STEUCKERS.
(Extrait d'une conférence prononcée à l'Université d'été de "Synergies Européennes", Lourmarin, 1995).
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dimanche, 25 mars 2007
Symon Petlura
Trouvé sur: http://theatrumbelli.hautetfort.com/
Symon Petlura
C’est à Poltava, dans une Ukraine asservie et divisée entre empires russe et austro-hongrois que naquit le jeune Symon dans une famille descendante de cosaques appauvris, en mai 1879. L’émergence du sentiment national chez ce peuple farouchement attaché à sa liberté et son identité s’était accélérée à la fin du 19ème siècle, surtout dans la partie autrichienne (Galicie). Dans l’empire des tsars, au contraire, les Ukrainiens, qualifiés de « Petits Russes » subissaient une domination quasi coloniale nantie d’une répression impitoyable et d’une interdiction de leur langue, dont l’existence même était niée. Dès sa tendre enfance, Petlura montre une capacité de travail et une intelligence peu communes alliées à une grande sensibilité.
Très tôt acquis à la cause nationale, il adhère au Parti révolutionnaire Ukrainien (RUP) et se fait virer du séminaire en 1901. Pour échapper à la police, il doit partir dans le Kouban où il participe à la rédaction de plusieurs publications nationalistes.
A l’automne 1904, Petlura se trouve en exil à Lviv en Galicie, après un premier séjour en prison, où il devient un membre dirigeant du Parti social démocrate ouvrier ukrainien.
Le mouvement national ukrainien de cette époque est très hétérogène et fortement marqué à gauche avec un mélange particulier de socialisme et de fédéralisme.
Dans cet environnement idéologique, Petlura s’affirme clairement antimarxiste et s’impose par son éloquence et son pouvoir de persuasion.
Son activité débordante de militant et de publiciste dans de multiples journaux et les bons soins de la police tsaristes le font voyager de Saint- Pétersbourg à Kyiv pour aboutir enfin à Moscou en 1912 où il épouse sa compatriote Olha Bilska qui lui donnera une fille unique.
A la veille du premier conflit mondial, Petlura est mobilisé sur le front sud ouest et affecté comme délégué général adjoint aux services auxiliaires pour former et préparer au combat les recrues ukrainiennes de l’armée impériale : 3 millions de ses compatriotes luttent dans les rangs tsaristes alors que 250 000 revêtent l’uniforme autrichien.
L’heure de la délivrance sonne pour l’Ukraine avec la révolution de février 1917 qui prend une coloration fortement nationale sur la vieille terre des cosaques zaporogues.
A Kyiv, Petlura intègre un parlement provisoire, la Rada centrale, représentatif de toutes les forces vives du pays, incluant les minorités nationales, qui se met en place dès le mois de mars. En tant que président élu de l’Organisation militaire ukrainienne, il convoque trois congrès militaires pan ukrainiens à Kyiv pour constituer l’embryon d’une armée nationale et doter la Rada de forces crédibles.
Il se heurte à la fois à l’opposition du gouvernement provisoire de Kerenski, mais aussi aux réticences de nombreux responsables socialistes ukrainiens, idéalistes et antimilitaristes, comme Hrouchevskyi et Vynnytchenko.
Il se distingue également en se montrant attaché à la poursuite de la guerre aux côtés des pays alliés de l’Entente et mise de grands espoirs sur la France.
Au moment où survient la révolution bolchevique, l’Ukraine s’est engagée dans une marche irrésistible vers la souveraineté qui aboutit le 20 novembre 1917 à la création de la République populaire ukrainienne (UNR).
Cela est inacceptable pour Lénine qui lance une première invasion du pays après un ultimatum et la création d’une république bolchevique fantoche à Kharkiv.
Petlura, en désaccord avec Vynnytchenko qui désire sortir de la guerre et participer aux pourparlers de paix avec les empires centraux, avait déjà démissionné de son poste de secrétaire général aux affaires militaires et gagné la province pour former de nouvelles unités .
A la tête d’un corps d’armée il se distingue par son courage et son abnégation dans la résistance à l’envahisseur.
Après la proclamation de l’indépendance de l’UNR le 22 janvier 1918, Kyiv est investie une première fois par les bolcheviks après le départ du gouvernement dont les délégués signent la paix de Brest-Litovsk avec les empires centraux le 9 février.
Les armées allemandes et austro-hongroises envahissent le pays et repoussent les bolcheviks dans l’espoir de faire main basse sur les immenses ressources de ce traditionnel « grenier à blé ».
Un coup d’état soutenu par les Allemands propulse au pouvoir le général Pavlo Skoropadskyi qui se fait nommer hetman et établit un régime conservateur et monarchique, sans assise populaire, en dépit d’une œuvre non négligeable dans la promotion de la culture ukrainienne.
Ami de l’Entente, Petlura quitte l’armée, avant d’être emprisonné quelque temps par les Allemands, puis prend part au soulèvement contre l’hetman qui abdique le 14 décembre 1918 et s’enfuit en Allemagne.
La Rada revient à Kyiv et un Directoire de cinq personnes assure le pouvoir. Petlura y occupe la fonction d’otaman général, c'est-à-dire de chef suprême des armées de la République.
Il se consacre énergiquement à l’organisation des forces militaires, qui, à part quelques régiments réguliers disciplinés, sont composées d’un trop grand nombre d’unités hétéroclites et volatiles.
Mais la guerre reprend en ce début d’année au moment où un vieux rêve ukrainien se réalise, l’union, le 22 janvier 1919, avec la Galicie qui avait proclamé son indépendance deux mois plus tôt sous le nom de République populaire d’Ukraine occidentale (ZUNR).
Dans ce champs clos qu’est devenue l’Ukraine, les invasions et les fronts se multiplient avec l’intervention de plusieurs armées, toutes adversaires du Directoire.
Les Bolcheviks avec l’armée rouge organisée par Trotsky ouvrent le bal, suivis de peu par les Polonais de Pilsudski, nouvellement indépendants et qui n’avaient pas renoncé à la Galicie, longtemps restée sous leur domination.
Au sud du pays, les troupes françaises et grecques débarquent pour choisir de soutenir l’armée blanche du général Dénikine, lequel, fidèle à sa vision d’une Russie une et indivisible, considère qu’un « séparatiste » ukrainien ne vaut pas mieux qu’un Bolchevik.
Il ne faut pas oublier, dans ce tableau dantesque, les Roumains qui s’emparent de la Bucovine, les cavaliers anarchistes de Nestor Makhno et surtout les innombrables bandes de soldats perdus, de bandits et de paysans qui, sous la conduite de chefs autoproclamés, écument le pays, se vendant souvent au plus « offrant ». Petlura prend la tête du Directoire après le départ de Vynnytchenko, ce qui consacre le triomphe des nationaux démocrates sur les socialistes-révolutionnaires.
Mais, à ce moment là , en dépit d’un engagement total sur le terrain, à la tête d’une armée sous équipée et sans grande cohésion, Petlura ne contrôle plus grand-chose et s’efforce de sauver ce qui peut encore l’être.
Comment pourrait-il en être autrement dans ce pays plongé dans un chaos indescriptible où, entre flux et reflux incessants des armées, se succèdent massacres, exactions et dévastations. C’est dans ce contexte qu’interviennent des pogroms généralisés contre les populations juives au cours desquels les veilles haines accumulées éclatent et provoquent des dizaines de milliers de victimes.
Il est important de préciser un fait indéniable, à savoir que toutes les forces en présence se sont rendues coupables de tels actes : des Blancs aux Rouges en passant par les Polonais, les anarchistes ou les diverses bandes irrégulières qui parcouraient le pays.
Des détachements de l’UNR ont aussi été concernés, mais nous savons aujourd’hui, à la lumière de travaux sérieux et impartiaux, qu’il s’agissait généralement de troupes plus ou moins ralliées qui échappaient à tout contrôle efficace de la part du commandement général.
Petlura s’est toujours montré personnellement dénué de toute forme de judéophobie et était, de plus, conscient que les pogroms causaient un tort important à la réputation de son pays. Il lutta énergiquement contre ces excès par la formation de commissions d’enquête, des proclamations aux troupes, des indemnisation aux victimes et l’application de la peine de mort pour les auteurs de massacres.
Il faut également noter que le gouvernement de la Rada a, dès ses débuts, pratiqué une généreuse politique en faveur des minorités nationales, notamment les Juifs qui comptèrent plusieurs ministres aux affaires. Politique, d’ailleurs, pas vraiment suivie en retour. Tous ces faits historiques sont indiscutablement établis aujourd’hui autant par des chercheurs dignes de foi que par des personnalités juives marquantes comme le sioniste Vladimir Jabotinsky ou l’historien Léon Poliakov.
En août 1919, la situation est devenue intenable, l’armée ukrainienne, en proie à une épidémie de fièvre typhoide et au blocus de l’Entente, bat en retraite et Petlura, en désespoir de cause, se résigne à rechercher l’appui des Polonais.
Celui-ci se concrétise dès avril 1920 et se fait aux prix de conditions très dures dont l’abandon de la Galicie et de la Volhynie, ce qui coûte à Petlura une partie de sa popularité en lui aliénant les Ukrainiens de l’Ouest et le privant du soutien militaire des unités galiciennes.
Une offensive conjuguée des forces ukraino- polonaises libère à nouveau Kyiv, la dernière fois d’ailleurs pour une ville qui aura changé à neuf reprises de maître en l’espace de deux ans et demie ! Mais la contre offensive soviétique renverse la tendance et arrive jusqu’à Varsovie au moment où se produit le « miracle de la Vistule »au cours duquel, fait méconnu, les unités de Petlura jouent un rôle décisif en contribuant à sauver la Pologne et l’Occident de la menace bolchevique.
Pressés par la France, les Polonais abandonnent leur allié ukrainien et se partagent le pays avec les Soviétiques après la signature du traité de Riga en octobre 1920.
Le combat est désormais inégal, l’armée ukrainienne se replie en Galicie pour y être désarmée et internée. Pour Petlura et ses compagnons, c’est le commencement de l’exil.
Après plusieurs étapes européennes, Symon Petlura arrive à Paris en octobre 1924 avec les siens. Il va y mener une vie simple et active, logeant dans un petit hôtel du Quartier Latin et dirigeant le gouvernement ukrainien en exil, multipliant ses efforts pour unifier l’émigration tout en maintenant des contacts avec la patrie occupée.
Plus que jamais, il offre l’exemple d’un homme intègre et désintéressé, entièrement dévoué à son idéal.
Le 25 mai 1926, sortant d’un restaurant rue Racine et se dirigeant vers le boulevard Saint Michel, il est lâchement abattu de cinq balles par le juif Samuel Schwarzbard. Ce personnage, militant anarcho-communiste au passé trouble, justifie son crime par son désir de venger les pogroms antijuifs en Ukraine.
Après des funérailles grandioses, le procès de l’assassin se tient du 18 au 26 octobre 1927.
Schwarzbard était défendu par une vedette du barreau de l’époque, un certain Henry Torrès, communiste notoire.
Celui-ci, en écartant soigneusement les éléments et les témoignages gênants pour son client, transforme ce jugement en procès spectacle très médiatisé au cours duquel la victime sera érigée en bourreau.
Il fait habilement passer le meurtrier pour un honnête militant de la Ligue des droits de l’homme n’ayant somme toute commis qu’un crime passionnel à l’encontre d’un affreux criminel de guerre avant la lettre.
Or, il est clairement avéré que Schwarzbard a agi pour le compte des services secrets soviétiques dans le cadre d’une campagne de propagande bien orchestrée par Moscou, relayée sur place par les compagnons de route et de nombreuses organisations juives du monde entier. C’était tuer une deuxième fois la victime en l’érigeant injustement comme bouc émissaire de tous les pogroms commis durant cette tragique période.
Dans cette ambiance passionnelle et viciée, Schwarzbard fut donc acquitté par la Cour d’assises de la Seine sous les acclamations de la foule.
Pour le peuple ukrainien et tous les patriotes sincères du continent, Petlura, malgré des décisions discutables, laissera le souvenir d’un homme d’état et d’un chef juste et énergique, ardent combattant d’une Ukraine libre et indépendante aujourd’hui tiraillée entre les sirènes atlantistes et les nostalgies impériales du « grand frère » russe.
Pascal LANDES
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Pour en savoir plus :
Alain DESROCHES : Le problème ukrainien et Simon Petlura, Nouvelles Editions Latines, Paris, 1962.
Borys MARTCHENKO : Simon Petlura, Paris, 1976.
Taras HUNZCZAK : Symon Petlura et les Juifs, paris, 1987.
Ces deux derniers ouvrages sont édités par la bibliothèque ukrainienne Symon Petlura, 6, rue de Palestine, 75019 (Tél.: 01 42 02 29 56) où il est possible, outre la consultation de nombreux ouvrages sur tout ce qui touche de près ou de loin à l‘Ukraine, de visiter un petit musée consacré à l’otaman.
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vendredi, 23 mars 2007
Raices de las relaciones entre Rusia y Espana

Pavel TULAEV :
Universidad Estatal Lingüistica de Moscu
Las raices de las relaciones entre Rusia y Espana
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mercredi, 21 mars 2007
Safavid Iran
Library of Middle East History v. 5
Safavid Iran
- Rebirth of a Persian Empire
AUTHOR: Andrew J. Newman
The Safavid dynasty, which reigned from the late fifteenth to the eighteenth century, links medieval with modern Iran. The Safavids witnessed wide-ranging developments in politics, warfare, science, philosophy, religion, art and architecture. But how did this dynasty manage to produce the longest lasting and most glorious of Iran's Islamic-period eras? Andrew Newman offers a complete re-evaluation of the Safavid place in history as they presided over these extraordinary developments and the wondrous flowering of Iranian culture. In the process he dissects the Safavid story, from before the 1501 capture of Tabriz by Shah Ismail (1488-1524), the point at which Shi`ism became the realm's established faith; on to the sixteenth and early seventeenth century dominated by Shah Abbas (1587-1629), whose patronage of art and architecture from his capital of Isfahan embodied the Safavid spirit; and culminating with the reign of Sultan Husayn (reg. 1694-1722). Based on meticulous scholarship, Newman offers a valuable new interpretation of the rise of the Safavids and their eventual demise in the eighteenth century. "Safavid Iran", with its fresh insights and new research, is the definitive single volume work on the subject.
PUBLISHER : I. B. Tauris, London
PRICE: £35.00
COVER: Hardback
PAGES: 296
ISBN:9781860646676
PUBLICATION DATE: 31 Mar 2006