jeudi, 07 juin 2007
Mouvement métapolitique à Vienne (19ième) (II)
Intervention de Robert Steuckers lors de la 9ième Université d'été de l'association «Synergies Européennes», Région de Hanovre, août 2001
Les activistes contre l'intellectualisme inerte
Pendant ce temps, les activistes marquent des points. Adler, Pernerstorfer, Friedjung et les frères Braun cherchent à traduire en termes politiques efficaces les idées qu'ils ont cultivées dans les colonnes de Die Telyn et dans les cercles de lectures universitaires qu'ils ont animés. Friedjung est sans doute l'homme qui perçoit le plus rapidement le danger de l'“intellectualisme inerte”, des discussions stériles qui ne débouchent sur rien et, surtout, qui ne communiquent pas leur flamme à des catégories plus vastes de la société. C'est pourquoi le groupe décide de s'allier en 1879 à un jeune orateur politique fougueux, nationaliste et populiste, Georg von Schönerer. Dans un discours électoral de 1875, celui-ci avait réclamé, dans une perspective libérale, progressiste et anti-cléricale, le “maximum de liberté politique pour tous les citoyens”, le bannissement des Jésuites, la reconnaissance de la maçonnerie, la lutte contre la corruption, toutes revendications qui continueront à faire partie du corpus nationaliste germanique, à l'exception de l'indulgence pour la franc-maçonnerie. Avant qu'il n'ait pris contact avec les jeunes autour de Pernerstorfer, Schönerer n'avait qu'une vague conscience des problèmes sociaux réels qui affectaient les classes défavorisées en Autriche.
En 1875, alors qu'il était encore un libéral bon teint sur le fond, Schönerer se distinguait toutefois par sa rhétorique, plus musclée, plus scandée, de ton plus acerbe (scharfe Tonart). Cette caractéristique ira crescendo, deviendra de plus en plus virulente, faisant du coup la célébrité du député fort en gueule. En 1878, en plein Parlement à Vienne, il traite ses collègues députés d'“eunuques de la politique”. En Italie comme en Autriche, voire en Belgique avec Paul Hymans, la critique du statu quo et des lenteurs parlementaires, qui sera le principal cheval de bataille des nationalismes et des fascismes du 20ième siècle, trouve ses racines dans l'aile gauche et populiste du libéralisme.
Schönerer, le député ad hoc
Lors d'une réunion du Leserverein, Anton Haider (ancêtre de Jörg Haider) lance l'idée que leur cercle de lecture, pour trouver sa traduction dans la sphère politique réelle, a besoin de l'appui d'un député capable de défendre le corpus idéologique de la communauté militante étudiante sur les strapontins de la Diète impériale. Pour Anton Haider, les travaux des cercles de lecture sont insuffisants, si un tel appui n'existe pas. Les autres lui répondent qu'il y a pas de député qui corresponde à ce profil. Anton Haider répond : « Il y en a un qui pourrait le devenir… Il s'appelle Schönerer. Il n'est guère connu; il est jeune, élu de fraîche date et n'a pas encore d'orientation bien définie, mais je pense qu'il pourra être d'accord avec nous. Je crois que nous campons déjà sur des positions voisines, sans le savoir. Nous devrions l'inviter et parler avec lui. Je retiens qu'il est la personne adéquate». C'est ainsi que Georg von Schönerer devint membre du Leseverein.
L'alliance entre ce Schönerer et le Groupe de Pernerstorfer conduit à une fusion (qui sera passagère mais qui, en dépit des engagements ultérieurs, différents, ne sera pas pour autant reniée) entre les pionniers du socialisme autrichien et les premiers nationalistes pangermanistes. Les deux idéologies sont au départ étroitement mêlées — et même de manière inextricable— et l'ennemi qu'elles désignent est le libéralisme, qu'elles entendent faire reculer et disparaître, parce qu'il est un crime contre l'esprit, l'art, la moralité publique et le Bien Commun. Cette volonté s'est exprimée dans le fameux «Programme de Linz», résultat du travail politique de Pernerstorfer et de ses amis, plus que de la faconde de Schönerer. L'historiographie conformiste n'évoque cette fusion que rarement —et avec réticence— et le mérite de l'avoir exploré correctement revient au Professeur américain William J. McGrath.
Du “Deutscher Klub” au Programme de Linz
Le Programme de Linz est en réalité le programme du mouvement pangermaniste autrichien, visant un rapprochement avec l'Allemagne de Bismarck, voir l'Anschluß, et un détachement graduel des Allemands d'Autriche-Hongrie de l'Empire des Habsbourg (1). Parmi ceux qui ont forgé ce programme, nous trouvons, outre Pernerstorfer, Friedjung et Adler, le Chevalier von Schönerer et le futur bourgmestre de Vienne Karl Lueger, populiste et antisémite. Certes, à cette époque, l'antisémitisme de Schönerer et de Lueger n'est pas encore trop virulent et ne choque nullement Adler et Friedjung, tous deux d'origine juive. Ce n'est qu'en 1882, à la suite d'un discours tonitruant de Schönerer, de facture nettement antisémite, que leurs rapports vont se relâcher, puis que leurs voies vont se séparer. Pendant cette période fort effervescente de trois années de fusion entre populistes et socialistes, les cercles universitaires changent de forme, les "associations de lecture" de l'Université, réservées aux étudiants, et les "associations de lecture pour universitaires devenus actifs", tel le “Deutscher Klub”, où participent médecins, professeurs, ingénieurs plongés dans la vie économique réelle, agissent en parallèle; à celles-ci s'ajoutent une "association pour les écoles allemandes", visant à défendre la langue et la culture allemandes sur les confins de l'empire (Tyrol, Slovénie, Tchéquie, etc.). Ces activités intenses ont une tonalité plus nationaliste que socialiste, mais d'aucuns, comme Friedjung, Pernerstorfer et Adler, se rendent parfaitement compte qu'il est impossible de créer un parti de masse sur base du nationalisme seul : il faut penser des "passerelles", aussi nombreuses et diversifiées que possibles, tâche à laquelle s'attèleront la métapolitique de Pernersstorfer et la praxis wagnéro-marxienne d'Adler. Nous y reviendrons.
Parallèlement au Programme de Linz, Friedjung avait sorti en 1876 un opuscule, tout aussi programmatique, sous le titre de Ausgleich mit Ungarn (= “Règlement de toutes les questions avec la Hongrie”). Il préconisait une politique générale pour l'Empire, plus nationaliste allemande qu'impériale : 1) séparation définitive entre la partie allemande (la Cisleithanie) et la partie hongroise de l'Empire, afin de faire glisser définitivement la Cisleithanie dans le bloc allemand forgé par Bismarck après les guerres contre le Danemark, l'Autriche-Hongrie et la France. 2) L'autonomie de la Galicie polonophone, afin de réduire le poids des députés polonais catholiques et conservateurs dans le Parlement de Vienne. 3) Imposition de la langue allemande dans toutes les administrations publiques de la Cisleithanie (2). Pour Friedjung : «Les Allemands d'Autriche ne doivent jamais oublier qu'ils ont été politiquement unis aux autres souches germaniques pendant tout le millénaire qui à précédé 1866 [= date de la défaite de l'Autriche face aux armées de Bismarck]». 4) L'indépendance des Etats balkaniques vis-à-vis de la Russie, avec, en compensation pour la Russie, la promesse autrichienne de ne procéder à aucune conquête ou annexion dans la péninsule au Sud-Est de l'Europe. 5) Union douanière avec l'Allemagne des Hohenzollern.
Le volet socialiste contre le manchestérisme
Plus tard, Friedjung ajoutera à ce programme de politique extérieure en revendiquant une liberté de presse pleine et entière, avec droits de réunion et d'association. Ensuite, sur le mode des organisations paysannes, venant en aide au petit paysannat, il revendique la création d'associations ouvrières et l'extension du droit de vote à de plus larges strates de la population. Sur le plan fiscal, Friedjung préconise un allègement général de l'impôt pour les classes modestes, compensé par des taxes plus lourdes sur les produits de luxe et sur les transactions boursières. Friedjung réclame aussi une administration plus diligente et une justice moins onéreuse pour les citoyens aux revenus modestes. Autres revendications : nationalisation des chemins de fer (pour éviter toute réédition de l'affaire von Ofenheim), lois réglementant le travail dans l'industrie, réduction du pouvoir de l'Eglise, lois pour éviter les fraudes dans les opérations boursières. L'objectif général, idéologique, consiste à mettre hors jeu “le libéralisme cosmopolite, qui ignore les besoins authentiques de la communauté nationale” et dont le noyau idéologique fondamental est “le libre développement” (le “laisser faire, laisser passer”), propre du manchesterisme, “qui a fini par détruire la véritable essence de la nation”.
En gestation constante au fil des mois, le Programme de Linz, dans sa version définitive, est publié dans le numéro du 16 août au 1 septembre 1882 de la revue Deutsche Worte (= Paroles allemandes). Les revendications de Friedjung, et celles des autres protagonistes de l'union entre jeunes socialistes et populistes pangermanistes, y trouvent une formulation plus achevée, mais où l'on doit tout de même reconnaître une contradiction : cette version du programme demande une “défense énergique des intérêts autrichiens en Méditerranée” (3).
Primordialité de l'art
Mais la volonté de rédiger un programme, comme celui de Linz, vient essentiellement de Pernerstorfer. Sa volonté était de donner à la politique autrichienne un “contenu allemand”. Pour Pernerstorfer, le groupe aura réussi sa mission quand l'assiduité allemande et l'art allemand, sous toutes leurs formes, auront compénétré la vie publique autrichienne. L'art reçoit donc un statut primordial dans la démarche de Pernerstorfer. Sa motivation est principalement esthétique, car elle est directement inspirée de Richard Wagner et de Friedrich Nietzsche, pour qui il y a unité de l'art et de la politique. Cette primordialité de l'art, ensuite, aura une incidence de premier plan sur la tactique et le style du mouvement. Déjà, pour Friedjung, l'art était le “principe viril” et le remède contre l'impuissance et la paralysie de la politique libérale (on songe aux propos que tiendront un Marinetti puis un Evola quelques décennies plus tard). Les politiciens deviennent trop prudents, trop timorés, ils changent de couleur, ou plutôt, leurs couleurs initiales sont rapidement délavées. Par le recours aux formes sublimes de l'art, les jeunes générations pourront, en s'initiant à la pensée de Wagner et de Nietzsche, “donner pleine expression à leurs enthousiasmes”. Friedjung: «Orphée ose entrer avec sa lyre dans le règne des enfers uniquement parce qu'il sait que dans ces masses obscures vit une vague pulsion endormie, qu'une note juste peut subitement réveiller, la transformant en un sentiment vibrant ». L'art —et la musique en particulier— doit donc servir à réveiller les masses.
L'art comme ciment de la communauté nationale
Dans un article de 1884 de Deutsche Worte, intitulé significativement “Metapolitik”, Pernerstorfer soutient le Prof. Immanuel Hoffmann, un Wagnérien en querelle avec les Bayreuther Blätter, organe officiel de l'orthodoxie wagnérienne, parce qu'il préconise l'introduction du plébiscite, que les orthodoxes jugent inopportune. Hoffmann : « L'art et la religion ne peuvent exister séparément de la politique… L'art véritable ne peut se déployer, selon la parole du Maître (= Wagner), que sur le terrain d'une éthique authentique, et aucun peuple ne pourra avoir un art et une religion authentiques si sa vie politique repose sur le mensonge […] L'erreur historiciste sur laquelle se fonde notre culture actuelle —erreur qui nous permet de la qualifier de culture du mensonge— est de préférer le parfum des fleurs aux fleurs elles-mêmes, d'apprécier les distillations plutôt que l'essence naturelle de la chose, de croire que les élus du peuple sont plus sages que le peuple lui-même». Pernerstorfer soutient donc Hoffmann dans son plaidoyer pour le plébiscite (la votation référendaire), car il donne plus grande cohésion à la communauté nationale. L'art comme ciment de la communauté nationale, le plébiscite comme expression directe de sa volonté sont les deux facettes d'une même réalité. La cohésion sociale passe par la participation de tous à la vie spirituelle et intellectuelle de la communauté nationale, car il ne s'agit pas seulement “de jouir des biens matériels, car ceux-ci ne sont que les simples instruments pour atteindre des fins plus élevées”. Les biens matériels sont là pour offrir à tout individu la possibilité de participer à l'héritage spirituel de la nation, afin d'être un membre réceptif et créatif du grand corps que doit devenir la communauté populaire germanique, ajoutait Pernerstorfer.
La fusion communautaire dans le théâtre grec et l'opéra wagnérien
Comme dans la Grèce antique, le lieu où cette fusion communautaire nationale devra s'effectuer est le théâtre, ainsi que l'avait préconisé le jeune Nietzsche, en assistant aux drames wagnériens. Pour lui, le noyau d'émergence de la communauté nationale allemande résidait tout entier dans les opéras de Wagner, dont le centre de gravité se situe dans l'orchestre exactement comme il se situait dans le chœur du théâtre grec antique. Dans cette perspective, la germanité de la fin du 19ième siècle est la nouvelle hellénité, la restauration de l'hellénité perdue depuis l'antiquité, espérée depuis la renaissance, une hellenité qui ne se contente plus d'être une simple et sèche érudition, mais une hellénité qui renoue avec le théâtre antique, avec la charge de dionysisme que véhiculait la tragédie grecque. Pernerstorfer : « Wagner avait trouvé chez les Grecs le théâtre dans sa pureté idéale et dans tout son sublime; religion et art y fusionnaient et de cette fusion naissait une communauté qui aujourd'hui encore, après plus de deux mille ans, reste l'un des plus beaux rêves de l'humanité ». Pernerstorfer rejoint Wagner quand il s'agit d'exalter le vif sentiment national qui unissait les Grecs : « Les Grecs se sentaient comme une seule nation et ont créé une culture unitaire, si bien que l'esprit populaire hellénique se reconnaissait dans la dramaturgie nationale ».
Pour les Allemands d'Autriche, le chant jouera le rôle de ciment. Lors de manifestations pangermanistes et socialistes, dont celle, historique, du 5 mars 1883, le chant occupe une place centrale. Les participants, généralement des étudiants contestataires de la politique conservatrice du Premier ministre autrichien Taaffe, s'étaient regroupés sous une immense bannière allemande, celle de l'Empire fondé à Versailles par Bismarck. Aucune bannière autrichienne n'était arborée dans la salle. L'orchestre jouait la Marche Impériale (allemande) et les participants chantaient, tour à tour, l'hymne de bataille de Rienzi, quelques partitions du Tannhäuser et le chant de guerre Wacht am Rhein, très populaire à l'époque, y compris en Flandre (4). A la suite de ces préliminaires musicaux et chorégraphiques, Hermann Bahr parle du nationalisme d'inspiration wagnérienne, puis Schönerer monte à la tribune, pour terminer un discours exalté, par un tonitruant “Vive notre Bismarck!”, jugé séditieux par la police, présente dans la salle. La foule se disperse en chantant Wacht am Rhein. Pour Pernerstorfer et ses amis, ce type de manifestation, alliant musique, discours et chants, permet, à terme, de recréer un esprit national, de forger une communauté soudée par des émotions partagées. Quand une telle communauté sera vraiment soudée, quand un maximum de citoyens aura adhéré à l'idéologie implicite, non rationnelle et totalement intuitive, du mouvement, le peuple sera “régénéré”.
Une métapolitique reposant sur l'élément émotif
Le thème central de toute cette effervescence est effectivement la “régénération”, qui naît d'une “explosion unitaire de foi politique”. La métapolitique de Pernerstorfer repose donc entièrement sur l'élément émotif et sur le style tapageur des manifestations politiques, sortes de messes wagnériennes, conçues délibérément pour répudier la rationalité des libéraux et des conservateurs. D'un côté, les passions du cœur, le sens de la justice, la rébellion contre la sécheresse, de l'autre, les hommes “aux cœurs gelés”. D'un côté, le cœur du peuple réel, de l'autre, les idées abstraites du centralisme, du libéralisme, de la culture (des Philistins), la notion de “légalité constitutionnelle”. Dans Deutsche Worte, Pernerstorfer explicite cette position : « La politique des libéraux est trop doctrinaire et dépourvue d'idéalisme pour être capable de susciter de véritables émotions». Plus tard, dans un numéro ultérieur de la revue : «[Eduard Herbst] est le représentant typique d'un style politique cérébral à l'excès : nous n'entendons pas chez lui ce ton d'animateur, propre d'un sentiment national viril; il est incapable de dire quoi que ce soit sur les grands problèmes que nous avons à affronter ». En bref : qui n'adhère pas pleinement au style hellénique-wagnérien est une lopette, ou, pour paraphraser Schönerer, “un eunuque politique”. Herbst, comme les autres libéraux, les von Plener, Sax et von Bründelsberg, se bornent à ânonner des “vérités familières à n'importe quel écolier sur un ton de grande solennité; [à répéter] des citations d'auteurs célèbres avec des airs professoraux devant un public révérencieux”.
«Vers une organisation de parti »
Les blocages qui affectent la société autrichienne de l'époque sont donc dus à un style trop compassé où l'on ne veille qu'à la correction des procédures et non pas à affronter les problèmes réels. Ces mauvaises habitudes doivent être balayées, pensent Pernerstorfer et ses amis politiques. Dans cette optique, Pernerstorfer écrit un maître article dans Deutsche Worte, significativement intitulé “Vers une organisation de parti”. La réflexion initiale qui le motive dans la rédaction de cet article important est la suivante : « La conscience et les aspirations nationales ne se commandent pas, ne s'enseignent pas; il n'est pas possible de les introduire dans les strates les plus larges de la population par le truchement des méthodes traditionnelles d'éducation ». De même, le fonctionnement de toutes les petites sociétés politiques libérales, où la discussion feutrée est toujours de mise, ne peut servir de modèle à la constitution d'un futur parti ou mouvement national, s'adressant aux masses. Les discussions raisonnables des notables libéraux sont valables seulement si le vote est censitaire ou réservé à une petite catégorie de citoyens, votant en toute connaissance de cause, mais en ne tenant compte que de leurs seuls intérêts sectoriels et limités. Les mouvements de masse de l'avenir, pense Pernerstorfer, ont besoin d'une petit groupe choisi, bien formé, qui décide des objectifs à poursuivre et des tactiques à mettre en œuvre. La grande masse ne peut avoir la lucidité rationnelle de la minorité des censitaires. Pour cette raison, le fonctionnement formel des cercles politiques conventionnels du libéralisme doit faire place à un fonctionnement informel : les idées nationales doivent circuler dans toute la population, dans les familles, dans les discussions informelles des citoyens dans les cafés et autres lieux publics. Cibles de cette métapolitique, fonctionnant de manière informelle : les femmes et les jeunes, parce que les unes influencent leurs enfants et leurs maris, et parce que les autres sont les électeurs de l'avenir, à cette époque où les pyramides démographiques ne sont pas encore inversées. L'infiltration discrète de cercles divers, même a priori hostiles au nationalisme, est une nécessité impérieuse.
Une maïeutique au service de la cause nationale
Les membres des cercles nationalistes doivent connaître les opinions de leurs adversaires, percevoir comment il faut les subvertir, les investir pour en retourner la force au profit du nationalisme. Quant aux citoyens sans formation, l'absence de logique dans leurs raisonnements constitue un tremplin métapolitique : dans ce vide, on peut injecter un contenu nouveau, allant dans le sens du combat qu'on s'est assigné. Pernerstorfer, ensuite, préconise de ne pas attaquer les arguments des adversaires de front : il importe de gagner d'abord leur sympathie, pour entamer ensuite un débat fructueux, qui n'est grevé d'aucun ostracisme de nature personnelle. L'exposant de la métapolitique pernerstorfienne se pose d'emblée comme un homme intéressant et affable, qui opère par le biais d'une sorte de maïeutique socratique, c'est-à-dire en ne rejetant pas d'emblée les arguments de l'adversaire, en écoutant ses arguments puis en induisant la conversation vers les positions de bon sens nationalistes. Chants, théâtre, opéra, recours aux émotions populaires, aux sentiments sains du bon peuple, argumentation subtile de type socratique/maïeutique forment le menu de l'activisme politique à l'ère des masses, selon Pernerstorfer.
Le fair play qu'il préconisait ne cadrait pas entièrement avec le ton âpre et violent de Schönerer, qui bascule bien vite dans l'antisémitisme ambiant de la société viennoise et autrichienne. La rupture entre les deux pôles du mouvement pangermaniste et populiste se consommera en 1883, à la suite d'un discours extrêmement violent de Schönerer. Mais la question de l'antisémitisme ne se posait pas de la même façon à l'époque qu'aujourd'hui. William J. McGrath se réfère à George Mosse, spécialiste de cette question dans le contexte germanique : pour Mosse, les jeunes activistes métapolitiques juifs de la Vienne des dernières décennies du 19ième siècle entendaient rompre avec un certain judaïsme de leurs pères, qu'ils jugeaient stéréotypé. Ils s'insurgeaient contre l'image stéréotypée qui faisait d'office du juif un être exclusivement intellectuel et artificiel, privé de racines et de liens à la nature et, par conséquent, parfaitement adapté au milieu capitaliste et urbain, que dénonçaient les nationalistes. Les jeunes activistes juifs et pangermanistes estimaient de fait que ce stéréotypage n'était pas faux en soi et qu'il devait être dépassé par des efforts de volonté : l'homme juif dans la société allemande devait abandonner cet intellectualisme et cette artificialité stérile, retrouver des racines et des liens avec la nature au même titre que les Allemands “chrétiens” ou “aryens”. C'est cette démarche de libération, estimaient-ils, qui devait fonder leur identité politique, sans déterminisme matériel ou racial aucun. L'adhésion à l'esthétique wagnérienne et nationale, à l'art allemand, constitue le fondement volontariste de l'identité politique. Pour l'aile représentée par Schönerer, il y a un déterminisme biologique qui surplombe irrémédiablement ce fondement volontariste.
Travailler à l'émergence d'un bloc populiste solide
Après la rupture avec Schönerer, Adler et Pernerstorfer évoluent vers un socialisme populaire, non déterministe, marqué par Nietzsche et Wagner. Friedjung opte pour la position des libéraux de gauche, favorable à l'émancipation des classes laborieuses et défavorisées. Adler et Pernerstorfer ne réservent pas leur socialisme à la seule classe ouvrière proprement dite, mais l'étendent aux artisans, aux paysans pauvres et à la partie des classes moyennes, dont les revenus sont faibles. L'objectif est d'unir, en un bloc populiste solide, toutes ces classes vivant dans la précarité économique pour qu'elles luttent de concert contre le libéralisme autrichien, qui génère une hiérarchie sociale basée sur l'argent et la quantité, et non sur la qualité et le mérite. Ouvriers, paysans, artisans et représentants de la petite classe moyenne doivent communier dans la foi nationaliste, ciment de leur unité, pour lutter de concert contre la dictature sournoise et indirecte de l'argent, quasi invisible dans les textes de loi ou dans les institutions, mais bien présente dans la société et fort lourde à supporter.
La pensée de ce socialisme est organique. Karl Ausserer, membre du groupe Pernerstorfer, écrit dans la Deutsche Wochenzeitschrift du 16 mars 1884 un article qui exprime parfaitement cette mystique de la nature, présente dans le corpus intellectuel du groupe depuis les années du Schottengymnasium. Ausserer : « Sous les tempêtes hivernales, tout observateur attentif prévoit de longue date l'apparition du printemps, le réveil de la nature… Une force élémentaire invisible est à l'œuvre dans les profondeurs de la Terre; tout est en germination, tout croît, se remplit de lymphe et de suc vital » (Comment ne pas penser à Henri Bergson ou à Maurice Blondel?). Ausserer se réclame ensuite du passé médiéval allemand, surtout de l'époque ottonienne et de celle des Hohenstaufen. La poésie et la musique médiévales allemandes ont été mises en exergue à l'époque par des philologues et des médiévistes tels Victor Scheffel et Julius Wolff. Ausserer : « Ces poètes [du moyen âge] ont fait vibrer les cordes de nos cœurs et leurs chants se sont ancrés dans le peuple… Bien vite, à ces chants, s'est associée la mélodie ».
Pour un équilibre entre émotions et rationalité
Les référentiels et les leitmotive des hommes du groupe de Pernerstorfer sont donc doux, empreints de sagesse et de quiétude, en dépit de la nécessité, qu'ils reconnaissent, d'employer des mots durs pour fustiger les “eunuques politiques”. A la suite de la rupture avec Schönerer, le groupe d'Adler et de Pernerstorfer perçoit le risque de dérive découlant de l'utilisation irraisonnée des “discours âpres” et d'une excitation irréfléchie des émotions populaires. Le 10 mai 1885, Friedjung explique, dans les colonnes de la Deutsche Wochenschrift, que la politique découlant des “discours plus âpres” est pleinement justifiée, car elle met un terme à une tiédeur politique délétère pour amorcer une ère nouvelle, énergique, où l'esprit national se défend avec virilité, mais cette défense virile de la nation ne doit pas s'accompagner d'une atrophie spirituelle, de limitations qui conduisent à la stupidité. Le 31 mai, dans les colonnes de la même revue, Friedjung écrit : « Le sentiment et l'émotion ont leur place dans la politique et sans le soutien précieux de ces facultés —les plus nobles de la nature humaine— la vie publique dégénère trop souvent en un jeu d'ambitions et en un combat fondé uniquement sur les intrigues ». Et il ajoute : « Il faut cependant éviter tout excès de sentimentalisme facile, éviter de se complaire dans les slogans de bas de gamme, vides de sens et trop hauts en couleurs».
Friedjung, après la rupture de 1883, tente donc de redéfinir le style politique du groupe issu du Schottengymnasium et du Leserverein. Les appels à l'émotion doivent recevoir des contrepoids plus réfléchis pour amorcer une stratégie plus vaste, destinée à rameuter l'électorat indécis oscillant entre les libéraux (de gauche) et les pangermanistes populistes. En 1885, cette nouvelle stratégie porte ses fruits : pas moins de 47 députés représentent la mouvance au Parlement, dont de nouveaux élus comme Pernerstorfer, Ausserer et Steinwender. Pernerstorfer, financé par son ami Adler, est élu député socialiste de Wiener Neustadt. Il le restera quasiment pour le reste de ses jours.
L'apport de Victor Adler au socialisme autrichien et les aveux de Kautsky
Victor Adler, qui avait opté plus tôt pour un combat plus socialiste, plus social-démocrate, que ses collègues issus du Leserverein, fera une carrière brillante au sein du parti socialiste autrichien, dont il fut l'un des pères fondateurs. Il assurera une transition sans heurt entre le pangermanisme de sa jeunesse et la sociale démocratie de sa maturité. Médecin de profession, on le surnommait dans les quartiers populaires de Vienne le “Docteur”. Ses discours avaient une teneur psychanalytique avant la lettre, soit avant la vulgarisation généralisée du freudisme. Il avait retenu les leçons de Theodor Meynert, prodiguées à la tribune du Leserverein. Dans un discours prononcé devant une assemblée de socialistes viennois en 1901, Adler révèle sa vision thérapeutico-politique : « Le cerveau est un organe répressif et c'est en cela que réside sa supériorité; mais si le cerveau ne se consacre qu'à la seule répression, il court le risque de ne plus pouvoir activer ses centres moteurs ». Adler fustige les théoriciens rigides, déterministes et marxo-matérialistes de la sociale démocratie allemande et autrichienne : comme le fera plus tard Henri De Man, Adler vise à créer, au sein du parti socialiste, un équilibre entre politique (rationnelle) et psychologie (émotive des masses), ce qui revient à prôner un équilibre entre l'émotivité qui impulse l'action politique à la base et la nécessité d'avoir un cadre doctrinal efficace. Même Karl Kautsky, exposant d'un socialisme positiviste et rationaliste, souvent brocardé par les soréliens et les léninistes pour sa rigidité et ses modérations, reconnaît la qualité et l'efficacité des positions d'Adler : «[Dans les rangs des nationalistes pangermanistes], il a acquis une formation politique et une capacité de traiter les situations et les hommes, qu'avant lui, les chefs de la sociale démocratie autrichienne n'avaient jamais eue. L'arrivée d'Adler dans leurs rangs a mis fin au règne de l'infantilisme politique ». L'aveu est de taille : cela signifie, si l'on retient ces paroles de Kautsky et qu'on les extrapole, sans pour autant les solliciter outre mesure, qu'un socialisme privé du terreau des pensées énergiques (et énergisantes) de l'élan vital nationaliste, pangermaniste, wagnérien et nietzschéen, sombre quasi automatiquement dans la banalité et l'infantilisme…
Le passage au socialisme n'estompe nullement l'élan pangermaniste
Dans d'autres passages de l'œuvre ou des mémoires de Kautsky, nous trouvons d'autres évocations élogieuses d'Adler : « Autour de lui, il y avait un cercle d'intellectuels —des médecins, des avocats, des compositeurs, des journalistes— qui s'intéressaient tous au socialisme et qui étaient très proches de lui. Une seule chose m'éloignait d'eux : le fait qu'ils professaient ouvertement des idéaux pangermanistes… [Les membres juifs de ce groupe] étaient de fervents nationalistes, beaucoup étaient même chauvins… Ils ne voulaient rien avoir à faire avec les Habsbourg et n'exaltaient que les Hohenzollern. Les juifs autrichiens étaient à l'époque les défenseurs les plus passionnés de l'Anschluss, auquel s'opposait clairement Bismarck ». Malgré les sentiments positifs qu'il éprouvait à l'égard d'Adler, Kautsky exprimait souvent son incompréhension face au wagnérisme et au nietzschéisme qu'il avait hérités de son long passage dans le mouvement pangermaniste. Devenu à son tour député socialiste, Pernerstorfer explique les mobiles qui ont animé sa jeunesse, qu'il ne renie pas, dans les colonnes de Deutsche Worte : « J'ai grandi pendant une période de grande exaltation patriotique, mais, dès ma jeunesse, je me suis intéressé aux idées démocratiques et socialistes; je pensais que le pangermanisme, tout comme les autres mouvements nationaux dont s'étaient inspirées les guerres de libération contre Napoléon, étaient de nature démocratique ». Quant à Adler, il n'a jamais cessé de lire et de vénérer les corpus légués par Wagner et Nietzsche. Axiome indépassable de sa pensée : la musique créera le sens communautaire socialiste et national. A ce propos, il écrit : « La musique a le pouvoir de nous guider vers les plus hautes cimes du sentiment, où toutes les particularités disparaissent et où notre regard ne rencontre plus que ce qui est grand et sublime. Le sens le plus élevé de notre solidarité, l'enthousiasme pour la cause sacrée où les masses s'unissent dans la fraternité, ne peuvent s'exprimer par des mots : ils doivent se chanter ».
Un socialisme culturel et non matérialiste
Pour Adler, les objectifs du socialisme ne sont donc pas d'ordre matériel, ne visent pas uniquement à améliorer le bien-être matériel des masses, à en faire des animaux d'élevage gavés, dociles et domptés, mais surtout à élever leur niveau culturel. Il exprime clairement cette idée dans un article de la revue Gleichheit de 1887 : « La révolution économique avance inexorablement sur sa voie, en suivant les lois de la mécanique… mais, simultanément, une autre révolution avance dans la conscience de l'humanité, une révolution intellectuelle qui, elle, est le véritable objectif premier des partis prolétariens sociaux démocratiques ». Les militants socialistes sont dès lors des missionnaires, les missionnaires d'une révolution culturelle, éducatrice qui vise l'élévation morale des classes défavorisées. Les historiens du socialisme international reconnaissent cette spécificité du message d'Adler; ainsi, l'historien britannique G. D. H. Cole: «… le mouvement socialiste viennois se distinguait des autres surtout par les succès qu'il avait remportés dans son travail culturel; les socialistes autrichiens, ou du moins les socialistes viennois, sont devenus le groupe prolétarien le plus cultivé et le mieux préparé du monde ». Pernerstorfer est fier du travail réalisé par ses amis et camarades; lors du congrès des socialistes autrichiens de 1894, il les félicite et ajoute une phrase capitale, qui prouve nettement que l'idéologie de la table rase, propre des socialistes dégénérés et véreux d'aujourd'hui, n'est pas la sienne : « Tout ce qui forme le patrimoine des civilisations du passé et du présent, tout ce qui est noble, grand et beau, se concentre en vous ».
Un socialisme qui table sur le “mythos” plutôt que sur le “logos”
Le socialisme n'a de sens, ajoute McGrath, que s'il patronne une éducation artistique des masses prolétariennes. Pour y parvenir, Pernerstorfer sait qu'on ne peut faire table rase des legs de la religion, des symboles, des mythes, notamment de ceux qui s'exprimaient dans le théâtre de la cité grecque antique. Avant d'autres auteurs importants, notamment de la future “révolution conservatrice”, Pernerstorfer affirme que le socialisme, s'il veut triompher, doit tabler sur le “mythos” plutôt que sur le “logos”. Leitmotiv qui est évidemment d'inspiration wagnérienne et nietzschéenne. Pour lui, un peuple qui ne va plus au théâtre, qui ne dispose plus de théâtres où il peut créer directement ses formes d'expressivité, est un peuple mort-vivant. De même, si le théâtre n'est plus que commémoratif, répétition stérile des mêmes clichés, il ne peut servir de ciment communautaire. Bertold Brecht pour la “gauche” officielle du 20ième siècle, Hanns Johst, dans le contexte national-socialiste, ne diront pas autre chose. Quelques citations puisées dans les articles de Pernerstorfer sont révélatrices à cet effet : « L'immense majorité du peuple est complètement exclue du théâtre et de l'art en général; la dramaturgie, qui, normalement, est intimement liée à la collectivité nationale tout entière, du fait du caractère religieux de ses origines et de son développement, n'est plus que le privilège d'une strate très restreinte de la population ». «Jadis, la nation et le théâtre étaient étroitement liés l'une à l'autre. Ils se développeront à nouveau tous deux lorsque de nouvelles formes de vie, dans la grande ère à venir, se montreront capables de réunifier la nation au niveau culturel le plus élevé, alors naîtra un nouvel art dramatique, qui ne sera en rien inférieur aux plus grandes créations de l'art antique». «Seul le socialisme pourra créer en toute conscience une situation où il n'y aura plus de restrictions sociales empêchant les individus d'évoluer totalement… Alors seulement la souveraineté de l'œuvre d'art, dont rêvait Richard Wagner, deviendra réalité ».
Socialisme = culture, libéralisme = barbarie
Le socialisme est donc au service de l'esthétique, de l'art, et non l'inverse. Il est le contraire du libéralisme, qui crée un monde d'enfer, parce que le beau n'a, pour lui, aucune importance, seules comptent pour lui les plus sinistres abstractions inventées par l'homme : les bilans, les procédures bancaires, l'argent, les accumulations quantitatives, la production d'horribles objets sérialisées, le vacarme d'abominables automobiles. Pour satisfaire le culte insensé voué à ces abstractions, on faisait mourir des enfants, que l'on laissait déchiqueter sous des machines à tisser, comme le montre le film poignant consacré, il y a quelques années, à l'œuvre politique du Père Daens. L'artiste, l'historien, le philologue, le philosophe, le créateur dérangent, au lieu de les respecter et de les choyer, on les condamne à la misère existentielle et morale. L'employé de banque, le comptable, l'ingénieur commercial, le "manager", le producteur tayloriste sont hissés sur le pavois, payés grassement pour ne rien créer de beau et même pour généraliser toujours davantage l'horreur sérialisée qui est leur propre, alors que leurs abjectes et médiocres personnes, par le fait même qu'elles existent, mangent, ch…. et respirent, font chavirer notre civilisation dans un déclin irrémédiable, à l'horizon duquel une misère noire nous attend, une double misère morale et économique, car ce fatras infâme finira par crouler —sa croissance exponentielle ne pouvant se poursuivre à l'infini. Un vrai socialisme aspire à une société débarrassée des maniaques de l'accumulation quantitative sans frein, les émules de la crapule marchande von Ofenheim.
On ne peut être socialiste qu'avec l'indispensable zeste de wagnérisme et de nietzschéisme
L'exemple historique le plus patent qui vient à l'esprit quand on rappelle ces deux équations, chères à Pernerstorfer et Adler —“socialisme = esthétique” et “libéralisme = barbarie culturelle”—, est le sort advenu aux créations architecturales de Victor Horta : celui-ci n'était pas encore décédé que les libéraux, élus par le plus vil des esprits mercantiles, faisaient raser à Bruxelles les immeubles qu'il avait érigés. Plus tard, après la seconde guerre mondiale, quand le socialisme avait vraiment perdu ses dernières plumes culturelles, qu'il avait sombré dans l'horreur matérialiste la plus vulgaire, sa splendide “Maison du Peuple” de la rue Joseph Stevens, près du Sablon, croulait sous les pioches et les bulldozers des démolisseurs, malgré les appels et les pétitions lancées dans le monde entier, notamment par le grand architecte finlandais Alvar Aalto. Le socialisme belge, qui avait partagé avec le socialisme autrichien une volonté d'esthétiser la vie publique, perdait bel et bien ses dernières bribes qualitatives : depuis, il n'a cessé de sombrer dans la fange la plus abjecte, dans la veulerie, la crapulerie et la corruption. Il est aujourd'hui représenté par d'ignobles voyous sans foi ni loi, qui auraient fait honte à des esprits aussi élevés que les fondateurs de la sociale démocratie autrichienne : Engelbert Pernerstorfer et Victor Adler. Avec eux et avec Horta, nous aurions été socialistes sans arrière-pensées, avec l'indispensable zeste de wagnérisme et de nietzschéisme. Avec la vermine qui prétend représenter le socialisme en Belgique aujourd'hui, on n'ose plus revendiquer cette étiquette.
Pour Adler, la politique est l'art de l'action
Victor Adler a bel et bien représenté un socialisme où il y avait équilibre en l'esprit et le cœur, entre l'intellect et les passions. Emile Vandervelde, dans l'hommage qui lui rend immédiatement après sa mort, écrit : « Je n'ai jamais connu personne —et je le répète, personne— en qui se résumaient si bien toutes les qualités de caractère et d'intelligence, ce qui concourait à former un grand chef politique. Il appréciait les grandes motivations idéales mais ne fermait pas les yeux face à la réalité; il avait une parfaite maîtrise des théories et des faits, faisait montre d'un merveilleux équilibre entre l'esprit et le cœur; il avait un pouvoir magnétique qui lui permettait d'entraîner les hommes tout en conservant le calme nécessaire pour les freiner dans leurs moments de colère ». Ces qualités distinguaient Adler de la grande majorité des chefs sociaux-démocrates allemands. Il se désolait de voir combien un Bebel ignorait les ressorts de la psychologie des masses. Ces socialistes allemands étaient des raisonneurs abstraits, des bâtisseurs d'hypothèses rigides. Julius Braunthal observe qu' « Adler n'avait pas la moindre sympathie pour tout ce qui est hypothétique, abstrait et artificieux… Pour lui, la politique était l'art de l'action, l'art de faire ce qui est nécessaire en des circonstances déterminées ».
Adler admirait Jean Jaurès, son style théâtral, sa capacité d'enivrer. Comme lui, il entendait, en toute conscience, valoriser l'aspect théâtral de la politique. Plus spécifiquement, écrit McGrath, un examen approfondi des techniques utilisées par Adler démontre qu'il était un maître de la symbolique politique. Les exemples que souligne McGrath sont intéressants : le combat mené par Adler et ses amis pour faire du 1 mai la fête des ouvriers, d'une part, la grande manifestation qu'ils ont organisée à Vienne pour obtenir le suffrage universel.
Cri d'appel et ligne ondulatoire
Pour Adler, la politique fonctionne correctement, fait vraiment bouger les choses si on table sur l'“appel”, le cri d'appel, le Weckruf, qui consiste à réveiller l'énergie vitale assoupie. L'appel du 1 mai passe par le retour à un mythe païen, celui de la célébration du printemps, de la fête qui inaugure le temps de la fertilité et la période des fleurs. Pour Adler, le 1 mai ne doit pas être une journée de revendications brutales, mais une journée festive. Adler mêle là traditions populaires et éléments glanés dans La Naissance de la Tragédie de Nietzsche. Le choix de la fête, plutôt que de la manifestation purement revendicative, est un choix tactique conscient. Il sait que le parti socialiste doit maintenir vive la conscience des iniquités sociales dérivant du mode de scrutin censitaire en vigueur dans l'Autriche de son temps. Mais, en tant que psychologue, il sait aussi que “l'on ne peut maintenir éternellement la lutte à la température maximale, une température maximale qui n'est possible qu'en certains moments et dans des conditions favorables”. Il serait donc criminel et vain de maintenir une pression constante de type linéaire. Le risque est alors de courir à la catastrophe. Adler ne croit pas à la “ligne droite” mais à la “ligne ondulatoire” (Wellenlinie). Il l'explique au congrès socialiste de 1904 : « Toute activité psychique —et la politique est aussi et surtout une activité mentale— se développe selon un rythme ondulatoire. Dans tout mouvement, il y a des crêtes de vague, mais chacune d'elles est suivie, par nécessité physique, d'un creux, d'une diminution d'intensité qui constitue un moment de pause et prépare une reprise d'intensité dans le mouvement. Aucune activité psychique ne peut se maintenir sur le long terme ou pour toujours à son niveau maximal ». La triple lecture de Schopenhauer, de Wagner et de Nietzsche permet à Adler de mieux saisir la psychologie des masses que ses collègues marxistes conventionnels, qui n'argumentent qu'avec des schémas secs, rationalistes ou positivistes. Par conséquent, tout mouvement socialiste qui s'écarte de la pensée en termes de “rythmes ondulatoires” sombre dans l'apathie ou le ronron politicien. Il n'y a pas de socialisme triomphant qui soit pensable sans apport nietzschéen.
La grande manifestation pour le suffrage universel
La campagne pour le suffrage universel permet une nouvelle fois à Adler de démontrer l'excellence de ses conceptions. Le Premier ministre hongrois Fejérvary annonce en septembre 1905 que la partie hongroise de l'Empire adoptera le suffrage universel masculin. Aussitôt, en Cisleithanie, les esprits s'échauffent et veulent le même statut. Les Tchèques sont en faveur d'une grève générale (prélude à une insurrection?). Adler, plus prudent, opte pour une tactique différente. L'émeute n'arrangerait pas les choses : le gouvernement conservateur risquerait de tenter à son tour le coup de force, comme le gouvernement russe qui vient de mater la révolte de 1905. Adler veut organiser une fête, un Volksfeiertag. Les ouvriers défileront dans le calme, le silence et la dignité (Würde) devant le Parlement, où l'on débat sur la question du suffrage universel masculin. Ils doivent défiler en famille, vêtus de leurs beaux effets du dimanche. Réclamer le suffrage universel ne se fait pas par des cris, des vociférations, des bagarres, mais par le faste d'une procession quasi religieuse ou d'un cortège traditionnel, inscrit dans la liturgie naturelle et agraire qui se profile derrière la liturgie catholique. 250.000 ouvriers allemands d'Autriche et une centaine de Slovaques de Moravie (en désaccord avec les Tchèques) participeront à cet immense défilé silencieux et digne. L'Arbeiter Zeitung écrit le lendemain : « Tous, du sympathisant au simple observateur, garderont le souvenir d'un spectacle sublime (erhabenes Schauspiel) ». L'unité populaire (et celle du prolétariat) ne naît pas d'une organisation rigide et enrégimentée mais d'une authentique communion d'idée et de sentiments. Les ouvriers autrichiens, en défilant calmement devant le Parlement de Vienne, ont prouvé qu'ils n'étaient pas un troupeau ignare manœuvré par des agitateurs. Cette vision, explique l'organe socialiste, est un “cliché libéral”, propre aux “philistins de l'imposture individualiste”. La classe ouvrière viennoise a fait preuve d'autodiscipline, a démontré sa volonté collective qui était, non pas le produit d'une violence destructrice, mais, au contraire, le produit d'un long travail éducatif, métapolitique, sans précédent. Au lendemain de cette gigantesque manifestation couronnée de succès, Victor Adler souligne le contraste entre, d'une part, cette masse puissante par le nombre et la discipline et, d'autre part, l'impuissance du Parlement, ou, pour parler comme Maurras, le contraste entre le pays réel et le pays légal. Adler écrit : « Cette Chambre ne jouit que de peu de crédit dans le peuple… Elle n'est plus en mesure de faire quoi que ce soit de bon, ni même quoi que ce soit de mauvais : elle est devenue complètement inutile ». L'anti-parlementarisme, dont on a accusé plus tard les fascistes, a des racines socialistes et foncièrement démocratiques. Du moins en Autriche.
Victor Adler traversera les turbulences de la première guerre mondiale et mourra le 11 novembre 1918. Un jour après sa mort, la République est proclamée. Mais ce n'était pas la république dont il avait rêvé dans sa jeunesse, surtout parce qu'elle s'interdisait de réaliser l'Anschluß, l'union des Allemands d'Autriche à la “grande patrie germanique”. Ce ne seront plus les socialistes qui militeront pour cette réunion, mais les nationalistes, héritiers directs d'un ancien associé politique d'Adler : le Chevalier von Schönerer.
Conclusion :
◊ Nous avons retracé, en suivant les démonstrations de McGrath et de Battey, l'histoire d'un mouvement politique à la fois identitaire et universel, un mouvement qui a clairement fait appel aux racines (Nibelungen, poésie et mystères médiévaux, ères des Staufer et des Othoniens, etc.), qui a imité des démarches identitaristes pionnières telles les Eisteddfodd gallois, tout en proposant un modèle universel (et non pas universalistes). Tous les peuples ont le devoir éthique de défendre leurs racines : cette vérité est universelle, mais ne débouche pas, a fortiori, sur un modèle universaliste arasant, qui se poserait comme unique pour toute la planète. Nous constatons aussi que si les composantes spécifiques, fondement de l'identité, sont négligées, passent à l'arrière-plan ou subissent un processus volontaire d'expurgation, le mouvement bascule dans l'inauthentique, dans la répétition stérile de poncifs fonctionnels sans âme puis dans le n'importe-quoi et dans la corruption. Ainsi, l'abandon par les forces socialistes des linéaments nationalistes, identitaristes, wagnériens et nietzschéens a conduit le mouvement socialiste à l'impasse qu'il connaît aujourd'hui : être un mouvement gestionnaire de la gabegie dominante, incapable d'affronter le néo-libéralisme, être un mouvement qui se contente de survivre ou être un mouvement anti-démocratique qui oblitère la variété nécessaire des réalités sociales, estime être l'horizon indépassable de l'humanité (dans ce cas, l'horizon n'est guère éloigné…), impose une forme ou une autre de “pensée unique”.
◊ Le Programme de Linz, la volonté de faire participer les masses par le théâtre, les manifestations chantées ou les processions comme le Volksfeiertag de Vienne lors de la lutte pour le suffrage universel, sont des mixtes audacieux et efficaces de populisme actif, un vrai socialisme. Sans ces dimensions, le socialisme est une imposture.
◊ Une révolution conservatrice réelle doit se vouloir un retour à cette forme de socialisme, postuler à nouveau l'usage des “paroles fortes” ou des “paroles âpres”, se remémorer la notion de “cri d'appel” (Weckruf) telle que l'avait forgée Victor Adler, remettre à l'honneur la pratique des défilés de masse dans la dignité. Une telle révolution conservatrice serait civile, instrumentalisable contre le néo-libéralisme. Personne ne pourrait incriminer une telle idéologie révolutionnaire-conservatrice, puisque l'incriminer équivaudrait à incriminer le mouvement socialiste et démocratique (suffrage universel, journée des huit heures), dont se réclame la “correction politique” actuelle, alors que sa rigidité et sa répétitivité sont le déni absolu du fondement identitariste, de la dynamique de base, de ce mouvement dans sa phase ascendante. Les champions de la “pensée unique”, de la “bien-pensance” (Elizabeth Lévy), de la “political correctness”, rejettent comme “fascistes”, “fascistoïdes” ou “fascistogènes” les éléments qui ont donné au mouvement socialiste et démocratique leur plus forte impulsion, leur dynamique ascendante. C'est la preuve qu'ils ne sont pas démocratiques, parce que sans ces éléments jugés “fascistes” par les terribles simplificateurs d'aujourd'hui, le mouvement démocratique n'aurait jamais connu le succès. L'objectif des champions de la “bien-pensance” est d'éradiquer dans la Cité tout ferment de dynamisme, de clore le bec aux citoyens et d'asseoir définitivement la gabegie dominante, d'en faire l'horizon indépassable de l'histoire.
Robert STEUCKERS.
(Forest/Flotzenberg, Vlotho im Wesergebirge, juillet/août 2001).
Notes:
◊ 1. La volonté de détacher les Allemands d'Autriche, voire l'ensemble des peuples de Cisleithanie (Tchèques, Italophones du Trentin, Slovènes et Allemands) de la partie de l'Empire réunie à la Couronne de Hongrie (Hongrois, Slovaques, Croates) ruine la perspective danubienne de l'histoire allemande. Cette idée, tout à la fois folciste, au sens où l'entendait Herder, et moderne, est en contradiction avec la mission confiée au Traité de Verdun à Louis le Germanique (Ludwig der Deutscher) en 843. Louis avait reçu la mission de conquérir le cours du Danube pour restaurer l'impérialité romaine dans sa plénitude. Le détenteur du titre de Kaiser, Lothaire (Lothar), avait reçu cette dignité parce qu'il régnait sur les deux fleuves qui avaient donné à Caius Julius, de la gens julia, la dignité de Caesar : le Rhône, le Rhin (et dans une moindre mesure le Pô). Abandonner cette perspective d'un bassin danubien unifié est une négation de l'héritage romain, donc de l'avenir européen. C'est évidemment un point du programme du Groupe Pernerstorfer que nous ne saurions partager.
◊ 2. Après que l'Empire austro-hongrois soit devenu “dualiste” en 1867, on a eu coutume d'appeler Cisleithanie la partie occidentale, essentiellement allemande, mais aussi tchèque, avec pour villes principales Prague, capitale du Royaume de Bohème, et Vienne, capitale de l'Autriche et résidence de l'Empereur. Le parlement des peuples de Cisleithanie siégeait à Vienne. Celui de la Transleithanie à Budape
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mercredi, 06 juin 2007
Mouvement métapolitique à Vienne (19ième) (I)
Le mouvement métapolitique d'Engelbert Pernerstorfer à Vienne à la fin du 19ième siècle, précurseur de la "révolution conservatrice" (PREMIERE PARTIE)
Intervention de Robert Steuckers lors de la 9ième Université d'été de l'association «Synergies Européennes», Région de Hanovre, août 2001
Analyse :
William J. McGRATH, Arte dionisiaca e politica nell'Austria di fine Ottocento, Einaudi Editore, Torino, 1986 (Original anglais : Yale University Press, 1974), ISBN 88-06-59147-9.
Bret BATTEY, The “Pernerstorfer Circle”, http://faculty.washington.edu/vienna/projects/pern/
Sur Siegfried Lipiner : http://www.bautz.de/bbkl/l/lipiner.shtml
Sur Richard von Kralik : http://www.bautz.de/bbkl/k/Kralik.shtml
Pourquoi avoir choisi cette thématique? Pourquoi avoir ressorti un auteur quasiment oublié? La première raison qui m'a poussé à opérer ce choix et à vous présenter les initiatives d'Engelbert Pernerstorfer c'est justement que le concept de "révolution conservatrice" m'apparaît désormais trop restreint, trop limité, surtout dans le temps. Cinq faisceaux de motivations m'ont amené à réétudier, à partir des recherches de deux Américains, William McGrath et Bret Battey, les activités métapolitiques de la Vienne des trois dernières décennies du 19ième siècle et d'en dégager des idées que l'on peut considérer comme les prémisses —ou comme certaines prémisses— de la future "révolution conservatrice".
◊ La période choisie par Armin Mohler est limitée: elle va de 1918 à 1932, soit une période de quatorze années, qui est trop particulière, trop marquée par la défaite de 1918, par les clauses du Traité de Versailles de 1919, par les débordements proches de la guerre civile (Putsch de Kapp, intervention des Corps francs à Munich, dans la Ruhr et en Silésie), pour offrir une alternative complète au système pour une période non effervescente. Qui plus est, les racines des idées développées par les principaux protagonistes de la "révolution conservatrice" de 1918 à 1932, plongent dans une antériorité qu'il convient également d'explorer. Cette remarque n'enlève rien au mérite de Mohler et à l'excellence de son travail encyclopédique. Mon objectif est de donner une dimension temporelle plus profonde à son concept de "révolution conservatrice", ce qu'il entendait amorcer lui-même, notamment en accueillant favorablement les travaux de Zeev Sternhell.
Réflexions sur les vertus soldatiques
◊ L'accent de la "révolution conservatrice" après 1918 est tout naturellement mis sur les vertus "soldatiques" qui ont été cultivées pendant la première guerre mondiale et se sont avérées nécessaires pour éloigner le danger bolchevique des frontières de l'Allemagne en Silésie et dans l'espace des Pays Baltes et pour le conjurer à l'intérieur même du Reich, notamment dans la Ruhr, à Berlin et à Munich. La figure du combattant de la Grande Guerre est évoquée, de manière sublime, dans l'œuvre d'Ernst Jünger et dans celle de Schauwecker; la figure du combattant des Corps Francs dans les ouvrages d'Ernst von Salomon. Dans l'espace idéologique de la "nouvelle droite" française, avant que celle-ci ne titube d'une démission et d'un aggiornamento à l'autre, Dominique Venner a introduit cette thématique dans un livre à grand tirage : Baltikum. Dans le Reich de la défaite, le combat des Corps-francs. 1918-1923, Robert Laffont, Paris, 1974. Ultérieurement, une version de ce titre est parue dans “Le Livre de Poche”. Sur le même thème, D. Venner a fait paraître plus récemment : Histoire d'un fascisme allemand. Les Corps-francs du Baltikum. Du Reich de la défaite (1918) à la Nuit des Longs Couteaux (1934), Pygmalion/Gérard Watelet, Paris, 1996.
Déjà lors mon intervention dans un colloque d'orientation idéologique, tenu dans une auberge de la Lande de Lüneburg, au début de l'aventure de «Synergies Européennes» en Allemagne, j'avais souligné l'intérêt politique qu'il y avait de suggérer à nos contemporains un projet révolutionnaire-conservateur, qui soit général et civil et non plus seulement soldatique, vu que cet idéal soldatique ne permet plus aujourd'hui de pénétrer les mentalités des masses, celles-ci n'étant plus du tout pétries de cet idéal, du fait de l'éloignement temporel qui nous sépare désormais, de plus en plus, de cette "période axiale" du 20ième siècle (pour reprendre une expression chère à Karl Jaspers, à Armin Mohler et à Raymond Ruyer). Ce qui n'ôte évidemment rien à l'importance intrinsèque et primordiale que revêt une lecture, dans l'adolescence et au début de l'âge adulte, de cette geste héroïque contemporaine, notamment via les livres d'Ernst von Salomon et l'étude de Dominique Venner.
◊ Du fait des impératifs qu'impose la rédaction d'une thèse, comme celle de Mohler, à cause aussi d'un excès d'attention accordé dans certains milieux —cherchant à continuer la "révolution conservatrice"— à l'aspect héroïque de la seule geste soldatique de 1918-1919, la révolution conservatrice historique, réduite à la période étudiée par Mohler, semble une sorte de météorite qui traverse trop rapidement le ciel, un phénomène sans antériorité ni profondeur temporelle. En rester à un tel jugement conduit à une insuffisance doctrinale, à une mutilation idéologique, à une coupure incapacitante. En guise de palliatif, le présent exposé a pour objectif premier de conseiller la lecture de travaux universitaires, généralement anglo-saxons, comme ceux de William McGrath (réf. infra) sur Vienne, que je vais aborder ici, et de David Clay Large sur Munich, que j'aborderai ultérieurement. William McGrath explore l'époque qui va de 1865 à 1914 à Vienne. David Clay Large analyse les vicissitudes culturelles et politiques qui secouent la vie publique à Munich entre 1890 et 1945 (nous nous bornerons à présenter la période qui va de 1890 à 1920, car c'est elle qui nous instruit clairement sur les évolutions idéologiques à l'œuvre dans la capitale bavaroise).
La nostalgie d'une unité idéologique perdue
◊ Après la lecture de ces ouvrages anglo-saxons, nous sommes amenés à constater qu'il n'y avait pas de clivage gauche/droite bien tranché avant la prise de Munich par les Corps Francs en 1919. Ce clivage, aujourd'hui réel, est né du choc frontal entre ces volontaires nationalistes et les gardes rouges de la République des Conseils; une césure binaire, parfaitement tranchée, n'existait pas auparavant. Avant les événements tragiques de Munich (et de Berlin) en 1918 et 1919, les composantes idéologiques, devenues antagonistes, ont connu un stade de “fusion” où elles se mêlaient dans des synthèses civiles, non idéologisées comme dans les années 20, 30 et 40 du 20ième siècle. Cette fusion, perceptible dans les débats de Vienne à la fin du 19ième, à Munich de 1890 à 1914 ou à Bruxelles avec des figures comme Victor Horta ou Charles Buls à la même époque, a suscité des nostalgies —nostalgies d'une unité perdue— que l'on repère dans certains linéaments du complexe “national-bolchevique” (autour d'Ernst Niekisch et de ses revues), dans les tentatives de restaurer un esprit communautaire contre la pesanteur des masses dans le socialisme marxiste ou contre l'individualisme forcené des libéralismes, dans les rangs du Wandervogel ou des mouvements de jeunesse qui ont pris sa succession après 1918, dans le socialisme libertaire préconisé par Gustav Landauer ou, en filigrane, dans l'œuvre de Walter Benjamin, qui a mûri, elle aussi, dans le Schwabing de la Bohème littéraire munichoise.
◊ La saisie en profondeur des racines de notre temps, du contexte idéologique très dense de cette époque qui s'étiolera après la révolution bolchevique, la prise du pouvoir par Hitler et la fin de la seconde guerre mondiale, passe par la nécessité de s'adonner —et de manière intense— à des lectures parallèles, ce qui, hélas, n'a jamais été fait dans notre courant de pensée, où trop souvent, les jugements à l'emporte-pièce ou le culte des chromos figés n'ont cessé de tenir le haut du pavé. Ces lectures parallèles, indispensables à la bonne compréhension des racines de notre temps, impliquent de lire conjointement
◊ 1. les travaux de Zeev Sternhell et de Steve Ashheim, tous deux chercheurs de l'école californienne et israélienne,
◊ 2. l'histoire des mouvements artistiques à Bruxelles et à Vienne (avec l'accent sur le Jugendstil et la Wiener Sezession),
◊ 3. l'histoire du mouvement pré-raphaëlite en Angleterre, avec étude de l'œuvre de Ruskin, du “Fabian Socialism”, des ouvrages de Matthew Arnold et de Thomas Carlyle et surtout impliquent
◊ 4. d'acquérir une bonne connaissance des productions de la maison d'édition d'Eugen Diederichs à Leipzig et Iéna, où l'on a traduit et commenté ces œuvres et où l'on a approfondi ces thématiques.
Méconnaissance des corpus philosophiques qui sous-tendent la “révolution conservatrice”
La première étape dans cette enquête, dans cette historia au sens grec du terme comme nous le rappelle Michel Foucault et son exégète française, Angèle Kremer-Marietti, va nous conduire à Vienne, puis, seconde étape, à Bruxelles, et, troisième et quatrième étapes, à Munich et à Berlin. Car la notion d'enquête, d'historia, est à la base de la méthode archéologique et généalogique que nous ont léguée Wilhelm Dilthey et Friedrich Nietzsche, méthode archéologique/généalogique qui est la marque de l'épistémologie révolutionnaire-conservatrice. La méconnaissance de ce corpus, chez la plupart des exposants naïfs ou prétentieux d'une nouvelle “révolution conservatrice”, conduit à des apories, des quiproquos ou des “maculatures” sans nom. La “nouvelle droite”, et certains personnages qui l'ont animée, en ont donné le triste exemple pendant plus de trente ans. Personnages qui persistent dans leurs insuffisances. Et qui nous traitent d'“anarchistes”, à l'idéologie “peu claire” ou “peu sûre”, parce que nous remontons véritablement aux sources, des sources que, curieusement, ils ne veulent pas connaître, sans doute parce qu'elles les obligeraient à sortir de leurs chromos simplistes ou à relativiser leurs positions trop schématiques. Pire : citer Landauer, Benjamin et Foucault (même par le biais d'Angèle Kremer-Marietti) constitue un crime de “judéophilie” ou de “gauchisme” pour ces esprits bornés, qui osent ériger leurs tristes limites voire leurs obsessions ridicules au rang de paradigmes. Reproche d'autant plus infondé que des exposants non juifs, parfaitement “aryens”, ont défendu exactement les mêmes thèses ou positions. Ces paradigmes figés sont érigés en dogmes fixes, alors que l'objet même de nos préoccupations, la révolution conservatrice et ses antécédents, sont des phénomènes dynamiques, des dynamiques effervescentes, qui ont leur trajectoire; même si les limites de l'idéologie dominante actuelle et des sycophantes qui l'instrumentalisent bloquent ces dynamiques, elles ont encore des impacts, même si ces impacts ne sont plus des flots fougueux d'innovations, mais de minces filets qui ne cessent de filtrer, en dépit de tout : il suffit d'observer les succès de certaines expositions d'Europalia, sur Vienne ou sur d'autres villes, pour le constater. Une nostalgie indéracinable, bien qu'inconsciente ou fragmentaire, continue à attirer les foules vers les productions artistiques ou littéraires de cette époque, productions qui forment aussi l'arrière-plan politique des grands mouvements populaires de la fin du 19ième siècle.
La revue “Die Telyn” au Schottengymnasium de Vienne
Sortir des impasses de la clique parisienne qui prétend réincarner la “révolution conservatrice”, implique justement de poser une démarche archéologique/généalogique. Et cette démarche, pour le volet viennois de notre enquête, aboutit à étudier la trajectoire d'un personnage des plus intéressants : Engelbert Pernerstorfer. Il débute sa longue carrière politique et métapolitique en mars 1867, alors qu'il n'est encore qu'un modeste lycéen, inscrit dans une célèbre école de Vienne, le Schottengymnasium, tenu par des pères bénédictins. A l'origine, cette institution d'enseignement catholique avait été fondée par des religieux issus d'Irlande, qui avaient immigré en Europe centrale, sans doute en même temps que les “Oiseaux Migrateurs”, ces mercenaires irlandais mettant leur épée au service du Saint-Empire contre les ennemis de l'Europe. Engelbert Pernerstorfer et ses amis du Schottengymnasium fondent une revue pour exprimer leurs idées; elle porte le titre de Die Telyn, soit “La Harpe celtique”, clin d'œil, sans doute, à ces bénédictins d'Irlande venus jadis à Vienne, pour accompagner leurs compatriotes soldats. Mais une autre référence celtique anime les jeunes collégiens : la fête de l'Eisteddfodd gallois, remise à l'honneur au Pays de Galles à la fin du 18ième siècle, dans le cadre de ce que l'on a communément appelé le “Celtic Revival”. L'Eisteddfodd consistait en un festival de musique traditionnelle, avec récitations de poésie, avec chants puisant dans le patrimoine mythologique et national irlandais ou gallois. Le choix de l'instrument de musique symbolique de la Verte Eirinn et la référence à l'Eisteddfodd gallois indique clairement que nos collégiens du Schottengymnasium avaient un projet précis : revitaliser la culture populaire, remettre les racines à l'honneur à l'instar des celtisants gallois, afin d'amener, à terme, une révolution politique.
Nature, patrie, art
Dans ce premier groupe autour d'Engelbert Pernerstorfer, nous trouvons Victor Adler (d'ascendance israélite), Max Gruber et Heinrich Friedjung (également d'ascendance israélite). Pourquoi Pernerstorfer a-t-il immédiatement barre sur ses condisciples? Parce que son père a fait la révolution de 1848. Il est d'ascendance modeste. Il est un homme du peuple, alors que les familles des Adler, Gruber et Friedjung appartiennent à une bourgeoisie aigrie, mécontente du rythme trop trépident que prennent la révolution industrielle et la modernité. Pour nos quatre collégiens, trois valeurs doivent être sauvées, restaurées et portées au pinacle de la Cité : la nature, la patrie et l'art. Dans le concret, cela signifie quatre orientations politiques précises : 1) On s'oppose aux Habsbourgs, car on est pangermanique, on veut l'unification générale des Allemands ethniques, unification perçue comme un impératif de la nature; 2) On est socialiste, au sens où la révolution de 1848 a anticipé le mouvement socialiste et où la crise de l'ordre économique existant postule un changement allant dans le sens d'une redistribution plus juste et d'un dépassement du primat accordé par le libéralisme à l'économie et aux accumulations quantitatives de tous ordres. Le socialisme de ces lycéens est proche de celui de Ferdinand Lassalle, qui s'entendra avec Bismarck. Lassalle veut un socialisme étatique, c'est-à-dire un socialisme acceptant les correctifs de l'Etat; 3) On veut se dégager des conventions sociales, qui sont autant d'étouffoirs à la créativité; cette volonté de dégagement vaut autant pour les Catholiques, majoritaires en Autriche, que pour les Juifs ou les Protestants; 4) On veut instaurer une pédagogie, un système d'éducation, permettant à tous d'accéder aux hautes valeurs de la culture, car la culture, les arts et la littérature seront le ciment de la communauté nationale allemande, comme ils ont été le ciment de la conscience nationale et ethnique des Gallois.
Panthéisme irlandais et Nibelungen
Cette quadruple option, prise par notre quatuor de lycéens viennois, s'explique par la psychologie et par une idiosyncrasie particulière. Sur le plan psychologique, leur réaction est, dit McGrath, une réaction de fils contre le monde de leurs pères, en d'autres termes, une révolte juvénile qui anticipe celle du Wandervogel berlinois, né en 1896. McGrath ne formule au fond rien de bien original, sacrifie peut-être un peu trop aisément aux manies freudistes américaines; pour lui, les pères veulent un monde stable, figé, tandis que les fils, par définition —ce qui nous laisse sceptiques— un monde mouvant, effervescent. Sur le plan idiosyncratique, le Schottengymnasium, par le truchement de ses traditions pédagogiques, a provoqué tous les déclics idéologiques chez notre quatuor de lycéens. Ce refuge de bénédictins irlandais en Autriche véhiculait, volens nolens, une tradition irlando-écossaise, plus panthéiste que ne l'étaient les scolastiques de l'enseignement catholique habituel ailleurs en Europe. Ce panthéisme irlandais au sein d'un catholicisme continental, plus rationaliste, explique la double référence celtique : à la harpe (la telyn) et aux fêtes de l'Eisteddfodd gallois. Deux professeurs ont laissé une empreinte philosophique indélébile sur Pernerstorfer et ses jeunes amis, leur ont communiqué les linéaments d'une idéologie alternative : Hugo Mareta et Sigismund Gschwander. Le niveau de leur enseignement est très élevé, dans toutes les branches, mais le dénominateur commun du message que communiquent les pères, dénommés “Schotten”, est un ancrage dans le paysage, dans la terre des forêts entourant Vienne et dans le peuple qui véhicule des traditions authentiques, bien plus anciennes que les poncifs du libéralisme du 19ième. Hugo Mareta, germaniste, initie ses élèves à tous les arcanes des Nibelungen et les plonge dans un univers wagnérien.
Cette référence constante aux racines et à la nature amène les élèves du Schottengymnasium à percevoir le libéralisme ambiant comme une crise de civilisation passagère, comme une ère qu'il convient de dépasser. Pour effectuer la transition, il faut préparer une élite qui sache renouer avec la tradition antérieure. Mais cette élite ne devra pas se contenter de réminiscences stériles du passé, de répétitions interminables de ce qui a été (et ne sera plus) : elle est appelée, au contraire, à l'action politique concrète, qui consistera, dans un premier temps, à rechercher systématiquement des alternatives idéologiques à la fausse culture libérale.
Du lycée à l'université
Le temps du lycée est bref, pour tous les adolescents. La deuxième étape dans la trajectoire du groupe de Pernerstorfer se déroule à l'Université, où ils fondent, le 2 décembre 1871, le “Leseverein der deutschen Studenten Wiens” (= Cercle de lecture des étudiants allemands de Vienne), puis, dans la foulée, la “Burschenschaft Arminia” (la Corporation Arminia). Dans leur formulation, les écrits laissés par le Leseverein sont moins radicaux que ceux de Die Telyn. Mais leur niveau est forcément plus élevé, les rédacteurs acquérant sans cesse savoir et maturité.
Le Prof. McGrath, dans son enquête minutieuse, a retracé l'historique des conférences prononcées à la tribune du Leseverein, ce qui nous permet de mettre en exergue ses idées motrices, telles qu'elles sont apparues au fil du temps. McGrath nous rappelle un débat récurrent sur l'œuvre de Lorenz von Stein, professeur à Vienne jusqu'en 1885. Lorenz von Stein est considéré comme un “conservateur social”, cherchant à réduire la dépendance des ouvriers, en leur donnant un accès à la propriété et à l'instruction. La dépendance ouvrière s'est accrue après les révolutions bourgeoises, française et industrielle : elle est un fruit de la modernité et non pas un héritage de l'Ancien Régime, qui prévoyait des protections diverses pour les pauvres, souvent en nature (vivres, jouissance de logements individuels ou collectifs, terres de pâturages sur les communs, revenus allodiaux, droits de récoltes ou de ramassage divers, etc.). Lorenz von Stein critiquait les théories pré-communistes des théoriciens français (notamment Blanqui). Ce communisme, outrancier, ne peut déboucher que sur l'oppression généralisée et abstraite de tout le peuple et ne permet pas de construire un ordre économique capable de fonctionner sur le long terme. L'alternative, proposée par Lorenz von Stein, est une société organique axée sur le Bien Commun (concept hérité d'Aristote), qui combat l'égoïsme et l'individualisme.
Sur le plan pratique, la société organique et la notion aristotélicienne de Bien Commun induisent la nécessité d'améliorer les conditions de vie des ouvriers et de leur accorder une plus grande mobilité sociale, de permettre une circulation des élites plus fluide. Le socialisme ultérieur de Pernerstorfer et d'Adler découle davantage des idées conservatrices et aristotéliciennes de Lorenz von Stein que de Karl Marx. Et, in fine, tout socialisme efficace, tout socialisme réellement populaire ne fonctionne que sur base d'un héritage organique perceptible, ancien, ancré dans un tissu social, et non pas sur des innovations et des bricolages boiteux, nés de l'esprit de fabrication (Joseph de Maistre).
La référence schopenhauerienne de Karl Rokitansky
Le premier maître à penser philosophique du groupe est Arthur Schopenhauer. Dans le curriculum du Leseverein, ce sera un docteur en médecine, Karl Rokitansky, qui, par le biais de ses conférences, injectera les bases d'un schopenhauerisme pratique dans le corpus doctrinal du groupe. Rokitansky part de l'idée de la solidarité générale unissant toute la vie animale. Il énonce, à partir de cette idée tirée d'une lecture de Schopenhauer, une théorie biosociale, certes darwinienne en même temps que schopenhauerienne, mais solidariste et non pas compétitive. La solidarité, réclamée par Rokitansky, dérive de la notion (bouddhiste) de compassion, énoncée dans l'œuvre de Schopenhauer. L'homme doit dépasser les pulsions négatives qui le poussent à agresser ses concitoyens, à l'égard desquels il doit se montrer solidaire, afin de consolider le Bien Commun. Le schopenhauero-darwinisme de Rokitansky conduit à affirmer un altruisme solidaire, dont le ciment est la culture, qu'il s'agit de défendre et de développer, surtout au sein des masses déshéritées par les pratiques du libéralisme.
Le conférencier Theodor Meynert, psychiatre, va communiquer aux étudiants du Leseverein un corpus reposant à la fois sur Kant et sur Schopenhauer (un corpus qui sera repris plus tard par Konrad Lorenz). Pour Kant, expliquait Meynert, il existe un moi primaire et égoïste et un moi secondaire et abstrait, capable de recul. Ce recul permet la civilisation, induit la solidarité réclamée par son collègue Rokitansky, mais que Meynert appelle le “mutualisme”, idéologie dont la vocation est de réaliser la fraternité. Nous constatons donc que l'époque connaît deux variantes de darwinisme, le darwinisme libéral axé sur la concurrence et le darwinisme solidariste et mutualiste, axé sur la coopération et l'altruisme, deux vertus politiques qui consolident le Bien Commun et rendent les sociétés, qui les pratiquent, plus fortes.
Le scandale von Ofenheim
Ex cursus : Au moment où les étudiants du Leseverein planchaient sur les idées de Lorenz von Stein et écoutaient les conférences de Rokitansky et Meynert, éclate en Autriche, en 1875, un scandale emblématique, celui provoqué par les manigances du financier véreux Victor von Ofenheim. Ce noble dévoyé avait spéculé sur les chemins de fer en Galicie, vendu des actions gonflées démesurément, promis des dividendes pharamineux, attiré par ses leurres des milliers de gogos qui ont évidemment été ruinés. Cité en justice par les actionnaires floués, von Ofenheim entend le Comte Lamezan, véritable aristocrate de robe, prononcer contre lui un réquisitoire sévère. Le Comte Lamezan, proche à certains égards des étudiants du Leseverein, estime que le procès qui se déroule est emblématique : il met en exergue la contradiction —apparemment insoluble— qui existe entre l'éthique et l'économie. Mais en dépit du brillant réquisitoire de Lamezan, von Ofenheim gagne le procès; il déclare, via son avocat, qu'“avec la morale, on ne construit pas de chemins de fer”. Les étudiants, mutualistes, constatent avec énormément d'amertume : «Le système libéral est mauvais, puisqu'il s'avère incapable de sanctionner des activités aussi immorales». L'avocat de von Ofenheim s'en était tiré par une pirouette, en disant qu'il existait certes des tribunaux terrestres pour sanctionner des délits, mais que seul le tribunal céleste pouvait sanctionner l'immoralité.
Troisième orateur de marque dans le Leseverein, le philosophe Johannes Volkelt qui proposera aux étudiants viennois une synthèse entre Kant, Hegel, Schopenhauer et von Hartmann. Le titre de sa première conférence indique qu'il part résolument de Kant : “Kants kategorischer Imperativ und die Gegenwart” (= L'impératif catégorique de Kant et les temps présents). Volkelt avait commencé sa conférence en rappelant que le sujet connaissant (tel que défini par Kant) est instable, vu les limites de ses capacités cognitives. L'homme, sujet connaissant, est jeté dans un monde instable (en ce sens, il préfigure Heidegger). Pour pallier cette instabilité, l'homme doit respecter un code moral extrêmement rigoureux, qui lui donne les recettes de la survie et de la navigation sur la mer, souvent déchaînée, des circonstances existentielles (plus tard Arnold Gehlen parlera de "culture", comme système de palliatifs pour consolider la position de l'homme, être fragile quant à ses dons et capacités naturels). L'exigence morale de Kant est terrible. Elle postule de dépouiller systématiquement l'agir éthique de tout désir, de toute aversion, de tout affect. L'éthique qui en résulte est certes tranquille, mais elle est le résultat d'une lutte perpétuelle que l'homme a à mener contre lui-même. Finalement, ce n'est qu'au terme de cette âpre lutte qu'il est capable d'affirmer pour lui-même et pour les autres, une véritable autonomie. L'autonomie est atteinte seulement quand tous les affects incapacitants, distrayants, dissipants, sont éliminés (cette position de Volkelt est à mettre en parallèle avec la théorie de l'“individu absolu” de Julius Evola).
Volkelt contre l'amollissement généralisé
Au nom de la morale kantienne, Volkelt condamne, devant ses auditeurs du Leseverein, la société contemporaine, parce qu'elle est axée sur la commodité (la Bequemlichkeit), qui, elle, abandonne par principe toute lutte. Volkelt condamne aussi l'orientation des sciences et des techniques de l'époque, dans le sens où elles conduisent à la facilité, qui ruine et fait disparaître la vigueur et l'indépendance de l'homme, par ailleurs garantes dans la durée de son autonomie. Quand il chavire dans la facilité, l'homme abandonne son trésor le plus sacré : l'autonomie. Le jugement de Volkelt est sans appel : “Wir leben in einer Zeit allgemeiner Auspolsterung” (= Nous vivons une époque d'amollissement généralisé) (à lire en parallèle avec Die Perfektion der Technik de Friedrich Georg Jünger). La civilisation moderne, pour Volkelt, conduit donc à la superficialité spirituelle, à la légèreté et à la futilité, où les idéaux sont bannis, où la moralité n'est plus qu'une simple convention, où l'opportuniste est roi. L'affaire von Ofenheim l'a clairement démontré.
L'objet de la métapolitique (et le terme n'est pas anachronique comme nous allons le voir) est de forger une nouvelle éthique, contraire diamétral du libéralisme, de jeter les bases d'un nouvel ordre social et de restaurer le Bien Commun. Par conséquent, il faut remplacer l'individualisme matérialiste des libéraux classiques par une sorte de collectivisme idéaliste, où les salaires et les profits sont proportionnels au travail réellement presté, où les hommes sont animés par la conscience de faire quelque chose d'utile au Bien Commun, et ne poursuivent pas le but pervers de l'enrichissement personnel.
De Kant au binôme Wagner / Nietzsche
Par la suite, le Leseverein abandonne progressivement le kantisme pour adopter les idées de Wagner et de Nietzsche, surtout celles qui évoquent une “métaphysique de l'artiste” (dans le cadre de la “nouvelle droite”, qui n'a jamais évoqué l'œuvre de Pernerstorfer, seul Giorgio Locchi a abordé la relation complexe entre Nietzsche et Wagner).
C'est Victor Adler qui, le premier, a introduit Nietzsche dans le groupe qui participait à la rédaction de Die Telyn. Mais, il s'agissait du premier Nietzsche, pour qui l'art joue un rôle central, constitue la véritable activité métaphysique. La musique, pour ce premier Nietzsche, exprime une volonté collective non individualiste, elle est l'expression d'une sapience, d'une sagesse dionysiaque, présente dans le théâtre d'Eschyle et de Sophocle. Pour rappel, chez ce premier Nietzsche, le théâtre grec constitue une communion de l'homme avec sa propre communauté et avec la nature. Dans la dialectique Apollon / Dionysos, que ses livres sur la tragédie grecque explicitent, un surplus d'apollinisme conduit à la sclérose (comme à Rome), tandis que l'irruption permanente et ininterrompue du dionysiaque donne force et vitalité à la Cité. La Polis grecque, pour Nietzsche, fusionne ses éléments épars, ses différences de classe ou d'origine, dans la communauté mystique du rite dionysiaque. Si le flot dionysiaque vient à s'amenuiser, la Cité entre en déclin, comme ce fut effectivement le cas à partir d'Euripide. Nous assistons alors à l'assèchement des sources organiques, tant et si bien que l'homme de la période hellénistique est devenu trop “théorique”. Le bon fonctionnement de la Cité, hier en Grèce, à l'époque d'Adler et Pernerstorfer dans le monde germanique, implique de limiter l'extension des formes découlant du logos. L'Allemagne a pour mission de corriger par la musique une civilisation qui sombre dans un excès de logos. La musique allemande est l'élément dionysiaque, donc la source vitale, de la culture germanique d'Europe centrale. La fusion communautaire dans la Cité s'opère donc par la voie artistique et non pas par la raison économique.
La métaphysique des artistes et des long-voyants
Adler, comme Nietzsche, appelle l'avènement d'une “métaphysique de l'artiste” (Artistenmetaphysik). Le surhomme de la métaphysique de l'artiste est celui qui s'est auto-transcendé par la création artistique (lato sensu). Il a généré des formes éternelles, a ainsi dépassé la finitude du physique. Nietzsche évoque la nécessité de créer des institutions ou des agences capables de promouvoir les activités de ces créateurs de formes. Ces institutions doivent permettre de voir plus loin et plus clair, les deux valeurs cardinales d'une réforme profonde de l'enseignement et de la société en général sont la clairvoyance et le sens du long terme. Ceux qui participent à des cercles “long-voyants”, comme ceux d'Adler et de Pernerstorfer, doivent se former eux-mêmes et préparer l'avènement d'êtres géniaux, les aider à faire mûrir leurs œuvres. Cette optique vaut sur le plan artistique et littéraire, mais aussi sur le plan politique : il faut faire émerger une capacité de décision, étrangère et différente de l'esprit dominant de l'époque (matérialiste, positiviste, économiciste). L'optique nietzschéenne de Victor Adler entend maintenir intacte la force, la puissance des passions, génératrices de formes esthétiques ou de volontés politiques au service du Bien Commun (cette intuition du jeune Victor Adler est à mettre en parallèle avec l'œuvre de ce dissident russe, décédé trop tôt en 1992, Lev Goumilev, théoricien de la “passionalité” des peuples jeunes et dynamiques; l'estompement des passions conduisant au déclin irrémédiable).
La troisième étape du groupe “Telyn”, dans sa forme initiale, commence le 18 décembre 1878 quand est prononcée la dissolution du Leseverein. Nos jeunes hommes quittent l'Université et se réunissent dans les cafés viennois. Une partie du groupe devient activiste politique avec Adler, Pernerstorfer et Friedjung. Une autre partie décide de s'adonner à l'esthétique, avec Lipiner, von Kralik, Wolf et celui qui deviendra le grand compositeur autrichien Gustav Mahler (auquel le père de Victor Adler avait acheté son premier piano). Les esthètes se réunissent au sein du Gralbund (La Ligue du Graal), fondé en 1905, principalement sous l'impulsion de Richard von Kralik. Cette “Ligue du Graal” est in fine d'inspiration catholique, même si elle mêle à son catholicisme des éléments traditionnels non spécifiquement chrétiens.
Ainsi, les activistes s'entendent autour du “Programme de Linz”, à la fois socialiste et nationaliste, et dont les éléments “nationalistes” sont surtout portés par Friedjung, d'origine israélite. Friedjung entend défendre la langue allemande et milite pour une diminution, sinon une disparition, des taxes levées dans les classes pauvres. Parallèlement aux efforts d'Adler, Pernerstorfer et Friedjung, Georg von Schönerer, socialiste, pangermaniste et antisémite, développera une synthèse plus âpre, plus populiste. Les esthètes se veulent tout à la fois prêtres et poètes, entendent gérer la “passionalité”, la conduire sur des chemins positifs, en faire un ciment de cohésion pour le Bien Commun. Dans ce contexte, Richard von Kralik, dans le cadre du Gralbund, vise à rénover la culture européenne par un recours permanent aux idées-forces de l'antiquité, de la germanité, du christianisme médiéval et de la tradition des mystères, le tout s'inscrivant naturellement dans le cadre du national-catholicisme autrichien.
Richard von Kralik et les “esthètes pythagoriciens"
L'itinéraire de Richard von Kralik est intéressant pour saisir l'évolution des esprits et la synthèse que ceux-ci finissent par proposer dans le cadre de la culture germanique du 19ième siècle. En 1876, deux ans avant d'entrer dans le groupe de Pernerstorfer, von Kralik étudiait à Berlin chez Theodor Mommsen, le spécialiste de la Rome antique à l'époque, et assistait aux leçons de Treitschke et de Hermann Grimm. Il est socialiste, milite au parti, dévore l'œuvre complète de Ferdinand Lassalle, se frotte à l'idéologie marxiste en pleine maturation. En 1878, quand Siegfried Lipiner, ami de Wagner et futur rédacteur des Bayreuther Blätter, l'introduit dans le cercle de Pernerstorfer, il commence à lire Nietzsche, s'enthousiasme pour Wagner, de concert avec Gustav Mahler. Mais la rupture entre Nietzsche et Wagner créera une importante polarisation dans le groupe : les uns acceptent le wagnérisme mystique de la fin, curieux mixte de Schopenhauer, de théorie musicale et de mystique chrétienne, dont Kralik et Mahler. D'autres suivent les critiques de Nietzsche, estimant que Wagner avait subi une “involution”, et que le complexe idéologique de socialisme chrétien et mystique, assorti d'une option végétarienne (que Wagner déclarait “pythagoricienne”), n'avait aucun avenir, n'était qu'une illusion pseudo-religieuse parmi bien d'autres.
« L'homme fort est en mesure de créer pour lui-même une réalité idéale »
Un clivage net commence à séparer les esthètes (pythagoriciens) des activistes. Les wagnéristes végétariens, autour de Kralik, Mahler et Lipiner, considèrent comme totalement futiles les questions d'ordre politique. Richard von Kralik justifie ses positions anti-politiques par une révélation, qu'il aurait eue à la suite d'une dépression : il nie désormais l'existence d'une réalité plus parfaite au-delà du monde sensible des phénomènes. Face à la crise de son ami, Lipiner écrit à Nietzsche, au philosophe naturaliste, tellurique et mystique Gustav Theodor Fechner et à Paul de Lagarde, pour qu'ils fassent en sorte que Kralik change d'avis. Seul Lagarde répondra. Et obtiendra des résultats : Kralik admet à nouveau l'existence d'une sphère idéale transcendant la réalité quotidienne, mais le lien que cette sphère transcendante peut entretenir avec notre monde, passe par la médiation de la mythologie et de la symbolique germaniques, seules capables de faire miroiter l'idéal caché dans le réel. Mais Kralik refuse toujours la politique : «L'homme d'Etat doit savoir que toutes ses luttes ne lui apporteront aucun résultat». Finalement Kralik et Lipiner conviennent qu'aucune alternative valable ne s'offre à l'imperfection du réel; l'homme fort est en mesure de créer pour lui-même une réalité idéale. Ces positions, partagées par nos deux hommes, conduisent à la création en 1881 de la Sagengesellschaft (La Société de la Saga). Elle accueillera ceux qui, par esthétisme, refusent l'engagement politique, fuient la réalité et la sphère publique pour se consacrer à l'art. Lipiner : «Pour nous, le royaume des formes n'est pas un monde merveilleux qui existe pour que l'on s'évade de la vie; pour nous, ce monde est la vraie vie, ou, alors, rien n'est rien».
Pour un art authentique et unitaire
Richard von Kralik décrit l'objectif de la “Société de la Saga”: «L'objectif le plus important me semble le suivant : assurer à notre nation un substrat culturel épique comparable à celui qu'avaient les Grecs, les Indiens et les Perses; par ce projet, nous devons donner une unité à notre héritage de sagas sur les dieux et les héros, comme l'avaient fait Homère, Hésiode et Ferdawsi» (nous reprenons la transcription de ce nom persan, telle que nous l'a léguée Henry Corbin). Cette volonté de retrouver le noyau commun des mythologies indiennes, persanes, grecques et germaniques dérivent d'une lecture de Religion und Kunst de Wagner. La référence à la Perse vient très certainement de Gobineau. La mise en exergue du noyau commun à ces mythologies indo-européennes permettra, pensent les membres de la “Société de la Saga”, de créer un “art authentique et unitaire”. Telle est la mission qu'ils se donnent, à la suite des recommandations de leur maître Richard Wagner. Tâche évidemment titanesque. Mais Richard von Kralik ne baissera pas les bras. Successivement, il s'intéressera aux mystères médiévaux, à la constitution d'un corpus aussi complet que possible des sagas et mythes germaniques, à la quête du mythe faustien dans ses formes originelles, à la poésie de Dante, etc.
L'idéal de Kralik est de faire ré-émerger une culture régénérée, inspirée des mythes, capable de comprendre et de faire comprendre, par ses symboles, ce qui transcende les simples phénomènes. Son intérêt pour le mythe de Faust le conduit, paradoxalement, à prendre des positions anti-faustiennes et à vouloir substituer à la culture faustienne, qu'il qualifie d'aveugle et d'insatiable, une “culture du Graal”, dont Parsifal, héros wagnérien et pur idéaliste (reiner Tor), est le symbole. Cette culture du Graal correspond évidemment aux derniers idéaux de Wagner: mélange de schopenhauerisme, de mystique néo-chrétienne et de compassion bouddhiste.
(A SUIVRE DANS NOS EDITIONS QUOTIDIENNES ULTERIEURES).
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dimanche, 03 juin 2007
Las derechas contra la Falange
Las derechas contra la Falange
1. LOS ANTECEDENTES
El 19 de Abril de 1937 supone el hito más relevante de un proceso que afectó al movimiento nacionalsindicalista desde sus más remotos orígenes y que se prolonga hasta hoy mismo: los intentos de la derecha y de la extrema derecha por hacerse con el control del falangismo para derivarlo hacia intereses bastardos.
Efectivamente, mientras las JONS de Ramiro y Onésimo, la Falange de José Antonio y ambas organizaciones fusionadas después, supieron bosquejar un completo programa político y dotarlo a la par de una poesía, una mística original y galvanizadora de mentes y corazones, la derecha española carecía y carece no sólo de una estructura ideológica claramente identificable, sino de un universo simbólico con el que al menos disfrazar su nula capacidad para diseñar una proyecto propio que no sean vagos llamamientos genéricos preñados de calculada ambigüedad.
Por eso mismo, las intentonas para desviar a la Falange de su programa revolucionario fueron un peligro real y concreto con el que tuvieron que enfrentarse los falangistas desde el primer momento.
Así, una interesantísima carta de Juan Antonio Ansaldo, dirigida al exilio monárquico en Francia, probablemente en agosto de 1933, declara sin disimulos que, tanto él mismo como Francisco Moreno Herrera –marques de la Eliseda- estaban atentos a las conversaciones entre José Antonio y Ramiro Ledesma de cara a constituir un movimiento nacionalsindicalista único por lo que “nos hace falta injertarnos en él, pues como partido político puede ocurrir que al desarrollarse y tener vida propia prescinda de nosotros, y nadie sabe a dónde puede ir a parar si el éxito enardece un poco a sus caudillos. Hoy nos puede servir y nos servirá como grupo de acción, pero hay que pensar en su evolución y crecimiento, de tal suerte que no pierda nuestra tutela y amparo”.
No es de extrañar que, celosos de la intromisión derechista, en las mismas Bases del acuerdo entre JONS y FE se proclamara explícitamente que “se considera imprescindible que el nuevo movimiento insista en forjarse una personalidad política que no se preste a confucionismo con los grupos derechistas”. Y poco más tarde, en la Norma programática de FE de las JONS se insistía rotundamente: “Nos afanaremos por triunfar en la lucha con solo las fuerzas sujetas a nuestra disciplina. Pactaremos muy poco. Solo en el empuje final por la conquista del Estado gestionará el mando las colaboraciones necesarias, siempre que esté asegurado nuestro predominio”.
Y, como sabemos, no es mera retórica propagandística: en esos mismos días José Antonio rechaza el ingreso de Calvo Sotelo en la Falange, recordando que el nacionalsindicalismo “está bien lejos de ser un partido de derechas”. Fracasado, por tanto el primer intento ultra de infiltrase y orientar el rumbo de la Falange hacia los arrecifes de la política, Ansaldo y el Marqués de la Eliseda, acompañados por Arredondo y Rada, protagonizaron una ruidosa salida de Falange, haciendo todo lo posible por provocar su naufragio: Ansaldo, intentando apartar a José Antonio de la dirección del partido, y el Marqués de la Eliseda anunciando a bombo y platillo que abandonaba Falange por ser un partido anticatólico, declaración con la que quería minar la conciencia de los numerosos católicos falangistas.
Abortada esta intentona, cambia la estrategia de las derechas hacia la Falange; primero, intentándola ahogar económicamente; después, propiciando su aislamiento y aprovechar las detenciones policiales para, de nuevo, embarcar a los falangistas en sus oscuros planes.
Sabemos que, en diciembre de 1934, la Junta Política de FE de las JONS se reunía en la sede social de la calle Marques de Riscal, sin calefacción y que, al sobrevenir la noche, habían de encenderse velas, pues también carecían de electricidad. Como contraste a esta penuria económica, los partidos derechistas gozaban de considerables subvenciones procedentes de la Italia fascista: los carlistas, Renovación Española, las juventudes de Acción Popular… prácticamente todas las organizaciones monárquicas y de derechas recibían dinero, armas y entrenamiento militar; la Falange nada, ni una peseta.
Como bien ha demostrado Hillers de Luque la supuesta financiación que recibía José Antonio “a través de la embajada italiana en Paris”, ni siquiera alcanzaba para pagar los gastos del viaje de Madrid a la capital francesa donde debían ser recogidos los fabulosos fondos asignados.
Y, a pesar de todo, Falange sigue creciendo y consolidándose. 1935 ve aparecer el semanario Arriba, en las universidades el S.E.U. es la organización estudiantil mayoritaria, se suceden los actos políticos, las conferencias, los mítines… todo ello entre la inquina de las derechas. Incluso La Nación, diario de los partidarios del padre de José Antonio, se vuelve contra éste.
José Antonio no se arredra y expone claramente en el discurso –que Payne califica de magnifico- del cine Madrid, el 19 de mayo de 1935: “Esperaron, al principio, que nosotros viniéramos a ser la avanzada de sus intereses en riesgo, y entonces se ofrecían a protegernos y a asistirnos, y hasta darnos alguna moneda, y ahora se vuelven locos de desesperación al ver que lo que creían la vanguardia se ha convertido en ejercito entero e independiente”.
Y, añade: “No podemos lanzar el ímpetu fresco de la juventud que nos sigue para el recobro de una institución (la monarquía) que reputamos gloriosamente fenecida”. Esta ultima afirmación fue tomada como una autentica declaración de guerra por parte de los reaccionarios.
2. LOS ACONTECIMIENTOS SE PRECIPITAN
1936 se inicia con la convocatoria de elecciones a Cortes Generales para el 16 de febrero, acontecimiento que marcaría el futuro del país tras el gobierno de las derechas que José Antonio había calificado de bienio estúpido.
La polarización de la vida política había llegado a extremos tales que, generosamente, José Antonio, olvidando todas las afrentas, propuso en noviembre de 1935 la creación de un Frente Nacional, advirtiendo no obstante que “bajo esta bandera del frente nacional no se podrá meter mercancía de contrabando (…) habrá centinelas a la entrada que registren a los que quieran penetrar para ver si de veras dejaron fuera en el campamento todos los intereses de grupo y de clase”.
A la luz del Diario del Jefe Nacional del SEU, Alejandro Salazar, hemos podido conocer las agrias discusiones que provocó este ofrecimiento en el seno de la Junta Política falangista, prevaleciendo, al final, la opinión de José Antonio favorable al Frente, si bien imponiendo unas condiciones de predominio para los nacionalsindicalistas que las derechas se tendrían que ver obligadas a rechazar.
No se trataba de un brindis al sol; mientras las derechas habían permanecido cobardemente agazapadas durante el golpe de estado protagonizado por las izquierdas en octubre de 1934, los falangistas habían movilizado sus escuadras en defensa de la República, dejando varios militantes muertos en los combates. La Falange sola, entre el incierto tiroteo de los francotiradores, se había manifestado en las calles de Madrid con una gran bandera tricolor y vivas a la unidad nacional. Falange reclamaba el lugar que le correspondía en las candidaturas de manera análoga al lugar que había ocupado en los campos de batalla.
La desprendida propuesta de la Falange fue respondida con odiosa acritud por las organizaciones presuntamente patriotas; para señalar nítidamente los alcances de sus objetivos añadieron a la denominación de Frente Nacional el adjetivo Contrarrevolucionario, como si de esta manera quisieran advertir a los nacionalsindicalistas de que aquél no era su sitio.
Además, en un ejercicio de insolente cinismo, se atrevieron a recordar a José Antonio que siendo una organización antiparlamentaria, no tenia sentido que la Falange concurriera a unas elecciones… decían esto las mismas derechas civilizadas que, tal como ahora, habían aprovechado las instituciones democráticas para cimentar un sinuoso escenario de corrupción; casos como el estraperlo, el caso Nombela, la contrarreforma agraria, la brutal represión de los mineros asturianos mientras se hacia la vista gorda con los cabecillas del intento de golpe de estado de octubre del 34, constituían el honroso currículo de aquella burguesía, posibilista por fuera y reaccionaria por dentro.
Relegada al ostracismo, FE de las JONS, no se arredra, presentando candidaturas en unas pocas provincias, cosechando, pese a todas las dificultades y la aguda división social entre izquierdas y derechas, la nada desdeñable cantidad de 44.000 votos, insuficientes no obstante para obtener representación en las Cortes.
Destacables son, durante la campaña electoral, los melodramáticos llamamientos de la prensa derechista, entre ruegos y amenazas, para que Falange retirara sus candidaturas. Y es que pesaban mucho sobre sus lánguidos ánimos, encuestas como la publicada por el diario Ya en la que figuraba como el candidato favorito entre sus lectores ¡a la presidencia de la República!, nada más y nada menos que el propio José Antonio Primo de Rivera.
Los resultados de aquellos comicios son de sobra conocidos: una victoria del Frente Popular, seguido a escasa distancia por el Frente Nacional, aunque el sistema de reparto de escaños daba una sobrerepresentacion a las izquierdas, que inmediatamente aprovecharon su triunfo para imponer su ley, muy distintita a la legalidad republicana.
3. LA ÚLTIMA OPORTUNIDAD
Una ultima ocasión sobrevino al tener que repetirse los comicios en la provincia de Cuenca. La derecha, aterrada e impotente ante la victoria frentepopulista, intenta congraciarse con los falangistas ofreciéndoles presentarse en esta circunscripción con alguna garantía de conseguir el anhelado escaño que permitiría a José Antonio eludir las persecuciones político-judiciales de las que estaba siendo objeto. No obstante pronto se vio que era una oferta envenenada al tener que compartir lista… con el general Francisco Franco.
Se cuenta que José Antonio exclamó “¡solo falta el Cardenal Segura!” y exigió vehementemente la retirada del general, a quien debía tener poco menos que por un fatuo idota, a raíz de la entrevista que ambos mantuvieron en casa de Ramón Serrano Suñer en la que, mientras el Jefe de Falange exponía con angustia su visión de la situación nacional, Franco se limito a quejarse del escalafón militar y a opinar sobre algunas innovaciones artilleras.
Como ya es sabido, José Antonio Primo de Rivera obtuvo los votos suficientes para conseguir acta de Diputado en las Cortes Republicanas por Cuenca, sin embargo la falsificación y de los resultados electorales, ante la impotencia de las derechas, que también se vieron afectadas en muchos casos, impidió que el Jefe Nacional de la Falange obtuviera su escaño. Ya en prisión José Antonio, las dificultades para el desarrollo normalizado del partido nacionalsindicalista se vieron agravadas.
4. HACIA EL CAOS
Desde las elecciones de febrero, los historiadores se han limitado a señalar las persecuciones y arbitrariedades que sufrieron los falangistas por parte de las izquierdas; sin embargo poco se ha escrito de las presiones sobre la Falange provenientes de la derecha, presiones que hacen declarar a José Antonio: “Preferimos la bala izquierdista a la palmadita derechoide, porque vale más morir de bala que de nausea”.
Así, los intentos del gobierno del Frente Popular de ilegalizar a FE de las JONS se estrellan contra la propia legalidad republicana, cuyo Tribunal Supremo declara la legalidad de la Falange; esta oportunidad no la tuvieron los falangistas con el decreto 255 del gobierno presidido por Franco que disolvía todos los partidos políticos de la zona nacional, incluyendo, claro está a la Falange.
Encarcelado desde el 14 de marzo, preso político, las preocupaciones de José Antonio se iban a dirigir a que su ausencia, junto a la del resto de dirigentes falangistas, no fuera aprovechada por la reacción, para que el nacionalsindicalismo mantuviera su autenticidad.
Así, José Antonio escribe: “Andan por España algunas personas que, especulando con nuestras actuales dificultades de comunicación, aseguran a nuestros militantes que se han concertado fusiones o alianzas con otros partidos. Terminantemente: no les hagáis caso. No se ha llegado a pacto alguno con nadie. Quienes lo propagan sólo aspiran a aprovecharse de nuestro incremento en favor de agrupaciones en eclipse. Si algún día nuestro Movimiento pactara con alguien, llegará a vosotros la noticia directamente, a través de vuestra jerarquía interna. Ningún rumor que no llegue por conducto orgánico de nuestra Jefatura debe merecer el menor crédito. Madrid, 13 de mayo de 1936″.
5. CONTRA EL GOLPISMO
Conocidos son los escritos e instrucciones de José Antonio, previniendo a sus camaradas sobre las intentonas de arrastrar a la Falange hacia las conspiraciones golpistas de la derecha. Reproducimos, en su integridad, la siguientes circulares a las que sobran comentarios:
“VISTA A LA DERECHA
Aviso a los “madrugadores”: la Falange no es una fuerza cipaya
Por la izquierda se nos asesina (o a veces se intenta asesinarnos, porque no somos mancos, a Dios gracias). El Gobierno del Frente Popular nos asfixia (o intenta asfixiarnos, porque ya se ve de lo que sirven sus precauciones). Pero –¡cuidado, camaradas!– no está en la izquierda todo el peligro. Hay –¡aún!– en las derechas gentes a quienes por lo visto no merecen respeto nuestro medio centenar largo de caídos, nuestros miles de presos, nuestros trabajos en la adversidad, nuestros esfuerzos por tallar una conciencia española cristiana y exacta.
Esas gentes, de las que no podemos escribir sin cólera y asco, todavía suponen que la misión de la Falange es poner a sus órdenes ingenuos combatientes. Un día sí y otro no los jefes provinciales reciben visitas misteriosas de los conspiradores de esas derechas, con una pregunta así entre los labios: “¿Podrían ustedes darnos tantos hombres?”
Todo jefe provincial o de las J.O.N.S., de centuria o de escuadra a quien se le haga semejante pregunta debe contestarla, por lo menos volviendo la espalda a quien la formule. Si antes de volverle la espalda le escupe el rostro no hará ninguna cosa de más.
¿Pero qué supone esa gentuza? ¿Que la Falange es una carnicería donde se adquieren al peso tantos o cuántos hombres? ¿Suponen que cada grupo local de la Falange es un tropa de alquiler a disposición de las empresas?
La Falange es una e indivisible milicia y partido. Su brío combatiente es inseparable de su fe política. Cada militante en la Falange está dispuesto a dar su vida por ella, por la España que ella entiende y quiere, pero no por ninguna otra cosa.
No ya la vida; ni una gota de sangre debe dar ningún camarada en auxilio de complots oscuros y maquinaciones más o menos derechistas cuyo conocimiento no les llegue por el conducto normal de nuestros mandos. El jefe nacional ha dicho muchas veces que así como los heridos al servicio de la Falange son ensalzados ante sus camaradas, el que padezcan herida en servicio no ordenado por la Falange será expulsado de ella con vilipendio”.
“Vamos a ver si nos enteramos:
Entre la turbia, vieja, caduca, despreciable política española, hay un tipo que se suele dar con bastante frecuencia: el del “madrugador”. Este tipo procura llegar cuando las brevas están en sazón –las brevas cultivadas con el esfuerzo y el sacrificio de otros– y cosecharlas bonitamente. Nunca veréis al “madrugador” en los días difíciles. Jamás se arriesgará a pisar el umbral de su Patria en tiempos de persecución sin una inmunidad parlamentaria que le escude. Jamás saldrá a la calle con menos de tres o cuatro policías a su zaga. Su cuerpo no conocerá las cárceles ni las privaciones.
Pero –eso sí– si otros a precio de las mejores vidas –¡muertos Paternos de la Falange!– logran hacer respetable una idea o una conducta, entonces el “madrugador” no tendrá escrúpulo en falsificarla. Así, en nuestros días, cuando la Falange a los tres años de esfuerzo recoge los primeros laureles públicos –¡cuán costosamente regados con sangre!–, el “madrugador” saldrá diciendo: “¡Pero si lo que piensa la Falange es lo que yo pienso! ¡Si yo también quiero un Estado corporativo y totalitario! Incluso no tengo inconveniente en proclamarme “fascista”. Algunos ingenuos camaradas hasta agradecerían esta repentina incorporación. Creerán que la Falange ha adquirido un refuerzo valioso. Pero lo que quiere el “madrugador” es suplantar a nuestro movimiento, aprovechar su auge y su dificultad de propaganda, encaramarse en él y llegar arriba antes de que salgan de la cárcel nuestros presos y de la incomunicación nuestras organizaciones. En una palabra: madrugar.
El ‘madrugador’ no tiene escrúpulos. A codazos se abrirá paso en sus propias filas. Traicionará y tratará de eclipsar a sus jefes (tanto más fáciles de eclipsar cuanto más elegantemente adversos a esa especie de groseros pugilatos). Contraerá en cada instante la voz y el gesto con los que más pueda medrar. Y cultivará sin recato la adulación; en nuestros tiempos –para llamar a las cosas por sus nombres– la adulación a las fuerzas armadas. El ‘madrugador’ siempre cuenta con el Ejército como un escabel más; esta convencido de que unos cuantos jefes militares arriesgarán vida, carrera y honor para servir la ambición hinchada y ridícula de quienes los adulan”.
“Si lo que se ventilara fuera el acceso a los cargos públicos, ¡lleváranselos enhorabuena los ‘madrugadores’! Esos cargos públicos, servidos de abnegación, son la más espinosa carga imaginable. A buen seguro que ninguno de nuestros camaradas de primera fila daría de grado su libertad, su juventud, su vida llena de atractivos, por la dura servidumbre de un ministerio. Pero no se trata de ser ministro. Para serlo, en estos tiempos en que se producen más de ochenta ministros cada cinco años, hay caminos más llanos que el de la Falange. Se trata de hacer a España.
De hacer a España con arreglo a su entendimiento de amor, que sólo poseen los que lo han adquirido en las horas tensas y difíciles.
De hacer a España según una iluminada geometría, cuyos secretos sólo se han entregado tras de muchas noches en vela.
Que alguien escuche y desmenuce el lenguaje de los “madrugadores”: ese lenguaje espeso, inflado, prosaico, abrumadoramente abundante y grotescamente impreciso. ¿Podrá alguien percibir en ese lenguaje el menor aleteo de la gracia?
Nuestra empresa española –ya se dijo en acto inicial de la Falange– es una empresa poética, religiosa y militar. No reside en fórmulas, y menos en fórmulas bastas. Es la aspiración permanente a una forma histórica llena de garbo y de fervor, sólo percibido por una fe clarividente.
No seremos ni vanguardia, ni fuerza de choque, ni inestimable auxiliar de ningún movimiento confusamente reaccionario. Mejor queremos la clara pugna de ahora que la modorra de un conservatismo grueso y alicorto, renacido en provecho de unos ambiciosos “madrugadores”. Somos –se ha dicho muchas veces– no vanguardia, sino ejército entero, al único servicio de nuestra propia bandera.
Aspiramos a ser un pueblo en marcha tras de una voz de mando. Una voz que se nos haya hecho familiar en las horas de peregrinación. No creemos en una receta o en una colección de recetas que cualquiera puede preparar. Creemos en una mente y en un brazo.
Para que esa mente y ese brazo nos gobiernen lucharemos todos hasta el final. Para que un “madrugador” se adelante y nos diga: “¿Pero no les da a ustedes lo mismo? ¡Si yo también soy totalitario!” Para eso, no; ni un minuto.
Y será inútil el madrugón. Aunque el ‘madrugador’ triunfara le serviría de poco su triunfo. La Falange, con lo que tiene de ímpetu juvenil, de acervo intelectual, de brío militante, se le volvería de espaldas. Veríamos entonces quién daba calor a esos “fascistas rellenos de viento”. Nosotros, para ver pasar sus cadáveres, no tendríamos más que sentarnos a la puerta de nuestra casa bajo las estrellas.”
(No Importa, Boletín de los días de persecución, número 3, 20 de junio de 1936).
Unos días más tarde, José Antonio vuelve a insistir, con igual dureza:
“A TODAS LAS JEFATURAS TERRITORIALES Y PROVINCIALES
URGENTE E IMPORTANTÍSIMO
Ha llegado a conocimiento del jefe nacional la pluralidad de maquinaciones en favor de más o menos confusos movimientos subversivos que están desarrollándose en diversas provincias de España.
La mayor parte de los jefes de nuestras organizaciones, como era de esperar, han puesto en conocimiento del mando cuantas proposiciones se les han hecho, y se han limitado a cumplir en la actuación política las instrucciones del propio mando. Pero algunos, llevados de un exceso de celo o de una peligrosa ingenuidad, se han precipitado a dibujar planos de actuación local y a comprometer la participación de los camaradas en determinados planes políticos. Las más de las veces, tal actitud de los camaradas de provincias se han basado en la fe que les merecía la condición militar de quienes les invitaban a la conspiración. Esto exige poner las cosas un poco en claro.
El respeto y el fervor de la Falange hacia el Ejército están proclamados con tal reiteración, que no necesitan ahora de ponderaciones. Desde los 27 puntos doctrinales se ha dicho cómo es aspiración nuestra que, a imagen del Ejército, informe un sentido militar de la vida toda la existencia española. Por otra parte, en ocasiones memorables y recientes, el Ejército ha visto compartidos sus peligros por camaradas nuestros.
Pero la admiración y estimación profunda por el Ejército como órgano esencial de la patria no implica la conformidad con cada uno de los pensamientos, palabras y proyectos que cada militar o grupo de militares pueda profesar, preferir o acariciar. Especialmente en política, la Falange –que detesta la adulación porque la considera como un último menosprecio para el adulado– no se considera menos preparada que el promedio de los militares. La formación política de los militares suele estar llena de la más noble ingenuidad. El apartamiento que el Ejército se ha impuesto a sí mismo de la política ha llegado a colocar a los militares, generalmente, en un estado de indefensión dialéctica contra los charlatanes y los trepadores de los partidos. Es corriente que un político mediocre gane gran predicamento entre militares sin más que manejar impúdicamente algunos de los conceptos de más hondo arraigo en el alma militar.
De aquí que los proyectos políticos de los militares (salvo, naturalmente, los que se elaboran por una minoría muy preparada que en el Ejército existe) no suelen estar adornados por el acierto. Esos proyectos arrancan casi siempre de un error inicial: el de creer que los males de España responden a simples desarreglos de orden interior y desembocan en la entrega del Poder a los antes aludidos, charlatanes faltos de toda conciencia histórica, de toda auténtica formación y de todo brío para la irrupción de la Patria en las grandes rutas de su destino.
La participación de la Falange en uno de esos proyectos prematuros y candorosos constituida una gravísima responsabilidad y arrastraría su total desaparición, aun en el caso de triunfo. Por este motivo: porque casi todos los que cuentan con la Falange para tal género de empresas la consideran no como un cuerpo total de doctrina, ni como una fuerza en camino para asumir por entero la dirección del Estado, sino como un elemento auxiliar de choque, como una especie de fuerza de asalto, de milicia juvenil, destinada el día de mañana a desfilar ante los fantasmones encaramados en el Poder.
Consideren todos los camaradas hasta qué punto es ofensivo para la Falange el que se la proponga tomar parte como comparsa en un movimiento que no va a conducir a la implantación del Estado nacionalsindicalista, al alborear de la inmensa tarea de reconstrucción patria bosquejada en nuestros 27 puntos, sino a reinstaurar una mediocridad burguesa conservadora (de la que España ha conocido tan largas muestras), orlada, para mayor escarnio, con el acompañamiento coreográfico de nuestras camisas azules.
Como de seguro tal perspectiva no halaga a ningún buen militante, se previene a todos por esta circular, de manera terminante y conminatoria, lo siguiente:
1. Todo jefe, cualquiera que sea su jerarquía, a quien un elemento militar o civil invite a tomar parte en conspiración, levantamiento o cosa análoga, se limitará a responder: “Que no puede tomar parte en nada, ni permitir que sus camaradas la tomen, sin orden expresa del mando central, y que, por consiguiente, si los órganos supremos de dirección del movimiento a que se les invita tienen interés en contar con la Falange, deben proponerlo directamente al jefe nacional y entenderse precisamente con él o con la persona que él de modo expreso designe”.
2. Cualquier jefe, sea la que sea su jerarquía, que concierte pactos locales con elementos militares o civiles, sin orden expresa del jefe nacional, será fulminantemente expulsado de la Falange, y su expulsión se divulgará por todos los medios disponibles.
3. Como el jefe nacional quiere tener por sí mismo la seguridad del cumplimiento de la presente orden, encarga a todos los jefes territoriales y provinciales que, con la máxima premura, le escriban a la prisión provincial de Alicante, donde se encuentra, comunicándole su perfecto acatamiento a lo que dispone esta circular y dándole relación detallada de los pueblos a cuyas J.0.N.S. se ha transmitido. Los jefes territoriales y provinciales, al dirigir tales cartas al jefe nacional, no firmarán con sus nombres, sino sólo con el de su provincia o provincias respectivas.
4. La demora de más de cinco días en el incumplimiento de estas instrucciones, contados desde la fecha en que cada cual la reciba, será considerada como falta grave contra los deberes de cooperación al Movimiento.
Madrid, 24 de junio de 1936.
¡Arriba España!.”
Se ha especulado con ciertas circulares, atribuidas a José Antonio y publicadas en sus Obras Completas, en sentido totalmente contrario al anterior. La opinión de algunos historiadores, basándose en un análisis del estilo narrativo, atribuye dichas instrucciones a Fernando Primo de Rivera, que sí bien no estaba afiliado al partido, sí pudo recibir en algún momento la interinidad de la jefatura, dando lugar a estos escritos apócrifos, alejados del todo del auténtico espíritu nacionalsindicalista.
Inexorablemente desatada la encarnizada guerra fraticida, José Antonio confiesa al periodista Jay Allen: “Yo sé que si este Movimiento gana y resulta que no es nada más que reaccionario, entonces me retiraré con la Falange y yo… volveré a ésta o a otra prisión dentro de muy pocos meses”.
Y, ante el Tribunal Popular que había de decretar la inconstitucional sentencia de muerte contra José Antonio, este replica sin ambages:
“Jurado: ¿Cómo puede justificar que siendo la máxima autoridad de Falange Española vitupere el movimiento que han provocado, siendo Falange Española uno de los puntales de este levantamiento?
José Antonio: Por el hecho, sencillísimo, de estar yo en la cárcel, hecho que ha sido buscado directamente, por las fuerzas de derechas que están en la calle. Han querido aprovechar el brío y la energía combatiente de los muchachos de Falange Española, impidiendo mi control sobre ellos”.
No se puede ser más claro, pero tanto desde la derecha como desde la izquierda se ha tratado de implicar a la Falange en la gestación y responsabilidad de la Guerra Civil, situación a la que fue tan ajena, como a la de los 40 años que la siguieron.
6. LA FALANGE EN LA ZONA OSCURA
Mientras en la zona roja los falangistas eran, encarcelados, torturados y salvajemente ejecutados por decenas, en la zona nacional las cosas tampoco pintaban bonitas para el nacionalsindicalismo.
Conocidas son las serias reyertas al negarse los falangistas a aceptar la bandera bicolor que pronto impusieron monárquicos y carlistas; pero además, la Falange, siendo fuerza esencial en la primera línea de combate, se enfrentaba en la retaguardia a todo tipo de injurias y ultrajes que no supo contrarrestar a tiempo, pensando que a toda afrenta debía superponerse la generosidad de la sangre derramada.
Se acusaba a los falangistas de ser paganos, condescendientemente se hablaba de ellos como nuestros rojos, cuando no se sembraban calumniosas sospechas de ser rojos infiltrados.
La primera vuelta de tuerca del ejército contra la Falange, aún José Antonio vivo, se sitúa el 25 de septiembre de 1936 fecha en que se publica un decreto de la Junta de Defensa Nacional prohibiendo cualquier tipo de actividad política o sindical (en clara alusión a los nacionalsindicalistas), ahogando de esta manera la propaganda del ideario por el que tantos jóvenes estaban dando su vida en las trincheras.
Esta advertencia a los falangistas se ve corroborada días más tarde al proclamarse al general Franco Jefe del gobierno del Estado español (se cuenta que un ardid de Ramón Franco hizo que se publicara el nombramiento como Jefe del gobierno Y del Estado Español).
Sea cierta o no la leyenda, José Antonio, casi coincidiendo en el tiempo, desde su celda escribe:
“¿Qué va a ocurrir si ganan los sublevados? Un grupo de generales de honrada intención; pero de desoladora mediocridad política. Puros tópicos elementales (orden, pacificación de los espíritus … ). Detrás: 1º) El viejo carlismo intransigente, cerril, antipático. 2º) Las clases conservadoras, interesadas, cortas de vista, perezosas. 3º) El capitalismo agrario y financiero, es decir: la clausura en unos años de toda posibilidad de edificación de la España moderna. La falta de todo sentido nacional de largo alcance”.
Con la exaltación del generalísimo (en esos momentos la única persona del mundo que ostentaba dicho título era Stalin) quedaba meridianamente claro que cualquier iniciativa política tendría que contar con la aprobación del militar gallego. ¿Sería posible bajo esos parámetros hacer una Revolución? Dejamos al lector la respuesta.
La persecución contra la Falange cobra visos muy similares a los que hubo de soportar durante la última etapa de la II República: se impiden las alocuciones radiofónicas, se recogen las hojas de propaganda con los discursos de José Antonio, se obliga a que en la cabecera de los periódicos figuren no una ni dos, sino tres veces la invocación al caudillo.
La guerra, no obstante, continuaba, y los falangistas, empujados a participar en ella, quizá adivinando que no iban a poder realizar su programa jamás, se vieron sobrecogidos por un inquietante rumor: la fría madrugada del 20 de noviembre habían muerto, casi simultáneamente, los dos grandes líderes del sindicalismo revolucionario español. Buenaventura Durruti y José Antonio Primo de Rivera. La desaparición de este último aceleró los planes de la reacción; justo 5 meses después se decretó la desaparición de FE de las JONS.
Como respuesta, nacía la Falange Auténtica.
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BIBLIOGRAFÍA CONSULTADA:
Stanley G. Payne. Franco y José Antonio. El extraño caso del fascismo español. Historia de la Falange y del movimiento nacional. Ed. Planeta. Barcelona, 1997.
Ramiro Ledesma Ramos. Escritos Políticos ¿Fascismo en España?, La Patria Libre, Nuestra Revolución. Ed. Trinidad Ledesma. Madrid, 1988.
Obras de José Antonio Primo de Rivera. Ed Almena. Madrid, 1971.
Ramiro Ledesma Ramos. Escritos Políticos 1933-1934 JONS. Ed. Trinidad Ledesma. Madrid, 1985.
Manuel Brants Reyes. La tercera Falange. De la clandestinidad al acompañamiento coreográfico. Ed. Reconquista. Madrid, 2003.
Antonio Gibello. José Antonio. Apuntes para una biografía polémica. Ed. Doncel. Barcelona, 1974.
Raúl Martín. La contrarrevolución falangista. Ed. Ruedo Ibérico. Paris, 1971.
Rafael Ibáñez Hernández. Estudio y Acción. La Falange fundacional a la luz del Diario de Alejandro Salazar. Ed. Barbarroja. Valencia, 1993.
Ian Gibson. En busca de José Antonio. Ed. Planeta. Barcelona, 1980.
Article printed from Altermedia Spain: http://es.altermedia.info
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lundi, 28 mai 2007
Sur l'Action Française
Une révolution classique?
Sur l’Action française
« Maurras nous apportait l’exemple, exaltant à nos âges, du combat à contre-courant, de l’affirmation minoritaire, d’une intraitable énergie intellectuelle, du refus de tout compromis dans la pensée et dans l’action et aussi une méthode politique, un réalisme - les nations existent, les forces existent, la survie des sociétés humaines n’est possible qu’à un certain prix et sous certaines conditions, on ne peut vouloir ceci ou cela qu’en acceptant les conséquences » Thierry Maulnier
« C’est à Maurras et à Nietzsche (...) que je dois d’avoir été débarbouillé du romantisme et introduit à la connaissance du coeur humain, au classicisme qui me défendait également contre le chatoiement de la fresque hégélo-marxiste et les odeurs de sève du fascisme »
Jacques Laurent
Ces deux citations d’écrivains formés à l’école de l’Action française illustrent l’apport de Maurras à l’histoire de la pensée française. Un livre récent de F. Huguenin retrace un siècle de vie intellectuelle et littéraire, tout un pan trop méconnu de l’histoire des idées. L’auteur est diplômé de Sciences-Po et l’éditeur, il y a quelques années, de l’excellente revue Réaction, qui a inexplicablement cessé de paraître.
Disons tout de suite que la monumentale étude de F. Huguenin n’a pas totalement satisfait notre appétit d’ogre: le livre terminé, et vigoureusement crayonné, on reste sur sa faim, vaguement agacé par ses lacunes et les préjugés de son auteur, prudemment catholique, rassurant jeune-homme-de-droite (un peu comme E. de Montety, l’auteur d’une intéressante biographie de T. Maulnier parue en 1994, ou comme des collaborateurs de Réaction qui officient aujourd’hui au Figaro). Tout ceci manque de punch et d’audace, et, avouons-le, fleure un peu la naphtaline. Mais ne soyons pas injuste: l’ouvrage est monumental (plus de 600 pages), bien construit (mais dénué de bibliographie), bien informé. Manifestement, F. Huguenin s’est imposé de sérieuses recherches et a rencontré des anciens de l’AF... mais pas Pierre Monnier, dont l’excellent livre de souvenirs A l’ombre des grandes têtes molles (La Table ronde 1987) n’est même pas cité. Mais Monnier est peut-être trop hérétique, trop inclassable pour M. Huguenin? En outre, on aurait aimé que fût abordée, même rapidement, l’influence évidente de Maurras dans les pays voisins: l’Espagne, l’Italie, le Portugal... et même la petite Belgique!
Revenons à Maurras (Acad. fr., 1868-1952). Sous sa férule, se construit au tournant du siècle un laboratoire d’idées qui aura une influence énorme sur les intelligences françaises et européennes. Critique implacable du jacobinisme niveleur et totalitaire, « principe d’affaiblissement de la France », apôtre de la décentralisation et du principe de subsidiarité, du fédéralisme et de la monarchie sociale et autoritaire, hiérarchique et communautaire, Maurras a été le maître de plusieurs générations, qui ont appris chez lui le refus tant de l’imposture démocratique - règne de l’Argent et des groupes occultes -, que des aventures totalitaires. Le mérite principal du travail de F. Huguenin est en effet de sérieusement nuancer la thèse de Zeev Sternhell sur la genèse française du fascisme (aujourd’hui battue en brèche par le livre de Marc Crapez, La Gauche réactionnaire, Berg): Maurras a toujours défendu un ordre minimum, organique et bienveillant, celui du Prince. L’autorité royale ne peut être confondue avec le pouvoir absolu du dictateur fasciste, qui prône un ordre maximum et totalitaire: pour Mussolini, l’individu n’est rien et l’Etat est tout. Pour un maurrassien, ceci est une monstruosité héritée de la Révolution de 1789. T. Maulnier, qui fera un temps figure de successeur quasi officiel de Maurras le dit clairement: « L’Etat qu’il faut réformer n’est pas eulement l’Etat irresponsable et faible, mais l’Etat envahisseur et tentaculaire ». Ou encore: « Une société réellement équilibrée n’est pas celle où l’individu est sacrifié à la nation, ni celle où la nation est sacrifiée à l’individu, mais celle où se trouve résolue, effacée, l’opposition abstraite entre l’individu et la société (...) Il faut faire éclater l’imposture d’un régime qui a promis de faire de chacun un homme libre, et qui a fait de chacun un esclave doublé d’un dix millionnième de tyran ».
De 1898 à 1914, l’AF est à son apogée. Citons Huguenin: « Toute l’AF est dans cette réunion improbable, populaire et aristocratique, intellectuelle et activiste, politique et esthétique de tempérament et d’héritages divers ». Le mouvement unit bouillonnement doctrinal, et ce dans tous les domaines (littéraire, esthétique, politique, métaphysique) et action sur le terrain. De grands écrivains le soutiennent: Barrès, Bourget, Rebell, Bainville. Ses maîtres sont Bonald, Taine, Renan, Maistre, Fustel de Coulanges, Proudhon, Balzac, Racine, Comte. Un Institut est créé, avec de multiples chaires: tout de suite, l’AF se pose en école du goût, de la sensibilité et de l’intelligence. Proust dira de Maurras qu’à ses lecteurs, il offre « une cure d’altitude mentale ». Une librairie, une maison d’édition, deux revues et un quotidien forment l’armature d’un mouvement justement qualifié d’insurrectionnel, de révolutionnaire. Il s’agit bien de lutter contre l’emprise de l’argent sur la France, que Balzac avait déjà annoncée en son temps et que Maurras, avec un réel génie littéraire, décrit ainsi dans ce texte atrocement prémonitoire « Le patriciat dans l’ordre des faits, mais une barbarie vraiment démocratique dans la pensée, voilà le partage des temps prochains: le rêveur, le spéculatif pourront s’y maintenir au prix de leur dignité ou de leur bien-être; les places, le succès ou la gloire récompenseront la souplesse de l’histrion: plus jamais, dans une mesure inconnue aux âges de fer, la pauvreté, la solitude, expieront la fierté du héros et du saint: jeûner, les bras croisés au-dessus du banquet, ou, pour ronger les os, se rouler au niveau des chiens ». On le voit, l’AF d’avant 1914 constitue clairement une rupture avec l’ordre bourgeois, un mouvement de résistance.
Maurras se révèle comme l’un des grands platoniciens modernes: disciple de Parménide pour l’unité entre pensée et Etre, le chef de l’AF exalte aussi « le dur rire du dieu solaire (qui) épanouit dans le seul Platon ses bienfaits ». Il s’agit bien de renaissance classique, d’une révolte archaïque contre le monde moderne. C’est cet esprit archaïque, en un mot païen, que F. Huguenin ne veut pas trop comprendre: son christianisme foncier joue ici le rôle d’obstacle épistémologique. Le « paganisme » - réel chez Maurras - est qualifié de « mal » par Huguenin (p. 148) et le pauvre Hellène, « privé de foi », est montré du doigt, dangereusement prêt de trébucher dans des « ténèbres » évidemment définitives. Rhétorique catholique, qui sent la trouille du coup de règle et l’obéissance « cadavérique ». Et qui masque la vérité. Car Maurras ne fut jamais chrétien, mais catholique forcé, nostalgique de l’ordre gréco-romain, que l’Eglise sauvegarda avant de le trahir. Les vrais chrétiens avaient déjà repéré que Maurras n’était pas des leurs: ne fustige-t-il pas dans un texte de jeunesse - mais tout est dans la jeunesse d’un homme, après, il triche et travestit ses inclinations profondes - « l’Evangile des quatre Juifs obscurs »? L’Eglise, ne l’oubliera pas, qui cassera les reins d’un mouvement qualifié d’agnostique, déjà affaibli par la Grande Guerre: ce sera l’ignoble condamnation de 1926, chef-d’oeuvre de duplicité et d’opportunisme.
Après la grande saignée de 14-18, l’AF est brisée. Elle perd ce caractère conquérant et le meilleur de son esprit, cet instinct insurrectionnel, se retrouvera chez ses dissidents. Rapidement, ce sera l’inaction française, la dérive conservatrice, l’intellectualisme abstrait.... mais avec de beaux restes, superbes même. L’AF exerce, jusqu’à la guerre, une influence incomparable: de Dumézil à de Gaulle, de Maulnier à Bernanos, toute l’intelligence française (non communiste) apprend à lire dans Maurras, Daudet ou Bainville. Beaucoup s’éloigneront du Maître, mais tous en resteront marqués à vie. Après 1944, avec l’effondrement sans gloire du régime de Vichy, le mouvement ne survivra qu’à l’état de résidu. Certes, un Boutang, dont, comme le dit justement Huguenin, il faudra un jour écrire la biographie, un Thibon, voire un Raoul Girardet, continueront de publier des textes étincelants sur la maladie moderne. Des revues comme La Nation française ou Réaction joueront leur rôle de refuge et de conservatoire, mais l’élan est brisé. De leur côté, les « Hussards », héritiers de l’anti-romantisme maurrassien assureront la survie d’une révolte esthétique, frivole pour certains, mais ô combien importante pour deux générations de rebelles. Blondin, Déon, Jacques Laurent, Mohrt, et aussi Mourlet, Matzneff, de Spens ou Volkoff passeront le flambeau de cette rebellion aristocratique à de jeunes lecteurs, qui, à leur tour noirciront des pages. En ce sens, nous sommes sans doute plus nombreux à devoir davantage à ces écrivains qu’à Maurras, Bardèche ou de Benoist!
Le destin de l’Action française doit être médité avec le respect dû à des devanciers, qui ne doit toutefois pas se figer en culte hagiographique. Il faut s’inspirer des points forts de ce mouvement: école de goût, apprentissage d’une méthode, incarnation d’une métaphysique, exemple du renoncement (Maurras était un pur), critique étincelante de la modernité. Il faut aussi analyser sans passion les faiblesses de l’AF: son ignorance de l’héritage celtique et germanique de la France, sa germanophobie absurde (qui servit parfaitement les intérêts britanniques), son insuffisante réflexion géopolitique (La France seule), son immobilisme, etc. Faiblesse intrinsèque de ses meneurs, habileté du régime à défendre la République, toujours douée quand il s’agit de neutraliser un ennemi intérieur (pour l’extérieur, c’est moins sûr: voir la Ligne Maginot)?
Ceci devrait permettre de se pencher sur une autre école, celle de la Nouvelle Droite française, qui, fort prometteuse à ses débuts, n’atteignit jamais l’influence énorme de l’AF, mais connut un inachèvement, un déclin comparable, après quelques belles années. Il est vrai que la ND, ou plutôt les nouvelles droites dans leur ensemble, ont vite négligé le goût et la sensiblité au profit de l’intellectualisme et de l’élitisme abstraits. Il y a près d’un siècle, Paul Bourget avait déjà mis en garde la jeune droite de son temps: « Que ni l’orgueil de la vie, ni celui de l’intelligence ne fassent de toi un cynique et un jongleur d’idées ».
Patrick Canavan
F. Huguenin, A l’école de l’Action française, Lattès 1998, 159FF.
Sur la droite littéraire, consulter le livre assez malhonnête de J. Verdès-Leroux, qui est quelque chose au CNRS: Refus et violences. Politique et littérature à l’extrême droite des années 30 aux retombées de la Libération, Gallimard 1996.06:20 Publié dans Histoire, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
dimanche, 27 mai 2007
The American Enemy
Roger, Philippe
The American Enemy: The History of French Anti-Americanism.
Translated by Sharon Bowman. 536 p. 6 x 9 2005
Cloth $35.00 ISBN: 978-0-226-72368-6 (ISBN-10: 0-226-72368-2) Spring 2005
Paper $22.50 ISBN: 978-0-226-72369-3 (ISBN-10: 0-226-72369-0) Fall 2006
Georges-Louis Buffon, an eighteenth-century French scientist, was the first to promote the widespread idea that nature in the New World was deficient; in America, which he had never visited, dogs don't bark, birds don't sing, and—by extension—humans are weaker, less intelligent, and less potent. Thomas Jefferson, infuriated by these claims, brought a seven-foot-tall carcass of a moose from America to the entry hall of his Parisian hotel, but the five-foot-tall Buffon remained unimpressed and refused to change his views on America's inferiority.
Buffon, as Philippe Roger demonstrates here, was just one of the first in a long line of Frenchmen who have built a history of anti-Americanism in that country, a progressive history that is alternately ludicrous and trenchant. The American Enemy is Roger's bestselling and widely acclaimed history of French anti-Americanism, presented here in English translation for the first time.
With elegance and good humor, Roger goes back 200 years to unearth the deep roots of this anti-Americanism and trace its changing nature, from the belittling, as Buffon did, of the "savage American" to France's resigned dependency on America for goods and commerce and finally to the fear of America's global domination in light of France's thwarted imperial ambitions. Roger sees French anti-Americanism as barely acquainted with actual fact; rather, anti-Americanism is a cultural pillar for the French, America an idea that the country and its culture have long defined themselves against.
Sharon Bowman's fine translation of this magisterial work brings French anti-Americanism into the broad light of day, offering fascinating reading for Americans who care about our image abroad and how it came about.
“A brilliant and exhaustive guide to the history of French Ameriphobia.”—Simon Schama, New Yorker
TABLE OF CONTENTS
IntroductionPrologue
Part I - The Irresistible Rise of the Yankee
1. The Age of Contempt
2. The Divided States of America
3. Lady Liberty and the Iconoclasts
4. From Havana to Manila: An American World?
5. Yankees and Anglo-Saxons
6. Portraits of Races
7. "People of Enemy Blood"
8. The Empire of Trusts: Socialism or Feudalism?
Part II - A Preordained Notion
9. The Other Maginot Line
10. Facing the Decline: Gallic Hideout or European Buffer Zone?
11. From Debt to Dependency: The Perrichon Complex
12. Metropolis, Cosmopolis: In Defense of Frenchness
13. Defense of Man: Anti-Americanism Is a Humanism
14. Insurrection of the Mind, Struggle for Culture, Defense of the Intelligentsia
Conclusion
Notes
Index
06:10 Publié dans Affaires européennes, Défense, Géopolitique, Histoire, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mercredi, 23 mai 2007
1908: annexion de la Bosnie-Herzégovine
Erich KÖRNER-LAKATOS :
Rappel historique : comment la Bosnie a-t-elle été incluse dans l'Empire austro-hongrois en 1908
Il y a 95 ans, la monarchie danubienne, dualiste car à la fois autrichienne et hongroise, procédait à son dernier accroissement territorial. Le 5 octobre 1908, l'annexion est devenue réalité, après 30 ans d'occupation. Cela signifie que, désormais, la Bosnie et l'Herzégovine font partie intégrante de la monarchie austro-hongroise. Il s'agit effectivement d'un accroissement territorial substantiel pour l'Empire des Habsbourg, alors qu'il venait de perdre, au 19ième siècle, des territoires importants en Italie du Nord, d'abord la Lombardie, ensuite la Vénétie.
Cependant, le 5 octobre 1908, l'ensemble du territoire de Bosnie-Herzégovine, qui avait été occupé par les forces impériales autrichiennes et hongroises, n'est pas annexé : le Sandjak de Novi Pazar est évacué et restitué au Sultan (dans la terminologie administrative ottomane le terme “Sandjak” signifie “arrondissement” ou “département”; à l'époque, le territoire du Sandjak de Novi Pazar est devenu dans le langage courant le “Sandjak”, tout simplement). Mais les Turcs, qui y maintiennent des garnisons, n'y resteront pas longtemps : après la première guerre balkanique, ce territoire est partagé entre la Serbie et le Monténégro.
Le Sultan émet de faibles protestations, pour la forme, mais obtient de la part de l'Autriche-Hongrie des compensations financières importantes pour la perte de souveraineté qu'il est bien obligé de consentir. Pour l'homme malade du Bosphore, dont la monnaie ne vaut quasiment plus rien, ces compensations sont les bienvenues. Pour Vienne, il y a suffisamment de motifs pour justifier cette annexion. D'abord, Vienne se méfie de la Serbie qui souhaite agrandir son territoire en englobant la Bosnie et l'Herzégovine, dont la population est fortement apparenté aux Serbes, par l'histoire, la langue et la religion.
Le rôle du Monténégro
De même, la petite principauté du Monténégro souhaite aussi agrandir son territoire. Son prince, Nikita (ou : Nikola) a reçu le surnom du “beau-père” de l'Europe, car il a casé ses filles dans plusieurs dynasties européennes. Il considère que l'Herzégovine est une “terra irredenta” pour les Monténégrins, car elle a fait partie à la fin du moyen âge, du “pays des montagnes noires”, au sein d'une défunte principauté de Zeta. Le prince monténégrin a des ambitions : il perçoit son petit Etat comme le Piémont du futur Etat grand serbe. En 1910, il se proclame roi du Monténégro dans sa résidence rurale de Cetinje. La fortune ne lui sera pas clémente : en 1918, il perd son trône et s'exile, pour le reste de ses jours, sur la Côte d'Azur.
Mais le motif principal de l'annexion de la Bosnie-Herzégovine à l'Autriche-Hongrie a été la révolution des Jeunes Turcs de 1908, qui a transformé l'Empire ottoman en une monarchie constitutionnelle. Dans le nouveau parlement d'Istanbul, devraient normalement siéger des députés de Bosnie et d'Herzégovine, ce qui, pour Vienne, puissance occupante de la région depuis 30 ans, risque de poser de sérieux problèmes.
Jetons un regard rétrospectif sur l'année 1878, où les troupes austro-hongroises pénètrent sur le territoire bosniaque. La guerre entre la Russie et la Turquie sévit depuis 1877. Officiellement, l'Autriche-Hongrie reste neutre, mais, par le truchement d'un accord secret, elle est liée au Tsar et se trouve de facto à ses côtés dans ce conflit, qui se termine par la défaite de la Turquie et par la Paix provisoire de San Stefano (une localité proche de Constantinople) en mars 1878. Les autres puissances européennes, et surtout l'Angleterre, craignent un accroissement de la puissance de la Russie des Tsars et de son allié bulgare. L'Empereur François-Joseph est contrarié, lui aussi, car, malgré son pacte secret avec le Tsar, on ne lui concède pas le droit de procéder à une annexion, mais, plus simplement, le droit d'occuper la Bosnie-Herzégovine, un foyer de désordre permanent, surtout à cause des pratiques rigides du personnel ottoman chargé de collecter l'impôt. L'Empereur veut dominer la région définitivement car seule une maîtrise stratégique de l'espace bosniaque permet de protéger la bande littorale dalmate, très exposée.
Pour cette raison, on en vient à réviser le Traité de San Stefano lors du Congrès de Berlin. L'article 25 du Traité qui y sera signé à la fin des négociations, le 13 juillet 1878, autorise la monarchie austro-hongroise à occuper et à administrer la Bosnie-Herzégovine, qui reste, comme auparavant, ottomane au regard du droit des gens. Le ministre des affaires étrangères d'Autriche-Hongrie, le Comte Andrassy confirme au Sultan que celui-ci garde sa souveraineté sur le pays occupé (Convention du 21 avril 1879).
Une occupation difficile
Les Autrichiens et les Hongrois avaient imaginé que les populations de Bosnie-Herzégovine, longtemps maintenues sous le joug ottoman, allaient faire bonne accueil aux troupes impériales aux uniformes chamarrés. Ils furent déçus : les troupes impériales ont dû se frayer un accès au territoire par la force des baïonnettes. Ce fut une vraie campagne militaire. 150.000 soldats impériaux sous les ordres du Feldzeugmeister, le Baron Joseph von Philippovic, commandeur du 13ième Corps d'Armée en Bosnie, et du Feld-Maréchal Baron Jovanovic (18ième Division d'Infanterie) en Herzégovine, ont dû affronter des francs-tireurs musulmans et disloquer des unités de volontaires turcs. Ce n'est qu'à la fin du mois d'octobre 1878, après avoir consolider les forces impériales avec de nouveaux renforts, que le contrôle du pays fut enfin acquis.
Les régions acquises n'appartenaient formellement à aucune des deux composantes de la “Double Monarchie” : ni à la Hongrie qui ne souhaitait pas augmenter sa population slave ni à la partie à majorité allemande (Cisleithanie; ndt : la Cisleithanie comprenait aussi les populations tchèque, slovène et italophone du Trentin). En effet, les “royaumes et les pays” représentés au sein de la Diète Impériale, soit la moitié cisleithanienne de l'Empire —on n'utilisera officiellement le terme “Autriche” pour les désigner qu'à partir de 1915). Du coup, l'équilibre précaire entre les deux parties de l'Empire est en danger. De surcroît, aucune des deux parties ne veut assumer la charge financière que représente la nouvelle composante, dont le développement laisse franchement à désirer : on la considère à l'époque comme “à moitié civilisée”. Elle est en tout cas dépourvue d'infrastructures modernes. Les juristes forgent alors une solution sur le modèle que l'Allemagne de Bismarck avait imaginé pour l'Alsace-Lorraine : la Bosnie-Herzégovine est un “Reichsland” commun et aura pour chef administratif le ministre impérial et royal des finances, commun à la Cisleithanie et à la Hongrie. C'est une personnalité exceptionnelle. Il s'appelle Benjamin Kallay von Nagy-Kallo. Il exercera cette fonction de 1882 à 1903. Il fera office d'étroit conseiller du monarque pour tout ce qui concerne le territoire occupé.
Ce territoire, majoritairement bosniaque, avec Sarajevo pour centre, minoritairement herzégovien avec Mostar comme capitale régionale. L'Herzégovine est, comparée à la Bosnie, une petite bande territoriale située au nord du Monténégro. L'ensemble a 51.200 km2 et 1,9 million d'habitants. Sur le plan religieux, la situation est extrêmement complexe, conformément à tous les problèmes d'ordre ethnographique chez les Slaves du Sud. 43,5% de la population est Serbe et orthodoxe (les orthodoxes sont en général tous considérés comme Serbes); 23% sont catholiques et croates (on les appelle aussi les “Latins” et sont sous la houlette de l'Ordre des Franciscains); 32,3% son musulmans (on les dit “Turcs”, indépendamment de leurs origines ethniques). Les Musulmans constituent la couche dominante de la population des points de vue social et économique. A Sarajevo, on trouve une petite minorité de “Spaniols” : ce sont des descendants des Juifs expulsés de la péninsule ibérique après la Reconquista de 1492; ils avaient trouvé une nouvelle patrie dans les pays dominés par le Sultan.
Service militaire obligatoire pour les jeunes Bosniaques
Deux ans après le début de l'occupation, les choses deviennent claires car la Double Monarchie prend des mesures : le Reichsland de Bosnie-Herzégovine demeure pro forma sous la souveraineté du Sultan, mais, sur le plan administratif, il s'aligne désormais sur les critères en vigueur en Hongrie et en Cisleithanie. Sur les plans douanier et monétaire, il ne se distingue pas des autres territoires impériaux et royaux. Ce n'est plus l'étranger. Ensuite, une autre mesure entre en vigueur, véritable camouflet au visage du Sultan d'Istanbul : la Double Monarchie institue le service militaire obligatoire pour les jeunes Bosniaques. Les Bosniaques stationnés à Vienne, capitale de l'Empire et Résidence de l'Empereur, deviennent la coqueluche des petites servantes viennoises. Du point de vue militaire, les régiments bosniaques de l'Armée Impériale et Royale se sont comportés avec bravoure, surtout sur le front italien, où ils étaient la terreur de l'ennemi.
Toutes ces mesures administratives ne concernèrent nullement la région du Sandjak, car celle-ci n'avait été occupée que pour empêcher Serbes et Monténégrins d'avoir une frontière commune. Dès que la campagne militaire pour l'occupation de la Bosnie et de l'Herzégovine eut pris fin, le Sandjak redevient ottoman du point de vue administratif et on rend à la Sublime Porte le district de Mitrovica, situé plus loin au sud. Qui plus est, le Sandjak est encore moins développé que le reste du pays occupé. Toute tentative de rentabiliser cette région serait une tâche trop lourde pour l'Autriche-Hongrie.
L'annexion de la Bosnie-Herzégovine en 1908, bien que douteuse du point de vue du droit des gens, ne suscite guère de scrupules moraux dans la Double Monarchie. Mais, tous comptes faits, le Reichsland de Bosnie-Herzégovine, a profité énormément de la gestion impériale et royale. Contrairement à la situation qui prévalait avant 1878, le territoire se couvre de voies de chemin de fer. Les Austro-Hongrois construisent 6500 km de routes et de voies carrossables. Les systèmes de santé et d'éducation font des progrès énormes. Avec méthode et force moyens financiers, la zone occupée est hissée au niveau des autres possessions de la Couronne.
Conclusion : La “crise de l'annexion” se tasse bien vite, dès le début de l'année 1909 : la France et l'Angleterre avaient hurlé parce qu'on ne respectait pas à la lettre le Traité de Berlin; les Allemands sont eux aussi offusqués par la procédure, qu'ils jugent unilatérale. Mais Belgrade cultive son amertume sans désemparer : les plans de construire une Grande Serbie sont à l'eau. On rumine vengeance. Cinq ans plus tard, ce seront les coups de feu fatidiques de Sarajevo. C'était le 28 juin 1914.
Erich KÖRNER-LAKATOS.
(article paru dans Zur Zeit, Vienne, n°21/2003; trad. franç.: Robert Steuckers).
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Prince de Ligne
Sur le Prince Charles-Joseph de Ligne
23 mai 1735: Naissance à Bruxelles du Prince Charles-Joseph de Ligne. Dès l’âge de 17 ans, le jeune Prince des Pays-Bas méridionaux s’engage dans les armées impériales autrichiennes, carrière qui le conduira en 1808 à obtenir le grade de Feldmarschall. Il se distinguera surtout dans la Guerre de Sept Ans et dans la guerre de Succession de Bavière.
Toute sa vie, il restera un loyaliste. Nommé ambassadeur autrichien auprès de Catherine II à Saint-Pétersbourg, il encouragera la conquête de l’Ukraine littorale et de la Crimée contre les Turcs et fera appel à la création d’une nouvelle Sainte-Alliance, capable de bousculer définitivement l’envahisseur ottoman hors des terres européennes et helléniques. Il combattra dans les rangs autrichiens et russes contre les Turcs de 1787 à 1792, contribuant à chasser définitivement ceux-ci de la rive septentrionale de la Mer Noire.
Obligé de quitter les Pays-Bas à la suite de la révolte délirante des Statistes intégristes catholiques et des Vonckistes (illuminés libéraux), il se réfugie à Vienne, où il restera jusqu’à sa mort en 1814, car les Pays-Bas du Sud seront envahis par les hordes de sans-culottes à partir de 1792, plongeant le pays dans une misère morale dont il n’est plus jamais ressorti. La légèreté et la grâce de l’écriture du Prince de Ligne n’ont évidemment pas leur place dans un monde dominé par des catholiques bornés ou des illuminés maçonniques, dont les seules préoccupations sont de médiocres agitations politiciennes (Robert Steuckers).
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mardi, 22 mai 2007
Note sur Wilhelm Stapel
Note sur Wilhelm Stapel
Né le 27 octobre 1882 à Calbe dans l'Altmark et décédé le 1 juin 1954 à Hambourg, Wilhelm Stapel était un écrivain politique, issu d'une famille de la petite classe moyenne. Après avoir achevé des études de bibliothécaire et avoir passé son "Abitur" (équivalent allemand du "bac"), il fréquente les universités de Göttingen, Munich et Berlin et obtient ses titres grâce à un travail en histoire de l'art. Au départ, vu ses orientations politiques, il semble être attiré par le libéralisme, mais un libéralisme de facture spécifique: celui que défendait en Allemagne Friedrich Naumann. Son idée du nécessaire équilibre entre "nation" et "société" le conduit à rencontrer Ferdinand Avenarius et son "Dürer-Bund" (sa "Fédération Dürer") en 1911. Un an plus tard, Stapel devient rédacteur de la revue de cette fédération, Der Kunstwart. Il a conservé cette fonction jusqu'en 1917. A la suite d'une querelle avec Avenarius, Stapel réalise un vœu ancien, celui de passer à une activité pratique; c'est ainsi qu'il prend la direction du "Hamburger Volksheim" (le "Foyer du Peuple de Hambourg"), qui se consacrait à l'éducation de jeunes issus de milieux ouvriers.
A ce moment-là de son existence, Stapel avait déjà entretenu de longs contacts avec le "Deutschnationaler Handlungsgehilfenverband" ("L'Association Nationale Allemande des Employés de Commerce"), et plus particulièrement avec sa direction, regroupée autour de M. Habermann et de Ch. Krauss, qui cherchaient un rédacteur en chef pour la nouvelle revue de leur association, Deutsches Volkstum. A l'automne 1919, Stapel quitte son emploi auprès du Volksheim et prend en mains l'édition de Deutsches Volkstum (à partir d'avril 1926, il partagera cette fonction avec A. E. Günther). Stapel transforme cette revue en un des organes de pointe de la tendance révolutionnaire-conservatrice. Il s'était détaché de ses anciennes conceptions libérales sous la pression des faits: la guerre d'abord, les événements de l'après-guerre ensuite. Comme la plupart des Jungkonservativen (Jeunes-Conservateurs), son attitude face à la nouvelle république a d'abord été assez élastique. Il était fort éloigné de l'idée de restauration, car il espérait, au début, que la révolution aurait un effet cathartique sur la nation. La révolution devait aider à organiser le futur "Etat du peuple" (Volksstaat) dans le sens d'un "socialisme allemand". Dans un premier temps, Stapel sera déçu par la rudesse des clauses du Traité de Versailles, puis par la nature incolore de la nouvelle classe politique. Cette déception le conduit à une opposition fondamentale.
Bon nombre de ses démarches conceptuelles visent, dans les années 20, à développer une critique de la démocratie "occidentale" et "formelle", qui devait être remplacée par une démocratie "nationale" et "organique". D'une manière différente des autres Jungkonservativen, Stapel a tenté, à plusieurs reprises, de proposer des esquisses systématiques appelées à fonder une telle démocratie. Au centre de ses démarches, se plaçaient l'idée d'une constitution présidentialiste, le projet d'un droit de vote différencié et hiérarchisé et d'une représentation corporative. Pendant la crise de la République de Weimar, Stapel a cru, un moment, que les "Volkskonservativen" (les "conservateurs populaires") allaient se montrer capables, notamment avec l'aide de Brüning (qui soutenait la revue Deutsches Volkstum), de réaliser ce programme. Mais, rapidement, il s'est aperçu que les Volkskonservativen n'avaient pas un ancrage suffisant dans les masses. Ce constat a ensuite amené Stapel à se rapprocher prudemment des nationaux-socialistes. Comme beaucoup de Jungkonservativen, il croyait aussi pouvoir utiliser la base du mouvement de Hitler pour concrétiser ses propres projets; même dans les premiers temps de la domination nationale-socialiste, il ne cessait d'interpréter le régime dans le sens de ses propres idées.
On trouve une explication aux illusions de Stapel surtout dans son ouvrage principal, paru en 1932 et intitulé Der christliche Staatsmann ("De l'homme d'Etat chrétien"), avec, pour sous-titre "Eine Theologie des Nationalismus" ("Une théologie du nationalisme"). Tout ce texte est marqué par une tonalité apocalyptique et est entièrement porté par un espoir de rédemption intérieure. Stapel, dans ce livre, développe la vision d'un futur "Imperium Teutonicum", appelé à remodeler le continent européen, tout en faisant valoir ses propres principes spirituels. Il y affirme que les Allemands ont une mission particulière, découlant de leur "Nomos", qui les contraint à apporter au monde un ordre nouveau. Cette conception, qui permet à l'évidence une analogie avec la revendication d'élection d'Israël, explique aussi pourquoi Stapel s'est montré hostile au judaïsme. Dans les Juifs et leur "Nomos", il percevait un adversaire métaphysique de la germanité, et, au fond, le seul adversaire digne d'être pris au sérieux. Mais Stapel n'était pas "biologisant": pendant longtemps, il n'a pas mis en doute qu'un Juif pouvait passer au "Nomos" germanique, mais, malgré cela, il a défendu dès les années 20 la ségrégation entre les deux peuples.
Le nationalisme de Stapel, et son anti-judaïsme, ont fait qu'il a cru, encore dans les années 30, que l'Etat national-socialiste allait se transformer dans le sens qu'il préconisait, celui de l'idéologie "volkskonservativ". C'est ainsi qu'il a défendu l'intégrité de Hitler et manifesté sa sympathie pour les "Chrétiens allemands". Cela lui a valu de rompre non seulement avec une bomme partie du lectorat de Deutsches Volkstum, mais aussi avec des amis de combat de longue date comme H. Asmussen, K. B. Ritter et W. Stählin. Ce n'est qu'après les pressions d'Alfred Rosenberg et du journal Das Schwarze Korps que Stapel a compris, progressivement, qu'il avait succombé à une erreur. La tentative de son ancien protégé, W. Frank, de lui procurer un poste, où il aurait pu exercer une influence, auprès de l'"Institut pour l'Histoire de la Nouvelle Allemagne" (Reichsinstitut für die Geschichte des neuen Deutschlands), a échoué, après que Stapel ait certes insisté pour que les Juifs soient séparés des Allemands, mais sans accepter pour autant qu'ils perdent leurs droits de citoyens ni qu'ils soient placés sous un statut de minorisation matérielle. Le pogrom du 9 novembre 1938 lui a appris définitivement qu'une telle option s'avérait désormais impossible. A cette époque-là, il s'était déjà retiré de toute vie publique, en partie volontairement, en partie sous la contrainte. A la fin de l'année 1938, il abandonne la publication de Deutsches Volkstum (la revue paraîtra par la suite mais sans mention d'éditeur et sous le titre de Monatsschrift für das deutsche Geistesleben, soit "Mensuel pour la vie intellectuelle allemande").
Sa position est devenue plus critique encore lors de la crise des Sudètes et au moment où s'est déclenchée la seconde guerre mondiale: il s'aperçoit, non seulement qu'il s'est trompé personnellement, mais que le système politique dans son ensemble vient d'emprunter une voie fatale, qui, dans tous les cas de figure, conduira au déclin de l'Allemagne. Par l'intermédiaire de Habermann, qui avait des relations étroites avec C. F. Goerdeler, il entre en contact en 1943 avec certains cercles de la résistance anti-hitlérienne. Beck aurait estimé que le livre de Stapel, paru en 1941 et intitulé Drei Stände ("Trois états"), était capital pour la reconstruction de l'Allemagne. Mais ce lien avec la résistance allemande n'a pas servi Stapel après la guerre, même si J. Kaiser et Th. Heuss avaient tous deux signé pour lui des attestations garantissant sa parfaite honorabilité. On a limité de manière drastique après la guerre ses possibilités de publier. Pour s'adresser à un public relativement large, il n'a pu, après 1945, qu'utiliser le "Deutsches Pfarrerblatt" ("Journal des pasteurs allemands"), qu'éditait son ami K. B. Ritter.
Son dernier livre Über das Christentum ("Sur le christianisme"), paru en 1951, constitue un bilan somme toute résigné, montrant, une fois de plus, que la pensée de Stapel était profondément marquée par la théologie et le luthérianisme.
Dr. Karlheinz WEISSMANN.
(entrée parue dans: Caspar von SCHRENCK-NOTZING (Hrsg.), Lexikon des Konservatismus, L. Stocker, Graz, 1996, ISBN 3-7020-0760-1).
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vendredi, 18 mai 2007
A propos de Werner Sombart
A propos de Werner Sombart
18 mai 1941: Mort à Berlin du grand sociologue, économiste et philosophe allemand Werner Sombart. Son œuvre est vaste, immensément vaste, mais, en résumé, on pourrait dire qu’il est l’héritier de Marx le plus complet, notamment grâce à son énorme ouvrage en six volumes sur les origines du capitalisme. Sombart est celui qui a complété véritablement le Capital de Marx, en dégageant l’histoire du capitalisme de la gangue des abstractions ou des vœux pieux des militants socialistes, pour la replonger dans l’histoire réelle des peuples européens et de l’économie globale.
Les positions de Sombart l’ont amené à abandonner les tristes insuffisances des politiciens de bas étage se réclamant de Marx —auquel ils ne comprenaient rien— au sein des formations sociales démocrates ou communistes. Ce qui a valu, bien sûr, à Sombart, véritable et quasi seul héritier de Marx, l’étiquette infamante de “fasciste”. Plus tard, l’historien français Fernand Braudel s’appuiera sur bon nombre d’intuitions de Sombart pour développer ses thèses sur l’émergence du capitalisme, à partir de la découverte des Amériques. Pour une approche succincte de l’œuvre de Werner Sombart, cf. : Thierry MUDRY, «Le socialisme allemand de Werner Sombart», in : Orientations, n°12, 1991.
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jeudi, 17 mai 2007
Charles-Quint, Empereur gibelin
Charles-Quint, Empereur gibelin
Les quelques notes qui suivent ici ne sont que les fragments d'une étude beaucoup plus vaste que nous sommes en train de préparer.
La figure et l'époque de Charles-Quint (1500-1558) ont déjà été étudiées et analysées par divers historiens espagnols, argentins, anglais et américains, dont les optiques étaient également diversifiées (libérale, progressiste, marxiste, révisionnisme argentin, traditionalisme espagnol), cependant, un aspect de son règne a été largement sous-estimé, à nos yeux, traité marginalement ou supplanté par tous les autres. C'est la perspective que nous tenterons personnellement de mettre en exergue: celle de Charles-Quint comme Empereur gibelin. Pendant les 12ième et 13ième siècles, l'Occident chrétien est secoué par ce que l'historiographie habituelle et superficielle appelle la “querelle des investitures”; mais, une bonne analyse de cette querelle nous induit à ne pas la considérer comme une simple lutte politique mais comme une guerre de nature fondamentalement spirituelle. Depuis l'époque de Charlemagne, deux pontifes sacrés se partageaient la Terre: le Pape et l'Empereur, qui devaient agir de concert. Ce qui revient à dire que Dieu avait institué deux représentants et que tous deux étaient sacrés. Non seulement l'Eglise, chapeautée par le Pape, était d'inspiration divine, mais aussi le Saint-Empire Romain, personnifié par l'Empereur. Telle était la conception gibeline. Mais à partir du 12ième siècle —avec des antécédents plus tôt dans l'histoire— se déploie la conception guelfe, où l'Eglise commence à nier le caractère sacré de l'Empire et prétend assumer seule le monopole des questions spirituelles. En conséquence, un processus de désacralisation de l'Etat s'amorce qui, par étapes successives, conduira à l'émergence d'Etats nationaux, réduits aux seules dimensions temporelles et étrangers à toute spiritualité. Ce sont les Etats qui dominent actuellement, totalement laïcisés et séculiers. Quant à l'Eglise, qui perd ipso facto le soutien du Saint-Empire Romain, devient exclusivement paulinienne et tombe sous la coupe et le contrôle des monstres qu'elle a elle-même contribué à faire naître.
Quand Charles-Quint entre en scène
Donc l'aspect du règne de Charles-Quint le moins bien traité par les historiens réside dans ses tendances gibelines. Elle se sont manifestées dans le conflit qui l'a opposé au Pape pendant tout son règne d'Empereur du Saint-Empire Romain (1519-1556) et de Roi d'Espagne, dont il hérite de la monarchie en 1517, sous le nom de Charles I. Charles-Quint, en se présentant à sa première Diète Impériale, fut très clair à ce propos. Il a dit: «Aucune monarchie n'est comparable au Saint-Empire Romain, auquel le Christ en personne à rendu honneur et obéissance, mais aujourd'hui cet Empire vit des heures sombres et n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut, mais avec l'aide des pays et des alliances que Dieu m'a donnés, j'espère le ramener à son ancienne splendeur». Le jeune Empereur, dès le début de son règne, déclare son option catholique et gibeline et gardera la même position face à l'église que ses prédécesseurs des 12ième et 13ième siècles.
L'ombre des Empereurs Frédéric
Les Papes de l'époque de Charles-Quint ont vu, sans aucun doute, derrière le nouveau Caesar les ombres de Frédéric Barberousse et de Frédéric II de Hohenstaufen. Par tous les moyens, ils essaieront de bloquer la restauration de l'universitas christiana. Pour arriver à leurs fins, ils utiliseront tantôt une diplomatie tordue, sinueuse, intrigante, traîtresse, un double langage, dans le plus pur style de la “raison d'Etat” exposée clairement par un contemporain, Nicolas Machiavel, tantôt des alliances hostiles à l'Empire et la guerre. Les Papes s'allieront avec la France, berceau du monstre étatique moderne. Dans la foulée, ils favoriseront les menées de l'Empire ottoman, vu que tant le Grand Turc que le Pape étaient les alliés de la France. Rome s'est opposée à tout action énergique de Charles-Quint contre les Turcs et les Luthériens, qui commençaient à se manifester en Allemagne. N'oublions pas que le Saint-Empire Romain à l'époque comprenait l'Espagne et les terres du Nouveau Monde, les Flandres, la Franche-Comté, l'héritage bourguignon, le Nord de l'Italie, la Sicile, la Sardaigne, Naples, les Allemagnes, l'Autriche, la Bohème et la Hongrie.
Même pendant le règne de Philippe II, son fils, l'Eglise a tenté de s'allier avec les Ottomans. L'opposition du Pape Clément VII au Saint-Empire était telle que Charles-Quint a dû se résoudre à le prendre prisonnier, après l'occupation militaire de Rome par les troupes impériales. Cette capture a été suivie d'un arrangement provisoire et, dès la libération du Pape, Charles-Quint s'est fait consacrer Empereur par celui-ci, devenant de la sorte le dernier souverain du Saint-Empire à avoir été oint par l'Eglise. La politique guelfe de faire obstacle à toute restauration de l'Empire catholique a empêché toute action décisive contre les luthériens. L'Eglise était davantage préoccupée par l'éventuelle restauration politique et l'intronisation subséquente d'un nouveau César, rival potentiel du Pape, que par l'unité du monde catholique. Profitant de l'affaiblissement de l'Empire, dû aux intrigues du Pape, les Turcs ont avancé leurs troupes le long des frontières orientales de l'Empire et envahi la Hongrie, tandis que les Français, leurs alliés, ne cessaient de guerroyer contre Charles-Quint et de soutenir les luthériens, entamant l'Empire sur ses marches occidentales.
La responsabilité de l'Eglise
Charles-Quint a donc dû faire la guerre à quatre ennemis aussi funestes qu'implacables: le Pape, les Turcs, la France et les luthériens. Chacun de ces ennemis de l'Empire était allié à l'autre (la France avec les Turcs et les luthériens, le Pape avec la France, donc, implicitement avec les luthériens et les Turcs, etc.). Cependant, on peut dire que la puissance la plus responsable et la cause première de l'effondrement de l'idée impériale de Charles-Quint a été, sans aucun doute, l'Eglise catholique. S'il y avait eu un accord solide et sincère entre l'Empire et l'Eglise, renforcé par un idéal de spiritualité et de transcendance, où chacune des parties aurait reconnu le caractère sacré de l'autre, comme le voulait le catholicisme médiéval et gibelin, l'Europe (avec ses possessions américaines) aurait pu devenir un Empire catholique. Mais la politique guelfe que Rome a suivie sans discontinuer a empêché l'éclosion d'une Europe bien charpentée par l'institution impériale. Les principes supérieurs ont été sacrifiés aux passions inférieures. De tous ces maux sont issus les Etats nationaux particularistes, la réforme protestante, la perte de l'unité européenne. Quant à l'Eglise, son influence diminuera sans cesse au fil du temps parce qu'elle se sera débarrassé du bras armé de l'Empire, complément traditionnel et indispensable de la caste sacerdotale.
L'Argentine, partie intégrante du Saint-Empire Romain
Aujourd'hui, pour nous Argentins, il s'agit de récapituler cette histoire de l'idée impériale de Charles-Quint et d'en tirer les leçons pour l'Argentine contemporaine. Nous ne devons pas oublier que l'Argentine s'est incorporée à l'Occident chrétien pendant le règne de l'Empereur Charles-Quint. Notre pays est né comme une partie intégrante du Saint-Empire Romain, c'est-à-dire que nous sommes les enfants d'une vocation impériale. Rappelons que l'Empire est la forme de politie qui revendique l'universalité, qui est présidée par une idée transcendante et spirituelle, dont l'objectif est de construire une échelle qui va de la Terre au Ciel, ou, en d'autres termes, de jeter un pont entre ce monde et l'autre monde. La vocation du Saint-Empire n'a donc rien à voir avec les projets purement matériels des impérialismes modernes, fruits des appétits petits-nationalistes et résultats d'intérêts purement matériels et économiques. Pendant le règne de Charles-Quint, Solís découvre le Rio de la Plata, Alejo García entreprend ses voyages d'exploration, Magellan et Elcano font le tour du monde (et tous deux passent plusieurs mois en Patagonie), Diego Gaboto explore les terres qui deviendront celles de notre pays et fonde Sanctus Spiritus, Francisco César réalise son grand voyage, les Espagnols fondent une première fois Buenos Aires, Irala fonde Asunción, etc. Les actes fondateurs de l'Argentine sont donc posés à l'époque de Charles-Quint. Dans d'autres parties de l'Amérique ibérique, les conquistadores conquièrent les Empires aztèque et inca, découvrent la Mer du Sud (le Pacifique).
Le symbolisme de l'or et de l'argent
Nous devons encore attirer l'attention sur quelques autres faits:
1. La découverte du fleuve qui s'appellera par la suite le Rio de la Plata.
2. La recherche de la “Cité des Césars” (Ciudad de los Cesares), couverte d'or et d'argent.
3. Les vieilles légendes médiévales relatives à l'héritage des terres du Saint-Graal, également recouvertes d'or.
4. Charles-Quint était le Grand-Maître de l'Ordre de la Toison d'Or.
Rappelons ici que la Toison d'Or nous amène à une légende mythologique de la Grèce antique, selon laquelle Jason et ses compagnons partent à la recherche d'une toison d'or pour récupérer un royaume. Si nous associons toutes ses références, nous constatons que notre destin était déjà tracé, même avant la naissance de l'Argentine; il était placé sous les signes symboliques de l'or et de l'argent, métaux nobles symbolisant les âges primordiaux: l'Age d'Or et l'Age d'Argent, la noblesse, la supériorité du sacré et du divin. S'il est vrai que si l'on perd le rumb qui nous ramène à nos origines, alors notre voie est de bâtir un Empire. Le nationalisme argentin ne peut servir que de courroie de transmission pour ce projet universel. Vouloir lui donner une autre destination, c'est le condamner au néant, le conduire sur une voie de garage.
Julián Atilio RAMIREZ.
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lundi, 14 mai 2007
Du triste règne de Victor Amédée II
Du triste règne de Victor Amédée II
14 mai 1666: Naissance à Turin du futur roi Victor Amédée II, duc de Savoie qui règnera sur le royaume de Piémont Sardaigne. Sa mère, Marie de Savoie-Nemours, assurait la régence et poursuivait une politique pro-française, visant à attirer la puissance anti-impériale de l’Ouest en Italie du Nord, pour menacer l’Autriche sur sa frontière méridionale et faciliter la tâche aux Ottomans dans les Balkans. Cette politique italienne a commencé dès l’annexion du Vivarais impérial, puis du Dauphiné et de la Provence, également terres impériales, dans la première moitié du 14ième siècle. Victor Amédée épouse Anne d’Orléans, une nièce de l’abominable Louis XIV.
En 1690, toutefois, Victor Amédée abandonne ses projets anti-impériaux pour se joindre à la coalition légitimiste en Europe, formée par l’Autriche et l’Espagne, pour mettre à la raison le roi bandit (Räuberkönig). Mais, conscients de son caractère versatile, du danger de ses positions antérieures, les Espagnols refusent de lui céder Milan (a-t-il rejoint la légitimité impériale pour obtenir Milan, avec l’intention de faire volte-face et d’introduire les Français dans la plaine du Pô, pour que ceux-ci fassent leur jonction éventuelle avec les Ottomans, durement étrillés par Eugène de Savoie, en Vénétie ou en Dalmatie?). Effectivement, qui tient Milan, tient la plaine du Pô et obtient une fenêtre sur l’Adriatique. Vexé, Victor Amédée fait une paix séparée conforme à ses intérêts. Dans la guerre de succession d’Espagne, il se range d’abord du côté des Français, mais rejoint une nouvelle fois le camp de la légitimité en 1703. Il abdique en faveur de son fils Charles Emmanuel III, puis se ravise. Son fils le fait arrêter en 1731 et le place en réclusion pour le reste de ses jours. Ce geste permet de soustraire l’Italie et la Savoie à toute influence française illégitime et d’éloigner du pouvoir un monarque déraisonnable, agissant à l’encontre des intérêts européens.
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Lord Curzon et l'Arabie
Les Archives de SYNERGIES EUROPÉENNES :
Lord Curzon et l'Arabie
Extrait de l'ouvrage d'Albrecht Wirth, Weltgeschichte der Gegenwart (1879-1924), 5. Umgearbeitete und vermehrte Auflage, Georg Westermann, Braunschweig/Hamburg, 1924. Trad. franç.: Robert Steuckers.
Lord Curzon s'est présenté en novembre 1903 sur les rives du Golfe Persique. Il a aussitôt déclaré que le Golfe était une mare clausum, une mer intérieure britannique. Telle a été la situation depuis 1842 et il faut, prétendait-il, que cela reste ainsi à l'avenir. Lord Curzon fut le principal héraut d'une politique de puissance. Vice-roi des Indes, époux d'une riche Américaine, il exerçait une influence considérable. Il entendait agrandir l'Empire britannique des Indes dans toutes les directions. Il venait, en novembre 1903, de commencer la campagne militaire au Tibet, dont il était l'inspirateur.
Lord Curzon cultivait l'intention d'englober tout le Sud de l'Iran, de même que la région du Chatt El Arab dans la sphère d'influence anglaise. La "politique d'aller de l'avant", dont Lord Curzon était l'un des représentants les plus zélés, se montrait de plus en plus agressive, surtout depuis qu'avait commencé la Guerre des Boers. Pourtant, cette politique ne manquait pas d'adversaires dans la métropole anglaise elle-même. Notamment, Sir Henry Cotton, principal fonctionnaire de l'Empire britannique dans l'Assam, contestait sans ambages l'invasion du Tibet. L'attaque anglaise, affirmait-il, constituait une monstruosité et une entorse au droit des gens. Les contestations émises par ceux que l'on appelait les "Little Englanders", et dont le nombre diminuait sans cesse, n'avaient plus aucune signification. C'est la politique préconisée par Curzon qui a fini par triompher. A quel moment la Grande-Bretagne avait-elle donc tenu compte du droit des gens?
En Arabie, l'Angleterre visait trois objectifs : assurer le transit maritime en direction de l'Inde et de l'Extrême-Orient, couper la ligne que comptait établir la politique allemande des chemins de fer devant déboucher au terminus koweitien, dominer tous les chemins menant à Médine et à La Mecque, sinon mettre la main sur ces deux lieux saints de l'Islam. Ce n'était pas tant le sol de l'Arabie qui suscitait la frénésie acquisitive des Britanniques, mais plus simplement sa valeur stratégique et son importance religieuse. Toutefois, le sol de plusieurs régions de cet ensemble n'était pas dépourvu d'intérêt. Un major anglais décrit le paysage alpin de l'Hadramaout, où les sommets atteignent des hauteurs de 2500 à 3000 m, comme une sorte de Suisse méridionale, bien plus vaste que la Confédération Helvétique, au climat sain et, par endroits, très fertile. Sur la côte, toutefois, la vie est insupportable, ajoutait-il. Aden est un four, Djidda (Jedda) est un purgatoire, Mascate est l'enfer. Déjà presque toutes les îles de la Mer Rouge, de même que le petit archipel de Bahrein, dans le Golfe Persique, étaient tombés sous administration anglaise. Sur le continent, Aden appartenait aux Anglais; les princes locaux de l'Hadramaout et l'Imam de Mascate se trouvaient sous leur suzeraineté. Ils ont ensuite tenté de s'implanter au Koweit, terminus potentiel des chemins de fer proche-orientaux construits par les Allemands, afin de gêner l'exploitation de ceux-ci. Enfin, ils tenaient entre leurs mains toute la navigation intérieure dans les bras de mer s'enfonçant dans le territoire persan, de même que toute la navigation fluviale sur le Tigre et l'Euphrate. Autre atout important; la majeure partie de l'Afrique du Nord-Est leur appartenait.
De cette façon, les Britanniques installaient un anneau infranchissable autour de l'Arabie, au Sud, à l'Est et au Nord-Est. Pour fermer l'anneau complètement, il leur fallait encore établir une ligne menaçante partant du Golfe Persique pour aboutir à la Mer Rouge ou à la Méditerranée. Soucieux après avoir entendu évoquer pareils projets, le Sultan conçut le plan de faire tracer une ligne de chemin de fer de Damas à La Mecque. C'est effectivement pour la domination de La Mecque que le combat principal se déclenchera. Le Padicha était considéré comme le chef suprême de tous les croyants. Il estimait essentiel, à ce titre, que La Mecque demeurât en sa possession. Face à cette revendication, les Anglais prétendaient dominer des espaces où vivaient environ 100 millions de Musulmans. Raison pour laquelle l'Angleterre souhaitait prendre La Mecque en sa possession et confisquer ainsi au Sultan turc, tenant du titre de Calife, son fer de lance.
(Albrecht WIRTH, Weltgeschichte der Gegenwart, 1924, pp. 237-238).
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dimanche, 13 mai 2007
Le philologue Hans Naumann
Le philologue Hans Naumann
13 mai 1886: Naissance à Görlitz du Professeur Hans Naumann, philologue germanique, défenseur de l’identité allemande. C’est son ouvrage Deutsche Nation in Gefahr (1932) qui demeure toujours d’actualité, dans la mesure où il constitue une réponse aux thèses romanisantes de son collègue de l’Université de Bonn, Ernst Robert Curtius, que les Français de l’époque connaissaient bien, car il était à bien des égards proche de Maurras et écrivait notamment dans les colonnes de la Revue universelle. Ce débat sur l’identité allemande, sur l’esprit français, sur l’héritage de Rome demeure un corpus important pour qui veut comprendre les dynamiques historiques et ethnologiques à l’œuvre en Europe occidentale et centrale. Curtius représente le romanisme allemand, Naumann, le germanisme défensif. A lire parallèlement aux romanisants français (dont Maurras) et aux nombreux auteurs du filon germanisant en France, depuis Boulainvilliers et Gobineau (Robert Steuckers).
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Reinhold Schneider: catholique impérial
Reinhold Schneider: catholique impérial
13 mai 1903: Naissance à Baden-Baden de l’historien et philosophe catholique impérial Reinhold Schneider. Armin Mohler le compte parmi les exposants catholiques et anti-nazis de la révolution conservatrice. L’importance de Schneider ne réside pas tant, à notre sens, dans ces positions politiques et religieuses, mais plutôt dans l’impact de sa découverte personnelle, à la suite de voyages, de la spiritualité politique portugaise et espagnole. Cette découverte et cette fascination s’expriment dans deux ouvrages : Das Leiden des Camoens oder Untergang und Vollendung der potugiesischen Macht (= La passion de Camoens ou le déclin et l’accomplissement de la puissance portugaise) et Philipp der Zweite oder Religion und Macht (= Philippe II ou la religion et la puissance). Reinhold Schneider a plutôt contribué à une révolution conservatrice portugaise et espagnole qu’à une révolution conservatrice allemande (Robert Steuckers).
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samedi, 12 mai 2007
1915: First Invasion of Iraq
The first invasion of Iraq by British in 1915
Sunday 29 April 2007, by Ben MACINTYRE
Armed with high-tech weapons and even higher expectations, a British Army marches on Baghdad to take control of the oilfields and topple a brutal regime.
Instead, the invaders get bogged down in the foetid marshes and broiling deserts; the enemy refuses to run away; soldiers perish in their thousands and Britain suffers one of its worst military defeats.
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vendredi, 11 mai 2007
Six questions on the French Revolution
Six questions on the French Revolution
by Troy SOUTHGATE
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mardi, 08 mai 2007
J. Thiriart in English - Biography and Responses
Biography And Interview
Submitted By Gene H. Hogberg
English translation by Dr. David Wainwright
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E. v. Salomon: Der tote Preusse
Der tote Preuße
Das verkörperte Abbild des 20. Jahrhunderts: Vor hundert
Jahren wurde der Schriftsteller Ernst von Salomon geboren
von Markus Klein - Fefunden auf: http://www.geocities.com/wbuecher/dertotepreusse.htm
Als "zu menschlich für Hitler" - so charakterisierte Carl Zuckmayer Ernst von Salomon in seinem Dossier über deutsche Künstler und Intellektuelle 1943/44 im Exil für den amerikanischen Geheimdienst. "Zu menschlich" ist sicher der falsche Begriff, aber wie anders hätte Zuckmayer den amerikanischen Universalisten Salomons Nominalismus verdeutlichen sollen?
Universalisten und Nominalisten sind nach Armin Mohlers Definition antagonistische Menschentypen. Der Universalist glaubt, daß der Wirklichkeit eine geistige Ordnung zugrunde liegt. Diese kann er nicht nur durchschauen, sondern auch definieren und formulieren. Er kann also auch seine Handlungen mit dieser universalen Ordnung in Übereinstimmung bringen, sie somit gar ordnungsphilosophisch und heilsgeschichtlich legitimieren. Der Nominalist hingegen zeichnet sich dadurch aus, daß für ihn die Allgemeinbegriffe dem Wirklichen durch den Menschen erst nachträglich verliehen worden sind. Hinzu kommt, daß er weder den Kampf als immer vermeidbar ansieht, noch ihn scheut, noch davor zurückschreckt, seinen Gegner - den er durchaus schätzen kann - im entscheidenden Falle zu vernichten. Keinesfalls jedoch (im Unterschied zum Universalisten) würde er einen Gegner nurdeswegen vernichten, weil dieser dem Glauben an eine andere geistige Ordnung anhängt.
Wie sehr die Amerikaner Universalisten sind, wird heute im Krieg gegen "das Böse" auf der Welt deutlicher denn je. Wer wollte, konnte es jedoch auch schon nach dem Zweiten Weltkrieg erkennen. Ernst von Salomon war einer, der dies damals schon gesehen hat: "Ich schreibe jetzt, weil ich eine Zeit überbrücken will, bis wieder die Möglichkeit besteht, anständige Filme zu machen, und weil ich was gegen die Amerikaner habe, und das muß heraus, sonst platze ich."
Heimat bedeutete ihm nichts, Identität alles
Was dabei herauskam, war "Der Fragebogen" von 1951, und er war ein Fanal. Ernst von Salomon schrieb in ihm die Geschichte der ersten fünfzig Jahre des 20. Jahrhunderts, das "Wie-es-gewesen"-ist, einen - im Sinne Theodor Lessings - "Teppich, geknüpft aus Fäden aller Art". Mit bitterbösem Zynismus führte er durch seine Ausführlichkeit den Entnazifizierungsfragebogen der Amerikaner ad absurdum und setzte gleichzeitig zum Kampf um die Nation nach der zweiten deutschen Niederlage in jenem Jahrhundert an, den er schon nach der ersten so vehement begonnen hatte.
Damals schon hatte Ernst von Salomon auf sich aufmerksam gemacht, zunächst durch Taten in den Reihen der "Phantasten der Tat", wie sie Herbert Cysarz genannt hat, und seit 1930 durch eine Trilogie des deutschen Nachkrieges. Nichts anderes hatte ihn hier schon zur Niederschrift veranlaßt, als was ihn zum "Fragebogen" zwang: Die Suche nach der eigenen Identität und die der Deutschen, die sich nur durch die Erzählung finden lassen konnte - um sie hernach den universalistischen Ansprüchen der Siegermächte entgegenzusetzen.
Selbst wer zur Zeit des "Neuen Nationalismus" noch um seine literarisch verbrämten Paukenschläge herumgekommen war, den "Fragebogen" konnte keiner umgehen. Er stand als Monument souveränen deutschen Daseinsanspruches jeder ideologisch und geschichtsphilosophisch hergeleiteten Geschichtsschreibung entgegen. Er demaskierte die heilsgeschichtlich begründeten Legitimationen und die damit einhergehende und durch Begriffsumbesetzung funktionalisierte Pauschal- und Kausalgeschichtsschreibung. Ernst von Salomon reklamierte so erfolgreich bis zu seinem Lebensende für sich, "Den Deutschen" Stimme und damit Anspruch auf eigene Existenz zu verleihen: "Heute bin ich ein Vertreter der fünften Zone, der deutschen Zone, der Deutschen, die in der Zerstreuung leben wie die Juden. Wollen Sie etwas davon wissen? Der - täuschen wir uns nicht - weitaus größere Teil der Deutschen, der heute stumm ist, abwartend, mißtrauisch, angegriffen, ohne sich verteidigen zu können, wo er wirklich Verantwortung trug, kann nicht einfach als nichtexistent betrachtet werden. Ich habe das Glück, nicht zu diesen zu gehören, und von ihnen gehört zu werden."
Vor nunmehr einhundert Jahren wurde Ernst von Salomon am 25. September 1902 im damals preußischen Kiel geboren. Was ihn prägte, war die preußische Haltung, die Strenge gegen sich selbst, die preußischen Tugenden, und nicht zuletzt der "Preußische Sozialismus". Um diesen Staatsgeist Preußens drehte sich sein ganzes Leben; er war sein Ziehvater, sein Mythos, sein Ziel, und nicht zuletzt sein Surrogat für die zerstörte deutsche Identität. Heimat bedeutete ihm nichts, Identität alles. Dazu trug neben dem Elternhaus vor allem seine Erziehung im Königlich-Preußischen Kadetten-Vorkorps bei. Hier lernten die Kadetten staatliche Tugenden, bis sie durch Erlaß der alliierten Machthaber in Deutschland Ende 1918 in den tobenden Bürgerkrieg hineingeworfen wurden.
Auf Seiten der Sozialdemokraten in einem der von ihnen ins Leben gerufenen Freikorps glaubte er, unter deren Parole "Kampf dem Bolschewismus" den Staat zu schützen gegen internationalistische Bestrebungen. Die gleichfalls staatsauflösenden Tendenzen des liberalen Parteienstaates blieben den Freikorpskämpfern zunächst verborgen, und so ließen sie sich zum ersten Male in diesem Jahrhundert zu Zwecken mißbrauchen, die nicht die ihren waren, die ihrem Staatsdenken geradezu konträr waren. Sie schlugen im Auftrag der selbsternannten Regierung kommunistische Aufstände nieder, übten Polizeiaktionen aus und wurden unwissentlich zu Parteigängern einer ideologisch bestimmten Bürgerkriegspartei im Ringen um die Macht in Deutschland. In Weimar jedoch, eingesetzt zum Schutze der "Nationalversammlung", merkte von Salomon erstmals, daß er hier fehl am Platze war.
Er desertierte ins Baltikum, wo erstmals seit dem Kriege deutsche Truppen wieder auf dem Vormarsch waren. Er glaubte Deutschland an der Front zu finden, doch diese Front war keine deutsche: Die deutschen Truppen kämpften im Auftrag der Engländer gegen die Bolschewisten um die Sicherung des Nachkriegs-Status quo. Das begriffen sie indes erst, als die Engländer ihnen ob ihrer Erfolge in den Arm fielen und die deutsche Regierung sie fallen ließ und ächtete. Da eskalierte ihr Idealismus und wurde zum Exzeß. Die Anerkennung des Versailler Diktatfriedens machte sie innerlich frei. Sie glaubten sich als die letzten Deutschen überhaupt, wurden irregulär, kämpften und mordeten ohne Idee und ohne Ziel, bis sie sich geschlagen und verbittert um die Jahreswende 1919/20 ins Reich zurückziehen mußten. Hier aber erwartete sie Undank, Mißtrauen, ideologischer Haß und die Auflösung. So kam es, daß sie sich Kapp zur Verfügung stellten, der ohne Vorbereitung und völlig unzulänglich zu putschen versuchte. Als in der Folge des zwangsläufigen Scheiterns dieses Putsches die Gewerkschaften unter kommunistischer und internationalistischer Parole erneut die Macht in Deutschland zu übernehmen versuchten, ließ sich der Leutnant von Salomon als Zeitfreiwilliger in den Reihen der Wehrmacht, die das Ruhrgebiet "säuberte", erneut mißbrauchen.
Er glaubte, Deutschland an der Front zu finden
Anschließend trieb es ihn in die in dem ihr zugedichteten Rahmen nie existente "Organisation Consul" in dem Irrglauben, in dieser geheimen Widerstands- und Terrororganisation gegen die französischen Besatzer und gegen deutsche Kollaborateure die Republik zu untergraben. Unterbrochen nur durch die Kämpfe um Oberschlesien im Sommer 1921, wo die Franzosen durch die Unterstützung Kongreßpolens versuchten, Deutschland auch vom Osten her zu schwächen, verselbständigten sich diese Widerstandskämpfer immer mehr und entglitten der Reichswehr. Enttäuscht und desillusioniert über die Unzulänglichkeit des liberalen Staates verrannten sie sich in die Idee, durch politische Morde zugleich die Republik zu destabilisieren und die Grundlagen für eine "nationale Revolution" zu legen.
Ihre Aktionen gipfelten am 24. Juni 1922 im Mord an Walther Rathenau. In dem Juden Rathenau, der doch eigentlich "von vornherein auf der Seite seiner Gegner" stand (Harry Graf Kessler), hatten sie geglaubt - und wurden darin unterstützt von skrupellosen und zumeist deutsch-völkischen Parteipolitikern -, den einzig begnadeten Vertreter des Liberalismus zu erkennen, der der Republik Stabilität verleihen könnte und dies zum Schaden der Deutschen und zum Nutzen des internationalen Wirtschaftsimperialismus mißbrauchen würde. Aber eigentlich redeten sie sich nur etwas ein: "Es war die Demokratie, es war die politische Begründung, die wir suchten. Wir suchten welche - da war es, zum Beispiel - Erfüllungspolitik. Für uns war der Krieg nicht aus, für uns war die Revolution nicht beendet."
Zu der Zeit, als Ernst von Salomon erkannt hatte, daß dies nicht nur ein fataler und sträflicher Irrtum gewesen war, sondern daß er mit dem Mord auch gegen sein eigenes Gesetz, das Preußentum, verstoßen hatte, war es zu spät. Wegen Beihilfe zu Zuchthaus und Ehrverlust verurteilt, war die Zelle gleichwohl fruchtbar für ihn geworden. Hier hatte er sich gelöst von den völkischen und ideologischen Verblendungen, hatte begonnen, zu sich selbst zu finden. Weihnachten 1927 aufgrund einer Amnestie freigelassen, stieß er unmittelbar in Berlin in die Kreise des "Neuen Nationalismus" und geriet über seinen Bruder Bruno in die revolutionär-romantische Schleswig-Holsteinische Landvolkbewegung, der Hans Fallada in seinem Roman "Bauern, Bonzen und Bomben" ein Denkmal gesetzt hat.
Von September bis Dezember 1929 deshalb in Moabit inhaftiert, schrieb Ernst von Salomon unter hartnäckigem Zusetzen von Ernst Rowohlt, der in Salomon den künftigen Erfolgsautor witterte, sein erstes Buch: "Die Geächteten". Diese Autobiographie, "die zugleich so etwas wie eine Selbstbiographie der ganzen Zeit ist" (Paul Fechter), verdiente, wie Ernst Jünger in einer Besprechung schrieb, schon deshalb gelesen zu werden, "weil es das Schicksal der wertvollsten Schicht jener Jugend, die während des Krieges in Deutschland heranwuchs, erfaßte."
Der zweite Teil dieser Nachkriegstrilogie, die nahezu unlesbare und gleichwohl brisant-interessante "Stadt", entstand 1932: "Die Stadt war ein Versuch, eine Bestandsaufnahme, eine Übung literarischer Art, bei der ich es auf ganz gewisse abseitige Probleme des Schreibens absah. Der Stoff ist sicher interessant, doch ohne Verbindlichkeit für mich; er diente mir nur zu einer Verschärfung aller Fragestellungen." Und der dritte Teil, der Abschluß seines "Neuen Nationalismus", der zugleich sein literarisch schönstes Werk werden sollte, "Die Kadetten", war in der so andersartigen Wiener Atmosphäre entstanden. Hier lernte von Salomon im Winter 1932/33 auf Einladung Othmars Spanns dessen Austro-Universalismus kennen, um sich darob seiner preußischen Herkunft und seines eigenen Nominalismus' nur um so bewußter zu werden: "Alle großen Bewegungen in der Welt, das Christentum wie der Humanismus, wie der Marxismus, sie alle werden von einer Art Krankheit befallen, eine göttliche Krankheit, der erhabenen Pest des ganzheitlichen Anspruchs. Das macht die Dinge so einfach für den, der sich bekennen will, und so schwer für den, der sie betrachtet. Ich, ich bin kein Bekenner, ich bin ein leidenschaftlich beteiligter Betrachter. So wurde ich kein Nationalsozialist, und so mußte ich mich von Othmar Spann trennen."
Von Salomon repräsentiert die Wirren seiner Zeit
Zurück in Berlin, wo die NSDAP bemüht war, eine Stringenz zwischen sich und den Freikorps zu apologetisieren, war es erneut von Salomons vordringliches Anliegen, den Verfälschungen in der Geschichtsschreibung des Nachkrieges entgegenzuwirken. So entstanden seine beiden Bücher "Nahe Geschichte" und das monumentale "Buch vom deutschen Freikorpskämpfer" als Korrektive nationalsozialistischer Geschichtsklitterung. Als jedoch ernste Schwierigkeiten mit der NSDAP entstanden, zog er sich aus Rücksicht auf seine jüdische Lebensgefährtin, die er während des Dritten Reiches als seine Ehefrau ausgab, aus allen kompromittierenden Kreisen, unter anderem auch aus dem Kreis um Harro Schulze-Boysen, zurück und "emigrierte" als Drehbuchautor zur UFA.
Der Nationalsozialismus war für ihn - und Hitler voran - "der größte Verfälscher der deutschen Geschichte". Salomons und der Deutschen Dilemma aber bestand darin, daß der Krieg auch ein deutscher Daseinskampf war und nicht nur rassenideologische Züge trug. So mußten sie zwangsläufig wieder in die Phalanx der nationalsozialistisch verfälschten deutschen Schicksalsgemeinschaft einscheren. Erst 1944 sollte dieser Schulterschluß endgültig aufbrechen.
Doch daß die Sieger des Weltkrieges diese Verfälschung der deutschen Nation und ihres Daseinsanspruches nur zu gerne aufgriffen und darüber die deutsche Identität zu zerstören suchten, sollte Ernst von Salomon nach seinem "automatic arrest" von Mai 1945 bis September 1946 unverzüglich zum Kampf um deutsches Subjektbewußtsein treiben. Schon in amerikanischer Kriegsgefangenschaft war ihm klar geworden, daß sich die Maßnahmen der Besatzungsmächte und ihrer deutschen Handlanger "nicht gegen einen Angeklagten richtet, sondern gegen ein Volk, dem bewiesen werden soll, daß es keine anständigen Menschen hervorzubringen vermochte, und daß ihm zu dienen in jedem Falle unanständig war." Dieses System aber empfand er als eines, "das eine fatale Ähnlichkeit mit jenem hat, das zu bekämpfen diejenigen Leute in der kleidsamen Uniform der Sieger in dieses Land gekommen sind". Gerade die Sieger nämlich überschritten das Maß der von ihnen den Deutschen auferlegten moralischen Beschränkungen weiter als jemals zuvor. Salomons Reaktion darauf war eindeutig: "... niemand mag es verargt werden, sich wohl zu hüten, mit einer Macht anzubinden, welche so groß ist, daß sie es in sich erträgt, die Atombomben von Hiroshima und Nagasaki unter der Begleitung des Chorals ‚Onward, Christian Soldiers!' platzen zu lassen, ohne dabei selber zu platzen."
Ab Juni 1947 reifte in Ernst von Salomon der Plan, seine und die Geschichte der Deutschen im zwanzigsten Jahrhundert niederzuschreiben und den Deutschen als Lesern wie in einem Spiegel vorzuhalten. Über den "Fragebogen" hinaus noch bemühte er sich um Überwindung der ideologischen Weltbürgerkriegsfronten, die die Deutschen so unmittelbar spalteten. Sein Engagement, u.a. in den Reihen der aufkommenden und damals noch nicht eindeutig gesellschaftspolitisch orientierten Friedensbewegung, im Demokratischen Kulturbund Deutschland und für die Deutsche Friedens-Union brachte ihm jedoch Urteile und Verurteilungen ein, die von Unverständnis strotzten. Von "Nationalbolschewismus" über "Unverbesserlichkeit" bis hin zum "German enemy of Germany" reichte die Spannweite der Urteile, und immer wieder nahm ihn die eine oder die andere Partei in Beschlag, berief sich auf ihn als Zeugen und Mitstreiter, während die andere ihn verdammte.
Nur seine tatsächliche Identität als unideologisch bestimmter Deutscher wollte oder sollte nicht ins Bewußtsein gelangen. Die "Objektisierung" der Deutschen durch eine alle Bereiche erfassende langfristige Umerziehung war zu weitgehend, die Bereitschaft der besiegten und individualisierten Einzelnen zum Identitätswechsel zu groß gewesen, um Ernst von Salomon zu folgen. Sein Erfolg, auch der des "Fragebogens", blieb ein literarischer.
Absolute Toleranz gegen jede politische Idee
Sein Versuch, die Staatsidee Preußens in seinem posthum veröffentlichten Werk "Der tote Preuße" zu erklären und plausibel zu machen, wurde aufgrund des nur zu einem Drittel fertiggestellten Torsos ein Fehlschlag. Daß er sich als Schriftsteller und Drehbuchautor durch Trivialitäten seinen Lebensunterhalt und den seiner 1948 gegründeten Familie sichern mußte, wurde ihm zudem noch verübelt. Doch mit Veröffentlichungen im Zusammenhang mit seiner Bemühung um deutsche Selbstbehauptung war mit zunehmendem Alter der Bundesrepublik kein Geld mehr zu verdienen. Je weiter die um die Jahrhundertwende geborene Generation von der Bühne abtrat, desto geringer wurde der Bedarf und das Verständnis für solche Bemühungen. Spätestens 1968 war Ernst von Salomon zum lebenden und unverstandenen Fossil geworden - selbst für seine eigenen Nachkommen. Am 9. August 1972 starb er in Stöckte (Winsen/Luhe).
Ernst von Salomon ist das verkörperte Abbild des 20. Jahrhunderts, ist Exponent eines deutschen Geschichtsabschnitts, der - mit größerem Abstand - dereinst erneut "die deutsche Romantik" genannt werden könnte. Leidenschaftlich beteiligt an den vielschichtigen Abenteuern seiner Zeit repräsentiert er die oft fatalen Wirren und Brüche, mit denen die Deutschen in "seinem" Jahrhundert konfrontiert waren. Sein Leben stellt subjektiv wie objektiv eine stellvertretende Kontinuität dar, nämlich die der Deutschen in eben jener Zeit, die so von Ideologien überfrachtet war. An ihm ist die Geschichte und das wegen der dauernden Verfälschung zwangsläufige Scheitern der im eigentlichen Sinne - um ihrer Identität willen - unideologischen Deutschen in dieser Epoche nachzuvollziehen.
Salomons auf Schiller zurückgehender Idealismus, sein Engagement für absolute Toleranz gegen jede politische Idee macht ihn heute noch interessant. Nach dem Zusammenbruch der ideologischen Nachkriegsidentitäten, die die Deutschen so lange quer durch alle Lager getrennt haben, ist ein Wiederentdeckung von Salomons in Deutschland so begrüßenswert wie selten zuvor. Vielleicht könnten die Deutschen über ihn endlich einen unideologischen Zugang zu ihrer Geschichte und damit zu sich selbst finden.
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lundi, 07 mai 2007
C. L. Dyrssen: prussianiste mystique
Carl Ludwig Dyrssen: prussianiste mystique
7 mai 1888: Naissance à New York de Carl Ludwig Dyrssen, exposant du “prussianisme mystique” au sein de la révolution conservatrice allemande du temps de la République de Weimar. Sa contribution à la révolution conservatrice, selon Mohler, se limite pour l’essentiel à un seul livre : Der Botschaft des Ostens (1933; = Le message de l’Est). Pour Dyrssen, la Grande Guerre de 14-18 est une lutte planétaire de l’Occident libéral et financier contre l’Est mystique, dont l’Allemagne est la pièce maîtresse.
Le fascisme serait une radicalisation de l’esprit occidental, avec un vernis catholique, tandis que le national socialisme, dont Dyrssen espère l’avènement, serait tout à la fois germanique et révolutionnaire. C’est qu’en ce sens que l’on parle de “prussianisme mystique”. La postérité n’a guère retenu cet ouvrage, jugé un peu confus. Mais dans ses Ecrits politiques, Evola l’évoque, dans une perspective critique, estimant que les positions de Dyrssen conduisent l’Allemagne à une alliance irréversible avec Moscou, désormais capitale non plus de l’Empire traditionnel des Slaves, mais de la révolution bolchevique (Robert Steuckers).
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Sur Tito
Sur Tito
7 mai 1892: Naissance à Kumrovec en Croatie de Josip Broz, dit “Tito”, futur chef communiste de l’Etat yougoslave. Soldat dans l’armée impériale austro-hongroise dès 1913, il monte au front de Bukovine en 1915, où il est fait prisonnier par l’armée du Tsar. En 1918, il rejoint l’armée rouge pendant la guerre civile russe. Devenu apparatchik du Komintern, il tente d’organiser un mouvement communiste en Yougoslavie, puis recrute des volontaires pour les brigades internationales, combattant aux côtés du bloc des gauches dans la guerre civile espagnole.
En 1940, à l’époque du Pacte germano-soviétique, Tito œuvre pour maintenir la Yougoslavie en état de neutralité, afin qu’elle ne mette pas ses forces au service de la cause occidentale. Ce qui allait d’ailleurs dans le sens du gouvernement autoritaire yougoslave de Stojadinovic, qui venait de conclure des accords commerciaux avec Goering, envoyé de Hitler. A partir de juin 1941, Tito entre dans la clandestinité et organise les partisans communistes, afin de clouer les divisions allemandes et croates dans les Balkans. Simultanément, il reçoit une aide substantielle des Britanniques, qui abandonnent la résistance royaliste de Mihaïlovitch. Cette aide occidentale fera basculer Tito : de fidèle exécutant du Komintern, il deviendra un dissident communiste, fidèle, dans le fond, à l’alliance atlantique. Les Occidentaux tolèreront son régime totalitaire à parti unique, simplement pour empêcher l’armée rouge de débouler sur les rives de l’Adriatique.
En 1948, les Yougoslaves sont exclus de la famille des peuples socialistes : Moscou a tenté de faire renverser Tito et quelques incidents de frontières ont eu lieu avec des éléments avancés de l’armée rouge, casernés en Hongrie ou en Roumanie. Tito patronnera après la mort de Staline le mouvement des pays non alignés. Décédé en 1980, à l’âge de 88 ans, il n’aura pas réussi à nommer une succession collective (comme il le voulait) capable de maintenir la fédération yougoslave unie. Dès 1989, les premières lézardes se manifesteront, pour culminer avec les guerres inter-ethniques et inter-confessionnelles des années 90.
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dimanche, 06 mai 2007
E. v. Salomon: apprendre à mourir
APPRENDRE A MOURIR
Entretien avec Ernst von Salomon
06:15 Publié dans Entretiens, Histoire, Littérature, Révolution conservatrice | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
samedi, 05 mai 2007
Der doppelte Ernst (v. Salomon)
© JUNGE FREIHEIT Verlag GmbH & Co. http://www.jungefreiheit.de/ 10/98 27. Februar 1998 | ||
Der doppelte Ernst von Hans P. Rissmann Ernst von Salomon gilt als ein Meister des ironischen Stils. Der 1902 in Kiel geborene Salomon schloß sich 1918 den Freikorps an, kämpfte im Baltikum und in Oberschlesien. Er wurde hochdekoriert und erreichte den Offiziersrang. Durch den Kontakt zur "Brigade Ehrhardt" ließ er sich in den Mordanschlag auf den Reichsaußenminister Walter Rathenau verwickeln. Salomon wurde wegen Mittäterschaft zu einer mehrjährigen Haftstrafe verurteilt. Die Begegnung mit Ernst Jünger 1929 in Berlin wird für Ernst von Salomon zu einem entscheidenden Ereignis. Durch Jünger erhält er den Anstoß, schriftstellerisch tätig zu werden. Seine Bücher "Die Geächteten", "Die Stadt", "Die Kadetten" werden in Deutschland zu Bestsellern. Vor allem aber "Der Fragebogen", in dem Salomon die Absurdität des Alliierten Frageborgens zur Entnazifizierung der 1945 Besiegten durch eine Mega-Autobiographie als Beantwortung auf die Spitze trieb, macht seinen Ruhm aus. Im "Fragebogen" schließlich beschreibt Salomon auf seine ihm typische, leicht ironische Weise die Begegnung mit dem älteren und situierteren Jünger: MEHR :http://www.geocities.com/wbuecher/derdoppelteernst.htm |
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jeudi, 03 mai 2007
Franco en Afrika
http://www.ethesis.net/franco/franco_inhoud.htm
Franco en Afrika
Een onderzoek naar de invloed van
‘Afrikanistische’ opvattingen in de uitingen van Franco
vanaf de opstand van de Movimiento Nacional in 1936
tot aan de onafhankelijkheidsverklaring
van Spaans-Marokko in 1956
Bart van Zessen
Doctoraalscriptie Geschiedenis
Specialisatie: Politieke Geschiedenis
Faculteit der Letteren, Universiteit van Utrecht
Academiejaar: 2004-2005
Scriptiebegeleiders: Frans Willem Lantink en Peer Vries (Universiteit van Leiden)
1. Spanje en Afrika; de historische context
Marokko
Spanje
Spaans Rechts
Gil Robles: CEDA
Calvo Sotelo: ‘Catastrofistische Monarchisme’
De Carlisten
Falange Española de las JONS en José Antonio Primo de Rivera
Franco en de Movimiento Nacional
Franco’s terrein
3. Het leger van Afrika en de Ideologia Africanista
Het koloniale verleden
El Barranco del Lobo of Het ravijn van de wolf
De kloof tussen Spanje en Afrika
Haat, vijandigheid en geweld
Millan Astray Terreros en het Spaanse vreemdelingenlegioen
De rampzalige nederlaag bij Anual
Miguel Primo de Rivera en de Africanistas
Een verheven missie
La Ideologia Africanista
4.1 Franco en Afrika
Jeugd, Toledo en Marokko
Marokko
Het gif van Afrika
Na Afrika
Het belang van militaire waarden
Antiliberalisme, antisocialisme, anticommunisme
Het gevoel van missie
Affiniteit met Moren en Afrika
De Ideologia Africanista tijdens de ontmoeting tussen
Franco en Hitler in Hendaya
06:25 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Gripe Espanhola/1918
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Na actual discussão sobre a gripe das aves a dita “gripe Espanhola” de 1918 é sempre mencionada como exemplo para as consequências mortais que uma mutação do vírus da gripe pode ter, e para dizer que estamos prestes a enfrentar uma mutação dessas. Se quisermos formar uma opinião sobre a perigosidade destes receios, teremos de nos debruçar mais sobre a gripe espanhola. As pesquisas revelaram alguns factos surpreendentes. Aqui se apresenta um extracto do Impf-Report (http://www.impf-report.de) escrito por dois conhecidos críticos de vacinação, Angelika Kögel-Schauz e Hans Tolzin. “Todos os médicos e pessoas que estavam vivos por altura da gripe espanhola, em 1918, dizem que foi a doença mais terrível que o mundo já viu. Homens fortes, num dia ainda saudáveis e robustos, estavam mortos no dia seguinte. A doença, além das características da peste, tinha as do tifo, da difteria, pneumonia, varíola, paralisia e todas as doenças contra as quais essas pessoas tinham sido vacinadas logo após a I Guerra Mundial. Quase toda a população fora contaminada com uma dúzia ou mais de doenças. Foi uma tragédia quando todas essas doenças começaram a declarar-se ao mesmo tempo. No auge da epidemia fecharam todas as lojas, escolas, empresas e até o hospital. Também os médicos e o pessoal de enfermagem tinham sido vacinados e tinham adoecido com a gripe. Este relatório de Eleanora McBean está evidentemente em total contradição com a hipótese oficial, nomeadamente, de que tenha sido um vírus da gripe que, tendo sofrido uma mutação, originou a gripe espanhola. Porém, não é a única fonte que suspeita que a pandemia tenha sido provocada pelas vacinações em massa. O Prof. E. R. Moras, médico e conhecido especialista da nutrição natural, ofereceu, por carta, o seu apoio ao Governo americano, em Novembro de 1918, e nela lamentou os milhares de mortos no exército, culpando por tal, directamente, a vacinação em massa contra o tifo e a alimentação deficiente. Segundo Carroll, corria o boato nos EUA que durante a I Guerra Mundial tinham morrido mais soldados devido a vacinas do que através do fogo inimigo. Esta declaração é da autoria do Dr. H.M.Shelton, autor do livro “Vaccines and Serum Evils”. De acordo com o General Goodwin, o exército britânico registou 7.432 casos de tifo dos quais 266 foram mortais. No exército francês, até Outubro de 1916, houve 113.165 caso com 12.380 mortos. De salientar que em ambos os países, a vacinação contra o tifo fora compulsiva. Existem assim várias pessoas que confirmam que a vacinação em massa pode ter sido a possível causa da gripe espanhola. Sem as publicações originais é, evidentemente, muito difícil de provar o grau de veracidade. Mas podemos tentar descobrir a verdade através de um processo indirecto, na medida em que procuramos e analisamos informações para ver se e como as peças do puzzle se encaixam. Por S.Fernandes com Impf-Report |
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mercredi, 02 mai 2007
S. Ch. Bose: studies in Indian nationalism
Subhas Chandra Bose and Middle Class Radicalism
- Study in Indian Nationalism, 1928-40
AUTHOR: Bidyut Chakrabarti
TABLE OF CONTENTS:
List of tables. Acknowledgements. Abbreviations. Introduction. 1. Constraint and tension in middle-class leadership. 2. The Hindu-Muslim question. 3. Ambivalence to the working-class struggle. 4. Bengal Provincial Congress: operational dilemma and organisational constraint. Conclusion. Appendix I -Biographical sketches of leading political activists. Appendix II- The composition of the BPCC, 1939179. Appendix III-14-point election manifesto of the KPP, declared in the 1936 Dacca session. Notes. Glossary. Selected bibliography. Index.
PUBLISHER: I. B. Tauris, London; PRICE: £45.00 ; COVER: Hardback ; PAGES: 252 ; PAGE SIZE: 216 x 138 mm ; ISBN: 9781850431497; PUBLICATION DATE: 31 Dec 1990
06:20 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook