Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 14 octobre 2007

Premier Conseil de la Couronne

c8db984bee2ee1cb18e2a8bd30013cf3.jpg

Premier Conseil de la Couronne

14 octobre 1936: Léopold III, lors du « Premier Conseil de la Couronne », se prononce pour la neutralité de la Belgique.

Celle-ci se détache dès lors des réseaux d’alliances bellogènes concoctées par la France républicaine et la Grande-Bretagne, qui poursuit sa vieille politique de semer la zizanie sur le continent, afin qu’il ne devienne pas un bloc solide et homogène. Léopold III, dans son discours du 14 octobre, cite l’exemple des neutralités néerlandaise et helvétique, modèles pour la Belgique. Ce discours provoquera, dès le lendemain, un déchaînement de haine délirante dans la presse parisienne.

Ces délires s’inscriront profondément dans la cervelle du ministre Paul Reynaud, une baderne falote de la III° République, qui les ressortira en mai 1940 pour fustiger le Roi avec une verbosité hystérique et une inélégance de sans-culotte, quand l’armée belge sera contrainte de capituler, suite aux débâcles anglaise (Louvain) et française (Gembloux). Notons que le 13 octobre 1937, l’Allemagne avait déclaré se poser comme garante de la neutralité belge, garantie réitérée par Hitler lui-même le 6 octobre 1938.

C’est aussi dans cette hostilité viscérale des agents du Quai d’Orsay à l’œuvre dans la presse qu’il faut retrouver les sources de la question royale, qui a tué toute notion d’autorité structurante en Belgique entre 1945 et 1950, pendant l’exil suisse du Roi et au moment de son abdication.

Depuis lors, ce pays n’a plus ni épine dorsale ni politique originale et se trouve livré aux concussions et à la gabegie des partis politiques et des figures histrioniques qui les animent. Un histrionisme qui va crescendo : de Paul-Henri Spaak à Elio di Rupo et aux femmes politiciennes de la trempe d’une Onkelinx ou d’une Arena, on mesure pleinement la décadence, la chute de notre pays dans l’abjection.

01:15 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 13 octobre 2007

Régiment Impératrice Charlotte

c1c77e481f351249d972659bb62077e9.jpg

Régiment Impératrice Charlotte

13 octobre 1864: Les 600 premiers soldats belges du « Régiment de l’Impératrice Charlotte » s’embarquent à Saint-Nazaire pour le Mexique.

Au total 2111 hommes issus de nos régions combattront au sein de cette unité. L’objectif géopolitique de l’Autriche-Hongrie, de la France et de la Belgique était, à l’époque, d’assurer une relève européenne dans le Nouveau Monde, après l’éviction de l’Espagne lors des deux premières décennies du 19ième siècle, éviction qui s’était évidemment déroulée sous l’impulsion des Etats-Unis. La Doctrine de Monroe, proclamée en 1823, visait effectivement à chasser toutes les puissances européennes de l’hémisphère occidental.

Proclamer un empire du Mexique, avec un Habsbourg pour souverain, était une façon d’installer un système politique, sur le flanc sud des Etats-Unis, qui reposait sur des principes radicalement différents de ceux imposés par le mixte de puritanisme, de déisme et de calvinisme qui sous-tend l’idéologie américaine. Un Mexique fort, appuyé par les grandes puissances européennes, aurait largement permis de contenir la puissance yankee, victorieuse des Confédérés. Avec la chute de Maximilien, battu, condamné et exécuté en 1867 –une exécution qui devra être un jour vengée avec la plus extrême des sévérités- les puissances européennes seront évincées du Nouveau Monde, à commencer par la Russie, encore présente en Alaska.

L’Espagne, affaiblie, sera houspillée définitivement en 1898, après un prétexte de casus belli cousu de fil blanc (l’explosion du navire « Maine »), année où elle perdra sa province de Cuba. Ouvrons ici une parenthèse : Cuba est une terre espagnole. Cuba doit être défendue, quel qu’en soit le régime politique, contre toute prétention de Washington. L’anti-castrisme de la fausse droite américanolâtre est un crime contre l’Europe. Les mouvements catholiques qui militent pour un maintien de Castro au pouvoir (comme hier de Sandino) se situent bel et bien dans la ligne traditionnelle de la diplomatie européenne, en dépit des colorations de gauche qu’ils peuvent parfois prendre. En 1917, les Danois sont contraints d’abandonner les Iles Vierges. Seules la France conserve quelques confetti d’empire dans les Caraïbes et à Saint-Pierre-et-Miquelon. Mais ces confettis n’ont guère de valeur stratégique, à rebours de la Guyane.

01:10 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 08 octobre 2007

Emigration blanche, fascisme, stalinisme

a01d48c6f6b58561cbc20f4e1a28558e.gif

Emigration blanche, fascisme, stalinisme: approches nouvelles après la chute du communisme

La généalogie des droites russes chez Walter Laqueur

par Robert STEUCKERS

L'impact des fascismes ouest-européens et du national-socialisme allemand a été important dans les cercles d'émigrés blancs pendant l'entre-deux-guerres. Le fascisme séduisait parce qu'il promettait des solutions rapides aux problèmes de l'époque, alors que les parlements, qui soumettaient tout à d'interminables discussions, étaient accusés de laisser «pourrir les situations». Ce culte de la «décision rapide», très présent dans les débats allemands de l'époque et dans les discours tonitruants de Mussolini, débordait les cercles restreints des fascistes russes purs et durs et séduisait des conservateurs, dont Struve, et des modérés, dont Timachev.

Pour propager ce double culte de l'autorité et de la vitesse de décision, plusieurs groupes ont vu le jour dans les années 20. Ils étaient surtout constitués de jeunes gens enthousiastes. Le plus petit de ces groupes était le «Mouvement des Jeunes Russes» (Mladorossitsy), dirigé par Alexandre Kassem Bek, issu d'une famille aristocratique d'origine persane, russifiée au cours du XIXième siècle. Emigré à Paris, Kassem Bek prend dès l'âge de 21 ans la tête d'un groupe d'étudiants blancs, réclamant l'avènement d'une monarchie totalitaire de type nouveau. Reprenant à leur compte tous les éléments du decorum fasciste, ainsi que la discipline qui caractérisait cette mouvance, les adeptes de Kassem Bek estimaient, nous explique Laqueur, que l'ancien régime ne pouvait plus être restauré, car il avait été rongé de l'intérieur par la décadence, le «bourgeoisisme» et le «philistinisme». L'effondrement de ce régime sous les coups des Bolcheviks était donc une punition largement méritée. L'apocalypse de 1917 et l'horreur de la guerre civile auraient donc eu des vertus purgatives, selon les partisans de Kassem Bek. Propos qui n'ont guère choqué les conservateurs comme Struve (qui ouvre aux «Jeunes Russes» les colonnes de sa revue) ni Cyrille, le prétendant au trône des Romanovs. Deux grands-princes adhèrent au mouvement.

Au culte de Mussolini et de Hitler, s'ajoute, curieusement, le culte de Staline. Ce dernier, affirmaient Kassem Bek et ses «Jeunes Russes», avait mis un terme à l'anarchie révolutionnaire, avait rétabli l'autorité de l'exécutif (concentrée entre ses mains) et donné congé à l'internationalisme. Kassem Bek plaidait dès lors pour une symbiose entre l'ordre ancien et l'ordre nouveau, pour une monarchie incarnée par le Grand-Prince Cyrille mais reposant sur les nouvelles institutions soviétiques: bref, pour une monarchie bolchévique!

Après une tentative de collaboration avec les nationaux-socialistes allemands, qui téléguidaient le ROND (un parti nazi russe établi à Berlin), le rapprochement tourna court: les Allemands reprochant aux Russes d'être des «nationaux-bolchévistes» et non d'authentiques «nationaux-socialistes». Xénophobes (mais pas officiellement antisémites; en pratique, pourtant, ils l'étaient), les «Jeunes Russes» reprenaient aux Eurasiens l'idée que la mission réelle de la Russie est en Asie, et que Moscou doit constituer un glacis pour la race blanche contre le «péril jaune». Mais Kassem Bek se méfiait des projets concoctés par les Allemands en Europe orientale: en 1939, il demande aux «Jeunes Russes» de soutenir la cause des alliés occidentaux et quitte l'Europe pour les Etats-Unis. En 1956, il revient à Moscou, y devient le secrétaire du Patriarche et meurt en 1977. Il aurait été un agent soviétique tout au long de sa carrière. Laqueur souligne (pp. 111-112) que les Soviétiques ont recruté bon nombre d'agents dans tous les milieux politiques de l'exil russe, y compris chez les Mencheviks, mais que seuls les Blancs fascisants ont été autorisés à rentrer au pays.

Parmi les idéologues autoritaires, monarchistes-bolcheviks, une figure sort du lot: celle d'Ivan Loukianovitch Solonévitch (1891-1953). Il a commencé sa carrière dans la presse radicale de droite avant la Révolution. Il quitte l'URSS en 1934, en franchissant clandestinement la frontière finlandaise, puis publie le récit de cette évasion, qui devient un best-seller international. Solonévitch devient alors journaliste dans la presse émigrée libérale et modérée. Puis, brusquement, il opère un virage à droite, qui le rapproche des cénacles conspiratifs animés par d'anciens lieutenants et capitaines de l'armée du Tsar. Il termine sa vie en Argentine. Son ouvrage politique majeur, Narodnaïa Monarkhiia («La Monarchie Populaire»), a été réédité à Moscou en 1991, et inspire quelques néo-monarchistes.

Les partis fascistes russes ont connu une brève existence en Allemagne, en Mandchourie et aux Etats-Unis dans les années 30. Le groupe le plus significatif était celui de Mandchourie. Il naît dans la faculté de droit de l'université locale, parmi les jeunes Blancs réfugiés là-bas. Le général tsariste Kosmine les soutient. Ils se regroupent d'abord dans l'«Organisation Fasciste Russe» (OFR), puis dans le «Parti Fasciste Russe» (PFR), et éditent deux revues: Nache Poute («Notre Voie») et Natsia («Nation»). De 1931 à 1945, année où l'armée rouge pénètre dans Kharbine, capitale de la Mandchourie, ce fut la figure de Konstantin Rodzayevski qui mèna le parti. Enthousiaste, fougueux mais naïf, il adopte fébrilement les colifichets à croix gammées des nationaux-socialistes allemands, donnant à sa formation des allures quelque peu carnavalesques. De plus, il dépend financièrement du bon vouloir des Japonais. Il espère une victoire de l'Axe Berlin-Tokyo, dont les armées, espère-t-il en dépit de son nationalisme russe, occuperont l'Union Soviétique et placeront à la tête de la nouvelle Russie dé-bolchévisée un «gouvernement national», dirigé évidemment par lui!

Concurrent de Rodzayevski en Mandchourie: l'Ataman Semionov, militaire conservateur, nullement attiré par les imitations du folklore nazi, parie sur la solidarité des Cosaques réfugiés en Extrême-Orient. En 1945, Rodzayevski et Semionov sont tous deux condamnés à mort dans un procès commun, assez expéditif. Et l'activiste du PFR introduit alors une demande pour rentrer au service de Staline, considéré comme «leader fasciste russe», et propose de réactiver ses réseaux pour en faire une «cinquième colonne» au bénéfice de la politique de Moscou. Sa demande n'a pas été retenue.

Aux Etats-Unis, un certain Anastase Vozniyatski fonde une «Organisation Fasciste Panrusse» (OFPR) en 1933, à Windham County dans le Connecticut, avec l'argent de son épouse, une millionaire américaine du nom de Marion Stephens, née Buckingham Ream dans une famille de négociants en bétail et en céréales. Malgré son argent, Vozniyatski n'a pas réussi en politique. La chronique de son mouvement ne révèle rien d'original ni d'extraordinaire.

Pendant les vingt premières années d'exil des Blancs et des anti-bolchéviques de toutes opinions, le mouvement qui, incontestablement, a connu le plus de succès, fut le NTS (in extenso: «Fédération Nationale du Travail de la Nouvelle Génération»). Ce mouvement d'inspiration solidariste et chrétienne-orthodoxe a tenu son premier congrès en 1930 et élu son président, W. M. Baïdalakov, un Cosaque du Don. Objectif: poursuivre le combat pour l'«idée blanche» sous une autre forme, adaptée aux plus jeunes générations. Le NTS travaillait très sérieusement, contrairement aux «Jeunes Russes» et aux groupuscules fascistes de Mandchourie. A peu près tous les deux ans, l'organisation tenait un congrès où l'on décidait des nouvelles orientations et où l'on fixait un nouveau programme. Son idéologie sociale était le solidarisme, un solidarisme qui se distinguait toutefois du solidarisme préconisé par les écoles politiques catholiques d'Europe occidentale. Ce solidarisme reposait sur une triade: idéalisme, nationalisme, activisme. L'idéalisme soulignait l'importance des idées pures et des valeurs, formes permanentes et indépassables dans le monde effervescent de la politique. Le nationalisme indiquait que ces valeurs s'inscrivaient toujours dans un contexte et que ce contexte était la nation, en l'occurrence la nation russe. L'activisme correspondait à la volonté de réaliser l'adéquation de la théorie et de la pratique, un peu comme dans le marxisme.

Ce solidarisme était bel et bien une idéologie conservatrice, dans le sens où l'harmonie entre les classes qu'il prônait le conduisait à rejeter l'«individualisme libéral excessif» et à imposer des limites à la liberté individuelle; le solidarisme du NTS refusait également la démocratie pluripartite. Les industries-clefs devaient demeurer sous la houlette de l'Etat. Le NTS reprenait à son compte une idée centrale dans l'héritage slavophile, l'idée de Sobornost, telle que l'avait théorisée Khomiakov.

Le NTS ne s'est jamais aligné idéologiquement sur les fascismes européens ou sur le nazisme, car sa dimension religieuse le rapprochait davantage du corporatisme catholique autrichien ou du salazarisme portugais, idéologies éloignées du modernisme industrialiste fasciste-italien ou national-socialiste allemand. Quelques éléments toutefois ont collaboré en Allemagne avec les autorités nationales-socialistes, même si le NTS était interdit et ses adhérants emprisonnés. Cette coopération a eu lieu dans les territoires occupés par l'armée allemande et dans le mouvement du général Vlassov. L'organe de presse de ces militants pro-allemands du NTS était le Novoïé Slovo.

Après la guerre, le NTS adopte une idéologie de «troisième force», cherchant à dépasser le marxisme et le capitalisme. Les puissances occidentales ont passé l'éponge sur la collaboration des quelques éléments du NTS (Redlich, Poremski, Tenserov, Vergoune, et Kazantsev) et les Américains, logique de la guerre froide oblige, ont soutenu le mouvement et financé sa propagande à l'intérieur du territoire soviétique. Cette double collaboration avec les ennemis de la Russie, l'Allemagne d'abord, les Etats-Unis ensuite, n'ont pas donné bonne presse au NTS, en dépit de la pureté de ses idéaux, bien ancrés dans la tradition et le mental du peuple russe. Le citoyen soviétique moyen s'en désintéressait.

Selon Laqueur, le principal idéologue du NTS fut le Professeur Ivan Ilyine (1881-1954), qui enseignait la philosophie à l'Université de Moscou avant la Révolution. Cet excellent connaisseur de la pensée de Hegel est expulsé d'URSS en 1922, en même temps que Berdiaev. Il publiait ses écrits dans la revue Russkii Kolokol, proche du NTS sans en épouser toutes les thèses: en effet, Ilyine était monarchiste tandis que les militants du NTS ne se prononçaient pas sur cette question et envisageaient l'éventualité d'une République russe non soviétique. Ilyine se faisait l'avocat d'une «démocratie organique», qui n'aurait plus été ni formelle ni mécanique à la façon occidentale. Dans son livre Pout'k otchevidnosti (= La Voie vers l'évidence), Ilyine définit la «vraie politique» comme un «service», comme le contraire diamétral de la politique envisagée comme «carrière». La notion de service implique de servir les intérêts du peuple tout entier et non d'une catégorie sociale ou d'un réseau d'intérêts. Cette volonté de servir une entité collective de vastes dimensions fait de la politique un «art de la volonté», d'une volonté qui sait d'instinct choisir et promouvoir, dans le flot ininterrompu des faits et des événements, ce qui est bon pour le peuple dans son ensemble, pour l'avenir de l'entité nationale. Or cette volonté doit pouvoir se lover dans le moule d'un idéal et ne pas oublier les vertus du cœur, qui donnent impulsion et sagesse aux potentialités créatives de l'homme politique (pour une approche des idées d'Ilyine, cf. Helmut Dahm, Grundzüge russischen Denkens. Persönlichkeiten und Zeugnisse des 19. und 20. Jahrhunderts, Johannes Berchmans Verlag, München, 1979).

Laqueur, ensuite, passe à une analyse des sources du néo-nationalisme russe contemporain. Ce «parti russe» est né des œuvres des néo-slavophiles et des «écrivains du terroir». Pionniers à l'ère stalinienne de ce style ruraliste, Vladimir Ovetchkine et Yefim Doroche ont préparé le terrain d'une nouvelle école littéraire populiste et nationaliste. Dans les années 60 et 70, les écrivains de Russie septentrionale et de Sibérie, comme Fiodor Abramov, Vassili Choukchine (Kalina Krasnaïa, Le beau bosquet de boules de neige) et Valentin Raspoutine (Adieu à Matiora). Cette littérature est loin d'être idyllique, souligne Laqueur. Les conditions de vie dans les villages du Nord et de la Sibérie sont terribles et les villageois décrits par Abramov se haïssent mutuellement, ne forment plus une communauté soudée et solidaire. Belov, pour sa part, est moins pessimiste: ses personnages vivent dans un monde beau et pur, à l'ombre des clochers en bulle, bercé par la musique douce et gaie des cloches des églises, où se côtoient des mystiques et des idiots qui atteignent la sainteté. Soloükhine se déclare disciple du Norvégien Knut Hamsun, qui, lui aussi, a décrit des personnages ruraux non pervertis par la civilisation moderne. Astafiev et Raspoutine évoquent les descendants des pionniers, dispersés dans les immensités sibériennes. Dans les petites villes, les habitants n'ont plus de référants moraux: ils pillent un dépôt en flammes, n'ont plus de racines et plus aucun sens du devoir. Ils ne songent qu'à s'enrichir et saccagent l'environnement naturel. Cette dépravation est le fruit du pouvoir communiste, écrivait Soloükhine, sans pour autant encourir les foudres du régime; au contraire: il a été lauréat du Prix Lénine! La tonalité générale de cette littérature ruraliste est un scepticisme à l'égard du progrès mécanique, matériel et économique, à l'égard des productions intellectuelles des grandes villes, à l'égard de la culture de masse contemporaine, importée de l'Ouest.

Dans le grand public, ce sont des revues littéraires conservatrices, mais fidèles en paroles au régime, qui se sont fait le relais de ce ruralisme, de ce culte de l'enracinement et de ce refus du déracinement: Nache Sovremenik et Molodaïa Gvardiya. Novii Mir, pour sa part, défendait les thèses progressistes classiques de l'idéologie marxiste. Cet engouement pour le passé intact de la Russie a conduit à une redécouverte de l'héritage slavophile du 19ième siècle, dès la fin des années 70, où Chalmaïev, Lobanov et Kochinov en arrivent à la conclusion que la Russie est devenue un pays décérébré et américanisé, qui perd sa «dimension intérieure», ses racines, en dépit de sa puissance militaire. La Russie est une «coquille vide».

Ce mélange de ruralisme, de slavophilie rénovée, de culte de l'enracinement et d'anti-américanisme, conduit à une critique plus fondamentale de l'idéologie marxiste dominante. Les nationalistes, en effet, évoquent la thèse du «flux unique» de l'histoire russe, thèse qui est en contradiction totale avec le léninisme. En effet, d'après Lénine et ses disciples, l'histoire russe se subdivise en deux courants, un courant progressiste (Pierre le Grand partiellement, Herzen, Tchernitchevski et Gorki) et un courant obscurantiste composé de réactionnaires, de fanatiques religieux et d'exploiteurs du peuple. A ce dualisme officiel, les ruralistes opposent, sans nier la validité du courant progressiste, une réhabilitation des forces politiques et spirituelles qui ont consolidé la Russie au cours des siècles passés, sans être marquées par la philosophie progressiste, moderniste et occidentaliste. L'histoire russe, dans cette optique slavophile et nationale, draine dans un fleuve unique une masse d'éléments positifs, tantôt frappés du sceau du progressisme, tantôt frappés de celui de l'enracinement ou de la tradition, soit de l'immuable.

Le Parti ne pouvait pas accepter cette vision sans risque. Car cela aurait impliqué une revalorisation du rôle de la monarchie et de l'église dans l'histoire russe. Et cela aurait également signifié que, lors de la guerre civile, les Rouges comme les Blancs avaient eu des raisons, avaient eu les uns et les autres partiellement ou entièrement raison. Si Nicolas II et Lénine avaient eu tous deux raison, la révolution aurait pu être considérée comme inutile et l'idéal aurait sans doute été un régime à mi-chemin entre le bolchevisme et la monarchie, sans doute une monarchie populaire comme l'envisageait Ivan Solonévitch. Mais lentement la thèse du «flux unique» a fait son chemin, s'est imposée et structure métaphysiquement la convergence que l'on observe actuellement entre nationalistes et anciens communistes. Hors du «flux unique» ne se trouvent désormais plus que les libéraux qui restent fidèles aux thèses «progressistes», tout en avalisant l'inflation terrible qui secoue la vie russe depuis la libéralisation des prix de janvier 1992, voulue par Gaïdar et son équipe. Aval qui leur fait perdre toute légitimité populaire.

Déjà pendant les dernières années du règne de Brejnev, la maison d'édition Roman Gazetta, qui publiait des livres de poche bon marché, n'éditait plus que des auteurs populistes, slavophiles ou nationalistes, précise Laqueur (p. 135). Signe de leur victoire: quand Alexander Yakovlev, chef du département idéologique du comité central, prononça en 1972 un discours contre l'«anti-historicisme» des russophiles et critiqua leur culte de la religion orthodoxe, tout en défendant les «démocrates» révolutionnaires du XIXième siècle, il fut promu ambassadeur d'URSS au Canada et y resta de nombreuses années. Eviction déguisée, bien évidemment. Cet incident marqua la victoire des revues Nache Sovremenik et Molodaïa Gvardiya. Novii Mir, dont les collaborateurs «libéraux» et «progressistes» avaient été écartés dès les années 70, tenta de reprendre son combat en faveur du «courant progressiste». Sans succès. Elle fut réduite au silence pendant 20 ans et ne reparut que dans le sillage de la perestroïka.

Au départ de sa carrière d'écrivain persécuté, Alexandre Soljénitsyne se situait plutôt dans le camp libéral. Il en sortira petit à petit pour esquisser les grandes lignes d'un «conservatisme» populiste et slavophile particulier, en marge du conservatisme plus musclé des nationalistes et des paléo-communistes actuels. Au départ, ce sont les libéraux, notamment les rédacteurs de Novii Mir, qui se sont engagés à défendre l'écrivain Soljénitsyne, alors que conservateurs et nationalistes critiquaient ses positions. Mais Soljénitsyne jugeait les libéraux trop mous dans leur défense des dissidents. Son glissement vers un conservatisme populiste et slavophile s'est amorcé dès sa lettre ouverte aux dirigeants soviétiques, où, depuis son exil zurichois, il critiquait cette intelligentsia libérale qui croyait que sa tâche première était de «dépasser la folie nationale et messianique des Russes». Entreprise impossible, selon Soljénitsyne, car elle aurait réduit la russéité à rien. Dans cette lettre, il exhortait les dirigeants soviétiques à abandonner le marxisme-léninisme, une idéologie qui ne cessait de provoquer des conflits avec l'étranger, affaiblissait la Russie de l'intérieur et instaurait un système du «mensonge permanent». Ensuite, il demandait l'abrogation du service militaire obligatoire, ce qui hérissait les nationalistes. Sa pensée, au fond, était une synthèse entre le libéralisme national et populaire et le nationalisme dur: le régime qui conviendrait à la Russie serait à la fois éclairé et autoritaire, et s'appuyerait sur les Soviets, car introduire une démocratie à l'occidentale sans transition en Russie conduirait à la catastrophe.

Cette synthèse, malgré ses relents d'anti-militarisme, ou, au moins, son hostilité à la conscription générale, finit tout de même par plaire davantage aux nationalistes qu'aux libéraux. Sakharov trouvait le nationalisme de Soljénitsyne «exagéré», voire quelque peu «xénophobe» et déplorait que l'auteur de l'Archipel Goulag n'entonnât pas un plaidoyer a-critique en faveur de la démocratie à l'occidentale. Le nouveau clivage séparait désormais ceux qui prétendaient que les idées occidentales (dont le marxisme) pervertissaient l'âme russe et ceux qui affirmaient que c'était les défauts de la mentalité russe qui précipitaient la Russie dans le malheur.

La «Nouvelle Droite» russe, ou plutôt les «nouvelles droites» russes, puisent leurs idées dans des synthèses plus modernes ou chez des auteurs plus actuels et seul Soljénitsyne conserve une influence réelle dans le débat. Son influence est évidement plus nette auprès des nationaux-libéraux et des conservateurs tranquilles qu'auprès des nationaux-bolchéviques plus militants et plus activistes. Les Russes d'aujourd'hui tentent également de découvrir des auteurs occidentaux auxquels ils n'avaient pas accès au temps de la censure. La révolution conservatrice allemande et la ND franco-italienne, de même que les synthèses nationales-révolutionnaires de tous acabits, influencent les conservateurs musclés et les nationaux-bolchéviques, tandis que les travaux de Max Weber, José Ortega y Gasset, etc. intéressent les nationaux-libéraux. L'engouement pour Nietzsche est général et cela va des réceptions caricaturales aux analyses les plus fines. Dans ce bouillonnement, un penseur original: Lev Goumilev, décédé en juin 1992, considéré comme une sorte de «Spengler russe»; il a élaboré une théorie de l'«ethnogénèse» des peuples, en expliquant que ceux-ci font irruption sur la scène de l'histoire, animés par une passionarnost, une «passion», un instinct, une pulsion. Cette passionarnost s'épuise petit à petit, forçant les peuples vidés de leurs pulsions créatives, à quitter l'avant-scène de l'histoire, puis à sombrer dans l'insignifiance. Goumilev était «eurasiste» et essuyait les critiques de ceux qui revendiquaient une russéité européenne.

Les nouvelles synthèses russes se forgeront dans la lutte, dans cette opposition à l'occidentalisation brutale dont ils sont les victimes. Imaginatifs et prenant les idées beaucoup plus au sérieux que les Occidentaux, les concepts mobilisateurs de demain seront à coup sûr originaux. Et provoqueront l'étonnement de ceux qui veulent tout mesurer à l'aune des statistiques et des chiffres, des bilans et des profits. Et aussi l'étonnement de ceux qui croient, sur les rives de la Seine, les neurones assaillis par les gaz d'autos, avoir trouvé la formule politique définitive et indépassable dans cette panade ultra-mixée, suggérée par certains journaux (un peu comme si vous mélangiez des fraises écrasées dans l'huile de vos sardines, avec une cuiller de chocolat chaud et du müesli, le tout arrosé de Curaçao bleu, avec un zeste de pamplemousse, le tout saupoudré d'ail).

Robert STEUCKERS.

Walter LAQUEUR, Der Schoß ist fruchtbar noch. Der militante Nationalismus der russischen Rechten, Kindler, München, 1993, 416 S., DM 42, ISBN 3-463-40212-2.

01:05 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Victoire de Louis le Jeune à Andernach

2160865c017e4eaa91ad7c2bcaf344d2.jpg

Victoire de Louis le Jeune à Andernach

08 octobre 876: Victoire de Louis le Jeune sur les Franciens occidentaux à Andernach sur les rives du Rhin. Charles le Chauve, roi de Francie occidentale depuis le partage de Verdun en 843, avait été couronné Empereur par un Pape pro-occidental et anti-germanique, Jean VIII.

Ce couronnement s’est fait au détriment de Louis le Jeune, fils de Louis le Germanique, frère de Charles le Chauve. Louis le Germanique avait reçu le bassin germanique du Danube et les bassins des grands fleuves du Nord de l’Allemagne actuelle, du Rhin à l’Oder et à la Vistule. En 876, Charles le Chauve, précurseur de toutes les invasions françaises qui ont ravagé nos régions, envahit la Rhénanie avec des forces nettement supérieures en nombre.

Louis le Jeune, qu’il prend pour un jeune homme inexpérimenté, dispose de troupes réduites, mais, plus rusé et moins présomptueux que son oncle, bat cruellement les Franciens occidentaux à Andernach sur le Rhin, le 8 octobre 876, ruinant tous les espoirs de Charles le Chauve de reconstituer l’Empire de Charlemagne au départ de ses franges occidentales. Après lui, Philippe Auguste, Philippe le Bel, Louis XI, Louis XII, François I, Henri II, Louis XIV, Louis XV, Napoléon, les idéologues de la IIIième République, les maurrassiens, les maçons autour de Poincaré et Clemenceau, etc. tenteront, en vain, de réaliser ce rêve.

Seules nos régions ont résisté. Elles sont le dernier lambeau de l’Empire de Lothaire et souffrent sous un personnel politique incapable de percevoir ce noyau identitaire profond, sans lequel nos régions n’ont aucune personnalité propre.

00:35 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 06 octobre 2007

J. van Severen et la fondation du VERDINASO

e1dd9720af9a4adc19770cdca044266a.jpg

Joris van Severen et la fondation du VERDINASO

06 octobre 1931: Joris van Severen, natif de la région de Bruges, ancien combattant et ancien député du mouvement « frontiste » (rassemblant les anciens combattants flamands de l’Yser refusant toute nouvelle alliance avec l’ennemi héréditaire français) fonde son propre mouvement, le VERDINASO (« Verbond der Dietsche NationaalSolidaristen » ou « Alliance des Nationaux Solidaristes Thiois »).

Dans le contexte de 1931, avec toutes les polémiques soulevées par la flamandisation de l’Université de Gand, la nouvelle formation s’inscrit d’abord, après sa rupture avec les frontistes, dans le cadre du mouvement flamand proprement dit, avec des revendications culturelles et linguistiques. Le mouvement évoluera assez rapidement vers une autre approche, considérant que l’Etat belge est tout à la fois une « relique » de l’ancien « Cercle de Bourgogne » du Saint Empire et un tremplin pour reconstituer celui-ci.

Van Severen rêve de reforger cette unité perdue au départ d’un « Ordre » militant, sorte de chevalerie politisée. L’Etat idéal dans nos régions, selon les visions de van Severen, regrouperait les Pays-Bas, la Belgique et le Grand Duché du Luxembourg et récupèrerait les régions méridionales de la Flandre et du Hainaut, ainsi que l’Artois, afin de recréer les fameuses « XVII Provinces » du seizième siècle. Cette vision s’inscrit non seulement dans le contexte du mouvement flamand, dont il est issu, mais exprime aussi une autre orientation générale de la politique belge d’alors, celle de se rapprocher des Pays-Bas, orientation concrétisée dans les « Accords d’Oslo » de 1931. La vision de van Severen doit être également analysée dans le cadre du renouveau bourguignon, qui animait la Belgique à l’époque, et dont le seul témoignage tangible reste la décoration du Sénat fédéral, avec ses magnifiques portraits en pied des Ducs de Bourgogne.

Albert I, à la fin de son règne, souhaitait se détacher de l’emprise étouffante de la France républicaine, ce qui conduira, après sa mort suspecte en février 1934, à la nouvelle politique de neutralité de Léopold III, proclamée officiellement en octobre 1936. Van Severen sera assassiné par des soldats français ivres, à Abbeville, en mai 1940, en même temps que d’autres prisonniers innocents. C’est un lieutenant Caron qui était responsable des soudards. Il sera fusillé par les Allemands après un procès correct. La ville d’Abbeville a toutefois l’outrecuidance de lui consacrer une rue. Un scandale qui devrait cesser, mais la diplomatie belge, vendue, gangrenée par un esprit favorable au jacobinisme, n’ose pas faire pression pour que cesse cette ignominie.

01:25 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 05 octobre 2007

Couronnement de Louis le Pieux

6d02f748c5121b133d75ab39e4b3d6b8.jpg

05 octobre 816: Le pape Etienne IV couronne Empereur Louis le Pieux, dernier fils survivant de Charlemagne. Le pontife romain profite de l’extrême bigoterie de ce Louis pour renforcer le pouvoir spirituel (papal) et minimiser le pouvoir impérial, dit « temporel », avec une nuance de mépris totalement injustifié. Rome tente ainsi d’ôter tout caractère religieux et sacré à la figure de l’Empereur. C’est une première étape de la lutte qui opposera, tout au long du moyen âge, les Papes aux Empereurs, et qui culminera dans la querelle des investitures (11ième siècle) et dans l’hostilité radicale et viscérale de la Rome papale aux Hohenstaufen. Cette querelle affaiblira considérablement l’Europe, qui malgré l’énergie et le génie de ses peuples, ne pourra dès lors pas se débarrasser vite et de manière définitive, des dangers arabe et turc.

Sans le schisme de 1054 entre Rome et Byzance, sans la querelle des investitures de 1075, sans les heurts entre Frédéric II de Hohenstaufen et ses descendants, d’une part, et la papauté, d’autre part, l’Europe aurait conserver ses conquêtes des croisades, aurait bouté les Maures hors d’Espagne dès la fin du 11ième siècle et aurait eu toutes les chances d’unir, au départ d’un centre germanique tel Aix-la-Chapelle, les deux rives de la Méditerranée. Malgré cette servilité à l’endroit de l’Eglise, Louis le Pieux introduit néanmoins les règles de l’ « Ordinatio Imperii », qui tente d’éviter des partages de l’Empire à la mort du souverain. L’objectif est de maintenir l’unité, mais Louis le Pieux sera le premier à ne pas la respecter en réservant un morceau de son empire à son fils Charles le Chauve (Rhétie, Souabe et Alsace), après le couronnement de son aîné Lothaire.

02:10 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Géopolitique japonaise

c6d0b078267dece73becfb4c712bb238.gif

La géopolitique japonaise hier et aujourd'hui

par Bertil HAGGMAN

L'arrière-plan

Lorsque la Zeitschrift für Geopolitik  de Karl Haushofer sort son premier numéro en 1924 à Munich en Allemagne, rapidement des exemplaires de cette revue se retrouvent entre les mains de géographes et de politologues japonais. Le Prof. Nobuyuki Iimoto publie dès 1928 un article sur la nouvelle science géopolitique allemande dans Chirigaku Hyoroon  (Revue de Géographie). Il y faisait la distinction entre la géopolitique proprement dite et la géographie politique, introduite au Japon quelques années auparavant. Parmi les thèmes abordés dans cet article: la théorie organique de l'Etat, forgée au départ par le professeur suédois Rudolf Kjellén. En 1936, le livre fondamental de Kjellén, Staten som lifsform  (L'Etat en tant que forme de vie) fut traduit en japonais par le Prof. Abe Shigoro (1).

La crise mandchoue des années 30 renforça l'intérêt des milieux universitaires japonais pour la géopolitique. La géopolitique allemande devint ainsi l'étoile polaire des géopolitologues asiatiques. Ces derniers ne concevaient pas la géopolitique comme un simple instrument politique à l'usage des nations «have not», des nations démunies de ressources et d'espace. Ils la considéraient comme l'assise philosophique destinée à déterminer les objectifs politique et à les atteindre. Pendant ce temps, le Prof. Karl Haushofer, doyen de la géopolitique allemande, focalisait toute son attention, dans les colonnes de la Zeitschrift für Geopolitik, sur les problèmes de l'Asie et de l'Océan Pacifique, son thème privilégié.

L'influence de Haushofer

Entre 1908 et 1910, Haushofer, qui accéda au grade de général pendant la première guerre mondiale, fut instructeur auprès de l'artillerie japonaise. Il avait été très impressionné par la société japonaise. Raison pour laquelle la thèse de doctorat de Haushofer, présentée en 1911, traitait des bases géographiques de la puissance militaire nipponne. Entre 1913 et 1941, il écrivit pas moins de huit livres sur le Japon.

Le Général Haushofer entretenait un profond respect pour ce qu'il appelait l'«instinct géopolitique» du Japon, qu'il décrivait comme tel:

1. Il y a au Japon une très forte conscience des dangers qui menacent l'existence de la nation. Cette conscience a impressionné Haushofer.

2. Le gouvernement japonais est particulièrement habile à décrire le pays comme dépourvu d'espace suffisant pour nourir sa population en pleine croissance et comme menacé par les puissances environnantes.

3. Le Japon fait usage des règles du jiu-jitsu, c'est-à-dire qu'il est capable de faire machine arrière, afin de prendre distance pour observer l'ennemi et attendre qu'il fasse un faux mouvement. Ce mouvement peut alors être utilisé pour le mettre hors de combat.

Le Professeur Haushofer cultivait également un grand respect pour le shintoïsme: «Parmi les phénomènes qu'il convient d'observer parallèlement à la géopolitique, dont notamment la puissance imaginative, les impulsions artistiques et la géographie culturelle, le shintoïsme, force spirituelle qui émerge dans l'espace pacifique, est là-bas le fait de vie le plus solide. Le shintoïsme a absorbé et assimilé le bouddhisme, la philosophie nationale des Chinois et la culture occidentale, tout cela sans perdre les caractéristiques propres qui en font une culture de l'espace pacifique» (2).

L'une des idées principales de Haushofer était de forger une ligue des plus grandes nations d'Asie (Japon, Chine, Inde), dont l'Empire du Soleil Levant serait la puissance-guide «depuis l'Indus jusqu'au fleuve Amour» en incluant les petites nations de la région. Mais contre la volonté de la Chine ou de l'Inde, Tokyo ne pourrait jamais réaliser ce leadership. Hélas, l'invasion de la Mandchourie par les forces nipponnes en 1931 transforma la Chine en un ennemi juré du Japon et alarma les Indiens. Cependant, Haushofer carressait d'autres plans. Il envisageait aussi une «alliance transcontinentale entre l'Allemagne, la Russie et le Japon», espérant ainsi damer le pion des puissances thalassocratiques et impérialistes. Ce bloc, rassemblé autour de ces trois Etats, donnerait au Japon l'assurance de ne pas être attaqué depuis le continent et lui permettrait de se tailler un empire en Asie. Les Japonais, peuple marin, pouvaient de la sorte s'élancer vers l'horizon, plus précisément vers l'Australie, continent quasi vide qui aurait pu résoudre leurs problèmes démographiques.

Les Japonais remarquaient à l'époque que Haushofer, «pendant son séjour au Japon, avait étudié à Kyoto, ancienne capitale impériale et cœur de la tradition nipponne, plutôt que dans les villes européanisées que sont Yokozuka, Kobe, etc. Il rapporte dans ses mémoires qu'il s'est trouvé dans le temple de Kyoto, près du mausolée des Empereurs et qu'il est entré là en contact direct avec l'esprit japonais. Raison pour laquelle, dans la pensée haushoférienne, on percevra plus clairement et plus profondément l'influence du japonisme que chez n'importe quel autre Euro-Américain» (3).

Le Dr. Saneshige Komaki, professeur de géographie à l'Université Impériale de Kyoto, était un admirateur de la pensée «japonisée» de Haushofer et l'un des principaux instigateurs d'une géopolitique japonaise spécifique. Son point de départ: jeter les bases historiques et géographiques du futur empire japonais. La pensée géopolitique, selon le Prof. Komaki, avait émergé au Japon dès le XVIIIième siècle, bien avant le géographe allemand Friedrich Ratzel, le Prof. Haushofer ou le Suédois Kjellén.

La Société Géopolitique de Kyoto (SGK)

Le Prof. Saneshige Komaki était le président de la Kyoto Chiseigaku-kai (la Société Géopolitique de Kyoto; SGK). Comme nous venons de la dire, il était le promoteur d'une géopolitique spécifiquement japonaise, axée sur les prédispositions et les intérêts nationaux du Japon. Entre 1940-1945, il écrivit neuf ouvrages de géopolitique (4).

L'Association Géopolitique Japonaise (AGJ)

La Nihon Chiseigaku-kai (l'Association Géopolitique Japonaise; AGJ) a été mise sur pied à Tokyo en novembre 1941. Elle se référait plus directement à la géopolitique allemande que la SGK. Les recherches entreprises par l'AGJ mettaient l'accent sur «l'espace terrestre et maritime entourant le Japon et formant son Lebensraum».  L'objectif était de créer un Etat défensif japonais (un Wehrstaat). L'AGJ publiait un mensuel, Chiseigaku  (= Géopolitique) et organisait régulièrement des conférences. La SGK et l'AGJ ont eu nettement moins d'influence au Japon que l'Institut et la revue de Haushofer n'en ont eue en Allemagne.

L'Association de Recherches sur la Politique Nationale (ARPN)

La Kusaku Kenkyu-kai (Association de Recherches sur la Politique Nationale; ARPN) fut créée en 1937 par le Baron Kiumochi Okura et par Kazuo Yatsugi. Parmi les 2000 membres de l'association, on comptait de hauts fonctionnaires appartenant à divers ministères. Le rôle de Yatsugi a été particulièrement important: il ébaucha la fameux «Plan de Dix Ans pour parfaire une Politique Nationale Intégrée». Ce texte a servi de base à la célèbre «Grande Sphère de Co-prospérité Est-Asiatique» (GSCPEA), un Grossraumordnung, un «ordre grand-spatial» japonais, qui englobait les territoires conquis par les armées nipponnes pendant la seconde guerre mondiale. Selon ce plan, le Japon devait créer une sphère économique comprenant l'archipel nippon et le Manchukuo, la Chine servant de base et le Japon de cœur et de moteur. Dans cette sphère, il fallait également inclure la Sibérie orientale, la Mongolie intérieure et extérieure, les Etats du Sud-Est asiatique, l'Inde et l'Océanie. En avril 1943, l'ARPN, sous la direction de Yatsugi, publia «Le Plan des mesures à prendre pour construire la GSCPEA», document important, révélant clairement la politique japonaise, et influencé directement par le livre de Haushofer sur la géopolitique de l'Océan Pacifique.

L'Association de Recherches Showa (ARS)

La Showa Kyenkyu-kai (ARS) a été constituée en novembre 1936 par Ryunosake Goto, un ami intime du Premier Ministre japonais Konoe. Comptant 300 membres, l'ARS entretenait des liens étroits avec le Bureau du Plan du Cabinet, qui avait élaboré le plan final de la GSCPEA. L'ARS a publié un certain nombre de livres et d'essais qui ont eu une influence très profonde sur la politique impériale japonaise.

La Ligue pour l'Asie Orientale (LAO)

La Toa Renmei Kyokai (Ligue pour l'Asie Orientale; LAO) a été fondée par le Lieutenant-Général Kanjii Ishiwara en septembre 1939. Cet officier avait étudié en Allemagne dans les années 20. L'objectif de la LAO était de créer une «ligue des nations» orientales, basée sur l'Odo (La Voie Royale ou la Droite Voie). Le premier objectif était de libérer l'Asie orientale de toutes les influences extérieures. Cette Ligue publiait la revue Toa Renmei  (= Ligue Est-Asiatique). Des sociétés affiliées ont été formées par la suite dans le Manchukuo et en Chine. Le plan conçu par la LAO, prévoyant une alliance entre le Japon, le Manchukuo et la Chine, avait l'appui du Premier Ministre Konoe et de Wang Ching-wei, qui présidait le gouvernement chinois de Nanking pour le compte des Japonais. Ishiwara et ses amis ont été déçus de la politique menée par le Japon en Chine au cours de la seconde guerre mondiale. Celle-ci isolait le Japon de son principal allié potentiel. L'influence de la LAO a rapidement décliné à partir de la moitié de l'année 1941.

Commentaires et conclusion

L'objet de notre article a été de présenter de la manière la plus neutre possible la pensée géopolitique japonaise entre 1920 et 1940. Après sa défaite de 1945, le Japon a abandonné la géopolitique d'inspiration haushoférienne. Par une sorte d'ironie de l'histoire, le Japon de notre après-guerre, a acquis une influence bien plus prépondérante par des moyens pacifiques en Asie orientale et dans l'espace pacifique. La situation dans notre après-guerre diffère certes considérablement de celle qui règnait pendant l'entre-deux-guerres. Les pays asiatiques ne sont plus soumis au colonialisme et le Japon, devenu démocratique, est demeuré un fidèle allié des Etats-Unis. Il n'empêche qu'un Japon fort sur les plans économique, politique et militaire pourrait bien jouer dans l'avenir un rôle plus important dans les affaires du monde. Surtout, s'il se crée une alliance transcontinentale entre la CEE, la Russie et le Japon. Cette alliance constituerait le bloc de loin le plus puissant et le plus fort de l'ère post-communiste. L'opposition d'hier entre, d'une part, le heartland  de Mackinder, c'est-à-dire la principale puissance terrestre, et, d'autre part, la puissance thalassocratique, fera place à une opposition d'un type nouveau entre la puissance thalassocratique dominante et un bloc qui contrôlerait non seulement le heartland  dans son ensemble mais pourrait aussi déployer des capacités maritimes à ses extrémités orientale et occidentale. Pour la première fois dans l'histoire, le heartland se développerait sous le contrôle d'une économie de marché libre et démocratique, renforcé par deux puissances servant de porte-avions et de ports avancés, la Grande-Bretagne et le Japon. Mais comme l'antagonisme commercial entre le Japon, d'une part, la CEE et les Etats-Unis, d'autre part, l'alliance transcontinentale euro-russo-japonaise ne deviendrait sans doute pas une réalité à court terme mais constituera inéluctablement un projet à long terme, pour après l'an 2000.

Bertil HAGGMAN.

Notes:

(1) Dans ce livre, le Prof. Kjellén explique qu'un «Etat est comme un être humain vivant qui parle, négocie et coopère, ou bien lutte, ou bien hait ou sympathise».

(2) Karl HAUSHOFER, Geopolitik des Pazifischen Ozeans,  1938, p. 445.

(3) Prof. Saneshigi Komaki, Nihon Chiseigaku Gakusho (= Mémorandum pour une géopolitique japonaise), 1944, pp. 42 et 51.

(4) Nihon Chiseigaku Sengen (= Déclaration en faveur d'une géopolitique japonaise), 1940; Toa no Chiseigaku (= Géopolitique de l'Asie orientale), 1942; Dai Toa no Chiseigaku (= Géopolitique de la Grande Asie Orientale), 1942; Nihon Chiseigaku (= Géopolitique japonaise), 1942; Zoku Nihon Chiseigaku Sangen (= Nouvelle déclaration en faveur d'une géopolitique japonaise), 1942; Sekai Shinchitsujo Kensetsu to Chiseigaku (= Construction du Nouvel Ordre Mondial et Géopolitique), 1944; Nihon Chiseigaku Gakusho (= Mémorandum pour une géopolitique japonaise), 1944. D'autres textes importants de l'auteur sont parus dans des ouvrages collectifs.   

01:15 Publié dans Eurasisme, Géopolitique, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 04 octobre 2007

Ferdinand de Castille adhère à la Sainte Ligue

5222d09c1edb7b8f48186c4ea6ac675c.jpg

Jules II

Ferdinand de Castille adhère à la Sainte Ligue

4 octobre 1511 : Ferdinand de Castille adhère à la Sainte Ligue, formée à son initiative, à celles du Pape Jules II et de la République de Venise. L’objectif proprement géopolitique, et non religieux car Jules II ne brillait pas spécialement par sa bigoterie, est de bloquer l’avancée française en Italie du Nord et plus spécialement dans la vallée du Pô. L’Angleterre, encore catholique à l’époque, Florence et les Suisses se joindront à elle. Cette initiative est tardive car la volonté des rois de France de grignoter les frontières impériales dans l’ancien Royaume d’Arles (qui s’étendait de la Franche-Comté à la Provence) remontait à près de deux siècles.

En effet, les Français avaient pris pied sur la rive orientale du Rhône. Philippe VI avait acquis le Dauphiné en 1343, marquant l’avancée de la France dans l’ancien Royaume d’Arles. L’acquisition du Dauphiné coupe effectivement la romanité impériale du Nord (Bresse, Savoie, Franche-Comté, Lorraine, Luxembourg, Namur et Hainaut) de la Provence et de la Méditerranée. Le Comté de Provence, isolé, tombera définitivement et de jure sous la domination française en 1481. La chute de la Provence donnera le signal préliminaire des guerres d’Italie, où, après la maîtrise du Rhône, la France cherchera à asseoir sa domination sur la plaine du Pô et, à terme, à absorber Venise, puis toute l’Italie jusqu’aux Etats pontificaux, et à maîtriser l’Adriatique, ses côtes dalmates, pour en faire un tremplin vers la Méditerranée orientale, la Palestine et l’Egypte.

On peut comprendre le projet d’un point de vue isolationniste français, mais sa réalisation empêche tous les autres Etats de se développer harmonieusement : Charles le Hardi (dit le « Téméraire ») se heurtera à se projet, tentera de récupérer les cantons suisses et le Milanais et de reconquérir la Provence, afin de donner aux Etats bourguignons et au Saint Empire une façade sur la Méditerranée occidentale, et à conserver une façade sur la Méditerranée orientale. Le Duc Charles essaiera, mais en vain, de mobiliser l’Empereur Frédéric III pour ce projet. La Sainte Ligue arrive donc après les tentatives du Duc. Charles Quint aussi voudra récupérer la Provence. Si la Belgique, devenue aujourd’hui inviable, n’est plus que le lambeau de l’ancienne Lotharingie et si l’Allemagne n’est plus que le résidu sans frontières défendables de l’ancien Saint Empire, nous le devons à l’échec de la Sainte Ligue à récupérer la Provence. Le testament politique et géopolitique de Charles Quint est très clair à ce propos.

01:50 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 03 octobre 2007

Philippe d'Anjou sur le trône d'Espagne

882a02995a9314adf6a0953e94b79660.jpg

Philippe d'Anjou sur le trône d'Espagne

3 octobre 1700 : Philippe d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, succède, sur le trône d’Espagne, à Charles II, mort sans descendance. Nos provinces tombent alors sous la souveraineté d’un petit-fils de Louis XIV, qui sait pratiquer l’ « art d’être grand-père », comme nous l’enseignaient les volumes « Nos Gloires » des collections « Historia », lorsque nous étions enfants. Des garnisons françaises s’installent dans les murs de nos villes et des fonctionnaires français lèvent l’impôt, se rendant très impopulaires : nos ancêtres qualifieront ce régime d’ « anjouin » ; l’hostilité à celui-ci créera en nos provinces un clivage politique entre « cuirassiers », majoritaires et partisans de l’Autriche, et « carabiniers », partisans de Philippe V, et, par voie de conséquence, de l’odieux Louis XIV. La guerre de succession d’Espagne avait commencé en 1701 ; elle durera près de treize ans. Nos troupes, levées généralement contre la France et l’Empire ottoman, vont se retrouver, par le hasard des combines dynastiques, alliées à Louis XIV, qu’elles avaient auparavant toujours combattu, notamment dans les formations de « partisans » avant la lettre, conduites par le Brabançon Jacques Pastuur, qui commencera par étriller les Français au départ de son repère en Forêt de Soignies (Fort Jaco à Uccle) et terminera Maréchal de camp de Louis XIV qui fera de ce leader paysan un marquis de Saint Lazare.

Les fameuses « Gardes wallonnes » de l’armée espagnole se battront contre Léopold I d’Autriche, surtout pour défendre le Royaume des Deux Siciles, alors sous dépendance espagnole. L’écrivain hennuyer Maurice des Ombiaux narrera leur épopée dans un livre poignant, beaucoup lu dans la première moitié du vingtième siècle, mais totalement oublié aujourd’hui, en notre époque de totale déliquescence. En juillet 1706, après la proclamation du candidat autrichien Charles III comme roi d’Espagne, les Etats généraux créeront une armée nationale sous les ordres du Prince de Ligne, du Comte du Holstein et du Comte de Mérode-Westerloo ; le Prince Eugène de Savoie-Carignan commandera l’ensemble des troupes impériales, flanquées des Anglo-Hollandais de Marlborough, qui bouteront dehors les Français.

L’objectif des protagonistes français de la guerre de succession d’Espagne était, bien entendu, d’absorber les Pays-Bas royaux, de parfaire les sophismes de la politique des « Réunions » de Louis XIV et d’atteindre le Rhin ; pour les Habsbourgs d’Autriche, les Pays-Bas royaux devaient rester dans le giron impérial pour éloigner les Français du Rhin et du Palatinat et pour conserver une fenêtre sur la Mer du Nord. L’Angleterre profitera de l’occasion pour s’emparer de Gibraltar en 1703. La coalition contre Louis XIV vaincra, notamment par les batailles qui se sont déroulées sur notre sol à Ramillies, Audenaerde et Malplaquet, où le Duc d’Arenberg, commandant de nos régiments nationaux se distinguera. Ces victoires accroissent les chances des Habsbourgs d’Autriche de récupérer le trône d’Espagne et de mettre la main sur les Amériques, donc de devenir la puissance dominante en Europe, voire d’unifier le continent. Les puissances maritimes (Angleterre, Pays-Bas) lâchent alors l’Autriche et se rapprochent de la France.

La guerre se termine par le Traité d’Utrecht (1713). Philippe V garde l’Espagne et les Amériques. L’Autriche récupère les Pays-Bas royaux, mais les forteresses qui font face à la France seront gardées par des garnisons hollandaises, qui, au premier retour des Français, capituleront pratiquement sans combattre à Ypres, Bruxelles et Namur, tandis que les régiments nationaux se battront aux côtés des Impériaux, et défendront la forteresse de Maestricht et la route d’Aix-la-Chapelle sous les ordres du Marquis de Deynze.

Autre implication du retour à l’Autriche : aussitôt le danger français écarté, nos régiments marcheront contre les Ottomans dans les Balkans, où le Duc d’Arenberg combattra à Temesvar (Timisoara) en 1716 ; le Comte de Mérode-Westerloo se battra à Peterwardein (Petrovaradin) aux confins de la Serbie ; le Général wallon de Bauffe, officier du génie impérial autrichien, et le Luxembourgeois Philippe-Joseph Nothomb conduiront le siège de Belgrade en 1717. Après cette campagne, l’Empire ottoman ne tentera plus aucune opération d’envergure contre le centre de l’Europe et les Français, privés de leur allié musulman et asiatique sur lequel ils avaient toujours compté pour faire le sale travail contre le reste de l’Europe, ne ravageront plus nos provinces pendant près d’un siècle, mis à part l’épisode éphémère de Fontenoy (1745). Nos provinces, à partir de 1720, seront réorganisées sur le plan militaire : les régiments d’active, commandées par des officiers issus de la noblesse, formeront le noyau de la nouvelle armée, tandis que la réserve, issue des masses paysannes et dénommée « compagnies franches », seront commandées par des officiers roturiers, comme les Capitaines Bouvier et Pertuiseaux, qui se battront contre Louis XV et le Maréchal de Saxe à Fontenoy.   

 

01:45 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Réunification allemande

81d837836564374f007e9c71a3f501ac.jpg

3 octobre 1990: Réunification allemande de jure, après la chute de facto du Mur, un an auparavant. Les deux Allemagnes ne forment plus qu’un seul pays. Jusqu’au bout, Mitterrand avait tenté de s’y opposer. Cette réunification met un terme aux divisions artificielles qui avaient paralysé le continent européen depuis 1945. Mais au lieu de profiter de cette aubaine, de tisser des liens entre eux contre un double environnement hostile, anglo-saxon et musulman, de réintégrer la Russie dans le concert européen et de forger une alliance avec l’Inde, le Japon et la Chine, les Européens ont continué à se vautrer dans la politicaillerie infructueuse et se retrouvent, en dépit de leur unité retrouvée, dans un état de faiblesse rédhibitoire.

01:05 Publié dans Affaires européennes, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 02 octobre 2007

Droites, nationalismes et fascismes dans l'espace yougoslave

2331e5b20fd4ba866c0fc68490b589e9.jpg

 Dimitri Ljotic

Droites, nationalismes et fascismes dans l'espace yougoslave de 1919 à 1985

 

par Mladen SCHWARTZ

 

Mladen Schwartz, né en 1947 à Zagreb, est originaire de la diaspora juive de Croatie. Il a étudié la philosophie et adhéré, pendant ses études, au groupe néo-marxiste PRAXIS de Belgrade. Tombé en disgrâce parce qu'il entretenait des contacts avec le célèbre dissident yougoslave de l'ère titiste, Milovan Djilas, il émigre en RFA en 1973, où il poursuit ses études pour devenir journaliste indépendant à Ludwigsburg. Mladen Schwartz publie des articles à thématiques philosophique et politique dans la presse croate, juive et allemande. Il a publié récemment, dans un ouvrage collectif signé aussi par les Prof. Lorkovic et Pinterovic, un article remarqué sur la question croate, «Über den seelischen Zustand der kroatischen Nation. Beiträge zur Psychopathologie der Staatslosigkeit» (in: Das kroatische Trauma. Kulturpsychologisches über ein Volk am Rande der Vernichtung, Verlag Siegfried Bublies, Koblenz, s.d., ISBN 3-926584-15-7). Le texte que nous reproduisons ici date de 1988, immédiatement avant que ne se déclenchent les événements tragiques qui ont ensanglanté la défunte Yougoslavie.

 

Présenter les courants conservateurs, droitiers et fascistes de l'espace yougoslave n'est possible que si l'on garde deux choses à l'esprit.

 

D'abord, que la Yougoslavie est un mythe, ce qui signifie que d'un point de vue ontologique, pour paraphraser Berdiaev, elle est inexistante. La notion de «Yougoslave», de «Slavité du Sud», stricto sensu, relève aussi du monde de l'imaginaire. Déjà le terme de «slave» est en soi problématique: au Moyen Age, on ne le connaissait pas, ce qui fait dire à certains polémistes qu'ils étaient des «Germains dont la langue avait été déformée», notamment par «une langue artificielle créée par les missionnaires» (cf. à ce propos Franz Wolff, 1977).

 

L'idée «yougoslave» elle-même dérive des conceptions panslavistes à connotations racisantes. Mais pour être précis, dans la Yougoslavie actuelle, il y a peu de «Slaves méridionaux»: les Slovènes sont issus des Vénètes et sont fortement germanisés; les Croates ont des ascendances iraniennes; les Monténégrins sont les descendants des anciens «Croates rouges», c'est-à-dire des Croates méridionaux. Les Macédoniens de souche bulgare ont des ancêtres mongoloïdes et les Serbes sont un peuple balkanique très mélangé, où l'élément slave ne joue qu'un rôle secondaire; quant aux Albanais, c'est un peuple illyrien. A tout cela s'ajoutent des éléments romans, italiens, magyars, turcs, grecs, valaques et tziganes.

 

Ensuite, les mouvements de droite n'apparaissent pas dans cet espace yougoslave comme des partis politiques bien profilés ou comme des théories solidement étayées; il s'agit plutôt de façons générales de penser qui, sur base de traditions nationales et vu l'expérience catastrophique que fut la tyrannie communiste, tendent naturellement vers le conservatisme. En tant que parti, la droite «yougoslave» s'est surtout organisée en exil, puisque les partis sont interdits dans le pays. Tous les courants de droite sont d'orientation nationale en Yougoslavie, c'est-à-dire impérialiste (chez les Serbes) ou défensive (chez tous les autres peuples de la fédération).

 

C'est sur ce terrain complexe, explosif, que sont nés au cours de la dernière guerre mondiale, un certain nombre de mouvements quasi-fascistes chez les «Slaves du Sud». Mais dans les formations de gauche, notamment chez les Albanais et les Macédoniens, l'idéologie motrice était, elle aussi, d'inspiration nationale, séparatiste, anti-yougoslave et, dans ce sens, conservatrice de valeurs ethniquement profilées.

 

Monténégro

 

Preuve de la nature non institutionnelle de ce conservatisme bien présent mais diffus: cette omniprésente éthique de l'honneur chez les Monténégrins, répérable depuis des siècles; elle est un code patriarcal de cojstvo i junastvo,  d'humanité et de bravoure, qui s'est maintenu jusqu'au XIXième siècle quand les partis au sens moderne du terme ont fait leur apparition. Parmi ceux-ci, il y avait les partisans du Prince Nikola, les klubasi,  les «membres du Club»; les autres, les pravasi, c'est-à-dire les «partisans du Droit», étaient contre le Prince. Il est difficile de déterminer lequel de ces deux partis était le plus conservateur. Pendant la première Yougoslavie, apparaissent les zelenasi,  les «Verts», qui n'ont rien à voir avec nos actuels écologistes. Les zelenasi  étaient opposés à l'unité yougoslave, contre l'union avec la Serbie et louvoyaient entre le fédéralisme inter-yougoslave et le séparatisme monténégrin. Certains d'entre eux se sont rappelé leurs racines croates pendant la guerre, comme Sekula Drljevic et Savic Markovic Stedimlija, qui prônaient un Etat monténégrin indépendant, appuyé sur la Croatie et l'Italie.

 

Avant la guerre, les communistes étaient quasiment inconnus au Monténégro. Si une partie d'entre eux ont rejoint les formations de partisans communistes, c'était essentiellement pour des raisons patriotiques, pour combattre l'envahisseur étranger. En 1968, l'anarcho-communiste monténégrin Vladimir Mijanovic, chef de la rébellion étudiante de Belgrade à l'époque, plus tard jugé comme appartenant aux «Six de Belgrade», nous racontait qu'il était fier du fait que sa femme, selon la vieille coutume monténégrine, lavait souvent les pieds de son beau-père. N'est-ce pas là une caractéristique de l'ultra-conservatisme du communisme monténégrin?

 

Le plus célèbre des Monténégrins, outre le Prince-Poète Njegos, est le socialiste de gauche Milovan Djilas, qui défend, depuis son éviction, des idées assez conservatrices, au sens occidental du terme: en effet, il est anti-communiste (même s'il refuse cette étiquette) et anti-utopiste. Il donne priorité à la Vie par rapport à l'idéologie, il affirme qu'il est impossible qu'un Etat puisse forger définitivement un ordre, il est pour les libertés concrètes (car la référence à la Liberté, unique et déclinée au singulier, conduit toujours au totalitarisme). C'est partiellement sous l'influence des idées de Djilas que, dans les années 60, le Groupe réuni autour de Michail Michailow s'est mis à agir par-delà les frontières des républiques fédérées au nom d'un socialisme chrétien, tout en défendant, dans cette optique, certaines idées conservatrices.

 

Aujourd'hui, les idées politiques de droite, dans l'Etat yougoslave, sont condamnées à la clandestinité, sont dépourvues de toute systématicité et incohérentes. Il existe des tendances quasi-conservatrices et para-fascistes qui survivent dans le discours, notamment derrière le paravent de l'ultra-communisme orthodoxe, du moment qu'elles ne se déclarent pas formellement «de droite». Tous les phénomènes que la presse a recensés au cours de ces dernières années, comme les «Punks nazis» de Slovénie, la campagne serbe en faveur de Hitler et du Troisième Reich, la coalition ethnique des Serbes, tous partis confondus, contre les Albanais, relèvent plus ou moins de ce para-fascisme diffus, complexe et bigarré.

 

Slovénie

 

Au XIXième siècle, naissent aussi en Slovénie des partis conservateurs et de droite, une droite qui, par opposition aux libéraux, est nettement d'inspiration nationale. Après 1848, les conservateurs «vieux-slovènes», avec Janez Bleiweiss, optent pour un maintien de la Slovénie dans l'Empire autrichien. Mais les «Jeunes-Slovènes» s'enthousiasment pour l'idée «yougoslave», dirigée contre l'Autriche. Cependant Vieux-Slovènes et Jeunes-Slovènes s'opposent de concert, à Vienne, à toute germanisation de la Slovènie. A la fin du siècle, les conservateurs slovènes se regroupent autour de Mahnic dans une formation cléricale et catholique, d'où sortira très vite la Katoliska ljudska stranka  (Parti Populaire Catholique), qui était modérément nationaliste et s'est mis plus tard à défendre des idées plutôt sociales-chrétiennes. A partir de 1905, sous l'impulsion de Janez Krek (que l'on ne confondra pas avec Miha Krek) et Sustersic, ce parti devient la Slovenska ljudska stranka  (Parti Populaire Slovène), le plus grand parti de Slovénie. Il défendait dans le cadre de la monarchie austro-hongroise un point de vue trialiste (autonomie des Slovènes et des Croates en tant que troisième élément  composant l'Empire, aux côtés des Allemands et des Magyars). En 1917, le parti se scinde en deux fractions, dont l'une, sous la direction de P. Anton Korosec, reconnait et accepte le fait yougoslave.

 

Au cours de la seconde guerre mondiale, émerge en Slovénie l'habituelle quantité de groupements quasi- et para-fascistes. Parmi ceux-ci, la Domobranci  (la Garde Nationale ou Heimatwehr  qui comptait 12.000 hommes en 1944), la Belogardejci  (la Garde Blanche dirigée par Lev Rupnik). Au sein de ces deux organisations, plusieurs formations plus petites ont joué un rôle spécial, comme les diverses légions catholiques ou fascistes, comme la «Légion de la Mort», le «Mouvement National Slovène», la «Commission des Gardes villageoises» (Odbor vaskih straza),  ainsi que l'unité de Tchetniks pro-serbes, la «Garde Bleue».

 

La politique actuelle de la direction slovène du PC, de même que celle défendue par l'élite intellectuelle du pays, vise à protéger le pays et le peuple, à défendre et à illustrer l'histoire, la langue et la culture slovènes contre les «intégralistes yougoslaves». Cette politique est préservatrice, dont conservatrice. Les tenants de ce conservatisme sont présents aujourd'hui dans les structures politiques dominantes et dans les principales institutions culturelles.

 

Macédoine

 

La Macédoine actuelle estime que ses buts nationaux ont été atteints en gros dans le cadre de l'Etat yougoslave. Et pourtant la Macédoine n'est pas réunifiée, elle demeure divisée entre la Yougoslavie, la Bulgarie et la Grèce et n'est toujours pas souveraine. Or ces deux objectifs étaient défendus jusqu'il y a peu d'années par le Dvizenjeto za osloboduvanje i obedinuvanje na Makedonija (Mouvement pour une Macédoine libre et unie), avant que les services spéciaux yougoslaves n'en neutralisent les dirigeants. A l'origine, l'organisation de libération de la Macédoine, la VMRO (Vnatresnata makedonska revolucionerna organizacija  — Organisation intérieure et révolutionnaire macédonienne), était ambigüe sur le plan national: une partie de ses militants était pro-bulgare, l'autre séparatiste macédonienne. Fondée à Salonique en 1893, elle s'est divisée en 1908, à la suite de la révolution jeune-turque. L'aile droite, dites des «supérieurs» (vrhovisti),  fit allégeance à la Bulgarie et travailla, sous la direction de son chef Ivan-Vanco Mihajlov, non seulement avec les Bulgares, mais aussi avec les Italiens et les Croates. Parmi les résultats de cette coopération: l'assassinat du Roi Alexandre à Marseille en 1934 par un activiste de la VMRO, Vlado (Velicko) Georgijev-Cernozemski.

 

Lors de l'occupation de la Yougoslavie, plusieurs groupes se sont constitués, en tout une quarantaine, dont la plupart avait leur siège en Bulgarie, et se sont reconnus dans l'idéologie fasciste. La VMRO en exil est ainsi devenue une sorte de parti fasciste bulgare. Il est intéressant de noter que le parti communiste macédonien, dirigé par Metodi Satorov-Sarlo, à l'instar de la VMRO, se déclarait en faveur de l'union avec la Bulgarie, ce qui a eu pour résultat que son chef fut rapidement remplacé par des dirigeants pro-yougoslaves.

 

Albanie

 

Nous englobons les Albanais dans notre étude sur les «Slaves du Sud», parce que presque la moitié des 5 à 6 millions d'Albanais vivent en territoire yougoslave. La vie politique moderne des Albanais commence en 1878 quand est fondée la première Prizrener Liga  (également dénommée «Ligue albanaise»), qui s'était fixé comme objectif provisoire l'autonomie de l'Albanie dans l'Empire du Sultan. Au cours des années 1912/1913, l'Albanie accède à l'indépendance et, en 1924, c'est un gouvernement bourgeois-démocratique sous l'égide du Président Fan Noli qui est aux affaires. A la fin de cette même année, Ahmed Zogu se rebelle contre lui, avec l'appui de l'homme politique serbe Nikola Pasic. Quatre ans plus tard, Ahmed Zogu se fait proclamer roi.

 

Après l'occupation italienne (7 avril 1939), le gouvernement formé de membres du parti Bashkimi Kombëtare  adopte l'idée d'une «Grande Albanie». Les occupants créent également un parti fasciste albanais qui leur sert de courroie de transmission. Après la capitulation yougoslave de 1941, l'Albanie annexe le Kossovo et réalise ainsi le rêve historique d'une «Grande Albanie». Dans l'administration et dans les écoles de cette province, on emploie pour la première fois la langue albanaise. Contrairement au reste de l'Albanie, qui était indépendant depuis 1913, le Kossovo accueille les Italiens en libérateurs. Les émigrés albanais du Kossovo, partis avant guerre en Albanie indépendante, rentrent d'exil, y compris les communistes. En novembre 1942, se crée une organisation nationaliste et pro-fasciste, le Balli Kombëtare,  qui se fixe pour objectif, avec l'appui italien, de défendre la Grande Albanie contre la Yougoslavie et les communistes.

 

Quand l'Albanie, après la capitulation italienne de septembre 1943, est occupée par 70.000 soldats allemands, de nouvelles organisations voient le jour: Legalitati, Zogu, Tasha...  L'organisation de jeunesse fasciste italienne Balilla  n'existant plus, les Allemands mettent sur pied la 21ième Division de montagne SS Skanderbeg, du nom du héros national albanais.

 

Avant la seconde guerre mondiale, il y avait 239 communistes au Kossovo, dont 23 Albanais. Dans la «Petite Albanie», il n'y en avait pas un seul, mis à part quelques infiltrés de nationalité serbe. A la fin de 1943, les communistes organisent une conférence de leur parti dans le village de Bujan au Kossovo. Les hommes du PC, peu nombreux dans l'assistance, se déclarent en faveur d'un Etat albanais unitaire, Kossovo compris, contre la Yougoslavie. Pas étonnant dès lors qu'après la fondation du deuxième Etat yougoslave en 1945, les communistes albanais sont restés suspects pendant des décennies. Aucun d'entre eux n'a jamais cessé d'être ouvertement nationaliste albanais, de penser, de sentir et d'agir dans ce sens. Ne parlons pas des non communistes: immédiatement après la guerre, 30.000 Albanais prirent part à la révolte armée contre Tito: les soulèvements se sont d'ailleurs répétés tous les dix ans, avec une surprenante régularité. Ils furent suivis de répressions yougoslaves et de persécutions. Fadil Hoxha, chef du PC du Kossovo pendant de nombreuses années, s'est révélé lui aussi «élément albanais» et exclu comme tel du parti, dont il fut pourtant le président au niveau yougoslave! Mais le véritable héros de la droite albanaise fut Adem Demaqi, embastillé depuis 1964, avec quelques rares interruptions seulement. Pourquoi? Parce qu'il a milité sans compromissions pour une Albanie unie et bien entendu non communiste.

 

La Prizrener Liga  existe toujours au sein de l'organisation Besëlidhja Kombëtare Demokratike Shqiptare  (Ligue nationale-démocratique de la parole d'honneur albanaise). La cause de la droite et de la libération nationale albanaise, pour sa part, est défendue par un nombre impressionnant de petits groupes, de cellules, qui se déclarent «marxistes-léninistes» et se réclament de la «Doctrine», mais qui, au fond, ne rassemblent que des patriotes albanais.

 

Serbie

 

Les Serbes, qui occupent une partie de l'Albanie, soit le Kossovo, territoire où se trouve le fameux champ de bataille de 1389, où les Serbes ont dû ployer le genou devant les Turcs. La bataille perdue a été décisive. Rarement dans l'histoire, bataille perdue n'a autant susciter de mythe à facettes aussi multiples (historiques, religieuses, mystiques) que cette bataille du Kossovo, point focal du nationalisme et des droites serbes. Noyau de ce mythe est la croyance qu'après le Golgotha vient la ressurection, y compris dans la vie d'un peuple. Ce mythe, renforcé par les légendes de Saint-Sava qui avait fondé l'église autocéphale serbe au début du XIIIième siècle, a permis à des générations et des générations de Serbes de survivre spirituellement pendant tous les siècles de la domination turque. C'est pétris du mythe de la Bataille du Kossovo que les partis serbes modernes se sont constitués à la fin du XIXième siècle.

 

Paradoxalement, les partis de droite se donnaient l'adjectif de «progressifs» mais leur idéologie et leur pratique débouchaient sur un impérialisme serbe. La même année, en 1881, le «Parti Radical» sous l'égide de Nikola Pasic se constitue comme pôle adverse de ce «progressisme de droite». L'orientation de ce parti était également grande-serbe, tout comme celle des Libéraux de Jovan Ristic. Après la création de la Yougoslavie en 1918, le pays fut dominé politiquement et en toute exclusivité par l'idéologie grande-serbe. Lorsque le tribun croate Stjepan Radic est assasiné en plein Parlement à Belgrade, le Roi Alexandre instaure en 1929 la dictature royale. Cette dictature est également de facture grande-serbe. Plusieurs années après, les partis sont à nouveau autorisés. Le Serbe Milan Stojadinovic fonde, avec quelques non Serbes, la «Communauté radicale yougoslave» (Jugoslovenska radikalna zajednica, ou, en abrégé, la «Jereza»).  Très vite Stojadinovic fait montre de sa sympathie pour le Troisième Reich et reçoit la visite de Hermann Göring. L'homme politique et idéologue serbo-yougoslave voulait imiter le Reich allemand en bien des points. Il s'était même doté d'une garde personnelle en uniforme, portant des chemises vertes. Pour l'anecdote, disons qu'une seule chose n'allait pas: quand ses militants scandaient Vodja-Vodja (Chef-Chef), cela ressemblait très vite à Djavo-Djavo  (Diable-Diable).

 

Le seul mouvement fasciste yougoslave, plus exactement serbe, était le Zbor  (= «Rassemblement» ou «Cri d'appel»), dirigé par Dimitrije Ljotic. Descendant d'une très vieille famille serbe de Smederevo, il était, comme tous les hommes politiques serbes, d'inspiration grande-serbe, mais, à la différence des autres, son intégrité était exemplaire. Dans sa jeunesse, Ljotic était pacifiste dans le sens de Tolstoï et voulait se faire moine. Les guerres balkaniques et la guerre mondiale qui les a suivies immédiatement lui ont appris que la violence, l'autorité et la discipline étaient des données de la nature humaine qui avaient leur place dans l'univers de la politique. Mais ces données devaient être disciplinées, policées par une élite et légitimées par les vertus de décence et de bravoure (cojstvo i junastvo). 

 

Devenu homme politique contre son gré, il entre en politique en se posant d'emblée comme un orateur hors ligne, mieux, comme un prédicateur fascinant. Il salue le coup d'Etat anti-parlementaire du Roi, le 6 janvier 1929. Une année plus tard, il devient ministre de la justice mais démissionne l'année suivante, après que le Roi Alexandre ait refusé son ébauche de constitution anti-démocratique. Quand le Roi meurt victime de l'attentat de Marseille en 1934, Ljotic fonde son organisation, le Jugoslovenski Narodni Pokret Zbor  (Mouvement populaire yougoslave Zbor). Ljotic sympathisait avec Hitler et Mussolini, bien qu'il n'hésitait jamais à les critiquer. Pendant la guerre, il n'a pas vu d'alternative à la lutte engagée par les puissances de l'Axe contre le bolchévisme. Il a voulu sauver de la Yougoslavie ce qu'il y avait à en sauver. Aux côtés des Allemands, le Corps des Volontaires serbes (Srpski dobrovoljacki korpus)  de Ljotic a lutté contre les partisans de Tito. Ceux-ci, vainqueurs, les ont tous condamnés à mort en 1945.

 

Ljotic, qui avait gardé l'espoir en 1939 qu'un putsch militaire sauverait la Yougoslavie, a pensé en 1945 que l'Istrie pourrait devenir le centre d'une résistance armée contre Tito. Au milieu de l'effondrement germano-italien, il a immédiatement pris des mesures dans ce sens. Mais un accident d'auto met un terme à ses jours, à proximité de Slovenska Bistrica, et empêche la consolidation définitive de ce mouvement de résistance. Son successeur involontaire, au départ très réticent, fut son frère Jakov Ljotic, qui continua l'œuvre politique du Zbor  à Munich, jusqu'au jour où il se fit étrangler par des agents yougoslaves en 1974.

 

Ljotic a laissé derrière lui une œuvre théorique: il était sans doute le seul penseur fasciste sérieux de l'espace sud-slave. Son corpus doctrinal partage avec les autres fascistes les idées d'un corporatisme, d'un parlement des états, son hostilité au communisme, à la démocratie, aux partis et aux Juifs, mais aussi un souci très net de la question sociale. Mais son christianisme très profond, intensément vécu, et son monarchisme radical sont, chez lui, des motivations non fascistes. Son traditionalisme populaire serbe transposait le culte du domacin,  du maître de maison, dans la sphère de l'Etat  —le Roi étant le domacin  de l'Etat—  et dans le cosmos  —Dieu étant le domacin  de l'univers.

 

Croatie

 

Comme les droites slovènes, les droites croates sont au départ ambigües sur le plan national. En 1848, le héros national du Banus de Croatie est le Comte Josip Jelacic Buzimski, qui vainc l'ennemi héréditaire hongrois mais en étant au service de Vienne. Ante Starcevic, le pater patriae,  fonde en 1861 le Hrvatska stranka prava  (Parti croate du droit de l'Etat) et réclame, animé par le souci conservateur de renouer avec la tradition perdue, le droit historique des Croates à avoir un Etat propre, mais, dans sa doctrine, fondamentalement conservatrice, il n'hésite pas non plus à se référer à la Révolution française. Les héritiers de Starcevic en notre siècle sont les Ustase  (Oustachistes), souvent décrits comme fascistes.

 

Ante Pavelic fonde son organisation Ustasa - Hrvatski oslobodilacki pokret  (= Mouvement de libération croate; ustasa  signifiant «rebelle») un jour après que le Roi Alexandre ait proclamé sa propre dictature, le 6 janvier 1929. Pavelic est rapidement contraint à l'exil, où il sera l'instigateur et le responsable de quelques actions spectaculaires. Au pays, ce sera la révolte paysanne de Velebit; à l'étranger, l'assassinat du royal dictateur de la Yougoslavie.

 

Les Ustase ne constituaient pas un mouvement typiquement fasciste. Pavelic lui-même était par tradition familiale un «libéral éclectique», fortement influencé par les idéaux de la Révolution française. Au départ, les Oustachistes se considéraient comme les représentants d'un mouvement de libération nationale dépourvu de caractéristiques fascistes (ce que n'a pas manqué de signaler Ernst Nolte dans un ouvrage consacré aux fascismes et paru en 1966). Au début des années 30, les Oustachistes bénéficiaient même du soutien des communistes, qui, à cette époque, considéraient également la Yougoslavie comme une «prison des peuples». Mais dès qu'ils accèdent au pouvoir, les Oustachistes reprennent à leur compte certaines caractéristiques des mouvements fascistes, très populaires dans l'Europe d'alors, notamment parce qu'il leur paraissait impossible, en plein milieu d'une guerre mondiale sanglante et d'une guerre civile non moins cruelle, d'appliquer les méthodes éprouvées de la démocratie parlementaire. Les libertés intellectuelles, en revanche, sont demeurées quasiment intactes; ainsi, au projet d'«Encyclopédie croate», ont collaboré plusieurs communistes notoires, alors que la guerre civile faisait rage.

 

La persécution des Juifs, très exagérée par la propagande actuelle, avait été imposée par la puissance occupante. La brochure programmatique du mouvement oustachiste, rédigée par Pavelic, contient des éléments nationaux-libéraux ou sociaux, mais rien qui ne soit typiquement fasciste. Dans l'Etat indépendant croate, plusieurs tentatives eurent lieu de créer un parti national-socialiste, mais elles restèrent limitées à une petite brochette d'individus et n'enregistrèrent en fin de compte aucun résultat. Il m'apparaît important de le souligner aujourd'hui, où la lutte de libération des Croates est décriée partout dans le monde comme «fasciste», ce qui contribue à décréter comme pleinement fascistes des organisations ou des groupes qui ne sont que très partiellement affectés par cette idéologie. Variante de la technique de l'amalgame...

 

La lutte oustachiste s'est poursuivie après 1945. Après que l'armée croate invaincue, ainsi que les civils qui l'accompagnaient (quelque 300.000 personnes), ait été livrée à Tito par les Anglais et envoyée à la mort, pendant des années, des bandes armées livrèrent une guerre de guerilla aux titistes, nourries par le souvenir de la bravoure militaire des soldats croates, notamment ceux de la 13ième Division de montagne de la Waffen SS Handzar.  Les compagnons de Pavelic fondent en exil en 1946 un Hrvatski drzavni odbor  (Commission de l'Etat croate, sorte de gouvernement en exil). Trois ans plus tard, Pavelic crée le Hrvatska drzavotvorna stranka (Parti croate fondateur d'Etat), organisation chargée de prendre le relais du mouvement oustachiste. Depuis 1956, cette organisation a changé de nom et s'appelle Hrvatski oslobodilacki pokret  (Mouvement de libération croate). Après la mort de Pavelic, à la suite d'un attentat yougoslave perpétré à la fin de l'année 1959, le mouvement se scinda en multiples fractions. L'une d'elles, sous la direction du Général Vjekoslav Max Luburic, s'est appelée Hrvatski narodni otpor  (Résistance populaire croate), qui, elle aussi, a connu de multiples scissions.

 

En outre, le Parti paysan croate, parti traditionnel, a continué à exister, mais divisé en deux fractions. Enfin, le Parti Républicain Croate se pose également en successeur du mouvement oustachiste. Quelques-uns de ces mouvements scindés ou éparpillés, avec d'autres groupes et groupuscules, ont réussi à s'unir en 1974 dans le «Conseil National Croate» (Hrvatsko narodno vijece).  C'est une organisation qui se fixe pour objectif de chapeauter les différents groupes en exil; elle ne veut pas mener les organisations croates au combat mais les représenter dans les pays occidentaux, dont elle accepte le modèle démocratique et parlementaire. Ce «Conseil National» mène son action en feignant d'ignorer que les démocraties occidentales soutiennent l'Etat yougoslave.

 

Résultat de l'insatisfaction des exilés et des combattants de l'intérieur face à cette politique pro-occidentale: la naissance en 1981, à New York et à Lund (Suède), du Hrvatski drzavotvorni pokret  (Mouvement croate fondateur d'Etat), qui veut poursuivre la lutte de libération croate en Croatie même. C'est un regroupement qui se place au-delà des idéologies, qui défend les intérêts généraux de tous les Croates et qui a des tendances nationales-révolutionnaires, ouvertes aux nationalistes de droite et de gauche. Ce mouvement est neutraliste sur le plan international et réclame la création d'une armée croate autonome. Il s'efforce d'arriver à une bonne entente avec la minorité serbe de Croatie, considérée jusqu'ici comme une «cinquième colonne» de Belgrade. Il rêve d'un Etat croate national, neutre, social et non confessionnel. Ce but est identique à celui qui veut dépasser la Yougoslavie. Le résultat de ce dépassement, s'il a lieu, permettrait à une véritable «nouvelle droite», originale et libre, de naître dans l'espace sud-slave.

 

Mladen SCHWARTZ.

(texte issu de Criticon, n°106, mars-avril 1988; adresse: Knöbelstrasse 36/0, D-8000 München 22; abonnement annuel: DM 63,-; étudiants, lycéens, DM 42,-).    

01:50 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 01 octobre 2007

Hommage à Hellmut Diwald

a08d8df73e8c7785b2caf9e807fbcc06.jpg

Hommage à Hellmut Diwald

 

Né le 13 août 1924 dans le pays des Sudètes, plus précisément à Schattau en Moravie méridionale, le professeur Hellmut Diwald a quitté la vie le 26 mai 1993. Fils d'ingénieur, il s'était d'abord destiné à suivre les traces de son père: il suit les cours de l'école polytechnique de Nuremberg et y décroche son premier diplôme. Mais c'est à l'université d'Erlangen qu'il trouvera sa véritable vocation: l'histoire, l'événémentielle et celle des religions et des idées. De 1965 à l'année de sa retraite, il a enseigné l'histoire médiévale et moderne dans l'université qui lui avait donné sa vocation. Auparavant, il avait travaillé sur les archives d'Ernst Ludwig von Gerlach, un homme politique conservateur et chrétien de l'époque de Bismarck, avait rédigé une monographie sur le philosophe Dilthey et publié plusieurs études, notamment sur Ernst Moritz Arndt, père de la conscience nationale allemande (mais qui a eu un grand retentissement en Flandre également, si bien qu'il peut être considéré à Anvers, à Gand et à Bruxelles comme un pater patriae), et sur l'évolution des notions de liberté et de tolérance dans l'histoire occidentale.

 

Ces premiers travaux scientifiques permettent de comprendre quel homme fut Hellmut Diwald, quelle synthèse il a incarnée dans sa vie intellectuelle et militante: homme de progrès dans le sens où il s'inscrit dans la tradition émancipatrice des Lumières et de la Prusse, il ne conçoit pas pour autant cette émancipation comme un pur refus de tout ancrage historique et politique, mais au contraire, à l'instar du romantique Arndt et du conservateur von Gerlach, comme la défense d'un ancrage précis, naturel, inaliénable, dont l'essence est de générer de la liberté dans le monde et pour le monde. Cet ancrage, ce sont les nations germaniques, nations d'hommes libres qui se rebiffent continuellement contre les dogmes ou les institutions contraignantes, contre les coercitions improductives. Cette notion germanique de l'homme libre a donné la réforme, les lumières pratiques du XVIIIième siècle frédéricien ou joséphien, ou, chez nous, le mythe d'Uilenspiegel. Elle est donc à la base du progressisme idéologique, avant que celui-ci ne deviennent fou sous l'impact de la révolution française et du messianisme marxiste.

 

Hellmut Diwald doit sa notoriété à un ouvrage paru en 1978: une «histoire des Allemands» inhabituelle, où notre auteur inverse la chronologie en commençant par l'histoire récente pour remonter le cours du temps. Cette originalité n'est pas une simple facétie de professeur. En effet, les historiens allemands de notre après-guerre n'ont cessé de juger l'histoire allemande comme le préliminaire à l'horreur nationale-socialiste. Tous les événements de cette histoire étaient immanquablement jugés à l'aune du national-socialisme, ramenés à l'une ou l'autre de ses facettes. Reductio ad Hitlerum: telle était la manie, lassante, répétitive, morne, de tous les zélotes de la profession qui travaillaient à réaliser une seule obsession: tenir leur peuple à l'écart de l'histoire qui se jouait désormais à Washington ou à Moscou, à Pékin ou à Tel Aviv. Tout retour de l'Allemagne sur la scène de l'histoire réelle aurait signifié, pour ces savants apeurés, le retour d'une tragédie à l'hitlérienne. On peut évidemment comprendre que les Allemands, après deux défaites, aient été échaudés, dégoûtés, rassis. Mais ces sentiments sont justement des sentiments qui ne permettent pas un regard objectif sur les faits historiques. En inversant la chronologie, Diwald se voulait pédagogue: il refusait d'interpréter l'histoire allemande comme une voie à sens unique débouchant inévitablement sur la dictature nationale-socialiste. S'il y a pourtant eu ce national-socialisme au bout de la trajectoire historique germanique, cela ne signifie pas pour autant qu'il ait été une fatalité inévitable. L'histoire allemande recèle d'autres possibles, le peuple allemand recèle en son âme profonde d'autres valeurs. C'est cela que Diwald a voulu mettre en exergue.

 

Du coup, pris en flagrant délit de non-objectivité, les compères de la profession, ont crié haro sur Diwald: en écrivant son histoire des Allemands, il aurait «banalisé» le national-socialisme, il l'aurait traité comme un fragment d'histoire égal aux autres. Pire: il ne l'aurait pas considéré comme le point final de l'histoire allemande et aurait implicitement déclaré que celle-ci demeurait «ouverte» sur l'avenir. Pendant deux ans, notre historien a subi l'assaut des professionnels de l'insulte et de la délation. Sans changer sa position d'un iota. Meilleure façon, d'ailleurs, de leur signifier le mépris qu'on leur porte. Mesquins, ils ont voulu «vider» Diwald de sa chaire d'Erlangen. Ils n'ont pas obtenu gain de cause et se sont heurtés au ministre de l'enseignement bavarois, Maier, insensible aux cris d'orfraie poussés des délateurs et des hyènes conformistes.

 

Diwald n'a pas cessé de travailler pendant que ses ombrageux collègues vitupéraient, complotaient, s'excitaient, pétitionnaient. En 1981, avec Sebastian Haffner, un homme de gauche éprouvé et un anti-fasciste au-dessus de tout soupçon, et Wolfgang Venohr, historien et réalisateur d'émissions télévisées, il participe en 1981 à la grande opération de réhabilitation de l'histoire prussienne, dont le point culminant fut une grande exposition à Berlin. Parallèlement à cette série d'initiatives «prussiennes», Diwald travaillait à un sujet qui nous intéresse au plus haut point dans le cadre de notre souci géopolitique: une histoire de la conquête des océans. Deux volumes seront les fruits de cette recherche passionnante: Der Kampf um die Weltmeere  (1980) et Die Erben Poseidons. Seemachtpolitik im 20. Jahrhundert  (1987). Conclusion de Diwald au bout de ces sept années de travail: l'Allemagne a perdu les deux guerres mondiales sur l'Atlantique, parce que sa diplomatie n'a pas compris le rôle essentiel de la guerre sur mer.

 

Au cours de toute sa carrière, Diwald, auteur classé arbitrairement à droite à cause de son nationalisme d'émancipation, n'a jamais perdu la réunification allemande de vue. Cet espoir le conduisait à juger très sévèrement tous les ancrages à l'Ouest qu'essayait de se donner la RFA. Chacun de ces ancrages l'éloignait de sa position centre-européenne et des relations privilégiées qu'elle avait eu l'habitude de nouer avec la Russie. Diwald était donc un critique acerbe de la politique du Chancelier Adenauer, dont l'objectif était l'intégration totale de la RFA dans la CEE et dans le binôme franco-allemand. Inlassablement, Diwald a critiqué le refus adénauerien d'accepter les propositions de Staline en 1952: neutralisation de l'Allemagne réunifiée. Ce refus a conduit au gel des positions et condamné la RDA à la stagnation communiste sous la houlette d'apparatchiks pour lesquels le Kremlin n'avait que mépris.

 

La vie exemplaire de Diwald, clerc au service de sa patrie, nous lègue une grande leçon: l'historien ne peut en aucun cas faire des concessions aux braillards de la politique. Sa mission est d'être clairvoyant en toutes circonstances: dans l'euphorie du triomphe comme dans la misère de la défaite. Pour l'un de ses amis proches, venu lui rendre visite peu de temps après le diagnostic fatidique qui constatait la maladie inéluctable, Diwald a prononcé cette phrase qui fait toute sa grandeur, qui scelle son destin de Prussien qui conserve envers et contre tout le sens du devoir: «Pourvu que je puisse régler toutes les affaires en suspens qui traînent sur mon bureau avant de m'en aller». Hellmut Diwald, merci pour votre travail.

 

Robert STEUCKERS.

 

01:45 Publié dans Biographie, Histoire, Hommages | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 30 septembre 2007

Charles le Hardi & Frédéric III

b837434679dcf31360539c0159ed6a3f.jpg

30 septembre 1473 : Les négociations entre Charles le Hardi (dit le « Téméraire » par ses ennemis français) et l’Empereur Frédéric III commencent à Trêves en vue de constituer à l’Ouest un « Royaume de Bourgogne » sous suzeraineté impériale. Le but est d’unir les forces européennes traditionnelles contre la sédition gauloise  animée par Louis XI, dit l’ « Universelle Aragne ». Ces négociations dureront jusqu’au 25 novembre et n’auront guère d’effets et de résultats. Les hésitations de Frédéric III, personnalité plus réservée que le fougueux Duc, auront un effet retardateur et temporisateur. Cette différence entre un Empereur hésitant et un Duc énergique constitue l’un des thèmes du beau roman de l’écrivain wallon contemporain Gaston Compère (« Je soussigné Charles le Téméraire Duc de Bourgogne »).

Même  si les pourparlers de Trêves n’ont pas abouti immédiatement, leur objectif, celui d’unir Bourgogne et Empire se réalisera in fine par le mariage de Marie de Bourgogne et de Maximilien, fils héritier de Frédéric III.

Maximilien écrasera les hordes de l’Universelle Aragne, qui se vengera en excitant le particularisme des villes flamandes, qui devront se soumettre à la raison. De ce jeu complexe, se dégage aujourd’hui les idéologies identitaires wallonnes et flamandes : les Wallons, conservateurs, soucieux de l’héritage bourguignon, se réclament du Duc, comme l’atteste le livre de Gaston Compère, qui critique très fort les particularismes flamands et alsaciens ; les identitaires flamands, sauf les héritiers du mouvement DINASO de van Severen, ont tendance à survaloriser le particularisme urbain des villes rebelles contre le « Prince ». Or ce particularisme était à la solde de la France, ce qui constitue une contradiction avec le mouvement flamand d’après 1918, qui s’est battu pour que la Belgique, et partant la Flandre, soit totalement dégagée de toute alliance française (« Los van Frankrijk »).

02:45 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 29 septembre 2007

Lothaire I

0b79772b854b8cd509c355b145e1ee14.jpg

29 septembre 855 :  Lothaire I, empereur, meurt à Prüm. Détenteur théorique de la prééminence impériale, qu’il avait perdue de facto lors du partage de Verdun en 843, au profit de ses frères Louis le Germanique et Charles. A la mort de Lothaire 1, le territoire de la Grande Lotharingie est partagé à son tour entre Louis II, l’aîné, qui recevra l’Italie et portera le titre impérial, Lothaire II, qui recevra le nord, qui héritera du nom de « Lotharingie », et comprendra les terres entre l’Escaut et le Léman, et Charles, qui recevra la Provence et tous les territoires situés entre le Léman et la Méditerranée. L’unité grande-lotharingienne prend fin et excite la convoitise des Francs occidentaux et des Francs orientaux. Louis le Germanique reprendra à son compte l’ensemble lotharingien. Conrad II, Empereur germanique, assoira son autorité calme et tranquille sur la « Burgondie » (du Léman à la Méditerranée provençale). Le Duc de Bourgogne, Charles le Hardi, dit le « Téméraire » par les Français, aura pour objectif de réunir à nouveau cet ensemble médian, et de le lier à l’Empereur Frédéric III. Son rêve sera un échec. Le clivage franco-allemand, qui ensanglantera l’Europe et l’affaiblira définitivement, prend naissance, car les rois de France n’auront de cesse de récupérer les territoires ayant appartenu à Lothaire. Seules nos régions, en souvenir de l’héritage politique et spirituel bourguignon, et en vertu des clauses ayant scellé le mariage de Marie de Bourgogne et de Maximilien, ont échappé à cette volonté annexionniste. L’occupation par la France de la Lorraine, de l’Alsace, de la Franche-Comté, de la Savoie, de la Provence et du Dauphiné est toutefois foncièrement illégitime et illégale et ne saurait être acceptée comme telle.

01:40 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 26 septembre 2007

Le premier numéro du journal "Tintin"

52f5a08ac21a996954f55ac84d1db36a.jpg

Le premier numéro du journal "Tintin"

26 septembre 1946 : Le premier numéro du journal de Tintin, hebdomadaire, sort dans les kiosques belges. Quatre dessinateurs oeuvrent dans cet hebdomadaire : Hergé, bien sûr, Jacobs, Cuvelier et Laudy. Jacobs y publie les premières planches de sa fameuse aventure de Blake et Mortimer, « Le Secret de l’Espadon ». Il a fallu batailler contre toute une cohorte d’excités, haineux et profondément stupides, pour pouvoir autoriser Hergé à republier son œuvre et à la poursuivre. Le mérite de ce combat tenace revient au résistant national-royaliste Raymond Leblanc, qui souhaitait que le cataclysme de 1939-1945 n’ait pas pour effet complémentaire de ruiner les bonnes valeurs au sein de la jeunesse de notre pays. Il a réussi là un brillant combat d’arrière-garde, permettant de les conserver, presque intactes, jusqu’au seuil des années 70, où tout a commencé à partir en quenouille.

Les ennemis de Hergé en 1945, ces individus écervelés et échaudés par des propagandes ineptes, lui reprochaient d’avoir publié le « Secret de la Licorne », « Le Trésor de Rackham le Rouge » et « Les Sept boules de cristal » (l’histoire fut interrompue lors de l’arrivée des troupes anglo-saxonnes) en feuilleton dans le quotidien le « Soir », qui avait été non pas réquisitionné par l’occupant allemand, mais cédé en bonne et due forme par l’héritière de la famille qui possédait le quotidien ! On a beau écarquiller les yeux, mais on ne trouve aucune allusion politique aux événements de la seconde guerre mondiale dans ces albums. Hergé fut arrêté à plusieurs reprises, chaque fois relâché et ne fut jamais traîné devant un tribunal de ces terrifiants « auditorats militaires » de l’époque, qui suscitaient, disait un ministre d’alors, une « justice de roi nègre ». Rien n’y fit : la hargne obsessionnelle de ses adversaires n’a jamais cessé de se manifester, jusqu’à nos jours, où récemment l’affaire « Tintin au Congo » a suscité quelques émois, en Angleterre d’abord, en Belgique ensuite, avec la plainte déposée par un pitre congolais auprès du Tribunal de Première Instance de Bruxelles, sans oublier l’odieux pamphlet, heureusement peu commenté et commis par un gauchiste échevelé, un certain Maxime Benoît-Jeannin (« Les guerres d’Hergé. Essai de paranoïa-critique », janvier 2007).

Dans cette période peu glorieuse de l’histoire belge, entre 1944 et 1951, Hergé a cherché un moment refuge en Suisse, sur les bords du Léman, puis a montré une belle fidélité à bon nombre de proscrits, tels Robert Poulet, Raymond De Becker, Paul Jamin (alias « Jam » puis « Alidor »), Paul Werrie, Soulev S. Kaya, J. van den Branden de Reeth, etc. Et n’oubliait pas non plus, dans ses chagrins, l’exécution d’un journaliste, Victor Meulenijzer, dont le pire crime fut sans doute d’avoir publié, avant-guerre, un livre sur les coups bas des services secrets britanniques…  Et se révoltait contre le sort que l’on fit à son ami Jacques Van Melkebeke, inspirateur de bon nombre d’albums. Hergé n’avait rien d’un fasciste ou d’un nazi, comme tente de le démontrer le délirant Maxime Benoît-Jeannin, mais un homme qui avait été élevé dans le vaste monde intellectuel du catholicisme belge d’entre les deux guerres, où, comme l’a dit une romaniste avisée, qui a étudié le phénomène dans toute son ampleur, « on écrivait sous le regard de Dieu », et où communiaient des idéologèmes conservateurs et sociaux-justicialistes.

02:00 Publié dans Bandes dessinées, Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 24 septembre 2007

Pépin III le Bref

6a847f8c49df035f40a61276bb44ca78.jpg

24 septembre 768 : Pépin III, dit le « Bref », meurt à Paris. Il avait déposé les derniers mérovingiens et, de « Maire du Palais », il était devenu, Roi des Francs. Il les avait unis sous son autorité unique. A sa mort et selon la coutume germanique, les possessions franques sont partagées entre Charles (le futur Charlemagne) et Carloman. Celui-ci meurt en 771, permettant de rassembler une nouvelle fois les possessions franques sous l’autorité d’un souverain unique, en l’occurrence son frère. Celui-ci laissera toutefois trop de pouvoir à l’Eglise : cette politique a d’abord été nécessaire, car, à l’époque, seule la vaste institution ecclésiale pouvait offrir un cadre administratif à l’Empire ; cette politique crée toutefois un précédent malsain, dans la mesure où l’Eglise voudra sans cesse supplanter l’institution impériale, même dans les domaines militaires et stratégiques, pour lesquels elle n’était pas formée et même totalement incompétente. Ce clivage entre institution impériale et institution ecclésiale, qui connaîtra son maximum d’intensité lors de la querelle des investitures, laissera souvent l’Europe, et surtout son centre germanique, tchèque et hongrois, dans un état de faiblesse problématique, la rendant incapable de parachever les croisades et la reconquista rapidement. Pire, quand la volonté ottomane se forme sur les rives du Bosphore à la fin du 14ième siècle et envisage de conquérir l’Europe en remontant le Danube, le désordre dans lequel l’intransigeance anti-impériale des pontifes de Rome a plongé l’Europe, ne permet pas d’opposer à cette volonté étrangère une riposte fulgurante et définitive. Une Europe cohérente à la fin du 11ième siècle, non affaiblie par le schisme Rome/Byzance et par la querelle des investitures (commencée en 1075), aurait parfaitement pu conserver ses postes avancés sur la rive orientale de la Méditerranée, former une alliance avec l’Arménie, barrer ainsi la route à toutes les invasions turques ultérieures et sauver l’empire perse indo-européen, islamisé en surface seulement.

01:40 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 20 septembre 2007

Désastre de Valmy

58a9e86813e339fc0a962d86d8b19dc4.jpg

20 septembre 1792 : Désastre de Valmy. Les hordes jacobines et les troupeaux de sans-culottes ivres et en guenilles, par la masse qu’ils représentent, débordent, dans cette petite localité de Lorraine, les belles armées prussiennes et autrichiennes, conçues pour la guerre en dentelles. C’est la fin d’une époque, c’est le début de la guerre des masses. La Prusse post-frédéricienne avait subi le règne d’un roi incapable et n’était plus en mesure d’aligner des troupes aguerries. Les armées de l’Europe traditionnelle étaient des armées de métier, très coûteuses à former et à organiser. L’ère des masses de fantassins issus de la levée en masse était advenue. Le jeune Clausewitz, qui, à douze ans, se trouvait à Valmy, en tirera les conclusions. Ses réflexions paraîtront dans son « De la guerre », paru après sa mort en 1831, grâce aux efforts de son admirable veuve, et devenu, depuis, un bréviaire de l’art militaire dans tous les pays du monde. Avec Gneisenau, il forgera les concepts du renouveau prussien, et les appliquera de 1813 -en incluant dans ses réflexions le modèle du soulèvement contre-révolutionnaire et traditionaliste espagnol contre les bandes bonapartistes cherchant à imposer un modernisme et un juridisme délétères dans la péninsule ibérique-  à Waterloo, où la masse de l’armée de Blücher, produit d’une levée en masse, fera la décision à Plancenoit et à Lasnes, mettant un terme à une aventure sanglante et inutile qui avait déstabilisé l’Europe et continue à semer des germes de dissolution. En effet, l’Europe ne retrouvera de stabilité que lorsque l’esprit du Code Napoléon sera définitivement extirpé et que nos régions, par exemple, retrouveront leurs droits coutumiers. La bataille de Waterloo n’est pas terminée…

 

03:35 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Traité de Ryswick

6937f30e46453a1ba25bbad8b6429694.jpg

Traité de Ryswick

20 septembre 1697 : Traité de Ryswick. La Hollande, l’Angleterre et l’Espagne (dont nos provinces) signent un traité de paix avec la France. Ce Traité marque l’arrêt des guerres et des pillages perpétrés par l’ignoble Louis XIV, qui doit rendre bon nombre de places qu’il avait annexées au nom de sa théorie fumeuse des « Réunions », que notre diplomate Stockman avait réfutée avec brio, dans un mémoire rédigé à l’attention des négociateurs impériaux. Le Traité de Ryswick est donc une victoire tardive de Stockman et de Rubens, qui fut certes un peintre très célèbre, mais aussi un diplomate de grande envergure au double service de l’Espagne et du Saint-Empire. A Ryswick, Louis XIV doit rendre également le Duché du Luxembourg, dont il s’était emparé avant de ravager cruellement le Palatinat, où il a laissé un souvenir épouvantable, ravivé douloureusement par l’occupation française de 1918 à 1930, marquées de sauvageries, de mesquineries et d’actes arbitraires impardonnables (à ce propos : cf. Günter Zerfrass/Hrsg., « Die Pfalz unter französischer Besatzung von 1918 bis 1930 – Kalendarische Darstellung der Ergebnisse vom Einmarsch im November 1918 bis zur Räumung am 1. Juli 1930 », Verlag Siegfried Bublies, Koblenz, 1996). Au Sud, Louis XIV, enfin vaincu, doit rétrocéder la Catalogne. En Amérique, il doit rendre l’île d’Hispaniola / Saint-Domingue, dont il avait fait un nid de pirates, sur les modèles anglais et barbaresque, menaçant toutes les côtes circumcaribéennes. Malheureusement, à Ryswick, il conserve le droit d’occuper Strasbourg et les autres territoires alsaciens, qu’il avait conquis et qui nous reviennent de droit, en tant qu’Etat héritier du Saint-Empire.

02:50 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 18 septembre 2007

Constantin bat Licinius

2fe207f20ba989b129e0435da8b4f6d5.jpg

18 septembre 324 : Constantin, l’empereur qui introduisit le christianisme en Europe, bat son rival Licinius à Chrysopolis. De ce fait, il devient le seul souverain de l’Empire et choisit Byzance comme capitale, qu’il rebaptisera « Constantinople », après avoir achevé d’immenses travaux de rénovation et d’embellissement en 330. A partir de ce moment se crée véritablement le clivage entre un « Occident », centré sur Rome et sur Trêves, et un « Orient » centré sur la nouvelle capitale du Bosphore. Les fils de Constantin régissent l’Empire au départ de Trêves, qui devient la deuxième ville d’ « Occident », avec des thermes et un cirque quasiment équivalents à ceux de Rome. En dépit de la christianisation, les prisonniers, incapables de servir dans l’armée ou ailleurs, y sont jetés aux fauves. A noter aussi, que, du point de vue géopolitique, l’Empire est désormais centré non plus exclusivement sur la Méditerranée, mais sur, d’une part, le complexe mosellan rhénan, et d’autre part, sur le système danubien pontique. En quelque sorte, il se « continentalise » et les événements de l’époque révèlent déjà clairement les lignes de forces de la géopolitique continentale européenne. Les géopolitologues, les militaires et les historiens anglo-saxons,  notamment dans le sillage de Luttwak, ont étudié à fond cette dynamique géopolitique qui, si elle était activée par une volonté romaine traditionnelle, ou carolingienne ou ottonienne, donnerait bonne et forte cohérence à notre grande patrie. L’objectif des stratèges américains est d’étudier ses cohésions réelles ou potentielles, de cerner les projets de cohésion qui ont été élaborés au cours de l’histoire, pour mieux éviter qu’ils ne se reproduisent et ne s’ancrent dans les faits à venir. L’idée de Bush, de distinguer une « vieille Europe » d’une « jeune Europe », vise à perpétuer, sur le plan militaire et diplomatique, le clivage entre Rome et Byzance ou la situation de la Guerre Froide, avec le Rideau de fer. La réunification apparente de l’Europe, depuis 1989, n’est malheureusement qu’un leurre. Pour Washington, l’Europe ne peut plus redevenir « romaine », soit unie et cohérente, de l’Atlantique au Pont Euxin.

04:05 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Falangistas contra Franco

Gustavo MORALES :

Falangistas contra Franco : los azules fusilados en 1942

him20950.jpg 

El año en que los camisas azules cayeron en el paredón de los nacionales, a la par que el Estado seguía usando el acompañamiento coreográfico nacionalsindicalista.

Finalizada la Guerra Civil, en plena Segunda Guerra Mundial, en distintos puntos de España se sucedieron los incidentes. Algunos falangistas manifestaron abiertamente su rebeldía ante un régimen que no consideraban el suyo; algunos de ellos acabaron frente a un pelotón de fusilamiento de los nacionales, sus camaradas de armas. El fracaso de la última experiencia azul de entonces desde dentro del sistema, los sindicatos de Gerardo Salvador Merino, llevó a algunos falangistas a instalarse en la clandestinidad y la acción subversiva.

Hay casos llamativos por el apellido. Marciano y Pedro Durruti, hermanos de Buenaventura, el líder anarquista asesinado el 20 de noviembre de 1936, eran falangistas. Pedro había sido miembro del grupo anarquista leonés Paz y Amor en septiembre de 1932. Cayó en las sacas republicanas. El caso más interesante es el de Marciano, quien ingresó en Falange en febrero de 1936, avalado por José Antonio Primo de Rivera, y el 1 de abril le entregaron el carnet número 1.501 de FE de las JONS. Su hermana Rosa Durruti le bordó el yugo y las flechas. Marciano realizó gestiones para un encuentro entre Buenaventura Durruti, líder de la Federación Anarquista Ibérica, y Primo de Rivera. Marciano a punto «estuvo de ser estrangulado por su propio hermano cuando le llegó con la embajada» (Garcival 2007). Sí hubo un encuentro con Ángel Pestaña el 3 de mayo de 1935. A la reunión con el líder sindicalista asistieron José Antonio y Diego Abad de Santillán. La reunión la facilitó la amistad existente entre el líder sindical, Marciano Durruti y el falangista Lluys Santa Marina, inventor de la camisa azul. Pestaña se había separado del anarquismo con el Manifiesto de los Treinta y criticó frontalmente a Moscú, donde estuvo como delegado en una reunión de la Internacional: «Pueblos encaminados a la libertad no darán nunca déspotas».

Marciano tuvo aún peor suerte con las derechas. En 1937 fue detenido por los nacionales y encerrado en el penal leonés de San Marcos, donde ya estuvo Quevedo. Más tarde, el grafista Siro habló de él: «Me metieron en la cárcel con Durruti. A él lo fusilaron. Me dijeron: a usted le toca mañana. Les propuse que mejor montábamos un periódico. Me sacaron de la cárcel y creamos Proa. Lo hice yo. No había visto una linotipia, pero la necesidad crea el órgano. Hasta que apareció uno que me denunció por rojo. Yo era sindicalista».{1} «Según el sumario del consejo de guerra celebrado contra él entre el 21 y el 22 de agosto de 1937, Marciano Durruti iba proclamando con absoluto descaro, en público y en privado, ideas corrosivas como… la subordinación del Ejército a la Falange»{2}. Fue el sumario 405/37:

«RESULTANDO que Marciano Pedro Durruti Domingo, vecino de León, que fue elemento de confianza de la organización anarquista y por ello y su participación en una huelga ilegal encarcelado en 11 de diciembre de 1933 y que en 10 de octubre de 1934 estuvo detenido a disposición del Comandante Militar de esta Plaza por considerársele como directivo y complicado en el movimiento sedicioso de aquellos días y ser elemento muy significado de la FAI, ingresó posteriormente en Falange Española de Madrid. La suposición de que fue a esta última organización con el propósito único de servir de enlace con la de su procedencia y al servicio de ésta, aparece robustecida con la desaparición del fichero puesto bajo su custodia y que según rumor insistente fue a parar a la Dirección General de Seguridad y del cual se tomaron los datos para practicar detenciones y fusilar ya iniciado el Movimiento a un buen número de afiliados a la JONS de Madrid, y probada plenamente con su conducta posterior.
RESULTANDO que iniciado el Movimiento Nacional apareció de nuevo en León procedente de zona roja y de nuevo consiguió ser admitido en Falange captándose la confianza de los Jefes, y abusando de ella y firme en sus ideas arraigadas de marxista, no desperdició ocasión de difundirlas buscando desmoralizar y escindir la apretada y compacta retaguardia Nacional; y así, el día 4 del corriente mes y sobre las veintitrés o las veinticuatro horas se presentó en el domicilio del Alcalde de Armunia Don Lucio Manga Rodríguez en unión de otros individuos y en presencia del Alcalde citado y otros dos vecinos del pueblo hizo las manifestaciones de que él sabía que en aquella localidad se había notado entre el vecindario cierto malestar con ocasión de celebrarse el aniversario del Movimiento Nacional atribuyéndolo a que el pueblo indicado en su mayoría era contrario a aquél. Que había que trabajar y llevar a Falange el mayor número de personas, importando poco que fueran socialistas o comunistas, puesto que el objeto era crear un partido fuerte para en su día hacerse dueños del poder y que todos los mandos fueran falangistas, ya que el Ejército, en el que había demasiadas estrellas, quería mangonear, siendo así que el saludo debía hacerlo el Ejército a Falange. Que la campaña debía comenzar con el desprestigio de la Guardia Civil poniendo en circulación la especie de que en los primeros días del Movimi= ento había cometido asesinatos, abandonando en el monte los cadáveres de sus víctimas. Añadió, para mejor convencer a sus oyentes, que contaban con los Guardias de Asalto y estaba preparado en Valladolid el personal designado para ocupar los cargos y que era necesario realizar estos planes antes de terminar la guerra, siendo preferible morir en la retaguardia que morir en el frente, conceptos que repitió el día 14 del corriente mes en el Café Central, en presencia de varios individuos…
FALLAMOS que debemos condenar y condenamos a Marciano Pedro Durruti Domingo como autor responsable de un delito de adhesión a la rebelión con circunstancias agravantes, a la pena de MUERTE.»

Marciano Durruti, con 26 años de edad, «bajo y fuerte como un legionario romano», fue fusilado por un pelotón vestido de azul en El Ferral de Bernesga, León, a las seis de la tarde del 22 de agosto de 1937. La acusación real era participar en la conspiración hedillista. La derecha hizo correr el rumor de que era «un atracador como su hermano Buenaventura».

Marciano fue asesinado en zona nacional, de nada le sirvió el carnet falangista ni el apellido. Acaso fueron agravantes en León. Muchos pensaron que su ingreso en Falange se había producido para salvar la vida, como ocurrió en otros casos y que dio origen a la expresión «failangista». Marciano coincidió con José Antonio en la cárcel Modelo de Madrid. Pero mientras el líder falangista era trasladado a Alicante, Marciano Durruti fue liberado gracias a gestiones de su madre que usó la fuerza del apellido probablemente ante la CNT-FAI. En cuanto pudo, Marciano se pasó a zona nacional pero cometió el error de volver a León donde era conocido por sus andanzas anteriores, de carácter anarcosindicalista.

Narciso Perales se refiere al fusilamiento: «Yo, también como tú soñé toda mi vida con la revolución. Pero es obvio que no con la de Buenaventura Durruti, sino con la de José Antonio, con la que también soñaron Pedro Durruti, falangista antiguo, fusilado en Barcelona [sic], al comenzar la guerra, y Marcelo [sic] Durruti, fusilado en León por los enemigos de la Falange, poco después de su incorporación a ella. Estoy seguro de que la muerte brutal de sus dos hermanos fue para él [Buenaventura] –que era ante todo un hombre bueno– un terrible dolor que sólo pudo mitigar en el fragor de la lucha» (de Guzmán 1977).

Otras fuentes{3}, como Perales y Siro, hablan de otro hermano falangista, Pedro Durruti:

«El día 22 de agosto se produce un asalto de milicianos republicanos a la Cárcel Modelo de Madrid con la liberación de presos comunes y el asesinato de numerosos políticos de derechas o falangistas, como Melquíades Alvarez, José María Albiñana Sanz, Fernando Primo de Rivera, Pedro Durruti (falangista y hermano de Buenaventura Durruti), el general Osvaldo Capaz Montes (el general Capaz fue quien tomó posesión del territorio de Ifni para España), el aviador falangista del vuelo Plus Ultra Ruiz de Alda, los ex ministros y diputados José Martínez de Velasco, Manuel Rico Avello y Ramón Álvarez Valdés, el ex comunista y actual falangista Enrique Matorras y el militar José Fanjul Sedeño, entre otros. Fue efectuado por la checa oficial de Fomento […] con la ayuda de milicianos de la checa del Cine Europa. Comenzó como un registro el día 21 y la matanza continuó el día 23. Se buscó como excusa un incendio que fue provocado por presos comunes […]. Ante los incidentes acudieron a la prisión el director general de Seguridad y prisiones, Manuel Muñoz, y el ministro de Gobernación, general Sebastián Pozas, que no tomaron ninguna medida […]. Los bomberos apagaron el fuego, los milicianos dejaron en libertad a los presos comunes, hicieron salir a los funcionarios de prisiones y comenzó la matanza […] continuó con las grandes sacas de noviembre (principalmente Paracuellos del Jarama)»{4} «Pedro Durruti cayó en las sacas republicanas de las cárceles de Madrid en 1936» (Cervera Gil).

El falangista J. Pérez de Cabo, autor del libro Arriba España, prologado por José Antonio Primo de Rivera en agosto de 1935{5}, es fusilado por un pelotón del Ejército en Valencia, en 1942. No fue el único. Pérez de Cabo fue el primero en escribir un libro sobre Falange. De él dice Primo de Rivera:

«Cierta mañana se me presentó en casa un hombre a quien no conocía: era Pérez de Cabo, el autor de las páginas que siguen a este prólogo. Sin más ni más me reveló que había escrito un libro sobre la Falange. Resultaba tan insólito el hecho de que alguien se aplicara a contemplar el fenómeno de la Falange hasta el punto de dedicarle un libro, que le pedí prestadas unas cuartillas y me las leí de un tirón, robando minutos al ajetreo. Las cuartillas estaban llenas de brío y no escasas de errores. Pérez de Cabo, en parte, quizá –no en vano es español–, porque estuviera seguro de haber acertado sin necesidad de texto alguno, veía a la Falange con bastante deformidad. Pero aquellas páginas estaban escritas con buen pulso. Su autor era capaz de hacer cosas mejores. Y en esta creencia tuve con él tan largos coloquios, que en las dos refundiciones a que sometió su libro lo transformó por entero. Pérez de Cabo, contra lo que hubiera podido hacer sospechar una impresión primera, tiene la virtud rara entre nosotros: la de saber escuchar y leer. Con las lecturas que le suministré y con los diálogos que sostuvimos, hay páginas de la obra que sigue que yo suscribiría con sus comas. Otras, en cambio, adolecen de alguna imprecisión, y la obra entera tiene lagunas doctrinales que hubiera llenado una redacción menos impaciente. Pero el autor se sentía aguijoneado por dar su libro a la estampa, y ni yo me sentía con autoridad para reprimir su vehemencia, ni en el fondo, renunciaba al gusto de ver tratada a la Falange como objeto de consideración intelectual, en apretadas páginas de letras de molde. El propio Pérez de Cabo hará nuevas salidas con mejores pertrechos, pero los que llevamos dos años en este afán agridulce de la Falange le agradecemos de por vida que se haya acercado a nosotros trayendo, como los niños un pan, un libro bajo el brazo»{6}.

El falangista Pérez de Cabo era un teórico en ciernes del nacionalsindicalismo. Francisco Blanco da cuenta de los proyectos que presenta ante secretario general de Falange Española:

«En uno de los informes emitidos por el falangista Juan Pérez de Cabo para el Secretario General Fernández-Cuesta, se calificaba a Méjico de ‘el pueblo mejor preparado para nuestra Revolución’. Ilusionado de un pueblo mestizo que ‘admiran al héroe por instinto, porque descienden de dos pueblos heroicos’ y además ‘[…] les seduce la gesta heroica de la España nacional’. Pérez de Cabo, conocedor de las colonias españolas americanas pensaba que la revolución falangista era fácilmente exportable a aquel país. Llegó incluso a esbozar un plan de ‘nueva conquista de Méjico’, a partir de la toma de los sindicatos CROM (Confederación Regional Obrera Mejicana) –de carácter nacional y sindical– y de la FROC (Federación Regional Obrera Comunista) a la que apuntilla Pérez de Cabo ‘cree ser comunista. Pero no lo es’. El terreno lo suponía abonado este teórico del falangismo: Ejército favorable, veteranos de la revolución también y una colonia española simpatizante con el movimiento español rebelde aunque ‘Ninguno tiene la menor idea de nuestra doctrina’. Planes, en donde la impresión de aventurerismo no queda ausente, pero que revelan a un profundo conocedor y sobre todo a un activista de gran originalidad. Análisis en los que esperaba hasta la comprensión y apoyo yanqui en el movimiento obrero–militar que se conseguiría y en donde llegaba a ver al Presidente Roosevelt casi como un aliado (‘[…] pues Roosevelt es, quizás sin sospecharlo, un pretotalitarista’). Estas ideas cuanto menos sorprenden porque muestran una realidad diferente a la que hemos tenido sobre aquel país. La utopía creadora y revolucionaria de Pérez de Cabo no iba a llegar en absoluto. Pero junto a ese hiperoptimismo que más parece fruto de la euforia romántico-revolucionaria, se observa una visión ‘diferente’, tanto en cuanto a las pretensiones del autor del Arriba España como a la que tradicionalmente se mantiene sobre Méjico. La nación que no reconoció nunca al Régimen de Franco, que propuso su condena internacional, que fue lugar predilecto del exilio republicano, resultó también ser uno de los espacios donde la Falange se movió con mayor intensidad. En 1939 el Sinaia, el Ipanema y el Mexique llevaban a Méjico tres barcos cargados con exilados y a cargo de la SERE. Ese mismo año y al terminar la guerra civil española, el responsable falangista Alejandro Villanueva, experto conocedor de las Falanges de América, llegaba a hablar de un 95% de la colonia ‘simpatizantes de nuestra España’».{7}

Pérez de Cabo trabajaba en ‘Auxilio Social’ de Valencia cuando le acusaron de apoderarse de fondos. Dicen que vendió en el mercado negro unas partidas de trigo para obtener financiación para la Falange clandestina en 1942. Había estado en diciembre de 1939 en la fundación de Falange Auténtica en la casa madrileña del coronel Emilio Rodríguez Tarduchy, jefe de Provincias de la Falange originaria, que había sido miembro de la Unión Patriótica del general Primo de Rivera y de la Unión Militar Española. La primera Junta de Mando quedó formada por el presidente, el propio Rodríguez Tarduchy; el secretario, el periodista González de Canales; y los vocales Daniel Buhigas, ex jefe de Falange de Villagarcía y anterior miembro de la Vicesecretaría de Acción Popular; Ricardo Sanz, de Asturias; Ventura López Coterilla, de Santander; Luis de Caralt, de Barcelona; José Antonio Pérez de Cabo, de Levante; Gregorio Ortega Gil, de Canarias, y Ramón Cazañas, nombrado jefe de Melilla por José Antonio y quien intentó canjearle por familiares del general Miaja. González de Canales pidió a Pérez de Cabo que resolviera el problema de financiación. La solución le costó la vida.

Armando Romero indica que fue el general Varela, deseoso de acabar con la «insolencia falangista» quien descubrió la acción de Pérez de Cabo y forzó su juicio y su condena a muerte. En la misma página de un periódico que anuncia su ejecución, se publica la concesión de una medalla al valor por su heroísmo en la guerra. Pérez de Cabo buscaba dinero para la Junta Política clandestina. «Debe tratarse de uno de los pocos casos en que una infracción administrativa se saldaba con la pena capital»{8}. En la pugna entre militares y falangistas, éstos pagaban con la muerte. En 1942 Narciso Perales y Patricio González de Canales vuelven a ser detenidos. Otros falangistas lo pasarán peor.

El 16 de agosto de ese año en el Santuario de Nuestra Señora de Begoña de Bilbao el bilaureado general Varela asiste a Misa en sufragio por las almas de los requetés muertos del Tercio Nuestra Señora de Begoña en la Guerra Civil. Los hombres con boinas rojas son centenares. Después de la misa, los carlistas se reunieron fuera de la iglesia coreando consignas monárquicas y cantando estribillos antifalangistas, se oían gritos de «¡Viva el Rey!», «¡Viva Fal Conde!», «¡Abajo el Socialismo de Estado!», «¡Abajo la Falange!», e incluso dijeron haber oído los falangistas «¡Abajo Franco!». Tres falangistas bilbaínos paseaban con sus novias por las inmediaciones. Berastegui, Calleja y Mortón. Ante la algarabía tradicionalista, gritan «¡Viva la Falange!», y «¡Arriba España!», lo que los carlistas tuvieron por provocación, enzarzándose en una ensalada de golpes. Pasaron por la zona otros cinco falangistas, que acudían a Archanda, para ir después a Irún, a recibir a algunos repatriados de la División Azul. Eran Jorge Hernández Bravo, Luis Lorenzo Salgado, Virgilio Hernández Rivaduya, Juan José Domínguez, Roberto Balero y Mariano Sánchez Covisa. Al pasar por Begoña, apercibidos de la paliza que les daban los carlistas a sus camaradas, por inferioridad numérica, ante los gritos de las novias, acudieron en su ayuda. Juan José Domínguez dispersó a los carlistas tirando dos granadas. Los falangistas fueron a denunciar los hechos en la comisaría de Policía. Y los carlistas hicieron lo mismo, cargando la mano, al acusar a los falangistas de «ataque al Ejército», por la presencia de Varela, quien, en el vestíbulo del hotel Carlton de Bilbao prometió: «Se hará justicia. Yo me encargo de ello».

En el juicio se tuvo en cuenta el hecho de que los veteranos falangistas estuvieran presentes allí y de que llevasen armas, incluidas granadas de mano, «indicaba su intención premeditada de provocar disturbios»{9}. Uno de ellos, Juan Domínguez, inspector nacional del SEU, lanzó una granada que no explotó y, a continuación, otra que explosionó e hirió a varios de los presentes. Alfredo Amestoy cifra el resultado en «70 heridos leves, carlistas en su mayoría. El general Varela, presente, se adjudicó sin razón ser él el objetivo del supuesto atentado». «Los falangistas Domínguez y Calleja, que han sido detenidos, son dos ex divisionarios que han ido expresamente a cazarle (…) Varela habla con varios colegas de armas que están en sintonía y extraen la conclusión de que el momento es oportunísimo para asestar el golpe de gracia a la Falange» (Palacios 1999: 387) Varela aprovechó el incidente como una oportunidad para acusar a la Falange en general y a Serrano Suñer en particular. Explicó el caso como un ataque falangista contra el Ejército, envió a tal efecto un comunicado a los capitanes generales de toda España, sin consultar con Franco. Varela y otros generales exigían una compensación inmediata, hasta el punto de que la conversación grabada entre Varela y Franco fue tan exaltada que sobrepasó los límites de las buenas maneras. En ella Varela acusa a Franco de no gritar nunca «Viva España» a lo que el Generalísimo le contesta: «Porque doy el ‘Arriba España’ (…) es un grito más dinámico (…) mientras que el ‘Viva España’ es un grito decadente».{10}

Los carlistas agrandaron las cifras a 117 heridos, tres de ellos graves, 25 con pronóstico reservado y cuatro de ellos muy graves de los que, más tarde, murieron tres a consecuencia de las heridas recibidas: Francisco Martínez Priegue, Roberto Mota Aranaga y Juan Ortuzar Arriaga.

El general Castejón, al que Varela presenta como camisa vieja lo que niega el propio Franco, presidió el consejo de guerra y firmó la sentencia el 24 de agosto. El resultado fue la condena de los falangistas Hernando Calleja, subjefe provincial de FET de Valladolid; Juan Domínguez, inspector nacional del SEU; Hernández Rivadulla, periodista, y Mariano Sánchez Covisa, excombatiente de la División Azul. Dos de ellos fueron condenados a muerte, el vieja guardia de Valladolid Hernando Calleja Calleja y Juan José Domínguez. Calleja salvó la vida por ser caballero mutilado de guerra.

Los esfuerzos llevados a cabo por figuras relevantes de la Falange, como Narciso Perales, Miguel Primo de Rivera, Girón, Valdes, Guitarte, Ridruejo, Tovar e incluso por el führer Hitler, que concedió a Domínguez una prestigiosa condecoración alemana, no sirvieron para salvar la vida del falangista, al que se llegó a difamar como espía de Inglaterra. De nada le valió a Domínguez su calidad de ‘vieja guardia’, muy activo en la creación del falangismo andaluz. «En Sevilla, Narciso Perales y Juan Domínguez ponían a punto una sección local, integrada por una treintena de estudiantes, que se revelaría enseguida de las más activas de la naciente Falange»{11}. Tampoco le tuvieron en cuenta los servicios prestados en ocasiones señaladas, antes de la guerra, como el tiroteo de Aznalcóllar, donde Narciso Perales y él habían arrebatado la bandera enemiga en el ayuntamiento de Aznalcóllar, rescatando a la par a varios camaradas, en medio de una refriega de tiros del 9 largo. Durante la guerra, Domínguez pasó repetidas veces de una zona a otra en la Guerra Civil, en misiones de información{12}.

El 20 de agosto de 1942 Franco presidió una concentración falangista en Vigo. En ella habló de peleas mezquinas, de torpes luchas entre hermanos y se refirió a que en España intentan retoñar pasiones y miserias. Tres días después en La Coruña, el mismo Franco se pregunta: «Camaradas del Ejército y de la Falange, ¿habrá diferencias que puedan desunirnos?». Evidentemente las había{13}. Los militares tenían a uno de los suyos en el poder y no lo querían compartir; los falangistas habían sido la vanguardia en la lucha contra la sangrienta república y ponían la forma que vestía al nuevo Estado y algunos creían que también aportaban parte de la esencia.

Serrano Suñer cuenta que le dijo a Franco: «Desde luego es intolerable que la intervención irresponsable de media docena de falangistas en una concentración en la que se grita ‘¡Viva el rey!’ y hasta –creo– algún ‘¡Muera Franco!’, se presente como una pugna entre la Falange y el Ejército […] A ese chico no se le puede matar. Ya sé que por mucho que allí se gritara a favor del rey, eso no le autoriza a tirar una bomba. Pero no ha habido muertos, él no es más que un alocado idealista, y lo hizo además porque creía que iban a matar a un compañero. Hay que castigarlo, sin duda, pero el castigo no puede ser la muerte». Lo fue.

Cuando el obispo de Madrid le pidió al Caudillo clemencia para Juan José Domínguez, Franco le contestó enigmático que tendría que condecorarlo pero ha de ejecutarle.

El 1 de septiembre de 1942 Domínguez fue fusilado. Cuando ya estaba en capilla le permitieron coger a su hija Mari Celi, que a los cuatro meses era tan pequeña que pudo pasar entre dos barrotes de la celda. Alentó Juan José a su viuda, una gallegoleonesa del pueblo de Cacabelos, y le comunicó que seguía firme en su fe y moriría brazo en alto.

«Cuando fue colocado ante el piquete de ejecución, en el verano del 42, Juan José Domínguez cantaba el Cara al sol […]. Fue el mismo día que Hitler concedía al ‘mártir’, acusado en España de ser espía británico, la Cruz de la Orden del Águila Alemana»{14}. Acaso sea un factor más que impulsó al general Varela a exigir dureza. El militar, que llegó de soldado a capitán general, era más carlista y anglófilo tras su matrimonio con la tradicionalista millonaria vasca Casilda Ampuero.

La Falange de Bilbao –más mujeres que hombres, como ha contado la viuda de Juan José Domínguez– se hizo cargo del cadáver del falangista, estuvo allí enterrado hasta que la familia lo llevó a una sepultura propia, en el cementerio del pueblo madrileño de Galapagar.

Serrano Suñer lo explicaba así poco antes de morir: «Lo de Begoña fue un suceso lamentable, pero no hubo ni fuerza ni unión ni para salvar a Domínguez ni para mantener el poder. En aquel momento vivíamos con un dinamismo trepidante, pero Franco, en seguida, se dio cuenta de que esos falangistas que parecían tan intransigentes, los Arrese, los Fernández-Cuesta, los Girón, venían a comer de la mano. Y ése fue el principio del fin. El gran amigo de todas las horas, Dionisio Ridruejo, dimitió de todos sus cargos el 29 de agosto y lo mismo hizo Narciso Perales, Palma de Plata y el tercer hombre en el mando de la Falange después de José Antonio y Hedilla. Fue por eso por lo que yo propuse que la Falange fuera ‘dignamente licenciada’» (Amestoy 2002).

Celia Martínez, la viuda de Domínguez, reconoce: «Narciso Perales se movió lo indecible, pero con su dimisión el día 29, por la pena de muerte a mi marido, ya no tuvo influencias. Incluso fue confinado». En 1942, siendo gobernador civil de León, Perales dimite y es desterrado durante más de un año en el Campo de Gibraltar. Desde allí maniobra para espiar la base británica de Gibraltar y analiza la posibilidad de volar el polvorín. La rebeldía contra Franco y la exigencia de llevar a cabo el proyecto nacionalsindicalista tenía aliados evidentes y no entre los anglosajones. Hicieron planes audaces y limitados dada su capacidad. Como dijimos, en 1943 Perales intervino en sabotajes en Gibraltar que costaron la vida de dos jóvenes españoles de 23 y de 19 años como vimos en el epígrafe anterior «División Azul».

La bomba de Begoña se politizó íntegramente. Por un lado estaban los que rodeaban a Franco, en especial Arrese, que pensaban que había que castigar al camisa vieja para complacer al Ejército. Por otro, la gente de Girón, entonces y siempre el rebelde Narciso Perales. Algunos jefes del carlismo franquista y del falangismo militante, como protesta, abandonan las filas de FET y de las JONS.

Hay otros casos de falangistas muertos en la inmediata postguerra. Son casos de lenta investigación. «José Fernández Fernández, Vieja Guardia de la Falange, Medalla Militar Individual, asesinado el 28 de agosto de 1942, contra las tapias del cementerio de Alía, junto con sus padres y otros vecinos de las localidades de La Calera y Alía (Extremadura), por cuestionar la autoridad del entonces teniente coronel de la Guardia Civil, Manuel Gómez Cantos, al intentar evitar que fusilara a toda aquella gente».{15} Estos casos evidencian que los roces fueron muchos. De forma especial cuando los falangistas empezaron a comprender que las promesas postbélicas de un Estado nacionalsindicalista eran como la definición del horizonte: una línea imaginaria que a medida que uno se acerca, se va alejando. El poder lo detentaban quienes tenían las armas y Franco sobre todos.

«La desradicalización que estaba llevando a cabo [José Luís] Arrese entre las bases de la Falange era un proceso lento y progresivo que necesitaría algunos años para completarse. Mientras tanto, seguía creciendo el resentimiento de los oficiales hacia los falangistas en general y Serrano en particular. Algunos de los generales más abiertos le exigieron personalmente a Franco que echara a su cuñado del Gobierno. Los falangistas radicales mantuvieron reuniones subversivas con los oficiales del Partido Nazi, mientras generales destacados comentaban entre ellos sobre la necesidad de llevar a cabo cambios básicos en el Gobierno español. El General Antonio Aranda, el mayor entrometido de la comandancia, alardeaba con los diplomáticos británicos –de quienes, al parecer, recibió enormes sobornos– de ser el líder de una ‘junta de generales que planeaba derrocar a Franco’, aunque no hay duda de que era una exageración»{16}.

Para Franco los falangistas seguían comportándose como niñatos a quienes gustaban las broncas y las bravuconadas. Así se lo expresará con desprecio el Caudillo a su médico personal: «Vicente, los falangistas, en definitiva, sois unos chulos de algarada»{17}. Para Franco todas estas algaradas azules no harían sino deteriorar más el prestigio de España en el exterior. A principios de ese mes, Franco había desencadenado la crisis ministerial. El 2 de septiembre de 1942, siguiendo la táctica fernandina de ‘golpe al burro negro y golpe a burro blanco’, el Caudillo había cesado a Valera en el Ministerio del Ejército, a Galarza en Gobernación y a Serrano en Asuntos Exteriores{18}. Franco eliminaba las presencias más molestas cuando era necesario acercarse a los Aliados y también se deshacía de las espigas más altas de su Gobierno, oyendo los tañidos de la campana de Huesca. En el caso de Serrano también pesó su adulterio abierto y fructífero. Varela como ministro del Ejército y Galarza de Gobernación habían manifestado excesiva independencia en una dictadura cuando tras el incidente de Begoña despacharon mensajes a los capitanes generales y gobernadores civiles de toda España sin consultar con Franco.

Por el referido fusilamiento, como quedó dicho, dimitieron los falangistas Narciso Perales y Dionisio Ridruejo. Éste había escrito al comprender la diferencia entre el partido real y la promesa azul: «La Falange (…) no es ni siquiera una fuerza. Está dispersa, decaída, desarmada, articulada como una masa borreguil (…) De la ‘Falange esencial’ no me voy»{19}. Franco quiso dar satisfacción a los camisas viejas, comprendía que el fusilamiento había sido necesario para calmar a sus compañeros de armas pero se estaba produciendo un terremoto en el partido único. Nombró a Blas Pérez González, amigo de José Antonio Girón, para sustituir a Galarza en las responsabilidades de interior. «El elegido para Gobernación no se quitaba el uniforme de Falange ni para dormir y era amigo de Girón» (Merino 2004). Blas Pérez González había sido catedrático de Derecho en la Universidad de Barcelona y era comandante del Cuerpo Jurídico Militar. «Varela era más difícil de sustituir y Franco terminó por poner en su puesto al general Carlos Asensio, que era proalemán, pero muy leal y eficaz»{20}. Por consejo de Carrero Blanco, para evitar la imagen de una crisis con vencedores y vencidos, también fue destituido Serrano Suñer el dos de septiembre de 1942, que dejó de ser ministro de Asuntos Exteriores y presidente de la Junta Política de FET.

Los sinsabores de los falangistas no habían acabado ese año. Rafael García Serrano, voluntario falangista navarro, ganó el premio nacional de literatura ‘José Antonio Primo de Rivera’ con su novela La fiel infantería, sobre la vida en los frentes. A pesar del galardón recibido su obra fue censurada por el clero. Fue editada, casi completa, en 1964, unos 22 años después.

Aunque no quedan huellas aparentes en los periódicos de la época de las actuaciones falangistas rebeldes, sí las hay en los expedientes gubernativos. «La existencia de rebeldes falangistas en torno a una ‘Falange Auténtica’ queda demostrada por los intentos de reprimirla desde el Ministerio de Gobernación. En 1943, el antifalangista Galarza cursaba al Ministro Secretario General un escrito en el que se interesaba por las relaciones entre miembros de una denominada ‘Falange Auténtica’ y la Secretaría General del Movimiento, ya que se iba a proceder contra aquéllos».{21} La represión no fue multitudinaria. Los reclusos falangistas fueron concentrados en la prisión de Alfaro, en Logroño. Los militantes detenidos en otras cárceles estaban acusados de delitos comunes, como fue el caso de Pérez de Cabo.

No sería el único año de la represión contra los falangistas revolucionarios, que Franco había iniciado en 1937, pero sí fue el año en que los camisas azules cayeron en el paredón de los nacionales, a la par que el Estado seguía usando el acompañamiento coreográfico nacionalsindicalista.

Gustavo Morales

Notas

{1} Entrevista a Siro de Verónica Viñas, en:
www.diariodeleon.es /reportajes/noticia.jsp?CAT=3D345&TEXTO=3D4306775].

{2} Gonzalo Garcival, «El hermano falangista de Durruti», Crónica El Mundo, 1º abril 2007.

{3} foros.diariovasco.com/foroshist/read.php?v=3Dt&f=3D2&i=3D90346&t=3D90346

{4} Testimonios perso.wanadoo.es/jorgegroj/testimonios.htm

{5} José Antonio Primo de Rivera, Obras Completas
www.rumbos.net/ocja/jaoc0137.html

{6} José Antonio Primo de Rivera, Obras Completas, pag. 648/649, www.plataforma2003.org/diccionario-falange/diccionario_p.htm.

{7} Francisco Blanco, ‘La proyección de la Falange en México’, El Rastro de la Historia, nº 11. [www.rumbos.net/rastroria/rastroria11/lindo_querido.htm].

{8} Francisco Blanco, «Hacia una historia del FES», El Rastro de la Historia, nº 14. [www.rumbos.net/rastroria/rastroria04/Historia_FES_III.htm].

{9} Diccionario falangista
www.plataforma2003.org/diccionario-falange/diccionario_b.htm#begoña,atentado

{10} La conversación está recogida por Laureano López Rodó en el anexo de La larga marcha hacia la monarquía. Aparece extractada en La España totalitaria de Jesús Palacios.

{11} Julio Gil Pecharroman, José Antonio Primo de Rivera, retrato de un visionario, Temas de Hoy, Madrid 1996, página 179.

{12} ‘Juan-José Domínguez: falangista fusilado por Franco’, El Rastro de la Historia, nº 12 [www.rumbos.net/rastroria/rastroria12/dominguez_.htm].

{13} Laureano López Rodó, La larga marcha hacia la monarquía, Plaza & Janés, Barcelona 1979, pág. 31

{14} Alfredo Amestoy, ‘El falangista que fusiló Franco’, El Mundo (1/09/2002) [www.el–mundo.es/cronica/2002/359/1030952812.html].

{15} El ave fénix maldita [www.falange-autentica.org/article.php?sid=3D299].

{16} Stanley G. Payne, ‘Tensión política interna. España época: primer franquismo 1942 Franco y la Segunda Guerra Mundial’,
http://www.artehistoria.jcyl.es/histesp/contextos/7386.htm

{17} Vicente V. Gil, Cuarenta años junto a Franco, Planeta, Barcelona 1981, página 31.

{18} César Vidal, «Enigmas de la historia y 4. ¿Intentó Hitler derribar a Franco?», revista.libertaddigital.com/articulo.php/1275767536

{19} Jesús Palacios, La España totalitaria. Las raíces del franquismo: 1934-1946, Planeta, Barcelona 1999, pág. 396-398.

{20} Heleno Saña, El franquismo sin mitos, Ediciones Grijalbo, Barcelona 1982, pág. 267.

{21} Francisco Blanco et al «Hacia Una Historia Del F.E.S. (II)» El Rastro de la Historia, nº 3, [www.rumbos.net/rastroria/rastroria03/historia_FES_II.htm].


Article printed from Altermedia Spain: http://es.altermedia.info

URL to article: http://es.altermedia.info/general/falangistas-contra-franco-los-azules-fusilados-en-1942_1779.html

01:10 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 17 septembre 2007

Prise de Melilla

78d76d6cca8dcdfbe9680b72f3cde5e0.jpg

Prise de Melilla

17 septembre 1497 : Les troupes du Roi de Castille, commandée par le Duc de Medina-Sidonia, débarquent sur le sol nord-africain et prennent la ville de Melilla, toujours espagnole depuis, malgré les tentatives insidieuses du Maroc de la reprendre. L’impératif géopolitique d’une Europe rendue à elle-même serait de défendre bec et ongles, et en bloc, la souveraineté espagnole sur ce territoire.

04:45 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

1941: viol de la neutralité iranienne

0df81a5f0c9c2dab6266df91b3eb9495.jpg

Viol de la neutralité iranienne

17 septembre 1941 : Après le viol de la neutralité iranienne par les Britanniques et les Soviétiques, qui occupaient seulement le nord du pays (région de Tabriz) et les champs pétrolifères du sud depuis le 25 août, la capitale Téhéran est investie le 17 septembre et les chars anglais s’approchent du palais du Shah. Les troupes iraniennes ne peuvent qu’opposer une résistance symbolique (comme à Kerman dans le centre du pays contre les divisions indiennes de l’armée britannique). Les envahisseurs forcent le Shah à abdiquer en faveur de son fils, qu’ils espèrent manipuler à leur guise. Le Shah Reza Khan mourra misérablement en exil en Afrique du Sud, où l’on refusera de le soigner d’un cancer. Les Britanniques éliminent ainsi un adversaire tenace, qui n’entendait pas leur laisser une mainmise totale sur les pétroles perses. L’occupation de l’Iran procurera aux alliés la victoire sur l’Allemagne. Et pas uniquement grâce à ses réserves de pétrole. C’est en effet par le territoire iranien que transiteront les fournitures de matériel lourd aux troupes soviétiques, via le nouveau chemin de fer transiranien, créé par Reza Khan et amélioré rapidement par des ingénieurs américains dès l’occupation du pays, via la navigation maritime intérieure sur la Caspienne et la navigation fluviale sur la Volga et les canaux qui relient son bassin aux lacs Ladoga et Onega, puis ceux-ci à la Mer Blanche, à l’Arctique et à l’Atlantique. Les Alliés disposent d’une voie ininterrompue qui part des Etats-Unis à l’Océan Indien, en passant par la Russie et l’Iran. Seule la prise de Stalingrad aurait permis aux Allemands de rompre cette continuité territoriale et stratégique. C’est pourquoi la bataille, dont cette ville fut l’enjeu, a été véritablement cruciale.

02:30 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Pays-Bas: guerre de religions

06d8b841eb11c8d1a278caed45dd4917.gif

 

Mouvement Identitaire Démocratique – Bruxelles – septembre 2007

 

Pays-Bas : en pleine guerre de religions

Réflexions hétérodoxes sur le relativisme occidental et l’absolutisme axiologique islamique

 

Note à l’adresse des lecteurs wallons : Encore une réflexion issue du « ‘t Pallieterke » d’Anvers, qui tient, chaque semaine, une rubrique sur la Wallonie, les Pays-Bas, la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Dans la rubrique consacrée aux Pays-Bas, nous pouvons suivre l’essentiel de la politique néerlandaise, grande inconnue de notre presse subsidiée, alignée et muselée, qui a toutefois le culot de se prétendre la plus démocratique de la planète. On nous parle à satiété du Congo, d’ex-colonies françaises très éloignées de nos préoccupations quotidiennes, de dictateurs exotiques qu’il convient de fustiger avant chaque repas, fût-il le plus frugal, de méchants fascistes qu’il faut exécrer de toutes nos tripes et qui sévissent en Hongrie ou en Russie, etc. mais on ne nous dit rien de la politique allemande ou néerlandaise, scandinave ou centre-européenne, on ne nous pipe mot des mouvements de fonds qui secouent la Grande-Bretagne, comme l’indépendantisme gallois ou écossais. C’est la raison majeure qui nous a poussé à traduire ce premier article de la rubrique néerlandaise du « ‘t Pallieterke », intitulée « Den Vaderlandt ghetrouwe » (inspiré de l’hymne national néerlandais dans sa graphie du 16ième siècle).L’intérêt de cet article est de nous faire entrevoir une approche para-théologienne de la politique, inconnue chez nous, et qui mérite pleinement l’attention du politiste ou du militant engagé.

 

Aux Pays-Bas règne non seulement une effervescence politique mais aussi une non moins remarquable effervescence religieuse. Car la religion aux Pays-Bas est tributaire de l’identité culturelle de la nation. Jadis, les choses y étaient simples. D’un côté, il y avait les protestants dans toutes leurs diversités. De l’autre, on avait les catholiques qui formaient une unité monolithique. Dans le meilleur des cas, les deux communautés vivaient séparées, du berceau au tombeau, véritable apartheid de fait, dans un état de guerre froide perpétuelle. Dans le pire des cas, les protestants cassaient la figure aux catholiques. Cette différence religieuse n’était pas seulement de nature historique : une cassure géographique existait tout aussi clairement. Même longtemps après la deuxième guerre mondiale, on pouvait tracer une ligne droite sur la carte du pays, de Hulst en Flandre zélandaise jusqu’à Almelo dans la province d’Overijssel. Tout ce qui était au nord de cette ligne était protestant, tout ce qui se trouvait au sud était « papiste ». Une partie de la Zélande, le Brabant septentrional, le Limbourg néerlandais, le Pays de Gueldre et l’Overijssel étaient catholiques romains. Les autres provinces ne l’étaient pas. Seulement dans les provinces de Hollande septentrionale, de Hollande méridionale et d’Utrecht on pouvait trouver, ci et là, quelques enclaves catholiques dans des régions rigoureusement protestantes. A cela s’ajoutait des communautés juives plus ou moins importantes qui vivotaient, sans trop se faire remarquer, entre les deux grandes confessions des Pays-Bas.

 

Cette ligne de démarcation religieuse n’existe plus de nos jours : elle s’est transformée en ligne de démarcation culturelle. Mais, en réalité, les conceptions religieuses et culturelles sont partout les mêmes aujourd’hui. Tant le protestantisme que le catholicisme néerlandais ont perdu leurs aspérités doctrinales et se sont fondus dans une sorte de relativisme hollandais généralisé, qui s’insurge contre toute pensée dogmatique et qui ressemble, comme deux gouttes d’eau au libéralisme juif contemporain. Jusqu’il y a peu, ce relativisme culturel échevelé était le produit d’exportation le plus connu des Pays-Bas. Ce relativisme culturel est l’aboutissement de la révolution protestante portant sur les normes et les valeurs, une révolution qui avait commencé au 16ième siècle pour se terminer provisoirement, mutatis mutandis, dans les dernières décennies du 20ième.

 

Les Pays-Bas ne reconnaissent donc plus aucune valeur ni norme. En témoignent la légalisation sur l’avortement, l’euthanasie et le mariage homosexuel. Mais simultanément, le relativisme culturel, et partant, religieux, des Pays-Bas a été ébranlé dans son sommeil paisible au cours des trois dernières décennies. Par l’arrivée massive de travailleurs immigrés venus de pays islamisés, les Pays-Bas sont devenus l’arène où se déroule, de fait, une guerre de religion entre le relativisme et l’absolutisme axiologiques dans le monde de la culture et, par voie de conséquence, sur le terrain religieux. Pendant la première décennie de présence musulmane aux Pays-Bas, on n’a pratiquement rien remarqué de l’intolérance islamiste. Le nombre d’immigrants n’était pas fort important et leur présence avait le goût de l’exotisme et de la nouveauté. Aujourd’hui, les choses ont bien changé. La majorité des Néerlandais ne sont plus croyants. La plupart d’entre eux sont conscients de leur athéisme ou agnosticisme et l’affirment sans baisser les yeux et sans rougir. Mais beaucoup de Néerlandais engagés dans des cercles religieux militants chrétiens, protestants ou catholiques, ont une position plus ambiguë, car leur christianisme s’est si édulcoré qu’il n’est finalement plus qu’une maigre couche d’un vernis résiduaire bien estompé.

 

Une guerre culturelle

 

Face à ces chrétiens, toutes confessions confondues, la communauté musulmane des Pays-Bas est bien consciente de son identité religieuse. Si la première génération de travailleurs immigrés ne constituait encore qu’une minorité insignifiante, et ne cultivait aucune ambition culturelle ou sociale, la génération actuelle fait entendre bruyamment sa voix. Le catholicisme, dans ce contexte, peut aligner, en théorie, le chiffre de 4,5 millions de croyants et le protestantisme, dans sa luxuriante diversité, un peu plus de 2,5 millions ; ces chiffres sont cependant trompeurs. Car ces protestants et catholiques ne se différencient guère, sur le plan du relativisme culturel, des 43% de Néerlandais qui se déclarent incroyants. Tous, incroyants, catholiques ou protestants, sont des moutons dociles qui ne croient même pas à ce qu’ils affirment haut et fort à l’occasion, et ne font pas le poids face au gros million de musulmans du pays. Je ne veux pas dire que ces musulmans sont tous des fondamentalistes islamistes, mais la grande majorité d’entre eux sont tous simplement des croyants et inscrivent leurs existences dans un cadre de normes et de valeurs absolues.

 

Si l’on suit l’actualité politique néerlandaise, comme le font les rédacteurs de cette rubrique hebdomadaire, on constate que la situation ou les événements ponctuels sont bel et bien le reflet de ce choc entre un relativisme autochtone généralisé et un absolutisme axiologique allochtone. Depuis des siècles, les Pays-Bas se posent comme l’avant-garde d’un libéralisme culturel universel. Aujourd’hui, rien n’a changé sur ce chapitre, sauf que la présence des immigrés musulmans donne lieu à une nouvelle lutte qui est essentiellement spirituelle et religieuse. Le relativisme culturel est omniprésent et omnipotent aux Pays-Bas depuis que Luther et Calvin, par la réforme qu’ils ont initiée, côté protestant, et depuis qu’un théologien ultra-moderniste comme Schillebeeckx flanqué de ses acolytes et successeurs, embrayent, côté catholique, sur les aggiornamenti de Vatican II, ont sapé les assises de toute forme de pensée dogmatique en religion. Des phénomènes comme le « Mouvement du 8 mai » ou la récente offensive dominicaine aux Pays-Bas contestent désormais le caractère sacramental de la prêtrise : voilà bien une illustration claire que le travail de sape continue. L’islam radicalisé, pour sa part, n’a pas subi un tel travail de sape et conserve sa croyance en des valeurs fondées dans l’absolu. La confrontation entre relativisme et absolutisme axiologique a donc lieu, aujourd’hui même, aux Pays-Bas, avec une acuité plus forte qu’ailleurs. Le climat social, chez nos voisins du Nord, présente déjà nettement des caractéristiques proto-révolutionnaires. Le combat réel n’a certes pas encore commencé, mais une chose est d’ores et déjà certaine : les Bas Pays près de la Mer du Nord vont redevenir le théâtre de guerre où des combats décisifs vont se livrer.

 

« BiM ! »

(article paru dans « ‘t Pallierterke », Anvers, 12 septembre 2007).       

01:30 Publié dans Affaires européennes, Histoire, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 16 septembre 2007

Prise d'Antequera

598715d74ef42f265bed723d8bf22a4d.jpg

Prise d'Antequera

16 septembre 1410 : Don Fernando, Régent de Castille, avait lancé, pendant l’été 1410, une offensive contre les Maures de Grenade. Le 16 septembre, la place d’Antequera tombe aux mains des forces castillanes, libérant ainsi une nouvelle portion du territoire européen de l’emprise mauresque. Cette bataille marque le début de l’expansion espagnole en Méditerranée. Le prise d’Antequera permet aux Castillans d’engranger de la puissance et de repartir très vite à l’offensive, en direction du bassin occidental de la Méditerranée, car, en 1412, le fils de Don Fernando, Alphonse, reçoit Naples en fief et, en 1415, les Portugais débarquent sur les côtes marocaines et s’emparent de Ceuta, qui passera plus tard à l’Espagne, qui a gardé la place jusque aujourd’hui, place que lui conteste le Maroc. Dans cette affaire très actuelle, qui date de six siècles, l’Europe légitime doit appuyer l’Espagne sans conditions.

03:45 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La escuela de mistica fascista

4b1cfae30eae2c46d1e7d3d64cfb0e50.jpg

Antonello Patrizi

La escuela de mistica fascista

En los primeros días de abril de 1930 Niccolò Giani funda en Milán, junto a un grupo de jóvenes mayoritariamente universitarios, la Escuela de Mística Fascista: “Para la gran mayoría de nuestros compañeros –escribía Giani- nuestra revolución era contemplada con relación a sus logros concretos, el aspecto profundamente espiritual del fascismo se les escapaba en todo o casi. Frente a tal petrificación de nuestra revolución nos levantamos” (1)

La Escuela (que se autotituló Sandro Itálico Mussolini hijo de Arnaldo Mussolini prematuramente desaparecido) se proponía “difundir mediante conferencias y publicaciones, los principios conformadores de la Mística Fascista y su realización especifica” (2).“No busquéis más allá –escribía Giani director de la Escuela hasta 1941- mirad el fascismo, preparaos para conocerlo y lo amareis, estudiadlo y se convertirá en vuestra idea. No será para vosotros una cadena sino un vínculo de amor que enlace con un estadio más grande para la humanidad. Será para vosotros y para todos la aurora de un nuevo día”.(3)

La actividad de los jóvenes místicos se centraba en reuniones públicas, abiertas a todos “puesto que –afirmaban- el Fascismo es apostolado al que todos pueden acercarse con corazón sincero para sentir la belleza y tomar conciencia de la altura de la misión que la providencia ha confiado al Duce”(4). Inspirador del grupo de jóvenes de la Mística fue Arnaldo Mussolini (5) que con el discurso Conciencia y deber, pronunciado durante la inauguración del tercer año de la escuela, suministró a los jóvenes místicos lo que consideraron su manifiesto ético-político, “el espíritu que os anima –había afirmado Arnaldo Mussolini- está en perfecta sintonía con el transcurrir del tiempo que no conoce barreras ni límites críticos; Mística constituye una llamada a una tradición ideal que revive transformada y recreada dentro de vuestro programa de jóvenes fascistas renovadores. […] Para nosotros el problema de los jóvenes es una cuestión de formación sólida del carácter y para vosotros los jóvenes se resume en la indisoluble unidad de este binomio: conciencia y deber. […] El mañana debe ser mejor que el hoy. En una palabra, vosotros debéis ser mejores que nosotros. No me disgusta ver en vosotros a jueces severos e intransigentes con cosas y personas. […] Las cuestiones de estilo incluso en asuntos menores deben tener para vosotros una importancia singular, esencial. Todo joven fascista debe sentir el orgullo de su juventud unida al sentido de sus propios límites […] cualquier mácula en el estilo, estará siempre fuera del espíritu y fuera de los hábitos fascistas. Las miserias no son dignas del siglo veinte. No son dignas del Fascismo. Nos son dignas de vosotros”.(6)

El culto al Duce, como fundador y máximo intérprete del fascismo y de su misión histórica, se colocó en el centro de la actividad de las Escuela de Mística Fascista. “Toda auténtica revolución mundial –escribía Giani- tiene su mística, que es su arca santa, es decir el conjunto de ideas-fuerza que están destina a desplegarse y actuar sobre el subconsciente de los hombres. La Escuela ha surgido precisamente para extraer del núcleo del pensamiento y de la acción del Duce estas ideas-fuerza. La fuente, la única, exclusiva fuente de la mística es de hecho Mussolini, solamente Mussolini. ¿Es que acaso ignorando o no conociendo a fondo el pensamiento del Duce se puede afirmar que se es fascista? Nosotros decimos que no. Que el fascismo no es instinto sino educación y por ello es conocimiento de su mística, que es conocimiento de Mussolini”(7) En el estudio de Mussolini, único y auténtico “evangelio del fascismo”, los jóvenes de la mística encontraban todas las respuestas, “solo Su palabra puede dar respuesta exacta y perfecta a nuestras dudas, puede aplacar nuestras ansias, puede disipar nuestras dudas. He aquí por qué razón Sus actos y Sus discursos deben ser nuestro viático cotidiano, nuestro breviario de cada día, la respuesta rápida a todas nuestras angustias secretas. He aquí por qué los jóvenes debemos tenerlo siempre cerca y estudiarlo con amor, conocerlo sin lagunas, profundizando en él sin descanso. […] Dudas y pesimismo, miedos e incertidumbres desaparecen cuando se abre la página correcta y se lee el pensamiento preciso del jefe. Esta alegría y esta riqueza deben ser generales: es lo que queremos; y para ello debemos lograr la exposición orgánica de todo Su Pensamiento y de toda Su Acción”(8).

La fe se consideraba por los “místicos” como uno de los principales valores de la militancia política, Giani “fue sobre todo un creyente y un intransigente.. Algunos podrían denominarlo un fanático […]. Su espíritu se rebelaba contra cualquier forma de compromiso; en el terreno de la fe no admitía componendas; lo bello, lo bueno, lo verdadero están a un lado de la trinchera; en el otro lado lo feo, el mal, la mezquindad”.(9) Los jóvenes de la mística se sentían parte de una orden religiosa, de hecho en la consigna dada a la Escuela por Mussolini había dicho de ellos: “La mística es más que partido orden. Quien forma parte de ella debe estar dotado de un gran fe. El fascismo debe tener sus misioneros, es decir que sepan persuadir de la intransigencia de la fe. Es la fe la que mueve –literalmente- las montañas. Esta podría ser vuestra consigna.”(10).

Fueron frecuentes los llamamientos desde la Escuela para combatir el espíritu burgués en todas sus formas: “rechazamos –escribía Giani- con todas nuestras fuerzas a aquellos que querrían sofrenar la Revolución reduciéndola a diligente y disciplinado guardián de sus pequeñas o grandes, pero siempre miserables, fortunas, olvidando que al Fascismo hay que servirle y no servirse de él […] Señalemos a los temerosos, a los remolones, a todos los que en la revolución han visto y continúan viendo solamente al carabinero que debe garantizar su respetuosa tranquilidad doméstica”.(11)

Tenía –según Daniele Marchesini- “una actitud intolerante ante todo cuanto no fuese fanáticamente ortodoxo y se opusiera a la realización de un fascismo revolucionario. Mantenía […] una polémica llevada con sinceridad, honestidad y buena fe contra el “arribismo” y el “conformismo”, contra una jerarquía esclerotizada por la burocrática mentalidad de las media tintas” (12). Los jóvenes de la mística debían formar a los hombres, a los hombres nuevos, a los italianos de Mussolini, “solo cuando un valor –escribía Giani- o un principio se hace connatural hasta el punto de convertirse exigencia irrevocable, o sea estilo, es históricamente operativo. Y el estilo, solamente el estilo es revelador de la capacidad de los hombres nuevos y el estilo distingue realmente al fascista”(13). La mística debía representar no una “concepción cultural”, sino de un modo de vivir fascista, “no quiere suministrar cultura, ni doctrinarismo, sino que ellas es y quiere ser maestra de vida: que todo vuelve a los hombres, ha dicho Mussolini” (14).

“Somos de los místicos –afirmaba Giani en el Encuentro nacional organizado por la Escuela en 1940 sobre el tema “Por qué somos de los místicos”- porque somos de los intransigentes, de los sectarios, si tal cosa puede decirse, del Fascismo, partisanos

por antonomasia y por ello mismo, para el burgués clásico, también absurdos […] por lo demás en lo imposible y en lo absurdo solamente no creen los espíritus mediocres. Pero cuando existe la fe y la voluntad, nada es absurdo […] La historia es y será siempre un absurdo: el absurdo del espíritu y de la voluntad que somete y vence a la materia: es decir la mística. Fascismo igual a Espíritu, igual a Mística, igual a Combate, igual a Victoria, porque creer no se puede si no se es místico, combatir no se puede si no se cree, avanzar y vencer no se puede si no se combate”(15)

El estallido de la guerra representó para los jóvenes de la Escuela el banco de pruebas de su capacitación, “una revolución –había escrito F. Mezzasoma vicedirector de la Escuela- que quiera mantenerse y perpetuarse en el tiempo tiene necesidad de poner a prueba bajo el fuego de la guerra la idea de la cual ha surgido y por la cual combate” (16). En la primavera de 1943 serán 16 los caídos (cinco las Medallas de oro) de la Escuela.Niccolò Giani cayó en Albania el 14 de marzo de 1941. Se le confirió la Medalla de Oro al Valor Militar a título póstumo por los siguientes motivos: “Voluntariamente, como ya había hecho otras veces, asumió el mando de una dura patrulla de asalto, a la cual se le había confiado una misión arriesgada. Combatiendo contra fuerzas superiores en numero, con gran coraje las atacó usando bombas de mano, haciendo prisionero a un oficial. Rodeado, dispuso con soberbia calma y decisión a sus hombres para resistir. Falto ya de municiones, se lanzó contra el enemigo a la cabeza de los escasos supervivientes, a bayoneta calada, para no ser capturados. Mientras que en pie lanzaba su última granada y arengaba a los arditi con su heroico ejemplo, al grito ¡Adelante Bolzano, Viva Italia! , cayó herido de muerte. Magnifico ejemplo de sentido del deber, de excelso valor y amor patrio.”(17) Su muerte fue coherente con el ideal de una vida entendida como sacrificio y heroísmo, era el retorno de la enseñanza de Arnaldo: “ Ser siempre entusiastas, jóvenes, lleno el espíritu de alegría, alegres de combatir y alegres de morir, para dar a este mundo que nos rodea la forma de nuestros sueños y de nuestros ideales”(18).

Antonello Patrizi
del Instituto Siciliano de Estudios Políticos de Palermo, ISSPE.

NOTAS:

(1) Libro e moschetto, 20 marzo 1930.
(2) D. Marchesini, La Scuola dei gerarchi, Feltrinelli, Milano 1976.
(3) N. Giani, Aver coraggio, Dottrina fascista, settembre 1937.
(4) ACS, Segr. part. Duce, carteggio ord. N. Giani, 509017, fasc. SMF, programma della Scuola per l’ anno XI.
(5) Cfr. M.Ingrassia, L’idea di Fascismo in Arnaldo Mussolini, ISSPE, Palermo 1998.
(6) A. Mussolini, Coscienza e dovere, in Il Popolo d’ Italia, 1 dicembre 1931.
(7) Generazioni di Mussolini sul piano dell’ impero, estratto dalla rivista Tempo di Mussolini, n. 2 1937.
(8) idem.
(9) F. Mezzasoma, Niccolò Giani discepolo di Arnaldo, in Dottrina fascista, luglio 1941.
(10) D. Marchesini, La Scuola dei gerarchi, cit.
(11) N. Giani, Aver coraggio, cit.
(12) D. Marchesini, Un episodio della politica culturale del regime: la Scuola di Mistica Fascista, in Rivista di Storia Contemporanea, n. 1 1974.
(13) N. Giani, La mística come dottrina del fascismo, in Dottrina fascista, aprile 1938.
(14) Idem.
(15) N. Giani, Perché siamo dei mistici, in Dottrina fascista, gennaio-marzo 1940.
(16) F. Mezzasoma, Il cittadino della nuova Italia, in Dottrina fascista, febbraio-marzo 1942.
(17) ACS, Segr. part. Duce, carteggio ord., N. Giani, busta 985, fasc. 509017/2, segreteria politica del PNF.
(18) A. Mussolini - F. Belfiori - L. Gagliardi, Arnaldo: la rivoluzione restauratrice, Settimo Sigillo, Roma 1985.

(Trad. A. Beltrán)


Article printed from Altermedia Spain: http://es.altermedia.info

URL to article: http://es.altermedia.info/general/la-escuela-de-mistica-fascista_1780.html

02:05 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook