Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 24 avril 2018

Le Libéralisme et ses alternatives pour le XXIème siècle

VB-éco.jpg

Le Libéralisme et ses alternatives pour le XXIème siècle

 
Ex: https://www.katehon.com

2ème colloque de Chisinau (15-16 décembre 2017)
Contribution à la 4ème théorie économique. »

Discours Chisinau le 14 Décembre 2017

Mesdames et Messieurs,

Je suis très honorée d’avoir été invitée à ce deuxième colloque de Chisinau consacré aux questions économiques.Une analyse de la problématique économique sera d’autant plus utile que la question sera abordée sous différents angles, qui permettront d’en mieux cerner les contours. Pour comprendre la question économique, il me semble en effet tout à fait impératif de mettre cette dernière dans un contexte spatio-temporel de nature institutionnelle. Aucune dissertation sur la question économique ne peut valablement trouver de fil conducteur si l’on ne fait pas l’effort de pratiquer une analyse sérieuse de son évolution institutionnelle dans le temps et dans l’espace.

Or l’analyse des institutions, mesdames et messieurs, ne ressort pas à strictement parler du champ de compétence des économistes, qui sont des praticiens du domaine économique. L’examen du cadre institutionnel de l’économie est de la compétence des juristes.C’est donc en ma qualité de juriste que je vais intervenir à l’occasion de ce colloque consacré à la problématique économique. C’est également en ma qualité de juriste que je vais faire une indispensable incursion dans le champ monétaire et financier.

A titre liminaire, il semble utile de replacer le cycle de conférences de Chisinau dans son contexte institutionnel international. Le présent colloque s’inscrit dans le droit-fil de la Déclaration de Philadelphie du 10 mai 1944 qui, si elle avait été appliquée, se serait opposée à la fois à la liberté absolue du commerce international tenu par les multinationales et à l’établissement d’un système monétaire international unifié. Ceci est une vaste histoire…

J’ai commencé l’analyse juridique et institutionnelle de la question économique à l’occasion de mon travail de thèse, consacré à l’entreprise. Par la suite, mon expérience en tantqu’avocate dans le domaine de la fiscalité internationale et plus précisément des prix de transfert,a induit une réorientation du champ de mes analyses. Mon approche, initialement juridique et institutionnelle, du domaine économique s’est peu à peu transformée en approche politique et géopolitique.Parce que touteanalyse institutionnelle se poursuit nécessairement, naturellement, parune mise en perspectivepolitique et géopolitique.

L’économie, en raison des implications qu’elle a dans le quotidien des gens, doit aujourd’hui être considérée comme LA matière politique et géopolitique par excellence.Dans le contexte actuel de crise perpétuelle, si d’aucuns dissertent à l’envie et avec plus ou moins d’arrières pensées, sur l’impasse économique et financière dans laquelle le monde est plongé, personne ne semble entrevoir, et encore moins proposer,la moindre solution pour sortir de l’impasse.

Or, un problème qui ne trouve pas de solution est un problème qui est mal posé.Le problème économique me semblejustement particulièrement mal posé.Pour vous en convaincre, je vais vous faire part des constats auxquels mon approche, que d’aucuns jugeront « iconoclaste »,et qui est d’ordre juridique, institutionnelle, politique et géopolitique a abouti. Le qualificatif « iconoclaste », appliqué dans un contexte de pouvoir temporel et non pas dans un contexte de pouvoir spirituel, ne doit pas faire peur.Il est en effet tout à fait nécessaire de s’opposer à la tradition, même lorsqu’elle date de plusieurs centaines d’années, lorsque celle-ci mène l’humanité à sa perte ; or c’est justement dans cette direction que nous courrons collectivement. Il est des époques qui doivent être politiquement « iconoclastes », et nous sommes justement au cœur d’une telle époque.En pratiquant l’approche politique et géopolitique de l’économie, j’ai découvert un certain nombre d’éléments qui désignent, à eux seuls, la voie conceptuelle permettant de sortir de l’actuelle impasse économico-monétaire. Impasse qui sévit au niveau mondial et qui nous mène tout droit vers la destruction des peuples et la construction d’un gouvernement mondial dirigé par les principaux détenteurs de capitaux de la planète.
Cette petite introduction, nécessaire à la compréhension du sujet, m’amène à fairela remarque selon laquelle les milieux académiques ne considèrent jamais l’économie selon cette approche institutionnelle, politique etgéopolitique, pourtant déterminante. D’un point de vue académique, les économistes pratiquent l’économie tandis que les juristes mettent l’économie en musique règlementaire, sans jamais questionner la pertinence du cadre.Les juristes se cantonnent aujourd’hui à un rôle secondaire consistant à mettre en œuvre et éventuellement àperfectionner les règlementations économiques. Ils ont, depuis beaucoup trop longtemps, abdiqué leur rôle politique consistant à avoir une approche dynamique et critique de la législation.Ce faisant, les juristes sont devenus inutiles, de simples parasites alimentant un système économico-politique, de type newtonien, qui éloigne toujours plus l’humanité du soleil nécessaire à sa survie. Cette pente malheureuse est née de l’influence de la théorie pure du droit d’Hans Kelsen ; à partir de là les juristes praticiens sont devenus structurellement incapables de questionner les finalités du droit, seules les techniques juridiques leur sont restées accessibles.

Pour retourner dans le vif du sujetéconomique et des alternatives envisageables, il faut d’abord et avant tout comprendre que les forces à l’œuvre dans le monde dans lequel nous vivons ont, au fil des siècles, organisé une domination institutionnelle totale du pouvoir économique sur le pouvoir politique. Cette domination devra prochainement trouver sa conclusion logique dans l’avènement d’un gouvernement mondial, appelé « Nouvel Ordre Mondial » par ses partisans. En réalité, ce Nouvel Ordre n’a rien de nouveau, il est l’aboutissement logique de la constante élévation sociale de l’ordre des banquiers commerçants qui a, aujourd’hui, rang de puissance politique. Cet ordre des banquiers commerçants, dont on peut, grosso modo, faire remonter la naissance à l’époque des Grandes Découvertes, en raison du considérable enrichissement dont ils ont pu alors bénéficier, est aujourd’hui arrivé à un point où il a acquis un pouvoir mondial de type monopolistique. Les tenanciers de ce pouvoir économique, à force d’accaparement des richesses, sont parvenus au stade où ils imposent des institutions internationales à leur mesure. Le constat, malheureux, est qu’aucune instance politique n’est plus en mesure de lutter efficacement contre ce conglomérat de banquiers commerçants, qui pratique un pouvoir absolu et sans partage.

« Comment en est-on arrivé là ? »…Est une longue histoire faite de luttes, de contre-luttes et d’un nombre considérable d’abdications.

Dès le début, la caste naissante et ambitieuse des banquiers commerçants a entrepris un mouvement en double révolution (sans jeu de mot), consistant d’une part en un effort conceptuel afin de dissoudre le « pouvoir » politique en place, et d’autre part à mettre en œuvre, pays par pays, une institution capable de centraliser et gérer les masses monétaires en circulation. Concrètement, les deux principaux outils utilisés par le pouvoir économique, pour s’élever au rang de pouvoir politique, ont été : premièrement l’élaboration et la diffusion du principe de « séparation des pouvoirs » et, deuxièmement la mise en place de « banques centrales ».Les Français ont eu un rôle de fer de lance dans la mise en place conceptuelle etinstitutionnelle de ces deux éléments de destruction massif des peuples et des Etats. Il semble juste, en retour,que des Français établissent les mesures conceptuelles qui permettront le rétablissement des Etats au sens politique du terme - qui est le sens premier et le seul pertinent -, dans leur capacité de fonctionnement normal. Dans le contexte actuel, il ne faut en revanche malheureusement pas compter sur des Français pour mettre en œuvre institutionnellement ces concepts nouveauxdont la finalité est la rénovation du pouvoir politique. Nous y reviendrons…

Le premier moyen mis en place par les détenteurs du fait économique dans leur quête du pouvoir est le principe dit « de séparation des pouvoirs », théorisé par Charles Louis de Secondat baron de Montesquieu. Ce principe a eu le succès spatio-temporel que vous savez.Universellement reconnu comme le seul moyen institutionnel de limiter le pouvoir, il a permis une uniformisation générale des modes de gouvernement de tous les pays du monde ; rendant dès lors possible le passage à la phase ultime du gouvernement mondial.

La séparation des pouvoirs, fallacieusement présentée comme une « limitation » du pouvoir, est en réalité une « dissolution » du pouvoir. Il faut, pour s’en convaincre, remonter au sens premier du mot « politique » et se rappeler qu’un gouvernement est la traduction institutionnelle permettantla mise en œuvre de la « politique ». Au sens premier du terme, la « politique » est l’art d’organiser la vie de la Cité. A ce titre, la « politique » doit réguler les comportements individuels de manière à ce qu’ils soient compatibles avec un comportement de groupe, un comportement social. La « politique »s’accompagne donc nécessairement du pouvoir de maîtriser les lois qui s’appliquent sur son territoire, de rendre la justice,ainsi que du pouvoir de contrainte, permettant d’assurer l’intégrité du groupe. Retirer au « pouvoir politique » les fonctions législative et judiciaire revient tout simplement à retirer au pouvoir politique sa raison d’être, qui est en même temps la justification de son pouvoir de contrainte. Si en plus vous retirez au gouvernement la maîtrise de sa monnaie, qui est un des moyens permettant d’œuvrer à la paix sociale, vous obtenez la situation actuelle dans laquelle les Etats ne sont plus des entités politiques mais des entités au service du pouvoir économique caché.
Il faut ajouter que le principe de « séparation des pouvoirs », chargé de dissoudre le pouvoir politique ancien, sera abandonné lorsqu’il aura rempli sa fonction et que le nouveau pouvoir pourra s’exprimer au grand jour. On assiste d’ailleurs précisément à cette évolution dans la construction européenne -qui est le premier pas vers le Nouvel Ordre Mondial - où le principe de séparation des pouvoirs est ouvertement abandonné. La « séparation des pouvoirs » ne sera évidemment pas appliquée par le futur gouvernement mondial.

Le second moyen mis en place par les détenteurs du fait économique dans leur quête du pouvoir est la centralisation des questions monétaires dans leurs mains. Le système de la centralisation monétaire dans les mains des banquiers, que nous appellerons ici - par facilité de compréhension - le « système des banques centrales », est né au Pays-Bas, s’est perfectionné en Angleterre, et s’est ensuite installé en France avant de se répandre dans tous les pays du monde. En se généralisant, le système des banques centraless’estévidemment diversifié et complexifié. La plupart des banques centrales du monde, soixante parmi les plus importantes, sont aujourd’hui gérées et régulées par la Banque des Règlements Internationaux (BRI en français, BIS en anglais) située à Bâle. Cet établissement bancaire et financier, créée en 1930 à l’occasion du plan Young, a été conçu dès l’origine comme une entité juridique de droit public comparable à un Etat, moins, évidemment, la fonction de régulation sociale.Pour l’anecdote - qui n’en est pas une -, ce sont les flux financiers (via de nombreux prêts) qui ont transité par la BRI qui ont financé l’effort de guerre nazi et permis l’avènement du IIIème Reich allemand.

Le « système des banques centrales » s’est vu complété en 1944, au moment des Accords de Bretton Woods, par l’avènement d’institutions bancaires internationales telles que le FMI et la Banque mondiale ; créant dès lors ce qu’il est convenu d’appeler l’ordre financier international. Ce système financier bénéficie du support de nombreux autres organismes bancaires à vocation internationale, régionale et supra nationale telles que la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD, née en 1944 à Bretton Woods), la Banque Européenne d’Investissement (BEI créée en 1958), la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD créée en 1991), la Banque de développement du Conseil de l’Europe (CEB pour Council of Europe Development Bank ; créée en 1956)… Sans même évoquerles différentes institutions du système financier, de plus en plus intégré, de l’Union Européenne. S’ajoutent à tout ça les nombreux établissements bancaires et financiers chargés, moyennant une politique de prêts à intérêts, de mettre sous dépendance, par le biais d’un relais financier régional ou global,tous les territoires et pays du monde. Cette mise sous tutelle financière mondiale des Etats est cachée derrière les bons sentiments de la prétendue volonté de construire, reconstruire ou aménager les territoires. Il faut ici noter que cacher la réalité factuelle derrière une apparence de « bons sentiments claironnés » est la méthode suivie depuis toujours par les tenants du pouvoir économique afin d’arriver à leurs fins politiques.

A cet égard et dans le droit fil de la méthodologie perverse généralement employée par la caste économique au pouvoir, je dois mettre l’auditoire en garde contreune interprétation fallacieuse, généralement faite, de l’origine de la construction européenne. OUI cette construction s’est faite dans le contexte de la domination américainemondiale du XXème siècle, mais NON elle n’est pas un produit américain au sens strict.

Car il faut considérer que l’Empire américain n’a été, et n’est encore,lui-même qu’un avatar de la puissance économique et financière globale. Cette puissance, qui a pris politiquement conscience d’elle-même au siècle dit des Lumières, s’est successivement incarnée dans les Empires Britannique puis Américain ; les Etats-Unis d’Amérique ont été au XXème siècle ce que la Couronne Britannique fut au XIXème siècle : une matérialisation du pouvoir grandissant des banquiers-financiers.Il n’est pas exclu que les détenteurs de la puissance financière mondiale aient opté pour la Chine en tant que nouvel Empire intermédiaire précédant l’arrivée concrète du gouvernement mondial. Toutefois, leurs plans pourraient être déjoués par le pouvoir politique chinois, qui vient par exemple d’interdire sur son territoire les plateformes de crypto-monnaies et qui semble poursuivre inlassablement depuis quelques années une implacable lutte contre la corruption. L’avenir nous renseignera sur le fait de savoir si la Chine sera ou non le 3ème et dernier Empire global, celui chargé de précéder l’avènement du Nouvel Ordre Mondial, c’est-à-dire de la dictature universelle...
La construction européenne, dont l’origine technique remonte pour l’essentiel au XIXème siècle, a été pensée par et dans les cercles œuvrant à la domination du pouvoir économique global.La construction européenne est un laboratoire d’essai, elle est la première marche vers l’intégration de ce qui deviendra, inéluctablement au XXIème siècle, si personne ne s’y oppose sérieusement, le gouvernement mondial. L’expérience de l’intégration européenne - qui porte le nom d’Union Européenne - permet aux détenteurs du pouvoir économique de tester in vivo, sur le continent européen, ce qui sera généralisé à l’ensemble du monde et constituera les modalités de fonctionnement du gouvernement mondial. Il ne faut pas s’y tromper !

Je pourrais longuement vous parler de l’actuel engouement pour les crypto-monnaies selon la technologie blockchain, du fonctionnement du circuit économique global et de la façon dont les multinationales s’y sont prises pour mettre les Etats sous leur dépendance économique.Toutefois, ces développements, longs, ne sont pas adaptés au format de cette présentation orale.Je pourrais également vous expliquer l’ensemble des conséquences techniques, en termes d’organisation gouvernementale, de la suppression du principe de « séparation des pouvoirs ».Mais là encore il nous faudrait un temps qui n’est pas compatible avec les exigences de la présentation d’ensemble, à laquelle répond ce discours.Permettez-moi juste de mentionner que si l’article 13 de l’actuelle Constitution russe est en débat, c’est surtout son article 10 qui devrait être mis en cause ;car la « séparation des pouvoirs », qui suppose la « dissolution » du pouvoir, pose un problème politique insoluble à tous les Etats qui l’ont adopté. L’article 13 litigieux, qui certes ajoute le dernier clou au cercueil du « pouvoir », n’est en réalité qu’une manifestation secondaire du problème politique réel.
Pour tous les détailstechniques, je vous donne rendez-vous dans un autre cadre…

Je termine cet exposé en insistant sur le fait que LE DROIT est LE moyen qui permettra soit d’aller toujours plus loin vers l’avènement du gouvernement mondial, soit de stopper ce processus mortifère et d’entreprendre une lutte efficace contre les postulants économiques au pouvoir politique global.

Connaître les techniques juridiques permettant de faire face au danger ne suffit évidemment pas.Il faut y ajouter une réelle détermination politique qui, seule, permettra de mettre ces techniques en œuvre. Cette volonté politique ne doit pas être recherchée dans les pays occidentaux, qui ne sont pas en capacité politique et socio-culturelle de lutter ; le réveil des BRICS doit, à cet égard, être considéré comme un potentiel espoir,tout en gardant à l’esprit que l’ennemi est puissant, y compris dans ces derniers Etats…

Mesdames et Messieurs, je vous remercie de l’attention que vous avez bien voulu porter à cet exposé.

jeudi, 18 novembre 2010

Colloque "Localisme et identité, la réponse au mondialisme" - Paris, 4 déc. 2010

Colloque « Localisme et identité, la réponse au mondialisme ». Paris, 4 décembre

Organisateurs :
Associations alternatives, localistes, démocrates et identitaires (Coopérative Parisienne ; Ti Breizh, la maison Bretonne ; Académie pour la défense des êtres humains ; Projet Apache ; Parti des Français Progressistes ; Terres Arvernes ; Lien en Pays d’Oc ; Terroirs et Productions de France).

Programme :

9h00 : accueil
9h30 : ouverture des travaux, présentation de la journée.
9h45 : exposés
- Georges GOURDIN, communication et médias : les fêtes enracinées ou le cadeau planétaire jetable? L’exemple de Noël.
- Dominique LAMBERT, ingénieur en environnement, Londres : l’urbanisme, les transports et l’énergie au service de la relocalisation des activités humaines.
- Jacques DAUDON, enseignant retraité, maraicher bio : les conditions alimentaires et environnementales pour rétablir santé et bien être de notre population.
- Philippe MILLIAU, responsable de formation : l’alternative économique et fiscale du localisme face à l’ordre mondial et à la destruction de la terre.
11h00 pause
11h15 : table ronde avec les orateurs de la matinée et questions écrites de la salle. Animateur : Arnaud NAUDIN, journaliste.
- à quelle échelle pertinente peut on appliquer les préconisations et propositions des conférenciers ?
- crise mondiale, ou crise du système mondialiste ?
- du concret au quotidien, ou l’attente du  » grand soir » de la fin du mondialisme
- la relocalisation, une vision archaïque, ou futuriste ?
- questions écrites.
12h30 déjeuner

14h30 : exposés :
- Arnaud GOUILLON, ingénieur et responsable d’ONG : localisme, écologie, démocratie, actions humanitaires et valeurs humaines : la synthèse identitaire.
- Philippe CONRAD, historien : identité et devenir de la civilisation Européenne.
- Philippe PERCHIRIN, consultant et dirigeant de PME dans un cadre Européen : face à la régression totalitaire mondialiste, demain la démocratie directe.
- Isabelle LARAQUE, professeur de philosophie : de la cité Grecque au citoyen du monde, un chemin à l’envers.

16h00 pause
16h15 : table ronde avec les orateurs de l’après midi, et questions écrites de la salle. Animateur : Xavier DELAUNAY, journaliste.
- l’argent roi, une incompatibilité avec la démocratie…
- l’histoire de l’Europe est elle écrite ? Le monde peut il se passer de l’Europe?
- l’explosion démographique Africaine et musulmane : un danger pour l’équilibre du monde ?
- la démocratie directe et les libertés locales : inciter le citoyen à se prendre en charge
- questions écrites
17h45 : synthèse et conclusions.

Lieu : NOVOTEL Pont de Sèvres, 13 grande rue, 92 310 Sèvres
Date : Samedi 4 Décembre, de 9h à 18h
Prix d’entrée : 10 euros.
Repas de midi facultatif et UNIQUEMENT sur réservation : 30 E. Règlements auprès du service accueil du colloque, sur place.

Inscriptions à faire parvenir avant le 2 Décembre à :

Ti Breizh, milin coz, 29650 GUERLESQUIN
mail : milin.coz@gmail.com [1]
tel : 02 98 72 89 33 et 06 01 15 92 37


Article printed from :: Novopress.info France: http://fr.novopress.info

URL to article: http://fr.novopress.info/72062/colloque-localisme-et-identite-la-reponse-au-mondialisme-paris-4-decembre/

URLs in this post:

[1] milin.coz@gmail.com: mailto:milin.coz@gmail.com

dimanche, 13 décembre 2009

Perfectionner la monétarisation des activités: le système d'économie locale (SEL)

epargner_292x237.jpgArchives de SYNERGIES EUROPEENNES - 2000

Perfectionner la monétarisation des activités : le système d'économie locale (SEL)

 

Au moment où les faux-monnayeurs de la finance transnationale pillent la Russie, une initiative éclot dans quelques coins de ce marécage que devient l'Europe: le S.E.L., Système d'Economie Locale. En langue anglaise, on appelle ce mode d'organisation LETS (Local Exchange and Trading System). Il existe partout dans le monde, depuis le Canada jusqu'aux USA, en Australie ou en Nouvelle-Zélande. En Europe, les SEL fonctionnent au Danemark, en Espagne, au Royaume-Uni, en Suisse, en France. Un SEL combine trois qualités: un progrès important dans la compréhension de l'organisation monétaire des activités humaines; l'usage d'une monnaie abstraite  —l'ECU?—  en tant que monnaie de compte; la logique de l'honneur dans les rapports entre membres de l'organisation.

 

L'organisation monétaire

des activités humaines

 

On ne sait jamais pourquoi une activité donnée, ou une profession particulière, est exercée par telle ou telle personne: le goût des relations, l'utilité du travail, la rémunération, voire une simple occasion de sortir... Le problème essentiel de toute société concrète réside dans l'organisation d'une coopération entre un grand nombre de personnes interdépendantes. Dès que les biens et services à échanger sont multiples et variés, l'adéquation entre la production et la consommation est assurée par la monnaie. Pour chacun, le rôle de régulateur des achats et ventes est tenu par la contrainte de budget: il faut harmoniser les recettes et les dépenses.

 

Le système monétaire contemporain traite la monnaie comme un bien créé ex nihilo par des monopoles de faux-monnayeurs, ce qui explique l'enrichissement des banquiers: ils payent sans avoir au préalable obtenu “de quoi” et ne remboursent jamais. Les plus rusés et les mieux organisés accumulent ainsi une puissance qui permet de corrompre, trafiquer, financer la prédication médiatique, etc. L'un des grands esprits du XXième siècle, Ezra Pound (1 citait à propos du système monétaire une lettre troublante: «Il y en aura peu qui pénètreront ce système, et ceux qui le comprendront s'emploieront à en jouir; quant au public, peut-être ne comprendra-t-il jamais que ce système est contraire à ses intérêts» (Lettre des Rothschild à la maison Ikleheimer, 26 juin 1863).

 

Les désarrois des populations confrontées à la domination de castes transnationales qui carambouillent, pillent et tuent sans vergogne aux moyens de la finance, ont amené les esprits éclairés et honnêtes à réactiver le principe monétaire fondamental: la monnaie est d'abord une relation interpersonnelle, un DEBIT-CREDIT qui facilite les échanges.

CREDIT est la troisième personne du singulier du présent de l'indicatif du verbe latin “croire ou prêter”. CREDIT signifie donc: “il prête”.

DEBIT vient du latin debet. troisième personne du présent de l'indicatif du verbe latin “devoir”. DEBIT signifie donc: “il doit”. Un DEBIT-CREDIT est la constatation, par une tierce personne, de la créance de quelqu'un sur quelqu'un d'autre. Dans les vieux registres comptables du Moyen Age, on observe d'ailleurs de nombreux exemples attestant que les comptes de dettes et créances ont influencé la mise au point de la comptabilité à partie double. Puis, la comptabilité a permis à la monnaie de s'affranchir de la matière (or et argent) au cours des deux derniers siècles.

 

La constatation qu'un Débit-Crédit est une relation entre quelqu'un qui prête et quelqu'un qui doit est le fondement du S.E.L. Comprendre l'importance et la portée de cette caractéristique permet d'améliorer l'organisation monétaire.

 

Quelle unité de compte?

 

L'usage d'unités monétaires abstraites est aussi ancien que le monde des hommes. En ce siècle même, les exemples sont nombreux. En 1952, par exemple, la CECA (Communauté Economique pour le Charbon et l'Acier) possédait sa propre unité de compte; le budget européen, puis les prix agricoles, ont été définis en unités de compte. En 1991, la BRI (Banque des Règlements Internationaux) tenait toujours ses comptes en franc or... Un grand groupe industriel comme Saint-Gobain utilise l'ECU pour exprimer les prix de cession entre filiales situées dans différents pays européens. Un groupe connu comme Interflora utilise pour ses besoins propres une monnaie de facturation interne créée de toutes pièces, qui s'appelle le florin, mais est distincte du florin (gulden)  néerlandais.

 

Le SEL opère entièrement en une monnaie abstraite. Il serait possible d'ailleurs de choisir l'ECU comme l'ont aussi décidé de nombreuses sociétés européennes. Mais, en tant qu'organisation monétaire de la solidarité, le SEL ne s'aventure pas dans la création monétaire réservée aux banques et aux intermédiaires financiers. Il permet à un créditeur, celui dont le compte est provisionné, de reporter à plus tard l'exercice du pouvoir d'achat dont il dispose sur l'ensemble des autres membres du groupe. Il respecte les conventions habituelles à l'économie de marchés.

 

Acquérir un pouvoir d'achat

par les échanges

 

La porte d'accès au monde de la consommation est le solde créditeur d'un compte. Avoir une créance est un moyen de contrainte sûr et éprouvé pour se procurer des biens et services sur des marchés. Chacun consomme en fonction de ses ressources disponibles. Tous sont soumis à leur contrainte de budget.

 

Le SEL est une association qui organise la rencontre des offres et des demandes, par tous moyens possibles: Bulletin, Fax, Serveur, selon les moyens et les nécessités. Les prix sont exprimés en une monnaie de compte spécifique au SEL. Les créances et dettes sont matérialisées par des bons d'échange composés de trois parties: la souche destinée à l'emprunteur, la partie centrale affectée à l'association gestionnaire, la partie droite remise au créancier.

 

Le(s) gestionnaire(s) du SEL enregistrent les DETTES-CRÉANCES de chaque membre par l'intermédiaire d'un logiciel apte à traiter un grand nombre d'opérations entre de multiples agents: le compteur des créanciers est crédité du montant des fournitures de services (celui des bénéficiaires est débité d'autant), cela permet aux créanciers de se porter acquéreurs à leur tour...

 

Les conventions habituelles aux économies de marchés sont respectées. Pour tout un chacun, Débit et Crédit ne sont pas synchronisés. Une norme d'endettement est donc définie dans les statuts. Des amendes (des pénalités) sont à prévoir pour sanctionner ceux qui dérogeraient à la règle. L'association, comme n'importe quel marché, n'est pas responsable de la qualité des biens et des prestations. Aussi le SEL renvoie-t-il à la logique de l'honneur.

 

 

 

 

 

Autocontrôle du S.E.L.:

la logique de l'honneur

 

L'honneur de l'homme consiste en ce que tout contrat solennellement passé, verbalement ou non, entre des personnes, signifie que celui qui viendrait à se parjurer se maudirait lui-même et serait repoussé de partout. La violation des engagements entraîne une sanction exemplaire, car l'honneur est une valeur immanente liée au comportement personnel et à la position sociale: on “accomplit les devoirs que la coutume fixe à la catégorie particulière à laquelle on appartient” (3).

 

La réussite de l'association dépend de la qualité des prestations fournies par chacun, tous engageant leur réputation. La vie économique est émaillée d'incidents: mauvais fonctionnement des biens fournis; délais d'exécution des services non tenus; accidents de solvabilité... qu'il est impératif d'éliminer pour que réussisse l'échange fondé sur la bonne foi (bona fides), la parole du partenaire, qu'il tient de sa volonté propre ou de son honneur, c'est-à-dire son propre engagement vis-à-vis de soi pour l'autre et de l'autre vis-à-vis de soi-même. Le contrat, expliquait déjà Aristote, est une loi faite par des particuliers en vue d'une affaire déterminée. Toute violation est donc violence que l'homme se fait à lui-même. Par rapport à cette violence, les membres du SEL (les témoins) doivent rendre justice. Le droit interne à l'association n'a de garant que les hommes qui sont eux-mêmes leurs propres juges.

 

La réputation de chacun, son engagement sur l'honneur, est le moyen de contrôler la qualité des biens et services. Qu'une personne croît ou non avoir bien fait, qu'elle ait ou non agit avec la volonté de bien faire, n'a aucune importance. L'honneur dépend du jugement des semblables, la bonne société qui s'est associée dans le SEL. Une procédure de jugement à l'encontre de ceux qui ne respecteraient pas leurs engagements est essentielle au fonctionnement de toute association volontaire. Dans un SEL d'une centaine de membres, le conseil d'administration tranche ces questions. Mais, au-delà, il importe d'éviter la domination d'une catégorie quelconque de personnes en choisissant les “juges” selon la théorie statistique de l'échantillonnage: activités, âge, sexe, seraient représentés dans l'instance de jugement au prorata de leur importance réelle dans le SEL.

 

Un pas vers la civilisation?

 

Il n'existe aucune limite aux activités praticables dans un SEL. Le SEL est adapté à la créativité et à l'inventivité des hommes, producteurs et consommateurs. Tout producteur peut réaliser “sur mesure” des biens et services d'une haute valeur car incorporant son savoir-faire. Les personnes créatives, les artistes produisant des biens durables et esthétiques peuvent rencontrer dans les SEL les consommateurs non homogènes dont ils ont besoin pour laisser éclore leur talent. De même, le consommateur insatisfait des ignominies déversées à grand renfort de pub trouvera des producteurs aptes à façonner les produits finalisés qu'il désire. Au total, il apparaît que la production créatrice et personnalisée, celle qui permet de satisfaire des besoins authentiques, réellement particuliers, ne peut prendre son envol que dans les SEL. Ici et là, il sera possible de mettre un terme au culte de la laideur imposé par les trafiquants...

 

La liberté d'entreprendre est favorisée par l'affectio societatis  qui fonde les relations privilégiées entre membres d'un SEL. Il devient possible de s'adonner au goût des largesses qui accroissent l'honneur de ceux qui les font: soit à travers la qualité et l'inventivité d'œuvres qui n'obéissent plus à la reproduction massive et médiocre; soit par une tarification individualisée. Le contrat entre hommes libres favorise les prestations de qualité.

 

Extensions

 

Le SEL organisera le report, c’est-à-dire la possibilité pour les agents ayant gagné un excédent, de le laisser à la disposition des agents à déficit à condition que quelque temps plus tard la réciproque se produise. Un compte collectif, une “tontine”, sera ainsi crédité puis débité selon des modalités temporelles précisées à l'avance.

 

Les SEL utiliseront une unité de compte commune pour faciliter les échanges entre membres de différentes associations. Chaque SEL ferait référence à l'“Europa” (par exemple, unité de compte commune). Alors, un membre du SEL de Moscou pourra demander les services d'une personne du SEL de Saint-Pétersbourg. Il suffit d'un compte en Europa tenu dans chaque association.

Conclusion

 

Le SEL, permettant d'exercer ses talents sans être volé, pillé et ruiné, est une zone d'harmonie au sein du chaos. Il organise une solidarité monétarisée entre ses membres qui refusent de laisser à la seule charité l'acquisition des ressources nécessaires à une vie décente, alors que les appareils bureaucratiques d'Etat rançonnent les classes moyennes qui marchent sans interruption vers l'abîme. Il favorise la production et la consommation de biens et services non homogènes, spécifiques, autorisant la joie désintéressée de créer. Il fait appel à la logique de l'honneur pour conduire au respect des contrats.

 

Le SEL peut être la fleur qui éclot “car c'est dans les cœurs nobles que la souffrance du peuple trouve son écho le plus puissant. Quand le sentiment du droit et du bien s'évanouit, quand l'épouvante trouble les sens, alors les forces de l'homme de la rue sont bientôt taries. Mais chez la vieille aristocratie le sens de ce qui est vrai et légitime demeure vivant et c'est d'elle que sortent les nouveaux rejetons de l'esprit d'équité” (4).

 

Frédéric VALENTIN.

 

Notes:

(1) Ezra POUND (30 octobre 1885/1 novembre 1972), Le Travail et l'Usure, recueil de textes politiques publiés par l'Age d'Homme, 1968. Il fit l'objet d'une procédure d'internement en hôpital psychiatrique aux Etats-Unis pendant douze ans pour haute trahison. Il retourna en Italie en 1958.

(2) Comme l'indique par exemple Philippe JURGENSEN, in Naissance d'une monnaie, l'ECU, J. C. Lattès, 1991, p.121.

(3) Philippe d'IRIBARNE, La logique de l'honneur. Gestion des entreprises et traditions nationales, Le Seuil, 1989, p.27.

(4) Ernst JÜNGER, Sur les falaises de marbre, Gallimard, L'imaginaire, 1983, p.126.