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lundi, 23 janvier 2023

Saint Michel, icône guerrière du sujet radical

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Saint Michel, icône guerrière du sujet radical

par René Henri Manusardi 

Source: https://www.ideeazione.com/san-michele-icona-guerriera-del-soggetto-radicale/

L'archétype angélique d'Insurrection

Si, d'un point de vue phénoménologique, nous observons ce que la figure de Saint Michel Archange a en commun avec celle du Sujet Radical, nous arrivons sans doute à la conclusion qu'il s'agit du phénomène de l'Insurrection. Nous parlons ici d'insurrection et non pas de révolte qui, historiquement, reste dans de nombreux cas un acte de rébellion provoqué par des situations d'urgence où les besoins fondamentaux ne sont plus satisfaits ou où les libertés individuelles et sociales sont suspendues sans avertissement; une telle révolte constitue un phénomène typique d'autodéfense sociale, circonscrit, local, sans véritable leadership idéologique et politique capable de faire face aux institutions ou de les renverser.

Nous ne comprenons pas non plus l'esprit théorique et métapolitique de l'Insurrection, considérée comme une stratégie à long terme, une méthode de déstructuration et, finalement, un mouvement populaire capable de renverser radicalement un pouvoir inégal d'oppression civile et d'injustice sociale, qui sous-tend une direction idéologique clandestine ou du moins d'opposition au Système, qui passe progressivement de l'exercice des règles démocratiques à celui de la lutte violente, armée et non conventionnelle.

La valeur propre à l'Insurrection en tant que phénomène que nous souhaitons esquisser ici de manière synthétique, est donnée au contraire par la constitution ontologique propre à l'archange Michel, l'Être angélique fidèle au Divin, qui, mis à l'épreuve par le même Divin qui laisse le Trône à découvert, choisit librement la fidélité au Trône, se place devant le Trône pour défendre l'omnipotence du Divin, se dresse contre Lucifer et les anges prévaricateurs qui ont abandonné et trahi le Trône, et s'engage dans un combat furieux avec le concours des anges restés fidèles pour faire tomber du Ciel les prévaricateurs.

D'un point de vue phénoménologique, nous pouvons donc noter quatre moments qui caractérisent dynamiquement le thème de l'Insurrection : l'épreuve de la tentation, le choix de la fidélité, l'élan de l'Insurrection, la véhémence de la lutte destinée à son propre salut (aspect sotériologique) et la victoire certaine (aspect téléologique). Ces quatre moments forment également certaines périodes inhérentes à l'histoire personnelle de chaque sujet radical individuel, que nous avons déjà décrites dans des articles précédents et que nous allons brièvement rappeler ici.

Le sujet radical et son double noir, le Doppelgänger

Après sa conception inconsciente dans le liquide amniotique du Chaos, dans le ventre de la Tradition, pendant la phase de permanence existentielle dans le nihilisme intérieur postmoderne, exacerbé par son rejet de la société liquide postmoderne qui le conduit à la marginalisation sociale et souvent économique et politique, le Sujet radical voit sa naissance effective au moment où sa connaissance intellectuelle de la Tradition devient définitivement un choix de vie, une compréhension intégrale, une volonté de puissance au service de la Tradition. Mais précisément parce que la Tradition est essentiellement le retour de l'Ordre Divin dans le monde, il est clair que l'Ordre Divin présuppose un Divin, le promoteur de cet Ordre. Ainsi, dans une scansion plus ou moins longue de l'ordre temporel, dans la conscience du Sujet radical, dans les profondeurs de son âme, s'ouvre une porte vers le Supérieur, se dévoile l'"esprit", cette chambre de l'âme humaine où le Divin devient présent, et où il perçoit intuitivement, de différentes manières et, pour lui, cette Présence vivante qui parle à sa conscience et lui demande de la suivre.

Le Divin révèle aussi intuitivement le chemin que le Sujet radical devra suivre pour devenir un guerrier ardent, gardien du feu de la Tradition, c'est-à-dire sa kenosis, cette descente aux enfers qui le conduira à la purification de son ego, à l'annihilation de son égocentrisme, de son égoïsme, de son narcissisme, afin qu'en lui brille et règne son âme purifiée, c'est-à-dire le Soi, sa vraie nature d'image du Divin. Arrivé à ce point, le sujet radical est mis à l'épreuve: il est libre de choisir de suivre la voix et la lumière du Divin et, ainsi, de procéder courageusement au saut dans la descente aux enfers; ou de poursuivre la voix de sa propre chair, de vivre narcissiquement les petites satisfactions humaines de sa lumière réfléchie et, ainsi, de se mettre au service conscient du seigneur du mal, d'être ainsi rejeté et submergé dans le liquide du postmodernisme, de vivre comme le "double noir", le "Doppelgänger" du sujet radical dont nous parle Alexandre Douguine :

"Comme dernier acte, le postmodernisme dissout tout ce qui pourrait être la proie d'éléments extérieurs - temps, formation, changement et matérialité - dans l'homme, la société, la culture et l'histoire. Seul l'élément le plus pur et le plus éternel n'est pas touché par ce processus - c'est le sujet radical. Nous nous heurtons ici à un nouveau problème. Le postmodernisme est le domaine des simulacres, des copies sans originaux (Baudrillard). Par conséquent, tous les phénomènes et créatures sont remplacés, clonés et répliqués par la virtualisation et la numérisation globales de l'Être. Ainsi, il est nécessaire de discerner les simulacres, en sortant de leur champ d'action. Le point culminant de cette action métaphysique voit apparaître un double noir du même sujet radical. L'identification de l'Antéchrist, de son ontologie et de son anthropologie, passe du niveau religieux au niveau philosophique, culturel, social et politique. D'où le titre russe du livre: "Le sujet radical et son double", qui fait référence à la figure de la Sosia, le double noir - un développement de la célèbre métaphore d'Antonin Artaud sur la nature du théâtre. Cette question ne se réduit pas à identifier la nature infernale de la civilisation actuelle, à analyser les conditions du Kali Yuga. Au contraire, le problème de l'Antéchrist exige l'internalisation de la nouvelle métaphysique, ainsi que tous les autres aspects liés au "traditionalisme du sujet radical". Le problème du double, en tant que simulateur essentiel, acquiert une centralité absolue" (A. Douguine, Théorie et phénoménologie du sujet radical, AGA 2019, p. 34).

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Essayons maintenant de comprendre un peu plus profondément le moment phénoménologique de la tentation et de son dépassement en tant que précurseur de l'Insurrection, vue comme une constitution ontologique et un mouvement métaphysique de lutte contre le mal de la part du Sujet radical, en nous réservant le droit d'analyser dans un autre article les trois autres moments phénoménologiques qui suivent et qui ont été nommés précédemment, à savoir le choix de la loyauté, l'élan de l'Insurrection et la véhémence de la lutte.

A cet égard, de ces mêmes moments, nous ne ferons qu'esquisser les points suivants qui seront développés ultérieurement. A. Le choix de la fidélité : la tentation est un test de fidélité; la fidélité est un choix basé sur la vérité et la confiance; la fidélité est un acte d'amour; la fidélité est le principe de la désintégration de l'égoïsme et la pratique de l'altruisme. B. L'élan de l'insurrection : L'insurrection est l'élan métaphysique et la volonté de puissance contre le mal ; l'insurrection est la constitution ontologique et ethnobiologique du sujet radical ; la principale caractéristique de l'insurrection est la répression du dialogue intérieur avec la tentation et le mal. C. La véhémence de la lutte : la lutte contre le mal est d'abord une violence contre soi-même ; la lutte contre le mal est violente, continue, interminable jusqu'au Retour du Roi à venir ; le seul désir et le seul espoir du Sujet radical doit être la lutte pour elle-même.

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L'épreuve de la tentation

La nature de la tentation du Sujet radical, en tant qu'humain, est différente de la tentation à laquelle étaient soumises les armées angéliques, mais elle est similaire et, par conséquent, non substantiellement différente. La tentation pour les anges était de conquérir le trône de Dieu afin d'être égaux à Dieu, faisant ainsi fi de leur rôle de créatures. Le prophète Isaïe décrit ainsi la tentation et la chute de Lucifer: "Comment se fait-il que tu sois tombé du ciel, Lucifer, fils de l'aurore? Comment se fait-il que tu aies été mis à terre, seigneur des nations? Et pourtant tu as pensé: Je monterai au ciel, sur les étoiles de Dieu j'élèverai mon trône, j'habiterai sur la montagne de l'assemblée, dans les régions les plus reculées du nord. Je monterai dans les régions supérieures des nuages, je me rendrai égal au Très-Haut. Et au lieu de cela, vous avez été jeté en enfer, dans les profondeurs de l'abîme !" (Isaïe 14 : 12-15). La nature de la tentation angélique est donc, par essence, un acte d'orgueil qui ne veut pas reconnaître la vérité d'être une créature angélique et non un Créateur, ce qui se manifeste par une tentative de prévarication et l'acquisition conséquente d'un pouvoir illégitime. L'intelligence de la condition angélique prévoyait d'ailleurs la connaissance parfaite de la nature divine et l'impossibilité de venir se substituer à Dieu mais, comme nous l'enseignent les Pères de l'Église, leur rébellion, leur "Non serviam", s'est produite lorsque Dieu leur a révélé l'incarnation du Verbe et qu'ils n'ont pas accepté qu'un Homme-Dieu puisse leur être supérieur.

Ainsi, en résumant et en donnant un ordre logique à l'événement d'ordre théologique, nous pouvons en résumer la dynamique comme suit : 1. Dieu révèle son intention de créer l'être humain Homme et Femme ; 2. Dieu révèle son intention que son Verbe soit incarné dans un Homme à travers une Femme ; 3. Dieu laisse le Trône à découvert pour tester les Anges ; 4. Une partie des hôtes angéliques (les Pères de l'Église affirment un tiers) n'accepte pas la volonté divine et se rebelle, cherchant à renverser le Trône ; 5. l'archange Michel, à la tête des Anges fidèles, s'engage dans une lutte furieuse contre Lucifer et ses partisans et les plonge dans les profondeurs de l'abîme. Jusqu'à présent, voilà ce que nous dit la théologie...

D'autre part, d'un point de vue philosophique, en observant un tel récit, on peut déduire le rejet métaphysique de l'autorité vraie, bonne et légitime (la modernité), ainsi que le rejet anthropologique de la paternité, donc de la famille et de la vie humaine elle-même (la postmodernité). L'affirmation de Douguine est claire ici, lorsqu'il cite la Tabula smaragdina d'Hermès Trismégiste, qui affirme la coexistence de ce qui se passe au Ciel avec ce qui se passe sur Terre - ajoutons-le - dans les temps historiques de l'humanité: "Il est vrai sans mensonge, certain et très vrai, que ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et que ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire le miracle d'une seule chose".

La nature de la tentation à laquelle est soumis le Sujet radical, par contre, d'un point de vue théologique, est similaire à celle des Anges, mais pas la même, en ce sens qu'elle tient compte de l'obscurcissement de la conscience qui s'est produit avec la chute originelle, et qu'elle est un sujet qui peut être abordé avec les connaissances et les outils offerts par l'anthropologie mystique. En appliquant le schéma métahistorique douguinien (Prémoderne - Moderne - Postmoderne), nous apprenons que la Postmodernité a porté à son paroxysme la mort de Dieu et, par conséquent, l'exclusion de Dieu hors de la vie sociale et individuelle qui a commencé avec l'ère de la Modernité. La tentation à laquelle le Sujet radical doit nécessairement s'exposer est donc aussi, par essence, un acte d'orgueil qui ne veut pas reconnaître la vérité d'être une pure créature, image du Divin, et non le Divin lui-même, ce qui se manifeste par une tentative d'exclure le Divin de sa propre intériorité, par l'acquisition conséquente d'une lumière sombre (une aurore luciférienne) et d'un faux pouvoir d'ordre magico-théurgique, qui donne ainsi naissance à son Double noir, le Doppelgänger. Il s'ensuit que, d'un point de vue philosophique, le Doppelgänger va au-delà du rejet métaphysique de l'autorité et du rejet anthropologique de la paternité, mais se qualifie catégoriquement comme un rejet métaphysique du Divin et se quantifie comme une haine métaphysique exterminatrice de la Tradition et de la Création.

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La dynamique de la tentation à la lumière de l'anthropologie mystique

Après sa conception et sa nage sans conscience dans le ventre de la Tradition, au moment de sa naissance, le Sujet radical perçoit et voit progressivement la même Tradition, c'est-à-dire l'Ordre divin, dans sa splendeur et sa plénitude et décide donc d'en faire la raison de sa vie, mais ce choix ne représente pas encore "l'option fondamentale", qui a besoin d'une épreuve, d'une tentation pour qu'il fasse un choix de type immuable.

Au cours de cette période néonatale, la compréhension que le sujet radical a de la Tradition au sein de son âme/de sa conscience devient de plus en plus spirituelle et sapientielle: elle investit chaque fibre de son être, il découvre par l'expérience la réalité de son âme et de son existence dans laquelle il est immergé, il entend la voix du Divin qui parle à son âme à travers l'esprit. Le Divin, donc, par l'intermédiaire de l'esprit, qui est cette partie constitutive de l'âme ouverte vers le Haut, révélée par le Divin lui-même et nécessaire pour percevoir sa voix et ses intuitions divines, fait percevoir à l'âme elle-même son altérité, c'est-à-dire son être "Totalement Autre" par rapport à l'âme, tant de manière personnelle qu'impersonnelle.

Suite à de tels événements, en raison de la fidélité de l'âme, le Divin provoque une rupture spirituelle dans l'âme elle-même, ainsi l'âme fait l'expérience du satori (vision intuitive de l'essence lumineuse de sa propre nature), le Brahman transmet à l'Ātman un courant de sa lumière éternelle, Dieu le Père communique à l'âme la perception vivante d'être son image de lumière (précisons son image, et non sa ressemblance, ce qui présuppose la vie surnaturelle de la grâce, c'est-à-dire l'amitié avec Dieu qui nous est donnée par le sang du Christ). Le principal effet de l'âme dans les expériences de satori est de voir disparaître la perception psychologique de sa propre individualité, l'âme "se sent être Dieu" et dans certains cas, l'âme elle-même continue à prononcer le mot "Je Suis" sans interruption, étant totalement absorbée par celui-ci.

Et c'est précisément après ces expériences sublimes que l'âme est mise à l'épreuve: le Divin lui fait comprendre que ces expériences ne sont qu'un pur cadeau pour la libérer sur le chemin douloureux de la kenosis, de la purification dans la descente aux enfers à laquelle elle est destinée, nécessaire pour détruire l'égoïsme, le masque et le narcissisme du "Moi" afin de faire ressortir dans toute sa splendeur la lumière divine de son âme, du "Moi" qui, comme le corps et l'esprit, est prisonnier de l'emprise étouffante des vices capitaux.

À ce stade, l'âme est confrontée à un choix, son option fondamentale, ainsi qu'à la très forte tentation de s'arrêter à la réalisation du satori - qui, de toute façon, sera de plus en plus raréfié jusqu'à disparaître. L'âme est choquée et éprouvée, elle doit choisir si elle reste puérilement attachée au cadeau reçu en se donnant mille justifications d'ordre intellectuel, se croyant une incarnation du Divin et son Avatar, ou si elle fait confiance au Divin lui-même par une foi soutenue par la raison et un abandon total à sa volonté. Dans ce discriminant, dans ce oui ou non au Divin, dans le sens surhumain de cette tentation, le destin de l'âme élue sera à jamais marqué: soit elle sera pleinement ce Sujet radical destiné à devenir le gardien du feu sacré de la Tradition et son ardent guerrier, soit elle sera le sosie, le double noir, le singe du même Sujet radical, adepte de l'Antéchrist et de ses hordes infernales.

Le drame de cette épreuve, de cette tentation, ne doit pas nous décourager. Comme le disait saint Augustin, "Deux amours ont donc fondé deux cités: l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu a engendré la cité terrestre, l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi a engendré la cité céleste. L'une - la cité terrestre - se glorifie, l'autre - la cité de Dieu - se glorifie en Dieu; l'une est dominée par le désir de dominer, l'autre par le devoir de servir; l'une dans sa puissance aime son propre pouvoir, l'autre le met en Dieu; l'une, insensée tout en se croyant sage, n'aime pas Dieu, l'autre, dotée de la vraie sagesse, rend le culte qui lui est dû au vrai Dieu". (De civ. Dei 14, 28). Par conséquent, celui qui est choisi pour être un Sujet radical ne peut pas hésiter à se situer dans un camp et à appartenir à un autre.

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Concluons, dans le respect du style, par une exhortation d'Alexandre Douguine, afin que le Sujet radical, ayant passé l'épreuve de l'auto-déification, de la tentation autosatisfaite de Lucifer, s'efforce d'amorcer un nouveau départ de l'Ordre divin dans le monde, donc du triomphe de la Tradition pour un nouvel ordre impérial multipolaire :

"Les classiques du traditionalisme et de la révolution conservatrice ont décrit les stratégies et les méthodes d'une révolte contre le monde moderne. Ce monde, cependant, a presque cessé d'exister, remplacé par le monde postmoderne. En parlant, dans Le règne de la quantité et les signes des temps, des "fissures de la Grande Muraille" et de l'ouverture de l'Œuf du monde par le bas, René Guénon a anticipé le problème métaphysique de la Grande Parodie, c'est-à-dire du postmoderne. Evola, avec Chevaucher le Tigre et son idée d'homme différencié, a indiqué l'instance qui résistera à l'épreuve de la dissolution finale. Moeller van den Bruck propose aux conservateurs qui combattent la révolution de la diriger, en lui assignant une autre fin - la résurrection du Sacré. Aujourd'hui, dans le processus de transition vers le postmodernisme, il est nécessaire de franchir l'étape suivante: développer une stratégie de révolte contre le monde postmoderne, en adaptant le traditionalisme aux nouvelles conditions historiques et culturelles; non pas tant pour résister aux changements en cours, mais pour en être profondément conscient, pour intervenir dans le processus en lui assignant une direction radicalement différente. L'objectif n'est pas tant la victoire que la bataille elle-même. Si elle est correctement préparée et menée contre le véritable ennemi, cette guerre sera déjà une victoire. Ainsi commence l'ère du sujet radical. A en juger par certains signes, les premiers à le saisir furent précisément les héritiers directs des "hommes différenciés", les disciples du héros de la grande guerre contre l'esprit de la modernité - Julius Evola". (A. Douguine, op. cit. p. 35).

Avec la bénédiction du Prince de la Milice Céleste, Saint Michel Archange. Quis ut Deus ? ...

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mercredi, 07 octobre 2020

Michaelmas: Of Harvest Festivals & Holy Warriors

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Michaelmas:
Of Harvest Festivals & Holy Warriors

Come out, ’tis now September, the hunters’ moon’s begun,
And through the wheaten stubble we hear the frequent gun;
The leaves are turning yellow, and fading into red,
While the ripe and bearded barley is hanging down its head.

— “All Among the Barley,” British folk song

September the 29th is the Feast of St. Michael the Archangel, traditionally known as Michaelmas. Though not as widely observed nowadays, in medieval and early modern Europe this feast — falling as it does around the autumn equinox — was important both as a holy day and as a harvest festival, the last day of summer and the growing season. Like other “quarter days” and seasonal observances, its traditional customs are a synthesis of Christian devotion and European folk traditions.

The word “harvest” comes from the Old English word hærfest [1], meaning “autumn.” In England, the harvest season traditionally began with Lammas (old English for “loaf-mass”) on August 1, which marked the end of the hay season. Lammas was a religious as well as an agricultural festival, the day when the first loaf of bread made from the flour of the new harvest would be brought to church to be blessed. The Gaelic festival of Lughnasadh commemorates the sacrifice of Taltiu, the mother of the sun-god Lugh, who died of exhaustion after clearing the fields of Ireland for planting. The Harvest Home [2] festival in old England, also known as “Ingathering,” occurred around the date of the autumn equinox. Neopagans and Wiccans celebrate the equinox under various names, “Mabon” being the most common (though the name itself is a neologism). And the American Thanksgiving [3], of course, is our version of a harvest festival, though coming significantly later in the year.

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In old England, Michaelmas marked the end of the harvest. It was the largest festival of the season, associated with country fairs and bonfires. It was a time for the settling of accounts and hiring new labor for the coming season, retaining strong association with hiring fairs even into the 20th century. It was customary at this time of year to feast on the “Michaelmas goose,” called the “green goose” or “stubble goose” because it fed on spring grass and was therefore leaner than its Christmas counterpart. In Scotland, celebrants made St. Michael’s Bannock from the cereals grown on the family land and cooked it on a lambskin, representing the fruits of the fields and the flocks. Blackberry desserts, such as pies and Michaelmas dumplings, were also traditionally prepared on this day. British folklore [4] relates that when St. Michael expelled Satan from heaven, the devil fell into a thorny blackberry bush and cursed its fruit. It is therefore considered unlucky to eat blackberries after Michaelmas, which commemorates the date of that precipitous fall.

The primary focus of this day in the Christian calendar, of course, is the commemoration of St. Michael, the warrior archangel who defeated the rebellious angels and cast Satan into the pit. He is venerated as the patron saint of soldiers, policemen, paramedics, and those in peril on the sea, and represents a figure in Christian history that is largely forgotten today: the holy warrior.

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Michaelmas therefore seems an opportune time to revisit the themes in Christian history and doctrine that pertain to the warrior caste of old Europe. I am well aware that many on the New Right have a negative perception of Christianity, and given the state of the contemporary Church this is unsurprising. Nor do I believe that Christianity is the panacea for the West, a return to which will put all to rights and “save us.” [5] However, while I do not hope to win any converts, I hope that this essay will at least serve as a corrective to some of the current misunderstandings of the Christian religion, the faith which has been at the heart of the European soul for over fifteen hundred years. In the conclusion, I will discuss the place St. Michael as an archetypal holy warrior, and his particular relation to the harvest time.

Christianity Critiqued from the Right

The Rightist criticisms of Christianity will be well known to readers. It is reputed to be a life-denying creed, promoting an ascetic “slave morality” that subverted traditional European societies, precipitated the downfall of Rome, and led inexorably to the universalist, humanitarian insanity of the contemporary Left. It is rooted in Judaism and Oriental mysticism and thus fundamentally alien to the European spirit. Its emphasis on the uniqueness and importance of the individual soul promotes destructive tolerance, pathological altruism, pacifism, and egalitarianism and therefore discourages adherents from fighting for their own interests and those of their people. And so on. Christianity, seen in this light, is the poison in the veins of the modern West. Its teachings may be appropriate for ascetic, world-weary priests and resentful lumpenproles, but it is totally alien to the heroic worldview of the warrior caste and the mighty men who built Western civilization.

This critique of the religion, most powerfully articulated by Nietzsche, is a compelling rebuke of the humanitarian pseudo-Christianity that developed in the nineteenth century, and which currently prevails in almost every major denomination in the West. However, it fails to account for the traditional form that Christianity took in the West for over a thousand years.

I would like to address some of the above criticisms, in an admittedly abbreviated fashion, in order to lay the groundwork for a specific discussion of the warrior caste. It is important to emphasize that the common feature of these critiques is that they regard Christianity as monolithic, and therefore alien to Europe, despite its long presence in the West and undeniable importance to Western development. This is born of a rationalist, Enlightenment tendency, buttressed by Protestant literalism and exclusive emphasis on the Bible (sola scriptura), to ignore the important fact that Christianity in the West developed into a distinct religion in its own right, and should therefore be distinguished from the version that arose in Palestine, or for that matter the versions that developed in Eastern Europe, Latin America, Africa, etc. Thus, this article particularly addresses Western Christianity, the faith of Christendom, historically identified with Catholicism but not necessarily exclusive to it. And Protestant criticisms aside, one does not have to agree with every decision or action by the papal Curia, or deny the existence of bad priests and decidedly unimpressive practitioners, in order to acknowledge the validity of the ancient doctrine and ritual. As it stands, however deeply flawed it may be, the Church is the last bastion of unbroken tradition and spiritual values in the Western world. It should become clear that there was once a fully functional and organic society that fully embraced the Christian religion, which permeated not just the lower and priestly classes but the warrior caste as well.

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The slavish ideas of the contemporary Left — radical egalitarianism, distributive justice, hedonism, democracy — play no part in historical Christian doctrine. To argue that traditional Christianity preaches this insanity is plainly wrong. To argue that it has become infected by such ideas is merely to admit that the Christian community is susceptible to subversion. But what faith community is not? Hinduism today is a shadow of its former self, with the traditional caste system all but abolished. It was itself subverted by Buddhism, which — however noble [7] its origins — is now regarded by Western adherents as nothing more than a mélange of meditation, self-fulfillment, and social justice activism. Neopaganism is infested by Leftists continually wringing their hands over potential racists in their midst, and the virile warriors of ancestral Europe would be disgusted by the limp-wristed Wiccans of today. While much of Christian practice throughout the West has indeed been corrupted into sentimental humanitarianism, this is due to a rejection of fundamental points of doctrine, not an inevitable consequence of them. The prevalent Left-wing perversion of Christianity essentially places its highest value upon mankind and strives to achieve an egalitarian utopia on earth: to “immanentize the eschaton [8],” as Eric Voegelin put it. The same applies to communism, socialism, and other Leftist ideologies that critics such as Nietzsche trace to Christianity.

Rightists who criticize Christianity’s “slave morality” believe (again with Nietzsche) that this is attributable to its Jewish roots. They argue that these ignominious origins render Christianity unsuitable for Europeans, and sometimes regard the whole religion merely as a Trojan Horse of Jewish subversion, an ancient prototype of the Frankfurt School. This is despite the fact that Christ himself criticized orthodox Jewry of his day for their dry legalism and rank hypocrisy; despite the fact that he was murdered by these same hierarchs; despite the fact that many of the earliest expositors of Christianity aimed their message at Gentiles, and taught that adherence to the Old Law was unnecessary and in some cases harmful; and despite the fact that until the 20th century and the promotion of “Judeo-Christianity” and evangelical fawning over Israel, Jews have been regarded as outsiders and viewed with suspicion throughout the West.

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Certainly, Christ emerged from a Jewish milieu (though his teaching was in opposition to the orthodoxy). And it is true that the Church has incorporated the Old Testament into its holy canon, and believes it to contain prophecies and prefigurations of Christ. However, Judaism is not the only religion to prophesize a future figure of divine justice and restoration, nor are such prophecies absent from Indo-Aryan religions: medieval Christians believed that the coming of Christ was also foretold by the Sibyl of Cumae and in Virgil’s Fourth Eclogue [9], and one can also point to the Hindu Kalki [10], the Buddhist Maitreya [11], and the Zoroastrian Saoshyant [12] as other manifestations of this universal idea. Much of the anthropological and metaphysical framework of the Hebrew Bible, the omniscient God locked in battle with a principle of evil, the fall of man due to manipulation by that power — is present in the Indo-Aryan Zoroastrian religion. In addition, Christian doctrine incorporated the truths of Greek and Roman philosophy (particularly Neoplatonism and Stoicism), and in practice and form Christianity has often taken on a regional character, owing much to European folk religion. Thus, Christianity can be seen as a synthesis of what is best in religion, adapted to the soul of Western man, and not merely as a heretical outgrowth of Judaism — whose influence is obviously significant, but should not be overemphasized. As it developed in the West, I would be so bold as to assert that Christianity is far more Greek and Frankish than Jewish in character.

Traditional Christianity did not deny differences among humans, individually or culturally. The equality of souls before God is the only respect in which people are the same. Otherwise, humans are clearly different in terms of gifts, virtues, and bloodlines. All men might be endowed with a soul, but what they choose to do with that divine spark determines their place in the chain of being. Those whose lives and actions are most aligned with the will of God are considered saints. This category does not just consist of monks, priests, and hermits, but also kings and warriors: Joan of Arc, Martin of Tours, Louis the Pious [13]. While no one has a right to the unbridled exploitation of another (which I hope most people will agree on), hierarchy exists for a reason and historical Western Christianity is quite comfortable with this notion. In addition to affirming the existence of earthly hierarchies, Western Christian tradition affirms and acknowledges the existence of valid ethnic, cultural, and racial distinctions [14]. These are not simply regarded as obstacles to be overcome, prejudices of a primitive and pagan age, but considered a divine gift in their own right. And as rulers have an obligation to protect their own people, traditional Christianity does not counsel or condone the sacrifice of one’s own subjects or citizens to a nebulous “humanity.”

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Finally, the notion that Christianity rejects all virility and places supreme emphasis on human comfort and welfare is patently false. Unlike modern Catholic Social Teaching, which is unfortunately infected by Liberation Theology, traditional Western Christianity prioritizes many things above the mere preservation of human life: the salvation of souls, the maintenance of social order, the administration of justice, the defense of the community against its enemies. In contrast to most contemporary Christian organizations, which have indeed succumbed to the Enemy and preach universalism, egalitarianism, and a degree of tolerance bordering on nihilism, traditional Christianity was characterized by a far more demanding and warlike mentality. The remainder of this essay will examine the historical manifestations of this warrior faith, beginning with Christ himself.

Christus Victor and the Church Militant

Critics of Christianity, as well as many of its contemporary adherents, depict Christ exclusively as a teacher of love, nonviolence, and resignation, who counseled his disciples to abjure the sinful world and patiently await the life to come. This characterization misses many significant aspects of Christ’s teaching expressed in the Gospels. Those who emphasize his nonviolence ignore his exhortation that he came not “to bring peace, but a sword [15];” his instruction to his disciples that “he who has no sword, let him sell his garment and buy one [16];” his praise for the faith of the centurion [17], and his violent expulsion of the moneychangers [18] from the Temple. Those who emphasize Christ’s love and doctrine of nonjudgment ignore his constant condemnations of the hypocritical Pharisees [19] as well as comments about separating the wheat from the chaff [20], the sheep from the goats [21]. Far from resignation, he counseled stoicism and endurance of hardship [22] to his apostles in furtherance of their mission: the total defeat of the Enemy.

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Indeed, the traditional understanding of Christ’s death was not simply an act of meek resignation, but a conscious and powerful rebuke to the forces of darkness. This known as the Christus Victor [23] view of atonement, which is arguably the oldest understanding of Christ’s death. While most Christians nowadays believe that Jesus died in order to slake God’s wrath against a sinful mankind (“for your sins”), the prevalent Christus Victor understanding is that Christ’s death and Resurrection liberated man from the powers of death, evil, Satan, and legalistic religion. Since mankind was severed from its connection with the divine (“the Fall”) in the material realm, God’s incarnation and death had to occur in this realm as well, in order to decisively defeat the powers that bind mankind and restore their potential for transcendence. The Resurrection thus represents the light’s triumph over darkness, the sanctification of the material world, and the restoration and elevation of the human soul and person. This is the idea of the triumphant Christ, Christ the King, which animated the early Christians and the faithful of old Europe. This is not a god of guilt and suffering and weakness, but of strength and self-overcoming. Christians are not simply to rely on Christ for salvation, but to follow their King’s example and transcend the merely human within themselves, to ascend to their natural role as viceroys and contemplators of Creation.

Thus, in contrast to the feminized understanding of Christ prevalent today, Western Christianity is a warlike creed, exhorting its followers to ceaseless combat [24] against “against principalities, against powers, against the rulers of the darkness of this world, against spiritual wickedness in high places.” C.S. Lewis encouraged Christians to regard the world as “occupied territory [25]” and themselves as secret agents: “Christianity is the story of how the rightful king has landed, you might say landed in disguise, and is calling us to take part in a great campaign of sabotage.” Hence the term “church militant.”

There is, I believe, no better modern depiction of this warlike, vigorous conception of Christ than the beautiful poem of Ezra Pound, “Ballad of the Goodly Fere [26]” (“fere” meaning “mate” or “companion”), which is worth reading in its entirety:

Ha’ we lost the goodliest fere o’ all
For the priests and the gallows tree?
Aye lover he was of brawny men,
O’ ships and the open sea. [. . .]

Oh we drank his “Hale” in the good red wine
When we last made company,
No capon priest was the Goodly Fere
But a man o’ men was he. [. . .]

I ha’ seen him drive a hundred men
Wi’ a bundle o’ cords swung free,
That they took the high and holy house
For their pawn and treasury. [. . .]

He cried no cry when they drave the nails
And the blood gushed hot and free,
The hounds of the crimson sky gave tongue
But never a cry cried he. [. . .]

A master of men was the Goodly Fere,
A mate of the wind and sea,
If they think they ha’ slain our Goodly Fere
They are fools eternally.

This ballad, of course, is derived from Northern European poetic forms, and excellently captures how Christianity was understood and adopted by ancient Europeans. This is the subject of the next section.

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Germanized Christianity and the Emergency of Chivalry 

Christianity spread throughout the Empire and became the state religion of Rome during the reign of Constantine, who issued the Edict of Milan [27] in 313 AD. The Nietzschean interpretation is that Christianity caused the fall of Rome by embracing ascetic and life-denying values, but it seems more plausible that its widespread adoption was a response to the collapse of Roman society and religion that had already begun. Attempts by Julian the Apostate to restore the ancestral tradition were unsuccessful because it had lost its vitality and was no longer widely accepted. Christianity remained the unifying force in the Mediterranean world even after the collapse of Rome, and was soon adopted by the invading Germanic tribes, some willingly and some by force. This naturally changed the form of Christianity in significant ways and gave birth to the Western Christianity of the Catholic Middle Ages.

It would be incorrect to say that this “Germanized Christianity” completely changed the character of the original creed, transforming a life-denying and pacifistic faith into a tool for social cohesion. As explained above, original Christianity is rife with martial imagery and exhortations, and never condemned war or government (“turn the other cheek” [28] is understood by almost all traditional expositors as a prohibition against destructive individual vengeance, rather than nonresistance to evil). Indeed, one of Christianity’s vehicles of transmission was the Roman soldiery [29], whose faith evidently did not prevent them from carrying out their duties. Constantine’s conversion reputedly occurred on the battlefield.

Nevertheless, the focus and external forms of Christianity did change radically once it was adopted by the Europeans. These changes are convincingly detailed in James Russell’s The Germanization of Early Medieval Christianity [30]. He argues that Eastern Christianity developed in a largely alienated and anomic urban milieu, and was influenced by the otherworldly ethos of the mystery religions prevalent in that area. In Northern Europe, it encountered a civilization that was heroic, magico-religious, patriarchal, pastoral-agricultural, and warlike. Missionaries to the Anglo-Saxons and Franks emphasized the role of Christ as a warrior God, akin to Wotan, allowing for the sanctification of warfare in the name of God. The cult of saints, relics, and holy places, as well as the proliferation of holy days and festivals, served to redirect the same devotion and festivals of the pre-Christian religions.

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Anglo-Saxon poetry provides a particularly stirring example of this warlike, syncretic Western Christianity, in such poems as The Dream of the Rood [31] and Beowulf [32]. The following quotation is from the Heliand [33], a ninth-century paraphrase of the gospels written in the style of an Anglo-Saxon epic. Here is Christ speaking to his apostles:

He promised them Heaven’s Kingdom and spoke to the heroes:
“I might also tell you, O My companions,
With true words, that you shall henceforth be
The light of this world, fair among warriors,
Over many folk, beautiful and sweet,
For the children of people. Your great works may not
Become hidden because of the heart with which you make them known.” (1389-94)

The highest social expression of Western Christianity is the code of chivalry, which tempered the ferocity of the Viking-Germanic warrior class and directed knightly endeavors to the service of the King, the Church, and the people, particularly the innocent and defenseless. The chivalric ideal is a synthesis of the warrior code of the classical and Northern world with the Christian ethic. Hence the “Nine Worthies [34],” the paragons of chivalry in the Middle Ages, features three representatives from the classical world, three from the Old Testament, and three from the medieval age (Charlemagne, King Arthur, and Godfrey de Boullion). This ideal of noblesse oblige, loyalty to Church and King, and martial valor in service of God formed the ideal foundation for the feudal system.

Since the Renaissance, it has been commonplace to criticize the medieval era as a period of darkness and fanaticism. And even those critics of Christianity who admire the Catholic Middle Ages, such as Evola, believe that it was great in spite of Christianity, rather than because of it. But even Evola acknowledged that Christianity had a “galvanizing effect” on the peoples of Western Europe:

In spite of everything, Christianity revived the generic sense of a supernatural transcendence. The Roman symbol offered the idea of a universal regnum, of an aeternitas carried by an imperial power. All this integrated the Nordic substance and provided superior reference points to its warrior ethos, so much as to gradually usher in one of those cycles of restoration that I have labeled Christianity is a part of the European soul, but refigured from its Asiatic and life-denying origins; Germanized, transformed into the motivating creed behind chivalry, Rhineland mysticism, Gothic statuary, French stained glass, King Arthur, etc. (Mystery of the Grail [35], p. 120)

However, again, it is necessary to emphasize that every element of the Christian religion that made the Middle Ages great was present from the foundation, and was simply amplified and developed by its contact with Germanic Europe. The life-denying resignation attributed to Christianity by Nietzschean critics did indeed arise in Europe in the form of Catharism, but this sect was denounced as heretical and ultimately destroyed [36] (quite unjustly). Feudalism, chivalry, mysticism, Gothic architecture, and holy warfare are all expressions of the Germanic spirit under the influence of Christianity, and to those who are not blinded by the secularism and humanism of the Enlightenment, these represent some of the highest achievements of Western civilization. This is nowhere more apparent than in the military monastic orders of the Crusades.

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The Holy War: Templars and Teutonic Knights

The culmination of Western chivalry is to be found in the campaigns of the Crusades. Aside from true atrocities such as the siege of Zara [37] and the sack of Constantinople [38], the Crusades represent one of the few genuine moments of pan-European unity and military effort in the name of a shared European ideal. It gave Europe many of its tales of chivalry, heroism, and martial valor. This is particularly true of the monastic military orders such as the Knights Templar. These holy warriors, drawn from several European peoples, wedded the ferocity of the Frankish and Teutonic warriors with the chivalry and devotion of the Christian ethic, and therefore represented the pinnacle of Western knighthood. As Bernard of Clairvaux, the mystic and founder of the Benedictine Order who supplied the Rule for the new order, wrote in De Laude Novae Militiae [39] (In Praise of the New Knighthood):

This is, I say, a new kind of knighthood and one unknown to the ages gone by. It ceaselessly wages a twofold war both against flesh and blood and against a spiritual army of evil in the heavens. When someone strongly resists a foe in the flesh, relying solely on the strength of the flesh, I would hardly remark it, since this is common enough. And when war is waged by spiritual strength against vices or demons, this, too, is nothing remarkable, praiseworthy as it is, for the world is full of monks. But when the one sees a man powerfully girding himself with both swords and nobly marking his belt, who would not consider it worthy of all wonder, the more so since it has been hitherto unknown? He is truly a fearless knight and secure on every side, for his soul is protected by the armor of faith just as his body is protected by armor of steel. He is thus doubly armed and need fear neither demons nor men.

The Templars were the ultimate warrior monks. Their lives were highly regimented, with the inner cadre of knights committing to celibacy, an austere diet with frequent fast days, and rigorous physical training and prayer. They fought with extreme conviction to liberate the Holy Land and defend the pilgrims and Crusader states established there. The knights who formed the core of the order were drawn from the nobility, but individuals of other ranks and marital status could join in auxiliary roles. Its strength and wealth became so great as to pose a threat to the King of France, leading to its annihilation on fabricated charges of heresy. The Teutonic Order [40] was also renowned for its combination of religious devotion and martial valor, and would form a central component of Prussian and German identity into the twentieth century.

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Evola, though critical of Christianity, held these orders in high regard. He seems to have regarded them as the last true bastions of tradition and initiation in the West, with their emphasis on the ascesis of action, military discipline, and self-transcendence through both the greater and the lesser (internal and external) Holy War. Based upon statements made during their trials, it appears that the Templars initiated their highest class of knights into an esoteric form of Christianity:

During the Middle Ages, the realization of the human personality was believed to consist either in the path of action or in the path of contemplation; the two paths usually referred to the Empire and to the Church, respectively. As is well known, this was Dante’s view. In its deeper aspect, Ghibellinism more or less claimed that through the view of earthly life as discipline, militia, and service, the individual can be led beyond himself and reach the supernatural culmination of human personality through action and under the aegis of the Empire. This was related to the character of a nonnaturalistic but “providential” institution acknowledged in the Empire; knighthood and the great knightly Orders stood in relation to the Empire in the same way in which the clergy and the ascetic Orders stood in relation to the Church. These Orders were based on an idea that was less political than ethical-spiritual, and partially even ascetic, according to an asceticism that was not cloistered and contemplative, but rather of a warrior type. In this last regard, the most typical example was constituted by the Order of Knights Templar, and in part by the Order of the Teutonic Knights. (Men Among the Ruins [41], p. 207)

These military monastic orders are similar in nature to King Arthur’s legendary court, particularly in the quest for the Holy Grail. The Grail legend is one of the most significant myths in the Western psyche, an amalgam of Celtic, Germanic, and Catholic themes, representing a striving for wholeness in the psychological, political, and spiritual realm. Sir Galahad, one of only three knights to achieve the Holy Grail and the most renowned for his purity and gallantry, was likely inspired by Bernard de Clairveaux’s conception of the holy warrior. He was, significantly, equipped with a white shield emblazoned with a vermillion cross — the very emblem of the Knights Templar.

Muscular Christianity

The last manifestation of this warlike spirituality is the nearest to us in time: the “muscular Christianity [42]” of the Victorian era and early twentieth century. Developed in response to the perceived effeminacy of the mainstream churches, muscular Christianity emphasized physical strength and moral courage as necessary to doing God’s will on earth. As Thomas Hughes [43] wrote in 1861, its adherents promoted “the old and chivalrous Christian belief, that a man’s body is given him to be trained and brought into subjection, and then used for the protection of the weak, the advancement of all righteous causes, and the subduing of the earth which God has given to the children of men.”

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In this rebirth of the Christian warrior ideal, which was largely developed in Anglo-American Protestant churches but also had its Roman Catholic manifestations (for instance, the Knights of Columbus [44]), emphasis was placed upon physical strength. Churches organized boxing clubs and scouting organizations to teach young men the rigors of combat and woodcraft. Rather than the plaintive, melancholy, or sentimental hymns sung in churches, these muscular Christians would sing [45], in the worlds of Charles Richards (1915), “songs of character, of service, of brotherhood, of Christian patriotism, of aggressive missionary spirit, of the practical Christian life.” It promoted active involvement in the din and strife of the real world, and was a driving force behind the Social Gospel Movement. Muscular Christianity essentially sought to operationalize the Lord’s Prayer, affirming “Thy will be done on Earth as it is in heaven.”

The essence of muscular Christianity was summarized by Theodore Roosevelt [46]:

If we read the Bible aright, we read a book which teaches us to go forth and do the work of the Lord; to do the work of the Lord in the world as we find it; to try to make things better in this world, even if only a little better, because we have lived in it. That kind of work can be done only by the man who is neither a weakling nor a coward; by the man who in the fullest sense of the word is a true Christian. . . We plead for a closer and wider and deeper study of the Bible, so that our people may be in fact as well as in theory “doers of the word and not hearers only.”

This muscular, activist model of Christianity that emerged in the Victorian era was far from perfect. In its engagement with politics, it could lend itself to abolitionism (think “Battle Hymn of the Republic”) just as well as to the chivalric ethos of the Second Ku Klux Klan. Its strong association with Progressive Era reforms likely hastened the decline of the mainstream churches into spiritually lukewarm appendages of the Left. The whole movement was indelibly tainted by the fact that it arose in a democratic and Protestant society and therefore lacked the elements of hierarchy and willing obedience that must characterize any true religious-military order. However, it was nevertheless a major motivating ethos behind the last generation of WASP elites who sought to maintain America as a traditional, hierarchical nation of European settlers. It also stands as the last movement to fully embrace the virile, warlike dimensions of Christianity in the contemporary West.

St. Michael: Archetype of the Holy Warrior

And there was war in heaven: Michael and his angels fought against the dragon; and the dragon fought and his angels, and prevailed not; neither was their place found any more in heaven. And the great dragon was cast out, that old serpent, called the Devil, and Satan, which deceiveth the whole world: he was cast out into the earth, and his angels were cast out with him.

— Revelation 12:7-9

This brings us back to the figure of St. Michael. In Christian tradition, he is an archangel — prince and “Archistrategos” of the heavenly armies, first defender of the Kingship of Christ, the invincible warrior who conquered the Dragon and all his minions and cast them into Hell. St. Michael is the archetypal holy warrior, perfectly aligned with his Lord’s will, fighting with detachment and iron determination against the Enemy, upholding Order against Chaos. He is also an archetypal dragonslayer in the Indo-Aryan tradition, akin to Thor, Saint George, and Beowulf. As one writer insightfully notes [47],

As a healer, warrior and peace-maker, St. Michael is the Archangel honored as the guardian and guide of the individual in his/her battle for the self. In historic Germanic tradition, Michaelmas was the time of strength, of exercising one’s will, pitted against those things that challenge and threaten to overwhelm the spirit. This retains at some cultural level the virtue of Wotan (Odhin) whose own resilience fought and conquered all, leading him to self-victory and triumph. In that historic culture, such challenge was manifest in the “worm” and in the most aged of depictions, the dragon beneath the spear of St Michael is more akin to a writhing worm than any dragon or later demonic “devil.” This spear inherited according to theology as that very same attributed to Wotan as the harbinger of destiny, and is thus the arrow of truth and the dispeller of all falsehoods, including self-deceit.

But that is not all. In addition to his martial association as patron of soldiers and policemen, St. Michael is also regarded as a healer, protector of the innocent, and guide at the hour of death. He therefore represents the constructive obverse of the warrior’s fury, that which makes the difference between a mere barbarian and a true knight: the ability to restore that which is broken. He is envisioned as the particular guardian of God’s people, specifically in Christendom. He was accordingly the most important saint in the Middle Ages, with monasteries in his name — such as Mont Saint Michel in Normandy — believed to ward off demons from the borders. He was also a patron of many of the Catholic nationalist organizations that arose in the twentieth century, most notably the Romanian Iron Guard, formally known as the Legion of St. Michael the Archangel [48].

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St. Michael embodies a primordial Indo-European archetype of the holy warrior, the knight and defender. This is well-understood. What of his association with the harvest, and the special seasonal significance of this festival of Michaelmas?

St. Michael’s association with the harvest began in the fourth century, when he was viewed as a guarantor of rain and consequently a patron of agriculture. One reason for St. Michael’s association with autumn, which marks the end of the growing season and the beginning of nature’s dormancy and symbolic death, is due to his role as a defender and guide. He is the divine light guiding man through the uncertainty of the winter months, steeling man for the battle against darkness, hunger, and cold that lie ahead.

I believe that an additional explanation for this association may be warranted. The harvest is a celebration of nature’s bounty, a feast of thanksgiving, a time of year when the fruits of the fields and forest are gathered and stored. But this requires effort, a separation of the wheat from the chaff, a winnowing out of what is unnecessary and harmful. This is also the role played by St. Michael as a guide to souls after death, and an essential quality of the holy warrior: to struggle against the baser impulses and make oneself a fitting servant of one’s people and one’s God. Moreover, the harvest requires effort not just in cultivation but also in defense. The world is a place of beauty and bounty, but it requires warriors to defend it against the wickedness and snares of the Enemy. The association of the holy knight St. Michael and the harvest feast reminds us that all that is good, pure, and holy on this Earth must be defended — by gods, angels, and above all by men, with all the strength that is in us.

At this time of year the aster blooms, known as the Michaelmas Daisy, one of the last flowers to appear before the onset of winter. Just as St. Michael is a protector against darkness and evil, just as the holy warrior defends his land, his people, and his gods against those who would destroy them, this simple daisy stands amidst the dying weeds and grasses, a burst of life in the approaching gloom. This is what all of us, we Knights of Old Europe, should aspire to be: symbols of light and beauty in the darkness, heralds and guardians of the coming spring.

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Article printed from Counter-Currents: https://counter-currents.com

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URLs in this post:

[1] hærfest: https://www.etymonline.com/word/harvest

[2] Harvest Home: https://www.countryfile.com/how-to/food-recipes/british-harvest-how-long-does-the-season-last-when-is-harvest-day-plus-history-and-traditions/

[3] Thanksgiving: https://counter-currents.com/2011/11/thanksgiving-day-as-a-harvest-festival/

[4] British folklore: https://picnicinakeldama.wordpress.com/2016/10/04/taking-stock-with-st-michael-bannock-blackberries-and-more/

[5] “save us.”: https://counter-currents.com/2013/07/why-christianity-cant-save-us/

[6] here: https://counter-currents.com/2020/09/graduate-school-with-heidegger-2/

[7] noble: https://counter-currents.com/2013/06/spiritual-virility-in-buddhism/

[8] immanentize the eschaton: https://en.wikipedia.org/wiki/Immanentize_the_eschaton

[9] Virgil’s Fourth Eclogue: https://en.wikipedia.org/wiki/Christian_interpretations_of_Virgil%27s_Eclogue_4

[10] Kalki: https://en.wikipedia.org/wiki/Kalki

[11] Maitreya: https://en.wikipedia.org/wiki/Maitreya

[12] Saoshyant: https://en.wikipedia.org/wiki/Saoshyant

[13] Joan of Arc, Martin of Tours, Louis the Pious: https://en.wikipedia.org/wiki/Military_saint

[14] ethnic, cultural, and racial distinctions: http://faithandheritage.com/2011/01/a-biblical-defense-of-ethno-nationalism/

[15] to bring peace, but a sword: https://www.biblegateway.com/passage/?search=Matthew+10%3A34-42&version=NRSV

[16] he who has no sword, let him sell his garment and buy one: https://www.biblehub.com/luke/22-36.htm

[17] faith of the centurion: https://www.biblegateway.com/passage/?search=Matthew+8&version=NIV

[18] violent expulsion of the moneychangers: https://en.wikipedia.org/wiki/Cleansing_of_the_Temple

[19] constant condemnations of the hypocritical Pharisees: https://www.biblegateway.com/passage/?search=matthew%2023&version=NIV

[20] the wheat from the chaff: https://www.biblegateway.com/passage/?search=Matthew+3&version=NIV

[21] sheep from the goats: https://www.biblegateway.com/passage/?search=Matthew+25%3A31-46&version=NIV

[22] stoicism and endurance of hardship: https://biblehub.com/matthew/10-22.htm

[23] Christus Victor: https://reknew.org/2018/11/the-christus-victor-view-of-the-atonement/

[24] ceaseless combat: https://www.biblegateway.com/passage/?search=Ephesians+6:12&version=KJV

[25] occupied territory: https://merecslewis.blogspot.com/2010/11/invasion-of-enemy-occupied-territory.html

[26] “Ballad of the Goodly Fere: https://poets.org/poem/ballad-goodly-fere

[27] Edict of Milan: https://www.britannica.com/topic/Edict-of-Milan

[28] “turn the other cheek”: https://aleteia.org/2017/02/22/jesus-didnt-turn-the-other-cheek-neither-should-you/

[29] Roman soldiery: https://gatesofnineveh.wordpress.com/2012/04/20/christians-in-the-roman-army-countering-the-pacifist-narrative/

[30] The Germanization of Early Medieval Christianity: https://global.oup.com/academic/product/the-germanization-of-early-medieval-christianity-9780195104660?cc=us&lang=en&

[31] The Dream of the Rood: https://oldenglishpoetry.camden.rutgers.edu/dream-of-the-rood/

[32] Beowulf: http://csis.pace.edu/grendel/projs1d/CHRIST.html

[33] Heliand: https://www.ancient-origins.net/artifacts-ancient-writings/heliand-germanic-portrait-jesus-0011498

[34] Nine Worthies: https://www.gornahoor.net/?p=331

[35] Mystery of the Grail: http://cakravartin.com/wordpress/wp-content/uploads/2006/08/Julius-Evola-The-Mystery-of-the-Grail.pdf

[36] destroyed: https://www.ancient.eu/Albigensian_Crusade/

[37] siege of Zara: https://en.wikipedia.org/wiki/Siege_of_Zara

[38] sack of Constantinople: https://www.ancient.eu/article/1188/1204-the-sack-of-constantinople/

[39] De Laude Novae Militiae: https://history.hanover.edu/courses/excerpts/344bern2.html

[40] Teutonic Order: https://www.newworldencyclopedia.org/entry/Teutonic_Knights#:~:text=The%20Teutonic%20Knights%20have%20been%20known%20as%20Zakon,state%20of%20the%20Teutonic%20Knights%2C%20now%20Malbork%2C%20Poland.

[41] Men Among the Ruins: https://juliusevola.files.wordpress.com/2016/01/2-juliusevolamenamongtheruins.pdf

[42] muscular Christianity: https://www.artofmanliness.com/articles/when-christianity-was-muscular/

[43] Thomas Hughes: https://www.gutenberg.org/files/26851/26851-h/26851-h.htm

[44] Knights of Columbus: https://en.wikipedia.org/wiki/History_of_the_Knights_of_Columbus

[45] sing: https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=inu.32000013003910&view=1up&seq=3

[46] Theodore Roosevelt: http://www.oldandsold.com/articles24/speaking-oak-45.shtml

[47] notes: https://clantubalcain.com/2014/09/25/michaelmas-3/

[48] Legion of St. Michael the Archangel: https://counter-currents.com/2011/04/codreanu-and-the-iron-guard/

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lundi, 12 juin 2017

L’épée de l’archange saint Michel : ces sept sanctuaires unis par un fil invisible

 

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L’épée de l’archange saint Michel : ces sept sanctuaires unis par un fil invisible

Une mystérieuse ligne imaginaire unit entre eux sept monastères, de l’Irlande jusqu’en Israël. Simple coïncidence ? Ces sanctuaires sont très éloignés les uns des autres, mais parfaitement alignés. La ligne sacrée de saint Michel archange serait, selon la légende, le coup d’épée que le saint asséna sur le diable pour le renvoyer en enfer.

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Quoi qu’il en soit, le parfait alignement de ces sanctuaires est surprenant : les trois sites les plus importants – le Mont-Saint-Michel en France, l’abbaye Saint-Michelde-la-Cluse et le sanctuaire du Mont-Gargan en Italie – sont équidistants. Un avertissement du saint afin que les lois de Dieu soient toujours respectées et que les fidèles restent sur le droit chemin. Par ailleurs, cette ligne sacrée s’aligne parfaitement avec le soleil levant du solstice d’été.

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1) SKELLING MICHAEL

La ligne commence en Irlande, sur une île déserte, là où l’archange Michel serait apparu à saint Patrice pour l’aider à délivrer son pays du démon. C’est ici que se trouve le premier monastère, celui de Skelling Michael (« Le Rocher de l’archange Michel »).

2) SAINT MICHEAL’S MOUNT

La ligne se dirige ensuite vers le Sud et s’arrête en Angleterre, au St. Michael’s Mount (« Mont Saint-Michel »), une petite île dans les Cornouailles, accessible à marée basse. À cet endroit-même saint Michel aurait parlé à un groupe de pécheurs.

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3) LE MONT-SAINT-MICHEL

Puis la ligne sacrée se poursuit en France, sur une autre île célèbre, le Mont-Saint-Michel, où l’archange Michel serait également apparu. La beauté de son sanctuaire et de l’immense baie qui l’entoure sur la côte normande, en fait l’un des sites touristiques les plus visités de toute la France. Il est inscrit au patrimoine de l’Humanité de l’Unesco depuis 1979. Déjà au temps des Gaules, ce lieu était imprégné d’un fort mysticisme, puis en 709 l’archange apparut à l’évêque d’Avranches, saint Aubert, à qui il demanda de construire une église dans le rocher. Les travaux commencèrent mais ce n’est qu’en 900, avec les moines bénédictins, que l’abbaye fut construite.

4) L’ABBAYE SAINT-MICHEL-DE-LA-CLUSE

À 1000 kms de distance, à l’entrée du Val de Suze, dans le Piémont (Italie), se dresse le quatrième sanctuaire: L’abbaye Saint-Michel-de-la-Cluse (en italien Sacra di San Michele). La ligne droite unit ce lieu sacré au reste des monastères dédiés à saint Michel. La construction de l’abbaye commence vers l’an 1000, mais lui seront ajoutées de nouvelles structures au fil des siècles. Les moines bénédictins l’ont développée en lui ajoutant aussi une dépendance pour loger les pèlerins parcourant la voie Francigena, réseau de routes et chemins empruntés par les pèlerins venant de France.

5) SANCTUAIRE DE SAINT-MICHEL-ARCHANGE

Mille kilomètres plus loin, la ligne franchit les Pouilles et l’on tombe sur le Gargan, où une caverne inaccessible est devenue un lieu sacré : le Sanctuaire de Saint-Michel-Archange. La construction du site remonte à l’an 490, année de la première apparition de saint Michel à saint Laurent Maiorano, l’évêque local.

6) MONASTERE DE SYMI

Puis de l’Italie, la ligne sacrée de saint Michel arrive au sixième sanctuaire, en Grèce, sur l’île de Symi: le monastère orthodoxe de l’archange Michel « Mixalis » abrite une effigie du saint de 3 mètres de haut, une des plus grandes au monde.

7) MONASTERE DU CARMEL

La ligne sacrée se termine en Israël, au Monastère du Mont-Carmel à Haïfa. Ce lieu est vénéré depuis l’Antiquité et sa construction, comme sanctuaire chrétien et catholique, remonte au XIIe siècle.

Article traduit de l’italien par Isabelle Cousturié.

vendredi, 09 octobre 2009

Michel, l'Archange impérial germanique

Michael-Statue.jpgManfred MÜLLER:

Michel, l’Archange impérial germanique

 

 

Sur les pèlerins et les combattants michaëliques dans l’histoire allemande

 

 

Mai 1945: l’Allemagne est au fond de l’abîme. Le pays est en grande partie détruit. Des millions de soldats ont été tués au combat, sont portés disparus, sont prisonniers ou ont péri en fuyant les provinces de l’Est ou en en étant expulsés. Pour bon nombre d’Allemands, cette année fatidique signifie aussi l’effondrement de tout un monde spirituel. Beaucoup de catholiques allemands, qui suivaient alors scrupuleusement les étapes du cycle liturgique, ont tout de suite remarqué que les Alliés ont imposé la capitulation inconditionnelle de la Wehrmacht à la date du 8 mai. C’est le jour où l’Eglise fêtait l’apparition de l’Archange Michel dans les montagnes de Gargano en Apulie. Saint Michel, que beaucoup d’Allemands considéraient alors comme “l’Ange des Allemands” et l’honoraient à ce titre, se serait-il  détourné de son peuple, à l’heure fatidique où il était livré à des vainqueurs sans pitié?

 

Dans la situation de guerre si critique de l’année 1945, certains avaient encore placé des espoirs en “l’Ange des Allemands”. Franz Führmann, originaire du Pays des Sudètes, national-socialiste qui passera après guerre au communisme, pour devenir un auteur à succès en RDA, nous rappelle dans son oeuvre une scène étonnante: son père, national-socialiste convaincu,  avait intériorisé, lors des combats du Volkssturm, les conceptions religieuses contenues dans un “Chant à Saint Michel” du prêtre-poète autrichien Ottokar Kernstock:

“... zieh voran dem Heere, es gilt die deutsche Ehre, St. Michael, salva nos!”

(“... marche en tête de l’armée,  car l’honneur allemand est en jeu, Saint Michel, sauve-nous!”).

Franz Führmann rappelle que son père lui avait confié en 1945 son espoir: l’Archange ferait un geste en ultime instance pour sauver le Reich en perdition; c’est en ces mots qu’il rappelle les paroles paternelles: “L’Ange des Allemands fendera le ciel de son épée et descendra pour sauver son peuple, à la dernière heure, au moment où la nuit sera la plus noire”.

 

Cet engouement allemand  pour l’Archange remonte loin, aux débuts du moyen-âge. Sur le Monte Sant’Angelo, dans les montagnes de Gargano en Apulie, l’Archange Michel serait apparu entre 490 et 493. Dans une grotte de la montagne, en cette région où avaient prospéré les cultes antiques, l’archéologie peut prouver des correspondances entre ces cultes païens et le culte ultérieur et christianisé de Saint Michel. Un sanctuaire michaëlien s’est établi là, qui attire encore les pèlerins de nos jours (et aussi les touristes...). Parmi les innombrables pèlerins qui ont porté leurs pas là-bas, nous comptons quelques empereurs allemands.

 

Les Empereurs pèlerins au Monte Sant’Angelo

 

Othon le Grand a escaladé la montagne dédié à l’Archange lors de son troisième voyage en Italie. Il avait tenu à remercier l’Archange car, en 955, il avait pu battre définitivement les Hongrois à Lechfeld près d’Augsbourg. Il avait préservé ainsi les peuples christianisés de notre continent de la peur des raids dévastateurs des Hongrois. Lors de la bataille, l’image de l’Archange avait été portée à l’avant, sur l’étendard impérial du Roi des Allemands. La victoire de Lechfeld, qu’emporta Othon et ses guerriers michaëliques, jetta les bases d’une rénovation complète de l’institution impériale en Europe de l’Ouest, portée désormais par les Allemands (Translation Imperii ad Germanos).

 

Le deuxième pèlerin impérial allemand à Gargano fut Othon III. En février 999, le jeune Othon, âgé de 19 ans, escalada la montagne pieds nus depuis la plaine jusqu’à la grotte, en empruntant des sentiers abrupts et caillouteux: une épreuve très douloureuse pour un jeune monarque délicat et sensible. Cet exercice de pénitence cadrait bien avec la religiosité exaltée et enthousiaste de cet empereur, surtout à un moment de l’histoire européenne où les esprits étaient hantés par l’idée d’une fin du monde: en l’an 1000, le monde devait s’écrouler, croyait-on, et, lui, l’Empereur romain-germanique aurait alors pour tâche de conduire la chrétienté dans son ensemble vers le Christ apparaissant pour prononcer le Jugement Dernier.

 

En 1022, Henri II se rend à son tour à la grotte de Gargano. En 1137, Lothaire III de Supplinburg se trouve à proximité du site michaëlien avec une armée allemande. Le 8 mai de cette année, le jour même où l’Archange serait apparu à Gargano auparavant, Lothaire parvient à battre les Normands et à leur arracher le castel solidement fortifié du Monte Sant’Angelo et, ainsi, à garantir la domination impériale-germanique en Italie du Sud.

 

Très probablement, l’Empereur Frédéric II Hohenstaufen aurait, lui aussi, visité le sanctuaire de la montagne dédiée à l’Archange. Frédéric, qui, selon les critères médiévaux, était un “libre-penseur” sur le trône impérial, a donc été fasciné par la grotte cultuelle, qui, rappelons-le, attire encore et toujours pèlerins et touristes.

 

Le culte de Michel, le guerrier qui terrasse Satan, est venu du Sud, par l’intermédiaire des Lombards qui l’ont transposé en Bavière, et de l’Ouest, par l’intervention des missions irlandaises et anglo-saxonnes, qui l’ont généralisé dans l’Empire franc. La caste guerrière des Lombards, peuple germanique, avait été vivement impressionnée par la figure lumineuse de l’Archange, vigoureux combattant contre le Dragon et maître dirigeant des batailles. Les Lombards s’élançaient au combat avec son effigie sur leurs étendards. Chez les autres peuples germaniques de l’Empire franc puis du Saint Empire Romain de la Nation Germanique, le souvenir d’Odin, maître dirigeant des batailles lui aussi, a sûrement facilité l’adoption du culte michaëlique.

 

L’histoire du culte de Saint Michel est une thématique extrêmement complexe; quoi qu’il en soit, l’idée d’un “Ange des Allemands” s’est propagée en Allemagne aux 19ème et 20ème siècles.

 

Pendant la deuxième guerre mondiale, de nombreux jeunes Allemands qui avaient, dans les organisations de la jeunesse catholique, appris de leurs aumôniers l’importance de Saint Michel, ont servi dans la Wehrmacht, portés par les vertus que représentait l’Archange: la bravoure et la fidélité dans la défense de la patrie. Ces vertus correspondaient à celles que l’on a toujours traditionnellement attribuées à l’Archange, patron des Allemands. En  septembre 1939, on pouvait lire dans un journal de l’Eglise catholique, dans le ton de l’époque: “Toujours, quand des temps durs ont frappé notre peuple... lorsque l’âme et le corps du peuple ont tremblé sous les coups puissants du destin, alors, du fond du coeur du peuple allemand, une figure s’est dressée, qui, par décret divin, est l’ange protecteur de ce peuple, et, par suite, est intimement apparenté à l’essence la meilleure de ce peuple. Alors se dresse Saint Michel, flamboyant dans sa volonté de défendre le peuple qui est sous sa protection, avec son épée et son bouclier, le voilà lumineux à la tête des Allemands. Ceux-ci, alors, le suivent et, sous sa direction, partent vers le combat et la victoire”.

 

Le père jésuite Friedrich Muckermann qui, de son exil, avait durement combattu Hitler, parfois en se fourvoyant terriblement, voyait encore, après la guerre, en l’Archange Michel, “l’Ange des Allemands”: “Tous ceux qui ont lutté pour une Allemagne chrétienne, avant Hitler, et sous Hitler, mèneront encore ce bon combat après Hitler. Car telle est la Voie allemande! Avec Dieu et avec Saint Michel!”. Dans les milieux protestants, la figure de “l’Ange des Allemands” était connue également. Ainsi, par exemple, Bernt von Heiseler, qui appartient à la “génération du front”, publie un poème en 1957 dédié “A l’Archange Michel”. La dernière strophe dit:

“Hilf den alten Kampf bestehen

den dein Volk schon oft bestand,

Erzanfänglicher der Engel

Michael, bewahr dies Land!”

 

(“Aide-nous à soutenir l’antique combat

que ton peuple à si souvent mené,

toi, l’Ange des débuts immémoriaux,

toi, Michel, protège ce pays!”).

 

Manfreed MÜLLER.

(article paru dans “DNZ”, Munich, n°25/2001; trad. franç.: Robert Steuckers, 2009).