vendredi, 29 décembre 2023
Université de Cambridge: en route vers une liste de "livres problématiques"
Université de Cambridge: en route vers une liste de "livres problématiques"
Peter Logghe
Nieuwsbrief Knooppunt Delta, no 185, décembre 2023
Dans le dernier numéro de la revue allemande Cato, " Magazin für neue Sachlichkeit ", le philosophe et chroniqueur Michaël Andrick (né en 1980) écrit ce qui suit: "Le retrait de livres des bibliothèques et l'exclusion de personnes hors de la société suit toujours le même principe: la haine des dissidents, des comportements et des idées dissidents. Si ce mouvement d'annulation en Occident suit son cours sans être perturbé, il aboutira à l'idiotie et à l'aveuglement politico-moral".
Il est particulièrement inquiétant de constater que cette folie pseudo-religieuse semble se répandre surtout dans ce qui était autrefois les temples européens de la pensée libre: nos universités. C'est surtout dans les pays anglo-saxons que ce mouvement aux traits soft et totalitaires semble bien s'implanter.
Nous aimerions vous narrer l'histoire suivante. En octobre 2023, la bibliothèque de l'université de Cambridge a demandé à ses bibliothécaires de dresser une liste de "livres problématiques" afin de pouvoir décider de leur sort. C'est ce que rapporte le journal anglais The Sunday Telegraph.
La note de la bibliothèque universitaire disait : "Nous aimerions que tous nos collègues de Cambridge nous fassent part des livres que vous considérez comme problématiques (pour quelque raison que ce soit, et donc pas seulement en rapport avec les thèmes de la décolonisation), afin que nous puissions publier une liste d'exemples sur l'intranet des bibliothécaires de Cambridge et décider de ce qu'il convient de faire avec chacun d'entre eux". Le journal britannique rapporte que le Pembroke College a informé son personnel et lui a demandé de coopérer à la création de la liste de livres "noirs". Ultérieurement, le Pembroke College donnera des conseils à ses bibliothécaires et à ses lecteurs sur la manière de traiter ces livres.
Et, oh non, il ne s'agit pas de censure blanche (excusez le mauvais jeu de mots), déclare la bibliothèque de l'université de Cambridge (fondée en 1209!): "Les bibliothèques de l'université de Cambridge ne censurent pas, ne dressent pas de liste noire et ne retirent pas de livres, à moins qu'ils ne soient pénalement interdits par les lois britanniques. Nous nous engageons à dialoguer avec nos collègues afin de pouvoir continuer à l'avenir à mener des discussions ouvertes et honnêtes avec les lecteurs sur la manière dont nous collectons les livres et sur les raisons de cette collecte".
Le chaud et le froid en même temps. Pas de censure mais des "listes de livres problématiques" et, ultérieurement, des "lignes directrices sur la manière de les traiter en tant que lecteurs ou bibliothécaires": en quoi est-ce différent de la censure? James Orr, maître de conférences à l'université de Cambridge, a immédiatement répondu: "La création d'un index des livres qui posent problème à un camp sur un sujet particulier - un sujet sur lequel les universitaires et le public sont particulièrement divisés - serait une évolution sombre et désagréable. Elle porterait gravement atteinte à la réputation légitime de la bibliothèque universitaire, qui est l'une des meilleures institutions de ce pays".
La bibliothèque universitaire de Cambridge a annoncé qu'elle poursuivrait ses "efforts".
"Partout où l'on brûle des livres, on finit par brûler des gens".
Heinrich Heine (1797-1856)
Peter Logghe
19:00 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : censure, université de cambridge, cambridge, grande-bretagne, royaume-uni, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook