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mercredi, 09 avril 2014

Europe-Action, notre grand ancêtre

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Europe-Action, notre grand ancêtre

par Edouard Rix

Ainsi que nous le répétait régulièrement le regretté Jean Mabire, à Réfléchir & Agir nous sommes les héritiers d’Europe-Action.

Si l’on en croit les Dupont et Dupond de l’antifascisme, Camus et Monzat, « l’importance théorique » d’Europe-Action « est fondamentale pour établir la généalogie de l’extrême droite nationale-européenne, néo-paganisante et racialiste » (1). Son fondateur, Dominique Venner, né en 1935, est le fils d’un militant du PPF de Doriot. Engagé volontaire à dix-huit ans, il combat en Algérie entre 1954 et 1956. Cette même année, il rejoint Jeune Nation, imprimant à ce petit groupe néo-pétainiste fondé par les frères Sidos une nette inflexion activiste.

Pour une critique positive

Incarcéré à la prison de la Santé pour son appartenance à l’OAS, Venner profite des vacances forcées offertes par l’Etat gaulliste pour se livrer à une réflexion doctrinale et stratégique approfondie. Pour lui, après le « 1905 » que viennent de subir les nationalistes avec la dissolution de Jeune Nation, puis du Parti nationaliste, et l’échec d’une OAS dépourvue de tout contenu idéologique, il convient de faire du léninisme retourné. C’est ainsi qu’il rédige et publie en 1962 un texte synthétique intitulé Pour une critique positive, qui se veut le Que faire ? du nouveau nationalisme. « Le travail révolutionnaire, écrit-il, est une affaire de longue haleine qui réclame de l’ordre dans les esprits et dans les actes. D’où le besoin d’une théorie positive de combat idéologique. Une révolution spontanée n’existe pas ». Concrètement, il préconise d’en finir avec l’activisme, d’éliminer « les dernières séquelles de l’OAS », de créer « les conditions d’une action nouvelle, populaire et résolument légale » s’appuyant sur une doctrine cohérente.

Dès sa libération de prison, il lance un mouvement et un organe de presse, puisqu’il s’agit désormais pour lui de mener un combat d’idées. Sur le plan militant, il s’appuie sur les éléments les moins pétainistes de l’appareil clandestin de l’ex Jeune Nation, ainsi que sur la Fédération des étudiants nationalistes (FEN), créée en mai 1960 afin de servir de « périscope de légalité » au mouvement interdit, et animée par François d’Orcival. Les étudiants nationalistes partagent avec Venner le souhait de réhabiliter la réflexion théorique dans une mouvance dominée par un profond anti-intellectualisme.

La revue, qui devait d’abord s’appeler Rossel, en référence à l’officier communard incarnant une « gauche patriote », prend finalement pour titre Europe-Action. Le premier numéro, tiré à 10 000 exemplaires, paraît en janvier 1963. Une nouvelle formule, sous le format 21 x 27 cm, style newsmagazine, verra le jour en 1964 avec un tirage atteignant 15 000 à 20 000 exemplaires. Sous la direction de Dominique Venner, la rédaction comprend Jean Mabire, rédacteur en chef à partir de juin 1965, Alain de Benoist, secrétaire de rédaction et rédacteur en chef du supplément hebdomadaire sous le nom de Fabrice Laroche, Alain Lefebvre, François d’Orcival, Jean-Claude Rivière, ou encore Jean-Claude Valla qui signe Jacques Devidal. Des « anciens » comme Saint-Loup ou Saint-Paulien y collaborent régulièrement. Les ouvrages recommandés aux militants de la FEN et aux Volontaires d’Europe-Action sont publiés par les Editions Saint-Just et vendus par la Librairie de l’Amitié à Paris.

Réalisme biologique et défense de l’Occident

Racialisme européen, réalisme biologique, défense des peuples blancs face à la démographie galopante des masses du Tiers Monde, tels sont les principaux thèmes développés dans les colonnes dumensuel.Le premier des Cahiers d’Europe-Action, supplément trimestriel qui paraît en mai 1964, est consacré, sous le titre « Sous-développés, sous-capables », au fardeau représenté par les peuples de couleur et à leur incapacité chronique à maîtriser la technique.

Europe-Action est incontestablement le premier mouvement à dénoncer l’immigration extra-européenne incontrôlée et les risques de métissage en découlant. Car, « le métissage systématique n’est rien d’autre qu’un génocide lent » (2). Inlassablement, tout au long de son existence, il mènera une campagne « Stop à l’invasion algérienne en France », exigeant le rapatriement massif des allogènes, ce qui le rapprochera de François Brigneau, dont les éditoriaux dans Minute évoquent souvent ce problème. « Ils seront bientôt un million» proclame en une le n° 22 d’octobre 1964. « En France, écrira Dominique Venner en 1966, l’immigration importante d’éléments de couleur pose un grave problème (...) Nous savons également l’importance de la population nord-africaine (...) Ce qui est grave pour l’avenir : nous savons que la base du peuplement de l’Europe, qui a permis une expansion civilisatrice, était celle d’une ethnie blanche. La destruction de cet équilibre, qui peut être rapide, entraînera notre disparition et celle de notre civilisation » (3). Visionnaire !

europe_action.jpgPlus généralement, dans le numéro spécial « Qu’est-ce que le nationalisme ? », les rédacteurs font l’apologie de l’Occident « dévoré par le besoin d’agir, de réaliser, de vaincre », citant en exemple Beethoven qui, « sourd à trente ans, empoigne son destin à la gorge et continue de composer », ou « les équipes de chercheurs et d’hommes d’action qui se lancent à la conquête de l’espace, les Vikings traversant au Xè siècle l’Atlantique nord sur leurs coques de noix » (4). Quelques pages plus loin, le « Dictionnaire du militant » définit l’Occident comme une « communauté des peuples blancs », tandis que le peuple est présenté comme « une unité biologique confirmée par l’histoire » (5). Dans cette optique organiciste et völkisch, le nationalisme est vu comme une « doctrine qui exprime en termes politiques la philosophie et les nécessités vitales des peuples blancs (...), doctrine de l’Europe » (6), celle-ci étant entendue comme le « foyer d’une culture en tous points supérieure depuis trois millénaires » (7).

Partisan de l’Europe des ethnies, Europe-Action se prononce pour l’unité continentale : « Le destin des peuples européens est désormais unique, il impose leur unité politique, reposant sur l’originalité de chaque nation et de chaque province » (8). La revue souhaite la compléter par une alliance avec les bastions blancs d’Afrique australe comme l’Afrique du Sud et la Rhodésie, voire même l’Amérique du nord. D’où la formule provocatrice du rédacteur en chef Jean Mabire : « Pour nous, l’Europe est un cœur dont le sang bat à Johannesburg et à Québec, à Sidney et à Budapest » (9).

Son nationalisme européen se veut moderne, de progrès, en rupture avec le vieux nationalisme chauvin et réactionnaire. Il se fonde sur les « lois de la vie », la réalité, le « réalisme biologique » qui exalte une vision social-darwiniste du combat pour la vie, en opposition à l’universalisme, philosophie de l’ « indifférenciation » : « Le nationalisme, écrit maître Jean, s’il ne veut pas être une curiosité historique ou une nostalgie rétrograde, ne saurait être tout d’abord que réaliste et empirique. Il doit s’appuyer non sur des dogmes abstraits mais sur les données mêmes de la vie. Les nationalistes reconnaissent d’abord qu’il font partie d’un monde où tout est lutte. La nature en constante évolution ignore l’uniformité et l’indifférenciation. L’homme soumis aux lois de la vie, déterminé par son hérédité, trouve son accomplissement dans la maîtrise de la nature ». Il ajoute : « Ce réalisme biologique est tout aussi éloigné du matérialisme que de l’irréalisme. Il reconnaît un certain nombre de valeurs, appartenant en propre à notre communauté : le sens du tragique, la notion du réel, le goût de l’effort, la passion de la liberté et le respect de l’individu » (10). Le jeune Alain de Benoist renchérira, enthousiaste : « Le réalisme biologique est le meilleur outil contre les chimères idéalistes » (11).

Socialisme enraciné contre socialisme universaliste

Le nouveau nationalisme d’Europe-Action se veut aussi « socialiste ». Ce socialisme n’a rien à voir avec celui des marxistes ou des sociaux-démocrates, la revue se revendiquant du « socialisme français », celui de Proudhon et de Sorel. Jean Mabire prône un « socialisme enraciné », opposé au « socialisme universaliste » : « Le nationalisme, c’est d’abord reconnaître ce caractère sacré que possède chaque homme et chaque femme de notre pays et de notre sang. Notre amitié doit préfigurer cette unanimité populaire qui reste le but final de notre action, une prise de conscience de notre solidarité héréditaire et inaliénable. C’est cela notre socialisme » (12). Ce socialisme ne doit être ni égalitaire, ni internationaliste, ainsi que le rappelle Dominique Venner : « Ainsi reviennent constamment les idées de sélection, compétition, individualité qui, liées à la préservation du capital génétique, apparaissent bien comme les valeurs propres à l’Europe et nécessaires à son édification politique (...) Elles s’opposent, point par point, aux valeurs de mort de la société actuelle. En cela, elles sont révolutionnaires. Elles s’opposent au chaos universaliste, en cela elles sont nationalistes. Elles édifieront un monde où la qualité fera le prix de l’existence : en cela, elles fondent notre socialisme » (13).

« Les thèmes d’Europe-Action réapparurent (...) de manière de nouveau virulente dans des revues identitaires comme Réfléchir & Agir » (14) s’inquiètent les nouveaux entomologistes de la planète brune. Cette filiation de sang et d’esprit, nous la revendiquons insolemment. Dominique Venner, présent !

Edouard Rix, Réfléchir & Agir, automne 2013, n°45, pp. 48-50.

Notes

(1) J.Y Camus, R. Monzat, Les droites nationales et radicales en France, PUL, 1992, pp. 44-45.

(2) G. Fournier, « La guerre de demain est déclenchée », Europe-Action, avril 1964, n°16, p.21.

(3) Europe-Action, février 1966, n°38, p. 8.

(4) Europe-Action,mai 1963, n°5.

(5) Ibid, pp. 73-74.

(6) Ibid, p. 72.

(7) Ibid, p. 64.

(8) Ibid.

(9) J. Mabire, « Notre nationalisme européen », Europe-Action, juillet-août 1965, n°31-32, p. 13.

(10) J. Mabire, « Le nationalisme », Europe-Action, avril 1966, n°40, p. 14.

(11) Europe-Action, décembre 1965, n°36, p. 9.

(12) J. Mabire, « L’écrivain, la politique et l’espérance», Europe-Action, juin 1965, n°30, pp. 4-5.

(13) D. Venner, « Notre socialisme», Europe-Action, mai 1966, n°41, p. 19.

(14) S. François, N. Lebourg, « Dominique Venner et le renouvellement du racisme », Fragments sur les Temps présents, 30 mai 2013.

La vieille droite contre Europe-Action

Les prises de positions racialistes, nietzschéennes et païennes d’Europe-Action  susciteront la haine rabique de la vieille droite réac, maurrassienne et intégriste. Suite au numéro « Qu’est-ce que le nationalisme ? », Jacques Ploncard d’Assac enverra une lettre de rupture à la rédaction, publiée dans le n°8 d’août 1963 : « Les nationalistes français, même agnostiques comme Maurras, ont toujours reconnu le caractère chrétien de l’ethnie française. Il y a donc incompatibilité entre le matérialisme athée et l’objet même du nationalisme français ». Scandalisé que ceux qu’il appelle élégamment les « venneriens » professent un « racisme théorisant », l’inénarrable Pierre Sidos tiendra à préciser dans L’Echo de la presse et de la publicité du 15 janvier 1964 qu’il n’a « rien de commun avec la société Saint-Just » et émet les « plus expresses réserves (...) quant aux thèses exposées par les publication de cette firme, et notamment la revue Europe-Action ».

vendredi, 07 juin 2013

50 ans après… une critique positive toujours d’actualité ?

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50 ans après… une critique positive toujours d’actualité ?

Monika BERCHVOK

Rivarol N° 3096 du 31 mai 2013

 

A partir d’avril 1961, un prisonnier est amené à faire le bilan sans concession de l’échec de son combat politique et activiste pour une cause perdue. Dominique Venner n’est pas encore l’historien et fondateur de la Nouvelle Revue d’Histoire qu’il est devenu par la suite, il est un condamné politique à la prison de la Santé.

 

UN “QUE FAIRE ?” NATIONALISTE

 

Responsable d’un mouvement nationaliste interdit par le régime gaulliste, Jeune Nation, son engagement dans le combat de l’Algérie française l’a conduit à être arrêté et d’écoper de 18 mois de prison. Symbole de courage pour une génération de jeunes militants nationalistes de Jeune Nation mais surtout de l’importante Fédération des Etudiants Nationalistes (FEN), il est un observateur impuissant de la fin du combat des partisans de l’Algérie Française. Dans sa cellule, il rédige une courte brochure qui est un solde pour tout compte avec la ligne stratégique adoptée jusque-là. La rédaction du texte s’accompagne de longues discussions avec ses camarades détenus pour tirer les leçons de leur engagement, son analyse s’affine et devient un véritable plan de reconquête de l’influence perdue. George Bousquet, journaliste à RIVAROL, sortira le document lors de sa libération de la Santé. Pour une critique positive se diffuse alors rapidement dans les réseaux nationalistes en pleine recomposition. Le texte est anonyme, mais il est fait sien par la majorité des étudiants de la FEN. « Ecrit par un militant pour les militants », il touche directement sa cible. Dominique Venner exprimait clairement la volonté d’une jeunesse en quête d’un idéal révolutionnaire. Sévère et lucide, ce texte n’est nullement fait pour s’apitoyer sur une défaite. Il affirme que le combat ne fait que commencer, que le nationalisme est au début de sa longue marche. Pour une critique positive reste une référence pour tout un courant activiste, rarement un texte politique influence plusieurs générations de militants nationalistes. Cette brochure connut plusieurs éditions dans les années 1970, plus ou moins artisanales, et elle est maintenant diffusée gratuitement sur Internet par de nombreux sites de téléchargement. Comment expliquer cette longue postérité d’un texte écrit dans une situation d’urgence ? Tout simplement parce qu’il pose les problématiques de base que rencontrent les militants nationalistes authentiques et révolutionnaires depuis 50 ans. Dès les premières lignes, Pour une critique positive établit une distinction fondamentale et sans équivoque entre les “nationaux” et les “nationalistes”. L’attitude des premiers est dénoncée en des termes très durs. La « confusion idéologique » des nationaux est critiquée sans appel : « Les “nationaux” s’attaquent aux effets du mal, pas à ses racines. Ils sont anticommunistes mais oublient que le capitalisme et les régimes libéraux sont les principaux artisans de la propagation du communisme. Ils étaient hostiles à la politique algérienne du gouvernement, mais oublient que cette politique était le produit d’un régime, de son idéologie, de ses intérêts, de ses maîtres réels financiers et technocrates, comme de ses structures politiques et économiques. Ils voulaient sauver l’Algérie française contre le régime, mais ils reprennent à leur compte ses principes et ses mythes ». L’opportunisme et la mythomanie de ces milieux (« Un bridge avec un général en retraite, un parlementaire ou un sergent de réserve devient une sombre et puissante conjuration ») n’ont d’égal pour Venner que leur arrivisme électoraliste. Sur la question de l’action violente, le texte est clair sur l’importance de rompre avec les pratiques “terroristes” désorganisées des derniers feux de l’OAS : « Le terrorisme aveugle est le meilleur moyen pour se couper d’une population. C’est un acte désespéré ». Mais c’est surtout le manque de discipline et d’organisation qui reste une constante dans les rangs de la mouvance. Dès lors le jugement est sans appel. « Zéro plus zéro, cela fait toujours zéro. L’addition des mythomanes, des comploteurs, des nostalgiques, des arrivistes, ne donnera jamais une force cohérente. »


 

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POUR UNE NOUVELLE THÉORIE RÉVOLUTIONNAIRE

 

On l’aura compris, Pour une Critique positive était sans concession. Dominique Venner s’appuyait sur l’exemple de rigueur de Lénine et des Bolcheviks russes à la veille de la Révolution d’Octobre 1917. Lecteur du « Que faire ? » du fondateur de l’URSS, il établit une nouvelle théorie révolutionnaire créant un unité entre réflexion et action radicale. Ce rôle est donnée à la « conscience révolutionnaire », elle est le cœur de la méthode qu’il veut mettre en place : « Le révolutionnaire est entièrement conscient de la lutte engagée entre le Nationalisme, porteur des valeurs créatrices et spirituelles de l’Occident et le Matérialisme sous ses formes libérales ou marxistes. Il est libéré des préjugés, des contre-vérités et des réflexes conditionnés par lesquels le régime se défend. L’éducation politique qui permet de s’en affranchir s’acquiert par expérience personnelle, bien sûr, mais surtout à l’aide de l’enseignement que seule l’étude permet de dégager. Sans cette éducation, l’homme le plus courageux, le plus audacieux, n’est plus qu’une marionnette manipulée par le régime […] Par une propagande permanente à sens unique, à laquelle chacun est soumis dès l’enfance, le régime, sous ses multiples aspects, a progressivement intoxiqué les Français.

 

Toutes les nations à direction démocratique en sont là. Tout esprit critique, toute pensée personnelle sont détruits. Il suffit que soient prononcés les mots-clefs pour déclencher le réflexe conditionné prévu et supprimer tout raisonnement ». Si des notions comme l’Occident ou le Régime (à lire dans le contexte de l’époque) sont datées, le fond reste d’une actualité intéressante. L’enjeu est donc de donner une direction révolutionnaire à toutes les forces nationalistes, dans la perspective d’un changement de la société sur des bases nouvelles. « Maintenir le moral offensif de ses propres partisans, communiquer ses convictions aux hésitants sont deux conditions indispensables au développement du Nationalisme. La preuve est faite que dans l’action ou en prison, quand la démoralisation guette, quand l’adversaire semble triompher, les militants éduqués, dont la pensée cohérente soutient la foi, ont une force de résistance supérieure ». Voulant doter le nationalisme d’une organisation centralisée et“monolithique”. tirant les enseignements de la période de Jeune Nation, le texte rappelle une règle fondamentale du militantisme : « La preuve est faite que cinq militants valent mieux que cinquante farfelus. La qualité des combattants, est, de loin, préférable à leur quantité. C’est autour d’une équipe minoritaire et efficace que la masse se rassemble, pas l’inverse. Que les mouvements révolutionnaires soient des minorités agissantes ne signifie évidemment pas que tous les groupes minoritaires soient, pour autant, révolutionnaires. C’est une excuse trop facile pour la médiocrité de certains. Les minorités agissantes ne sont pas des sectes stériles, elles sont en prise directe sur le peuple. » La définition même que Dominique Venner donne au nationalisme fit couler beaucoup d’encre et devait provoquer de nombreuses ruptures avec d’anciens camarades : « Fondé sur une conception héroïque de l’existence, le Nationalisme, qui est un retour aux sources de communauté populaire, entend créer de nouveaux rapports sociaux sur une base communautaire et bâtir un ordre politique sur la hiérarchie du mérite et de la valeur. Dépouillé de l’enveloppe étroite imposée par une époque, le Nationalisme est devenu une nouvelle philosophie politique. Européen dans ses conceptions et ses perspectives, il apporte une solution universelle aux problèmes posés à l’homme par la révolution technique. » L’orientation européenne et quasiment nietzschéenne du texte n’échappe pas, et laisse entrevoir l’évolution vers les premières formes de la pensée de la « Nouvelle Droite ». L’éthique de l’honneur de « l’homme européen » et l’appel à la naissance d’une « Jeune Europe » font encore débat. Mais comment ne pas souscrire à l’affirmation que l’Europe doit avoir un autre destin que la mondialisation. « L’unité est indispensable à l’avenir des Nations européennes. Elles ont perdu la suprématie du nombre ; unies, elles retrouveraient celle de la civilisation, du génie créateur, du pouvoir d’organisation et de la puissance économique. Divisées, leurs territoires sont voués à l’invasion et leurs armées à la défaite ; unies, elles constitueraient une force invincible […] La jeunesse d’Europe aura de nouvelles cathédrales à construire et un nouvel empire à édifier. ».