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mercredi, 10 février 2021

LA BOÉTIE - La servitude volontaire

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LA BOÉTIE - La servitude volontaire

Alors qu'il est âgé de seize ans, Etienne de La Boétie écrit l'un des textes les plus radicaux sur les rouages de la domination politique. Selon La Boétie, si le peuple est opprimé, la faute n'en revient pas aux tyrans mais au peuple lui-même. Ce mécanisme porte un nom : la servitude volontaire.
 
La Boétie - "Discours de la servitude volontaire" : https://amzn.to/3arbGG9 #ServitudeVolontaire #LaBoetie #Domination
 
 
QUI EST LE PRÉCEPTEUR ?
Charles Robin est précepteur et enseignant en philosophie, français et mathématiques. Depuis plusieurs années, il accompagne des élèves de tous niveaux dans leur parcours scolaire. Ses élèves l'apprécient pour son franc parler, son sens de l'écoute et sa capacité à rendre claires des notions parfois complexes. Son projet, à terme, est de créer une école populaire autonome dans laquelle seraient valorisés les savoirs fondamentaux, les arts et l'initiative collective.
 

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vendredi, 17 août 2018

De l’esclavage des blancs et du martyre des Irlandais…

De L’esclavage irlandais en Amérique. En enfer ou à la Barbade, un livre écrit par Sean Callaghan révèle les vérités derrière les Irlandais qui ont été vendus en esclavage.

Après la bataille de Kinsale (1601), les Anglais avaient capturé quelque 30 000 prisonniers militaires, créant ainsi une politique officielle de bannissement ou de transport. James II encouragea la vente des Irlandais comme esclaves aux planteurs et aux colons des colonies du Nouveau Monde. La première vente enregistrée d’esclaves irlandais a eu lieu en 1612 dans une colonie située sur le fleuve Amazone.

whitecargo.jpgEn 1625, une proclamation officielle ordonna aux prisonniers irlandais d’être rassemblés et vendus comme esclaves aux planteurs anglais. Entre 1629 et 1632, un grand nombre d’Irlandais, hommes et femmes, furent envoyés en Guyane, à Antiqua et à Montserrat. En 1637, environ 69 % de la population de Montserrat était constituée d’esclaves irlandais. Il fallait acheter de nouveaux esclaves, de 20 à 50 livres sterling, des esclaves irlandais capturés et vendus pour 900 livres de coton. Les Irlandais sont devenus la plus grande source d’esclaves pour les marchands d’esclaves anglais.

De 1641 à 1652, plus de 550 000 Irlandais ont été tués par les Anglais et 300 000 autres ont été vendus comme esclaves. Comme de plus en plus d’hommes étaient transportés, laissant leurs femmes et leurs enfants derrière eux, ils étaient aussi rassemblés et vendus comme esclaves. Les Irlandaises et leurs filles étaient de moins bonne qualité que les esclaves noires et étaient considérées comme des esclaves domestiques.

En 1649, Cromwell entreprit une campagne de terreur en Irlande. Tous les soldats capturés ont été transportés pour être vendus en esclavage. Quelques mois plus tard, en 1650, 25 000 Irlandais étaient vendus à des planteurs à St. Kitt.

Au cours des années 1650, plus de 100 000 enfants irlandais, généralement âgés de 10 à 14 ans, ont été enlevés à leurs parents et vendus comme esclaves aux Antilles, en Virginie et en Nouvelle-Angleterre. En fait, plus d’Irlandais ont été vendus comme esclaves aux colonies américaines de 1651 à 1660 que la population totale « libre » existante des Amérique !

En 1652, Cromwell ordonna que les Irlandais soient transportés à l’étranger, à commencer par 12 000 prisonniers irlandais vendus à la Barbade. La fameuse proclamation « To Hell or to Connacht » fut publiée le 1er mai 1654, confisquant toutes les terres irlandaises, et les Irlandais indigènes devaient déménager à l’ouest du Shannon ou être transportés aux Antilles.

Pour accélérer le processus en 1657, la loi a été clarifiée comme suit : « Ceux qui ne parviennent pas à se transplanter dans Connaught ou Co Clare dans les six mois seront atteints de haute trahison… doivent être envoyés en Amérique ou ailleurs… les mers… les bannis qui reviennent doivent subir les souffrances de la mort en tant que criminels en vertu de cet acte, sans bénéficier du clergé. »

Ce n’était pas un crime de tuer des Irlandais, comme les soldats étaient encouragés à le faire, mais la traite des esclaves rentable à ignorer. En conséquence, 52 000 Irlandais ont été vendus à la Barbade et à Virginia uniquement. 30 000 Irlandais et Indiennes ont été faits prisonniers et ont été transportés et vendus comme esclaves. En 1656, le Conseil d’État de Cromwell ordonna que 1 000 filles irlandaises et 1 000 garçons irlandais soient rassemblés et emmenés en Jamaïque pour être vendus comme esclaves à des planteurs anglais.

hellbarbados.jpgDe 1600 à 1699, peu de gens comprennent que plus d’Irlandais étaient vendus comme esclaves que d’Africains.

Les contrats de service étaient un accord mutuel par lequel un agent vendait une période de temps en échange de son passage, en échange de quoi il recevrait un logement, de la nourriture, des vêtements et généralement un terrain à la fin du service. Mais les Irlandais étaient plus souvent une exception.

Parfois, l’esclavage n’était pas enregistré en tant que tel ou pas du tout enregistré. À partir de 1625, les Irlandais sont vendus avec un seul objectif : les esclaves. Il n’y avait pas d’entente, pas de protection, pas de choix. Ils ont été capturés et remis aux expéditeurs pour être vendus pour leur profit. Les profits étaient énormes, 900 livres de coton pour un esclave irlandais.

Tout le monde dans le commerce d’esclaves d’Irlande a réalisé un profit, à l’exception de l’esclave. Les esclaves irlandais et africains étaient logés dans les mêmes installations et appartenaient au propriétaire de la plantation. Les planteurs devaient payer plus cher pour un esclave noir. Les Noirs africains coûtent généralement entre 20 et 50 livres sterling, contre 900 livres de coton (environ 5 livres sterling) pour un Irlandais. Les Noirs ont été mieux traités. Le pape et tous les catholiques romains étaient considérés comme un ennemi de Dieu et de la civilisation. Toute infraction a été traitée avec sévérité. Beaucoup d’Irlandais sont morts suite à leur traitement. Tuer un esclave irlandais ne fut pas un crime, mais une perte.

Mais le Parlement avait besoin de protéger certaines esclaves. En 1677, le Parlement adopta la loi réglementant le traitement des esclaves dans les plantations britanniques, désignant les sanctions autorisées pour inclure les coups de fouet et les marques pour les délits d’esclaves commis contre un chrétien.

Les catholiques irlandais n’étaient pas considérés comme des chrétiens, donc ces protections ne s’appliquaient pas. Les planteurs ont commencé à élever les Irlandaises parce que c’était rentable. Les enfants des esclaves étaient eux-mêmes des esclaves. Les planteurs ont alors commencé à élever des femmes irlandaises avec des hommes africains pour produire plus d’esclaves qui avaient une peau plus claire et un prix plus élevé.

En 1681, une loi a été adoptée « interdisant la pratique d’accoupler les esclaves irlandaises aux hommes esclaves africains dans le but de vendre des esclaves. »

Non par considération morale, mais parce que les marchands d’esclaves y voyaient une concurrence. En 1691, à la suite de la bataille de la Boyne et de la défaite du roi James, la traite des esclaves irlandais disposait d’une nouvelle réserve de captifs prêts à être transportés. Au cours des 100 années suivantes, la politique est restée le transport d’hommes, de femmes et d’enfants irlandais, vendus comme esclaves, une politique de nettoyage ethnique.

Finalement, en 1839, un projet de loi a été adopté en Angleterre pour interdire ces activités, mettant fin à la traite des esclaves irlandais.

De L’esclavage irlandais en Amérique. En enfer ou à la Barbade, un livre écrit par Sean Callaghan,éd. Mainstream Publishing _ The White Slave, Richard Hildreth éd. Adamant Media Corporation.

Sources

http://www.irisheyesofva.com/wp-content/uploads/2018/05/Irish_Slavery.pdf

12:18 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire, esclavae, servitude, irlande, états-unis | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 31 juillet 2017

The Forgotten History of Britain's White Slaves in America

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The Forgotten History of Britain's White Slaves in America

Slavery in America, typically associated with blacks from Africa, was an enterprise that began with the shipping of more than 300,000 white Britons to the colonies.  This little known history is fascinatingly recounted in White Cargo (New York University Press, 2007).  Drawing on letters, diaries, ship manifests, court documents, and government archives, authors Don Jordan and Michael Walsh detail how thousands of whites endured the hardships of tobacco farming and lived and died in bondage in the New World. 

Following the cultivation in 1613 of an acceptable tobacco crop in Virginia, the need for labor accelerated.  Slavery was viewed as the cheapest and most expedient way of providing the necessary work force.  Due to harsh working conditions, beatings, starvation, and disease, survival rates for slaves rarely exceeded two years.  Thus, the high level of demand was sustained by a continuous flow of white slaves from England, Ireland, and Scotland from 1618 to 1775, who were imported to serve America's colonial masters. 

These white slaves in the New World consisted of street children plucked from London's back alleys, prostitutes, and impoverished migrants searching for a brighter future and willing to sign up for indentured servitude.  Convicts were also persuaded to avoid lengthy sentences and executions on their home soil by enslavement in the British colonies.  The much maligned Irish, viewed as savages worthy of ethnic cleansing and despised for their rejection of Protestantism, also made up a portion of America's first slave population, as did Quakers, Cavaliers, Puritans, Jesuits, and others.

Around 1618 at the start of their colonial slave trade, the English began by seizing and shipping to Virginia impoverished children, even toddlers, from London slums.  Some impoverished parents sought a better life for their offspring and agreed to send them, but most often, the children were sent despite their own protests and those of their families.  At the time, the London authorities represented their actions as an act of charity, a chance for a poor youth to apprentice in America, learn a trade, and avoid starvation at home.  Tragically, once these unfortunate youngsters arrived, 50% of them were dead within a year after being sold to farmers to work the fields.

A few months after the first shipment of children, the first African slaves were shipped to Virginia.  Interestingly, no American market existed for African slaves until late in the 17th century.  Until then, black slave traders typically took their cargo to Bermuda.  England's poor were the colonies' preferred source of slave labor, even though Europeans were more likely than Africans to die an early death in the fields.  Slave owners had a greater interest in keeping African slaves alive because they represented a more significant investment.  Black slaves received better treatment than Europeans on plantations, as they were viewed as valuable, lifelong property rather than indentured servants with a specific term of service.

These indentured servants represented the next wave of laborers.  They were promised land after a period of servitude, but most worked unpaid for up to15 years with few ever owning any land.  Mortality rates were high.  Of the 1,200 who arrived in 1619, more than two thirds perished in the first year from disease, working to death, or Indian raid killings.  In Maryland, out of 5,000 indentured servants who entered the colony between 1670 and 1680, 1,250 died in bondage, 1,300 gained their right to freedom, and only 241 ever became landowners. 

Early in the 17th century, the headright system, a land allocation program to attract new colonists, began in Jamestown, Virginia as an attempt to solve labor shortages.  The program provided acreage to heads of households that funded travel to the colony for destitute individuals to work the land.  It led to the sharp growth of indentured servitude and slavery because the more slaves imported by a colonist, the larger the tracts of land received.  Promises of prosperity and land were used to lure the poor, who were typically enslaved for three to 15 years.  All the while, agents profited handsomely by augmenting their land holdings.  Corruption was rampant in the headright system and included double-counting of individual slaves, land allocations for servants who were dead upon arrival, and per head fees given for those kidnapped off English streets.

Purveyors of slaves often worked in teams of spirits, captains, and office-keepers to kidnap people from English ports for sale in the American labor market.  Spirits lured or kidnapped potential servants and arranged for their transport with ship captains.  Office-keepers maintained a base to run the operation.  They would entertain their prey and get them to sign papers until an awaiting ship became available.  Spirits and their accomplices were occasionally put on trial, but court records show that they got off easily and that the practice was tolerated because it was so profitable.

The indentured servant system of people who voluntarily mortgaged their freedom evolved into slavery.  England essentially dumped its unwanted in the American colonies, where they were treated no better than livestock.  Servants were regularly battered, whipped, and humiliated.  Disease was rampant, food was in short supply, and working and living conditions were grim.  War with local native Indian tribes was common.  Severe punishment made escape unrealistic.  Initially, running away was considered a capital crime, with clemency granted in exchange for an agreement to increase the period of servitude.

In the 1640s, the transportation of the Irish began.  Britain's goal was to obliterate Ireland's Catholics to make room for English planters.  Catholics who refused to attend a Protestant church could be fined.  If they were unable to pay, they could be sold as slaves.  Following the end of the English Civil Wars in 1651, English military and political leader Oliver Cromwell focused his attention on Ireland, where the people had allied with the defeated royalists during the conflict.  Famine was created by the intentional destruction of food stocks.  Those implicated in the rebellion had their land confiscated and were sold into slavery.  Anyone refusing to relocate was threatened with death, including children.

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Scots were also subjected to transportation to the British colonies for religious differences, as England imposed Anglican disciplines on the Church of Scotland as well.  The English army was deployed to break up illegal church assemblies and imprison or deport religious protesters. 

Cruelty to servants was rampant.  Beatings were common, and the perpetrators, buttressed by juries made up of fellow landowners, were rarely punished for abuse or even murder.  In time, efforts were made to improve the lot of servants.  Legislation in 1662 provided for a "competent diet, clothing and lodging" and disciplinary measures not to "exceed the bounds of moderation."  Servants were granted the right to complain, but the cruelty continued. 

Infanticide by unmarried women was common, as they could be severely punished for "fornication."  The mother faced a whipping, fines, and extra years added to her servitude.  Her offspring faced time in bondage as well.  If the mother was the victim of a rape by the master, he faced a fine and the loss of a servant but wasn't subjected to whipping.

Several uprisings in the American colonies awakened slave owners to problems, exposing their vulnerability within the caste-like master-servant social system they had created.  In 1676, Nathaniel Bacon, an aristocrat from England who became a Virginia colonist, instigated an insurrection, referred to as Bacon's Rebellion, that changed the course of white slavery. 

Prior to Bacon's Rebellion, much discontentment existed among servants over seemingly empty promises of land following their periods of indenture.  When they were finally freed of their obligations, many found that they couldn't afford the required land surveying fees and the exorbitant poll taxes. 

In 1675, when war broke out with some of the native tribes, Bacon joined the side of the warring settlers and offered freedom to every slave and servant who deserted his master and joined Bacon in battle.  Hundreds enthusiastically joined him in the insurgency.  When Bacon died suddenly, his supporters fled or surrendered; some were recaptured, put in chains, and beaten or hanged.  However, because of the revolt, whites gained rights.  Whippings were forbidden without a formal judicial order. 

By the early 1770s, the convict trade was big business, more profitable than the black slave trade because criminals were cheap.  They could be sold for one third the price of indentured servants.  England's jails were being emptied into America on a significant scale.  Additionally, merchants who traded in convicts from England and Ireland received a subsidy for every miscreant transported to America.  Up to a third of incoming convicts died from dysentery, smallpox, typhoid, and freezing temperatures.  Upon arrival, they were advertised for sale, inspected, and taken away in chains by new masters.

Following the Revolutionary War, the British continued to ship convict labor as "indentured servants" to America.  During that time, seven ships filled with prisoners made the journey, and two successfully landed.  In 1789, convict importation was legally banned across the U.S.  America would no longer be the dumping ground for British criminals.  It took another 30 years before the indentured servant trade ended completely.  

A well written and well researched historical narrative, White Cargo does an excellent job of elucidating a forgotten part of our colonial past by telling the story of thousands of Britons who lived and died in bondage before African slaves were transported to the New World.

 

mardi, 03 novembre 2015

La servitude est volontaire

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La servitude est volontaire

Vivien Hoch
Doctorant en philosophe, consultant en communication

Ex: http://www.lesobservateurs.ch

La « pensée correcte » ou le conformisme, autrement dit « bienpensance », est l’un des fruits de la normalisation, c’est-à-dire du pouvoir des normes invisibles et non juridiques. Nul ne rédige une norme : elle s’impose à travers un réseau de pouvoirs et d’oppressions psychologiques où s’exerce moins le pouvoir d’un seul que la servitude de tous. La norme asservit les intelligences, et leur est tellement présente qu’elle est les bornes immanentes de la créativité, de la raison et de la lucidité. Toute cette oppression ne sert qu’à une chose : rendre volontaire la servitude.

Boetie_1.jpgComment cette tyrannie diffuse opère-t-elle, et nous coupe de toute possibilité d’exercer une quelconque liberté ? Etienne de la Boétie, dans De la servitude volontaire, montre que la liberté est très simple à obtenir : le tyran et ses amis ne pèsent rien face au peuple tout entier. Seulement, pour désirer quelque chose, il faut l’avoir connu. C’est pourquoi le tyran et ses amis tentent par-dessus tout de supprimer la mémoire de la liberté pour asseoir sa tyrannie. Pour cela, pas besoin de prendre la peine de supprimer la mémoire de la masse : l’abrutir suffit largement. Du pain et des jeux, disaient déjà les romains : nous avons les séries télévisuelles de masse, qui servent à saturer l’intelligence avec le non sens et l’affect primaire. Ce qui permet, par exemple, de faire passer tranquillement l'acceptation d'une arithmétique électorale étrange, comme en Suisse récemment.   Une tyrannie bien entretenue s’enracine dans l’ignorance et se perpétue par l’oubli de la liberté.

Un autre thème obsédant du discours sur la servitude d’Étienne de la Boétie, c’est celui des masques derrière lesquels se cachent le tyran et ses amis afin de tromper le peuple. Quel est le masque de nos tyrans ? C’est celui de la révolte. Nos tyrans mettent en exergue les cas-limites (insistance sur les différentes indignations dialectiques, mise en avant du monde LGBT, accueil de la « différence » étrangère et le financement des officines d’extrême-gauche mobilisées contre les « oppressions » « patriarcales », « colonialistes », « raciales », ect.), pour asseoir leur domination idéologique. La normalisation de la « révolte » ne cache en fait qu’un horrible conformisme à une pensée unique, qui vise à rendre invisibles les libertés. « L’époque qui ose se dire la plus révoltée n’offre à choisir que des conformismes. », écrivait Albert Camus.

Peu de périodes ont eu aussi peur de la liberté. Tâchons de ne pas l’oublier.

Vivien Hoch, 23 octobre 2015

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mardi, 07 avril 2015

Est-ce la servitude qui nous attend ?

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Est-ce la servitude qui nous attend ?

Jan Marejko
Philosophe, écrivain, journaliste
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Soumission de Michel Houellebecq n'est pas un bon livre. D'abord il contient des scènes de sexe dégoûtantes et déprimantes. Ensuite, dans de longs passages ennuyeux, il expose une philosophie de bazar. Et pourtant ce livre a eu un effet sur moi à nul autre pareil. Il a cassé le dogme de la modernité qui, tel un parasite, rongeait encore ma moelle.

Malgré tous mes livres et études sur le totalitarisme, sur Rousseau et sa dérive totalitaire, sur la Révolution scientifique du 17ème siècle, sur l'imposture révolutionnaire née en 1789, je portais encore en moi ce dogme que le progrès est irrésistible, que l'avenir appartient à un individu libre de se fixer des buts en toute autonomie dans le cadre des droits de l'homme. L'extraordinaire est que je n'ai jamais vraiment cru à ce dogme. Je n'ai jamais cru qu'on pût prendre une distance telle envers sa vie qu'il fût possible de la choisir ou de la construire pour devenir soi, comme le dit l'inénarrable Attali. Je n'ai jamais cru qu'on pût disposer de sa vie comme on dispose d'un compte en banque.

Nonobstant, je pensais qu'il n'y avait rien à faire contre le magnétisme du dogme moderniste, qu'il n'y avait rien à faire  contre l'image abrutissante d'un invidu parfaitement libre dans ses choix, qu'il n'y avait rien à faire contre l'élimination de toute tradition devant le raz-de-marée du progrès. La puissance de la publicité me paraissait symboliser ce miroir aux alouettes qu'est la foi en un individu libéré et mondialisé. Pour moi, jamais nous ne pourrions goûter à la liberté dans un  marché universel, tout simplement parce que les masses en viennent toujours à opter pour les mêmes marques, voitures ou chaussettes. La liberté moderne, à mes yeux, était une liberté de consommateur "pavlovisé" ou conditionné. Elle n'avait donc rien à voir avec la liberté. Mais, encore une fois, je croyais que contre cet abrutissement dans le consumérisme, il n'y avait rien à faire. Pourquoi croyais-je qu'il n'y avait rien à faire ? Je l'ignore, mais quoi qu'il en soit, Soumission est arrivé.

La puissance d'un roman, contrairement à un essai philosophique,  est qu'il s'adresse à des sentiments si profonds que nous n'en avons généralement pas conscience. Il peut nous donner de l'espoir ou du désespoir. Un romancier peut changer notre rapport au monde dans ce qu'il a de plus intime. Avec Soumission, j'ai définitivement cessé de croire que l'histoire va nécessairement dans un seul sens. Certes, je le savais intellectuellement, mais pas charnellement. Dans ma chair je me sentais emporté par l'irrésistible flux de la modernité,  comme Tocqueville il y a déjà 200 ans. (1) Pour le meilleur ou pour le pire, le roman de Houellebecq m'a ôté ce sentiment.

J'entends déjà des cris d'orfraie. Houllebecq esquisse un avenir où l'islam règne en maître absolu. Je sais, mais c'est beaucoup plus subtil que cela. Les Modernes, se prétendant libres ou insoumis grâce aux acquis sociaux, risquent de se retrouver esclaves de ceux qui se disent soumis à Dieu, les musulmans. Les insoumis pourraient se retrouver soumis aux soumis  C'est là qu'est la clé du livre. A force de nous vouloir parfaitement libérés de tout et de tous, nous risquons de nous retrouver dans des conditions d'existence parfaitement inverses à celles dans lesquelles nous nous préparions à vivre. Comme le pensait déjà George Orwell, la liberté pourrait bien nous conduire à la servitude.(2) Les victimes du stalinisme en savent quelque chose : sur le chemin d'un avenir radieux, elles se sont retrouvées nez à nez avec Staline, exterminateur incomparable. Il n'est pas inconcevable que les Occidentaux, convaincus de marcher sur le radieux chemin d'une universelle émancipation, se retrouvent nez à nez avec une théocratie sanglante. Je ne le souhaite pas, mais ce n'est pas impossible.

Houllebecq suggère que l'athéisme ne résistera pas au retour du religieux.  Le pouvoir peut multiplier les procédures démocratiques, organiser des sondages, se soucier de l'égalité, s'il ne se réfère pas à ce qui dépasse nos besoins terrestres, il s'effrite en raison de son incapacité congénitale à être un arbitre dans l'infini fouillis des revendications. Comme le dit Régis Debray,  "le religieux est un point de fuite qui, en nous élevant, nous permet de nous coordonner" (3). Sans ce point de fuite, l'horizontalité de nos revendications démocratiques ne peut pas être coordonnée. Comment nous entendre dans le brouhaha de revendications aussi diverses que celles des immigrés, des indigènes, des femmes, des hommes, des animaux, des abeilles en péril, des climatologues effrayés,  des homosexuels,  des hétérosexuels, des transsexuels, des bisexuels ? Cela ne signifie pas que les procédures démocratiques doivent disparaître devant quelque grand califat, mais que ce n'est pas à partir d'elles qu'on peut avoir un gouvernement, qu'il soit démocratique ou monarchiste.

Comme le dit Lucien Jerphagnon, "on ne commande jamais mieux qu'au nom du ciel, quel qu'en soit le propriétaire présumé".(4) Le pouvoir à besoin de s'appuyer sur un arrière-fond transcendant. C'est cet arrière-fond que la modernité rejette avec fureur pour créer une cité séculière, une cité ne dépendant plus de quelque transcendance que ce soit. A s'appuyer seulement sur le cours des affaires humaines et seulement là-dessus, le pouvoir programme sa propre mort, comme on peut la voir sur les visages ectoplasmiques des gouvernants européens et de leurs sycophantes.

S'il est un auteur qui s'est efforcé de comprendre comment un peuple pourrait se gouverner lui-même, sans plus se rapporter à un au-delà, c'est bien Rousseau. A lire son Contrat social et sa correspondance, on voit qu'il a eu le sentiment d'avoir échoué dans cette entreprise. Cet échec est comme un présage annonçant l'effritement des constitutions politiques élaborées dans la rage de détruire tout ce qui dépasse l'homme, la Constitution française constituant un modèle du genre. En revanche, la Constitution suisse commence avec un préambule faisant explicitement référence à "Dieu tout-puissant". On imagine sans peine quels rires ou sourires peut provoquer cette formule. Mais qui a dit que la raillerie est signe de vérité ?

Aujourd'hui,  nous dénonçons, les larmes aux yeux, l'iconoclasme  des islamistes qui détruisent quelque patrimoine de l'humanité. Mais nous sommes parfaitement aveugles à une destruction autrement plus grave, celle de tous les ponts qui pourraient nous conduire au-delà de nos courtes vues. Nous avons cru, avec arrogance, que nous pourrions nous passer de ces ponts. Aujourd'hui, bloqués sur les rives de la modernité, nous appelons au secours. C'est cet appel désespéré que Soumission fait résonner.

Jan Marejko, 1er avril 2015

(1) Alexis de Tocqueville,  De la démocratie en Amérique,vol II

(Quatrième Partie : Chapitre VI), 1840.

(2) "Freedom is Slavery" est l'une des plus célèbres formules du livre de George Orwelll, 1984, publié en 1949.

(3) Valeurs actuelles, "Régression de progressisme" Régis Débray interviewé par Basile de Koch. Lundi 23 février 2015.

(4). Lucien Jerphagnon, Julien L'Apostat, Seuil, Paris, 1986, p. 16.

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lundi, 27 avril 2009

Renoncement : aliénation, servitude et tyrannie

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Archives de "Synergies Européennes" - 1997

Renoncement : aliénation, servitude et tyrannie

 

Mai 1995 en France. Les anciens cabinets s'en vont, les nouveaux arrivent : ce sont les mêmes ou presque. Le pouvoir des commanditaires fortunés et les nouveaux riches, politiciens et technocrates, ont fait alliance avec les notables. Ce trust s'appuie sur une idéologie officielle, la « pensée unique », nouvelle désignation de la pensée pieuse des religions monothéistes, et réorganise idéologiquement la société. Le trust a mis la main sur l'Etat et, comme toute mafia, défend ses privilèges et ses richesses ; à l'abri du Pouvoir, le chemin de l'enrichissement est pavé de crapuleries heureusement effacées par les pensées pieuses affichées.

 

Un système de castes s'est constitué en France en particulier et en Europe en général grâce à l'introduction de lois obscurantistes, et par l'intermédiaire de colonies de peuplement affluant de toutes parts en raison des facilités d'établissement que le parti des ethnocideurs leur accorde et de la prodigalité avec laquelle les satrapes étatiques accordent la citoyenneté. La naturalisation de ces foules est effectuée alors même qu'elles se regroupent par "ethnos" et servent de point d'ancrage à de nouveaux trafics au détriment des Européens de vieille souche. L'éradication du peuple donne naissance à la plèbe, abrutie ou excitée par la pègre médiatique selon le pogrom du jour. Dans la course au profit, les plus malins, les plus fripons, les mieux organisés sur le plan transnational utilisent les trous noirs des paradis fiscaux et des zones franches juridiques, ainsi que la religion du droit de l'homme, ecclesia d'agitateurs sacerdotaux professionnels.

 

Pensée unique, idéologie officielle

 

L'équité dont se revendiquent les mafias installées emprunte le modèle raciste des trafiquants pieux. La pensée est interdite, remplacée par la croyance unique distillée par la race supérieure des purs et imposée au moyen des ruses de commerçants ou par violence contre les philosophes, "qui ne savent point ce qui est, mais qui savent très bien ce qui n'est pas" (1). Il apparaît qu'on n'a jamais tant craint les gens d'esprit en Europe qu'aujourd'hui. Et tous les conflits doivent être réglés par des magistrats sous contrôle, leur servilité s'obtenant par tous moyens : corruption, sélection partisane, intimidation. Ainsi les cours jugent-elles toujours comme il plaît à la Cour.

 

La pensée unique est l'anti-France. Elle s'étale à partir de cercles où règne la bassesse, et la tyrannie théocratique qui en résulte est bien pire que la discipline librement consentie dans le cadre d'un Etat. Le mensonge est permanent : faux chiffres, fausses idées, fausses solu­tions, et toujours le même catéchisme, la même idéologie : le branche­ment planétaire qui fait l'impasse sur l'organisation des savoirs, sur la structure de la pensée, sur la lente maturation de l'intelligence. La table rase des esprits est organisée au moyen de la pédagogie ludique substituée à la discipline intellectuelle, l'animation remplaçant l'instruction. Toutes les tyrannies théocratiques n'ont-elles pas pour but de liquider le passé et de le réécrire selon des principes pieux ?

 

Il existe en France une idéologie officielle, c'est-à-dire une doctrine idéologique et une organisation idéologique des hommes qui se renforcent chaque jour. L'idéologie officielle est un système dans lequel tout se tient : rejet du modèle républicain, doctrine de l'Etat minimum, franc fort, politique fiscale et rationnement budgétaire, mauvais fonctionnement de la police, de la justice, de l'école, inégalité d'accès aux services publics, chômage, rétrécissement de la protection sociale... Et aussi la désintégration du système productif, de l'armature territoriale de la ville, le déclin de l'industrie, les difficultés de l'agriculture... Chaque chapitre du livre de Henri GUAINO (2) développe un slogan pieux et en montre le ridicule ou la fausseté.

 

Ridicule et fausseté de la « pensée pieuse »

 

1 - La pensée unique dit : "La politique, c'est toujours la droite contre la gauche". Or, il existe aujourd'hui une classe dirigeante unique, qui verrouille les fonctions administratives, politiques et économiques. Le régime oligarchique est en effet très efficace pour assurer la prospérité durable des diverses factions qui s'entendent au détriment du public au lieu de s'affronter.

 

2 - La pensée unique dit : "La France vit au-dessus de ses mo­yens". D'où la désinflation compétitive. Mais un pays n'est pas une entreprise. Le travail ne saurait disparaître compte tenu de la dynamique permanente des besoins. Les chiffres de la comptabilité natio­nale sont à appréhender avec un regard critique, comme il fallait in­terpréter les statistiques du plan dans les anciens pays de l'Est... Le ser­vice des rentiers est présenté sous la forme d'une nécessité : ce serait le problème économique fondamental. Mais n'y a-t-il pas 7 millions de personnes confrontées directement aux difficultés de l'emploi ? Le coût du chômage n'atteint-il pas 1100 milliards de francs ? Les actifs entre 35 et 45 ans ne se suicident-ils pas plus que les personnes âgées ? Le produit par tête ne stagne-t-il pas depuis 1990 à un taux de croissance inférieur à 1% par an ?  Aucune importance...

 

3 - La pensée unique dit : "La France va bien, elle avance dans la bonne direction". Or, les crapuleries montent en flèche. La guerre des groupuscules, de tous contre tous, fait vivre les anciens habitants dans une insécurité permanente dont ils savent que les mafias en possession d'Etat sont dispensées. Les Européens de vieille souche sont devenus minoritaires en de multiples lieux et massivement déportés par l'avancée de la barbarie. Parallèlement, le quadrillage de la population par l'industrie de la charité l'incite à quitter les petits villages, voués à la mort. Les droits élémentaires fondamentaux, dont celui de choisir son voisin, sont effacés par l'Etat qui force ainsi à l'exode des masses avilies par une propagande haineuse intense.

 

Dans l'enseignement, les mouchards-penseurs pullulent et affirment que puisqu'ils racontent partout la vérité vraie aux frais de l'Etat, le niveau monte. Quand à la protection sociale, la rançon dont les classes moyennes doivent s'acquitter chaque mois croît alors que la couverture décroît. La France se transforme en un ramassis de sectes, bandes, mafias. L'assassinat du peuple est vu comme la meilleure façon de jouir tranquillement du pouvoir et de ne plus être dérangé.

 

4 - La pensée unique dit : "Les fondamentaux sont bons". Un pays bien géré est en excédent. Mais le monde ne peut pas être en excédent vis-à-vis de lui-même. Lorsque le FMI martèle le catéchisme de l'ajustement structurel, il aliène les peuples au profit des soviets de la finance. La croissance repose sur la dynamique interne des pays qui travaillent pour eux-mêmes. Il est criminel de sacrifier le niveau de vie à la compétitivité extérieure. L'ordre de « réduire les déficits » est une erreur en matière budgétaire. L'épargne résulte de l'investissement, non l'inverse. Le montant et la nature de la dépense déterminent la réussite, en sorte que la première décision utile serait de réduire massivement les impôts pour accroître le revenu disponible. Les mauvais choix de dépenses et la restriction budgétaire coûtent chaque année 1,2 points de croissance et 800.000 chômeurs. En matière de retraites enfin, les têtes plates et les soviets de la finance encouragent la capitalisation. Or, les actifs paient les pensions des anciens si l'investissement intellectuel et matériel dont ils ont bénéficié dans leur jeunesse a été judicieux et rentable.

 

5 - La pensée unique dit : "Une bonne monnaie est une monnaie forte". Mais la monnaie forte bloque l'expansion et exprime un fétichisme qui n'est pas sans rappeler l'attitude à l'égard de l'or au temps de Philippe II. Pour nombre d'historiens, dont Pierre VILAR (3), les entrées de métaux précieux en Europe, leurs découvertes, ne sont jamais des variables exogènes aléatoires. A l'origine, il y a toujours une baisse générale des prix exprimés en or ou en argent, qui s'explique par un développement économique, source d'une pénurie de métaux précieux. La croissance crée le besoin monétaire, non l'inverse. Et si une dévaluation du Franc empire le déficit de la balance, il faudrait en toute logique, hausser le Franc...

 

D’autres politiques sont possibles

 

Les slogans des factions en possession d'Etat se rapprochent de ceux de toute théocratie : il n'y a qu'une vérité révélée, qu'un corpus doctrinal dont elles sont les interprètes autorisés. Il n'y a qu'une politique possible : la France, petit pays, n'a pas de moyens ; l'Etat est à abandonner au profit des internationales, mieux adaptées à une société complexe, en mutation ; l'Euro sera un bon bouclier contre la mondialisation. En réalité, le problème principal tient à la constitution d'Empires financiers conquérants dirigés par un système de soviets, des consistoires multimédias pilotés par des Al Capone pieux, en sorte que la mondialisation est très spécifique : un impérialisme semblable à celui des bolcheviks d'hier et de l'Eglise d'avant-hier.

 

Or, d'autres politiques sont possibles. Henri Guaino préfère la politique inspirée du jacobinisme. Il note que le gouvernement des ju­ges s'installe sur la défaillance des dirigeants, et qu'une guerre s'en­ga­ge entre juges et Etat, mortelle pour la république. L'analyse est à com­pléter. Pour un lettré d'aujourd'hui, l'Etat ressort plutôt de la dé­rive confessionnelle. La pénurie intellectuelle règne car le parti dévot, comme il y a deux mille ans, impose l'unité d'obédience reli­gieuse : histoire sainte, dogmes absurdes, pensées pieuses ethnocidaires. La haine des humains qui pensent, l'anathème, bref l'infâme~ ont pris leur envol et l'Etat se met au service du fanatisme méticuleux.

 

« Lorsque le chevalier de La Barre, petit-fils d'un lieutenant-général des armées, jeune homme de beaucoup d'esprit et d'une grande es­pérance, mais ayant toute l'étourderie d'une jeunesse effrénée, fut convaincu d'avoir chanté des chansons impies, et même d'avoir pas­sé devant une procession de capucins sans avoir ôté son chapeau, les juges d'Abbeville... » (4) furent dénoncés par Voltaire comme n'of­frant pas de garantie d'intelligence, de compétence et d'impartialité. Il les appela des "Arlequins anthropophages". Ne revivons-nous pas cette situation ? La séparation des pouvoirs est parfaitement accessoire dans les circonstances présentes. La division du pouvoir en trois branches (exécutif, législatif, judiciaire) n'est plus qu'une commodité purement professionnelle. Elle semble plutôt protéger certaines factions contre d'autres au sein du pouvoir lui-même mais, en aucune façon, ne met la population à l'abri d'une tyrannie des pen­sées pieuses : les arrêts contre les impies sont toujours rendus par des "cannibales".

 

L'Etat est devenu la marionnette du pouvoir économique. La fusion des deux a créé un super-pouvoir, directoire informel qui n'est ni fixé dans les textes, ni reconnu comme une institution légale. Aussi, la plupart des élites "visibles" ne sont plus qu'un ramassis, une véritable sous-humanité de pantins s'agitant sous la férule de ce super-pouvoir. Félicitons M. Guaino d'avoir préféré la démission à la collaboration avec des associations de malfaiteurs.

 

PONOCRATES.

 

(1) VOLTAIRE : Progrès de la philosophie. A M. D'Alembert. Lettre du 5 avril l765. Dans : Lettres choisies de Voltaire, Classiques Larousse, 1937, p. 88.

(2) Henri GUAINO : L'étrange renoncement, A. Michel, 232 p., 98 FF.

(3) Pierre VILAR : Or et monnaie dans l'histoire (1450-1920), Champs-Flammarion, 1974.

(4) René POMEAU : Voltaire par lui-même, Le Seuil, coll. Ecrivains de toujours, 1962, p. 151.