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vendredi, 27 mai 2022

Le Sri Lanka et la crise mondiale en Occident

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Le Sri Lanka et la crise mondiale en Occident

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/05/19/sri-lanka-ja-lannen-globaali-kriisi/

Alors que l'attention du public est toujours focalisée sur l'Ukraine, mais aussi sur l'avancement des candidatures de la Finlande et de la Suède à l'OTAN, j'ai suivi les événements au Sri Lanka, une petite nation insulaire située au large de la pointe sud de l'Inde.

À l'échelle mondiale, le Sri Lanka est un endroit relativement insignifiant, mais comme le souligne Eamon McKinney, la nation insulaire pourrait s'avérer être un "canari dans la mine de charbon" et le reflet d'une crise mondiale plus large.

Le pays corrompu et mal géré a déclaré qu'il ne pouvait plus faire face aux obligations de sa dette internationale. Comme tant d'autres pays, le Sri Lanka a souffert des restrictions pendant la pandémie, où il est resté sans tourisme ni commerce. Aujourd'hui, il ne dispose pas de fonds suffisants pour payer ses dettes.

Avec une dette extérieure d'environ 56 milliards USD, le Sri Lanka a été contraint de demander au Fonds monétaire international (FMI) des prêts supplémentaires pour couvrir le coût des importations de nourriture, d'énergie et de médicaments.

Au milieu des pénuries alimentaires et des coupures de courant, les troubles civils se sont généralisés et le Premier ministre Mahinda Rajapaksa a démissionné. L'appel à sa démission n'a pas réussi à calmer les émeutes et les manifestants ont également exigé la démission du Président, Gotabaya Rajapaksa, le frère de l'ancien Premier ministre.

Le mardi 10 mai, le gouvernement a ordonné aux forces de sécurité de tirer à vue sur toute personne pillant les biens publics. Des milliers de soldats ont également commencé à patrouiller dans les rues de la capitale Colombo. Au moins huit personnes seraient mortes et plus de deux cents blessées. Les maisons des chefs de gouvernement et des politiciens ont été incendiées.

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Ce n'est pas la première crise économique du pays, mais la crise actuelle est de loin la pire; cette nation longtemps en détresse a atteint le point de rupture. Tout se fait rare, l'inflation est galopante et le système de santé s'est effondré. Le FMI est intervenu, se posant en sauveur.

Comme toujours, le FMI a un plan pour de telles situations. Restructurer pour que les intérêts de la dette puissent continuer à être remboursés. Cela inclut la réduction des dépenses gouvernementales pour les services essentiels et la privatisation des actifs publics restants, conformément à la doctrine économique destructrice de l'Occident.

Bien sûr, aucune de ces mesures ne plaira aux personnes qui souffrent le plus. Non pas que les préoccupations des gens ordinaires pèsent sur le FMI ou la classe d'investisseurs qu'il représente. Il faut toujours traiter la dette avant de nourrir les gens. Ce sont les principes du Global West™ "ordre fondé sur des règles".

McKinney estime que "si l'effondrement économique et social du Sri Lanka n'était qu'un problème isolé, l'Occident pourrait détourner le regard, comme il l'a fait à maintes reprises auparavant, et n'y voir rien d'autre qu'un porno sur la pauvreté dans le tiers monde".

Cependant, il ne s'agit pas d'un cas isolé, mais seulement du premier domino à tomber dans une crise mondiale plus large. En effet, la Banque mondiale a averti que plus de soixante autres pays se trouvent dans une situation périlleuse similaire à celle du Sri Lanka. "L'un d'entre eux, d'ailleurs, est l'Ukraine", souligne McKinney.

Les pays pauvres criblés de dettes se trouvent principalement, mais pas exclusivement, en Afrique et en Amérique latine. McKinney affirme que "le FMI et sa sœur criminelle, la Banque mondiale" ont "délibérément maintenu ces pays dans la pauvreté et le sous-développement". Récemment, nombre de ces pays ont pris les armes contre la classe du capital international et les institutions qu'elle contrôle.

L'Argentine, comme la plupart de ses voisins d'Amérique latine, a subi sa propre crise financière. Le président Alberto Fernandez n'a cessé de condamner le FMI alors qu'il se débat avec sa dette extérieure. Fernandez considère que cette dette d'un milliard de dollars est "toxique car elle a été créée sous des dirigeants fantoches corrompus et soutenus par l'Occident".

Peu de pays d'Amérique latine ont échappé au même problème. Fernandez a récemment courtisé la Chine et obtenu des milliards de dollars d'investissements chinois. Entre autres projets de développement, la coopération comprend la construction d'une nouvelle centrale nucléaire chinoise de nouvelle génération.

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L'ancien président Lula da Silva, évincé lors d'un coup d'État discret au Brésil, se représente et devrait gagner. Il a évoqué la nécessité de rompre avec la domination du dollar et d'établir une nouvelle monnaie régionale pour l'Amérique latine. La plupart des pays d'Amérique latine soutiennent cette initiative et nombre d'entre eux s'adressent à la Chine pour obtenir des fonds de développement.

Les critiques à l'encontre du système monétaire actuel se sont intensifiées, notamment après le conflit qui a éclaté entre la Russie et l'Ukraine. Cela a conduit à des accusations selon lesquelles le dollar a été transformé d'une monnaie mondiale en une arme de politique étrangère et de guerre économique. Les États-Unis exploitent aussi impitoyablement le système de paiement international Swift pour mettre leurs rivaux hors jeu.

Les cercles de capitaux occidentaux sont très préoccupés par de tels développements. Lors d'une récente réunion du FMI à Washington, le nouvel économiste en chef Pierre-Olivier Gourinchas s'est dit "confiant" que les économies menacées "feront le bon choix et ne sauteront pas de l'autre côté", ce qui signifie bien sûr la Chine et la Russie.

Les pays occidentaux, dont le Japon, ont des taux d'endettement similaires à ceux des pays émergents. En fait, le Japon a le ratio dette/PIB le plus élevé au monde. Les pénuries alimentaires et énergétiques et l'inflation s'intensifient également en Occident, mais ces problèmes existaient bien avant que la crise ukrainienne ne devienne le centre d'intérêt des médias.

L'Occident est en proie à une crise économique et sociale systématique, et aucune stratégie d'urgence ne semble avoir été conçue pour y remédier, si ce n'est simplement imprimer plus d'argent et contrôler les gens à l'aide de diverses frayeurs, comme nous l'avons vu et vécu ces dernières années. Rien de tout cela ne semble aider la crise auto-induite du capitalisme.

Comme le souligne McKinney, "depuis 1945 et la mise en œuvre des accords de Bretton Woods, le monde est l'otage d'un système financier conçu pour profiter à une petite minorité de la classe du capital".

Ce système financier a fait commerce de la souffrance et de la misère humaines. Les ressources naturelles des pays pauvres ont été accaparées par l'empire mondial occidental dans le cadre de son colonialisme économique. "Les vastes ressources de l'armée américaine ont été déployées dans le monde entier pour s'assurer qu'aucune nation ne s'écarte de la planète", déclare McKinney avec sarcasme.

Pourtant, même la puissance de l'armée mercenaire américaine ne peut supprimer la mobilisation anti-occidentale qui est en cours. McKinney cite Napoléon : "Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, à savoir l'idée dont le temps est venu."

Les puissances concurrentes réussiront-elles alors à construire un nouveau système économique plus honnête pour remplacer l'ordre libéral de l'Occident ? McKinney, un homme d'affaires et sinologue basé en Chine, est optimiste : "tous les indicateurs suggèrent que c'est en train de se produire". Personnellement, je ne pense pas que le vieux pouvoir de l'argent soit prêt à abandonner si vite.

Ce serait formidable si le monde pouvait enfin être libéré des griffes d'un empire cupide et si le règne séculaire de la cabale des banques centrales pouvait prendre fin. Il est pourtant facile d'être sceptique quant à ce scénario, d'autant plus que les plans de numérisation, de transition écologique et de "réinitialisation du capitalisme" semblent aller de l'avant.

Dans tous les cas, des temps difficiles nous attendent. Les problèmes dits "du tiers monde", à savoir les pénuries chroniques de nourriture et d'énergie et l'inflation galopante, font leur chemin vers l'Occident. Les scènes violentes récemment observées au Sri Lanka se répéteront-elles bientôt dans les rues d'Europe et d'Amérique ? L'élite dirigeante de l'Occident elle-même sera-t-elle en sécurité ?

samedi, 23 avril 2022

Pakistan: le peuple contre le parlementarisme

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Pakistan: le peuple contre le parlementarisme

par Maxim Medovarov

Source: https://www.ideeazione.com/il-popolo-contro-il-parlamentarismo/

Le coup d'État constitutionnel qui a eu lieu au Pakistan a non seulement entraîné des changements significatifs dans la situation géopolitique, mais est également devenu le reflet d'une vieille tendance: l'opposition du peuple au parlementarisme oligarchique.

Le système politique pakistanais est caractérisé par une instabilité extrême, des coups d'État et des assassinats constants. Aucun des premiers ministres du pays, depuis sa fondation par les Britanniques en 1947 jusqu'à aujourd'hui, n'a effectué un mandat complet. Cependant, pour la première fois dans l'histoire du Pakistan, un coup d'État a eu lieu sous la forme d'un vote de défiance de la majorité parlementaire à l'égard du cabinet d'Imran Khan.

Pendant un demi-siècle, le Pakistan a été divisé en plusieurs parties et spolié par deux clans oligarchiques: la famille Sharif, étroitement liée aux républicains américains, aux monarchies arabes et aux entreprises chinoises, et la famille Bhutto-Zardari, orientée vers les démocrates américains et les élites britanniques. Imran Khan a défendu la volonté du peuple, qui veut échapper à la pauvreté et aux mains de ces deux clans, en prenant le poste de premier ministre en 2018, puis en installant son collègue Arif Alvi comme président.

Pour la première fois dans l'histoire du Pakistan, Imran Khan a commencé à construire un État-providence, islamique dans sa base doctrinale, mais résolument tolérant envers toutes les minorités religieuses. Ses subventions sociales pour l'électricité et l'essence ont permis à des dizaines de millions de Pakistanais de sortir de la pauvreté. Sa géopolitique indépendante défie l'Occident anglo-américain, vise une forte coopération militaire avec la Russie et la Chine et le règlement des relations avec l'Inde. La montée en puissance des Talibans en Afghanistan a joué en faveur du Pachtoune Imran Khan, lui assurant une arrière-garde solide sans les troupes américaines.

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Grâce à une intervention directe, les Anglo-Américains ont pris le contrôle de certains députés des partis mineurs et ont obtenu une majorité de deux ( !) voix au Parlement. Bien que le président Alvi ait publié un décret pour dissoudre le parlement, la Cour suprême s'est rangée du côté des conspirateurs et a permis au parlement illégitime d'élire le gouvernement de coalition oligarchique Sharif-Zardari, soutenu par un certain nombre de petits partis, dont des islamistes purs et durs et des séparatistes belliqueux. Le peuple, privé des avantages sociaux par le premier décret de Sharif, est resté fidèle à Imran Khan et organise d'innombrables manifestations pour son retour. L'Iran et l'Afghanistan apportent un soutien de facto à Imran Khan, même si les perspectives de son retour au pouvoir sont sombres, l'état-major de l'armée pakistanaise étant rempli de marionnettes américaines.

Il est évident que Shahbaz Sharif n'a pas l'intention de rompre les projets communs avec la Chine et la Russie. Mais il succombera sans doute aux sanctions occidentales, car, selon lui, le Pakistan est un pays trop pauvre pour mener une politique indépendante, et donc, en général, les décrets de Washington doivent être respectés. Une déclaration aussi humiliante est devenue un autre stigmate pour la famille Sharif, des corrompus notoires et des fonctionnaires corrompus qui ont déjà été jugés à de nombreuses reprises.

Il est curieux que Sharif et Zardari accusent Imran Khan de gaspiller le budget pour les besoins sociaux et de se préparer à un défaut de paiement - mais pendant ce temps, dans la région voisine du Sri Lanka, on assiste à un effondrement complet de l'État, à des émeutes de la faim, au manque de pain et de carburant, précisément à cause de la ploutocratie proche des États-Unis: les gouvernements des trois frères Rajapaksa, qui ont reçu des prêts du FMI et, sur ordre de Biden, ont laissé leur pays sans charbon au nom de l'"énergie verte". Une révolte nationale a entraîné le changement de certains ministres sri-lankais, mais dans l'ensemble, le régime Rajapaksa est maintenu à flot par un parlement ploutocratique obéissant.

L'opposition du peuple au parlement est très ancienne. Elle s'est manifestée clairement aux 18ème, 19ème et 20ème siècles dans différents pays. La peur pathologique des référendums dans la plupart des régimes oligarchiques-parlementaires d'Europe occidentale et orientale est bien connue. Bien sûr, un référendum peut aussi être falsifié ou formulé de manière incorrecte, mais néanmoins, c'est le parlementarisme qui est le plus souvent en nette contradiction avec la voix du peuple, non pas en tant que collection d'individus atomiques, mais en tant que tout organique (sociologie de Hans Freyer). C'est pourquoi une situation anormale s'est développée au Pakistan, où la grande majorité des gens soutiennent activement Imran Khan et une politique étrangère totalement indépendante, mais ne peuvent rien faire contre les députés ploutocrates, dont beaucoup ont été soudoyés au dernier moment.

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Inutile de dire que depuis 30 ans, l'Ukraine rampe dans une frénésie sanglante, précisément parce qu'elle a refusé à maintes reprises d'appliquer les résultats de ses propres référendums sur l'autonomie de la Transcarpathie (1991), l'autonomie du Donbass (1994), la création du Sénat et la fédéralisation (référendum de Koutchma de 2000), jusqu'à ce que les référendums populaires de 2014 infligent une blessure mortelle à cette entité ploutocratique.

Mais la Moldavie suit le même chemin, où maintenant - et ce n'est pas la première fois - une majorité russophobe artificiellement imbriquée de plusieurs députés (parfois 51 sur 100, parfois 60 sur 100 - cela s'est passé de différentes manières) adopte des "lois tyranniques" qui provoquent un rejet et un rejet de masse au sein du peuple. En réponse à l'interdiction parlementaire cynique du ruban de Saint-Georges et des lettres Z et V par le parlement moldave, le nord de la république (Balti) et le sud (Gagaouzie) ont lancé des manifestations sous ces symboles, défendant leur dignité et leur insoumission face au despotisme lâche de Chisinau.

Le parlementarisme ploutocratique de la Moldavie ou du Sri Lanka n'est que la copie caricaturale d'un original tout aussi ploutocratique: le parlementarisme à la française et à l'anglaise. Aujourd'hui, alors que le consensus réel de Boris Johnson ou Joe Biden est tombé à 30% (et que Macron au premier tour n'a obtenu que 28% des voix sur une participation de 70%), mais que le peuple n'a pas la moindre chance de les rejeter, cela est plus évident que jamais. Mais plus la restructuration de l'ensemble du système des relations internationales avance, plus l'effondrement de la ploutocratie parlementaire se rapproche. Les événements au Pakistan peuvent devenir un déclencheur du processus mondial à cet égard.

dimanche, 15 mars 2020

Routes de la soie : à qui va le profit, la Chine ou les pays au bord de la route ?

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Routes de la soie: à qui va le profit, la Chine ou les pays au bord de la route?

par Michel Carmona & Minh Pham

Ex: http://www.geopolintel.fr

Nombreux sont déjà les pays débiteurs piégés par les « Nouvelles routes de la soie ». Le projet pharaonique de la Chine profite à ses intérêts et à ses entreprises. En face, l’Occident n’a rien à proposer d’autre que l’austérité et la rigueur budgétaire. C’est ce que déplorent dans cette tribune Yves Carmona, ancien ambassadeur de France au Laos et au Népal, et Minh Pham, ancien représentant du Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) au Laos et aux Maldives.

Dans moins d’une génération, l’ordre économique mondial sera manifestement différent de celui que nous connaissons aujourd’hui. La Chine, après avoir doublé le Japon en 2011, sera passée en tête d’ici 2050, suivie par l’Inde. A contrario, les États-Unis seront distancés à la troisième place avec une taille économique d’à peine plus de la moitié du pays de Xi Jinping. De fait, l’entrée de la Chine dans le club des poids lourds économiques ponctue son itinéraire contrasté depuis la Révolution maoïste et la création de la République populaire en 1949, effaçant un siècle d’humiliations aux mains des puissances occidentales.

Conséquence de cette marche vers le développement, beaucoup a été dit ces dernières années sur la possibilité d’un « piège de Thucydide » qui dresse une puissance montante, en l’occurrence la Chine, contre une puissance établie, actuellement les États-Unis, ce qui conduirait inévitablement à la guerre comme dans l’Antiquité entre Athènes et Sparte. Et de fait, la réalité est que la Chine comme les États-Unis effacent de plus en plus la ligne de démarcation entre économie et sécurité nationale, si bien qu’une déclaration formelle de guerre n’est plus nécessaire. Cela fait déjà des décennies que les deux puissances s’opposent sur trois fronts.


Le premier front est bien visible, en termes de vitesse, d’échelle et d’intensité, en Mer de Chine du Sud, lieu de passage d’un tiers du trafic maritime mondial. Pékin y appuie ses prétentions maritimes et souveraines sur une stratégie d’exclusion de zone qui réduit les marges de manœuvre pour les États-Unis et leurs alliés. Cette stratégie inclut des travaux massifs de remblai qui ont commencé en 2014, conduisant à la création d’une série d’îlots à la place de hauts-fonds submersibles et leur équipement en pistes d’atterrissage, facilités portuaires et capacités militaires défensives et offensives. Le différend au sujet des « formations maritimes » des îles Spratleys qui oppose de longue date la Chine, la Malaisie, Taïwan, l’Indonésie et le Vietnam, constitue un exemple sans équivoque de démonstration de force et d’affirmation de sa souveraineté.

Le second front, bien que moins visible, concerne le cyberespace, les cyberarmes et la maîtrise des hautes technologies, des semi-conducteurs et de l’informatique quantique à l’intelligence artificielle. Tandis que cette bataille se déroule sans éclats, la Chine, de même que la Russie, a montré sa volonté d’investir massivement dans ce secteur à travers sa politique industrielle du « made in China 2025 » ou d’acquérir les nouvelles technologies par des investissements en capital-risque dans la Silicon Valley.

Mais c’est le troisième front que nous allons analyser ici plus en détail, car il est en passe de devenir aussi visible que le premier. Il porte même un nom officiel : les « Nouvelles routes de la soie » (en anglais BRI ou Belt and Road Initiative). Qu’est ce que la BRI ? Fondamentalement, c’est un programme de prêts dépassant 1 000 milliards de dollars pour l’infrastructure, financés par la Chine et mis en œuvre principalement par des constructeurs chinois. Il permet à des pays pauvres ou manquant de capitaux de puiser dans un fonds pour construire et agrandir autoroutes, chemins de fer, ponts, ports, oléoducs et centrales électriques. Le réseau d’infrastructures relie ces pays à la Chine et entre eux dans un vaste réseau de marchés, le tout censé bénéficier aux acheteurs aussi bien qu’aux vendeurs.

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La BRI consiste en deux routes internationales : l’une retrace la route historique de la soie accédant à la Chine à travers l’Asie centrale et l’autre conduit les routes maritimes de la Chine à l’Asie du Sud-Est et l’Asie du Sud, l’Afrique et l’Europe. En Asie, le portefeuille de la BRI est soutenu par un organisme de prêt dédié, la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB) fondée en 2012 et dont le siège est à Pékin. L’AIIB se joint à une foule d’entreprises d’Etat qui investissent, prêtent et construisent en-dehors des frontières chinoises comme la China Development Bank, l’EXIM Bank et la New Development Bank.


Six ans après son lancement, la BRI a amassé un portefeuille impressionnant. Cependant, cet édifice va-t-il apporter un progrès global aux pays signataires ? C’est, bien sûr, ainsi que le président Xi Jinping en fait la promotion, mais cela soulève des interrogations sur ses motivations.

Est-ce une grande démonstration d’amour fraternel ?

Rien qu’en Asie en développement, où la demande en infrastructures jusqu’à 2030 est estimée à 1700 milliards de dollars par an, la BRI et les prêteurs qui la soutiennent comblent une grande partie du besoin financier. Au Laos, le chemin de fer Laos-Chine, conclu en 2016, a été cette année-là le plus gros investissement étranger, équivalant à 35% du PIB. Au Cambodge, l’investissement chinois a déclenché un boom de la construction à hauteur de 18 milliards de dollars dans un pays dont le PIB dépasse à peine 22 milliards de dollars. En Birmanie, le gouvernement vient de signer un contrat d’1,3 milliards de dollars pour la construction d’un port en eau profonde dans l’État de Rakhine qui la reliera à la Chine et au couloir économique Est-Ouest de l’ASEAN. Au Pakistan, la Chine a finalisé un prêt de 2 milliards de dollars quelques jours après la victoire électorale du Premier ministre Imram Khan en août 2018. Et la liste des pays bénéficiaires, tous partenaires minoritaires de ces accords, ne cesse de s’allonger. Elle comprend aussi un grand nombre de pays d’Afrique, d’Amérique Latine et d’Europe centrale et orientale, particulièrement dans les Balkans. L’argumentaire à l’appui de ces emprunts reste simple : pour beaucoup de ces pays, l’accès aux marchés de capitaux internationaux est difficile et la Chine constitue une source « fraternelle » de capitaux – omniprésente et gardant le contrôle.

NINJA ou cheval de Troie ?

L’Union européenne, les États-Unis et l’Inde, ainsi que le FMI et la BAD, ont émis de sérieuses mises en garde contre les prêts à la BRI. Semblables aux financements NINJAs* qu’obtenaient les ménages américains au plus fort de la crise des « subprimes »**, la vision sans complaisance qu’en ont les Occidentaux est que ces prêts conduisent les pays vulnérables mal gouvernés dans le piège d’un endettement non maîtrisé dont ils ne pourraient sortir qu’en remboursant en nature. De fait, nombreux sont déjà les exemples de pays débiteurs pris au piège.

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Le Sri Lanka est la tête d’affiche de la route qui a mal tourné. De 2010 à 2015, le président en exercice Mahinda Rajapaksa a penché de manière décisive en faveur de la Chine en échange de grands projets d’infrastructure, dont beaucoup portent son nom. Faute d’avoir pu faire face à ses obligations, le gouvernement suivant a dû fournir à Pékin le port en eau profonde de Hambantota ainsi que 6000 hectares de terrain adjacent, loués pour 99 ans en échange d’un effacement de dette de 1,1 milliards de dollars. Cela a permis au Chinois de prendre pied dans l’océan Indien, à quelques centaines de milles de l’Inde, son adversaire historique. De même, dans les Maldives, le gouvernement récemment élu est en train d’évaluer la dette envers la Chine héritée de l’administration précédente. Enfin, et ce n’est pas le moindre, la Malaisie, endettée de 250 milliards de dollars, a renoncé fin 2018 à 20 milliards de dollars de projets soutenus par Pékin, un chemin de fer et deux oléoducs.

En Europe, pendant ce temps, l’investissement chinois dans la BRI met les bouchées doubles. Depuis la crise de la dette de 2008 dans la zone euro, la Chine a conclu en 2016 un accord avec la Grèce lui confiant la gestion de 2 des 3 terminaux du Pirée, le port historique et le plus grand du pays, pour 1,7 milliards de dollars. Depuis cet accord, les Chinois ont visé des installations similaires en Italie, en Espagne, au Portugal, à Malte et à Chypre, créant ainsi une chaîne de valeur maritime qui lui ouvre une position de force en Méditerranée.

Si cette connectivité nautique sert ses intérêts, elle creuse une faille au sein de l’UE. Elle dresse les États-membres de l’Ouest et du Nord, qui voient dans la BRI un cheval de Troie – dangereux sous ses dehors inoffensifs – contre ceux du Sud, du Centre et de l’Est qui accueillent favorablement l’initiative. Ainsi, en 2017, cette fracture a conduit la Grèce à bloquer une déclaration de l’UE aux Nations Unies critiquant la politique chinoise en matière de droits humains.

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Une évolution similaire se manifeste au sein de l’ASEAN. Le gouvernement philippin, deux ans après une victoire historique à la Cour internationale de la Haye face aux prétentions territoriales de la Chine en Mer de Chine du Sud, a récemment choisi de reculer, à rebours de son opinion publique. Au contraire, il a pris fait et cause pour la Chine, en échange d’accords économiques substantiels. De manière critique, son recul porte un coup fatal à la plainte introduite par un grand nombre d’autres membres de l’ASEAN, en particulier l’Indonésie, Singapour, la Thaïlande, la Malaisie et le Vietnam. Toujours au sein de l’ASEAN, le Cambodge a édulcoré le communiqué de l’organisation en 2016 et évité toute référence au jugement rendu plus tôt cette année-là par la cour de La Haye.

Pour la Chine, tout cela pourrait devenir une arme de choix pour infléchir l’ordre monétaire actuel, accéder à de nouveaux marchés et obtenir l’influence qu’elle a vainement convoitée sur l’architecture multilatérale d’après-guerre. A cet effet, un « club de Pékin » appuyé sur sa clientèle croissante pourrait venir faire l’écart. Il pourrait profondément changer la donne dans la restructuration de la dette, non seulement au détriment de la suprématie du Club de Paris, mais aussi en forçant le FMI – habituellement prêteur en dernier ressort – à se montrer plus accommodant envers la puissance financière chinoise. Pour être plus précis, les pays débiteurs pourraient accorder à la Chine des garanties financières prioritaires par rapport aux créditeurs du club de Paris en matière de remboursement de la dette.


S’agissant du commerce international, bien que la productivité des entreprises chinoises ait connu récemment une amélioration, elles continuent de s’appuyer dans une large mesure sur le soutien gouvernemental, en particulier en matière de recherche, et bénéficient d’un vaste marché intérieur protégé. De ce fait, la BRI risque de favoriser les entreprises chinoises par rapport aux autres. Le commerce est déjà fortement déséquilibré, ce qui a suscité l’application par le président Trump de sanctions unilatérales contre les produits chinois. Sur un mode moins brutal, Emmanuel Macron, à l’occasion de sa rencontre au sommet avec Xi Jinping en janvier 2018, a déclaré que les Nouvelles routes de la soie « ne peuvent être les routes d’une nouvelle hégémonie qui viendrait mettre en état de vassalité les pays qu’elles traversent. »

En fait, la question centrale pour l’Occident est maintenant de savoir comment arrêter les « victimes consentantes » tout en évitant les réactions impulsives qui pourraient se retourner contre lui à long terme. Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a exprimé en 2018 cette frustration collective en déclarant qu’il n’y avait pas de raison pour le FMI, en utilisant les dollars des contribuables américains, de renflouer le Pakistan ou d’autres pays qui ont obtenu des prêts de la Chine, mais sont dans l’incapacité de les rembourser. Cependant, M. Pompeo n’a proposé aucune alternative crédible.

Somme toute, la réalité est que l’Occident dans son entier est incapable de trouver une stratégie efficace, à la mesure du défi global que lance la Chine. A part dénoncer l’initiative BRI comme un piège de l’endettement en vantant les vertus de l’austérité et de la rigueur budgétaire, la réponse des États-Unis, de l’UE et des autres a simplement été trop peu, trop tard et trop inefficace. Dans cette guerre non déclarée, ils doivent faire face à la Chine en l’absence de lignes de front marquées, de politique ou budget d’agression clairement définis, et de cible visible sur laquelle tirer. Pour le moment, l’Occident est plongé dans l’embarras.

Par Yves Carmona et Minh Pham

 

mardi, 20 novembre 2018

Le Sri Lanka, enjeu géopolitique important

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Le Sri Lanka, enjeu géopolitique important

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le Sri Lanka est peu connu en France. C'est un tort car cette petite île, nommée Ceylan du temps de l'ancienne route des Indes pour laquelle elle constituait une escale obligée, située au sud-est de l'Inde et peuplée d'environ vingt-deux millions de personnes, est devenu un enjeu majeur de pouvoir entre les Etats-Unis et la Chine.
Les Etats-Unis veulent absolument y conserver leur influence traditionnelle, y compris militaire, car elle commande géographiquement la circulation maritime entre le Golfe du Bengale et la Mer Rouge autrement dit le Canal de Suez. Pour la Chine, commencer à y implanter des entreprises chinoises est considéré comme un premier pas permettant de concurrencer la domination économique de l'Inde, qui est encore aujourd'hui largement sous influence américaine.

 

 

 

L'ancien homme fort du pays, le chef du gouvernement Mahinda Rajapakse, avait accepté de nombreux prêts chinois pour la construction d'infrastructures semble-t-il démesurées. Cet endettement a fait que fin 2017, le Sri Lanka avait concédé pour 99 ans le port de Hambantota, dans le sud de l'île, à une société d'Etat chinoise en échange de l'effacement d'un peu plus de 1 milliard d'euros de dettes.

Or l'Inde et derrière elle les Etats-Unis, voient avec inquiétude la transformation possible de l'île en étape des « nouvelles routes de la soie » chinoises empruntant la voie maritime. Pékin a été l'une des rares capitales à avoir félicité Mahinda Rajapakse lorsqu'il a été nommé premier ministre fin octobre 2018.

Nous n'entrerons pas ici dans les détails fort compliqués de la vie politique du Sri Lanka et des luttes d'influences qui s'y exercent entre les différentes communautés politiques et religieuses. Disons seulement que la situation s'est tendue depuis que le président du Sri Lanka, Maithripala Sirisena, avait limogé, le 26 octobre, son premier ministre Ranil Wickremesinghe pour le remplacer par Mahinda Rajapakse. Or celui-ci, souvent présenté comme l'homme de Pékin, se voit aussi reprocher de nombreux faits de corruption.

Mais le remplacement ne s'est pas fait comme prévu, le chef du gouvernement sortant Ranil Wickremesinghe a refusé de quitter son poste de même que sa résidence officielle. Par ailleurs il bénéficie toujours d'une majorité au Parlement. Le président Maithripala Sirisena avait essayé de dissoudre la Chambre et d'organiser des élections anticipées. Mais la Cour suprême vient d'invalider ces décrets présidentiels.

Le pays est paralysé et nul ne sait qui le gouverne. Fin octobre, le Sri Lanka avait deux premiers ministres, celui qui refusait de partir, Ranil Wickremesinghe, et celui qui venait d'être nommé, Mahinda Rajapakse. Aujourd'hui, constitutionnellement, il n'en a plus aucun. Mahinda Rajapakse n'a pas le soutien du Parlement et Ranil Wickremesinghe a perdu celui du président Maithripala Sirisena. Ceci d'autant plus que Ranil Wickremesinghe envisagerait de se porter candidat à la présidence du pays fin 2019, alors que l'actuel président souhaite le rester. Les deux hommes multiplient les accusations l'un contre l'autre. Mais les citoyens du Sri Lanka restent, si l'on peut employer ce terme, dubitatifs.

Rappelons que Mahinda Rajapakse, accusé de népotisme, de corruption et de crimes de guerre lorsqu'il était président entre 2005 et 2015, avait écrasé la rébellion des Tigres tamouls en 2009. L'armée sri-lankaise qu'il dirigeait a été accusée d'avoir torturé, violé et tué des civils.

Il convient de suivre avec attention l'évolution de la crise actuelle. Elle pourra indiquer notamment sous quelle influence, indo-américaine ou chinoise, pourrait à l'avenir se retrouver le pays.

 

vendredi, 08 mai 2015

Peut-on éradiquer un terrorisme?...

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Peut-on éradiquer un terrorisme?...

par Xavier Raufer

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur le site du nouvel Économiste et consacré à la lutte contre le terrorisme.

Criminologue, enseignant à l'université de Paris II, Xavier Raufer a récemment publié Les nouveaux dangers planétaires - Chaos mondial, décèlement précoce (Editions du CNRS, 2009) et Géopolitique de la mondialisation criminelle - La face obscure de la mondialisation (PUF, 2013).

Anéantir pour l’essentiel un terrorisme, cela se peut. Récemment, l’Algérie, l’Inde, Ceylan en sont la preuve

Qui peut abattre une innocente jeune femme pour lui voler sa voiture en préparant le massacre des fidèles d’une église, n’est qu’un chien enragé.

Qui peut tirer à bout portant dans la tête d’enfants devant une école, après avoir tué en jubilant des militaires désarmés, n’est qu’un chien enragé.

Qui peut tuer les clients d’une épicerie venus faire leurs courses, en préparant le massacre des autres, n’est qu’un chien enragé.

Des fanatiques prétendant “venger le prophète” et massacrant des journalistes n’ayant fait que des dessins (drôles ou pas, est une autre question) ne sont que des chiens enragés.

Toujours, des innocents désarmés, des enfants : oui, des chiens enragés et fort lâches. Face à eux, alors, que faire ?

Quand le désarroi officiel devient palpable ; quand sa foi en un renseignement intérieur défaillant sonne chaque jour plus faux ; quand les appels à l’union nationale sentent désormais leur juin 1940, il faut d’abord affirmer ceci :

- L’État-nation n’a pas été créé pour fixer la date des soldes, ni le salaire des infirmières, mais pour assurer la sécurité du pays. C’est sa raison d’être et l’aune à laquelle il faut le juger.

- Assurer la sécurité intérieure n’est pas se lamenter dans des cortèges, ni arpenter le pays, ou la planète, pour gémir sur des cercueils. À tout prix, cela consiste à briser l’emprise terroriste sur la France et à éliminer ces chiens enragés.

Cela ne se fait pas par l’apaisement, ni la communication. Voilà un siècle, Charles Péguy avertissait : “Une capitulation est essentiellement une opération par laquelle on se met à expliquer au lieu d’agir, et les lâches sont des gens qui regorgent d’explications”.

Mais la terreur n’est ni nouvelle, ni bornée à l’Europe. Observons ainsi deux pays victimes du terrorisme, leurs décisions et ce qui en a résulté.

Le Pakistan. Aujourd’hui, 20 % de ce pays de 800 000 kilomètres carrés est sous la coupe d’une centaine de hordes islamistes armées, talibans, etc. Opérant ouvertement, elles ont tué, depuis septembre 2001, 30 000 civils et 15 000 militaires pakistanais. Parmi elles, le Lashkar e-Tayyaba, coupable prouvé du carnage de Bombay en novembre 2008 (170 morts), fonctionne à ce jour comme un parti politique légal. Voué à massacrer des chrétiens et des chiites pakistanais, le Lashkar e-Jhangvi y sévit sans encombre.

Or la puissante armée pakistanaise (650  000 hommes) pourrait sans tarder liquider ces islamistes. Violents ou pas, soulignons-le, ceux-ci sont fort minoritaires dans ce pays à 95 % musulman, et n’ont jamais dépassé 5 % des sièges au parlement d’Islamabad. Seul motif du sanglant chaos : l’indécision de dirigeants incapables d’éliminer ces islamistes pour de bon.

Ceylan - d’abord, ceci : l’auteur a souvent parcouru le pays tamoul. En Inde comme à Ceylan, difficile de trouver un peuple plus pacifique et accueillant que les Tamouls. Or, de persécutions en discriminations, les Ceylanais bouddhistes ont enragé certains Tamouls de l’île, au point qu’ils créent en 1976 les “Tigres de l’Elam tamoul”, sanguinaire groupe terroriste comme le monde en a peu connu.

D’où, de 1983 à 2009, une guerre civile provoquant 100 000 morts ; trains et autocars attaqués à l’explosif, passagers massacrés ; camions et voitures piégés, victimes par centaines ; des présidents et ministres assassinés lors d’attentats suicides, dont Rajiv Gandhi, en 1991.

En 2005, le nouveau président ceylanais décide d’anéantir les Tigres. Début 2009, ceux-ci sont encerclés au nord de l’île, parmi 100 000 Tamouls. En mai 1989, c’est l’assaut final :

Bombardements… fusillades… Tous les dirigeants des Tigres sont éliminés, avec sans doute 40 000 civils. Parmi les atrocités, des exécutions sommaires de prisonniers ; le fils de Velupillai Prabhakaran (chef des Tigres) est abattu à 12 ans. 300 000 Tamouls croupissent alors dans des “camps de prisonniers”. Aujourd’hui encore, Ceylan compte, après l’Irak, le plus grand nombre de “disparus” au monde.

Oui mais, en janvier 2015, un président bouddhiste modéré est élu à Ceylan ; une timide réconciliation nationale s’y amorce. Et depuis désormais six ans, le terrorisme a disparu de l’île.
Anéantir pour l’essentiel un terrorisme, cela se peut. Récemment, l’Algérie, l’Inde, Ceylan en sont la preuve. Des cas très divers certes, mais un point commun : une volonté sans failles, une poigne de fer.

Xavier Raufer (Le Nouvel économiste, 1er mai 2015)