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jeudi, 31 juillet 2025

Ursula von der Leyen a simplement subordonné l’UE aux Etats-Unis.  L'UE est ainsi devenue le plus grand vassal jamais connu 

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Ursula von der Leyen a simplement subordonné l’UE aux Etats-Unis.  L'UE est ainsi devenue le plus grand vassal jamais connu 

Andrew Korybko

Source: https://korybko.substack.com/p/von-der-leyen-just-subordi...

Le résultat de cette subordination place les États-Unis sur la voie de la restauration de leur hégémonie unipolaire via des accords commerciaux séquentiels et déséquilibrés, alors qu’ils semblent viser les Amériques en priorité avant de finalement s’attaquer à l’Asie.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a accepté un accord-cadre avec les États-Unis selon lequel l’UE sera soumise à des tarifs de 15% sur la plupart des importations, s’engagera à acheter pour 750 milliards de dollars d’exportations énergétiques américaines, et investira 600 milliards de dollars dans l’économie américaine, dont une partie sera consacrée à des achats militaires. Les tarifs américains sur les exportations européennes d’acier et d’aluminium resteront à 50%, tandis que l’UE s’est engagée à ne pas appliquer de tarifs à l’égard des États-Unis. L'alternative à cet arrangement déséquilibré aurait été que Trump impose ses menaces de tarifs de 30% d’ici le 1er août.

La force macroéconomique de l’UE s’est considérablement affaiblie au cours des 3 à 4 dernières années en raison des sanctions anti-russes qu’elle a imposées en solidarité avec les États-Unis, alors que la Russie avait été jusqu’alors son fournisseur d’énergie le plus économique et le plus fiable. L'UE présentait donc déjà un désavantage critique dans toute éventuelle guerre commerciale. L’échec de l’UE à conclure un accord commercial majeur avec la Chine depuis le retour de Trump au pouvoir, notamment lors de leur sommet la semaine dernière, a fait que le résultat des conciliabules de dimanche est devenu un fait accompli si on le regarde avec le recul voulu.

Le résultat final est que l’UE s’est tout simplement subordonnée aux Etats-Unis pour devenir, en un tourne-main, le plus grand État vassal jamais connu au cours de l'histoire. Les tarifs de 15% sur la plupart des importations américaines en provenance de l'UE réduiront la production et les profits européens, rendant ainsi une récession plus que probable. L’engagement du bloc à acheter une énergie plus coûteuse aux États-Unis deviendra encore plus pesant dans ce cas. De même, son engagement à acheter plus d’armements américains affaiblira le « plan de réarmement de l’Europe », avec pour effet combiné que les concessions susmentionnées continuent de réduire la souveraineté déjà limitée de l’UE au profit des États-Unis.

Cela pourrait, le cas échéant, encourager les États-Unis à obtenir de meilleures conditions dans leurs négociations commerciales en cours avec d’autres partenaires. Sur le front nord-américain, Trump envisage de réaffirmer l’hégémonie des États-Unis sur le Canada et le Mexique par des moyens économiques, ce qui pourrait lui permettre d’étendre plus facilement sa « Fortress America » vers le sud. S’il parvient à subordonner le Brésil, alors tout ce qui se trouve entre ce dernier et le Mexique tombera tout naturellement sous leur influence. Cette série d’accords, conjuguée à celui conclu la semaine dernière avec le Japon, renforcerait la position de Trump face à la Chine et à l’Inde.

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Il espère idéalement reproduire ses succès en Asie, avec pour modèle ce qu'il a réussi avec le Japon et l’Europe. Il compte soumettre de la même manière ces deux piliers asiatiques des BRICS, qui représentent ensemble environ un tiers de l’humanité, mais rien ne garantit qu’il y parviendra. La meilleure chance de Trump de contraindre ces deux pays à accepter des arrangements tout aussi déséquilibrés nécessite de positionner les États-Unis dans la position géoéconomique la plus avantageuse possible durant leurs négociations, d’où la nécessité de construire rapidement la « Fortress America » via une série d’accords commerciaux, et de prouver que ses menaces tarifaires ne sont pas des bluffs.

« La rivalité sino-indienne façonnera la décision de Trump sur les sanctions secondaires anti-russes », comme je l'ai expliqué dans une analyse précédente, cette variable et la politique triangulaire à la Kissinger des États-Unis détermineront de manière cruciale l’avenir de leurs négociations commerciales. En cas d’échec, Trump pourrait ne pas imposer de tarifs à 100% sur la Chine et/ou l’Inde, mais certains tarifs seraient tout de même attendus. Néanmoins, avec le Japon, l’UE et probablement la « Fortress America » à ses côtés, cet « Occident global » pourrait isoler les États-Unis de certaines conséquences.

L’importance stratégique majeure de la subordination de l’UE en tant que plus grand État vassal des États-Unis réside donc dans le fait qu’elle met les États-Unis sur la voie de la restauration de leur hégémonie unipolaire via des accords commerciaux séquentiels, alors qu’ils semblent viser en priorité les Amériques avant de finalement s’attaquer à l’Asie. Il n’y a aucune garantie que les États-Unis réussiront, et une série d’accords commerciaux déséquilibrés avec des grandes économies ne restaurerait que partiellement l’unipolarité dirigée par les États-Unis, mais les mouvements de Trump représentent toujours une menace potentiellement existentielle pour le multipolarisme.

mercredi, 30 juillet 2025

Choc sur l’accord douanier: les Européens doivent payer pour la production d’armes aux États-Unis

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Choc sur l’accord douanier: les Européens doivent payer pour la production d’armes aux États-Unis

Source: https://unzensuriert.de/305214-schock-ueber-zoll-deal-eur...

Des eurocrates comme Ursula von der Leyen ou le chancelier allemand de la CDU Friedrich Merz ont exprimé leur mépris à l’égard de Donald Trump avant les élections présidentielles américaines. Ce n’était pas là la bonne manière de préparer le contexte optimal pour négocier les tarifs lors de la rencontre qui vient de se dérouler en Écosse.

L’UE paie la facture, Trump en profite

La majorité des gens considère, de manière peu surprenante, que le résultat de ces négociations n’est pas bon. Environ 61% selon un sondage Oe24 (en date du 28 juillet, 8h30), pensent que l’UE paie après les négociations et que Trump en profite. Des observateurs ont eu l’impression que la cheffesse de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’était agenouillée devant le président américain et qu’elle s’était fait bien rouler lors des négociations.

« Ce sera la plus formidable de toutes les affaires », a déclaré Trump après l’accord, « nous l’avons eu (l'accord), c’est bien », a déclaré von der Leyen.

Encore 50 % de droits de douane sur l’acier et l’aluminium

La vraie question est de savoir ce que l’accord douanier de Turnberry en Écosse va nous apporter. L’accord sur le tarif de 15%, par exemple, pour les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs pourrait, selon les critiques, tuer d'innombrables sociétés en Europe. Surtout que l’acier et l’aluminium ne font pas partie de l’accord et restent soumis à une taxe douanière de 50%.

L’UE s'est donné l'obligation d'acheter de l’énergie aux États-Unis pour 750 milliards de dollars

Que l’UE – dans le cadre de l’accord – doive acheter de l’énergie aux États-Unis pour 750 milliards de dollars, alors qu’elle pourrait l’obtenir bien moins cher ailleurs, aura probablement aussi des conséquences gravissimes et rendra l’Europe encore plus dépendante des États-Unis. Cette dérive est également due à la politique des sanctions contre la Russie.

De plus, il a été convenu que l’UE doit investir 600 milliards de dollars aux États-Unis, y compris dans la production d'armements que l’on souhaite produire "en commun".

Nos concitoyens devront payer la facture

Une chose est déjà sûre : la facture de tous ces accords sera présentée aux citoyens européens, qu’ils veuillent ou non investir dans des armes.

L’homme d’affaires Donald Trump a misé gros dans le différend douanier avec l’UE, menaçant d’imposer une surtaxe de 30%. Le fait qu’au final ce soit 15% et que l’Europe ait été contrainte d’investir aux États-Unis peut être considéré comme une belle réussite pour lui. Est-ce que la "Euro-Uschi" (= U. von der Leyen) pourra faire pareil, se réjouir avec autant de satisfaction? 

 

jeudi, 08 mai 2025

Les droits de douane de Trump: une politique économique à la puissance géopolitique explosive

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Les droits de douane de Trump: une politique économique à la puissance géopolitique explosive

Ramesh Thakur

Source: https://uncutnews.ch/trumps-zoelle-wirtschaftspolitik-mit-geopolitischer-sprengkraft/

La carrière politique de Donald Trump montre de manière impressionnante que son rejet par les élites et les médias ne correspond pas à l'état d'esprit d'une grande partie de la population. Derrière sa politique souvent critiquée comme chaotique, il y a bien une logique stratégique : en politique intérieure comme extérieure, Trump poursuit l'objectif de « rendre sa grandeur à l'Amérique ».

Le souci n'est pas tant que sa politique n'ait pas de plan, mais que sa mise en œuvre soit menacée par l'incompétence ou l'amateurisme - comme par exemple l'utilisation de groupes de discussion non sécurisés pour des informations sensibles.

Son projet politique comprend trois piliers centraux :

    - En politique intérieure, il veut abolir les objectifs nets zéro, les réglementations DEI (diversité, égalité, inclusion) et l'auto-identification de genre - tous des ensembles de règles qui, selon lui, paralysent l'économie et la société tout en favorisant les divisions identitaires.

    - En politique étrangère, il aspire à se retirer des guerres sans fin, à répartir plus équitablement le fardeau de la défense entre les alliés et à se retirer d'un mondialisme qui a érodé la base industrielle de l'Amérique.

    - Au-delà des frontières, il voit dans l'immigration de masse une menace qui relie la politique intérieure et la politique extérieure.

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Trump en est convaincu : cet agenda doit restaurer la fierté nationale, protéger l'Amérique contre l'exploitation et faire en sorte que les Etats-Unis redeviennent la première puissance industrielle et militaire.

Les droits de douane : Trump rompt avec le mondialisme

C'est là que la politique douanière de Trump intervient comme outil central. Historiquement, le libre-échange était considéré comme une situation gagnant-gagnant dans la théorie économique - mais dans la pratique, il a fait des gagnants et des perdants. Selon Trump, la mondialisation a récompensé les « élites de partout », tandis que les travailleurs et les régions intérieures (« les gens de nulle part ») ont perdu.

Les droits de douane doivent précisément corriger cela. Ils pénalisent la délocalisation de la production à l'étranger, encouragent le rapatriement de l'industrie aux Etats-Unis et doivent renforcer à nouveau la cohésion sociale. Le nationalisme de Trump suit le principe suivant : les hommes sont des citoyens de nations, et non de simples unités d'une économie mondiale.

Une politique commerciale qui renforce l'économie chinoise mais affaiblit la production américaine est en contradiction avec ce principe. Le contrat social entre le gouvernement et les citoyens ne peut être maintenu que si les intérêts du peuple ont la priorité sur les règles des marchés mondiaux.

Renégocier l'ordre commercial - ou le rompre ?

La thèse de Trump : l'ordre commercial mondial - par exemple par le biais de l'OMC - serait incapable d'imposer des règles équitables contre des acteurs comme la Chine ou le mercantilisme de l'UE. Ses droits de douane punitifs sont donc des moyens de négociation, voire des instruments de pression, pour contraindre d'autres pays à offrir de meilleures conditions.

Dans le même temps, il prend le risque que les pays concernés tentent de se détourner stratégiquement des Etats-Unis - mais Trump fait le pari qu'aucune nation ne préférera à long terme choisir la Chine comme partenaire. Des exemples comme le Zimbabwe, qui a suspendu les droits de douane américains, ou la Grande-Bretagne, qui dépense davantage pour la défense malgré des coupes dans la santé et l'aide au développement, montrent pour lui les premiers succès.

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Objectif : un nouvel équilibre mondial

Selon l'économiste Michael Pettis (photo), le commerce mondial est devenu de plus en plus dysfonctionnel: les déséquilibres économiques intérieurs ont été traduits en déséquilibres mondiaux par des droits de douane, des subventions et des obstacles au commerce. L'approche de Trump veut recalibrer ce système: s'éloigner d'un ordre mondial qui subordonne les intérêts nationaux à la logique du système.

Ce qui, à long terme, devrait aboutir à:

    - une plus grande croissance des salaires,

    - une parité commerciale équitable

    - et à une production industrielle plus robuste.

Focalisation stratégique: endiguer la Chine

Pour Trump, la Chine est la plus grande menace stratégique, tant sur le plan économique que militaire. Son idée d'une paix en Ukraine s'inscrit donc également dans une stratégie plus large: détacher la Russie de la Chine, de la même manière que Nixon avait autrefois détaché la Chine de l'Union soviétique.

La reconnaissance officielle par la Maison Blanche d'une éventuelle fuite du laboratoire de Wuhan pourrait également faire partie de cette stratégie d'isolement vis-à-vis de la Chine. L'historien Victor Davis Hanson le résume ainsi: le fil conducteur de la politique de Trump - du Panama à l'Ukraine, de DEI à la politique énergétique - est la crainte de voir la Chine établir une nouvelle sphère d'hégémonie en Asie de l'Est, comme le Japon l'a fait dans les années 1940.

Les droits de douane comme moyen de protéger la souveraineté

Pour Trump, la parité commerciale est cruciale : la Chine monte en gamme, les Etats-Unis stagnent. Mais les Etats-Unis sont encore en tête pour de nombreux facteurs clés. Pour défendre cela, il faut, selon Trump :

    - Des budgets disciplinés;

    - Des frontières sûres;

    - Une éducation axée sur la performance;

    - Une indépendance énergétique

    - et une réorientation stratégique des relations commerciales mondiales.

Conclusion : risque de guerre froide, mais protection par l'autarcie

Le risque est de voir se développer une nouvelle guerre froide par le biais de spirales tarifaires réciproques. Mais les leçons de la crise COV ID sont claires: les chaînes d'approvisionnement en provenance de Chine sont vulnérables - politiquement et logistiquement.

La réponse de Trump: renforcer l'industrie nationale, y compris dans le domaine de l'armement. L'autarcie est un prix à payer pour la souveraineté et la liberté.

*

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Ramesh Thakur, chercheur senior au Brownstone Institute, est ancien secrétaire général adjoint des Nations unies et professeur émérite à la Crawford School of Public Policy de l'Australian National University.

Source : https://brownstone.org/articles/making-sense-of-trumps-ta...

Les droits de douane de Trump: une politique économique à la puissance géopolitique explosive

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Les droits de douane de Trump: une politique économique à la puissance géopolitique explosive

Ramesh Thakur

Source: https://uncutnews.ch/trumps-zoelle-wirtschaftspolitik-mit-geopolitischer-sprengkraft/

La carrière politique de Donald Trump montre de manière impressionnante que son rejet par les élites et les médias ne correspond pas à l'état d'esprit d'une grande partie de la population. Derrière sa politique souvent critiquée comme chaotique, il y a bien une logique stratégique : en politique intérieure comme extérieure, Trump poursuit l'objectif de « rendre sa grandeur à l'Amérique ».

Le souci n'est pas tant que sa politique n'ait pas de plan, mais que sa mise en œuvre soit menacée par l'incompétence ou l'amateurisme - comme par exemple l'utilisation de groupes de discussion non sécurisés pour des informations sensibles.

Son projet politique comprend trois piliers centraux :

    - En politique intérieure, il veut abolir les objectifs nets zéro, les réglementations DEI (diversité, égalité, inclusion) et l'auto-identification de genre - tous des ensembles de règles qui, selon lui, paralysent l'économie et la société tout en favorisant les divisions identitaires.

    - En politique étrangère, il aspire à se retirer des guerres sans fin, à répartir plus équitablement le fardeau de la défense entre les alliés et à se retirer d'un mondialisme qui a érodé la base industrielle de l'Amérique.

    - Au-delà des frontières, il voit dans l'immigration de masse une menace qui relie la politique intérieure et la politique extérieure.

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Trump en est convaincu : cet agenda doit restaurer la fierté nationale, protéger l'Amérique contre l'exploitation et faire en sorte que les Etats-Unis redeviennent la première puissance industrielle et militaire.

Les droits de douane : Trump rompt avec le mondialisme

C'est là que la politique douanière de Trump intervient comme outil central. Historiquement, le libre-échange était considéré comme une situation gagnant-gagnant dans la théorie économique - mais dans la pratique, il a fait des gagnants et des perdants. Selon Trump, la mondialisation a récompensé les « élites de partout », tandis que les travailleurs et les régions intérieures (« les gens de nulle part ») ont perdu.

Les droits de douane doivent précisément corriger cela. Ils pénalisent la délocalisation de la production à l'étranger, encouragent le rapatriement de l'industrie aux Etats-Unis et doivent renforcer à nouveau la cohésion sociale. Le nationalisme de Trump suit le principe suivant : les hommes sont des citoyens de nations, et non de simples unités d'une économie mondiale.

Une politique commerciale qui renforce l'économie chinoise mais affaiblit la production américaine est en contradiction avec ce principe. Le contrat social entre le gouvernement et les citoyens ne peut être maintenu que si les intérêts du peuple ont la priorité sur les règles des marchés mondiaux.

Renégocier l'ordre commercial - ou le rompre ?

La thèse de Trump : l'ordre commercial mondial - par exemple par le biais de l'OMC - serait incapable d'imposer des règles équitables contre des acteurs comme la Chine ou le mercantilisme de l'UE. Ses droits de douane punitifs sont donc des moyens de négociation, voire des instruments de pression, pour contraindre d'autres pays à offrir de meilleures conditions.

Dans le même temps, il prend le risque que les pays concernés tentent de se détourner stratégiquement des Etats-Unis - mais Trump fait le pari qu'aucune nation ne préférera à long terme choisir la Chine comme partenaire. Des exemples comme le Zimbabwe, qui a suspendu les droits de douane américains, ou la Grande-Bretagne, qui dépense davantage pour la défense malgré des coupes dans la santé et l'aide au développement, montrent pour lui les premiers succès.

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Objectif : un nouvel équilibre mondial

Selon l'économiste Michael Pettis (photo), le commerce mondial est devenu de plus en plus dysfonctionnel: les déséquilibres économiques intérieurs ont été traduits en déséquilibres mondiaux par des droits de douane, des subventions et des obstacles au commerce. L'approche de Trump veut recalibrer ce système: s'éloigner d'un ordre mondial qui subordonne les intérêts nationaux à la logique du système.

Ce qui, à long terme, devrait aboutir à:

    - une plus grande croissance des salaires,

    - une parité commerciale équitable

    - et à une production industrielle plus robuste.

Focalisation stratégique: endiguer la Chine

Pour Trump, la Chine est la plus grande menace stratégique, tant sur le plan économique que militaire. Son idée d'une paix en Ukraine s'inscrit donc également dans une stratégie plus large: détacher la Russie de la Chine, de la même manière que Nixon avait autrefois détaché la Chine de l'Union soviétique.

La reconnaissance officielle par la Maison Blanche d'une éventuelle fuite du laboratoire de Wuhan pourrait également faire partie de cette stratégie d'isolement vis-à-vis de la Chine. L'historien Victor Davis Hanson le résume ainsi: le fil conducteur de la politique de Trump - du Panama à l'Ukraine, de DEI à la politique énergétique - est la crainte de voir la Chine établir une nouvelle sphère d'hégémonie en Asie de l'Est, comme le Japon l'a fait dans les années 1940.

Les droits de douane comme moyen de protéger la souveraineté

Pour Trump, la parité commerciale est cruciale : la Chine monte en gamme, les Etats-Unis stagnent. Mais les Etats-Unis sont encore en tête pour de nombreux facteurs clés. Pour défendre cela, il faut, selon Trump :

    - Des budgets disciplinés;

    - Des frontières sûres;

    - Une éducation axée sur la performance;

    - Une indépendance énergétique

    - et une réorientation stratégique des relations commerciales mondiales.

Conclusion : risque de guerre froide, mais protection par l'autarcie

Le risque est de voir se développer une nouvelle guerre froide par le biais de spirales tarifaires réciproques. Mais les leçons de la crise COV ID sont claires: les chaînes d'approvisionnement en provenance de Chine sont vulnérables - politiquement et logistiquement.

La réponse de Trump: renforcer l'industrie nationale, y compris dans le domaine de l'armement. L'autarcie est un prix à payer pour la souveraineté et la liberté.

*

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Ramesh Thakur, chercheur senior au Brownstone Institute, est ancien secrétaire général adjoint des Nations unies et professeur émérite à la Crawford School of Public Policy de l'Australian National University.

Source : https://brownstone.org/articles/making-sense-of-trumps-ta...

lundi, 05 mai 2025

Les droits de douane américains vont frapper l'Europe de plein fouet

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On ne se lasse jamais des devoirs

Les droits de douane américains vont frapper l'Europe de plein fouet

Lorenzo Maria Pacini

Source: https://telegra.ph/Non-si-%C3%A8-mai-sazi-di-dazi-04-30

Les droits de douane américains vont frapper l'Europe de plein fouet, et l'Europe, une fois de plus, se retrouve non seulement prise au dépourvu, mais victime de sa soumission à l'impérialisme américain, après avoir été soumise à l'impérialisme britannique.

Au mauvais moment

L'état des lieux des équilibres géoéconomiques en Occident

Je vois arriver comme un coup de tonnerre les tarifs douaniers américains. Ce n'est pas un mince problème quand on sait que la situation économique du continent européen est déjà notoirement mauvaise et qu'elle s'enfonce inexorablement dans le néant. Plus problématique encore si l'on pense que ces droits arrivent au moment même où la Commission européenne se vantait de vouloir investir 800 milliards d'euros pour faire la guerre à la Russie. Bref, un bien mauvais timing.

Faisons le point sur la situation.

Le gouvernement américain impose des droits de douane, le lendemain les marchés s'effondrent, la Chine réagit, encore un jour et Trump les supprime, puis ils reviennent. Entre-temps, la spéculation a explosé et ceux qui devaient en profiter l'ont fait. Bien sûr, l'Europe n'était pas sur la liste des heureux gagnants de la loterie.

Ce qui se passe est pire que prévu, car s'il est vrai que les droits de douane sont utilisés plus ou moins comme des sanctions, et donc comme un outil de dissuasion, il est également vrai qu'ils sont généralement appliqués contre des adversaires, des ennemis ou tout au plus des concurrents effrontés, mais pas contre ses « alliés » (= soi-disant...), et c'est précisément cette logique qui devrait amener les États européens à réfléchir à la vérité de la relation politique entre les États-Unis et l'Europe.

Que faire ?

Les tarifs douaniers introduits par Donald Trump marquent un nouveau chapitre dans les relations économiques entre l'Europe et les États-Unis, rompant brutalement avec les politiques de libre-échange qui ont dominé les trente dernières années. Le 2 avril 2025 a été baptisé « Jour de la libération » par le président américain, symbolisant l'abandon par les États-Unis de l'approche mondialiste du commerce et l'adoption d'un protectionnisme visant à corriger ce que Washington considère comme des déséquilibres structurels au détriment de l'économie américaine. Ce n'est pas la première fois que cela se produit en Amérique, vous savez, mais le coup est porté au moment même où l'UE est confrontée à des dépenses de guerre insensées. Cela ressemble presque à une aide à la Russie.

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Ce n'est pas la première fois que Trump a recours aux droits de douane: dès son premier mandat, il avait lancé une confrontation commerciale avec la Chine. Cette fois-ci, cependant, l'attaque est plus structurée et à plus grande échelle. Une soixantaine de pays sont visés par les États-Unis, avec des droits de douane allant de 20 à 25% pour l'Europe et à 54 % pour la Chine. Les mesures entreront en vigueur en deux phases: le 5 avril avec un tarif généralisé de 10%, puis le 9 avril avec des taux différenciés pour chaque pays.

En adoptant des droits de douane de 20 à 25 % sur les marchandises en provenance de l'Union européenne, les États-Unis ramènent l'économie mondiale des décennies en arrière, à l'époque du protectionnisme et de l'isolationnisme des années 1930.

L'UE pourrait payer un lourd tribut à ces mesures: le PIB devrait chuter deux fois plus que celui des États-Unis, soit 0,4 % contre 0,2 % respectivement. Et c'est là que l'on peut observer un détail intéressant: c'est précisément l'Allemagne, le pays choisi pour diriger Rearm Europe, qui souffrira. Officiellement, c'est le secteur automobile qui est touché, mais en général, c'est toute la chaîne de production et d'approvisionnement du secteur métallurgique qui est affectée. En bref, Rheinmetall aura du mal à produire à la fois des Volkswagen à hayon et des chars d'assaut pour conquérir Moscou.

Que fera l'UE ?

L'UE s'est déclarée prête à réagir, mais elle tentera d'abord la voie diplomatique, en espérant que quelqu'un à Washington l'écoutera.

Dès le 12 avril, Bruxelles pourrait imposer des droits de douane d'une valeur maximale de 26 milliards d'euros sur les produits américains. Ursula von der Leyen a déclaré que l'Europe restait ouverte au dialogue, mais a averti que l'augmentation des droits de douane finirait par nuire à tout le monde en faisant grimper les prix mondiaux.

Il est clair que la perspective actuellement privilégiée par la gouvernance européenne est celle de la contre-attaque - avec la pieuse illusion de pouvoir réussir: ils devront se demander s'il faut laisser faire et varier la politique monétaire, en profitant de l'introduction de l'euro numérique (qui sera de toute façon opérationnel à partir d'octobre et constituera un instrument de contrôle social très puissant); ou bien Bruxelles pourrait introduire des droits de douane allant jusqu'à 26 milliards d'euros sur les marchandises américaines dès le 12 avril. Ursula von der Leyen a déclaré que l'Europe restait ouverte au dialogue, mais a averti que l'augmentation des droits de douane finirait par nuire à tout le monde en augmentant les prix mondiaux.

Comme l'a suggéré M. Tagliamacco, il pourrait s'agir d'une occasion historique pour l'UE de se désengager de l'influence américaine et de s'ouvrir à des alternatives, mais le scénario européen semble assez sombre. La crise économique qui frappe le continent, et qui menace de s'aggraver, pourrait être abordée de deux manières si la classe dirigeante était différente. La première consiste à renforcer les relations avec la Chine. La sortie de l'Italie de la route de la soie a été un choix à courte vue: il est au contraire crucial de maintenir des relations solides avec Pékin pour stimuler le commerce. De même, il convient de rétablir le lien avec la Russie, qui fournissait à l'Europe du gaz à des prix plus avantageux que ceux imposés par les États-Unis.

La deuxième voie est interne : stimuler la consommation. Depuis la fin des années 1990, les salaires réels sont restés comprimés, ce qui a pesé sur la demande intérieure. L'Italie doit reconstruire son marché intérieur, augmenter les revenus et stimuler les dépenses. Pour ce faire, elle a besoin d'un bloc social fort, capable de s'opposer au néolibéralisme qui a conduit à l'appauvrissement généralisé du pays.

Pour relancer les relations entre l'UE et la Chine, il est essentiel de surmonter les fortes divergences liées à l'énorme excédent commercial de la Chine et aux obstacles qui limitent l'accès à son marché intérieur. Selon des articles de presse, l'Europe est également préoccupée par le soutien continu de Pékin à la Russie dans la guerre en Ukraine.

Récemment, la Chine a envoyé des missions commerciales dans plusieurs capitales européennes, tandis que ses industries envisagent de diriger une partie de leurs exportations vers les marchés européens. Les dirigeants européens ont également exprimé publiquement leur intention de renforcer la coopération bilatérale, ce qui contraste fortement avec les appels précédents à « réduire les risques » liés à la dépendance vis-à-vis des chaînes d'approvisionnement chinoises.

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Très doux, pas trop de pouvoir

La signification politique de cette action devrait donner à réfléchir.

Les États-Unis tentent d'envoyer un message clair à l'Europe dans son ensemble, tant à ses dirigeants qu'à ses citoyens. Aux premiers, ils disent clairement, par un langage subtil, que certains choix internationaux ne sont pas à leur goût.

Les États-Unis veulent maitriser leurs relations avec la Russie et la Chine, tout en étant prêts à envoyer les Européens à la guerre sans état d'âme. De plus, il est rappelé que l'euro est une création destinée à maintenir le continent européen sous l'hégémonie du dollar, de sorte que toute tentative de diversification de la structure monétaire des pays membres doit être considérée comme « dangereuse » et « inappropriée ». Les États-Unis ont déjà perdu suffisamment de terrain commercial, perdre l'Europe également n'est certainement pas l'une des meilleures voies à suivre. Les dirigeants européens ne sont pas omnipotents et, surtout, ils ne gouvernent pas chez eux.

Les gens semblent vouloir qu'on leur dise qu'il y a un changement dans l'ordre du pouvoir, de sorte qu'une certaine « coopération » sera la bienvenue et conduira à une approbation et à une récompense agréables de la part du maître d'outre-mer. L'Europe ne devrait certainement pas aller de pair avec la Russie et tous les autres monstres, les "super-vilains" d'Asie.

En bref, l'Europe, une fois de plus, se retrouve non seulement mal préparée, mais victime de sa soumission à l'impérialisme américain, après avoir été soumise à l'impérialisme britannique.

Qui sait si lorsque les peuples se retrouveront à devoir se battre pour un morceau de pain, ils comprendront que ce ne sont pas les politiciens qui changeront la condition de cet esclavage.

mercredi, 23 avril 2025

Les tarifs de Trump

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Les tarifs de Trump

par Joakim Andersen

Source: https://motpol.nu/oskorei/2025/04/11/trumps-tariffer/

Les tarifs de Donald Trump ont été présentés dans les médias suédois comme des expédients plus ou moins irrationnels, comme une manœuvre risquée, basée sur un manque de connaissances en économie politique fondamentale. Les tarifs conduiraient à des guerres commerciales, des krachs boursiers et des pertes pour tout le monde, tel est le raisonnement que nous rencontrons souvent. Ce n’est pourtant pas si simple, il y a une rationalité derrière cela, même si le bien-être de l'Europe ne joue pas un grand rôle dans le plan. Il se peut même que la politique américaine se dirige désormais, comme le suggèrent les déclarations concernant le Groenland, vers "une phase d'exploitation et de pillage plus ouverte". On peut voir des similitudes entre les tarifs de Trump et la politique d'Athènes à l'aube de la guerre du Péloponnèse, mais la principale cible des tarifs n'est pas l'Europe.

Les tarifs révèlent les tensions dans la politique américaine, d'une part entre un hegemon et le gardien du système du dollar, d'autre part une nation avec un peuple ("un pays, c'est son peuple, pas sa géographie", pour citer Elon Musk). Le système du dollar présente plusieurs avantages pour les États-Unis, la demande pour la monnaie de réserve mondiale dépasse la demande de biens américains, mais cela entraîne également des risques tels que des déficits commerciaux et une désindustrialisation. Cela a durement frappé la classe ouvrière américaine ; c'est aussi un réel problème pour la sécurité et pour la politique de défense de voir la base industrielle se déplacer à l'étranger (une nation qui ne peut pas fabriquer ses propres drones est un État vassal, pour revenir à Musk). Trump a décrit les déficits commerciaux avec des pays comme la Chine comme le reflet d'un commerce injuste depuis un certain temps, ce qui n'est pas complètement déraisonnable compte tenu des différences dans les politiques salariales, monétaires et environnementales ; les tarifs ne devraient donc pas être trop surprenants.

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Il existe un certain nombre d'interprétations intéressantes de la politique commerciale américaine sous Trump II. Curtis Yarvin (photo), le blogueur auparavant connu sous le nom de Mencius Moldbug, fait désormais référence aux mercantilistes et à Friedrich List dans ses analyses. Il note notamment que "si nous équivalons la 'valeur de la terre et de son peuple' au bien commun, nous voyons rapidement qu'une politique commerciale qui génère des profits (comme celle de la Chine) va probablement mieux corréler avec le bien commun qu'une politique commerciale qui entraîne des pertes".

Les pays avec des excédents commerciaux se portent généralement mieux que ceux qui présentent des déficits. Cela fait que le réflexe de Trump, selon Yarvin, est sain. Mais un réflexe n'est pas suffisant ; "Trump a toujours les bons réflexes. Mais un réflexe n'est pas un plan… il semble intuitivement beaucoup plus difficile de réindustrialiser l'Amérique, un pays vieux et riche, que l'Asie du milieu du siècle, un pays jeune et pauvre". Yarvin identifie ici les difficultés à réindustrialiser un pays et le besoin de planification centrale. Ses textes sur les tarifs sont intéressants et représentent son développement continu en tant que penseur qui raisonne dans un sens européen, en s'éloignant des tendances anglo-saxonnes aux résultats douteux. Il s'oppose également à une économie fondée sur le "travail hélote" mal rémunéré, qu'il s'agisse d'activités à l'intérieur ou à l'extérieur des frontières américaines. En même temps, il est conscient des lacunes de l'administration Trump, "le paradoxe fondamental de la deuxième administration Trump, dans toute sa grandeur et sa régression".

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D'un grand intérêt dans ce contexte est aussi A User’s Guide to Restructuring the Global Trading System de Stephen Miran (photo). Miran a identifié la tension entre le rôle d'hegemon et celui de nation, il a prévu en novembre dernier que Trump essaierait de remodeler les systèmes commerciaux et financiers internationaux. Il était également conscient de l'aspect de lutte des classes au sein du système dollar, "d'un point de vue commercial, le dollar est perpétuellement surévalué, en grande partie parce que les actifs en dollars fonctionnent comme la monnaie de réserve mondiale. Cette surévaluation a lourdement pesé sur le secteur manufacturier américain tout en bénéficiant à des secteurs financiarisés de l'économie d'une manière qui avantage les Américains riches" (comparez la distinction que formule le professeur Hudson entre capitalisme industriel et capitalisme financier). Le statut du dollar en tant que monnaie de réserve coûte plus à la classe ouvrière américaine que cela ne lui rapporte, mais ce n'est pas nécessairement le cas pour d'autres classes.

Miran a réfléchi sur des tarifs optimaux et leur lien avec la géopolitique. Historiquement, les États-Unis ont eu des droits de douane faibles envers plusieurs pays pour favoriser leurs économies: "par exemple, les États-Unis n'imposent que 2,5 % de tarifs sur les importations automobile de l'UE, tandis que l'Europe impose un droit de 10% sur les importations automobiles américaines. De nombreux pays en développement appliquent des taux beaucoup plus élevés, et le Bangladesh a le taux effectif le plus élevé au monde à 155%. Ces tarifs sont, en grande partie, des héritages d'une époque où les États-Unis voulaient ouvrir généreusement leurs marchés au reste du monde à des conditions avantageuses pour aider à la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale, ou à la création d'alliances pendant la guerre froide". Une telle politique n'est plus abordable pour les États-Unis; l'objectif est donc de redistribuer les coûts et de créer des zones de sécurité qui ont également une dimension économique. Miran a cité le ministre des Finances de Trump, Scott Bessent : "segmenter plus clairement l'économie internationale en zones basées sur des systèmes de sécurité et économiques communs aiderait à… mettre en évidence la persistance des déséquilibres et introduire davantage de points de friction pour y faire face."

Il y a plusieurs aspects à cela. L'un d'eux est le mouvement MAGA, qui consiste à favoriser les électeurs américains aux dépens des non-Américains. Miran a écrit à ce sujet que "l'équipe Trump considérera les tarifs comme un moyen efficace d'augmenter les impôts sur les étrangers pour financer le maintien de faibles taux d'imposition pour les Américains". Les tarifs peuvent bénéficier au bien-être américain; "l'augmentation des tarifs globaux effectifs à partir de niveaux actuellement bas, proches de 2%, augmentera en fait le bien-être agrégé aux États-Unis. Une fois que les tarifs commencent à dépasser 20% (sur une base large et effective), ils deviennent réduits en termes de bien-être". L'économie politique est en même temps une économie géopolitique, l'objectif est de faire payer les autres pays pour la zone de sécurité américaine. Notamment en réduisant la valeur du dollar et en réindustrialisant les États-Unis. Les méthodes sont la carotte et le bâton, des menaces de tarifs et des promesses de protection. Intéressant dans ce contexte est que même si l'UE réagit négativement à cette déclaration, les États-Unis pourraient en bénéficier. Miran a mentionné que l'UE, dans un tel scénario, serait contrainte d'élargir sa propre défense, "allégeant le fardeau de sécurité mondial des États-Unis et menaçant moins l'extension de nos capacités, cela atteindrait plusieurs objectifs. L'Europe prenant un plus grand rôle dans sa propre défense permet aux États-Unis de se concentrer davantage sur la Chine, qui représente une menace économique et de sécurité nationale beaucoup plus grande pour l'Amérique que la Russie, tout en générant des revenus". Beaucoup d'indices montrent que la Chine est la principale cible des tarifs, tant sur le plan économique que géopolitique.

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En passant, il convient de noter que les tarifs pourraient réduire le déficit américain, à la fois en augmentant les revenus de l'État et en rendant les prêts moins chers en raison de l'inquiétude des marchés. Mais il semble s'agir principalement de géopolitique et d'une tentative de remodeler le système international à l'avantage américain. Michael Hudson (photo) l'a résumé en disant "le reste du monde devrait être transformé en une économie tributaire des États-Unis, en bloquant toute alternative au dollar tout en leur faisant perdre de l'argent sur chaque action, obligation ou titre du Trésor qu'ils achètent". Ce n'est pas nécessairement une révolution qui sert les intérêts de l'Europe, et Miran était conscient des risques significatifs, mais il y a une rationalité derrière tout cela et selon Miran de réelles possibilités de succès. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'un président américain réforme les systèmes économiques internationaux sans que le monde ne se soulève de manière significative, comparez Nixon et Bretton Woods en 1971.

En même temps, il est encore difficile de savoir où tout cela mènera. La politique de Trump se caractérise par des déclarations spectaculaires, des renégociations et des "deals", et les tarifs n'ont pas fait exception. Si l'on devait chercher des signes de "5D chess", il est probable que la cible soit la Chine, probablement aussi l'Iran. En revanche, il reste à voir dans quelle mesure l'économie américaine peut être revitalisée ; Hudson l'a décrite comme une "décadence désindustrialisée" et a déclaré que "là où vous devez revenir en arrière, c'est toute la transition des États-Unis vers une économie post-industrielle, financiarisée, à la recherche de rentes. Mais les rentiers ont cannibalisé l'industrie, et il n'y a pas de parti politique qui soutient une alternative". Il est possible qu'Hudson surestime la dépendance de Trump aux intérêts financiers et sous-estime son aspect populiste, mais il est également possible que les dernières déclarations soient une tentative de compromis impossible entre les intérêts du peuple ordinaire et de l'élite financière. Cela reste à voir.

Lectures complémentaires: 

Curtis Yarvin – Implementing market-balanced trade
Curtis Yarvin – The problem with Trumpian mercantilism
Stephen Miran – A User’s Guide to Restructuring the Global Trading System
Michael Hudson – Trump’s Trade Policies: A Fast Track to Economic Ruin