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dimanche, 08 janvier 2012

La fonction de souveraineté et l'homme d'Etat

La fonction de souveraineté et l'homme d'Etat

par Yvan Blot

Ex: http://www.polemia.com/

athena1001.jpgLes hommes ont des vocations diverses, généralement exprimées au travers de leur métier. Certains sont d’abord à la recherche du profit. D’autres préfèrent le pouvoir et d’autres le savoir. Enfin il y en a pour qui la vocation première est celle du sacrifice : ce sont les prêtres et les soldats. N’est un vrai soldat que celui qui est prêt à mourir pour la patrie. N’est un vrai prêtre que celui qui est prêt à être martyr si nécessaire.

Ceux qui incarnent le pouvoir sont les fonctionnaires et les juges. Ceux qui recherchent le savoir et la création qui va avec sont les professeurs et les hommes de l’art. Enfin, ceux qui cherchent avant tout le profit sont les propriétaires et les « gérants » (les « managers » comme on dit en anglais).

La qualité des hommes d’Etat est liée à la vocation dans laquelle ils ont été élevés. Dans l’Europe traditionnelle, les rois sont issus de la fonction militaire. Parfois, un ecclésiastique gouvernait, comme le Cardinal de Richelieu.

Avec le monde moderne, le rôle des fonctionnaires et des juges n’a fait que croître. En France, c’est cette oligarchie là qui gouverne principalement. Les hommes de profit ont plutôt un pouvoir d’influence mais aux Etats-Unis, leur rôle est éminent (partagé avec celui des juges).

Le rôle des hommes de savoir, professeurs, journalistes et responsables des médias, avocats et médecins a toujours été important en politique.

Y a-t-il une hiérarchie entre toutes ces catégories pour bien gérer l’Etat ? Il semble que le pouvoir entre les hommes de profit soit particulièrement critiquable car il n’est pas évident pour eux de changer d’éthique et de se mettre au service du bien commun. Les oligarques russes ont montré à quel point ils pouvaient être néfastes pour un Etat. L’influence des grands banquiers aux Etats-Unis explique largement les crises financières qui arrivent là bas.

Mais l’accaparement du pouvoir par les hauts fonctionnaires ou les juges est également très négatif. Certes, ils sont par définition au service du bien commun mais pas au point, en général, d’y sacrifier sa vie. Ils veulent surtout faire carrière et ils sont portés à l’autoritarisme face aux souhaits du peuple. Ce sont souvent de vrais dangers pour la démocratie.

Les hommes de savoir peuvent faire parfois des hommes d’Etat de qualité. Ils sont variés : le professeur Salazar n’est pas Raymond Barre ! De nombreux avocats, journalistes ont ponctué la vie politique : Mitterrand avocat, Clémenceau journaliste ou d’autres encore médecins. Mais ils peuvent être enclins à la démagogie ou au dogmatisme, voire aux deux !

Les hommes de sacrifice sont sans doute ceux qui ont la meilleure vocation pour conduire l’Etat. En général, ils s’opposent aux hommes de pouvoir : De Gaulle, un général, appelait ceux-ci « les politichiens » ! Napoléon ou Louis XIV étaient des guerriers. Mais s’ils ont fait trop de guerres, ils ont aussi beaucoup apporté au gouvernement civil (œuvre juridique de Napoléon, mécénat de Louis XIV). Mais souvent, ils ne peuvent arriver au pouvoir que par temps de crise.

Bien sûr, ces catégories ne sont pas exclusives : on peut être un homme de sacrifice et un homme de pouvoir en même temps. On peut être un homme de pouvoir et de savoir tout à la fois.

La corruption menace toutes les catégories. L’homme de profit peut dériver vers le comportement mafieux. L’homme de savoir peut devenir un « expert » à la solde de grands intérêts, ou il peut être démagogue et dogmatique. L’homme de pouvoir devient le politicien de carrière, qui vit dans son monde politique coupé du peuple. C’est très fréquent aujourd’hui. Quant à l’homme de sacrifice, généralement de formation militaire, il peut dériver vers le mercenariat et se faire acheter par l’étranger.

Toutefois l’histoire nous apprend que les grands hommes d’Etat ont généralement reçu une formation militaire, parfois religieuse aussi. Ils sont les plus capables de sacrifier leur ego à la patrie et ils ont une vision humaine plus vaste que les hommes de pouvoir ou de profit qui ont souvent une vision étriquée des choses. Les hommes de savoir sont sans doute une catégorie appréciable même si elle passe après la catégorie des hommes de sacrifice. Mais on peut cumuler les qualités de deux catégories.

En France après l’homme de sacrifice qu’était De Gaulle, on a eu un homme de savoir (mais aussi de profit) : Pompidou. Puis on a eu des hommes de pouvoir, des hauts fonctionnaires comme Giscard et Chirac. Mitterrand était l’homme de savoir dévoyé, tombé dans un mélange de démagogie et parfois de dogmatisme. Aujourd’hui, les hommes de pouvoir et de profit dominent les machines politiques en Occident. C’est sans doute pour cela qu’il s’enfonce dans la décadence.

Yvan Blot
25/12/2011

Correspondance Polémia – 25/12/2011

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