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dimanche, 08 septembre 2024

Résolution de l'AfD sur la souveraineté - Nous exigeons une paix juste au lieu d'une guerre sans fin

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Résolution de l'AfD sur la souveraineté

Nous exigeons une paix juste au lieu d'une guerre sans fin

Source: https://afd-bw.de/aktuell/resolutionen/souveraenitaets-resolution

Le complexe politico-médiatique composé des vieux partis et des médias établis entraîne l'Allemagne toujours plus loin dans la guerre en Ukraine. La cause en est également le manque de souveraineté de l'Allemagne, qui fait que les grandes lignes de notre politique étrangère et de sécurité sont décidées par l'UE et l'OTAN et ne servent souvent pas les intérêts allemands : De plus en plus d'armes sont livrées, de plus en plus de soldats ukrainiens sont formés, de plus en plus de soutien matériel, financier et informationnel est fourni. Notre prospérité et notre économie en pâtissent gravement. L'Allemagne ne doit pas devenir un belligérant ! Notre objectif doit être de mettre fin aux combats le plus rapidement possible. Nous voulons une paix juste qui tienne compte des intérêts de sécurité de l'Ukraine et de la Russie et qui soit basée sur le droit à l'autodétermination des populations.

Nous exigeons :

- L'arrêt immédiat de toutes les livraisons d'armes aux belligérants.

- L'arrêt de toutes les mesures de guerre hybride et la levée de toutes les sanctions.

- Un engagement humanitaire global pour les victimes civiles et les réfugiés des deux parties sur le terrain.

- Une couverture médiatique équilibrée et différenciée de la part des médias publics, qui tienne également compte des antécédents de la guerre.

- La réparation immédiate des gazoducs Nord Stream et la reprise de l'approvisionnement en gaz russe. Nous demandons des explications sur les auteurs et les complices de la démolition.

- Que l'Allemagne exerce une influence modératrice sur les belligérants et se propose comme médiateur et lieu de négociations de paix.

- Le rétablissement de la souveraineté de l'Allemagne en matière de politique étrangère et de sécurité.

- Qu'aucune guerre ne soit organisée en Ukraine à partir du sol allemand. Nous nous engageons donc pour le retrait de toutes les forces armées étrangères.

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L'extension constante de la participation à la guerre et la couverture médiatique unilatérale des médias publics risquent de conduire à une guerre européenne ou mondiale. L'expérience historique montre qu'une fois déclenchés, les conflits militaires ne peuvent plus être maîtrisés et conduisent à une escalade.

La guerre entraîne déjà de grandes souffrances pour les peuples ukrainien et russe. Mais les peuples d'Europe, et en particulier le peuple allemand, souffrent également des sanctions. Les peuples ne veulent pas se laisser entraîner dans une guerre.

Entre 2014 et février 2022, plus de 10.000 civils ont été victimes de la violence des troupes ukrainiennes dans le Donbass, selon l'OSCE.

L'Ukraine et la Russie étaient prêtes à conclure un accord de paix en mars 2022. Suite à l'intervention des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, l'Ukraine a été amenée à quitter la voie des négociations. Pour ce faire, l'Ukraine s'est vue promettre une aide militaire et financière.

Les anciens chefs de gouvernement Merkel et Hollande ont publiquement reconnu qu'ils n'avaient pas respecté les accords de pacification - les accords de Minsk - contraignants en droit international et approuvés par l'ONU - n'ont été négociés par l'Occident qu'en apparence, afin de gagner du temps pour réarmer l'Ukraine.

Cette guerre est en fait une guerre par procuration des États-Unis contre la Russie. Mais elle nuit également à l'Europe, en particulier à l'Allemagne. L'objectif d'affaiblir politiquement et militairement l'Allemagne et l'UE et de leur nuire durablement est évident.

Contrairement aux engagements pris lors de la réunification allemande de ne pas accueillir de pays de l'ancien bloc de l'Est, l'OTAN s'est rapprochée de plus en plus des frontières russes et a mis en place des systèmes de missiles, notamment en Pologne et en Roumanie.

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L'armée allemande continue à être désarmée afin de libérer des armes et du matériel militaire pour l'Ukraine. L'Allemagne n'est désormais plus en mesure de se défendre par ses propres moyens.

Il est significatif que les plus fervents partisans de la guerre n'aient pas eux-mêmes effectué leur service militaire. Les Verts se distinguent particulièrement dans ce domaine. En revanche, des généraux à la retraite comme l'ancien inspecteur général Harald Kujat ou le général de brigade Erich Vad demandent de ne pas livrer de chars en Ukraine et de rechercher une solution négociée.

Le soutien de l'Allemagne à la guerre a commencé par la livraison de casques, puis on a dit que seulement des armes défensives seront fournies à Kiev, mais pas d'armes lourdes; entre-temps nous fournissons des chars de combat lourds. L'Ukraine demande déjà des avions de combat. La demande de troupes au sol ne devrait être qu'une question de temps.

Pour la première fois depuis la fin de la guerre froide, il existe un risque réel de guerre nucléaire en Europe. Ce danger doit être affronté avec la plus grande détermination.

dimanche, 19 mai 2024

Les pays souverains sont d'accord entre eux. Les faux souverainistes sont les serviteurs de Washington

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Les pays souverains sont d'accord entre eux. Les faux souverainistes sont les serviteurs de Washington

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/i-paesi-sovranisti-si-accordano-i-finti-sovranisti-fanno-i-servi-di-washington/

Celui qui s'arrête à la désinformation de l'actualité risque de ne rien comprendre à la réalité qui l'entoure. Et pas seulement parce qu'il se retrouve plus pauvre alors que des parlementaires gargantuesques lui assurent qu'il s'est plutôt enrichi. Mais aussi et surtout parce que les informations sur les événements internationaux semblent tirées d'une mauvaise bande dessinée destinée aux classes de l'école primaire. La désinformation italienne repose sur une division simple : qui est avec qui ?

Ainsi, ceux qui sont avec nous - ou plutôt, ceux avec qui nous sommes - sont les bons. Les autres sont les méchants. C'est ainsi que cela fonctionnait pendant la guerre froide, alors pourquoi changer les mentalités en faisant trop d'efforts ? Dommage qu'à l'époque déjà, les non-alignés s'étaient glissés dans le décor pour gâcher le spectacle. Mais aujourd'hui, tout est plus difficile, car l'ignorance est omniprésente.

Bien sûr, on s'en tient toujours aux gentils. Les maîtres américains et, par rebond, les Israéliens. Mais les autres ? Selon les reconstructions fantaisistes des médias italiens, la Chine est alliée de l'Iran et a contraint Téhéran à faire la paix avec les Saoudiens. Donc avec d'autres alliés de Pékin. Contre la Chine, il y a l'Inde, qui fait toutefois partie des Brics avec la Chine elle-même et la Russie (ainsi qu'un certain nombre d'autres pays). New Delhi et Moscou se targuent d'une amitié historique. Et l'amitié entre Moscou et Pékin est « illimitée ». Mais celle entre la Russie et l'Iran est également solide.

Aujourd'hui, Téhéran a conclu un accord avec l'Inde en vue d'un méga-investissement par des opérateurs indiens dans un port stratégique en Iran. Cette opération s'inscrit dans le cadre d'un projet encore plus vaste qui concerne non seulement le transport entre l'Iran et l'Inde, mais aussi le transit par l'Afghanistan. Sans oublier que la Russie et l'Iran collaborent à la construction d'une vaste infrastructure ferroviaire dont le débouché final sera précisément le transport maritime vers l'Inde. Mais l'aspect le plus significatif est que l'Inde ne souhaitait pas auparavant conclure l'accord avec Téhéran en raison de la pression exercée par les États-Unis. De toute évidence, ces pressions peuvent désormais être ignorées.

Ainsi, les ennemis et les amis peuvent varier, les accords et les alliances peuvent être créés à géométrie variable. Car ce qui compte dans les Etats souverains, c'est l'intérêt du seul pays. L'Italie faussement souveraine, en revanche, continue d'évoluer comme une colonie américaine, attendant toujours la permission de Washington pour chaque démarche au niveau international. D'autre part, confier les affaires étrangères à Tajani, c'est vouloir communiquer son insignifiance au monde.

lundi, 23 octobre 2023

Byung-Chul Han et le retour de la souveraineté dans l'espace public à l'heure du capitalisme numérique

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Byung-Chul Han et le retour de la souveraineté dans l'espace public à l'heure du capitalisme numérique

Une nouvelle révolution conservatrice ou une restauration révolutionnaire ne peut avoir lieu - si elle a lieu un jour - qu'avec une nouvelle souveraineté continentale capable de centraliser le pouvoir, la stratégie et la représentation des intérêts étendus et profonds des multitudes, en donnant une direction définitive et claire au développement anarchique du capitalisme technologique.

par Pietro Ferrari

Source: https://www.barbadillo.it/111489-byung-chul-han-e-il-ritorno-della-sovranita-nello-spazio-pubblico-al-tempo-del-capitalismo-digitale/

Le philosophe coréen Byung-Chul Han a suscité un intérêt considérable avec sa provocation: il nous énonçait en effet les raisons pour lesquelles une révolution est impossible aujourd'hui. En effet, c'est comme si un manteau nous enveloppait tous, à savoir la conscience résignée que tout est déjà écrit et déterminé et que tout "changement de rythme" dans le cours de l'histoire est désormais impossible. Imaginer que le statu quo va devenir "éternel" ne devrait pas seulement déprimer les "têtes brûlées", mais aussi toute personne dotée d'un minimum de conscience politique.

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Francis Fukuyama avait déjà parlé de la "fin de l'histoire" avec le triomphe du modèle démocratique occidental dans sa déclinaison techno-libérale. Oui, au-delà des distinctions et des virgules, les tentatives d'ériger un monde différent se sont effondrées d'abord en 1945 avec la fin du fascisme, puis en 1989 avec celle du communisme. Ce furent des régimes qui tentèrent de diriger de manière directe et autoritaire un changement anthropologique, ce qui généra in illud tempore diverses résistances. En revanche, le régime néolibéral est stable précisément parce qu'il s'immunise contre toute résistance, en utilisant la liberté au lieu de l'opprimer.

C'est la thèse de Han: si l'oppression de la liberté génère des résistances, l'exploitation de la liberté n'en génère pas. Le pouvoir stabilisateur n'est plus répressif mais séduisant, il n'est plus visible avec une contrepartie ou un ennemi manifeste opprimant la liberté comme dans les anciens "régimes disciplinaires" contre lesquels il serait toujours possible, au moins en théorie, de s'opposer.

Le pouvoir mondialisé de l'acronyme FAANG (Facebook, Apple, Amazon, Netflix et Google) dirigé par les États-Unis ne fonctionne pas avec des interdictions et des restrictions, mais en faisant appel au plaisir et à la satisfaction des désirs, en rendant les gens dépendants et non soumis.

Aujourd'hui, nous nous dénudons volontairement dans le "panoptikon numérique", dans lequel nous ne sommes pas seulement prisonniers, mais activement bourreaux, contribuant à sa création et l'alimentant continuellement en rejoignant les millions d'adeptes, en téléchargeant volontairement toutes les données actives de notre corps. Le nouveau domaine n'impose pas le silence; au contraire, il nous stimule à partager, à participer, à exprimer nos opinions, nos besoins et nos préférences, et à raconter nos vies. Aujourd'hui, nous sommes des éléments actifs du système en abandonnant nos espaces protecteurs et en nous exposant aux réseaux numériques qui nous radiographient. Jeremy Bentham avait imaginé le "Panopticon", c'est-à-dire une sorte de prison circulaire qui rendait toutes les vies des prisonniers visibles depuis un point central. Une dystopie devenue réalité.

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La surveillance panoptique n'est pas seulement un phénomène asiatique: nous vivons déjà dans un panoptique numérique mondial. Les réseaux sociaux surveillent et exploitent leurs membres et nous nous dénudons de notre propre chef, non pas par contrainte, mais sur la base d'un besoin intérieur. On nous demande d'exprimer nos opinions et nos besoins, et nos données sont utilisées par les plateformes numériques pour influencer le comportement des consommateurs jusqu'à une exploitation économique impitoyable. Plus nous participons en tant que "citoyens conscients et actifs", plus le système se renforce.

Pourquoi cette panoptikon se serait-elle arrêtée face à la pandémie ?

Dans un cadre pandémique, la surveillance est devenue biopolitique, non seulement la communication mais aussi notre corps et notre santé deviennent l'objet d'une surveillance numérique.

La protection stricte des données personnelles garantie par l'Occident libéral, mais surtout par l'Union européenne, empêche la surveillance étatique de l'individu, alors qu'en Asie il n'y a pas de conscience critique contre la surveillance numérique, mais comme en Occident il n'y a pas de possibilité de faire de l'individu un objet de surveillance, il ne reste (autre réflexion piquante de Han) que l'option d'un verrouillage total avec des conséquences économiques massives. L'Occident arrivera donc à la conclusion dramatique que seule une biopolitique permettant un accès illimité à l'individu est en mesure d'éviter la catastrophe économique liée à la protection de la vie privée, qui à son tour sert de protection au virus, mais cette conclusion marquera la fin du libéralisme.

En effet, le néolibéralisme risquait d'imploser face à l'expérience pandémique: redécouverte de l'Etat et de la domination publique sur la liberté de circulation des citoyens, prévalence de la sécurité et de la santé sur les intérêts économiques privés, raccourcissement des chaînes de production, autarcie relative sur les biens stratégiques, etc. Le libéralisme occidental a été remis en question par la pandémie, en partie parce que les modèles asiatiques ont mieux répondu au défi.

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Le modèle asiatique de lutte contre le virus était incompatible avec le modèle occidental actuel (pas le modèle européen médiéval ou le modèle européen de l'entre-deux-guerres du 20ème siècle) : en Asie, l'individualisme cède la place au collectivisme d'une société disciplinaire et les mesures disciplinaires sont perçues comme un simple accomplissement des devoirs collectifs et non comme une limitation des droits individuels. Dans l'ensemble, ces particularités du contexte asiatique se sont révélées être des avantages systémiques dans la lutte contre la pandémie. C'est la réflexion du philosophe coréen.

C'est pourquoi les glapissements anarchiques des nomask, novax, no-greenpasses, loin d'être des "rebelles au système", ont au contraire conforté le régime néolibéral pour lequel l'individualisme est supérieur à tout intérêt public, à toute éthique sociale et organique et à tout devoir collectif à l'égard de sa communauté politique.

Esclaves volontaires du panoptique des FAANG par esprit ludique et exhibitionniste, mais rebelles à l'idée que la même technique puisse servir à surmonter un défi crucial pour la survie et la prospérité de leur nation.

L'histoire est-elle vraiment terminée avec le triomphe invincible du néolibéralisme devant lequel tout le monde doit s'incliner ? Une révolution n'est-elle donc plus possible ? La déstructuration d'un système (d'aujourd'hui comme d'hier) ne peut jamais se faire de manière purement antagoniste mais de manière réaliste, lorsqu'une élite évite de voir ses forces annihilées par le courant de fond mais l'exploite en nageant en biais pour être poussée par sa force, en la dépassant complètement à son point de rupture. La technique comme outil politique et non comme ennemi métaphysique.

C'est peut-être la réponse à Byung-Chul Han : aujourd'hui, l'élément révolutionnaire est tout endroit où une souveraineté politique consensuelle se développe avec une projection exponentielle. Peut-être oui, "nous avons besoin de plus d'Europe", mais certainement très différente de celle, maladroite et bégayante, que nous connaissons aujourd'hui.

Une nouvelle révolution conservatrice ou une restauration révolutionnaire ne peut avoir lieu - si elle a lieu - qu'avec une nouvelle souveraineté continentale capable de centraliser le pouvoir, la stratégie et la représentation des intérêts étendus et profonds des multitudes, en donnant une direction définitive et claire au développement anarchique du capitalisme technologique.

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L'alternative ne sera pas seulement que nous n'aurons plus de révolutions, mais que lentement les États, les régions et les municipalités ne seront plus que des simulacres insignifiants qui seront remplacés par le retour d'un féodalisme mafieux dans lequel la société se dissout et où ne resteront que des vassaux à la recherche de la protection du baron ou du puissant du jour à qui ils prêteront allégeance.

Ainsi, à l'apogée du triomphe des puissances anonymes, technologiques et mondiales désormais invincibles, sur un territoire concret, le pire du Moyen-Âge prendra un nouvel essor dans la post-modernité ratée. Une satisfaction franchement amère.

Essayons donc d'inverser la provocation initiale : est-il vraiment si définitivement impossible de penser une révolution aujourd'hui?

23:20 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : byung-chul han, philosophie, souveraineté | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 20 mai 2023

Mondialisme ou souveraineté

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Mondialisme ou souveraineté

Carlos Javier Blanco

Source: https://www.aporrea.org/ideologia/a321713.html

Tous les pays d'Europe occidentale sont pris dans la toile mondialiste. Depuis 1945, date de l'occupation américaine, les pays de cette partie du monde, dont fait partie l'Espagne, perdent de plus en plus d'autonomie dans leurs décisions régaliennes, qu'il s'agisse de défense et de sécurité collective, de planification économique ou de souveraineté territoriale.

Toute tentative de création d'une armée européenne réellement autonome (pas nécessairement détachée de l'OTAN) a été systématiquement entravée par le Pentagone. Tout virage électoral dans les pays d'Europe, visant à s'émanciper de la main de fer de l'OTAN, est, aujourd'hui et depuis toujours, étroitement surveillé et contrôlé. Le maître de l'OTAN, le financier du réseau (près des trois quarts de son financement sont américains) ne laissera pas tranquille un hypothétique gouvernement européen qui, dans l'exercice de son autodétermination et de sa souveraineté, proposerait de quitter l'organisation atlantiste ou, au moins, de renégocier son statut.

L'expression "laisser seul" est trop légère. Le fait est qu'une telle situation est impensable, qu'elle ne sera jamais atteinte tant que c'est l'enchevêtrement médiatique et financier mondialiste qui décidera de qui pourra se placer sur la grille de départ électorale du pays. C'est ce réseau opaque d'intérêts économiques (fondations privées, groupes d'investissement, ONG et emporiums médiatiques, etc.) qui va promouvoir les candidats les plus fidèles à l'atlantisme, ceux que l'on soupçonne le moins d'être frondeurs ou d'avoir un "agenda caché" quant à la souveraineté européenne.

Bien entendu, aucun des candidats et des formations électorales susceptibles de conditionner la vie publique dans les pays colonisés par les Américains n'est suspecté d'avoir un tel agenda. En fait, ceux qui sont "éligibles" sont déjà là, sur la grille de départ électorale, parce que la toile de l'argent mondial en a déjà décidé ainsi.

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Le slogan pour cette élection et toutes les suivantes doit être très clair de notre part : le mondialisme oui, ou le mondialisme non. Il est clair que la distinction entre "gauche" et "droite" est devenue obsolète à la lumière des événements actuels. Il existe une gauche otaniste, qui, sur le plan intellectuel, est représentée par un ancien mentor du parti espagnol "Podemos" et par le site web de gauche rebelión.org. Il s'agit de Santiago Alba Rico. Ceci, tant sur le plan intellectuel que sur le plan public. Au niveau des organisations politiques en lice pour les élections, il est clair que Podemos et ses différentes mutations, franchises et reconversions (Sumar, Más País, Compromís, divers nationalistes régionaux, etc.), sont tous des partis clairement otanistes, qui soutiennent Sánchez dans le gouvernement de Moncloa. Ils soutiennent l'un des gouvernements les plus "fans" de Zelensky, les plus bellicistes et les plus exaltés des "mariachis" membres de l'OTAN. Si cette fausse gauche, plus préoccupée par les droits des minorités sexuelles que par ceux de la majorité des travailleurs, avait un minimum de décence et de réflexion géostratégique globale, elle aurait depuis longtemps fait pression sur Sánchez afin de contrer son attitude belliciste et otaniste, en menaçant de retirer son soutien et, depuis l'extérieur du gouvernement, d'œuvrer en faveur de la paix en Ukraine. Mais non : ce sont des OTANistes honteux.

La droite espagnole (PP, VOX) ne mérite pas de mots, car son discours a toujours été otaniste, mondialiste, néolibéral. Elle se présente comme le parti "du changement", de "l'alternance". Lorsque l'aile gauche otaniste s'épuisera, l'aile droite - tout aussi otaniste - viendra renouveler la foi dans le système en dépit du "changement", la foi dans un monde parlementaire démolibéral qui, en fait, n'existe plus, qui n'est plus ancré dans le réel. Les combats de coqs dans les talk-shows et dans les parlements ont déjà perdu tout leur sens, et les gens sont dégoûtés de voir que la séparation des pouvoirs et la fameuse "volonté du peuple" ne correspondent à plus rien. Il s'agit de voter entre le Maître au masque bleu ou le même Maître au masque rouge. Le Maître sera toujours là : le gardien de l'Occident qui ne laissera jamais une brebis quitter le bercail.

Au-delà de la mascarade électorale, au-delà de la couleur rouge ou bleue avec laquelle le Maître de l'argent se déguise, il y a place pour l'action. Les peuples peuvent à nouveau s'organiser autour de canaux d'information gratuits, et en assemblées, où les agents de l'enchevêtrement mondialiste n'ont aucune influence. Lorsque ces canaux libres ne sont pas subventionnés, ne dépendent pas d'un financement extérieur ou de la publicité, et ont un nombre même modeste d'adeptes, alors la peur d'entrer en dissidence disparaît.

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Car il est vrai que la peur s'est installée. On assiste à une certaine forme de terrorisme médiatique qui se lance allègrement dans l'établissement de listes "noires", énumérant les partisans de la négociation avec la Russie, les personnes et les organisations favorables au neutralisme et au pacifisme, les géopolitologues tournés vers l'eurasisme plutôt que vers l'atlantisme... Ces voix, qui existent, sont harcelées, amoindries, vilipendées. Il s'agit d'intellectuels, d'experts ou d'écrivains d'orientations idéologiques diverses, mais unis dans leur critique du mondialisme et, ce qui va de pair, dans leur défense d'une vision souverainiste, selon des critères nationaux. En Espagne, nous avons, entre autres voix, celles de Manolo Monereo, Pedro Baños, Juan Antonio de Castro... Et je m'excuse à l'avance d'en omettre un bon nombre...

Dans ces voix antimondialistes, nous entendons le même message. L'État, le Royaume d'Espagne, doit reconsidérer énergiquement son adhésion aux organisations supranationales, en particulier sur les questions qui concernent directement la préservation (nous devrions maintenant parler de "récupération") de sa souveraineté. L'Espagne a perdu, de manière déchirante et dangereuse, d'importants pans de sa souveraineté, des pans et des marges auxquels elle a droit en vertu de son statut d'État. La perte de souveraineté, et l'étape finale de ce processus, la conversion d'un pays libre en colonie, est un crime lorsque les étapes décisives ont été franchies avec le consentement, la négligence et la collaboration active de ses élites dirigeantes. Et cette trahison est exactement celle qui a été consommée tout au long du régime de 1978, la prétendue démocratie formelle qui a succédé à Franco.

Les élites dirigeantes espagnoles, depuis 1974, mais de manière accélérée depuis le début du millénaire, ont mis en danger l'intégrité territoriale de l'État et la sécurité du peuple espagnol, en collusion avec les États-Unis et leurs alliés d'Europe occidentale. Quant à l'intégrité du territoire national, ils ont abandonné leurs responsabilités au Sahara occidental, ancienne province espagnole, cédée au Royaume du Maroc.

Ils ont également négocié secrètement la future cession des villes espagnoles d'Afrique du Nord, Ceuta et Melilla, ainsi que des îles Canaries. Dans un second temps, les élites politiques espagnoles sont entrées en contact avec des entités mondialistes, menées par des lobbies américains et européens, pour une éventuelle cession de la Catalogne aux mafias "républicaines" qui y sont présentes, ainsi que pour une reconfiguration "confédérale" de l'État afin que, dans leur nouvelle condition de taifas, ces nouvelles unités - petites et dépendantes - n'offrent aucun problème à la puissance prétendument monopolaire de l'Occident collectif. Ceci, territorialement parlant. Venons-en maintenant à la sécurité.

Dans le domaine de la sécurité nationale, il est clair que les peuples de la planète doivent être vigilants et détecter les trahisons de leurs élites dirigeantes. L'Espagne, avec le bellicisme de son gouvernement actuel, est impliquée jusqu'au cou dans la guerre en Ukraine, malgré son insignifiance militaire et sa capacité stratégique limitée au cours de cette guerre. Mais sa seule implication officielle - dans l'indifférence et l'ignorance des masses - la met en grave danger: nous sommes au bord de l'escalade nucléaire, et des conflits belliqueux, apparemment éloignés, deviennent des conflits de proximité en raison de la portée des armes modernes. Servir des munitions au "démocrate" Zelensky et servir de plate-forme aux agressions des Yankees, c'est déjà placer l'ensemble du peuple espagnol sous la menace d'une riposte militaire russe. Le comportement irresponsable de Sánchez, de son parti et des "mariachis" de la gauche otaniste (rappelez-vous toujours que "Unidas-Podemos" sont les alliés et les co-gouvernants avec Sánchez) devrait avoir des conséquences criminelles. L'Espagne est entrée en guerre sans que le Parlement en ait décidé ainsi, sans que le peuple ait été consulté. Elle est entrée dans une guerre qui ne coïncide en rien avec ses intérêts défensifs, des intérêts qui se trouvent ailleurs. Au sud.

Il devrait y avoir des conséquences pénales si nos élites consentent à l'invasion intermittente de notre intégrité territoriale, avec des pénétrations massives telles que celles subies par nos villes d'Afrique du Nord, des villes qui - rappelons-le - sont aussi l'Espagne. Que l'Espagne se laisse envahir, par inaction ou collusion de nos élites avec les élites marocaines, est une question d'une extrême gravité, à laquelle l'OTAN n'offrira ni parapluie, ni parapet, ni aide, ni même un soutien logistique discret. Au contraire: entre un "allié" faible et insignifiant, partenaire de l'OTAN comme l'Espagne, et un allié doté d'une capacité de commandement et de contrôle entre les deux mers (l'Atlantique et la Méditerranée), qui domine de l'Andalousie (où se trouvent des centaines de milliers de sujets du sultan maghrébin) au Sahel, qui préfèrera-t-il ? Le Maroc, évidemment.

Il est temps de choisir : le mondialisme ou la souveraineté. Il y a beaucoup à faire pour construire le souverainisme espagnol. Cela commence par faire cause commune avec tous les peuples libres qui résistent à l'impérialisme américain. Nous mettons de côté les différences idéologiques mineures et obsolètes et optons pour une puissante réindustrialisation nationale: un processus d'Insubordination fondatrice (selon les termes forgés par Marcelo Gullo). Ensuite viendra la protection de la production nationale et le désengagement de l'OTAN et de l'UE, l'Espagne jouant son rôle dans la construction d'une autre Europe, souveraine, et d'une Amérique latine unie et prospère.

mercredi, 01 février 2023

Quand un État est-il vraiment souverain?

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Quand un État est-il vraiment souverain?

par Daniele Dell'Orco

Source : Daniele Dell'Orco & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/quand-e-che-uno-stato-e-davvero-sovrano

Le récent débat sur l'envoi de chars Leopard à l'armée ukrainienne a une fois de plus mis en évidence l'extraordinaire faiblesse de la (l'ancienne ?) locomotive de l'Europe : l'Allemagne.

Ce pays qui était considéré il y a encore quelques mois comme une puissance hégémonique sur le Vieux Continent s'est retrouvé littéralement mis à nu en l'espace de quelques mois et ce, dans plusieurs domaines: le domaine politique (l'instabilité persistante de l'ère post-Merkel), le domaine économique (la dépendance énergétique, la crise industrielle due aux sanctions) et le domaine militaire (l'armée réduite au niveau zéro).

Prise en tenaille, l'Allemagne a été contrainte de prendre des décisions contraires à son intérêt national en démantelant des années de planification politique en un temps très court.

C'est une bonne occasion d'utiliser l'exemple allemand comme étude de cas pour comprendre en quoi consiste réellement la "souveraineté" d'un pays.

Les macro-domaines qui donnent à une nation la possibilité d'être le maître de son propre destin (pour le meilleur ou pour le pire) sont au nombre de trois :

- la stabilité politique ;

- la puissance militaire ;

- la stabilité financière.

D'un point de vue politique, quelle que soit la forme de gouvernement que l'on puisse trouver dans les différents pays du monde, un leadership fort dans le cas des autocraties, une confiance massive dans le parti/leader dans les démocraties illibérales, ou un large consensus électoral dans les démocraties libérales (ou un système bipolaire derrière lequel se meut un État profond cohésif, rendant les élections non pertinentes sur de nombreuses questions) sont indispensables pour permettre à un gouvernement de prendre des décisions politiques, économiques (approvisionnement en énergie, État-providence, fiscalité, etc.) et militaires.

Cette dernière instance, l'instance militaire, est un outil indispensable pour affirmer sa souveraineté, a contrario des options prises pendant plusieurs décennies successives, où, dans de nombreux pays européens (en premier lieu ceux qui sont sortis perdants de la guerre mondiale comme l'Italie ou, précisément, l'Allemagne) régnait l'axiome selon lequel il serait plus sage d'externaliser la défense et de réduire les dépenses militaires au minimum parce que "vous pouvez construire des jardins d'enfants avec cet argent". Et c'est ce que nous constatons avec la guerre actuelle: ceux qui disposent d'une armée puissante (Turquie, Israël, Chine, France, en plus des grands acteurs directement impliqués dans le conflit) prennent les décisions, les autres rentrent dans le rang, tête basse.

Une armée "puissante" se mesure évidemment en termes de nombre, mais aussi en termes de préparation, de polyvalence (par exemple, avoir une force aérienne forte et une marine faible ne rend une armée puissante que dans certains scénarios) et surtout de suprématie industrielle et technologique.

Ce point est fondamental: si l'on achète ses propres armements, ou si on les fabrique dans le cadre de ce que l'on appelle officiellement un "partenariat" mais qui est pratiquement un contrat de sous-traitance, on n'est pas souverain, car on n'aurait pas la possibilité de disposer librement de ses propres armes en cas de besoin. Le programme F-35 en est un bon exemple.

Il est développé par Lockheed Martin, BAE et Leonardo, avec de bons emplois (proportionnellement) pour tous.

Mais les technologies, le soutien, le contrôle de leur utilisation sont la prérogative d'une seule puissance (à de très rares exceptions près).

Le potentiel industriel va de pair. Si l'on dispose de ses propres technologies, qu'elles soient obsolètes ou extraordinairement avancées, il faut aussi avoir la capacité pratique de les traduire en armements (donc aussi en potentiel industriel, en matières premières, en personnel, etc.) ou de les contracter à l'étranger avec de "vraies" formes de partenariat.

La stabilité financière est en quelque sorte le ciment de tout cela, car dans le monde globalisé, elle est à toutes fins utiles une arme.

Une dette publique trop importante dans des mains étrangères rend vulnérable.

Un déficit trop important lie les mains des gouvernements et ne permet pas la réalisation du PIB.

Un PIB trop faible crée du mécontentement et de l'instabilité.

Une trop grande instabilité fait des économies la proie d'attaques financières et fait tomber les gouvernements.

Etc.

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Aucune de ces sphères n'a la priorité sur l'autre, mais toutes sont autonomes et leur équilibre substantiel aboutit à la plus haute expression possible de la souveraineté.

Cependant, même en cas de déséquilibre, le fait de mettre l'accent sur deux d'entre eux, capable de minimiser les impacts de l'autre (l'exemple de la Turquie, en crise économique perpétuelle, est emblématique) pourrait être acceptable pour autant que l'on travaille sans cesse à les rééquilibrer.

Un déséquilibre dans deux, voire trois, de ces sphères ne peut en aucun cas rendre un pays réellement souverain, mais seulement en véhiculer le sentiment. C'est ce qui est arrivé à l'Allemagne: en temps de paix, elle semblait indestructible, avec le changement de décor, elle se découvre défaillante.

En utilisant ce simple miroir, il est possible de dresser une sorte de "bulletin" pour chaque étude de cas.

De mon point de vue, ces concepts montrent qu'en Europe (y compris au Royaume-Uni), aucun pays ne peut prétendre être véritablement souverain, à l'exception de la France. Laquelle a toutefois connu un déclin progressif au cours des dernières décennies, tant dans le domaine politique (elle est de plus en plus instable malgré une loi électorale qui la met autant que possible à l'abri des renversements antisystème) que dans le domaine financier.

En bref, son équilibre est précaire.

Mais au moins, elle est là.

D'où la raison pour laquelle, à ce jour, les destins de l'Europe ne se décident pas en Europe.

jeudi, 07 juillet 2022

La souveraineté intégrale

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La souveraineté intégrale

Alexandre Douguine

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/integral-sovereignty?fbclid=IwAR1icCds9syXd6Sn55-AB03SFAfHFoqj9RI9MsE0UGH5Hv56Psr6kbg7vMI

Le pays [ndlr : la Russie] se trouve aujourd'hui dans un état très particulier. Il est comme ballotté entre un passé qui a déjà pris fin et un avenir qui n'a pas encore commencé, ou plutôt qui a commencé mais qui n'a pas encore été réalisé ou accepté. Ce sont des questions fondamentales : l'attitude de la Russie vis-à-vis des processus mondiaux et, surtout, de l'Occident collectif.

Après l'effondrement de l'URSS, nous avons traversé deux phases :

    - Dans les années 1990, nous avons tenté désespérément de nous intégrer au monde occidental, quelles que soient les conditions, mais nous n'y sommes pas parvenus et un système de contrôle extérieur a été établi dans le pays ;

    - Après l'arrivée au pouvoir de Poutine, nous avons également essayé de nous intégrer au monde occidental, mais à la condition que la Russie conserve sa souveraineté ; nous n'avons jamais réussi, mais nous avons réussi à renforcer notre souveraineté.

Pourquoi avons-nous lancé l'Opération militaire spéciale? Trump ne prêtait pas beaucoup d'attention à la croissance de la souveraineté russe, il n'était pas un atlantiste convaincu et jugeait les performances modestes de l'économie russe qui, de son point de vue, ne constituait pas une menace sérieuse pour les États-Unis ; il ne se souciait pas de la Crimée, il était beaucoup plus préoccupé par la Chine. Biden, en revanche, est un atlantiste et un mondialiste convaincu, et il est bien conscient que toute réussite de la Russie à étendre son influence remet en question la mondialisation, le monde unipolaire et l'hégémonie américaine. C'est pourquoi, après avoir mis de côté le monde islamique, elle a déplacé son attention vers la confrontation avec la Russie, sans oublier la Chine, bien sûr.

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Dès l'été 2021, les États-Unis et l'OTAN ont commencé à préparer une opération militaire pour conquérir le Donbass et mener une attaque contre la Crimée. Ainsi, le Donbass aurait été transformé en un puissant centre de la future agression militaire contre la Russie elle-même. Cette organisation belliciste impliquait l'engagement d'instructeurs et de mercenaires étrangers.

Poutine n'a pas attendu le début du mois de mars, date à laquelle l'opération ukraino-otanesque a été planifiée, et a frappé le premier. D'où la prépondérance initiale dans la première phase de l'opération, qui a prédéterminé le résultat en notre faveur. Mais laissons de côté l'aspect militaire de l'opération militaire spéciale. Après son lancement, la deuxième phase des relations de la Russie avec l'Occident dans la période post-soviétique a pris fin. L'idée de s'intégrer au monde occidental s'est estompée pour des raisons objectives. Il ne restait à la Russie que sa propre souveraineté, dont la protection, la préservation et le renforcement se sont avérés totalement incompatibles avec la complicité de la Russie dans les processus mondiaux sur une base idéologique occidentale.

Nous avons irrémédiablement et radicalement rompu avec l'Occident, mais cela n'a pas encore été compris. La deuxième phase est terminée, la troisième n'a pas encore commencé.

Quelle est cette troisième phase que les yeux et les oreilles de l'élite russe ne veulent absolument pas percevoir ? Elle représente une période indéfiniment longue d'existence de la Russie dans son isolement par rapport à l'Occident et sous sa pression dure et purement négative. Si l'on accepte comme un fait accompli que cette direction nous est à jamais coupée, les horizons de l'avenir deviennent tout à fait clairs. De même, le peuple soviétique ne pouvait pas croire que l'URSS et le communisme s'étaient effondrés, et les libéraux des années 1990 croyaient que Poutine était temporaire, pas sérieux, et que tout reviendrait à la case départ. Il est difficile de croire au nouveau. Toujours. Y compris maintenant.

Être sans l'Occident et, de surcroît, dans une confrontation claire et quasi militaire avec lui, c'est mettre en œuvre deux vecteurs à la fois :

    - Le russe et

    - l'Eurasien.

Ils ne se contredisent pas, il n'y a pas lieu de choisir entre eux. Mais ils n'en sont pas moins différents.

Le premier signifie un renforcement rapide et spectaculaire de la souveraineté de la Russie, en veillant à ce qu'elle ne puisse compter que sur ses propres forces en cas de besoin. Et nous ne parlons pas d'une conception limitée de la souveraineté, qui est déjà reconnue - bien que nominalement - par chaque État indépendant, mais d'une souveraineté à l'échelle intégrale, englobant

    la civilisation,

    la culture,

    l'éducation,

    la science,

    l'économie,

    les finances,

    les valeurs,

    l'identité,

    le système politique.

    et surtout l'idéologie.

Jusqu'à présent, à part la souveraineté politique et militaire, toutes les autres sphères que nous avons sont partiellement occidentales ou totalement occidentales, et il n'y a pas d'idéologie propre. Par conséquent, la construction d'une Russie véritablement souveraine, d'une Russie pleinement souveraine, exige une transformation profonde de toutes ces sphères, leur libération des paradigmes libéraux mondialistes profondément ancrés dans notre société et notre establishment au cours des première et deuxième phases de l'histoire post-soviétique.

Cela nécessitera une institutionnalisation de la ligne de conduite de Poutine, et pas seulement une loyauté envers lui personnellement. Cela impliquerait l'établissement d'une nouvelle idéologie, une sorte de "poutinisme" dans lequel les principes de base de la souveraineté intégrale seraient consacrés, puis d'autres mécanismes politiques et administratifs devraient également y être intégrés.

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La Russie entre inévitablement dans une phase idéologique. Nous ne pouvons pas tenir tête à l'Occident sans notre propre idéologie. C'est un fait tout à fait objectif, que cela nous enthousiasme ou nous exaspère. L'idéologisation de la Russie est inévitable, on ne peut l'empêcher.

La Russie doit renforcer son identité à plusieurs reprises pour résister non seulement sans l'Occident, mais malgré l'Occident. Il y a vingt-deux ans, ayant parié sur la souveraineté, Poutine a prédéterminé l'inévitabilité de ce moment. Aujourd'hui, il est là, il est arrivé.

Soit la souveraineté, soit l'Occident. Et ce choix est irréversible.

Il ne s'agit pas du tout d'isoler la Russie du monde, comme le voudrait l'Occident. L'Occident, malgré ses prétentions à l'hégémonie et à l'universalisme, n'est pas le monde entier. La Russie devra donc chercher de nouveaux partenaires et amis en dehors de l'Occident. C'est ce qu'on devrait appeler une politique eurasienne, un virage vers l'Est.

En découvrant le non-Occident mondial, la Russie découvrira qu'elle a affaire à des civilisations complètement différentes: chinoise, indienne, islamique, latino-américaine, africaine. Et chacune d'entre elles est différente de nous-mêmes, des autres et de l'Occident. Autrefois, nous nous y intéressions, nous étudiions l'Orient, et le grand poète russe Nikolaï Gumilev composait des hymnes inspirés par la gloire de l'Afrique. Mais ensuite, l'Occident s'est emparé de nos esprits. C'est une intoxication occidentalisée, une addiction à l'Occident. Le philosophe heideggérien iranien Ahmad Fardid a donné un nom à ce phénomène, gharbzadegi, westoxification.

Les Eurasiens russes ont été les premiers à se rebeller contre ce tournant occidentaliste de la culture russe, exigeant, comme les slavophiles, de se tourner vers leur propre identité russe et les cultures et civilisations non occidentales. C'est désormais la seule issue pour la Russie. Seuls les BRICS+, l'OCS, le développement des relations avec les nouveaux pôles du monde, avec les civilisations qui ont émergé, apparemment oubliées depuis longtemps, mais qui reviennent maintenant dans l'histoire.

Là où l'Occident se termine, le monde et l'humanité ne se terminent pas du tout. Au contraire, c'est un nouveau départ. Et la place de la Russie est en Eurasie, pas en Occident. Autrefois, c'était une question de choix. Aujourd'hui, c'est tout simplement inévitable. Aujourd'hui, tout dépend de la manière dont nous construisons nos relations avec la Chine, l'Inde, la Turquie, l'Iran, les pays arabes, les États africains ou l'Amérique latine.

C'est l'avenir qui vient/ne vient pas. Il existe déjà, mais l'élite refuse de l'accepter. Et elle n'a pas d'issue ni de choix. Même la trahison, qui est peu probable, ne changera rien. De plus, elle ruinera la Russie d'un seul coup. Il n'y a même plus cette possibilité: la place des traîtres et des libéraux est prédéterminée par les lois de la guerre et de l'urgence. Les purges inévitables et absolument nécessaires, qui n'ont cependant pas encore commencé, mais qui vont certainement commencer, ne sont pas la chose principale ni même secondaire. En vain, notre élite s'inquiète des démissions et des arrestations. Quiconque n'est pas d'accord avec la souveraineté et l'eurasisme est déjà mort. C'est incontestable.

Mais la question est autre : comment défendre et reconstruire la nouvelle Russie, la Russie de la troisième phase ? Que faire, la vie le dicte. Mais ce qu'il faut faire, comment le faire, par où commencer et quelles sont les priorités sont des questions ouvertes. Tout est plus compliqué ici.

Je pense que nous devons commencer par l'essentiel, à savoir l'idéologie. Tout le reste est secondaire. Quelque chose me dit que ceux d'entre nous qui sont au pouvoir et qui sont réellement responsables du sort du pays et du peuple pensent exactement de la même manière.

lundi, 30 mai 2022

Denis Collin: Nation et souveraineté et autres essais

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Denis Collin: Nation et souveraineté et autres essais

Source: https://www.hiperbolajanus.com/2022/05/resena-nacion-y-soberania-y-otros.html?m=1

Recension: Denis Collin, Nación y soberanía y otros ensayos, Letras inquietas, 2022, pp.182, ISBN979-8438119741G-2yPSwOL._SY264_BO1,204,203,200_QL40_ML2_.jpg

41G-2yPSwOL._SY264_BO1,204,203,200_QL40_ML2_.jpgNous allons passer en revue un livre du philosophe français Denis Collin, qui, étant donné les connotations idéologiques et académiques de l'auteur, se situe quelque peu en dehors des courants avec lesquels nous, en tant qu'animateurs d'Hyperbola Janus, avons travaillé tout au long de notre carrière d'éditeur. Pour cette raison, il est également possible que nous soyons un peu moins réceptifs à certains aspects collatéraux de la pensée de Collin, qui a un fond marxiste bien que dans une ligne des plus hétérodoxes, et que nous soyons obligés de montrer nos positions face à certaines idées avec lesquelles nous ne coïncidons pas et avec lesquelles nous ne sommes pas d'accord. Ce qui est évident et tout à fait évident et sur quoi nous sommes d'accord, c'est un rejet absolu et radical du mondialisme et de ses conséquences, qui sont totalement destructeurs et déshumanisants, et contre lesquels il n'y a pas de place pour les demi-mesures.

Ceci étant dit, et en tenant compte des formalités et de l'aspect technique du travail, nous devons dire qu'il s'agit d'une publication sous l'enseigne des éditions Letras Inquietas, qui a dans son catalogue un palmarès remarquable de publications de grand intérêt et qui, comme dans notre cas, approfondit la pensée dissidente et non-conformiste avec pour thèmes l'actualité dans les domaines de la politique, de l'histoire, de la philosophie et de la géopolitique. Nous vous recommandons de lire et d'acquérir les livres publiés par cette maison d'édition.

L'ouvrage qui nous concerne est Nation et souveraineté et autres essais, de Denis Collin, dont l'édition a été préparée par le professeur et philosophe Carlos X Blanco, dans une autre de ses excellentes contributions à la pensée dissidente. L'auteur, qui, comme nous l'avons déjà mentionné, pourrait être considéré comme un marxiste hétérodoxe, a collaboré avec la Nouvelle Droite d'Alain de Benoist, rejoignant ainsi un groupe d'auteurs tels que Diego Fusaro ou encore Domenico Losurdo, qui proposent un discours critique sur le globalisme et les tendances dissidentes qui y sont attachées, et sur la gauche mondialiste qui, à notre avis, depuis les années de la soi-disant "révolution contre-culturelle", est devenue le fer de lance de toute l'ingénierie sociale en place et le laboratoire de la destruction menée en de nombreux domaines sociaux, économiques et spirituels, propres à notre civilisation.

Dans le prologue de l'ouvrage, que nous devons au politologue Yesurún Moreno, nous trouvons trois parties parfaitement différenciées qui divisent l'ouvrage; la première partie dans laquelle se détachent la défense de l'État-nation et la dialectique entre nation et internationalisme en fonction de la situation héritée des traités de Westphalie de 1648; dans la deuxième partie, il entreprend une analyse du totalitarisme, en utilisant l'œuvre d'Hannah Arendt et l'exemple des totalitarismes historiques du XXe siècle comme fil conducteur pour l'opposer à celui qui se forge dans le présent, qui présente des caractéristiques totalement nouvelles et différentes des précédents; dans la dernière partie de l'essai, Collin remet en question l'idée de démocratie intégrale, en démontrant les origines oligarchiques de la démocratie occidentale, tout en défendant le retour à un régime parlementaire et libéral qui puisse servir de noyau pour la défense des intérêts des travailleurs.

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Nous pensons que les références à Karl Marx et au développement de sa pensée n'apportent rien ou presque au problème actuel posé par la menace d'une dictature technocratique mondiale. Nous entendons par là les références constantes au "mode de production capitaliste" ou à la "lutte des classes" dans un contexte qui n'est plus celui que Marx lui-même a connu dans l'Europe du XIXe siècle ou que nous avons connu  au cours du siècle dernier. À notre modeste avis, nous assistons à un scénario dans lequel l'assujettissement des peuples aux élites mondiales n'est pas seulement dû à des raisons économiques ou matérielles, mais à d'autres éléments de nature plus perverse, qui nous renvoient à la soi-disant "quatrième révolution industrielle" par l'utilisation de la technologie et de l'idéologie transhumaniste, impliquant même des éléments spirituels et contre-initiatiques qui affectent profondément la condition humaine et son avenir.

En ce qui concerne la question de l'État-nation, Collin nous avertit que la disparition progressive et théorique, prônée ces dernières décennies au profit d'un gouvernement mondial, est totalement erronée au vu des conjonctures géopolitiques mondiales actuelles, avec l'émergence de grands blocs géopolitiques menés par la Chine et la Russie, ou les confrontations du géant asiatique avec les États-Unis, la théorie du choc des civilisations de Samuel Huntington étant plus juste. De plus, elle indique même une revendication ethnique et tribale contre le melting-pot global et indifférencié souhaité par les ploutocraties mondialistes.

L'origine de l'État-nation, ou des nations bourgeoises modernes, remonte aux théories contractualistes de Jean Jacques Rousseau, qui a tenté d'éliminer toute référence à un processus naturel de maturation historique, dans lequel interviennent des forces et des variables très complexes, pour tout soumettre à un "pacte social" dans lequel le peuple "devient souverain".

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Collin souligne l'idée que les théoriciens de l'État moderne, tels que Thomas Hobbes, n'ont pas résolu la question de l'ordre et de la paix en dehors des nations et ont posé une guerre de tous contre tous. Plus tard, avec la paix de Westphalie (1648), nous avons la gestation d'un nouveau droit international cosmopolite puis, plus tard, les théories d'Emmanuel Kant sur la paix perpétuelle fondée sur un État mondial, le concert des nations et l'équilibre des pouvoirs, le droit de chaque nation à se gouverner elle-même sans ingérence étrangère ou une hypothétique "Société des Nations". Cependant, la paix éternelle n'est pas possible et la guerre n'est légitime que comme moyen de défense. Il est évident qu'il existe des difficultés de compréhension entre les nations, chacune forgée dans un héritage historique propre, avec leurs visions du monde et leur langue, ce qui génère une dichotomie permanente entre l'universel et le particulier. Ainsi, pour créer une communauté politique mondiale, il faudrait homologuer les cultures, les croyances, les coutumes et les traditions, en faisant abstraction de l'attachement à tout ce qui fait l'identité d'une personne par rapport à un enracinement, par rapport à la famille, la langue, la patrie, etc. Tout cela en accord avec l'anthropologie libérale, qui propose des individus isolés de leur environnement, tous identiques, réductibles à des automates rationnels dont il faut extraire l'utilité. Mais outre le fait que cette mosaïque de cultures, de peuples et d'identités ne peut être détruite ou avalée par le broyeur mondialiste, la gouvernance mondiale implique également l'existence du chaos et de l'anarchie, contre lesquels, selon l'auteur, seule la démocratie dans le cadre de l'État-nation peut servir de digue de contention ; elle est la seule forme possible de communauté politique.

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En ce qui concerne sa définition de la communauté politique, nous ne pourrions être plus en désaccord avec Denis Collin lorsqu'il affirme qu'une nation n'est pas une communauté politique partageant des origines, une langue ou une religion communes, mais tout groupe humain doté d'une conscience nationale qui aspire à former un État, faisant une fois de plus allusion à l'idée rousseauiste du contrat social. Il fait évidemment référence à la conception libérale de la nation, où tout se réduit au droit positif et à l'État de droit. Collin élabore un discours contre les empires, qu'il considère comme ayant historiquement échoué, et donne comme exemple les républiques commerciales d'Italie du Nord associées à l'idée de la matérialisation et de la sécularisation de l'idée politique sous l'humanisme et le rationalisme naissants. Sous cette nouvelle dimension, Collin nous suggère une vision totalement désacralisée de l'Etat et éloignée de l'universalité représentée par le Saint Empire romain germanique au Moyen Âge, et par d'autres empires comme l'Empire hispanique, qui se caractérisaient par leur universalité et la pluralité et l'autonomie des parties qui le composaient à partir de l'harmonie et de l'unité. La conception violente et centralisatrice du pouvoir s'observe, en revanche, avec l'absolutisme, lorsque les intrigues, le machiavélisme politique et la diplomatie l'emportent sur la "guerre sainte" et la "guerre juste" qui prévalaient au cours du cycle historique précédent.

Denis Collin tente de justifier son idée de l'Etat-nation comme étant apparentée aux conceptions marxistes, en récupérant une idée originale de Marx qui a été oubliée, volontairement ou non, par l'extrême gauche actuelle, et dans laquelle il place le penseur du XIXe siècle comme l'un des plus grands défenseurs des revendications nationales, par une lutte de classe internationale dans son contenu et nationale dans sa forme, dans laquelle il doit y avoir une lutte contre le "mode de production capitaliste" prévalant dans le contexte mondial et la "lutte de classe" dans la sphère politique, dans un cadre politique concret régi par des lois. C'est l'exemple de la transformation de la Russie tsariste en URSS après la révolution d'octobre 1917, avec la garantie du droit à l'autodétermination des parties constitutives du défunt empire tsariste dans une volonté "anti-impérialiste" et la constitution d'un État fédéral.

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Cependant, comme le souligne Denis Collin, le phénomène de la mondialisation n'est pas nouveau, mais plutôt un processus historique qui remonte à la découverte de l'Amérique, et qui s'est mis en œuvre au cours des siècles successifs à travers différentes phases dans un laps de temps qui va du XVIe siècle à nos jours, et dont la dernière étape a commencé avec la chute du mur de Berlin, une étape dans laquelle, paradoxalement, les nations ont été réévaluées, les conflits entre elles ont augmenté, et différents blocs géopolitiques ont été forgés à l'aide d'une multitude de puissances régionales émergentes. Selon Collin, l'explication de ce phénomène d'un point de vue marxiste est que le "mode de production capitaliste" exige que les États imposent la propriété capitaliste et le libre-échange. On peut se demander si les dernières mesures prises par le mondialisme en vue d'une gouvernance mondiale par le biais d'un endettement excessif induisant une faillite certaine, ou les conséquences désastreuses du Great Global Economic Reset qui se profilent déjà à l'horizon, ne sont pas très conformes à l'ancien capitalisme qui est laissé pour compte.

Collin justifie également l'existence de l'État-nation et sa défense comme un moyen de résistance du peuple au capital, soutenu par certains systèmes de redistribution au niveau national tels que des systèmes d'éducation, de santé ou de protection contre le crime et la délinquance. Cependant, nous constatons déjà un processus croissant de privatisation des services publics et leur détérioration accélérée, sans parler de l'insécurité croissante des villes d'Europe occidentale, en lien évident avec l'afflux massif de populations non européennes inadaptées. Et, comme le reconnaît à juste titre Collin, l'État que veulent les libéraux doit avoir un rôle instrumental, servant leurs intérêts, vidé de tout contenu historico-politique, où les peuples ne sont que des individus isolés, atomisés et interchangeables, réduits au rôle de simples consommateurs. L'immigration apparaît également comme une ressource du capital pour pratiquer le dumping de la main-d'œuvre et réduire au minimum les droits du travail du travailleur national. De même, notre auteur rejette le modèle multiculturel, et avec l'expérience de la France, il a toutes les raisons de justifier sa position, de s'opposer aux multiples destructions que le mondialisme tente d'imposer aux nations et qui nous conduisent à la barbarie la plus absolue. C'est pourquoi elle appelle à la souveraineté de chaque nation dans ses propres frontières et à la création de liens de collaboration et de solidarité entre les nations.

41VcCvvIX9L._SX307_BO1,204,203,200_.jpgComme nous l'avons indiqué plus haut, dans la deuxième partie de l'ouvrage, le philosophe français analyse le phénomène historique du totalitarisme à travers l'œuvre classique de Hannah Arendt, Les origines du totalitarisme, et tente une généalogie du concept depuis sa formulation originelle dans l'Italie de Mussolini jusqu'à nos jours en nous offrant une analyse comparative des aspects qui, selon Collin, caractérisent le national-socialisme allemand, le fascisme italien et le communisme soviétique. Chacun de ces régimes a utilisé différents moyens pour établir le contrôle social et la terreur, que ce soit par le racisme ou l'exploitation des travailleurs. Pour Denis Collin, Hannah Arendt a raison lorsqu'elle affirme que le totalitarisme ne correspond à aucune nation totalitaire, et que le totalitarisme naît sur les ruines de l'Etat et n'est pas un produit de l'Etat, c'est pourquoi les positions anti-étatistes n'empêcheront en rien la dérive totalitaire de notre époque. Collin insiste particulièrement sur le cas de l'URSS, où, au nom de l'émancipation humaine, l'exploitation des travailleurs était justifiée, et où les communistes eux-mêmes n'échappaient pas à la répression, comme le montrent les procès de Moscou de 1936-1938.

D'autres aspects de l'œuvre d'Arendt que Collin met en évidence est le caractère anti-politique du régime totalitaire, révélé par le remplacement de la lutte politique par un appareil techno-bureaucratique, une caractéristique commune aux régimes libéraux-capitalistes, qui se sont imposés après la Seconde Guerre mondiale, remplaçant le parlementarisme précédent. L'idée de fusionner la gouvernance et l'administration remonte à loin et, avec les systèmes modernes d'organisation politique, elle a même conduit à la fusion des entreprises et de l'État, comme en témoignent des exemples tels que celui de Silvio Berlusconi en Italie avec Forza Italia dans une sorte de "parti de l'entreprise", un exemple qui peut être extrapolé à d'autres formations portant des étiquettes différentes au sein de la partitocratie démo-libérale d'Europe occidentale. À ces éléments, il faut ajouter l'entrée en scène d'une nouvelle classe politique capitaliste et transnationale qui a également engendré de nouvelles formations politiques qualifiées de post-démocratiques par Collin. Ces formations peuvent être le Mouvement 5 étoiles en Italie ou Podemos en Espagne, ce dernier étant directement issu du 15-M en collusion avec les expériences et l'ingénierie sociale de l'Open Society, ou des substituts du spectre politique supposément en opposition au système comme VOX, avec des liens étroits avec le Rotary Club, des affiliations libérales-maçonniques transnationales. Nous pourrions également mentionner le PSOE-PP-C'S, qui s'inscrit dans la même dynamique, au service du même Agenda 2030 mondialiste.

Les références à Herbert Marcuse et à ses théories freudiennes-marxistes sur la société industrielle, technologique et de consommation la plus avancée, dans lesquelles il dénonce le nivellement, l'assujettissement et le conditionnement sous un système oppressif de domination, qui se réalise par le bien-être et l'opulence, sous couvert de liberté et de démocratie, pourraient bien défendre cette idée que Collin met en évidence dans la dernière section du livre sur le "totalitarisme doux", au visage amical qui offre un bonheur matériel permanent. D'autre part, la civilisation technologique de Marcuse détruit la théorie révolutionnaire du prolétariat en élevant le niveau de vie matériel de l'ouvrier, qui aspire au bien-être du bourgeois et finit par être absorbé par le système.

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Mais la prétendue "contestation" que Marcuse propose ne cesse de se poser dans les limites de la civilisation technologique de la consommation elle-même, et au lieu de s'attaquer à la technologie et à ce qui la soutient, il tente d'intégrer les déshérités du monde sans proposer un modèle alternatif à celui mis en avant par le progrès technologique du capitalisme libéral. D'autre part, Marcuse construit autour de Freud une sociologie de l'homme liée aux inhibitions internes et aux complexes ancestraux qui est totalement délirante. Il ne faut pas non plus oublier que Marcuse a été l'un des prophètes du mouvement de protestation et de la contre-culture des années 1960, lorsque les plus grandes transformations sociales et mentales ont eu lieu grâce à l'ingénierie sociale complexe de l'École de Francfort, qui a promu le processus de mondialisation sous le couvert d'une lutte pseudo-révolutionnaire et d'une "rébellion" contre "la société des pères".

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Pour en revenir au présent et au contenu même du livre, Collin nous met en garde contre un processus auquel nous assistons, à savoir la réduction et l'élimination systématiques des libertés et des droits au nom du bien commun, la surveillance toujours plus étroite des personnes grâce à l'utilisation de moyens technologiques toujours plus sophistiqués, pour quelque raison que ce soit. Nous avons tous été témoins de la Plandémie et de ses effets au cours des deux dernières années environ, ainsi que des conséquences de l'Agenda 2030, qui propose déjà de manière non déguisée la transformation de l'homme dans sa condition très humaine par le biais du génie génétique. De plus, ce mondialisme exige une acceptation et une soumission sans réserve à ses plans pervers, sans esprit critique, sous l'accusation, au cours de ces deux années, d'être étiqueté "négationniste" et de devenir un paria sans aucun droit, expulsé du Système.

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Il est vrai que la "fin de l'histoire" annoncée par Francis Fukuyama ne correspond pas à la réalité des événements à venir, et que loin d'un monde homologué par un libéralisme planétaire et triomphant sous hégémonie américano-occidentale, on assiste à l'émergence de nouveaux conflits et blocs géopolitiques. Et le problème ne vient pas des dérives autoritaires du pouvoir autocratique de Poutine en Russie, ni des autocratismes observables dans d'autres contextes géographiques, mais plutôt du fait que ces pouvoirs oligarchiques qui se sont installés avec la démocratie libérale et parlementaire, avec la démocratie de masse, représentent un réel danger au sein de chacune des nations qui font partie du soi-disant Occident. Et nous sommes surpris que Collin prétende que nous sommes menacés par quelque chose qui n'a "rien à voir avec le libéralisme", alors qu'il existe une relation claire de continuité entre les groupes de pouvoir qui ont émergé derrière les démocraties occidentales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu'à aujourd'hui, et nous ne pensons pas que les exemples de la première moitié du 20ème siècle soient nécessaires pour justifier les dérives du mondialisme d'aujourd'hui et toutes ses caractéristiques totalitaires, transhumanistes et dystopiques, mais plutôt qu'il s'agit d'une transformation qui s'opère au sein de ces démocraties libérales et parlementaires, celles-là même dans lesquelles Collin nous dit que les associations ouvrières ont prospéré et que des conquêtes ont été faites dans l'intérêt des travailleurs.

Un point qui nous semble très juste dans la pensée de Denis Collin est celui qui fait allusion aux nouvelles méthodes de contrôle social utilisées par ces élites mondialistes, beaucoup plus subtiles, sous la domination de la science économique et du libre marché, ou sous la couverture médiatique et idéologique de la pensée woke fournie par les universités américaines et la gauche mondialiste la plus déséquilibrée. Or, souligne Collin, les oligarchies libérales-capitalistes renvoient l'homme aux poubelles de l'histoire en remplaçant son statut de citoyen par celui de sujet. Notre auteur met en évidence le rôle de ces oligarchies dans le cas des Etats-Unis et de leur démocratie, qui est le paradigme même de la démocratie dans le monde, l'exemple que les autres démocraties libérales occidentales prennent comme modèle et guide. L'inexistence d'un mouvement ouvrier organisé dans la première démocratie du monde, les mécanismes parlementaires obscurs et enchevêtrés qui ont pétrifié la Constitution de 1787 dans ce pays, défendant et justifiant l'esclavage en son temps, ou les exemples (pratiquement tous ceux choisis par l'auteur sont républicains) du fonctionnement anormal du modèle électoral et représentatif américain illustrent bien la concentration du pouvoir dans quelques mains et l'échec de son modèle démocratique. Il aurait peut-être été intéressant d'évoquer les tractations de la Réserve fédérale ou le rôle de certains lobbies qui ont conditionné la configuration et l'avenir de la démocratie aux Etats-Unis.

Notre auteur français conclut également en notant l'échec de la prédiction de Marx et Engels selon laquelle la démocratie libérale et parlementaire finirait par faire tomber le pouvoir aux partis socialistes et communistes en raison de l'énorme disproportion entre les travailleurs et l'élite bourgeoise, avec pour conséquence une transition pacifique vers le socialisme.

Ce que nous partageons pleinement avec le philosophe français, c'est la fin du soi-disant progressisme, de la farce démocratique et du soi-disant "État de droit", avec toute la rhétorique droits-de-l'hommiste des dernières décennies, les libertés fictives proclamées et le prétendu "pluralisme politique", pour céder la place à un système de contrôle social très dur et à l'utilisation pharisaïque et criminelle des mécanismes juridiques et légaux pour obliger à vivre dans un état d'alarme ou d'exception permanent et ainsi perpétuer tous les changements envisagés dans l'Agenda 2030 susmentionné, et, en fait, nous avons déjà vu comment la Plandémie a fourni les outils fondamentaux pour provoquer cette rupture juridique et de mentalité qui nous conduit à des régimes technocratiques et dictatoriaux, de servitude par la technologie, et de crédit social d'inspiration chinoise. Et dans ce contexte, le rôle du progressisme et de la gauche, adhérant au capitalisme global et usurocratique, a été vital pour générer tout ce processus de liquidation des fondements traditionnels et de l'identité des nations et de "progression" vers l'abîme de la déshumanisation et du transhumanisme.

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jeudi, 10 mars 2022

Il n'y a pas de souveraineté sans multipolarité !

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Tácio Nepomuceno Reis:

Il n'y a pas de souveraineté sans multipolarité !

Source: http://novaresistencia.org/2022/03/08/nao-ha-soberania-sem-multipolaridade/

La crise en Ukraine a mis à nu une méthodologie de guerre qui n'était déjà pas si nouvelle et fut naguère utilisée par l'Occident libéral contre ses ennemis dans le monde : l'isolement par les sanctions. Les tentatives de noyade économique et politique sur la "scène internationale" nous incitent à renforcer la nécessité de promouvoir la multipolarité pour assurer la souveraineté !

Plusieurs nations dans le monde sont aujourd'hui soumises à des embargos de toutes sortes en raison de leurs alignements politiques et de leurs régimes. Il est remarquable d'observer que l'étouffement des économies est l'une des tactiques les plus utilisées dans le monde contemporain contre tout régime dissident. Provoquer la faim, les pénuries et autres malheurs est devenu une pratique courante de l'Occident et passe inaperçue pour tout défenseur des droits de l'homme qui se respecte. Le cas cubain, par exemple, illustre la stratégie centrale de ces actions : provoquer la faim et les pénuries afin de susciter la révolte et de renverser le régime. Nous pouvons citer de nombreux autres exemples, comme le cas vénézuélien. Lors de la dernière crise ayant eu des répercussions médiatiques, la nouvelle s'est répandue dans les médias qu'il y avait une pénurie de médicaments dans le pays des Caraïbes. À l'époque, une grande partie de la soi-disant "communauté internationale" a dénoncé cette prétendue pénurie, la posant comme une émanation du régime chaviste. Cependant, ces boosters médiacratiques cachaient soigneusement les camions de médicaments achetés par le gouvernement vénézuélien à des sociétés PRIVÉES colombiennes: ils étaient bloqués à la frontière en raison des embargos commerciaux.

Actuellement, en Russie, nous avons assisté à la maximisation complète de la puissance que peut détenir un blocus contre un pays. L'ordre unipolaire décadent des États-Unis a mobilisé plusieurs autres pays et entreprises pour boycotter complètement la Russie et son économie. Les entreprises quittent le pays, les mécanismes d'intégration commerciale excluent la plus grande nation slave de leurs opérations et les organisations sportives bannissent les athlètes et les équipes russes des compétitions internationales. La tentative d'isoler et de détériorer l'économie russe suit le même exemple que celui appliqué contre Cuba : provoquer des pénuries pour provoquer la révolte. Mais il est intéressant de se demander : qui ces mesures affectent-elles ? Il est notoire dans d'autres cas que les embargos économiques affaiblissent les couches les plus pauvres de la société. Un embargo agit comme une "bombe de la faim", provoquant divers problèmes sociaux. Après tout, nous nous demandons à nouveau, quelle est la différence entre tuer avec un missile ou affamer un peuple à mort ?

La fragilité des économies internationalement intégrées démontre une conséquence claire et catastrophique de la mondialisation des marchés : la destruction en termes réels du concept de toute souveraineté politique. Aucun État ne peut suivre sa propre voie sans devoir subir des conséquences graves, car il dépend directement ou indirectement de toute une communauté internationale dans un contexte économique désormais global. Les États sont devenus les otages de l'unipolarité occidentale qui définit ce qui est bien et ce qui est mal. Être en dehors de l'alignement imposé au contexte international occidental signifie signer une condamnation à mort si l'on n'a pas la capacité d'autosuffisance stratégique de son économie.

La guerre des sanctions contre la Russie démontre clairement le besoin latent de lutter pour des États plus autonomes et indépendants. Un État qui n'est pas capable de maintenir les bases de son économie sans participation extérieure est condamné à être une colonie moderne, avec une indépendance de jure et un couteau sur la gorge en pratique. L'exemple russe, ainsi que les autres exemples que nous venons de citer, nous enseignent que si nous voulons avoir un Brésil véritablement souverain, indépendant et aligné sur ses propres intérêts, nous devons tenir en mains propres la gestion et le contrôle de notre économie. La vraie souveraineté est celle qui peut être garantie par elle-même ! Il n'y a pas de souveraineté au-delà des frontières de l'empire dans l'unipolarité ! Il n'y aura de véritable souveraineté pour nous que dans le monde multipolaire !

Défendre les ennemis de l'unipolarité, c'est défendre le monde multipolaire ! La victoire de la Russie est aussi la victoire du Brésil !

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dimanche, 02 mai 2021

L'Europe en tant que puissance ne peut être « atlantique »

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L'Europe en tant que puissance ne peut être « atlantique »

Par Eduardo Zarelli

Ex : https://www.grece-it.com/articoli/

Le changement de présidence aux États-Unis a coïncidé avec l'anniversaire de la mort du général Charles de Gaulle et un échange de vues indicatif entre l'actuel chef de l'Élysée et le gouvernement allemand, en la personne de la ministre de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer, qui représente bien le tableau incertain des relations entre les États-Unis et l'Union européenne mises à mal pendant la présidence de Donald Trump et, plus généralement, souligne l'émergence évidente de la multipolarité dans les équilibres mondiaux.

"L'Europe, souveraine en sa défense, combat unie pour ses valeurs contre la barbarie", tel est l'appel du président français Emmanuel Macron qui exhorte l'Union européenne à devenir plus puissante sur la scène internationale et capable d'agir indépendamment des États-Unis dans de nombreux domaines, des opérations militaires à la politique industrielle. Cet appel se dirige contre la posture soumise de l'Allemagne, sans pourtant qu’il y ait équivoque sur sa primauté économique continentale et sur son impact commercial mondial. Cette posture se révèle aussi dans la servilité la plus inconsolable à un "passé qui - évidemment - ne passe pas". Elle a été bien résumé par Kramp-Karrenbauer, selon qui "les Européens ne pourront pas remplacer le rôle crucial de l'Amérique pour assurer la sécurité". En ce sens, on a vraiment la nostalgie du Général de Gaulle qui, en 1964, avait parfaitement défini le problème en déclarant: "Pour nous, Français, il faut faire l'Europe européenne. Une Europe européenne signifie qu'elle existe par elle-même et pour elle-même, c'est-à-dire qu'elle a sa propre politique au centre du monde. Eh bien, c'est précisément ce que certaines personnes rejettent, consciemment ou inconsciemment, même si elles prétendent vouloir que cela se produise. Après tout, le fait que l'Europe, sans politique, reste soumise à celle que lui dicte l'autre côté de l'Atlantique, leur paraît encore normal et satisfaisant".

marsdg.jpgEn fait, il sera très difficile pour les protagonistes actuels de représenter un destin politique adéquat pour le continent. L'Union européenne est évidemment un comité d'entreprise qui, dans ses fondements, évite la question de la souveraineté, ce qui démultiplie les effets de l'irrésoluble désaccord qui existe toujours entre démocratie et libéralisme, participation et individualisme de masse, volonté populaire et institutions technocratiques.

L'édifice européen présente deux défauts structurels: 1) la primauté de l'économique, au détriment du politique et du culturel, qui entraîne un principe de citoyenneté incohérent, couvert par l'idéologie des droits civils et le catéchisme moralisateur du "politiquement correct"; 2) il est construit d'en haut, avec beaucoup d'autoréférence à la nature oligarchique de l’ensemble et à la posture techno-morphique des classes dirigeantes, insensibles au bon sens des peuples qu'elles doivent gouverner, des peuples compris, en dernière analyse, comme des obstacles substantiels au renversement d'un marché autorégulé.

Le premier nom de l'Union européenne était "Marché commun" et aujourd'hui nous en sommes à une dérive libérale complète des institutions - et libéraliste de l'économie - qui marchandise la société et ne fait qu'un avec la mondialisation vue comme but ultime de la dystopie impolitique du cosmopolitisme apatride. En ce qui concerne la verticalité, l'Europe ne peut qu'être une complémentarité d'identités fédérées intégralement dans une subsidiarité communautaire, une démocratie organique, tandis qu'à son opposé, à Bruxelles, il y a une bureaucratie centralisatrice et entropique qui veut s'imposer avec le diktat juridique sur chaque espace vécu, cimentant la forme du capital, supplantant la vitalité sociale et la nature des choses.

Les souverainetés nationales sont pliées aux dynamiques mondiales, mais à leur place, aucune souveraineté politique légitime, faisant autorité, n'émerge sur le continent, subsumée par le scénario post-idéologique de l'involution de tout idéal volontariste en faveur de la brutalisation de la société de consommation et du matérialisme hédoniste.

ares-sculpture-3.jpgA cette orientation impolitique se superpose une indolence morale. Obsédée par l'universalisme dont elle a été historiquement le point de référence, l'Europe a injecté un sentiment de culpabilité et d'abnégation qui a fini par façonner la "vision du monde" de ses classes dirigeantes et le mode de vie de la classe aisée, devenant par ailleurs le seul continent à vouloir "s'ouvrir" sans plus se préoccuper - sauf pour les avantages économiques - de ce qu'il veut signifier pour le monde. Le résultat est une paresse impardonnable et géopolitiquement suicidaire, étant donné que la dynamique internationale est projetée dans le désordre de multiples intérêts divergents, absolus seulement s'ils sont autosuffisants, et donc politiquement et militairement défendables.

Un exemple - parmi d'autres - est la politique migratoire suicidaire de ces dernières décennies, soutenue par une irresponsabilité assimilationniste totalement fanatique sans qu'un réalisme identitaire ne puisse y faire contrepoids car inexistant. C’est là le signe avant-coureur d'une désintégration civique qui prend désormais la forme d'une "guerre civile froide" interne, rampante et interstitielle, directement proportionnelle à l'absence de respectabilité externe, c'est-à-dire de politique étrangère commune. Comme le dit Alain Finkielkraut: "cela signifie que, pour ne plus exclure personne, l'Europe doit se débarrasser d'elle-même, se "dés-originer", ne conserver de sa propre tradition que l'universalité des droits de l'homme [...] Nous ne sommes rien, c'est la condition préalable pour que nous ne soyons fermés à rien ni à personne".

Malgré cela, l'Europe, en tant qu'espace métapolitique et idéal, reste le point de référence pour quiconque en fait partie en raison de la conscience anthropologique et culturelle, le processus de la civilisation européenne étant notre histoire vécue. La valeur d'un juste milieu holistique, où la totalité est supérieure aux parties individuelles, reconnues et donc complémentaires dans leurs différences, doit s'identifier à la justice sociale et au bien commun, à la réciprocité des appartenances communautaires et des corps intermédiaires, à la durabilité et à une civilisation de la mesure capable de mettre en symbiose nature et culture. Une communauté de destin.

La nécessité d'une troisième voie entre le libéralisme et le collectivisme ont marqué les arguments des alternatifs sensés, lors de cette tension idéale qui, dans la seconde moitié du 20ème siècle, revendiquait l'indépendance européenne et le non-alignement face aux impérialismes opposés du système de Yalta. Aujourd'hui, le changement du scénario historique international ne modifie pas la nécessité d'échapper à la subalternité, plus précisément à celle qu’induit la mondialisation, mais, cette fois, en faveur d'un multilatéralisme adhérant au réalisme des rapports de force dans un monde multipolaire, ce qui constitue un projet original de culture et de civilisation.

414eea2HHzL._AC_.jpgIl n'y a aucune comparaison possible entre une Europe qui cherche à se constituer en tant que puissance politique souveraine autonome et une Union européenne qui n’est que procéduralisme fonctionnel adapté à un échange mercantile mondial dit «  libre ». En ce sens, la question militaire n'est pas secondaire et consiste à résoudre définitivement la relation avec l'OTAN.

Conçue dans une perspective antisoviétique, au plus fort de la guerre froide, comme une réponse opérationnelle à d'éventuelles crises entre les blocs occidental et oriental, cette alliance militaire, conformément à la logique et à sa nature fondatrice, aurait dû cesser d'exister après la période triennale qui s’étendit de 1989 à 1991, c'est-à-dire après la chute du mur de Berlin et suite à la dissolution de l'Union des républiques socialistes soviétiques. En raison du dualisme à l'égard du Pacte de Varsovie (l'organisation militaire supranationale dirigée par l'URSS à laquelle adhéraient les pays d'Europe de l'Est soumis à la férule du Moscou soviétique), après avoir remporté ce qui était défini comme la principale "bataille", l'OTAN aurait dû commencer à se démanteler et à se retirer progressivement des territoires européens dans lesquels elle occupait des terrains et des bases militaires (Allemagne, France et Italie in primis). Rien de tout cela, trente ans après ces événements de césure, ne s'est produit. Avec la fin du socialisme réel, l'OTAN est devenue l'instrument explicite des intérêts stratégiques, économiques, commerciaux, géopolitiques et militaires des États-Unis, au détriment de la souveraineté européenne et du multilatéralisme international.

Ce n'est pas une coïncidence si l'un des premiers ordres exécutifs de l'administration du nouveau président Joe Biden en matière de politique étrangère est de confirmer la présence et même le renforcement en Allemagne de l'ensemble du dispositif militaire américain déployé en plein centre du continent européen, et que la Russie doit être considérée comme un ennemi stratégique et géopolitique de premier plan.

La série d'interventions militaires s’est ancrée dans l’histoire européenne récente: déjà dans la période 1992-1999, l'OTAN a facilité la crise en ex-Yougoslavie, accélérant le processus de dissolution, tant sur le plan diplomatique que par l'intervention militaire de ses troupes sur le terrain. En 1999, année de la crise du Kosovo, l'OTAN a mené une intervention militaire sur le sol européen sans aucune légitimité internationale (ONU), alimentant les conflits ethniques entre Serbes, Albanais et Kosovars, bombardant toute la région à l'uranium appauvri, avec la complicité italienne (gouvernement dirigé par Massimo D'Alema, avec pour ministre de la défense Sergio Mattarella).

Le cas paradigmatique des Balkans n'est que le début d'une expansion territoriale del’OTAN et de l'ingérence occidentale dans toute l'Europe de l'Est pour encercler stratégiquement la Russie, jusqu'au coup d'État de 2014 en Ukraine. Ensuite, cet interventionnisme s’est porté sur d'autres échiquiers hors statut, comme le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord ou le Proche-Orient: Afghanistan, Irak, Libye, Syrie. Qui plus est, la Turquie - membre de l'organisation depuis sa première expansion en 1952 – s’avère capable de mener une politique néo-ottomane sans scrupules en Méditerranée. Elle soutient aussi le terrorisme islamiste fondamentaliste d'ISIS. Comment peut-on, en tant qu’Européens, continuer à soutenir les raisons invoquées par cet instrument pour étayer l'hégémonie mondiale déclinante des États-Unis ?  Ce soutien insensé témoigne du niveau d'abrutissement atteint par le diktat de la pensée unique dominante, et s'il y a un thème "souverainiste" vraiment univoque, sur lequel mesurer les intentions réelles, au-delà des déclinaisons de gauche et de droite du populisme, c'est précisément celui-ci.

mars.jpgL'OTAN porte atteinte à la souveraineté et à l'indépendance de l'ensemble du continent. Soixante-dix ans et plus après sa fondation, l'Europe, si elle veut être crédible envers elle-même, doit créer des forces armées indépendantes, pour une défense commune intégrée de ses frontières et de ses intérêts, en évitant l'unilatéralisme et l'agression atlantiste, facteur d'inimitié et de conflit dans le grand espace eurasien. La civilisation européenne, en tant que puissance neutre, point d'équilibre entre l'Est et l'Ouest, retrouvant sa véritable fonction historique et son propre limes, pourra être souveraine, parce que la "volonté de puissance" n'a rien à voir avec l'imposition de la force et l'expansionnisme, mais se manifeste surtout dans la domination de soi, de ceux qui luttent donc de manière désintéressée, sans s'attacher au résultat de leurs intentions, parce que, pour citer Walter Whitman, "les batailles sont perdues dans le même esprit avec lequel elles sont gagnées". Ceux qui reconnaissent la décadence et l'effondrement de la civilisation occidentale seront en mesure de créer les conditions d'un réveil de la conscience de l'Europe.

mardi, 09 février 2021

Laurent Ozon: Souveraineté : puissance, légitimité et liberté...

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Laurent Ozon: Souveraineté : puissance, légitimité et liberté...

Vous pouvez découvrir ci-dessous un exposé de Laurent Ozon diffusé sur son canal d'expression Odyssée, "Les topos de Laurent Ozon", et consacré à la question de la souveraineté.

Essayiste et analyste politique, tenant d'une écologie localiste et identitaire, premier promoteur de l'idée de remigration, Laurent Ozon est l'auteur de l'excellent essai intitulé France, années décisives (Bios, 2015).

mercredi, 11 mars 2020

Cyber-guerre/Souveraineté nationale : Arrogance, trahisons et résistance…

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Cyber-guerre/Souveraineté nationale: Arrogance, trahisons et résistance…

 
 
par Richard Labévière 
Ex: http://www.zejournal.mobi

A en croire certains journalistes pressés et analystes aux idées tranchées, la Russie serait aujourd’hui notre principale menace numérique. Ses « hackeurs1 » seraient en capacité de cibler – quotidiennement – nos entreprises les plus performantes, nos administrations les plus sensibles, nos secrets les mieux gardés, alors que nous serions pratiquement désarmés, incapables de nous protéger, sinon de riposter. Récurrentes, depuis que Vladimir Poutine a remis son pays sur les rails d’une politique de puissance, ces assertions réactivent toutes les raisons de détester la Russie2.

Ressurgissent les poncifs de la Guerre froide, mâtinés de cet anticommunisme qui s’enracine dans la Révolution d’octobre de 1917 ; du Communisme de guerre à la crise des missiles de Cuba (1962)3 jusqu’à la chute du Mur de Berlin en 19894 et après…

Récurrente, cette figure de l’idéologie dominante marche sur trois jambes : 1) une appartenance au « monde libre », qui aurait définitivement affirmé sa supériorité avec l’effondrement du Bloc de l’Est ; 2) une suprématie économique, qui repose sur les mécanismes du libéralisme, néo-libéralisme et ultra-libéralisme imposés par les Etats-Unis et la Grande Bretagne ; 3) enfin, un racisme profond, dont on retrouve quelques racines, notamment dans Mein Kampf, qui assimilait les peuples slaves à des « sous-races incultes descendant des Tatar-Mongols, acquis à la juiverie bolchevique… ».

Ce type de figure « essentialiste » vide la réalité de toute dimension historique pour la transformer en une « essence », autrement dit une « nature » quasiment géologique, résultant davantage du « bon sens populaire » et de ses « mythes » que de toute espèce d’approche scientifique : « la privation d’histoire : le mythe prive l’objet dont il parle de toute Histoire. En lui, l’histoire s’évapore. C’est une sorte de domestique idéal : il apprête, apporte, dispose, le maître arrive, disparaît silencieusement. Il n’y a plus qu’à jouir sans se demander d’où vient ce bel objet »5. Il est plus simple de se réfugier dans quelque bouc-émissaire, et dans une vérité arbitraire…

Pour en revenir à la transformation numérique de notre monde, il s’agit justement de remonter le courant idéologique par l’Histoire, ses filiations, ses péripéties et ses acteurs, en posant quelques questions : pourquoi la France se trouve-t-elle aujourd’hui si démunie et vulnérable, si dépendante sur les fronts de la cyber-guerre ? Trop méconnue, cette histoire est pourtant instructive. Ensuite, il s’agit de bien prendre la mesure des rapports de force et de rappeler que les Etats-Unis et Israël disposent – aujourd’hui – de l’arsenal numérique le plus puissant du monde6. Enfin, dans ce rapport de force proprement asymétrique, comment réagissent la Russie et la Chine, voire l’Inde ? Sont-ils vraiment nos seuls et principaux ennemis ?

TRAGEDIE EN TROIS ACTES

Selon le pionnier du Web français Tariq Krim7, le fiasco du numérique français est une tragédie en trois actes : « il y eut d’abord les ‘30 honteuses du numérique’, où une petite élite arrogante et dénuée de vision stratégique a démantelé notre industrie informatique et électronique. Elle a débranché les travaux de recherches les plus intéressants et laissé nos meilleurs développeurs partir à l’étranger, faute de les associer à des projets ambitieux. Vient ensuite la capitulation vis-à-vis des grands acteurs américains. Ainsi, de nombreux politiques et hauts fonctionnaires français leur ont permis d’intégrer leurs technologies au cœur des prérogatives régaliennes de l’État : défense, renseignement, éducation, sécurité, mais aussi culture. Plusieurs d’entre eux quitteront leurs fonctions pour aller rejoindre ces sociétés. Le troisième acte se joue en ce moment. Alors que nos dirigeants se préparent à une vente à la découpe, il reste cependant un mince espoir d’inventer une autre manière d’utiliser le réseau plus en phase avec nos principes et nos valeurs »8.

La tragédie commence au CERN9, dans les années 1990, lorsque le chercheur Tim Berners-Lee invente le WorldWideWeb – premier navigateur web et premier éditeur HTML. Mais ces recherches ne sont pas encouragées par le CERN, ce qui pousse Tim Berners-Lee à proposer ses services au MIT10. En 1993, les États-Unis lancent le projet des « Autoroutes de l’information », faisant de l’Internet et du numérique le fer de lance de leur nouvelle stratégie de croissance. L’Europe et la France continuent de miser sur les industries traditionnelles. Vingt-cinq ans plus tard, les GAFAM11 dominent le monde.

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Tariq Krim : « la France ne voit pas les choses de la même manière, notre élite méprise ce qui est marginal, différent ou simplement trop petit. Le scénario de « dénumérisation » de la France suivra toujours le même schéma. Nous vendrons à la casse nos sociétés, ou les dilapiderons alors qu’elles possédaient en interne les technologies qui, si elles avaient été mieux valorisées, nous auraient permis d’influencer la direction prise par l’Internet ». Tout commence dans les années 70, avec l’abandon du réseau Cyclades de Louis Pouzin au profit du Minitel. Louis Pouzin en est le concepteur. Il est aussi l’inventeur de la segmentation des données en « Datagramme ». Il sera récompensé (avec Tim Berners-Lee et Vinton Cerf) par la reine d’Angleterre pour ses contributions essentielles à la création de l’Internet. En France – à ce jour encore – il reste un parfait inconnu du grand public.

Tout juste nommé Premier ministre en 1995, Alain Juppé explique – au journal de 20 heures – sa volonté de vendre Thomson Multimédia au coréen Daewoo : «  Thomson, ça ne vaut rien, juste un franc symbolique. » Obsédé par les revendications sociales de l’entreprise, il ignore que Thomson multimédia dispose d’une grande partie des brevets sur la musique (le fameux MP3) et la vidéo en ligne, qui seront utilisés quelques années plus tard dans tous les smartphones. Sa branche grand public sera démantelée et vendue au chinois TCL. Ses meilleurs ingénieurs partiront chez Google. Le champion européen du GSM – Nokia -, sera lui aussi vendu à Microsoft, ce qui s’est révélé à l’époque désastreux.

LE DESASTRE WANADOO 

En 1980, les équipes de recherche du CNET (Centre national d’études des télécommunications) lancent le Minitel qui hisse la France au premier rang de la télématique mondiale, grâce à ce premier service au monde de fourniture payante d’information. Grand succès : la petite boîte Minitel s’installe dans la plupart des foyers et concurrencera par la suite l’extension d’Internet.

En 1995, France Telecom lance Wanadoo pour développer les accès français à l’Internet, déjà très en retard par rapport aux Etats-Unis et à d’autres pays européens. Dans la même filiation, par manque de clairvoyance, après Juppé, Lionel Jospin déclare : « le Minitel, réseau numérique national, risque de constituer progressivement un frein au développement des applications nouvelles et prometteuses des technologies de l’information. Je souhaite donc que France Telecom provoque des solutions incitatives afin de favoriser la migration progressive du vaste patrimoine du Minitel vers l’Internet ». On aurait très bien pu jouer conjointement le Minitel et Internet. Simple question : qui conseille ces décideurs ?

En 1997, Wanadoo lance un moteur de recherche sous la marque Voilà.fr –destiné à faire face à l’Américain Yahoo – avantl’arrivée de Google en version française (septembre 2000). Les développements techniques de ce moteur étaient réalisés à Sophia Antipolis par Echo, une start-up française qui a coûté fort cher en investissements.En 1999, la France se lance dans l’accès gratuit à Internet. Sous la direction de Nicolas Dufourcq qui considère qu’Internet est un média à part entière – Wanadoo étant appelé à être le TF1 de l’Internet, disait-il – les métiers du contenu sont considérés comme les plus nobles, au détriment de ceux du réseau, concepteurs de tuyaux et de commodités. Dans le même état d’esprit, Wanadoo acquiert des sites éditoriaux et commerciaux comme GOA (plateforme de jeux en réseau) et Alapage, le concurrent français d’Amazon, qui sera aussi sacrifié.

En 2000 Wanadoo est côté en bourse. Cette cotation et ses actionnaires deviennent une véritable obsession. Mais en 2001, la bulle explose. La tendance est de revenir à l’accès, aux « métiers de tuyaux ». Trop tard ! C’est l’effondrement des valeurs boursières d’Internet alors que son usage se généralise mondialement.

En septembre 2006, France Telecom vend pour 3,3 milliards d’euros le groupe PagesJaunes aux fonds d’investissement américain KKR et Goldman Sachs basés à New York. En février 2009, selon France Telecom, le réseau de Minitel enregistrait encore 10 millions de connexions mensuelles sur 4 000 codes de services Vidéotex, dont un million sur le 3611 (annuaire électronique). En 2010, 2 millions de personnes utilisaient encore le Minitel-36, dégageant 200 000 euros de chiffre d’affaires.

Face à la concurrence d’Internet, France Telecom/Orange ferme le service Minitel le 30 juin 2012. En fait, Wanadoo n’a pas su utiliser la Recherche et Développement (R&D) de France Telecom. Nicolas Dufourcq se concentre exclusivement sur une « stratégie médias », au détriment de la recherche et de l’innovation technologique. Tout s’est joué durant la période 1998/2006 : Wanadoo se laisse distancer par Google, Amazon et les autres concurrents américains.

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Le désastre de Wanadoo et du numérique français continue après la réintégration de la filiale de l’Internet dans la maison-mère. A la tête de France Telecom dès 2002, Thierry Breton – ancien ministre de Nicolas Sarkozy et actuellement commissaire européen – est l’un des responsables de cette casse industrielle. Il a privilégié une stratégie de partenariats au détriment de celles du R&D interne aux industries françaises. En 2006, son successeur Didier Lombard signe avec Microsoft un partenariat en vue de développer produits et services communs dans le domaine du multimédia. Les centres de recherche ont été fermés et nos meilleurs ingénieurs ont été poussés au suicide ou à vendre leurs savoirs à l’étranger12. Ce polytechnicien – en principe au service des intérêts de la France- vient d’être jugé pour l’épidémie de suicides à Orange. Le virage du numérique a été complètement loupé : le CNET est devenu un musée…

« PALANTIR » : CHEVAL DE TROIE ET SERVITUDE VOLONTAIRE

Lancé par Jacques Chirac, le projet Quaero – qui devait servir de plateforme pour une réponse franco-européenne à Google, Amazon et Microsoft – sera revendu… au chinois Huawei ! Au final, c’est une génération entière d’ingénieurs, de chercheurs et d’entrepreneurs qui aura été délibérément sacrifiée.

Tariq Krim : « l’acte deux commence avec le quinquennat Hollande. Un changement d’attitude va s’opérer vis-à-vis des grandes plateformes. La défaite est désormais entérinée en coulisses. Il ne s’agit plus d’exister au niveau mondial, mais de négocier avec les GAFAM tout en faisant mine de s’indigner publiquement de leurs abus de position dominante. Place à la stratégie « Ferrero Rocher » : tapis rouge, petits fours, quasi-visites d’État et quasi-sommets diplomatiques avec les GAFAM. L’exigence de souveraineté numérique n’est plus un rempart. Un partenariat entre Cisco13 et l’Éducation nationale est mis en place par Manuel Valls. Ceci alors que cette société est au cœur du complexe militaro-industriel américain. Son patron sera d’ailleurs nommé par Emmanuel Macron ambassadeur mondial de la French Tech ».

Microsoft est devenue le partenaire de l’Éducation nationale et Google le parrain de la Grande École du numérique. Les agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et leurs homologues de la sécurité extérieure (DGSE) ont établi que quelque 4000 cadres et employés de la fonction publique, collaborateurs d’entreprises stratégiques et acteurs de cercles d’influence ont été ainsi ‘approchés’ via les réseaux numériques professionnels, en particulier LinkedIn14. Et comme ce sont toujours les cordonniers qui sont les plus mal chaussés, la DGSI, faute de pouvoir recourir à un système français ou européen, s’est adressée en 2016 à la société américaine Palantir-Technologies pour le traitement de ses données, un contrat s’élevant à plus de 10 millions d’euros.

Dès 2004, Palantir – société créée par Peter Thiel, Alex Karp et Nathan Gettings, proches du président Donald Trump, bénéficie de fonds importants de la CIA et multiplie différentes collaborations avec le renseignement, les forces armées et les services de police américains. Palantir a été associée à Cambridge-Analytica afin de collecter et d’exploiter, à leur insu, les données de millions d’abonnés au réseau numérique Facebook lors de la campagne présidentielle américaine de 2016. Pour une fois, la justice américaine via son régulateur de la concurrence est intervenue avec célérité, condamnant Facebook à une amende de 5 milliards de dollars.

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Et lorsqu’on questionne cet abandon flagrant de souveraineté directement auprès du représentant « français » de Palantir, – un certain Alexandre Papaemmanuel (ça ne s’invente pas !) -, celui-ci brandit aussitôt l’épouvantail du « souverainisme » (gros mot qui n’appelle pas de réponse), vitupérant qu’« on ne pouvait tout de même pas rester seuls à pianoter sur nos Minitel dans le massif central… »15. Même pas drôle, mais tellement français ! Si l’on ne se vend pas aux Américains, l’on est condamné, soit à demeurer de pauvres gaulois arriérés, soit suspecté de faire le jeu des Russes ou des Chinois. Malheureusement, cette mentalité de « servitude volontaire » est partagée par nombre de spécimens de nos élites économiques, politiques et administratives.

Directeur de l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), Guillaume Poupart a multiplié les mises en garde à l’encontre des logiciels de Palantir, appelant de ses vœux une alternative française. Le 16 octobre 2018, le GICAT (Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres) annonce enfin que le ‘Cluster Data Intelligence’, un groupement réunissant 22 entreprises spécialisées, peut proposer une offre « cohérente, souveraine, modulaire, compétitive, répondant concrètement aux besoins, avec un coût de possession transparent, à disposition des services de renseignement et entreprises ayant des problématiques liées au Big Data ». Le communiqué conclut : « Cette offre souveraine peut répondre aux besoins et contraintes des administrations et entreprises françaises, mais elle peut également bénéficier à d’autres pays pour la recherche de solutions ‘indépendantes’, représentant ainsi une véritable opportunité à l’export pour les industriels français ».

Parallèlement, la DGA (Direction générale de l’armement) poursuit un autre programme visant à permettre le traitement massif de données. « Appelé Artemis, il est confié en novembre 2017 aux sociétés Capgemini et Athos-Bull, ainsi qu’au groupement Thales/Sopra-Steria. Il devrait être testé durant le premier semestre de cette année. Des déploiements pilotes devraient suivre courant 2020 à Brest, Rennes et en région parisienne, puis sur l’ensemble des réseaux du ministère des Armées », précise encore la DGA. A voir…

LA COLLABORATION HONTEUSE D’ORANGE

Aujourd’hui, rares sont ceux qui remettent en cause le monopole des GAFAM, même si l’affaire Snowden a ébranlé quelques certitudes. En février 2019, parait une petite brochure – « Israël, le 6ème GAFAM ? » – éditée avec l’aide de l’Ecole de guerre économique. Sur la quatrième de couverture, on peut lire : « Israël est un pays singulier par sa géographie, sa culture et son histoire. La culture israélienne s’est construite au rythme de conflits récurrents et autour de l’émergence d’un Etat démocratique et prospère dans le morceau de désert qu’est la Terre Promise ». Cocasse pied de nez de l’histoire que de voir ainsi le directeur de l’Ecole de guerre économique – ancien terroriste notoire – relayer la propagande de Tel-Aviv !16

Publiée avec l’aide de l’ambassade d’Israël à Paris, cette brochure de pure propagande a au moins un mérite : celui d’énumérer et de décrire (partiellement) les connexions organiques entre Israël-Valley et la Silicon Valley, les deux poumons planétaires des GAFAM. Le brûlot évoque plus discrètement la collaboration d’Orange avec plusieurs sociétés directement arrimées à la communauté israélienne du renseignement.

Créée par des anciens du Mossad en 2014 et basée à Beer-Sheva – dans le sud d’Israël – la start-up MORPHISEC ouvre un bureau à Boston en 2016. Page 42 de la brochure : « en outre, sa croissance a été accélérée et financée notamment par le fonds JVP à Jérusalem, GE Capital, Deutsche Telekom. Depuis le 20 février 2018, ORANGE Digital Ventures a annoncé sa participation au financement de MORPHISEC ». Avec La Maison et Kodem Growth Partners, Orange rejoint ainsi les investisseurs historiques de la start-up et prend part à son développement.

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Morphisec.com (PRNewsFoto/Morphisec)

Page 43 : « l’investissement d’ORANGE Digital Ventures va permettre à MORPHISEC d’accélérer ses réductions de coûts et, en France, d’acquérir un positionnement dans le haut de gamme dans le mobile et l’Internet haut débit (40% du marché français) ». Question : comment MORPHISEC va-t-elle pouvoir suivre l’évolution potentielle de sa valeur, notamment au sein du groupe ORANGE dont il est dit de sa stratégie que « l’Etat français y exerce une forte intervention » ?

Réponse : « l’évolution des tensions avec TF1 à propos de la poursuite de la diffusion des chaînes du groupe TF1 sur les box Orange est un véritable enjeu ; la poursuite des acquisitions dans le secteur de la sécurité, après l’achat du français Lexsi ; le lancement de la banque mobile Orange Bank, avec pour objectifs deux millions de clients et 400 millions d’euros de produit net bancaire à fin 2018 ».

Chaque année à Tel-Aviv, dans la plus grande discrétion, le groupe ORANGE participe à une semaine de colloque consacré à la cybersécurité et au renseignement numérique, touchant évidemment à des secteurs sensibles de la défense nationale. Au sein du groupe ORANGE, cette politique est animée notamment par un certain Luc Bretones17 et Roseline Kalifa dont le profil LinkedIn indique qu’elle consacre principalement sa vie à des partenariats d’ORANGE en Israël. Interrogé par prochetmoyen-orient.ch sur ses activités en Israël, ORANGE n’a pas jugé utile de nous répondre, nous renvoyant aux bons soins de l’ambassade d’Israël à Paris ! Vive la téléphonie et la communication numérique…

RESISTER DANS UN « MONDE RVVD »

Il est vrai que le dos vous glace lorsqu’on peut voir des drones filocher des passants qui ont omis de dissimuler leur visage sous un masque anti-virus, le même drone s’adressant au « mauvais citoyen » en l’avertissant qu’il sera poursuivi jusqu’à son domicile ! Le « Crédit social » chinois délivre une note à chaque Chinois, qui détermine sa capacité à se déplacer ou à obtenir un crédit. C’est aussi ce qui se prépare dans certains cabinets ministériels lorsqu’il est question d’État plateforme et d’« applis » pour remplacer les fonctionnaires humains au guichet.

Les compagnies d’assurance aussi sont sur le coup pour moduler nos cotisations en fonction du nombre de nos pas effectués quotidiennement ou de celui des cigarettes ou cigares fumés dans la journée. La société Casino vient d’annoncer qu’elle allait supprimer les caissières de ses supermarchés, pour les remplacer par des machines, surveillées par des vigiles. Magnifique ! Après le monde VUCA (Vulnérable, incertain, complexe et ambigu), nous voici entrés de plein pied dans un monde encore bien plus merveilleux : le RVVD (Robots, vigils, virus, drones).

Dans ce nouveau monde et dans cette nouvelle géopolitique du Cyber, la Chine a – très tôt – construit sa muraille pour garantir et défendre son indépendance. Moins bien dotée, la Russie – comme d’autres pays – pratique les ruses de la guerre asymétrique, disposant de très bons ingénieurs et n’hésitant pas à recourir aux services rémunérés de certains des meilleurs hackeurs du monde. Comme les pays occidentaux n’ont cessé de le faire durant la Guerre froide, Moscou riposte sur le champ du soft-power et de l’information. Washington et Tel-Aviv ne sont pas en reste pour défendre leur quasi-monopole. France et Europe sont toujours très en retard…

On ne va pas rigoler tous les jours ! Mais tout n’est jamais complètement perdu, tant qu’il y a toujours du pouvoir qui échappe aux puissants. Antonio Gramsci nous a enseigné le pessimisme de l’intelligence, allié à l’optimisme de la volonté pour faire émerger de nouvelles formes de résistance technologique. Espérons que la France et ses élites – encore lucides et animées d’un patriotisme minimal – reprennent le dessus sur ces questions touchant directement à notre souveraineté, à notre indépendance nationale, donc à notre liberté !

Saluons au passage, et diffusons les travaux du penseur Bernard Stiegler. Fondateur et président d’un groupe de recherche – Ars industrialis, créé en 2005 -, il dirige également l’Institut de recherche et d’innovation (IRI) qu’il a créé en 2006 au centre Georges-Pompidou.

Ses travaux concernent justement les alternatives technologiques, des pratiques et usages – tout aussi alternatifs – de l’Internet et des outils numériques. Les ouvrages18 de Bernard Stiegler et les travaux de ses équipes transdisciplinaires ouvrent des perspectives réelles de résistance…

Notes:

1 En sécurité informatique, un hacker (francisé : hackeur ou hackeuse – « mercenaire numérique »), est un spécialiste en technologies informatiques, qui recherche les moyens de contourner les protections logicielles et matérielles afin de pirater les données. Il agit par curiosité, défi technique, motivation politique, en quête de notoriété ou/et de rémunération.

2 Guy Mettan : Russie-Occident, une guerre de mille ans : La russophobie de Charlemagne à la crise ukrainienne – Pourquoi nous aimons tant détester la Russie. Editions des Syrtes, 2015.
3 La crise des missiles de Cuba se déroule du 16 octobre au 28 octobre 1962. Elle oppose les États-Unis et l’Union soviétique au sujet des missiles nucléaires russes pointés en direction du territoire des États-Unis depuis l’île de Cuba.
4 La chute du mur de Berlin a lieu dans la nuit du 9 novembre 1989 lorsque des Berlinois de l’Est, avertis par les médias ouest-allemands de la décision des autorités est-allemandes de ne plus soumettre le passage en Allemagne de l’Ouest (RFA) à autorisation préalable, forcent l’ouverture des points de passage aménagés entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. 
5 Roland Barthes : Mythologies. Editions du seuil, 1957.
6 « Quand l’Ecole de guerre économique relaie la propagande israélienne » – prochetmoyen-orient.ch, 25 mars 2019.
7 Pionnier du Web français, Tariq Krim fondateur de Netvibes, Jolicloud et de la plateforme de Slow Web dissident.ai.
8 Le Point, 5 janvier 2019.
9 CERN : Conseil européen pour la recherche nucléaire, créé en 1952. Le CERN est le plus grand centre de physique des particules du monde.
10 MIT : le Massachusetts Institute of Technology (Institut de technologie du Massachusetts) est un centre de recherche américain et une université, spécialisé dans les domaines de la science et de la technologie. 
11 GAFAM est l’acronyme des géants du Web : GoogleAppleFacebookAmazon et Microsoft, qui sont les cinq grandes firmes américaines, dominant le marché du numérique, parfois également nommées les Big Five, ou encore « The Five ».
12 Sur le sujet, on peut lire l’excellent livre de Johann Chapoutot : Libres d’obéir – Le management, du nazisme à aujourd’hui. Editions Gallimard, janvier 2020.
13 Cisco Systems est une entreprise informatique américaine spécialisée dans le matériel réseau, et depuis 2009 dans les serveurs. Elle est dirigée par Chuck Robbins depuis juillet 2015.
14 575 millions de personnes sont inscrites sur Linkedin dans le monde.
15 Echange avec l’auteur durant le colloque de la SONU sur « les mythes du renseignement » – 12 janvier 2020, Paris-Panthéon-Sorbonne.
16 « Quand l’Ecole de guerre économique relaie la propagande israélienne » – prochetmoyen-orient.ch, 25 mars 2019.
17 Luc Bretones a travaillé pour le groupe Orange depuis 1997. En juillet 2013, il prend la direction du Technocentre du groupe, puis en octobre 2013 d’Orange-Vallée. Il est administrateur des sociétés SoftAtHome et La cité de l’objet connecté d’Angers. Il est également président de l’association de bénévoles Orange/solidarité. Spécialisé dans le business des nouvelles technologies, Luc Bretones est administrateur de divers think tanks, comme l’institut G9+ ou encore Renaissance numérique. Il a quitté Orange en 2019.
18 Notamment, Dans la disruption, comment ne pas devenir fou ? Editions Les liens qui libèrent, 2016.

mercredi, 05 février 2020

L’entreprise : être ou ne pas être un État souverain…

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L’entreprise : être ou ne pas être un État souverain…

par Valérie Bugault
Ex: http://www.zejournal.mobi

Le chemin du droit de l’entreprise : de la perte de souveraineté de l’État à la dictature universelle.

Une récente manifestation médiatique arrive à point nommé pour illustrer la réalité politique de la question juridique de l’entreprise.

Le droit de l’entreprise est au cœur de la souveraineté des États car il est le lieu privilégié où s’affrontent les forces économiques globalistes menées par les banquiers et les forces politiques légitimistes menées par les États. N’en déplaise aux esprits faux, la traduction de la souveraineté est éminemment juridique, aussi il n’existe pas de souveraineté politique sans souveraineté juridique. Dit autrement, la souveraineté politique passe de façon essentielle par la souveraineté juridique. Derrière tous les faux semblants et les jérémiades des actuels dirigeants économiques, qui contrôlent en réalité l’État français, est un principe général : « Dieu se rit des hommes – et des États – qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » On ne peut dans le même temps à la fois jouer le jeu globaliste de ses adversaires, tout de droit anglo-saxon vêtu, et déplorer son propre asservissement, c’est-à-dire son impuissance et sa domination !

Qu’en est-il de la souveraineté juridique française ? Sa disparition est parfaitement illustrée par l’évolution juridique du droit de l’entreprise. De ce point de vue, la France, comme la plupart des pays du monde, a abandonné son pouvoir régalien de régulation au profit de la mise en œuvre réglementaire illimitée du pouvoir de ses créanciers – les banquiers globalistes. Concrètement, la France a abandonné sa capacité a générer une économie politique autonome – comprendre « non contrôlée par les banquiers globalistes » – lorsqu’elle a refusé au Général De Gaulle la mise en œuvre juridique de la souveraineté économique, qui passait par un renouveau du droit de l’entreprise.

Alors que l’oligarchie compradore française faisait politiquement « tomber », en 1969, le chef de la France Libre, pour ne pas avoir à mettre en œuvre le principe général de « l’entreprise participative », je fus moi-même en 2005 – de longues décennies plus tard – bannie du système universitaire pour avoir eu l’audace de proposer une réforme de l’entreprise qui lutte contre l’anonymat et la prédation financière en réimposant la notion de contrôle économique, lequel passe par le rétablissement de frontières juridiques (1). Ma propre théorie juridique de l’entreprise avait pour objet d’éviter et même d’interdire la généralisation de l’immixtion dans la gestion des entreprises par les banquiers fournisseurs de crédit, immixtion déplorée dans l’article sur Goldman Sachs ci-dessus mentionné. Par ce choix de l’éviction des intrusions bancaires, ma théorie de l’entreprise reprenait les fondamentaux de « l’entreprise participative ». Or, il faut comprendre que quarante ans durant, tous les efforts politiques avaient été consciencieusement fait pour effacer toute trace juridique de l’entreprise participative dans les enseignements universitaires ! Sans revenir sur cet épisode épique de ma propre vie, il convient d’insister sur les tenants et les aboutissants d’une conception strictement financière de l’entreprise qui nous vient des pays anglo-saxons. Car, in fine, l’immixtion des banquiers dans la gestion des entreprises, qui se manifeste notamment par des actions sur le choix des dirigeants, a pour corollaire une prise de pouvoir des banquiers globalistes sur l’intégralité de la vie économique d’un pays.

Le pouvoir hégémonique des banquiers sur l’entreprise et sur l’économie des pays a été – sans surprise – véhiculé par le droit anglo-saxon.

Si le droit « anglo-saxon » a pris le contrôle politique du monde, aussi bien au niveau des institutions internationales qu’à celui des institutions nationales, c’est parce qu’il est conçu, depuis 1531, comme un instrument des puissants pour asservir les populations. Le « droit anglo-saxon » n’est pas à strictement parler du « droit », il est un moyen d’asservir les masses.

Depuis que les puissances d’argent ont pris, en occident, le contrôle du phénomène politique, le « droit anglo-saxon » a naturellement été utilisé par ces dernières car il est le plus adapté à leur entreprise de domination. Utile à la domination des puissants contre les humbles, le « droit anglo-saxon » repose sur deux piliers essentiels :

Premièrement, le prétendu « droit » anglo-saxon n’est pas du « droit » à strictement parler car il ne cherche à établir de façon générale ni « justice », ni « intégrité », ni « vérité », il cherche simplement à assurer la domination de quelques-uns sur la majorité ;

Deuxièmement, le prétendu « droit » anglo-saxon s’est construit, depuis le XVIème siècle, conformément au « positivisme juridique », c’est-à-dire en opposition au droit continental traditionnel qui véhiculait le principe opposé de « droit naturel ». Le positivisme juridique est la liberté d’établir, sans limite qualitative et quantitative, autant de règles qu’il est utile aux puissants de le faire. Ce positivisme s’est peu à peu techniquement imposé en France et en Europe continentale à la faveur de deux phénomènes : d’une part, matériellement, par le système du « Parlement représentatif » et d’autre part, théoriquement, par la « théorie pure du droit » d’Hans Kelsen.

Pour en revenir à l’entreprise, son évolution juridique a suivie, en France, celle de l’inversion du rapport de force entre banquiers globalistes et État politique : elle a validé, au fil du temps, la domination irrémédiable des entreprises par les quelques actionnaires actifs, majoritaires en terme relatif et la plupart du temps minoritaires en terme absolu, souvent réellement anonymes.

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Cette prise de pouvoir actionnarial et financier sur l’entreprise s’est brutalement accélérée lors de la mise en œuvre en France et dans le monde de la théorie dite de l’Agence, laquelle a notamment – parmi beaucoup d’autres vilenies – justifié l’introduction en France des stock-options, transformant les dirigeants des grandes entreprises en serviteurs dociles des intérêts patrimoniaux dominants.

Faisant fi de la tradition française, conforme au droit continental, de l’entreprise, le législateur a fini par rejeter la conception institutionnelle de l’entreprise, pour désormais considérer cette dernière comme un « nœud gordien », un simple enchevêtrement contractuel, dans lequel les plus forts sont toujours les « meilleurs ». Dire que l’entreprise est une institution signifie que l’entreprise, en tant qu’institution juridique, a une fonction politique d’organisation sociale qui relève de l’intérêt commun ; dire que l’entreprise est le simple siège d’un nœud contractuel, a pour effet juridique de livrer cette dernière aux contractants les plus forts, lesquels sont les principaux propriétaires de capitaux.

C’est ainsi que fut bannie du paysage juridique français l’entreprise participative en 1969 et ma propre théorie de l’entreprise en 2005.

Les enjeux politiques de ces bannissements successifs sont les suivants : l’entreprise ne doit en aucun cas échapper aux dominants économiques pour bénéficier à la collectivité, elle doit rester sous le complète dépendance des fournisseurs de crédits, ces derniers ayant pour objectif avoué la prise de contrôle politique totale et l’établissement d’un gouvernement mondial.

J’ai longuement décrit (2) comment l’entreprise avait dégénéré – au niveau mondial – en concept congloméral et comment ces conglomérats étaient aujourd’hui considérés comme des institutions qui soumettaient les États ; ces derniers étant aujourd’hui internationalement ravalés au rang de simple acteur économique non dominant, c’est-à-dire soumis.

Or précisément, l’entreprise participative, tout comme ma propre théorie de l’entreprise, en tant qu’elles sont les héritières du droit continental traditionnel, permettraient de s’opposer à cette domination capitalistique mondiale. Malheureusement en France les instances décisionnaires, politiques, universitaires et juridiques (qu’elles soient ou non fonctionnaires), sont soumises à la domination des principaux détenteurs de capitaux ; elles ont, par esprit de cour ou par corruption avérée, renoncé à lutter.

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Les dirigeants français de tout bord ont, depuis 1969, renoncé au principe de liberté, d’indépendance et de souveraineté, pour suivre la voie ignoble de l’asservissement et de la collaboration. Tant et si bien que nous assistons aujourd’hui à une nouvelle évolution du droit de l’entreprise qui, comme toujours, suit l’évolution des rapports de force entre « fait économique » et « fait politique ». Validant l’abjuration définitive du concept étatique, les « dirigeants politiques » français ont permis une nouvelle évolution de l’entreprise allant dans le sens, bien compris, de l’intérêt bancaire supérieur mais paré de vertus collectives que les banquiers ont faites leurs. Ainsi, conformément aux développements initiés par le Club de Rome, qui seront matérialisés plus tard par les Giorgia Guidestones, l’entreprise devient un enjeu « écologique ». L’entreprise est dès lors sommée de répondre aux défis environnementaux tels que compris par les puissances économiques dominantes, lesquelles ont parfaitement intégré l’insoutenabilité de leur domination par le jeu capitalistique dans un univers où les ressources naturelles sont limitées. Nous avons ainsi vu apparaître le RSE, ou Responsabilité Sociale de l’Entreprise, avant de voir la naissance, récente, de l’entreprise à mission (3). Conformément à la méthode des petits pas traditionnellement utilisée par la caste bancaire monopoliste, le fondement initial du « volontariat » s’atténue peu à peu pour bientôt se transformer en droit impératif, rigoureusement sanctionné. Nous avons ici, en matière d’évolution du droit de l’entreprise, la même méthodologie que celle appliquée à l’évolution du droit de propriété.

L’objectif ultime étant la disparition juridiquement validée de la liberté et de la démocratie, afin de laisser la place à la dictature bancaire universelle.

Derrière les faux semblants de la prise en compte de l’intérêt commun – intérêt commun entièrement défini à l’aune de celui des dominants financiers – l’entreprise est vouée à devenir un des instruments, juridiquement validé, de la dictature universelle. Conformément à la volonté des dominants économiques, le droit de l’entreprise va devenir un droit dictatorial chargé de mettre en œuvre la dictature universelle parée de « vert » mais armée de rouge sang.

L'auteur, Valérie Bugault, est Docteur en droit, ancienne avocate fiscaliste, analyste de géopolitique juridique et économique.

Notes:

(1) Cf. « La nouvelle entreprise » publiée en 2018 aux éditions Sigest ; https://lesakerfrancophone.fr/valerie-bugault-la-nouvelle... ; https://lesakerfrancophone.fr/valerie-bugault-les-raisons...

(2) Lire « La nouvelle entreprise », publié en 2018 aux éditions Sigest

(3) Cf. Loi dite Pacte : https://www.novethic.fr/actualite/entreprise-responsable/...

lundi, 28 janvier 2019

On problems of European Sovereignty

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On problems of European Sovereignty

Ex: http://www.geopolitica.ru

The current situation in Europe is nothing extraordinary. It was even predicted. Moreover, several times forecasts were made by people who had opposing views on the political system in this part of the world. The only difference is that some people considered the creation of the EU to be a systemic error, while others reckoned it to be only an intermediate step in the further disintegration of nation-states and the creation of global civil society. These two points of view are now manifesting themselves in the European crisis, and just what the point of geopolitical bifurcation will be largely depends on the further developments of events. 

Let us consider these two cases with specific examples. For comparison, we will borrow the ideas expressed in two works with similar titles: The Breakdown of Nations and The Breaking of Nations are going to be considered. The first was published in 1957, and the second appeared in 2003. The first work was written by a lawyer, economist and political scientist of Austrian origin, Leopold Kohr, who held the position of Professor of Economics and Public Administration at the University of Puerto Rico for about 20 years. He was also inspired by the Small is Beautiful movement. Kohr called himself a philosophical anarchist, although he never advocated anti-state activities. He was an opponent of large projects, including European integration. In 1941, Leopold Kohr predicted not only the fallacy of creating a supranational system in Europe, but also the collapse of the Soviet Union. Even back during World War II, he analyzed the balance of ethnic groups and came to the conclusion that both the Nazi and Soviet regimes were doomed. As history has shown, his analysis has turned out to be accurate even though few scholars have turned to his theoretical principles.

Forgotten prophet

Kohr’s approach to the Swiss Confederation is quite concise: it is not a confederation of ethnic and linguistic groups, but a confederation of regions. As he wrote in his work “Disunion Now: A Plea for a Society based upon Small Autonomous Units”:       

In fact the basis of the existence of Switzerland and the principle of living together of various national groups is not the federation of her three nationalities but the federation of her 22 states, which represent a division of her nationalities and thus create the essential precondition for any democratic federation: the physical balance of the participants, the approximate equality of numbers. The greatness of the Swiss idea, therefore, is the smallness of its cells from which it derives its guarantees. People who argue for a union of nations in Europe because they believe that this kind of union has been realized and thus proved its practicability in Switzerland, have never based their wonderful schemes on the principle of cantonal or small-state sovereignty. The national idea has so much troubled the minds of the political thinkers, in contrast, the notion of the state is so much more flexible, adaptable and multipliable than that of the nation, that it has most completely gone out of use. For virtue has been seen only in great and greater while smaller entities have been thought and taught to be the source of all mischief and evil. We have been educated in the worship of the bulk, of the universal, of the colossal, and have come away from the minuscule, the completeness and universality on the smallest scale - the individual, which is the protoplasm of all social life. We have learned to praise the unification of France, Britain, Italy and Germany in the belief that they would give birth to a unified humanity. But they created only Great Powers.

Leopold Kohr upholds the principle of sovereignty for the smallest, not the largest state subject, or Kleinstaaterei, as the Germans say. He says that no one knows what the term “mankind” really means or why we should even die for it. Unionism and colossalism would not result in anything good. Moreover, Unionism is just another expression of totalitarianism. It is a one-party system transplanted into the international sphere. Kohr writes:

Not only history but also our own experience has taught us that true democracy in Europe can only be achieved in little states. Only there the individual can retain his place and dignity. And if democracy is a worthwhile idea, we have to create again the conditions for its development, the small state, and give the glory of sovereignty (instead of curtailing an institution from which no one wants to depart) to the smallest community and to as many people as possible. It will be easy to unite small states under one continental federal system and thus also satisfy, secondarily, those who want to live on universal terms. Such a Europe is like a fertile inspiration and a grandiose picture, although not a modern one which you paint in one dull line. It will be like a mosaic with fascinating variations and diversity, but also with the harmony of the organic and living whole.[1]

But this is practically the very idea of a Eurasian confederation, merely expressed in other words!

In his most famous book, The Breakdown of Nations, Kohr offers philosophical, political, cultural, economic, and administrative arguments in favor of small state actors. In the section entitled “The Physics of Politics: The Philosophic Argument”, he says:

This is no accident, for smallness is not only a convenience. It is the design of God. The entire universe is built on it. We live in a micro-cosmos, not in a macrocosmos. Perfection has been granted only to the little. Only in the direction of the minuscule do we ever come to an end, to a finite, a boundary, where we can conceive the ultimate mystery of existence. In the direction of the colossal we arrive nowhere. We may add and multiply, and produce increasingly vaster figures and substances, but never an end, as there is nothing that can not always again be doubled, though doubling in the physical sense soon means collapse, disintegration, catastrophe. There is an invisible barrier to size beyond which matter can not accumulate. Only non-existing mathematical shadows can penetrate further. Division, on the other hand, brings us eventually to the existing, though unseen, ultimate substance of all things, to particles which defy any further division. They are the only substances which creation has endowed with unity. They alone are indivisible, indestructible, eternal. Lucretius has called these the first bodies or primal particles and, in an unsurpassed piece of reasoning, has argued in the Nature of Things.

Although at first glance it seems that Leopold Kohr is appealing to Democritus’ idea of atomicity and the individual (which, in a sense, can be translated into the practice of liberalism and multiculturalism), this is not the case. Unfortunately for many anarchists who are nihilistic materialist (especially followers of Peter Kropotkin, who tried to provide scientific examples of anarchy), Leopold Kohr always spoke of God and His will as necessary to try to understand from the perspective of state organization:

There are two ways by which equilibrium and order can be achieved. One is by means of a stable and the other by means of a mobile balance. When in their proper element, both are self-regulatory. The stable balance is the balance of the stagnant and the huge. It creates equilibrium by bringing two objects into a fixed and unchanging relationship with each other such as a house with its ground, or a mountain with its plain. Instead of creating harmony, it moulds its diverse parts into unity. Being the balance of the rigid and fixed, it could be conceived as a universal principle only if the universe were still, non-moving, lifeless. Then the existence of only a few large bodies would make sense and, for that matter, even the existence of a single one. But in the bottomless vastness of the abyss of creation, it could be maintained only by the ever-conscious will of God Himself who, in order to prevent it from dropping into nowhere, would have to do nothing less than hold it perpetually in His hands. Since this was obviously not His intent, He created instead a moving, breathing, and dynamic universe, maintained in order not by unity but harmony, and based not on the stable balance of the dead, but the mobile balance of the living. In contrast to the stable balance, this balance is self-regulatory not because of the fixity of its relationships but because of the coexistence of countless mobile little parts of which no one is ever allowed to accumulate enough mass to disturb the harmony of the whole.[2]

kohr_0.jpgKohr connects the political system to the idea of internal democracy which relies on the community: “A small state in its inner nature is democratic. The rulers of small states could be considered as neighbors of citizens...”

Although Kohr’s ideas are not quoted widely, the example of Switzerland could serve as proof of his ideas’ validity. Furthermore, it may be added that the majority of today's nation-states of Europe are also in need of being ‘defragmented' to completely eradicate the bourgeois spirit and erroneous bases of nationalism which in the Enlightenment intensely destroyed the traditions and cultures of the peoples of Europe, imposing bureaucracy in their place.

The EU against sovereignty

 It should be noted that the destruction of the EU could have not only a positive, but a negative significance if this question is examined in terms of the classical notion of sovereignty. As mentioned above, the author of the second book bearing a similar title, The Breaking of Nations: Order and Chaos in the Twenty-First Century, is the British diplomat and strategist Robert Cooper. At the time that his work appeared in 2003, he served as Director General for External and Political-Military Affairs at the General Secretariat of the EU Council.

Despite the identical titles, the ideas and approaches in these two works are completely different. If Kohr proposes to strengthen sovereignty from the bottom, then Cooper, on the contrary, believes that sovereignty should be completely destroyed. "The sovereignty of the post-modern state is the right to a place at the negotiating table”,[3] he says.

Much of his work is contradictory. For example, he states that “Liberalism and nationalism can go together today just as they did for 18th and 19th century states emerging from one or another form of imperial rule”[4]. But why is this possible? For permanently destroying national culture or manipulating movements and parties that appeal to national identity? Cooper seems to have both in mind.

 In the second part, he declares that “most people are subjugated by ideas rather than by force”[5], but later in the same chapter states that “European institutions strengthen international cooperation by strengthening sovereignty...the EU security of public order agreement provides for police action in other countries”. Where is the rule of law and ideas if "member-states of the EU have lost the exclusive right to the adoption of laws”?[6]

cooper_0.jpgHe speaks fearfully of Islam which could become the basis for a new imperialism, and he mentions the Pacific region where the question of a union could also be raised. Both of these, according to Cooper, are a threat not only to Western interests, but ultimately the West itself.

Consequently, Cooper defends the ideas of Western hegemony undergoing transformation into something new. For him, the post-modern state is the quintessential idea of liberalism which has hitherto opposed any forms of collective identity, be it class, national, race, or state. Cooper asserts that Communism and Fascism were attempts to contain the effects of the modernization of society caused by the ideas of the Enlightenment and the technological innovations of the Industrial Revolution[7]. Hence his certainty that all industrial and post-industrial countries have potential for post-modernity.

 In the end, he reveals his cards and confirms the need to celebrate the individual: “Chaos is tamed by empire; empires are broken up by nationalism; nationalism gives way, we hope, to internationalism. At the end of the process is the freedom of the individual[8]. On the same page, he clarifies that he has in mind the open society which is in fact identical to post-modernity. In other words, this is practically the same thing that George Soros has spoken of and tried to realize in practice through various projects.

In addition, Cooper confesses on US interests and the difference between American and European perceptions of reality: “European countries are based on nationality and history. History is nonsense for Americans. They aim not to colonize space, but colonize time, in other words, the future space[9]. This colonization has been successfully implemented in Western Europe through a system of political, economic, and military dependence on Washington: “The American plan consisted in developing a global community of open markets and international institutions in which the United States would play a leading role...In general, the United States has managed to achieve the stated goals through the Marshall Plan, the creation of the European Union and international financial institutions, particularly the IMF and the World Bank[10]. Note the phrase "the creation of the European Union". Did European countries, starting with the Coal and Steel Community, understand that the Americans were behind all of this? Certainly some of the actors must have benefited from such an association, but for just how long?

The fragility of the European Union has already manifested itself in Brexit, its inability to cope with the migrant problem and terrorist attacks, as well as some of its countries’ dependence on the dictates of financial commissioners. What does Robert Cooper offer as an immediate political agenda? “In politics it is necessary to restrain manifestations of the pre-modern or foreign; interests can be reconciled with the modern state, but lasting peace can only come with the confluence of postmodern identities[11], he writes. For the whole EU, this means a continuation of the erosion of the cultural code of all peoples and countries. As a result, a new type of Homo Politicus should appear. But this is only in theory. In reality, a weak identity will be pushed by stronger ones which are now represented by the masses of migrants who almost always position themselves as the bearers of Islam and show little respect for indigenous Europeans.

Perhaps such external aggression could help the peoples of Europe rethink their role in world history and try to reestablish their old identity and sovereignty as much as possible in present circumstances.


[1] Leopold Kohr. Disunion Now. A Plea for a Society based upon Small Autonomous Units. The Commonweal, September 26, 1941 http://www.panarchy.org/kohr/1941.eng.html

[3] Robert Cooper. The Breaking of Nations: Order and Chaos in the Twenty-First Century. P. 62.

[4] Ibidem. P. 29.

[5] Ibidem. P. 40.

[6] Ibidem. P. 61.

[7] Ibidem. P. 70.

[8] Ibidem. P. 98.

[9] Ibidem. P. 65.

[10] Ibidem. P. 161.

[11] Ibidem. P. 178.

Translated from Russian by Jafe Arnold.

dimanche, 13 mai 2018

Manuel Ochsenreiter »Russland, USA, Europa. Souveränität und Hegemonie«

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Manuel Ochsenreiter »Russland, USA, Europa. Souveränität und Hegemonie«

 
Manuel Ochsenreiter spricht über die geopolitischen Zusammenhängen in Bezug auf Syrien aber auch beispielsweise die Ukraine und die USA und wie diese in deutsche und europäische Politik hineinreichen. Besonders brisant war dies vor den in der Nacht zuvor durchgeführten, völkerrechtswidrigen aber folgenlos bleibenden Luftschlägen der USA und deren Verbündeten gegen Syrien und dessen Machthaber Assad.
 
Weiterführende Informationen:
staatspolitik.de
sezession.de
antaios.de
 

vendredi, 11 novembre 2016

Patrick Buisson: "Il est temps de refermer le cycle des Lumières"

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"Il est temps de refermer le cycle des Lumières"

Entretien exclusif avec Patrick Buisson

Propos recueillis par Philippe Maxence

Ex: http://www.hommenouveau.fr

Si nous n’avions écouté que les grands médias et ceux qui les répercutent, nous n’aurions pas lu le livre de Patrick Buisson, La Cause du peuple (Perrin). La critique des années Sarkozy et le portrait sur le vif de celui-ci ne nous intéressent pas plus que ceux concernant François Hollande, sinon à titre d’études des symptômes révélant la maladie. Mais, comme souvent, au lieu de regarder ce que désigne le doigt, les médias, dans un réflexe pavlovien se sont arrêtés au doigt lui-même.

En lisant La Cause du peuple, nous avons été au contraire surpris d’y voir d’abord une analyse fondée sur les grands principes de notre civilisation et non simplement sur les dernières transes d’une actualité en mal de sensation. Nous y avons découvert un auteur se décrivant comme un « objecteur de modernité », ce qui, au-delà du bonheur de la formule, semble pointer du doigt la racine même des maux profonds auxquels nous sommes confrontés.

À L’Homme Nouveau, nous essayons de nous imposer une ascèse, généralement mal comprise de nos propres amis. Nous tentons d’étudier les causes des faits plutôt que de réagir impulsivement à ces derniers et d’en dépendre sans cesse. Nous préférons la perspective du temps long au rétrécissement de l’immédiateté et de l’éphémère. Nous voulons souligner les permanences plutôt que le fugitif. En un mot, nous souhaitons tracer des itinéraires de civilisation plutôt que de nous laisser envahir par le culte de l’évanescent. Ce but est à la fois exigeant et implique une forme de pauvreté ascétique dans le travail. Elle vise pourtant à la vraie liberté de l’intelligence, même au regard des réflexes qui guident les personnes et les milieux dont nous sommes proches.

Nous remercions Patrick Buisson pour le temps qu’il nous a accordé, à la fois au moment de notre rencontre, où nous l’avons assailli de nos questions, et lors de la relecture et de la réécriture de cet entretien. Nous aurions souhaité aller encore plus loin, avec lui, notamment sur deux points : sur la nature profonde du système, qui ne se limite pas selon nous aux institutions de la Ve République, mais incarne les objectifs de la modernité et ensuite sur les moyens de refermer définitivement le cycle des Lumières sans être réduits au rôle d’éternels supplétifs de ceux qui finissent toujours par ramasser la mise à leur profit.

Cet entretien unique en son genre sera disponible gratuitement pendant une durée limitée sur notre site (sauf pour nos abonnés) avant d’être proposé à l’achat. Nous demandons à ceux qui le citent de respecter le droit de la presse en ne le reproduisant pas dans son intégralité et en citant clairement les sources, notamment en renvoyant vers le site de L’Homme Nouveau. Nous mettons cet entretien à disposition de tous dans le cadre de la bataille des idées. Mais cela n’enlève rien au fait qu’un vrai travail de presse implique un coût et que pour continuer cette bataille, plus que jamais nécessaire, il est important que tous ceux qui en profitent y participent financièrement. En attendant, bonne lecture !

Philippe Maxence

buisson-1_5707629.jpgN’y a-t-il pas maldonne sur ce qu’est votre livre, présenté généralement comme un livre de vengeance alors qu’il apparaît à sa lecture comme un livre d’idées ou du moins, d’analyse ?

Patrick Buisson : La télé-démocratie a besoin de scandales comme autant de combustibles. Elle fonctionne à l’émotion ou à l’indignation et dans une ingénierie des affects d’où la réflexion est proscrite. La règle d’or des médiagogues, c’est l’hégémonie des sentiments. À partir du moment où vous avez été acteur de la tragi-comédie du pouvoir même en coulisses – je dirai surtout en coulisses car l’ombre agite les fantasmes – cela fait de vous le dépositaire d’un certain nombre de choses plus ou moins secrètes qui suscitent l’intérêt et la curiosité, souvent malsaine d’ailleurs, des médias centraux. Mon livre ne les a intéressés qu’en tant que supposé règlement de comptes envers l’ancien président de la République. Ils l’ont donc investi d’une dimension polémique largement surfaite. Or je n’ai rien rapporté dans ce livre qui ne serve d’illustration à un propos politique, c’est-à-dire à une démarche d’analyse, de réflexion, autour de l’exercice du pouvoir en France et de la déliquescence de l’appareil d’État dans son fonctionnement comme dans son incarnation au plus haut sommet. Il ne me reste plus à espérer que les lecteurs qui auront acheté ce livre pour de mauvaises raisons finissent par le lire pour de bonnes.

Ce qui frappe d’abord dans la lecture de votre ouvrage, c’est votre réflexion sur le pouvoir et la crise des institutions de la Ve République. Est-on arrivé au terme d’un processus ?

La critique que je fais de la présidence de Sarkozy vaut pour celle de Hollande. Le principe fondateur de la Ve République a été de rompre avec cette volonté d’abstraction qui remonte à la révolution de 1789, et de renouer avec une tradition plus longue, plus ancienne et plus profondément enracinée, selon laquelle en France, pays latin de culture chrétienne, le pouvoir suprême s’exerce non par délégation, mais par incarnation. Ce que Marcel Gauchet résume excellemment quand il décrit ledit pouvoir comme un « concentré de religion à visage humain ». Or aussi bien Sarkozy que Hollande n’auront eu de cesse de s’inscrire par leurs actes dans une logique d’abaissement et de trivialisation de la fonction présidentielle. L’un au nom de la « modernité », l’autre au nom de la « normalité » ont conclu à l’impérieuse nécessité d’une sécularisation du pouvoir, au dépouillement de son armature symbolique, protocolaire et rituelle. Ils ont, pour reprendre la terminologie de la théologie politique venue du Moyen Âge, dépouillé le corps mystique du roi tout en profanant son corps physique. Nul plus que les deux derniers titulaires de la charge n’auront sapé les fondements de la fonction présidentielle en transposant au sommet de l’État le processus d’individuation et d’infantilisation qui affecte la société française. Avec eux c’est l’esprit de 68 qui a investi l’Élysée : désormais c’est l’individu qui l’emporte sur la fonction et qui à travers un jubilé permanent de sa propre personne, se montre moins préoccupé de l’intérêt général que de « jouir sans entraves ».

N’est-ce pas la légitimité du pouvoir qui se trouve dès lors remise en cause ?

Si et en profondeur. L’idée que l’autorité politique ne constitue pas un dominium, un droit de propriété rapporté à un individu mais un ministerium, c’est-à-dire un office exercé au nom de tous est au cœur de la pensée occidentale. Elle est au cœur de la doctrine de la chrétienté médiévale récapitulée par saint Thomas d’Aquin quand celui-ci stipule que « le bien commun est toujours plus divin que le bien de l’individu ». Et l’Aquinate d’ajouter : « Le pouvoir est un sacrifice, seul le service rendu fonde la légitimité ». À l’aune de ce critère, les présidences de Sarkozy et de Hollande livrées à la toute-jouissance du pouvoir, se trouvent frappées d’illégitimité et comme telles n’ont eu le droit ni au respect ni à l’obéissance des Français. L’erreur profonde de nos dirigeants est de croire que la proximité et non la grandeur est source de popularité. Aujourd’hui le souci du politique est de gommer tout ce qui le distingue du commun. En premier lieu l’altitudo qui, chez les anciens monarques, désignait à la fois l’élévation et la profondeur. Autrement dit, leur but est de s’offrir non plus en exemple ou en modèle comme le faisaient autrefois les hommes d’État mais en support.

La dégradation de la fonction présidentielle ne serait à vous lire que la transposition au sommet de l’État d’une évolution en profondeur, le passage, dites-vous, de la société gouvernée à la société gouvernante…

En effet : dans une société où ni la force de caractère ni la force d’âme ne sont plus portées au crédit de ceux qui en font montre, mais assimilées aux vertus les plus archaïques, le politique se croit tenu de s’abaisser pour s’humaniser et de s’étaler pour se signaler. Il se fait une obligation de montrer sa faiblesse pour tenter de remuer le cœur des foules sentimentales. Le pouvoir, faute d’une autorité qui le légitime, est devenu pour reprendre la formule d’Hannah Arendt, un « pouvoir qui ne vaut rien », un lieu vide, sans tête, de moins en moins incarné mais de plus en plus narcissique. En dernière analyse, c’est la postmodernité qui a eu raison de la fonction présidentielle comme elle a emporté tous les « grands signifiants despotiques » de l’autorité. Soit ce vaste processus qui vise à délégitimer, décrédibiliser et finalement destituer tout rapport à la transcendance et à l’immatériel. Le défi de l’homme postmoderne est de vouloir affronter le monde sans la protection du roi, du prêtre, du soldat et autres figures à l’ombre tutélaire desquelles les générations précédentes s’étaient, durant des siècles, abritées. De Giscard à Hollande en passant par Sarkozy, la crise de la fonction présidentielle n’aura eu en définitive qu’une seule origine : le refus des présidents successifs d’incarner la place du sacré dans la société.

Charles-de-Gaulle-president-de-la-Republique-francaise_large.jpgAu-delà des défaillances des personnes, le système partisan n’a-t-il pas également une part de responsabilité ?

En faisant ratifier par les Français le principe de l’élection du président de la République au suffrage universel, De Gaulle a voulu parachever l’œuvre qui consistait à conjurer le spectre du régime des partis. Depuis, la partitocratie n’a eu de cesse que de chercher à récupérer à son profit le monopole du processus de sélection des candidats à la magistrature suprême. Elle y est si bien parvenue qu’elle a surtout apporté la preuve éclatante de son inaptitude profonde à sélectionner des hommes capables de se hisser à la hauteur de la charge. Les candidats à la primaire de la droite sont tous, à une exception près, des produits de l’endogamie partisane. De ce mode de reproduction des pseudo-élites ne peut sortir qu’un personnel estampillé d’un même brevet de conformité à l’idéologie dominante, gouverné par l’anthropologie dérisoire de l’économisme qui prétend réduire les hommes à la seule poursuite de leur intérêt, dépourvu de toute vision autre que l’horizon indépassable de la matière et des chiffres. Et pour finir aussi inaccessible à la dimension symbolique du pouvoir qu’imperméable au legs de la tradition et de l’histoire nationale. Pour reconstituer le corps politique du chef de l’État, lui redonner la faculté d’incarner la communauté et opérer à travers sa personne la symbiose entre la nation et la fonction, il faut mettre fin à ce que Jacques Julliard appelle la « mise en propriété privée des moyens de gouvernement » que le système des partis a réalisée à son profit.

Pour en revenir au contresens volontaire des médias au sujet de votre livre, n’est-ce pas révélateur aussi d’un rapport au temps qui nous place d’emblée dans l’accélération permanente, créant de facto cette dictature de l’éphémère qui exclut inévitablement la question des idées ?

Cette accélération permanente, cette tyrannie de l’immédiat et de l’éphémère, ce bougisme invertébré et décervelé que vous évoquez n’est pas seulement la maladie de Parkinson de la sphère médiatique où se recrutent en priorité les agités du global. Ces pathologies ont gagné la politique. C’est ainsi que Sarkozy aura été l’inventeur et le promoteur d’une téléprésidence instantanée. Il y a eu d’emblée quelque chose de circulaire entre la frénésie épiphanique d’un président cathodique et l’insatiable voyeurisme des chaînes d’information continue. La question que pose la politique aujourd’hui n’est plus « que faire ? » mais « que dire ? ». Pour l’actuelle classe dirigeante, l’urgence de dire dispense, en quelque sorte, de l’obligation de faire. L’administration des choses et le gouvernement des hommes ont cédé la place à un exercice de narratologie. Le laboratoire en aura été l’Amérique du début des années soixante où la construction du mythe Kennedy a donné naissance à ce qu’il convient d’appeler le storytelling. Soit l’élaboration d’un grand récit médiatique destiné à créer au bénéfice des dirigeants politiques une identité narrative qui recouvre leur identité réelle. Au terme de l’opération, le faux doit apparaître plus vrai que le vrai. L’importance ainsi accordée à la fabrication de cet artéfact rend compte du fait que la communication et ses techniques a peu à peu supplanté la politique.

En a-t-on mesuré toutes les conséquences ?

Les Français en ont, en tout cas, perçu quelques-uns des effets pervers à travers les deux derniers présidents qui en ont fait un usage inconsidéré. En fait, ce qui apparaît de plus en plus, c’est que bien communiquer et bien gouverner sont deux exercices totalement antinomiques. Communiquer c’est chercher à séduire, gouverner c’est privilégier le bien commun au risque de déplaire et d’être impopulaire. Communiquer c’est établir le primat des apparences, gouverner c’est prendre à bras-le-corps le réel. Communiquer c’est obéir au temps court de la tyrannie médiatique ; gouverner c’est s’inscrire dans la durée et le temps long de l’histoire. Communiquer c’est produire de l’émotion, gouverner c’est développer une réflexion qui embraye sur l’action.

Vous avez été conseiller politique d’un candidat puis d’un président de la République. Pensiez-vous alors que le système était réformable de l’intérieur et qu’il valait la peine de le tenter ?

Je n’ai jamais nourri l’idée chimérique de vouloir réformer le système de l’intérieur. Je pensai et je pense toujours que la politique, c’est d’abord l’art de gérer les symboles. En période de crise, ces rétributions symboliques sont d’autant plus importantes qu’un certain nombre d’engagements programmatiques deviennent difficiles voire impossibles à tenir. Face à l’offensive massive de dénigrement du passé national, il m’est apparu très vite que je pouvais contribuer à la nécessaire œuvre de réarmement en faisant en sorte que le président puisse proposer aux Français des sujets de fierté légitime, des pages et des figures héroïques tirés de ce qu’il est convenu d’appeler, depuis Michelet, le « roman national ». J’ai tenté de convaincre Nicolas Sarkozy de l’urgence qu’il y avait, pour reprendre la formule de Victor Hugo, à faire la « guerre aux démolisseurs », c’est-à-dire à nous défendre contre toutes les entreprises de dissolution de la sociabilité nationale. Et à préserver ce prodigieux capital immatériel que représentent une mémoire profonde, des mœurs communes, un imaginaire historique. Je n’ai pas toujours été suivi. On a préféré Guy Môquet à Honoré d’Estienne d’Orves, Camus à Péguy.

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Vous l’avez été au moins sur la reconnaissance publique par le candidat puis par le chef de l’État des racines chrétiennes de la France. Ce que son prédécesseur s’était obstinément refusé à faire…

C’est sans doute la raison pour laquelle, je n’éprouve pas avec le recul le sentiment d’un complet gâchis, d’une expérience humainement coûteuse et politiquement inutile. Jamais un président de la République française n’aura aussi pleinement assumé l’héritage chrétien de la France, un héritage de civilisation et de culture. Dans la basilique du Latran comme au Puy-en-Velay en passant par la Lorraine à Domrémy et Vaucouleurs pour le 600e anniversaire de la naissance de Jeanne d’Arc. Peu importe la part d’insincérité et de calcul électoral qui entra alors dans le propos présidentiel. L’essentiel est bien que ces paroles aient été prononcées et que même en partie à son insu le sixième président de la Ve République ait renoué avec la Gesta Dei per Francos, la geste de Dieu pour les Francs. Plus que la célébration du catholicisme comme composante majeure de l’identité nationale et en tant que culte « historial » de la France, le grand mérite, peut-être le seul, de Sarkozy, aura été de comprendre que l’étymologie du mot « religion » – religare et relegere, c’est-à-dire relier et rassembler – définissait l’essence même du politique. Ce fut le sens du discours du Latran sur la « laïcité positive » et de la redécouverte du fait que la religion n’était pas une affaire purement privée qui fondait le rapport de l’individu à l’au-delà mais ce qui reliait les individus entre eux, un élément important et même comme le pensait Tocqueville, le fondement du lien social. Bref, qu’il y avait là une ressource de socialité immédiatement disponible là où l’intégrisme laïque échouait à produire du sens et du partage faute d’être adossé à une espérance. Il est d’ailleurs paradoxal que certains aillent chercher dans les religions séculières un modèle de sociabilité alors que l’Église a été à travers l’histoire et singulièrement celle de la France la grande pourvoyeuse de lien social quand notre modernité technologique ne sait fabriquer qu’une socialité de synthèse, des relations humaines aussi virtuelles qu’artificielles dont facebook et twitter sont les paradigmes les plus en vogue.

À vous entendre, la déchristianisation de la France aurait eu des conséquences politiques ?

C’est l’évidence même. Le retrait du sacré n’est pas qu’une malédiction spirituelle. Il est aussi synonyme de déréliction sociale. On pense au mot d’Heidegger : « L’homme dépourvu de transcendance erre sans but sur la terre dévastée ». De techno-parade en rave-party, d’Halloween en marches blanches : autant d’ersatz rituels qui tous consacrent la perte de sens dans les deux acceptions du terme ; à la fois perte de signification et absence d’orientation. On pense aussi à ce mot de Nietzsche à propos de celui qu’il appelle « le dernier homme », l’homme qui a « inventé le bonheur » : « Malheur ! Viendra le temps où aucun homme ne saura plus enfanter une étoile ! C’est le temps du plus méprisable qui ne sait plus se mépriser lui-même ».

Vous appelez de vos vœux ce que vous nommez une « politique de civilisation ». Quelle place le christianisme peut-il tenir dans celle-ci ?

Le phénomène de déchristianisation propre à notre modernité et au développement du mythe du progrès n’a été rien d’autre, à bien l’examiner, qu’un christianisme inversé. Il a correspondu à ce moment de l’histoire – la sécularisation – où les grands thèmes théologiques ont été non pas abandonnés mais retranscrits sous une forme profane. De ce point de vue, il est parfaitement exact de dire que capitalisme et communisme qui se disputent le monopole de l’idéologie du progrès depuis le XIXe siècle, relèvent d’idées chrétiennes ramenées sur terre, de ces « idées chrétiennes devenues folles » dont parlait Chesterton. D’un côté, la prédestination protestante. De l’autre, le déterminisme marxiste. D’une part, l’obéissance à la volonté divine jusqu’à la négation de la liberté humaine. D’autre part, l’amour de l’homme jusqu’à la mort de Dieu. La ruine de ces deux idéologies à la fois rivales et jumelles laisse le champ libre à une politique de l’espérance. Le grand mystère chrétien laïcisé, désormais libéré de ces derniers avatars, se trouve disponible pour une autre incarnation, une autre aventure. Régis Debray notait que le fait majeur de la fin du XXe siècle aura été « la fin de la politique comme religion et le retour de la religion comme politique ». C’est vrai pour l’islam et nous ne le savons que trop. En France comme dans les pays qui formaient jadis la chrétienté, un État théologico-politique n’est nullement souhaitable. Mais nous disposons en revanche d’un patrimoine historique et spirituel dont peuvent renaître les déterminants directs de l’établissement. En d’autres termes, une politique de civilisation répondant à la volonté, de plus en plus manifeste, du peuple français, de retrouver en partage un monde commun de valeurs, de signes et de symboles qui ne demande qu’à resurgir à la faveur des épreuves présentes et des épreuves à venir.

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Vous citez dans l’épilogue de votre ouvrage cette phrase de Péguy : « Il faut que France, il faut que chrétienté continue ». Est-ce pour vous un programme politique ?

Métapolitique plutôt que politique. Par chrétienté Péguy entendait non pas tant une adhésion confessionnelle que cette amitié supérieure, cet assemblage unique au monde qui lie les Français entre eux, une fraternité authentique qui a façonné notre sociabilité nationale. L’invocation incantatoire et répétitive par la classe dirigeante des « valeurs républicaines » depuis que la vague terroriste s’est abattue sur la France, a eu au moins pour vertu de réveiller des pans entiers de la mémoire nationale. Lorsque François Hollande s’écrie « tuer un prêtre, c’est profaner la République » au lendemain de la décapitation du Père Hamel dans l’église de Saint-Étienne du Rouvray, au-delà d’une tentative dérisoire pour sacraliser la République – on ne peut profaner que ce qui est sacré – il profère un mensonge historique puisqu’aussi bien chacun sait que la République s’est fondée sur la persécution, la déportation et le massacre des prêtres. Plus que d’être restaurée, la République a besoin d’être réorientée et de retrouver son cours plus originel que l’absolu commencement qu’elle prétend être. Car ses « valeurs », qu’on le veuille ou non, procèdent d’une inspiration chrétienne, dénaturée et dévoyée certes, mais essentiellement chrétienne. On oublie trop aisément la dernière partie de sa devise initiale : « Liberté, égalité, fraternité ou la mort ». L’Évangile, par opposition, inaugure une fraternité vraie parce que gratuite, ni une fraternité d’extermination (« Sois mon frère où je te tue »), ni une fraternité d’inversion (« Sois mon frère et que je t’utilise »). On n’y est pas frère contre, on y est frère avec. C’est ce trésor inestimable que nous avons reçu en dépôt et qu’il nous faut maintenant défendre contre des mystiques venues d’ailleurs. Des mystiques qui sont la négation de notre esprit, de notre manière d’être et de vivre.

Vous dites que la réponse ne viendra pas de la politique ordinaire, mais d’une réforme intellectuelle et morale qui finira par surgir. En voyez-vous les prémisses ?

L’économiste américain Hirschman oppose les périodes où prédominent les intérêts à celles où excellent les valeurs. Au lendemain la présidence Sarkozy qui est apparue aux yeux de beaucoup comme la consécration d’une droite strictement identifiée à l’argent, d’une droite qui, au fil de l’histoire, avait subi une reductio ad pecuniam, une inflexion singulière s’est produite avec « La Manif pour tous ». Au-delà d’une protestation contre une réforme sociétale, ce mouvement s’est distingué par une profonde remise en cause de notre société exclusivement marchande et matérialiste. Ce qui était visé à travers la dénonciation du « mariage » homosexuel, c’était la complémentarité dialectique du capitalisme consumériste et du progressisme hédoniste. Ce fut d’abord et contre toute attente une insurrection contre le nouveau Mammon libéral-libertaire dont la loi Taubira n’aura été que l’un des multiples produits dérivés. Le fait politique majeur est là : pour la première fois depuis des lustres, une droite a défilé pour affirmer le primat du sacré sur le marché en se réappropriant la garde de l’être contre la société de l’avoir.

Ce n’est pas le cas de la droite de gouvernement qui, à en croire le débat des primaires, est sur une tout autre ligne que celle-là. Vous êtes très sévère avec cette droite que vous qualifiez de « droite situationnelle ».

La méprise dure depuis plus de deux siècles. Il ne suffit pas d’être classé à droite pour être de droite. C’est ce qui est arrivé au libéralisme qui n’était pourtant que l’une des déclinaisons de la philosophie des Lumières. On assiste, aujourd’hui, à un repositionnement des idéologies sur le spectre politique. Un temps fixé à droite, le libéralisme retourne à sa source originelle au terme de la trajectoire inverse de celle qu’il avait empruntée entre le XVIIIe et le XXe siècle. Longtemps, on a voulu distinguer comme pour le cholestérol entre un bon libéralisme (le libéralisme économique) et un mauvais (le libéralisme culturel ou sociétal). Ce distinguo n’a plus été possible dès lors que la financiarisation de l’économie a mis en évidence l’unité philosophique du libéralisme à travers ces deux faces complémentaires qui conduisent, dans une totalité dialectique, à étendre la logique de la marchandise à la sphère non marchande des activités humaines.

lequilibre-et-lharmonie-gustave-thibon.jpgGustave Thibon auquel vous avez consacré un film, met en évidence dans Diagnostics l’artificialité des notions de droite et de gauche dont il dit qu’elles « mutilent l’homme ». Quelle analyse portez-vous à la fois sur les propos de Thibon et sur la permanence malgré tout d’un système reposant sur le couple droite-gauche ?

Le diagnostic de Thibon porte sur la droite attachée à l’argent-chiffre, à l’argent-signe. Celle qui n’a jamais été, à travers l’histoire, autre chose qu’une force de conservation des privilèges des classes dominantes. Cette droite-là est, par définition, incapable de comprendre qu’avec l’avènement de l’économisme comme réenchantement du monde, quelque chose d’humain a pris fin selon le beau mot de Pasolini. Le fait marquant de ces dernières années réside dans l’apparition, au sein de ce qu’il est convenu d’appeler la droite, d’un mouvement antimoderne récusant le présupposé du libéralisme qui fait de la société une collection d’individus n’obéissant qu’aux lois mécaniques de la rationalité et de la poursuite de leur seul intérêt. Ce mouvement est en train de renouer, dans une fidélité inventive aux racines d’une droite plus originelle, avec l’idée qu’une société ne peut reposer exclusivement sur le contrat c’est-à-dire sur le calcul, mais sur l’adhésion à un projet qui fait d’elle une communauté. Le cycle ouvert par les Lumières est en train de se refermer. Nous ne sommes qu’à l’aurore d’une nouvelle ère et nous voudrions déjà cueillir les fruits de la maturité. En fait, nous ne supportons pas l’idée que ces grandes questions de civilisation ne reçoivent pas de réponse dans la temporalité qui est celle de nos vies humaines. Toutes les raisons d’espérer sont pourtant réunies. À commencer par celle qu’exposait le vers fameux d’Hölderlin : « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve ».

Patrick Buisson, La cause du peuple, Perrin, 464 p., 21,90 €.

vendredi, 08 juillet 2016

Einwanderung oder Souveränität

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Karl Albrecht Schachtschneider & Jost Bauch:

Einwanderung oder Souveränität

Karl Albrecht Schachtschneider & Jost Bauch sprechen über das Thema Einwanderung oder Souveränität, bei Quer-Denken.TV

vendredi, 08 janvier 2016

Seule la quête de souveraineté aura un avenir

Seule la quête de souveraineté aura un avenir

L’Allemagne à la fin de l’année 2015

par Karl Müller

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Minerva-Roma_Louvre_Ma1056.jpgDepuis un certain temps déjà, on polémique contre tout et tous ceux qui soulignent en Allemagne l’importance de la souveraineté nationale. Cette polémique s’est renforcée massivement au cours des dernières semaines et fait preuve – de la part de la politique dominante établie et de quelques institutions publiques – de paroles et d’actes de tendances clairement discriminatoires et illicites. Il faut donc aussi prendre en considération que l’on entreprend des «opérations sous de fausses bannières» suite à des motivations de politique intérieure.


Cette dureté n’est rien d’autre qu’un signe d’une faiblesse incontestable. Un regard sur les résultats de la politique, ayant constamment remis en question la souveraineté nationale au cours des derniers 25 ans, montre une longue liste de violence et d’injustice que nous n’allons pas présenter à nouveau ici.
La polémique contre l’idée de la souveraineté nationale détourne sciemment de la quête pour la souveraineté nationale.


Karl Albrecht Schachtschneider dans son livre «Die Souveränität Deutschlands. Souverän ist, wer frei ist» [La souveraineté de l’Allemagne. Rester libre, c’est être souverain] (ISBN 978-3-86445-043-3, paru en 2012) a analysé très clairement et de manière détaillée, pourquoi il est indispensable que la quête de la souveraineté fasse partie de la dignité et de la liberté de l’être humain. Son livre commence ainsi: «La défense de la souveraineté des Etats nationaux contre la suprématie mondiale post-nationale est la profession actuelle de ceux qui ne veulent pas abandonner la liberté des citoyens en tant qu’êtres humains. La souveraineté c’est la liberté. Elle ne peut devenir réalité que dans les Etats de droit, dans les démocraties et dans les Etats sociaux, donc dans les Républiques.» Et il termine son livre par les mots suivants: «Si l’Allemagne n’est pas souveraine, alors c’est qu’un autre Etat ou une communauté d’Etats, une personne ou un groupe de personnes ou quelque autre pouvoir règne sur l’Allemagne.» Un homme politique, qui ne respecte pas la souveraineté, «n’agit pas comme un représentant du peuple allemand. Sa politique ne sert pas au bien-être du peuple allemand, ne multiplie pas les avantages mais nuit au peuple, ne respecte et ne défend ni la Loi fondamentale ni les lois fédérales, il n’exerce pas ses devoirs consciencieusement et n’applique pas la justice envers chacun, comme cela lui est demandé selon le serment qu’il a prêté (art. 64 al. 2 et art. 56, al. 1 de la Loi fondamentale). Mais il sert à des intérêts étrangers. Ceci ne peut plus être dissimulé.»


Ces «intérêts étrangers» sont illustrés quotidiennement dans la politique allemande: de TTIP à la guerre en Syrie, des dites réformes scolaires à la nouvelle définition de toutes les valeurs fondamentales du vivre-ensemble. Déconstruction et chaos sont programmés. Troubles et injustices. Recherche du pouvoir de quelques-uns. Gouvernance internationale au lieu d’un Etat de droit démocratique et libéral. Rentabilité du marché radical à tout prix au lieu du bien commun. Mise sous curatelle du citoyen et sa transformation humiliante en un «homo oeconomicus» stupide. Dictature au lieu de démocratie. Là aussi la liste est longue et terrible.


70 ans après la Seconde Guerre mondiale et la création des Nations Unies et l’adoption de sa Charte, le monde du marché radical et impérialiste piétine les acquis fondamentaux de la communauté mondiale. Cela ne peut avoir d’avenir!


souvD.jpgA propos: les Etats nationaux souverains étaient et sont naturellement en mesure de trouver des accords internationaux et de conclure des contrats face à des tâches transfrontalières. Ils sont capables de trouver des solutions correspondantes à la volonté des peuples concernés. Des traités ayant des partenaires contractuels égaux en droits et souverains, suivant les principes de la bonne foi – qui peuvent cependant aussi être annulés et renégociés si les peuples le désirent.


La question reste ouverte de savoir pourquoi on polémique aussi durement contre l’idée de la souveraineté nationale et ses représentants. L’équation, souveraineté nationale égal nationalisme égal chauvinisme et racisme égal injustice, violence et discorde n’a jamais correspondu à la réalité. Ce qui dérange c’est la souveraineté nationale, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et l’égalité des Etats nationaux dans les relations internationales et dans la politique internationale, si quelqu’un veut remodeler et dominer des continents entiers ou même le monde entier selon ses idées – que ce soit pour des raisons idéologiques, matérielles ou de politique de force.


La pleine souveraineté d’un pays comme l’Allemagne ne peut pas être atteinte d’un jour à l’autre. Mais tout citoyen est appelé à contribuer sans attendre aux bons choix pour l’avenir du pays.    •

mercredi, 24 juin 2015

Faire revivre l’idée de la souveraineté

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Faire revivre l’idée de la souveraineté

Un monde multipolaire a besoin de règles pour une vie commune en paix

par Karl Müller

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Le fait que l’âge d’une «puissance mondiale unique» est passé est indéniable. Il est bien évident que le monde est devenu «multipolaire», qu’il n’y a donc plus de puissance hégémonique dominant le monde entier. La Chine, la Russie, les nations de l’Amérique latine, l’Asie et aussi l’Afrique ne suivent plus les instructions de Washington. Même en Europe il y a de plus en plus de voix qui exigent davantage d’autonomie.


Le livre récemment paru de Wilfried Scharnagel, ancien rédacteur du journal de la CSU bavaroise et intime de l’ancien président du parti Franz Josef Strauss, montre bien cela. Le livre vaut la lecture. Déjà son livre paru en 2012 «Bayern kann es auch allein. Plädoyer für den eigenen Staat» a rencontré beaucoup d’attention. La nouvelle parution est intitulée «Am Abgrund. Streitschrift für einen anderen Umgang mit Russland». Ce livre ne se distingue pas seulement par une considération de la politique russe axée sur la compréhension mais aussi par une critique solide en particulier de la politique des Etats-Unis et de la politique européenne et allemande qui se soumet aveuglément aux directives de Washington.


Cependant la transition vers un monde multipolaire n’a pas encore rendue notre monde plus sûr et pacifique. La situation en Ukraine et maintenant aussi en Macédoine – pour nous Européens les foyers de tensions les plus proches – le montre clairement. Pour tous ces deux pays, l’issue du développement reste encore ouverte. Il n’y a pourtant aucun doute que les pertes humaines au cours de ces explications violentes seront irréparables. Les morts en Ukraine et en Macédoine ne pourront pas être ressuscités. Seuls des charlatans et des risque-tout y voient les dégâts collatéraux d’un changement historique mondial.


Le fait que le gouvernement macédonien accepte maintenant des élections anticipées et suspend l’accord de tracement du gazoduc russo-turc «Turkish Stream» en le conditionnant d’un contrat entre l’UE et la Russie, peut être qualifié de manière différente. Mais il est sûr que le développement est en constante évolution, et que l’issus pour la Macédoine reste également incertaine.


Il y a des activistes des «droits de l’homme» qui dessinent la situation en Macédoine sous les couleurs les plus sombres. Un exemple en est la contribution de Xhabir Deralla dans le magazine de l’Europe de l’Est Ostpol du 20 mai. De telles voix secondent une UE qui réclame la supervision de la Macédoine – bien que la Macédoine ne soit pas du tout membre de l’UE. Il est significatif que le commissaire de l’UE Johannes Hahn, qui entame les négociations avec le gouvernement et l’opposition, en Macédoine, déclare après le repli du gouvernement macédonien, qu’une «perspective euro-atlantique» persisterait pour le pays («Neue Zürcher Zeitung» du 3/6/15). On devine par le biais de quels clichés (nous = UE + USA) on pense encore à Bruxelles.


S’y ajoute l’influence directe et massive des Etats-Unis sur les événements en Macédoine comme sur l’ensemble des Balkans européens. La lecture de l’analyse très révélatrice publiée le 4 juin «Mazedonien im Visier» [«La Macédoine dans la ligne de mire»] (https://buergerstimme.com/Design2/2015/06/mazedonien-im-visier/) est recommandée. Citons-en seulement un passage significatif: «Une place énorme sur la colline qui domine la ville, est réservée à l’ambassade américaine. A part les bâtiments visibles d’une taille impressionnante, l’ambassade s’étend encore à huit étages souterrains qui ont été construits par les Américains. Les habitants de Skopje comparent le bâtiment modeste à deux étages de l’ambassade de la Fédération de Russie, situé entre une maison et un hôtel dans une rue latérale, à un kayak face au porte-avions de l’ambassade américaine.»


De l’autre côté on peut lire chez «Sputniknews», agence de presse russe, du 3 juin: «Turkish Stream: les Européens cherchent à s’attirer la connexion pipeline» Si c’est juste, ce qu’on rapporte, le gouvernement russe peut attendre en toute tranquillité l’évolution. Il y a différentes alternatives à un tracement à travers la Macédoine. Beaucoup d’Etats européens convoitent toujours le gaz russe.


Comment le conflit évoluera dans le monde multipolaire actuel reste ouvert. Ce n’est pas une perspective d’attendre jusqu’à ce que le plus fort s’impose ou que les problèmes disparaissent. Il faut par contre réfléchir d’urgence pour trouver, formuler et fixer des règles acceptées de tous les côtés et garantissant une coexistence pacifique.


Déjà pendant la Seconde Guerre mondiale et avant tout dans les semaines qui ont suivi la fin de la guerre en Europe, beaucoup de responsables du monde entier se sont investis – après l’échec de la Société des Nations – pour la deuxième fois dans la création d’une base d’un monde multipolaire qui soit pacifique, pour éviter une répétition des horreurs de la Seconde Guerre mondiale. Les responsables du monde ne sont pas partis de l’idée d’un gouvernement mondial tout-puissant, mais de nations souveraines qui se mettent d’accord sur les bases du futur ordre mondial tout en respectant différents systèmes politiques et organisations de sociétés. La Charte des Nations Unies du 26 juin 1945 est l’expression de ce principe en dehors de toute prétention au pouvoir des puissances victorieuses de la guerre.


Qu’est-ce que le monde avait appris par les deux guerres mondiales? C’était la liberté de choix des peuples, c’était la souveraineté des citoyens et des Etats qui avaient été piétinées pendant les guerres. Ceci ne devrait plus jamais arriver. La reconnaissance du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et de la souveraineté et intégrité de l’Etat est un trait de caractère essentiel d’un ordre mondial pacifique et juste. Cela devraient constituer les éléments de base du droit international moderne.


Mais encore 45 ans plus tard, après la fin de la guerre froide, ces principes n’ont toujours pas pris vie, comme cela aurait été possible, par exemple grâce aux approches prometteuses de la Charte de Paris. Au lieu de cela, l’Ouest se considérant comme gagnant de la guerre froide, a parlé d’une «fin de l’histoire» ce qui réaffirmait son hégémonie durable en dépit de tout droit. Par la suite, le droit international fut rompu à plusieurs reprises par l’alliance occidentale (USA + OTAN + UE).


Mais malgré la transition au monde multipolaire au XXIe siècle, il n’y a jusqu’à présent pas de garant sûr et partout accepté du droit international, du droit à l’autodétermination et de la souveraineté.


 L’Ukraine et la Macédoine montrent en outre que des gouvernements corrompus sont particulièrement réceptifs à des «révolutions de couleur». Les stratèges à l’arrière-plan peuvent renouer avec la critique justifiée des citoyens pour donner de l’eau à leurs propres moulins. Mais cela ne justifie en aucun cas de montrer les autres du doigt. Tout au contraire: quel gouvernement actuel peut prétendre qu’il n’a pas de secrets honteux à cacher? D’autant plus il faut le citoyen souverain qui prenne soin de l’ordre dans son entourage et sa communauté, avant qu’on lui impose «un nouvel ordre» qui sert les intérêts d’autrui. Si le droit à l’autodétermination des peuples fait sans conteste partie intégrante de la souveraineté de l’Etat, il faut que le citoyen souverain se considère comme le point de départ et porteur de la souveraineté de sa communauté, de son Etat, de sa nation et se comporte conformément.
Mais aussi les gouvernements de la communauté des Etats ne doivent plus continuer à assister sans rien faire à la lutte des grandes-puissances avides de pouvoir et causant déjà maintenant d’immenses dégâts. Tous les gouvernements du monde doivent en appeler au droit international et s’engager pour que le nouveau monde multipolaire obtienne un ordre pacifique de liberté et la souveraineté.     •

 «En outre, il s’agit – mot-clé ‹ordre mondial› – d’un nouvel esprit et d’un nouveau cadre solide entre l’Est et l’Ouest. On aurait pu mettre un terme à la querelle au sujet des pactes militaires au moment du tournant historique il y a un quart de siècle. On l’a raté. Maintenant, on doit, malgré ce retard inutile, créer un nouvel ordre de paix dans un nouveau monde. L’abîme d’un danger de guerre, comme actuellement la querelle au sujet de l’Ukraine, ne doit plus jamais se rouvrir. L’Europe et l’Amérique d’un côté, et la Russie de l’autre, doivent trouver une base d’équilibre durable entre les intérêts et de collaboration basée sur la confiance.»

Wilfried Scharnagl

vendredi, 19 juin 2015

Die Idee der Souveränität wieder mit Leben füllen

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Die Idee der Souveränität wieder mit Leben füllen

Eine multipolare Welt braucht Regeln für ein friedliches Zusammenleben

von Karl Müller

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Die Tatsache, dass das Zeitalter der «einzigen Weltmacht» vorüber ist, ist nicht mehr von der Hand zu weisen. Es ist nicht mehr zu übersehen, dass die Welt «multipolar» geworden ist, es also keine Hegemonialmacht mehr mit Zugriff auf die ganze Welt gibt. China, Russland, die Staatenwelt Lateinamerikas, Asiens und auch Afrikas folgen nicht mehr den Vorgaben aus Washington. Selbst in Europa mehren sich Stimmen, die mehr Eigenständigkeit fordern.


Augenfällig zeigt dies ein vor kurzem erschienenes und sehr lesenswertes Buch des langjährigen Chefredakteurs der Parteizeitung der bayrischen CSU und engen Vertrauten des ehemaligen Parteivorsitzenden Franz Josef Strauss, Wilfried Scharnagl. Scharnagl hatte schon mit seinem 2012 erschienenen Buch «Bayern kann es auch allein. Plädoyer für den eigenen Staat» viel Aufmerksamkeit gefunden. Sein neues Buch hat den Titel «Am Abgrund. Streitschrift für einen anderen Umgang mit Russland». Dieses Buch zeichnet sich nicht nur durch eine nachdenkenswerte und um Verstehen bemühte Betrachtung der Politik Russlands, sondern auch durch eine solide Kritik insbesondere an der Politik der USA und an einem blinden Gehorsam der EU- und der deutschen Politik gegenüber den Direktiven aus Washington aus.


Indes hat der Übergang zu einer multipolaren Welt unsere Welt noch nicht sicherer und friedlicher gemacht. Dies zeigt – für uns Europäer räumlich am nächsten gelegen – die Situation in der Ukraine und nun auch in Mazedonien. Für beide Länder ist der Ausgang der Entwicklung derzeit offen. Nicht offen ist hingegen, dass die Auseinandersetzungen eine Heftigkeit haben, die nie wieder gutzumachende menschliche Opfer fordert. Die Toten in der Ukraine und in Mazedonien können nicht wieder zum Leben erweckt werden. Nur Scharlatane und Hasardeure sehen darin Kollateralschäden eines weltgeschichtlichen Wandels.


Dass die mazedonische Regierung nun doch vorgezogenen Neuwahlen zugestimmt und das Einverständnis mit einer Trassenführung für die russisch-türkische Gaspipeline «Turkish Stream» doch auf Eis gelegt und von einem Vertrag zwischen der EU und Russland abhängig gemacht hat, kann man verschieden bewerten. Sicher aber ist, dass die Entwicklungen im Fluss sind und auch für Mazedonien keiner mit Gewissheit sagen kann, was morgen sein wird.


Es gibt «Menschenrechts»-Aktivisten, die die Situation in Mazedonien in den dunkelsten Farben malen. Ein Beispiel ist ein Beitrag von Xhabir Deralla im Osteuropamagazin Ostpol vom 20. Mai. Solche Stimmen sekundieren eine EU, welche die Oberaufsicht über Mazedonien beansprucht – obwohl Mazedonien noch gar kein EU-Mitglied ist. Bezeichnend ist, dass der die Verhandlungen mit Regierung und Opposition in Mazedonien führende EU-Kommissar Johannes Hahn nun, nach dem Einknicken der mazedonischen Regierung, von einer weiter bestehenden «euroatlantischen Perspektive» («Neue Zürcher Zeitung» vom 3. Juni) für das Land sprach. So deutet sich an, in welchen Denkschablonen (Wir = EU + USA) in Brüssel noch gedacht wird.


Hinzu kommt der wohl massive direkte Einfluss der USA auf die Geschehnisse in Mazedonien wie auf dem gesamten europäischen Balkan. Man lese dazu die am 4. Juni veröffentlichte und sehr aufschlussreiche Analyse «Mazedonien im Visier» (https://buergerstimme.com/Design2/2015/06/mazedonien-im-visier/). Hier sei nur ein Zitat wiedergegeben, das bezeichnend ist: «Einen riesigen Platz auf dem Hügel, der die Stadt beherrscht, hat die US-Botschaft für sich genommen. Neben den sichtbaren Objekten von beeindruckender Grösse erstreckt sich die Botschaft noch acht Stockwerke unter der Erde, die von den Amerikanern gebaut wurden. Die Bewohner von Skopje lästern, dass das bescheidene zweistöckige Gebäude der Botschaft der Russischen Föderation, das zwischen einem Wohnhaus und einem Hotel in einer Seitenstrasse liegt, eher an ein Paddelboot gegenüber dem amerikanischen Flugzeugträger von Botschaft erinnert.»


Andererseits ist bei «Sputniknews», der russischen Nachrichtenagentur, am 3. Juni zu lesen: «Turkish Stream: Europäer buhlen um Pipeline-Anschluss.» Wenn es stimmt, was hier berichtet wird, kann die russische Regierung in aller Ruhe die Entwicklung abwarten. Es gibt verschiedene Alternativen zu einer Trassenführung durch Mazedonien. Nach wie vor begehren viele europäische Staaten das russische Gas.
Wie der anhaltende Konflikt in der gegenwärtigen multipolaren Welt weitergehen wird, ist offen. Darauf zu warten, dass sich der Stärkere durchsetzt oder die Probleme schon von alleine lösen, kann keine Perspektive sein. Im Gegenteil, ganz dringend braucht es Überlegungen, wie von allen Seiten akzeptierte Regeln gefunden, formuliert und festgeschrieben werden, die auch in dieser Welt ein friedliches Zusammenleben ermöglichen und garantieren.


Schon während des Zweiten Weltkriegs und dann vor allem in den Wochen nach dem Ende des Krieges in Europa waren viele Verantwortliche in der Welt – nach dem gescheiterten Völkerbund – zum zweiten Mal darum bemüht, eine Grundlage dafür zu schaffen, dass die Welt auch unter den Bedingungen der Multipolarität eine friedliche bleibt beziehungsweise wird und dass ein Schrecken wie der des Weltkriegs künftig vermieden wird. Die führenden Köpfe der Welt gingen damals nicht von einer diktatorisch herrschenden Weltregierung mit Allmacht aus, sondern von souveränen Nationen, die sich über die Grundlagen der kommenden Weltordnung – bei allem Respekt vor unterschiedlichen ­politischen Systemen und Gesellschaftsordnungen – einig sind. Dieses Prinzip bringt – bei allem Tribut an die Herrschaftswünsche der Siegermächte des Krieges – die Charta der Vereinten Nationen vom 26. Juni 1945 zum Ausdruck.


Was hatte die Welt aus beiden Weltkriegen gelernt? Es war das Selbstbestimmungsrecht der Völker, es war die Souveränität der Bürger und der Staaten, die während der Kriege mit Füssen getreten worden waren. Dies sollte nie mehr geschehen. Als unverzichtbarer Wesenszug einer friedlichen und gerechten Weltordnung galt deshalb die Anerkennung des Selbstbestimmungsrechts der Völker und der staatlichen Souveränität und Integrität. Das sollten die Wesensbestandteile des modernen Völkerrechts sein.
Aber auch 45 Jahre später, nach dem Ende des Ost-West-Konfliktes wurden diese Prinzipien nicht mit vollem Leben gefüllt, so wie es möglich gewesen wäre und wofür es, zum Beispiel mit der Charta von Paris, auch vielversprechende Ansätze gab. Statt dessen sah sich der Westen als Sieger des Kalten Krieges, sprach von einem «Ende der Geschichte» und meinte damit seine dauerhafte und alles Recht ignorierende Alleinherrschaft. In der Folge wurde vom westlichen Bündnis (USA + Nato + EU) das Völkerrecht immer wieder gebrochen.


Aber auch mit dem Übergang zur multipolaren Welt im 21. Jahrhundert gibt es bislang keinen sicheren und allseits akzeptierten Garanten des Völkerrechts, des Selbstbestimmungsrechts und der Souveränität.


Die Ukraine und Mazedonien zeigen zudem, dass korrupte Regierungen besonders anfällig für «farbige Revolutionen» sind. Die Strategen im Hintergrund können an berechtigte Kritik der Bürger anknüpfen und diese in ihre Bahnen lenken. Dies ist kein Grund, auf andere mit dem Finger zu zeigen. Im Gegenteil: Welche derzeitige Regierung kann von sich behaupten, keine «Leichen im Keller» zu haben? Um so mehr braucht es den souveränen Bürger, der in seinem Umfeld und seinem Gemeinwesen für Ordnung sorgt, bevor ihm eine «neue Ordnung» aufgezwungen wird, die den Interessen anderer dient. Wenn das Selbstbestimmungsrecht der Völker unverzichtbar zur staatlichen Souveränität gehört, dann braucht es vor allem den souveränen Bürger, der sich als Ausgangspunkt und Träger der Souveränität seines Gemeinwesens, seines Staates, seiner Nation sieht und verhält.


Aber auch die Regierungen der Staatengemeinschaft dürfen nicht länger dabei zuschauen, wie Grossmächte um Macht und Einfluss ringen und dabei Schäden hervorrufen, die jetzt schon immens sind. Alle Regierungen der Welt müssen dazu aufrufen und sich dafür einsetzen, dass wir zum Völkerrecht zurückkehren und die neue multipolare Welt eine Friedensordnung der Freiheit und der Souveränität erhält.    •

«Darüber hinaus geht es – Stichwort Weltordnung – um einen neuen Geist und einen neuen tragenden Rahmen zwischen Ost und West. Der Streit um Militärbündnisse hätte bei der historischen Wende vor einem Vierteljahrhundert beendet werden können. Das wurde versäumt. Jetzt muss, wenn auch mit überflüssiger Verspätung, endlich eine neue Friedensordnung in einer neuen Welt geschaffen werden. Der Abgrund einer Kriegsgefahr darf sich, wie jetzt im Streit um die Ukraine, nie wieder auftun. Eu­ropa und Amerika auf der einen und Russland auf der anderen Seite müssen ein Fundament für einen dauerhaften Interessenausgleich und ein vertrauensvolles Miteinander finden.»

Wilfried Scharnagl

dimanche, 27 juillet 2014

Mistral russes et souveraineté nationale

 

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Mistral russes et souveraineté nationale

par Jean-Paul Baquiast
 
Ce matin 22 juillet, François Hollande (selon l'Elysée) et sur France Inter Xavier Bertrand, député UMP et candidat à l'élection présidentielle, ont confirmé leur volonté de voir la France ne pas tenir compte des inadmissibles injonctions américaines lui enjoignant de ne pas livrer à la Russie les deux BPC Mistral déjà acquis et en cours l'un de remise à son équipage russe et l'autre en finition. L'un et l'autre ont souligné, en termes quasi gaulliens, termes malheureusement sur d'autres sujets passés de mode aujourd'hui, que la souveraineté nationale, et pas seulement de futurs contrats militaires, était en jeu dans cette affaire.

 

Les pressions des Américains, relayés par leurs fidèles suiveurs les Britanniques, tiennent pour acquises les affirmations d'Obama selon lesquelles le crash de l'avion de la Malaysian avait été provoqué, directement ou indirectement, par Vladimir Poutine. Ceci non seulement alors que des causes différentes, pouvant impliquer l'Amérique, ont été évoquées, mais alors qu'une enquête internationale qu'il faut espérer objective est en cours, les boites noires de l'appareil étant désormais soumises à examen.

A supposer même que cette enquête montre une responsabilité des ukrainiens pro-russes, François Hollande et Xavier Bertrand ont à juste titre souligné qu'il n'appartient ni aux Etats-Unis ni à l'Otan ni à tout autre pays, de décider à la place de la France ce que doit être sa politique internationale, en cette occurrence comme en tous autres domaines.

Souhaitons que, malgré le véritable chantage s'exerçant sur la France pour la sommer de mettre fin à ses relations avec la Russie, le gouvernement comme l'opposition tiendront bon. Si ce n'était pas le cas, c'est alors qu'une manifestation bleu-blanc-rouge devrait se tenir sur les Champs Elysées pour rappeler nos dirigeants à leurs devoirs.

 
 

22/07/2014

mercredi, 18 juin 2014

S.A.R. Don Sixto Enrique de Borbón: La voluntad rusa de independencia nos ayudará a reencontrar la nuestra

 

Sixto+Enrique+de+Borbon.jpgS.A.R. Don Sixto Enrique de Borbón, heredero legítimo del trono español, es hombre de convicciones profundas. Firme defensor de la tradición católica, es por completo ajeno a la imagen que esta época desarraigada quiere dar de la nobleza en general y de los príncipes en particular. Ligado a las principales dinastías de Europa, viajero infatigable, enrolado primero en la legión española y luego en el ejército portugués en Angola, S.A.R. Don Sixto Enrique conoce de cerca la política, es un conferenciante de reconocido prestigio y un consejero escuchado que se ha encargado muchas misiones de mediación en numerosos países.

Señor ¿qué os une a Rusia? ¿Por qué os interesa?

¡Miguel Strogoff! Desde que de pequeño leí Miguel Strogoff, amo a Rusia – y eso que Julio Verne nunca estuvo en Rusia. A partir de esa lectura, he intentado hacer más profunda mi simpatía. Hoy tengo muchas razones para amar a ese gran país: por su extensión, su espacio inmenso (con Siberia, por supuesto); por la cualidad intrínseca de una población, que tras 70 años de comunismo ha vuelto a su espiritualidad de otro tiempo; por las reservas minerales, que son riquezas importantes todavía no verdaderamente utilizadas, pero que le garantizan una independencia verdadera; por sus tradiciones nacionales: la iglesia, el recuerdo de la familia imperial. En su población subsiste un instinto natural de resistencia que nosotros hemos perdido.

Es interesante observar cómo las reflexiones, los comentarios, los análisis de la prensa y de los medios occidentales, que eran muy amistosos con el régimen soviético, han dejado de serlo por completo, ahora que la libertad ha vuelto a Rusia; y se han vuelto, por el contrario, humorísticos, sarcásticos, calumniosos… Incluso se nos vuelve a hacer la broma de mal gusto de la supuesta guerra fría, que fue de una invención no menos artificial que la primavera árabe de hoy en día: en realidad, el capitalismo occidental se beneficiaba de la presencia del régimen soviético, que le evitaba tener que competir con una Rusia reencontrada y reconstituida.

Es una vieja historia que se remonta a antes de la Primera Guerra mundial: hacía 1900, Inglaterra observó que había dos países que desarrollaban una dinámica industrial muy importante: la Alemania de Guillermo II y la Rusia de Nicolás II con su notable primer ministro, Stolypine. Si dejaba que esta dinámica industrial siguiera adelante en estos países, sus nuevas industrias exportarían sus productos por todas partes del mundo, haciendo la competencia al comercio inglés, y se verían empujados a desarrollar una marina comercial competente, que también competiría con la marina comercial británica. Inglaterra no quería en modo alguno esta competencia, y por ello deseó la guerra y hasta la provocó en cierto sentido – incluso si el elemento desencadenante de este conflicto, urdido mucho antes, fue, como es sabido, el asesinato del archiduque austriaco Francisco-Fernando. La estrategia inglesa consistió en crear una tensión cada vez más fuerte entre Alemania y Rusia para empujarles a la guerra. Conocida es la monstruosa matanza que resultó de ello, un genocidio dictado por intereses menos estratégicos que económicos. En Rusia, la revolución, resultado de la guerra, tomó el poder en 1917, con el apoyo de las finanzas y de los grandes bancos occidentales, y se impuso el régimen soviético que produjo los horrores de todos conocidos. Rusia también ha sido martirizada en beneficio de una estrategia internacional, financiera y totalmente inhumana.

Casi un cuarto de siglo después del fin de la unión soviética ¿qué cambios se han producido?

Yo no esperaba que el régimen soviético hiciera implosión tan pronto como lo hizo, fue una buena sorpresa. Pero después de 70 años de aplastamiento psicológico sufrido por tres generaciones, Rusia ha encontrado milagrosamente un renacimiento espiritual impresionante. En el ejército, ningún regimiento emprende la marcha hacia el Caúcaso sin que le acompañe un capellán. En todas partes las iglesias se reconstruyen y en su interior se juntan todas las generaciones sin distinción. Amo esa iglesia ortodoxa, magnífica, con los coros más bellos que quepa encontrar y ¡ese fervor! El país reencuentra sus virtudes iniciales y su poder internacional, no solamente político y estratégico, sino también económico y comercial.

Esta Rusia, que conocí en la época soviética, hoy la he vuelto a encontrar, pero liberada, y la miro con una simpatía tanto más grande cuanto su voluntad de mantener su independencia nos ayudará a nosotros mismos a reencontrar nuestra propia independencia amenazada por la penetración anglosajona. Por eso, cuando voy a Rusia intento hacer ver a los rusos que no respondemos a la idea que la estrategia de nuestros gobiernos podría dar de nosotros.

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A Vladimir Putin se le señala hoy con el dedo como al lobo feroz de Europa. Procedente en su origen del KGB, y más tarde consejero de Boris Eltsine, ha dirigido la Seguridad Pública antes de presidir el gobierno de Rusia y luego la Federación Rusa. Ha devuelto a su país el rango de gran potencia ¿Ha restaurado Rusia?

Al menos la está restaurando. En cuanto a su recorrido vital, el KGB era el equivalente de la ENA en Francia; la élite del país tenía que pasar por él. Putin pasó, pues, por el KGB, y después recibió el apoyo del alcalde de San Petersburgo, Sotchak, que lo descubrió, con mucha penetración y psicología, y le ayudó mucho en su promoción primero en San Petersburgo y después en Rusia. Es el único que, en razón de su carácter, y de la importancia de su país puede poner en jaque, gracias a la firmeza de su postura, la comunicación y la complicidad americana y europea, mezcla de liberalismo y de socialismo.

Mi único temor se centra en el perfil de su primer ministro, cuando veo el papel menos positivo que juega. En la época de la guerra de Libia, Medrvedev, que por entonces era Presidente, se mostró abierto a las sugerencias de los diferentes grupos internacionales, como la comisión trilateral, Paneuropa, el Bilderberger, etc.

¿No se debe esto a un reparto de papeles con Putin?

Oficialmente, sí.

¿Qué incita a los europeos desear la picota para Putin?

La Unión Europea es un engendro completamente artificial; ha hecho creer a cada una de las naciones adheridas a ella, que, por su virtud, los europeos serían más competitivos en comparación a los Estados Unidos. Lo que se ha producido ha sido exactamente lo contrario. Al introducir a Inglaterra hemos instalado el caballo de Troya americano en Europa. Es evidente que el mundo anglosajón, Inglaterra o Estados Unidos, no puede aceptar de ninguna manera que el mundo tal como lo concibe no obedezca a sus normas, a sus reglas. Y Rusia es el único país que actualmente puede permitirse esta excepción, esta reacción -quizá con Hungría, cuyo primer ministro me resulta muy simpático.

Tras la vuelta de Crimea al seno de Rusia, el discurso occidental da a entender que Vladímir Putin no va a pararse ahí. ¿Creéis que tenemos que vérnoslas con una Rusia “imperialista”?¿Qué otra política podría hacerse por relación a ese país, fuera de la que actualmente se lleva a cabo?

¡Simplemente, reconocer a Rusia sus fronteras históricas! Hay que redefinir geográficamente Ucrania, que carece de unidad: su parte oeste, desde el Dniéper, ha estado bajo el control austriaco durante mucho tiempo y se llamaba la Galicia. Su población era uniata, convertida al catolicismo, y siempre han existido tensiones entre los uniatas y los ortodoxos tradicionales. Por el contrario, la Ucrania oriental siempre ha sido rusa. Es incluso la matriz de Rusia: el gran príncipe Vladimir partió de Kiev para fundar Moscovia. Entre Rusia y esta Ucrania oriental hay una unión completa bajo todo punto de vista. Crimea, incorporada por Catalina II y Potemkin en el siglo XVIII, sigue siendo el principal pulmón de Rusia en el mar negro.

Cuando a Kruschtchev, que era ucraniano, se le ocurrió dar una autonomía a Ucrania, pretendía obtener dos representantes de la Unión Soviética en la ONU: Rusia y Ucrania. Era un pretexto evidentemente artificial, pero que interesaba a los soviéticos en aquella época. Ahora eso se ha vuelto contra Rusia. Las protestas de los países, que aparentan revestirse de virtud ultrajada porque Rusia recupera sus posiciones históricas y naturales, son inaceptables y en particular la de los Estados Unidos que, en otro tiempo, ¡invadieron Nuevo Méjico, Arizona y California, y atacaron a España en 1890 para hacerse con Cuba y Filipinas!

También se puede evocar el problema en Moldavia y Transnistria, territorio cuya población actual está casi únicamente compuesta de rusos que fueron deportados allí por Stalin, según creo, y que quieren ser reconocidos como rusos. No hay que olvidar, en todo caso, que en la capital ucraniana de Kiev se encuentra el “vaticano ortodoxo”: un soberbio conjunto de catedrales e iglesias donde se recoge verdaderamente toda la historia de la ortodoxia rusa.

Entrevista realizada por Eric Letty

Monde & vie. 9 de abril de 2014

Fuente: Carlismo

dimanche, 11 mai 2014

Puissance et souveraineté...

Puissance et souveraineté...

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Claude Empereur, cueilli sur le site Europe solidaire et consacré à la nécessité pour l'Europe de rechercher la puissance  et la souveraineté...

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

 

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Puissance et souveraineté

Les prochaines élections européennes risquent de se traduire par une nouvelle diminution des capacités de puissance et de souveraineté dont dispose l'Union Européenne. En France, la démission des Pouvoirs Publics face au démantèlement annoncé de l'entreprise Alstom ne fait que confirmer cet inquiétant pronostic

La perspective des élections européennes, la négociation sur l'Accord de partenariat transatlantique, dans un climat général de méfiance envers les institutions européennes ,  devraient inciter médias et responsables politiques à s'interroger sur les concepts de puissance , d'indépendance et de souveraineté appliqués à la construction de l'Union Européenne et à rompre enfin avec une stratégie d'évitement sémantique qui à prévalu jusqu'à maintenant dans l'expression de ces concepts.

La question de la puissance de l'Europe est essentielle mais à deux conditions :
-    Que les Européens s'entendent sur son contenu,
-   Qu'ils la considèrent non comme une fin en soi mais comme l'élément  d'un concept plus riche : la souveraineté européenne.

Si la réconciliation des Européens avec la puissance est une nécessité,  l'impératif essentiel reste la conquête de la souveraineté,  c'est-à-dire la volonté de maitriser un  destin collectif. La puissance  n'est qu'un élément de la souveraineté, un chemin d'accès. Elle n'a pas de valeur en soi. C'est un concept relatif, au contraire la souveraineté est un concept absolu.
La puissance se définit par  un contenu, la souveraineté  par une vision.

 La puissance : quel contenu ?

Depuis  des années les responsables  politiques  comme  les médias ne cessent d'invoquer,   en toutes circonstances, à temps et à contretemps, la notion d'  « Europe puissance ». Rares sont ceux qui se hasardent à en définir le contenu. Pire,  les dirigeants  de l'Union Européenne, effrayés à l'idée d'être accusés d'exprimer ne serait ce que l'esquisse de la moindre volonté de puissance, intention qui pourrait les renvoyer « aux âges sombres de notre histoire », se sont ingéniés à affirmer, pour preuve de leur bonnes intentions, une volonté d'impuissance exemplaire. Ils croient devoir ainsi quémander l'approbation du reste d'un monde pourtant engagé dans une compétition multipolaire acharnée, dont le ressort est précisément l'expression de la puissance  sous toutes ses formes.

Or, aujourd'hui rien ne permet de penser que les Etats membres de l'Union :
-    se font la même idée de la puissance, de son usage et de sa finalité,
-    sont d'accord sur ses différentes composantes,
-    partagent une vision commune de la manière de les hiérarchiser,
-    envisagent d'y affecter le même type ou même niveau de moyens,
-    en ressentent même, pour certains, le besoin.

 Poser la question est déjà y répondre. Il suffit d'énumérer, pêle-mêle, quelques uns de ces éléments de la puissance : finance, démographie, défense, énergie, technologie, industrie, numérique, espace, océans, culture, etc. , pour s'apercevoir qu'il n'existe actuellement aucun consensus européen.
Ceci ne signifie pas néanmoins qu'il faille renoncer à  l'idée de construire une « Europe puissante » notion concrète et opérationnelle, plutôt d'ailleurs  qu'une « Europe puissance » concept purement incantatoire, tout juste utile à servir de leurre dans les congrès  ou les assemblées de la bien-pensance européiste.

Bien au contraire, il s'agit d'une impérieuse nécessité. Il est temps de  mettre en perspective  l'ensemble du dispositif de puissance nécessaire à la survie de l'Europe dans un monde qui globalement ne lui est pas favorable et perçoit l'Europe, au mieux comme un marché, au pire comme un ensemble  économiquement  anémique, démographiquement vieillissant et politiquement inexistant.

Ayant depuis trente ans favorisé l'irénisme économique sur le volontarisme politique, le court-termisme du marché  sur la vision à long terme, l'Union s'est montrée incapable de mettre en œuvre ce dispositif de puissance dans des domaines aussi stratégiques que la recherche fondamentale et appliquée, l'énergie , les technologies génériques, le numérique, la sécurité alimentaire, la défense mais aussi les politiques de population ou d'identité culturelles.

La réussite indiscutable de certaines grandes aventures technologiques ou industrielles, dans le domaine de l'aérospatial ou du nucléaire, est  due, pour l'essentiel, à des initiatives françaises relayées le plus souvent par l'Allemagne et parfois par d'autres partenaires européens.  Outre le fait que ces aventures  ont été initiées il ya plus de quarante ans, cette réussite certes brillante  masque le fait que les nouveaux domaines de la puissance n'ont guère été explorés depuis lors,  si ce n'est par des rapports ou des livres blancs.

L'aversion pour toute politique industrielle, l'obsession de la concurrence libre et non faussée rendrait sans doute impossible aujourd'hui le lancement d'Airbus.  C'est non sans mal que l'on a réussi à construire l'A 400M, outil majeur de souveraineté par sa capacité de projection, ou réussi à poursuivre  le programme Galileo, instrument de géolocalisation indispensable à la sécurité et à la gestion des flux économiques. La livraison du premier se fait au compte goutte, compte tenu de la réduction des budgets de défense, le second a du accepter de nombreux  compromis d'interopérabilité avec le GPS américain préjudiciables à l'indépendance de l'Europe.

Ce dernier point illustre clairement la volonté affichée par les Etats Unis, non seulement  face à l'Union Européenne, mais aussi au reste du monde, Chine notamment, de maintenir en permanence un « gap » technologique décisif seul susceptible de préserver une  volonté  de « full spectrum dominance », concept  ô combien  éclairant et non négociable de  leur stratégie d'hégémonie.

L'affaire Snowden a révélé, par ailleurs, comment la NSA, l'une des agences de renseignement la plus emblématique de la souveraineté technologique et numérique américaine, bien au-delà du simple système d'écoute tentaculaire que l'on s'est borné à présenter, constituait, en réalité, le « pivot numérique » de cette stratégie.

Pour paraphraser Mackinder et sa théorie du « pivot géographique », on peut affirmer en effet que celui qui contrôle et  commande  le « pivot numérique », contrôle le monde.

La National Security Agency (NSA) dont Edward Snowden  a révélé l'ampleur des activités constitue l'axe central d'un pouvoir numérique planétaire.
Ce pouvoir numérique qui se déploie, à vitesse exponentielle, dans tous les secteurs, de la défense à l'économie et à la culture est malheureusement hors d'atteinte pour les Européens qui ont renoncé à toute compétence en ce domaine, il y a quarante ans, par manque de vision technologique, industrielle et géopolitique, risquant ainsi de condamner l'Europe à n'être qu'une puissance incomplète.

La souveraineté, quelle vision ?

L'expression d'une puissance européenne sans but affiché  n'a  aucune valeur. Cette puissance doit être ordonnée à un objectif. A minima il s'agit d'assurer la survie  du Vieux  Continent ou, si l'on a plus  d'ambition, de défendre une certaine conception du monde et de la société, bref de maîtriser un destin.

Or,  depuis  Bodin et  Hobbes, la  volonté de  se donner les moyens de cette maîtrise,  de  ne dépendre de qui que ce soit, de  protéger son  peuple , ses biens, son patrimoine , sa mémoire, s'appelle la souveraineté.

 Mais pour des raisons historiques, géopolitiques mais aussi  de psychologie collective les Européens vivent depuis la fin de la seconde guerre mondiale  dans le déni de souveraineté.

Cette attitude de déni n'affecte en aucune manière les autres acteurs du monde multipolaire et de la soi-disant communauté internationale , qu'il s'agisse notamment  de la Chine , des Etats-Unis, de la Russie, de l'Inde, d'Israël ou du Brésil. Bien au contraire, ce monde  est le théâtre d'un affrontement permanent de souverainetés. Cet affrontement  est même la caractéristique essentielle d'un « monde redevenu  normal » pour reprendre l'expression du géopolitologue américain Robert Kagan.

Mais le fonctionnement de leurs institutions condamne les membres de l'Union Européenne à ce déni.  Bien plus, ces institutions n'ont de cesse  d'absorber années après années, par délégations successives et irréversibles, la substance même des souverainetés nationales,  sans transformer ce processus en construction d'une souveraineté européenne à la fois « surplombante » et partagée  capable de s'exprimer face au reste du monde.
Peu à peu s'est installée une conception à deux faces de la souveraineté européenne : l'une à usage interne, tournée vers les Etats membres, coercitive, culpabilisante voire punitive, l'autre à usage externe, complexée, frileuse et quasi inexistante à l'égard du reste du monde.
Cette dissymétrie de plus en plus mal perçue par l'opinion est largement responsable de l'affaiblissement du sentiment européen.

Elle est manifeste dans la gestion de la monnaie unique. Chacun a fini par comprendre que les sacrifices consentis en termes d'abandon de souveraineté dans ce domaine particulièrement sensible de la psychologie collective n'étaient pas compensés par l'émergence d'une monnaie qui, malgré une certaine réussite au plan international, ne parvenait pas à  s'imposer dans une  guerre des monnaies ou s'affrontent, pour l'essentiel, le Dollar et le Yuan, seules monnaies réellement souveraines car adossées à de véritables puissances.

 Il est vrai que, selon la tradition juridique, la souveraineté prenant nécessairement appui sur trois éléments : un Etat, un peuple et un territoire, l'Union européenne se trouve en porte à faux, révélant ainsi toute l'ambigüité de son projet.

La difficulté est d'autant plus grande qu'au-delà et en complément  des puissances traditionnelles, se développent, à un rythme accéléré, d'autres vecteurs de puissance le plus souvent étroitement  reliés entre eux : le réseau des entreprises financières et leurs instruments de marché et celui des entreprises numériques publiques et souveraines, NSA, CIA et autres... ou privées  Google, Amazon, Facebook  etc....

Les unes et les autres, aujourd'hui, sont, pour l'essentiel, dépendantes de l'hyperpuissante américaine.  Certains observateurs  pronostiquent le déclin de celle-ci. Tout montre au contraire qu'elle ne fait que se renforcer, sur les théâtres du monde où elle est vraiment importante. Par ailleurs  de nouvelles puissances émergentes ou ré-émergentes se sont engagées, à leur tour, dans une gigantesque compétition visant à  l'  « arraisonnement du monde », pour reprendre le concept qu'Heidegger appliquait au développement technologique postmoderne.

Confrontés à une situation aussi complexe, porteuse de menaces pour leur avenir, paralysé par des institutions inadaptées au monde qui vient, tourmentés par un sentiment de culpabilité et parfois même de haine de soi, dépourvus de toute vision géopolitique collective, que peuvent faire les Européens pour échapper à cet arraisonnement « gullivérien » ?

On a souvent dit que l'Union Européenne était une  construction juridique « sui generis » sans précédent  dans l'histoire. C'est sans doute vrai, elle n'est  ni un  Etat, ni une  fédération, ni une confédération. Il ne faudrait pas que cette singularité devienne maintenant un piège dans la compétition multipolaire qui se déploie sous nos yeux.

Aux Européens d'inventer désormais une nouvelle forme de souveraineté  « sui generis », partagée, coopérative, surplombante, « hors sol » etc. pour peu que cette souveraineté, sans étouffer les souverainetés des Etats-membres, soit à la fois protectrice, libératrice et anticipatrice, seule capable de rompre avec cette « géopolitique de l'impuissance » qui semble inspirer l'Europe depuis cent ans.

En l'absence de réflexion collective sur ces sujets,  la crise du sentiment européen ne cessera de s'aggraver.  Elle s'exprime aujourd'hui par une désaffection déjà très avancée de nos concitoyens vis-à-vis des institutions européennes. Ils constatent chaque jour, médusés, qu'elles ne répondent pas aux défis qu'imposent la crise et la recomposition du monde en résultant. Mais que l'on se rassure, si l'on peut dire.  Dans le collapse généralisé qui s'annonce,  il sera toujours possible de descendre plus bas. 

Jean-Claude Empereur (Europe solidaire, 03 mai 2014)

samedi, 22 février 2014

A Few Words on the Incomplete Sovereignty of Germany

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A Few Words on the Incomplete Sovereignty of Germany

Natalia MEDEN
Ex: http://www.strategic-culture.org

German Foreign Minister F.-W. Steinmeier arrived in Moscow like an old acquaintance. At a joint press conference with his guest, Sergei Lavrov affirmed that Moscow and Berlin have no problems that are not open for discussion. This statement emphasizes the trusting nature of existing relations and is in tune with the interview with the German minister published the day before the visit in the Russian newspaper Kommersant. However, if there is still complete mutual understanding between the long-time partners, why is the German press calling the visit a «complex mission» and comparing it to «walking on the edge of the abyss»? (1) 

In the current government of Germany, F.-W. Steinmeier has the greatest experience in communicating with Russian partners, comparable only to that of A. Merkel. Keep in mind that Steinmeier first held the post of foreign minister from 2005-2009, in Merkel's first cabinet, which like the current cabinet consisted of representatives of the CDU/CSU and the Social Democrats. It has been argued that at that time, in opposition to the chancellor, he actively advocated development of bilateral relations with Russia, proposing the conception of «Cooperation for Modernization». While Merkel, who had declared her foreign policy priority to be developing transatlantic partnership, did not publicly criticize Steinmeier's proposal, she was skeptical about it. She presumed that Russia was not going anywhere; that it needs Western technology in any case, including for the extraction of the oil and gas it exports; and that Russia would be afraid to turn completely toward China, considering the demographic vulnerability of Siberia and the Far East. 

What has changed since then? While social democrat Steinmeier was in the parliamentary opposition, German diplomacy, led by Guido Westerwelle, did not propose any new ideas on the Russian front. A lot of space is devoted to Russia in the coalition agreement signed at the creation of the current federal government, but this mostly testifies to the coalition participants' lack of a unified strategy. The ideas set down in the agreement are good in and of themselves: open dialog and broad cooperation. However, is there a practical program behind these declarations, or at least a general conception? G. Schroeder had such a conception; in the book Clear Words, presented in Berlin on February 14 of this year, he says that only together with Russia can the EU and Europe be a counterbalance to the U.S. or China (2). 

Today leading German politicians are distancing themselves from the «culture of restraint» attributed to Westerwelle. Germany cannot be a big Switzerland, declares the Social Democratic Party's expert on foreign and security policy J. Janning (3). Today, Germany's more active foreign policy means increasing German presence in Africa and supporting the anti-government demonstrations of the Ukrainian opposition. It makes one wonder what's next. In what parts of the world will Germany take responsibility, and what actions will it take there? Russia's place in the new coordinates of German foreign policy has obviously not yet been determined. And while the Merkel doctrine (developing transatlantic partnership) remains in force, one cannot count on the success of the dialog between Berlin and Moscow. And that is just what the first Russian visit of the foreign minister from Merkel's third cabinet has shown. 

If the German side sees the recent visit as constructive, so much the worse. At Steinmeier's negotiations in Moscow, Berlin's only suggestion was to invite the OSCE to be a mediator in Ukraine. Moscow did not accept this suggestion, considering previous negative experience of the OSCE's mediation activities in resolving «frozen conflicts» in the former Soviet Union. It seems that this is exactly what Berlin was expecting 

Steinmeier's meeting with his Russian colleague turned out to be fruitless. Its only accomplishment was an exchange of opinions. Steinmeier said as much when he stated that meeting and discussing problems is better than remaining silent. But the German minister responded to Lavrov's criticism regarding intervention in the internal affairs of Ukraine during the joint press conference with silence. What is that, a sign of agreement or unwillingness to enter into a dialog? To start with, it would have been appropriate for the German minister to somehow indicate his position on his predecessor Guido Westerwelle taking a walk on the Maidan with the Klitschko brothers; Westerwelle was the first Western politician to thus demonstrate his support for the antigovernment forces in Ukraine. Gernot Erler, the current coordinator of the German office for foreign policy on Russia, the Eastern Partnership and Central Asia, considers Westerwelle's act a mistake (4). Does Mr. Steinmeier share this opinion? That is unknown, as he eloquently refrained from commenting. Just as he did not say a word about the recording of V. Nuland's scandalous telephone conversation. 

But Steinmeier was not shy about expressing his indignation at how Russia had taken advantage of Ukraine's plight. Immediately after taking office he gave Moscow a lecture, calling its actions «completely outrageous». This was in reference to the Russian president's decision to give Ukraine a 15 billion dollar loan and a discount on the price of gas. As H.-H. Schroeder, a leading German expert on Eastern politics (from the government-connected Stiftung für Wissenschaft und Politik) summed up: «Steinmeier...makes sure that he does not say anything too positive about Russia» (5). And how does this style jibe with the assertion that «We can't do without Russia», which the minister expressed at the conference in Munich and repeated in his article in the weekly Focus? (6) 

It seems that the reason for such dualism is that Berlin wants to avoid new complications which could arise with regard to transatlantic partnership. At the same time, it does not want a confrontation with Russia. In general, it wants to arrange things such that it can make money and still stay out of trouble.

Any changes in Berlin's foreign policy are jealously monitored by the U.S. The phrase «Germany has been a problem» (7), uttered on the spur of the moment by the head of the Pentagon, speaks volumes. And the Germans, of course, understand how limited their possibilities are if a federal minister admits that «We in Germany have never been completely sovereign since May 8, 1945» (8). Apparently, Germany's «incomplete sovereignty» affects its relations with Russia.

An article by American experts from the Stratfor center (9) which characterizes Germany's policy in Ukraine as cynical and excessively assertive stands out... The Americans are offended that Berlin supports «its» Klitschko too openly, rather than Yatsenyuk, whom Victoria Nuland favors. And maybe Stratfor wants to throw the blame on Berlin as the main instigator of the Ukrainian uproar «just in case», and pit the Germans and Russians against each other while they are at it. After all, in the discourse of Stratfor head George Friedman one can hear a warning to the German upstarts: if you don't listen to us, you might end up all alone. Southern Europe hates you for your harsh demands for austerity measures, while the French are looking hopefully in the direction of Great Britain, dreaming of a new Entente Cordiale to counterbalance the hegemony of the Germans in Europe. And the Russians are angry at the attempt to snatch Ukraine away.

By all appearances, Berlin took heed of the signal from the U.S., and now Yatsenyuk enjoys equal status there with Berlin's former favorite Klitschko. In any case, Merkel has invited both Klitschko and Yatsenyuk to Berlin. 

But still, in spite of the wave of anti-Russian propaganda in the media, there exists a demand for normal neighborly relations with Russia in German society. It is no coincidence that for the first time in the past two years (!) Steinmeier has turned out to be a more popular politician in Germany than Merkel (10). Despite anti-Russian propaganda, independently thinking Germans condemn Western pressure on Ukraine. Signatures are being collected on a petition to that effect on the Internet. «This intervention is one more step toward starting World War III...we need peace and friendship with all countries, especially with Russia, against which this intervention is directed!» say those who have signed the petition (11). 

Steinmeier's comparison of Ukraine to a powder keg evokes disturbing historical parallels with the Balkans. Germany understands the dangers of a powder keg in the center of Europe much better than the U.S., and such an assessment in and of itself could serve as a starting point for renewing German-Russian relations.

Notes:

(2) Cited from: «Vorher Herr Bundeskanzler, nachher Herr Schröder». Handelsblatt, 14.02.2014.
(3) «Deutschland kann keine grosse Schweiz sein»/Berner Zeitung, 07.02.2014.
(4) See: zeitschrift-ip.dgap.org. This interview was published in the journal Internationale Politik before Erler was appointed to his post in the Ministry of Foreign Affairs, and thus it cannot be considered the coordinator's official position. Accordingly, there is no link to the publication on the Ministry's site.
(5) „Ohne Russland geht es nicht“/ Handelsblatt, 12.02.2014.
(6) Ohne Russland geht es nicht/Focus, 27.01.2014.
(7) Donald Rumsfeld in a speech to foreign journalists at the State Department, January 2003.
(8) Minister of Finance W. Schaeuble, 2011. theintelligence.de
(9) George Friedman and Marc Lanthemann. A More Assertive German Foreign Policy. Geopolitical Weekly, February 4, 2014. 
(10) According to an ARD-Deutschlandtrend survey, 70% of Germans are satisfied with Steinmeier's performance in office. Apparently he has exceeded the expectations of his countrymen, because in December 2013 only 53% of those surveyed approved of his appointment

lundi, 02 septembre 2013

Les Etats-Unis et leurs alliés – La «souveraineté limitée» selon la doctrine de Brejnev

Les Etats-Unis et leurs alliés – La «souveraineté limitée» selon la doctrine de Brejnev

par Willy Wimmer*

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Les révélations de Snowden sont un éclairage sous les feux des projecteurs: notre pays n’est pas, pour les Etats-Unis, un partenaire, mais est considéré comme un repaire de terroristes.

Il faudra se rappeler du visage ouvert et, somme toute, sympathique, d’Edward Snowden. Qui donc a réussi à lancer par la presse, une pareille bombe médiatique, à partir d’un refuge à Hong Kong, obligeant le président américain à chercher des explications concernant la situation réelle des libertés individuelles et des questions de sécurité dans son pays? Si ce n’était pas aussi sérieux, on dirait, bravo, bien joué. Mais de tels mots restent en travers dans la gorge, tant tout cela n’est pas crédible. Il se trouve que quelqu’un veut défendre les libertés individuelles et les droits civiques fondamentaux et se voit obligé de fuir – où? – en Chine.


D’un seul coup – comme en 1987, l’aviateur Mathias Rust, en survolant le Kremlin – le jeune Snowden a arraché le masque cachant le visage de sa patrie. On est loin de cette représentation des Etats-Unis, symbole de la démocratie et des valeurs étatiques fondamentales. La Chine n’est pas particulièrement connue comme Preaceptor Libertatis, la Fédération de Russie non plus d’ailleurs. Et pourtant, la Russie se présente, depuis un certain temps, comme courageuse représentante des droits humains. Autrement dit, on reprend aux Etats-Unis et à l’Occident ce droit qu’on croyait inaliénable de représenter ces valeurs. On n’a pas oublié que, déjà, lors de la guerre de 1999, la République fédérale de Yougoslavie, en violation du droit international, fut sacrifiée au nom des intérêts particuliers des Américains. Et maintenant cela! Les dirigeants chinois n’ont pas été hissés au gouvernement selon les règles qui nous sont chères. Mais cela ne signifie pas qu’ils n’évaluent pas soigneusement les intérêts de leur pays. Ils l’ont certainement aussi fait lorsqu’ils ont laissé la voie libre à ce jeune homme de se rendre à Moscou. C’est ainsi qu’ils ont créé des conditions propices pour que le ballon placé devant leurs pieds par le jeune Américain et les Etats-Unis vacillants, reste en l’air.


La rage de tout contrôler, qu’Edward Snowden avait décelée au sein de la National Security Agency (NSA) et chez ses clients, n’aurait pu être découverte à un moment aussi pire. Ce qu’il avait à dire concernait surtout l’Allemagne, ce sont nous, les Allemands qui se trouvent dans la ligne de mire de l’Etat fouineur américain. Il y a de quoi se frotter les yeux, car – indépendamment des guerres menées en violation du droit international – on se sent plutôt comme un allié des Etats-Unis et non pas comme un repaire du terrorisme international. Ce fut un magnifique signal, envoyé juste avant la visite à Berlin du président Obama. Mais la suite fut pire: nous sommes l’objectif officiellement déclaré de la surveillance totale, en commun avec nos amis européens, et pourtant nous nous trouvons dans une situation pour le moins singulière. La clause des Etats ennemis de la Charte des Nations Unies reste d’actualité dans la centrale de la NSA à Fort Meade.


A Berlin, la cloche de la liberté se trouve dans l’Hôtel de Ville de Schöneberg. Il ne s’agit pas seulement d’un cadeau généreux des Etats-Unis à l’Allemagne vaincue. Avec l’inscription «Ce monde doit renaître avec l’aide de Dieu vers une nouvelle liberté», elle représente aujourd’hui encore un leitmotiv démocratique pour notre pays. Ainsi on perd un peu de vue que depuis la réunification, il y a en Allemagne environ 2000 collaborateurs de la CIA pour couvrir tout le pays et analyser quelles prises d’influence on pourrait encore développer. Etant donné qu’à Washington chacun, tant au département d’Etat que dans les offices fiscaux, possède son propre système d’espionnage, Berlin peut facilement évaluer le nombre d’espions d’un pays ami se trouvant dans le pays. Et on ne compte pas les anciens collaborateurs de la Stasi et du service de sécurité de l’Etat qui ont été embauchés dès l’effondrement de la RDA, les recruteurs n’hésitant pas à faire du porte à porte avec leurs listes dans certains quartiers berlinois.


Le président Obama est reparti. Lui, qui est tant apprécié en Allemagne, continue son chemin pour visiter tout autour du globe, outre Guantanamo, encore d’autres pénitenciers. Peut-être que notre président allemand se souvient avec gratitude des larmes versées lorsque retentit l’hymne américain devant le château de Bellevue et de ses paroles conciliantes concernant la surveillance d’un ami par un ami. Néanmoins, il serait utile que quelqu’un s’assure à la mairie de Schöneberg que la fameuse cloche de la liberté ne se soit pas fêlée, car trop c’est trop.


L’énorme secousse causée par Monsieur Snowden, ne doit pas occulter le fait que nous n’avons pas de raisons d’être surpris. Il y a quelques années déjà, nous nous préoccupions de la problématique d’Echelon. Il apparut alors qu’une conséquence directe de la Seconde Guerre mondiale reposait sur le fait que la coalition des vainqueurs anglo-saxons, non seulement, conserva sa coopération SIGINT [Signals Intelligence] – c’est-à-dire la surveillance des signaux électromagnétiques et de toute communication électronique – mais la développa à l’infini. Nos amis londoniens ont repris la tâche d’intercepter à l’aide de stations d’écoute le trafic de courriels de l’Europe entière, y compris dans le but d’exercer un espionnage de transférer ces données immédiatement aux Etats-Unis. De ce fait apparaît, ce que l’on constate depuis des décennies en Europe, mais aussi en Allemagne: les installations étatiques allemandes sont soumises au contrôle parlementaire et doivent respecter les lois du pays. Les amis américains accordent, bien sûr de façon tout à fait désintéressée, une participation aux résultats des écoutes à certains organes de l’Etat allemand, qui eux-mêmes n’obtiendraient jamais de permission pour de telles activités de la part de leur gouvernement ou du Bundestag. Ce n’est pas précisément le procédé pour se créer des amis, c’est plutôt un comportement qui fait exploser l’ordre étatique. Il y a suffisamment d’exemples pour qu’on en vienne à s’interroger sur l’attention excessive accordée par certaines installations étatiques en Allemagne à un gouvernement parallèle sis à Washington …
De toute façon et cela depuis bien avant la dénonciation des aspirateurs de données de la NSA, on peut se demander si, dans la relation entre les Etats-Unis et leurs alliés, on n’a pas plutôt affaire à un système de «souveraineté limitée» selon le modèle de la doctrine de Brejnev. Des prescriptions financières de Bâle-II en passant par le statut de la Cour pénale internationale de La Haye et le pénitencier de Guantanamo, jusqu’au droit, soi-disant tout naturel, des Etats-Unis de mener des «guerres sur demande» [«Wars on Demand»], en violation de la charte des Nations Unies, il y a une longue chaîne d’exemples prouvant que les Etats-Unis se sont arrogés le droit de se placer au dessus du droit international. Alors qu’il est scrupuleusement observable que nous autres Européens respectons les sévères prescriptions de capital propres aux entreprises et aux instituts financiers (Bâle-II et prochainement Bâle-III) – les Etats-Unis, eux, les prennent à la légère. En matière de politique financière on ne découvre aucune de ses cartes et on ridiculise autrui. Quant à la Cour pénale internationale de La Haye, les Etats-Unis ont imposé leur système juridique afin de tenir l’Europe en laisse. Mais pour eux-mêmes, ils s’attribuent le droit d’attaquer d’autres pays si jamais ceux-ci se permettaient de faire comparaître des soldats américains devant les tribunaux pour crimes de guerre. On en aura pris connaissance, et pas seulement aux Pays-Bas.


Selon les révélations de Snowden concernant Prism, c’est la gigantesque industrie américaine active dans le domaine des données électroniques qui sert de véhicule pour imposer cette «souveraineté limitée». La porte d’entrée pour l’érosion du système juridique européen dans le domaine des droits civiques et des libertés individuelles se trouve en Irlande, qui est, à part cela, un pays tout à fait sympathique. L’Irlande laisse agir librement les multinationales spécialisées dans l’électronique – et voilà que nos droits et l’ordre juridique les protégeant, se volatilisent. C’est ainsi que la voie est toute grande ouverte aux immenses entreprises américaines d’avocats et qu’il ne reste aux Européens, de leur ordre juridique, pas même ce que les Indiens, dans l’empire britannique, pouvaient considérer comme leur propre droit [«home rule»]. Voilà les conditions dans lesquelles l’Europe aborde les négociations pour l’Accord de libre-échange transatlantique, qui se sera transformé en un Accord colonial transatlantique avant même que les négociations aient débutées.


A Washington, on avait – déjà du temps du président Clinton, lors de la mise en place des fondements du nouvel ordre mondial américain et du déclenchement de guerres, l’une après l’autre – réfléchi au rôle de l’économie américaine dans le monde. Les secteurs industriels dans lesquels les entreprises américaines devaient être prépondérantes furent définis. On peut en voir les résultats aujourd’hui et tirer son chapeau à ces planificateurs. Ils sont allés loin! L’accord de libre-échange a-t-il pour but de continuer à développer cette position? Les industries européennes doivent-elles subir le même sort que celui imposé par les multinationales de la communication électronique? Ne parlera-t-on plus qu’américain? Comment le gouvernement européen moyen, comment la Commission européenne, conçoivent-ils les négociations avec les Etats-Unis, alors que les positions européennes seront connues à la NSA à Fort Meade dans le Maryland avant même que les textes aient été terminés dans leurs ordinateurs portables? Lorsqu’on connaît le «Situation Room» de Fort Meade, on sait une chose: à Berlin et à Bruxelles on ne traverse pas la route lorsque le feu est au rouge sans que le visage du malfaiteur apparaisse sur les écrans du «Situation Room».    •

Première parution in: Compact 08/2013 (www.compact-magazin.com)

(Traduction Horizons et débats)

* Willy Wimmer, né en 1943, adhéra à la CDU en 1958 et fut député au Bundestag allemand de 1976 à 2009. De 1988 à 1992, il fut en tant que secrétaire d’Etat à la défense membre du gouvernement fédéral.

lundi, 14 janvier 2013

Gibt es eine Souveränität ohne Energie-Souveränität?

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Gibt es eine Souveränität ohne Energie-Souveränität?

Die Energiewende als Weg in eine friedliche Zukunft? Zu Daniele Gansers Buch «Europa im Erdölrausch. Die Folgen einer gefährlichen Abhängigkeit»

von Tobias Salander, Historiker

Ex: http://www.zeitfragen.ch/

Wie hängen Menschenwürde, soziale Gerechtigkeit, nationale Unabhängigkeit, Ernährungs-Souveränität, Energiesicherheit, der Wahrheit verpflichtete Geschichtsschreibung und die Frage von Krieg und Frieden zusammen? Gibt es Frieden ohne den demokratischen Rechtsstaat? Den demokratischen Rechtsstaat ohne Ernährungs-Souveränität? Ernährungs-Souveränität ohne Energiesicherheit? Energiesicherheit ohne Frieden? Oder andersherum: soziale Gerechtigkeit ohne nationale Unabhängigkeit? Nationale Unabhängigkeit ohne Energiesicherheit? Energiesicherheit ohne den demokratischen Rechtsstaat? Den demokratischen Rechtsstaat ohne Frieden? Frieden ohne eine der Wahrheit verpflichtete Geschichtsschreibung? Die einzelnen Elemente liessen sich auch in anderen Kausalketten verknüpfen, die Elemente auch erweitern durch die Begriffe Humanitäres Völkerrecht, Menschenrechte, aufrechter Gang, Zivilcourage usw. – kurz und gut durch das Insgesamt der Uno-Charta als wegweisenden Dokuments für eine bessere, humanere Welt und als Kontrapunkt zu Krieg, Hass, Zerstörung, wie sie die Welt im Zweiten Weltkrieg gesehen hatte und daraus den Schluss zog: Nie wieder!
All die oben aufgeworfenen Fragen und Ansätze zu deren Beantwortung finden sich in dem neuen Buch eines Schweizer Historikers, der schon durch frühere Forschungen aufgefallen war – und zwar auf Grund seiner Unerschrockenheit, absoluten Wahrheitsliebe und Unbestechlichkeit, die ihm so manches berufliche Ungemach und scharfe persönliche Anfeindungen eintrugen – ein Vorgang, der einen Forscher, der auf dem Boden des Humanitären Völkerrechts und der direktdemokratischen Tradition der Schweiz steht, ohne zu wanken, nur adeln kann – zeigt es doch, dass die Arbeit ins Schwarze trifft, kriminelle Energien elitärer Oligarchien aufdeckt und deswegen breit diskutiert gehört.
Dr. Daniele Ganser, Historiker und Gründer des SIPER, des Swiss Institute for Peace and Energy Studies, trägt in seinem minutiös recherchierten Werk «Europa im Erdölrausch. Die Folgen einer gefährlichen Abhängigkeit» Daten und Fakten zusammen, die auf folgende Schlussfolgerung hinauslaufen: Angesichts des 2006 erreichten weltweiten Peak Oil, des Fördermaximums von Erdöl, und des seitherigen Rückgangs der Förderrate bleibt der Weltbevölkerung nur ein Ausweg: zu 100% auf erneuerbare Energien zu setzen und die mit der Energiesicherheit der einzelnen Länder verbundenen Konflikte im Dialog zu lösen. Die Alternativen, die niemand wollen kann, wären Krieg, Gewalt oder Terror, also die altbekannten Mittel der Machtpolitik, welche die Würde des Menschen, die Souveränität der Nationalstaaten und das friedliche Zusammenleben der Völker mit Füssen treten.

Vorbei sind die Zeiten, als Forscher, die auf die Begrenztheit fossiler Energieträger verwiesen, nicht ernst genommen wurden. Die Tatsache, dass das konventionelle Erdöl, das heisst jenes Öl, welches einfach zu fördern ist, 2006 weltweit seinen Peak erreicht hat, ist heute Grundlage der Analysen des Internationalen Währungsfonds (IWF), aber auch der Internationalen Energieagentur (IEA) mit Sitz in Paris. Bemerkenswert, dass die IEA, 1974 als Gegenstück zur OPEC und im Dienste der OECD gegründet, seinerzeit lange daran zweifelte und in ihrem jährlich publizierten Standardwerk World Energy Outlook (WEO) die mögliche Förderquote zwar jährlich nach unten korrigieren musste, dann aber mit dem Jahrbuch 2010 den Peak Oil ebenfalls auf 2006 datierte.
Was Ganser mit seinem Buch gelingt und es für die Schule ab Oberstufe qualifiziert, ist sein polyperspektivischer Ansatz: Statt dass er selber Wertungen vornimmt, ausser dort, wo die Sachlage absolut eindeutig ist, lässt er immer die Sicht der Betroffenen und der Akteure zu Wort kommen – Aussagen, die in ihrer Klarheit, ja zum Teil Unverfrorenheit zum eigenen Nach- und Weiterdenken veranlassen. Oder um sein Anliegen mit dem von ihm zitierten Friedrich Nietzsche zu formulieren: «Es gibt nur ein perspektivisches Sehen, nur ein perspektivisches Erkennen. […] Je mehr Affekte wir über eine Sache zu Wort kommen lassen, je mehr Augen, verschiedene Augen wir uns für dieselbe Sache einzusetzen wissen, um so vollständiger wird unser ‹Begriff› dieser Sache, unsere ‹Objektivität› sein.» (Ganser S. 320. Zitat aus: Schönherr-Mann, Hans-Martin: «Friedrich Nietzsche». Paderborn 2008, S. 38)

George W. Bush: «Die USA sind erdölsüchtig»

Was 1859 in Titusville, Pennsylvania, begann und einen unglaublichen Wohlstand für viele Menschen mit sich brachte, vor allem natürlich in der ersten Welt, die Förderung von Erdöl, hat sich seit dem Zweiten Weltkrieg zu einem wahren Erdölrausch mit allen Begleitumständen eines Suchtverhaltens entwickelt. Wurden 1945 weltweit 6 Millionen Fass (à 159 Liter) pro Tag verbraucht, sind wir 2012 bei der schwer vorstellbaren Zahl von 88 Millionen Fass angelangt, einer Menge, die 44 Supertanker täglich über die Weltmeere transportieren!
Die grössten Süchtigen sind die USA mit 20 Millionen Fass täglichen Verbrauchs, dann China mit 9 Millionen Fass. Weniger im Vordergrund der Medien, aber um so zentraler für uns Europäer: Europa liegt immer noch weit vor China mit 15 Millionen Fass pro Tag.
Diese Zahlen und die Tatsache, dass die USA ihren Peak Oil schon 1970 hatten, China 1994, Grossbritannien und Norwegen im Jahre 2000, machen verständlich, dass heute eine scharfe Konkurrenz in Energiefragen zwischen China, den USA und, wenn auch verdeckter, Europa besteht. Wie sagte es im April 2006 George W. Bush in seiner State-of-the-Union-Botschaft? «Die USA sind erdölsüchtig. Und dieses Erdöl muss oft aus instabilen Regionen der Welt importiert werden.» Und der nun wiedergewählte Barak Obama gemäss «Neuer Zürcher Zeitung» vom 5. August 2008: «Unsere Sucht nach Öl zu durchbrechen ist eine der grössten Herausforderungen, der unsere Generation je gegenüberstehen wird.»

Weitere Kriege um Öl – oder friedliche Energiewende?

Kostete ein Fass Öl von 1950 bis 1960 konstant 2 Dollar, waren es 1999 schon 10 Dollar, 2008 dann aber die bis dato unvorstellbare Summe von 148 Dollar! Wenn auch heute der Preis wieder etwas gesunken ist, verharrt er weiterhin auf einem hohen Niveau, was gängigen Preisentwicklungsmodellen widerspricht und erstmalig in der Geschichte der Erdölförderung vorkommt. So musste die IEA 2008 die ernste Warnung publizieren, dass die Produktion vielerorts rückläufig sei, und dies bei steigender globaler Nachfrage: ein ungelöstes Problem!
Auf Grund dieser eindeutigen Faktenlage und in Kenntnis des dunklen Stromes der Menschheitsgeschichte, einer Geschichte, die einerseits zwar so reich an prohumanen Abläufen, Persönlichkeiten und Gemeinschaften ist – es seien nur die Arbeiten über die Genossenschaften von Elinor Ostrom und das Uno-Jahr der Genossenschaften 2012 in Erinnerung gerufen, ganz zu schweigen vom genossenschaftlichen Aufbau des Friedensmodells Schweiz –, andererseits aber auch menschliche Niedertracht aufweist, ein defizitäres Verhältnis des Menschen gegenüber der menschlichen Natur, gipfelnd in der Gier nach Geld, Macht und sexueller Perversion: Eingedenk dieses Hintergrundes stellt Daniele Ganser die These auf und belegt sie auch mit ungezählten Dokumenten, die These, dass die USA und die europäischen Länder heute, nach dem Zusammenbruch der Sowjet­union, Kriege führen, um Erdöl zu erbeuten – und mitnichten aus humanitären Gründen.
Oder wie kamen die drittgrössten Erdölreserven wieder in die Hand der westlichen Konzerne? Stichwort Irak-Krieg 2003. Wie kam die grösste Ölreserve Afrikas wieder an die Nachkommen der 7 Schwestern, der grossen westlichen Erdöl-Konzerne wie jene aus dem Hause Rockefeller und Rothschild? Stichwort Libyen-Krieg 2011. Und wird ­Syrien in einen Krieg um Gas getrieben?
Ganser gibt zu bedenken, dass wir im Westen dies gerne verdrängen würden, dass für Erdöl getötet werde. Seine sauber dokumentierten Belege machen aber künftig eine Verdrängung unmöglich. Und genau das ist das Anliegen des Autors: Einen Bewusstseinswandel herbeizuführen, denn ohne den sei die Energiewende nicht möglich, und schon gar nicht mit den alten barbarischen Methoden des Krieges und der Gewalt. Die vier nicht erneuerbaren Energiequellen: Erdöl, Erdgas, Kohle und Uran, seien durch die 6 erneuerbaren, nämlich Sonne, Wasser, Wind, Biomasse, Biogas, Erdwärme, zu ersetzen. Gemäss WWF Schweiz sei eine hundertprozentige Energiewende bis zum Jahr 2050 machbar.

Unser Zeitalter ist lediglich ein fossiles Intermezzo

Nach einem Blick in die Geologie und die Geschichte der letzten 2000 Jahre, die sich packend liest, da leicht verständlich geschrieben, und sich für Schüler ab der Oberstufe bestens eignet, bilanziert Ganser: Heute leben wir in einem fossilen Energierausch und haben vergessen, dass die Energie einst knapp und sehr teuer war! In den letzten 200 Jahren hat Eu­ropa fossile Energieträger verbraucht, die endlich sind – die Schattenseiten aber wurden ausgeblendet!
Unser Zeitalter sei historisch gesehen lediglich ein «fossiles Intermezzo», das allerdings vielen Menschen eine Mobilität gebracht habe, die im Mittelalter nicht einmal Königen möglich war!
Nebst der Beschreibung der Entstehung der grossen integrierten Konzerne wie Standard Oil, Royal Dutch Shell, British Petroleum, Total und Eni, in einer späteren Phase dann auch der staatlichen Konzerne der OPEC-Staaten wie Saudi-Aramco usw. leistet Ganser aber auch eine Arbeit, die schon lange erwartet wurde: Integriert in die Geschichte des «schwarzen Goldes» ist eine Schweizer Geschichte, die eine wohltuende sachliche Darlegung der geostrategischen Lage der Eidgenossenschaft beinhaltet, insbesondere auch während der beiden grossen Kriege des 20. Jahrhunderts.

Erpressungsmittel Kohle und Öl – eine implizite Widerlegung von Bergier

Da wird glasklar dargestellt, dass sowohl in der grössten Katastrophe der bisherigen Menschheitsgeschichte, dem Zweiten Weltkrieg als auch dem Morden des Ersten Weltkrieges, die Schweiz sich im Würgegriff der kriegsführenden Mächte befand und schon früh von den Briten und den Franzosen erpresst wurde, später auch von den USA, aber auch von den Nationalsozialisten. Alle Kriegsparteien wähnten, die kleine, neutrale Schweiz könne zur Sicherheitslücke werden und ihre mühsam importierten Produkte dem Feinde weiterreichen. Dass die wirtschaftliche Souveränität der Schweiz im Ersten Weltkrieg verlorenging, weil die Briten und die Franzosen den Handel nach ihrem Gusto diktierten, liest man als Schweizer Bürger nicht gerne – vor allem auch im Hinblick auf die heutige Situation, umringt von einer krisengeschüttelten EU und als Nachbar eines Deutschlands, welches unverschämte Töne anschlägt und eine Machtpose einnimmt, die an ungute Zeiten erinnert. Die doppelte Würgeschlinge im Zweiten Weltkrieg, die rigorosen kriegswirtschaftlichen Sparmassnahmen, die dunklen und kalten Wohnungen, die Macht von König Kohle, damals noch weniger vom «schwarzen Gold» – all die Ausführungen Gansers lassen eine Rekonstruktion der Ereignisse zu, die ein Bergier-Bericht verunmöglichte, ja in seiner ideologischen Zielrichtung gar bekämpfte. Ohne den Namen Bergier überhaupt nur in den Mund zu nehmen – ein nachahmenswertes Vorgehen, ist doch für das geheimdienstliche Bergier-Machwerk das Papier zu schade, auf dem es gedruckt wurde –, wirkt die sachliche Darstellung Gansers als Antidot, als Gegengift, welches die Köpfe klärt, die Sinne entwirrt und klar herausstreicht: ohne zähe Verhandlungen wären die Schweizer erfroren oder verhungert. Und: Was bereits Autoren wie Charles Higham («Trading with the Ennemy»), Herbert Reginbogin («Hitler, der Westen und die Schweiz»), Alberto ­Codevilla («Eidgenossenschaft in Bedrängnis») und andere klarstellten (vergleiche auch Zeit-Fragen Nr. 33 vom 20. August 2012): Ohne die Lieferung von Erdöl und seinen Derivaten wie Antiklopfmittel und anderen hätte Mussolini seine Äthiopien-Aggression nach einer Woche abbrechen müssen, wären Hitlers Panzerarmeen mit ihrer Blitzkriegstaktik aus Mangel an Treibstoff schon lange zum Stehen gekommen. Aber man lieferte so lange, wie man Hitler brauchte, um Stalin auszubluten, und als dann Rommel gegen Baku vorstossen sollte, da gingen die Treibstoffreserven plötzlich zur Neige, da die britische Flotte im Mittelmeer die deutschen Tankschiffe versenkte.
Der Zweite Weltkrieg aus der Perspektive des Erdöls – ein anderer Krieg als der, den man in den bisherigen Geschichtsbüchern antrifft.

Öl und der Schuss von Sarajevo, Öl und Pearl Harbor

Hatte nach dem Ersten Weltkrieg der britische Lord Curzon festgehalten: «Die alliierte Sache ist auf einer Woge von Öl zum Sieg geschwommen», so liess Stalin am Ende des Zweiten Weltkrieges in einem Toast gegenüber Churchill die US-Ölindustrie hochleben und sagte: «Dies ist ein Krieg der Motoren und der Oktanzahl.» Auf der anderen Seite hatte Hitler schon früh konstatiert: «Um zu kämpfen, brauchen wir Erdöl für unsere Maschinen.» Und: «Wenn wir das Öl bei Baku nicht kriegen, ist der Krieg verloren.»
Ganser hält fest, dass nicht nur für den Ersten, sondern auch für den Zweiten Weltkrieg die Rolle des Öls stark unterschätzt werde: Mit den USA kämpfen hiess, genügend Erdöl zu haben – und zu gewinnen.
Ganser geht unter Beizug der Quellen und Darstellungen ganz nahe an diverse Ereignisse heran, die in den Schulgeschichtsbüchern tunlichst umschifft werden:
Natürlich fiel in Sarajevo der weltberühmte Schuss – dass aber gerade Serbien das einzige Glied in einer Kette war, bei welchem die Briten die deutschen Bestrebungen, das Öl aus dem Irak via die Berlin–Bagdad-Bahn zu transportieren, noch unterbinden konnten, um ihre Weltmachtstellung, die Beherrschung der Ölrouten mit ihrer Flotte, zu sichern, wird plausibel dargestellt – und lässt weitergehende Schlüsse zu …
Was Pearl Harbor betrifft, lässt Ganser den 1942 bis 1946 in der US-Marine tätigen Robert Stinnett zu Wort kommen: Danach hat Roosevelt Japan mit dem Ölembargo bewusst provoziert, um die USA als Opfer einer Aggression in den Krieg führen zu können. Der Präsident «war gezwungen, zu um- und abwegigen, auch zu unsauberen Mitteln zu greifen, um ein isolationistisch gesonnenes Amerika zur Beteiligung an einem Kampf für die Freiheit zu überreden». Stinnetts Buch sei die fundierteste und umfassendste Untersuchung zu Pearl Harbor.

Einbezug von Öl taucht so manches Ereignis in ein anderes Licht …

Die Fülle des Buches von Ganser kann hier nicht andeutungsweise gewürdigt werden. Es seien hier aber weitere Kostbarkeiten aus seinem Werk in Form von Kapiteltiteln genannt:
«Der Aufstieg von Saudi-Arabien und Saudi Aramco», «Der Sturz der iranischen Regierung durch die USA 1953», «Die Suezkrise und die Angst vor Lieferunterbrüchen», «Der Bau von Pipelines in den USA und Europa», «Der italienische Erdölkonzern ENI und der Tod von Enrico Mattei», «Der Bau der Zentraleuropäischen Pipeline CEL über die Alpen», «Der Bau der Transalpinen Pipeline TAL durch Österreich», «Die Macht der Kartelle», «Die sieben Schwestern und das Kartell von Achnacarry», «Die Milliardengewinne der Erdölkonzerne», «Die Gründung der OPEC 1960», «Die erste Erdölkrise 1973» usw., usw.
Und so geht es weiter zum Club of Rome, zur zweiten Erdölkrise, den Golf-Kriegen, 9/11 und den jüngsten Kriegen bis zum ­Libyen-Krieg. Ältere Semester erleben bei der Lektüre dieser Kapitel das eine oder andere Déjà-vu, sind vielleicht einmal mehr erschüttert ob der kriminellen Energie der Akteure des Westens, während jüngere Leser, die zur Zeit von 9/11 noch im Kindergartenalter standen, sich ein Bild machen können über die Zeit, die ihre Kindheit und Jugend geprägt hat, ohne dass sie dies bisher, altersbedingt, hatten durchschauen können.

Ölkrise von 1973: US-Inszenierung vor dem Hintergrund des US-Peak-Oil

Aus der Fülle der Einsichten, die man Gansers Buch entnehmen kann, hier kurz einige Stichworte zur Erdölkrise von 1973. Worum ging es dabei noch einmal? Um Ölknappheit? Von wegen. Es war eine Preiskrise, keine Mengenkrise. Und im Hintergrund stand, so die These Gansers, die vorausgegangene Dollarkrise. Und hinter dieser Peak Oil in den USA.
Aber der Reihe nach: Als Folge des teuren Vietnam-Krieges waren mehr Dollars im Umlauf, als Gold im Keller der FED, der privaten US-Notenbank, lagerte. Viele Notenbanken verlangten deshalb Gold für ihre Dollars. Als Frankreich 1969 seine Dollarreserven in Gold einlösen will, sehen sich die USA nicht in der Lage dazu! Denn die Goldreserven der USA deckten nur noch ¼ der US-Auslandschulden. Es war also nicht das Öl knapp, sondern das Gold zur Deckung der Dollars, mit denen man Öl kaufen wollte. In dieser Situation riet Henry Kissinger – seit 1969 nationaler Sicherheitsberater, ab 1973 Aussenminister – mit anderen, Nixon solle die Golddeckung des Dollars aufheben. Und am 15. August 1971 verkündete Nixon die Aufhebung der Golddeckung des Dollars im TV und löste damit das aus, was als «Nixon-Schock» in die Geschichte einging. Europa zeigte sich verstimmt, die Erdölexporteure erhielten nun weniger für ihr Öl, für die USA hingegen hatte dieser Schritt grosse Vorteile: Bis heute kann die FED aus dem Nichts Dollars drucken und gegen Öl eintauschen!
Ben Bernanke, Chairman des FED, brachte es später auf den Punkt: «Die US-Regierung hat eine Technologie, genannt Druckpresse (bzw. heute ihre elektronische Version), die es ihr erlaubt, so viele Dollars zu drucken, wie sie will, und das praktisch gratis.»
Oder mit den Worten von Professor Walter Wittmann, Uni Freiburg, 2008: «Die US-Notenbank FED produziert, wenn nötig, Dollarscheine wie die Firma Hakle Klopapier.»

Kissinger und Bilderberger wollten höheren Ölpreis

Mögen diese Abläufe durchaus nicht unbekannt sein, so geht Ganser einen Schritt weiter in der Aufdeckung der Hintergründe, er zieht quasi einen weiteren Vorhang, der die wahren Fakten verbirgt: Hinter der Auflösung der Golddeckung von 1971 stehe die einbrechende Erdölproduktion in den USA von 1970. Das heisst, die USA mussten nun mehr Öl importieren, und dies ist nun mal viel billiger ohne Golddeckung, da man so die Dollarmenge einfach ausweiten kann.
In der weiteren Darlegung der 1973er Hintergründe folgt Ganser einem Rat von Scheich Ahmad Zaki Yamani, seines Zeichens von 1962 bis 1986 Erdölminister von Saudi-Arabien, vom US-Magazin Time zum Mann des Jahres 1973 gewählt und auch als «Stratege der Ölwaffe» tituliert. Ebendieser Yamani empfiehlt nun das Buch des US-Journalisten William Engdahl, «Mit der Ölwaffe zur Weltmacht», als einzige zutreffende Darstellung der Ölpreisentwicklung von 1973.
Demzufolge habe vom 11. bis 13. Mai 1973, vor der Krise, in Schweden ein Treffen der Bilderberger stattgefunden, der Hintergrundsgruppe, die sich 1954 zum ersten Mal im Hotel Bilderberg in Holland traf.
Am Treffen von 1973 hätten Henry Kissinger, Lord Greenhill von BP, David Rockefeller von der Chase Manhattan Bank, George Ball von Lehman Brothers und ­Zbigniew Brzezinski über den Zerfall des Dollars und die Erhöhung des Ölpreises gesprochen. Dabei sei die Rede von 400 Prozent gewesen. Effektiv stieg dann als Resultat der Ölkrise der Ölpreis auch um 400 Prozent und entschärfte so die Dollar-Krise!

Reza Pahlavi drängt OPEC auf Geheiss der USA in die Rolle des Sündenbocks

Der Plan der verschworenen Gruppe sah wie folgt aus: Ein globales Ölembargo der OPEC würde die Ölversorgung drastisch verknappen, damit stiegen die Ölpreise dramatisch an, damit auch die Nachfrage nach Dollars, und dies würde dann den Wert des Dollars stützen! So hätten trotz Rezession in den USA die USA profitiert! Die Volkswut würde sich gegen die Scheiche richten, die eigentlichen Drahtzieher blieben unerkannt und könnten sich als Opfer darstellen.
Ganser bedauert, dass diese These von Yamani und Engdahl kaum diskutiert werde, zudem seien auch die Sitzungen der Bilderberger geheim. Deswegen liesse sich die These nicht beweisen.
Aber realiter lief es genau so: Die OPEC beschliesst am 16. Oktober 1973 anlässlich des Jom-Kippur-Krieges, den Ölpreis mehr als zu verdoppeln, und zweitens Förderkürzungen plus einen Totalboykott der USA und der Niederlande sowie Lieferkürzungen für Industrieländer, bis Israel sich aus den 1967 besetzten Gebieten zurückziehe.
Das Wort «Erdölboykott» hatte eine enorme Wirkung: Die Menschen meinten, das Öl werde knapp, die westlichen Medien hetzten gegen die OPEC – aber alles stellte sich als Mythos heraus!
Im Dezember 1973 fand die Konferenz der OPEC in Teheran statt. Diskutiert wurde über den gerechten Ölpreis. Schliesslich kam es zur Versechsfachung des Preises in nur drei Monaten!
Laut US-Erdölforscher Yergin war der Schah Reza Pahlavi am aggressivsten für eine Erhöhung des Ölpreises, mehr als Yamani, der nicht wollte, dass der Westen untergehe, weil dann auch die OPEC unterginge.
Dass gerade der Schah als Statthalter des Westens – von den Briten und den USA unterstützt nach deren Sturz von Mossadegh – sich für höhere Preise stark machte, scheint paradox, denn das schadete den USA. Doch 2001 äusserte sich Yamani dazu: Der Schah habe ihm gesagt, dass Kissinger einen höheren Ölpreis wolle.
Für Yamani ist heute klar: Die USA haben die Erdölkrise von 1973 und das Anheben des Ölpreises von 2 auf 12 Dollar inszeniert. Die OPEC bekam die Rolle als Sündenbock.

Zitate, die den Chefankläger des ICC interessieren müssten …

Es seien hier einige der pointierten Äusserungen von Politikern der US-UK-Kriegsallianz zitiert – die ältere Generation kennt sie irgendwie noch alle, es ist aber das Verdienst Gansers, sie gerade auch für die jüngere Generation zusammengetragen zu haben: In ihrer Dichte, Unverfrorenheit und Chuzpe lassen sie eigentlich keine Frage offen, wer heute vor den ICC gehörte wegen flagranter Verletzung der Nürnberger Prinzipien. Damals, bei der Aburteilung der Nazi-Kriegsverbrecher, hatte ja US-Chefankläger Robert Jackson gesagt, an diesen Prinzipien wollten sich künftig auch die USA messen lassen. Und da das schlimmste aller Verbrechen der Angriffskrieg sei, und Kofi Annan zum Beispiel den Irak-Krieg 2003 als solchen bezeichnete, müssten ganze Heerscharen, angefangen von westlichen Staatsoberhäuptern bis hinunter zum einfachen Soldaten, die Untersuchungshaftzellen in Den Haag bevölkern. Man erinnert sich: Der deutsche Offizier Florian Pfaff, der während des völkerrechtswidrigen Angriffskrieg von 2003 gegen den Irak den Befehl verweigerte, genau unter Berufung auf die Nürnberger Prinzipien und die Uno-Charta, dort insbesondere Artikel 51, bekam in Deutschland recht – wurde aber dennoch militärisch degradiert …
Der Reigen der Zitate sei eröffnet mit Sätzen von Henry Kissinger. Am 22. September 1980, als der Irak mit US-Unterstützung Iran angreift, sagt Henry Kissinger: «Ich hoffe, sie bringen sich beide um, es ist zu schade, dass sie nicht beide verlieren können.» Heute ist bekannt, seit der Iran-Contra-Affäre, dass die USA auch Iran mit Waffen unterstützten – ganz im Sinne des Diktums von Friedensnobelpreisträger Kissinger …
Am 12. Mai 1996 sagte in «60 Minutes» von CBS Madeleine Albright, die damalige Uno-Botschafterin und spätere Aussenministerin der USA, in einem Interview auf die Frage, es seien schon 500 000 Kinder im Irak gestorben, mehr als in Hiroshima, ob das Embargo diesen Preis wert sei: «Ich glaube, das ist eine sehr schwierige Entscheidung, aber der Preis – wir glauben, es ist diesen Preis wert.»
Fazit Ganser: Womit klargeworden ist, dass die USA bereit sind, für Erdöl zu töten, auch Kinder!
John Bolton, Uno-Botschafter unter Bush und Senior Fellow von PNAC auf Fox News 2011: Der Nahe Osten sei «die kritische Erdöl- und Erdgas-produzierende Region der Welt, in der wir so viele Kriege geführt haben, um unsere Wirtschaft vor den negativen Folgen zu schützen, den Erdölzufluss zu verlieren oder ihn nur zu sehr hohen Preisen zu erhalten». al-Kaida wird von Bolton hier plötzlich nicht mehr erwähnt – hatte der Mohr gedient und konnte nun gehen?
Im November 1999 warnt Dick Cheney, CEO von Halliburton, anlässlich einer Rede in London explizit vor Peak Oil. Die Nachfrage werde ansteigen, die Produktion gleichzeitig zurückgehen. Woher solle also das Öl kommen, 2010 zusätzliche 50 Millionen Fass pro Tag?
Prophetisch seine Antwort: «Obschon auch andere Regionen der Welt grosse Möglichkeiten für die Erdölförderung bieten, bleibt der Nahe Osten mit zwei Dritteln der Erdölreserven und tiefen Produktionskosten die Region, wo der Hauptpreis liegt. Erdölfirmen hätten gerne besseren Zugang zu dieser Region.» Brauchte es da nicht nur noch ein «katalytisches Ereignis», um Truppen entsenden zu können? Wie der Oberkommandierende der Nato im Kosovo-Krieg, General Wesley Clark an mehreren Stellen äusserte, waren ja im Pentagon die Kriege gegen den Irak, Libyen, Syrien und andere schon lange vor 9/11 geplant …

Forschungsverbot für 9/11?

Im Januar 2001 gründete Dick Cheney die National Energy Policy Development Group (NEPDG), eine Expertengruppe zu Erdöl- und Energiefragen. Sie tagte geheim bis im Mai 2001 und plante die Energiezukunft der USA. Mit dabei sassen Konzernlobbyisten, die US-Aussen-, Energie- und Finanzminister. Ihren Befund reichten sie Präsident Bush weiter, der im Mai 2001 an die Presse geht und sagt: «Was die Leute laut und deutlich hören müssen, ist, dass uns hier in Amerika die Energie ausgeht. Wir müssen zusätzliche Energiequellen finden.»
Trotz Bemühungen von demokratischen Parlamentariern blieben die Sitzungsunterlagen und die Grosszahl der Teilnehmenden geheim, der Schlussbericht aber wurde am 17. Mai 2001 veröffentlicht: Ihm war zu entnehmen, dass die USA zuwenig Öl haben, und dies gefährde die nationale Sicherheit, die Wirtschaft und den Lebensstandard. So würden die USA immer abhängiger vom Ausland. Da im Nahen Osten zwei Drittel der Reserven lagerten, bleibe die Golfregion sehr wichtig für die US-Interessen.
Wieso ist uns heutigen Bürgern und schon den Zeitgenossen im September 2001 dieser Sachverhalt kaum mehr bewusst? Der Schock von 9/11 verdrängte das Thema des Peak Oil vollständig aus den Schlagzeilen. Wurde vorher noch klar deutlich, dass man Kriege wegen Öl führte, fanden die kommenden Kriege unter dem Label «Krieg dem Terror» und für die «Verbreitung der Demokratie» statt – ein Slogan, den Edward Bernays, Verfasser des Werkes «Propaganda» und einer der ersten Spin-doctors, schon für den Kriegseintritt der USA in den Ersten Weltkrieg kreiert hatte.
Bush und Cheney hatten sofort al-Kaida und Osama bin Ladin verantwortlich gemacht. Bush trat vor der Uno am 10. November 2001 sogenannten «Verschwörungstheorien» entgegen, wonach die USA die Anschläge manipuliert hätten, um Ressourcenkriege führen zu können.
Erstaunlicherweise hielten sich die Europäer brav an die Sprachregelung von Bush, obwohl jeder einigermassen an Geschichte Interessierte doch weiss, dass es in der Geschichte von Lügen, geheimen Absprachen und Verschwörungen nur so wimmelt. Zum Beispiel der Mord an Cäsar, der Angriff von Frankreich, Grossbritannien und Israel gegen Ägypten 1956, die Brutkastenlüge 1990, die Nato-Geheimarmeen, der Reichstagsbrand usw.
Ganser kritisiert, dass Bush mit seinem Statement vor der Uno verlangt habe, dass seine eigene Verschwörungstheorie geglaubt werde; damit habe er ein eigentliches Forschungsverbot zu 9/11 erlassen – ein Sachverhalt, der wissenschaftlich nicht haltbar sei, müsse doch Forschung immer Fragen stellen und Theorien untersuchen dürfen. Forschungsverbote kennt man ja sonst nur aus Diktaturen.

Welche Rolle spielte Dick Cheney?

Europa, so Ganser, dürfe sich der viel offener geführten Diskussion über Geostrategie in den USA anschliessen. Insbesondere müsse dabei die Rolle von Dick Cheney weiter erforscht werden.
So verlangte zum Beispiel das Project for the New American Century (PNAC), ein neokonservativer Think tank, schon im Januar 1998 einen gewaltsamen Regimewechsel im Irak: Die USA sollen die Welt dominieren, auch durch die Kontrolle von Erdöl. Mitunterzeichner waren Cheney, Rumsfeld und Wolfowitz. Der damalige Präsident Clinton hatte allerdings kein Gehör dafür.
Erst unter Präsident Bush hatten Cheney als Vizepräsident und Wolfowitz als stellvertretender Verteidigungsminister Einfluss. In dem Zusammenhang zitiert Ganser aus einer Wolfowitz-Rede in Singapur von 2003: «Der wichtigste Unterschied zwischen Nordkorea und dem Irak liegt darin, dass wir beim Irak aus wirtschaftlicher Sicht einfach keine Wahl hatten. Das Land schwimmt auf einem See aus Erdöl.» (Iraq War Was About Oil. In: «The Guardian» vom 4.6.2003) Wolfowitz offen und ehrlich: Die Kontrolle der Erdölreserven am Golf sei zentral für die USA. Und al-Kaida?
Einen US-Autor, der einen Zusammenhang zwischen 9/11 und Peak Oil sieht, würdigt Ganser besonders: Es ist Michael Ruppert, Ex-Polizist von Los Angeles. Seine These lautet: Zwischen 1998 und 2000 seien sich die US-Eliten des Peak-Oil-Problems bewusst geworden. Ab Januar 2001 hätten Cheney und andere sich entschieden, Terroranschläge zu manipulieren. Im Mai 2001 habe Bush Cheney die Verantwortung für Terrorismus übergeben, an 9/11 habe Cheney die totale Kontrolle gehabt. Sie hätten das kriminelle Vorgehen für richtig gehalten, da es ja «nur um einige tausend Menschenleben» gegangen sei. (Quelle: Michael C. Ruppert. «Crossing the Rubicon: The Decline of the American Empire at the End ot the Age of Oil.» Gabriola Island 2004.)

Hochrangige US-/UK-Zeitzeugen: Es ging ums Öl!

Und nochmals sei General Wesley Clark als Zeuge herbeigezogen: Wolfowitz habe ihm diese Pläne schon 1991 erklärt, was ihn schockiert habe. Wolfowitz habe gesagt: «Was wir aus dem Golf-Krieg gelernt haben, ist, dass wir unser Militär in dieser Region – dem Nahen Osten – einsetzen können, und die Sowjets stoppen uns nicht. Wir haben jetzt etwa fünf oder zehn Jahre, um diese alten Sowjetregime – Syrien, Iran und Irak – wegzuräumen, bevor die nächste grosse Supermacht kommt und uns herausfordert.» (Rede von Wesley Clark vom 3. Oktober 2007 beim Commonwealth Club in San Francisco. Zitiert in: Wes Clark and the neocon dream. In: «Salon News» vom 26.11.2011)
Und ein ähnlich hochrangiger Zeitzeuge, eventuell der hochrangigste, da er Mitglied der Cheney Energy Task Force war, Paul O’Neill, Finanzminister unter Bush, erklärt, es habe nie eine Verbindung des Irak zu den Terroranschlägen gegeben, und: Der Krieg gegen den Irak sei schon lange vor 9/11 geplant gewesen.
Und wie wurde die Thematik vom engsten Verbündeten Grossbritannien her betrachtet? Dort handelte sich der Umweltminister Michael Meacher seine Entlassung ein, weil er Tony Blair wie folgt kritisiert hatte: «Der Krieg gegen den Terrorismus ist ein Schwindel, das Ziel der USA ist die Weltherrschaft. Dazu brauchen sie die Kontrolle über die Ölvorräte.» Fakt sei, dass «den USA und Grossbritannien die sicheren fossilen Reserven ausgehen». Auch Grossbritannien sei «nicht uninteressiert an diesem Wettrennen um die verbleibenden Vorräte an fossilen Energieträgern, was zum Teil erklärt, warum wir Briten in diesen Militäraktionen der USA mitmachen.» («This war on terrorismus is bogus», in: «The Guardian» vom 6.9.2003)
Heutige Quellen, nach dem «Freedom of Information Act» von Greg Muttitt erstritten, geben Meacher recht: Im Oktober und November 2002, ein halbes Jahr vor der Invasion, besprachen Konzernvertreter und die britische Regierung den Zugang zum irakischen Öl.
Oder mit den Worten der US-Autorin Antonia Juhasz: Ziel des Irak-Krieges sei es gewesen, staatliches Öl zu privatisieren und Konzernen zugänglich zu machen. Denn: In 15 Jahren gingen den Konzernen die Reserven aus, deshalb sei der Zugriff auf Reserven der OPEC-Länder für sie überlebenswichtig.

Wenn es Alan Greenspan schon zugibt …

Hier sei zum Abschluss ein Mann zitiert, der durchaus als Kronzeuge gelten darf, hatte er doch den Dollardruck in der Hand: Alan Greenspan, Chairman der Federal Reserve. Ganser zitiert ihn mit folgender, alles entlarvender Aussage: «Ich finde es bedauerlich, dass es politisch unangebracht ist zuzugeben, was alle schon wissen: Im Irak-Krieg ging es vor allem um das Erdöl.» (Alain Greenspan, zitiert in: «Greenspan admits Iraq was about oil». In: «The Guardian» vom 16.9.2007.)
Dass bei solch hochkarätigen Zeugen die Forschung nicht in unzähligen Ländern darauf erpicht ist, mehr Licht ins Dunkel zu bringen, spricht Bände.

BR Couchepin und Kofi Annan: Irak-Krieg verstösst gegen die Uno-Charta

Und wie wurden diese Abläufe in der neutralen Schweiz kommentiert? Ganser bringt hier eine Aussage zum Vorschein, die wohl auch schon wieder vergessen gegangen ist und der Parteizugehörigkeit des Sprechers wegen vielleicht erstaunen mag. Am 20. März 2003 sagte Bundesrat Pascal Couchepin (FDP) vor der Bundesversammlung: Der Krieg gegen den Irak sei vom Sicherheitsrat der Uno nicht bewilligt worden und deswegen ein gefährlicher Präzedenzfall. Die USA und die Koalition hätten sich über die Uno-Charta hinweggesetzt. Es sei ein Gebot der Stunde, dass die Uno-Charta wieder mehr respektiert werde. Die Schweiz zeige sich solidarisch mit der irakischen Zivilbevölkerung, die seit den Sanktionen von 1990 leide.
Aussagen, die von höchster Uno-Ebene bestätigt wurden: So erklärte am 16. September 2004 der damalige Uno-Generalsekretär Kofi Annan den Irak-Krieg gemäss Völkerrecht als illegal.
Ganser gibt zu bedenken, dass mit dem Geld für all diese völkerrechtswidrigen Kriege problemlos und in hohem Masse erneuerbare Energien hätten gefördert werden können. Er bedauert, dass es keine Debatte über Ressourcenkriege gab. Und ganz im Gegenteil hätten diese westlichen Erdölbeutezüge die Terrorgefahr nicht etwa gemindert, sondern im Gegenteil erhöht.
Als Zeugen führt Ganser den algerischen Intellektuellen Rachid Boudjedra an: Der Westen sei in seiner Gier von korrupten arabischen Herrschern flankiert. Nicht der Islam an sich, sondern die Wunden, die durch die westliche Gewalt zugefügt worden seien, führten junge Männer den radikalen Islamisten in die Arme!
Um es mit Michel Chossudovsky von der Universität Ottawa in Kanada aktualisierend zusammenzufassen: Der Libyen-Krieg war wie der Irak-Krieg ein Erdölbeutezug. Es ging darum, die Erdölindustrie des Landes zu privatisieren.

Energiewende oder endlose Ressourcenkriege, Lügen, Leid und Not?

Gansers Fazit: Bedauerlicherweise investiere die Welt heute mehr in die Rüstung als in die Energiewende. So betrügen die weltweiten Militärausgaben im Jahre 2010 1600 Milliarden Dollar. An der Spitze stehen die grossen Erdölkonsumenten: Die USA mit 700 Milliarden, China mit 120 Milliarden Dollar. Ganser dazu: «Wer auf Gewalt setzt und bereit ist, für das Erbeuten von Erdöl und Erdgas zu töten, kann sich strategische Vorteile verschaffen. Doch das Grundproblem, dass in verschiedenen Ländern die Erdölforderung einbricht, lässt sich mit Gewalt niemals lösen. Es gilt daher, Ressourcenkriege zu vermeiden, Konflikte, wo immer möglich, ohne Gewalt zu lösen und die verfügbaren Mittel für die Energiewende einzusetzen. Nur erneuerbare Energien können letztendlich aus der Knappheit führen, weil sie über Generationen zur Verfügung stehen.» (Ganser, S. 322)
Und am Schluss seines Werkes resümiert der Autor: «Nachdem ich während Jahren die Entwicklung der Ölförderung, Rüstungsausgaben und verschiedene Lügen und Täuschungsmanöver im Umfeld von Ressourcenkriegen studiert habe, hoffe ich heute sehr, dass die Energiewende gelingen wird, und ich setze mich mit dem Swiss Institute for Peace and Energy Research (SIPER) für eine Unterstützung dieser Transformation ein. Ich bin mir aber auch bewusst, dass der Weg noch weit und die Gefahr des Scheiterns gross ist. Gelingt die Energiewende? Ich weiss es nicht, aber ich hoffe es. Oder erwarten uns, unsere Kinder und unsere Enkel Ressourcenkriege, Rezessionen, Klimawandel und Wasserknappheiten? Die Zukunft muss es weisen und unsere Wandlungsfähigkeit dokumentieren.» (S. 362)
Ein Ansatz, der voll und ganz die Unterstützung aller friedliebenden und demokratisch gesinnten Bürger verdient, ganz speziell auch in kleinen Ländern, die sonst allzuleicht zu Erpressungsopfern der Gier von Grossmächten werden könnten.     •

Quelle: Daniele Ganser. Europa im Erdölrausch. Die Folgen einer gefährlichen Abhängigkeit. Zürich 2012. ISBN 978-3-280-05474-1.

Energiefrage als Gefahr für die Souveränität der Nationalstaaten

ts. In seinen Kapiteln zur Schweizer Energiegeschichte macht Daniele Ganser deutlich, wie stark ein kleines Land, zumal ohne Ressourcen, auf den Goodwill der Global player und grösserer Staaten angewiesen ist. Im Notfall drehen sie dem Kleinen die Energiezufuhr ab. Es sei denn, der einzelne Nationalstaat, insbesondere der Kleinstaat, setze alles daran, ein grösstmögliches Mass an Energieautarkie zu erreichen. Mit fossiler Energie geht dies sicher nicht. Auch hier hilft nur die Energiewende, hin zu erneuerbaren Energien.

Die erste Erdölkrise von 1973 und die Schweiz

Zur Einordnung der Krise von 1973 gab es in der Schweizer Medienlandschaft, aber auch in der Politik kritische Stimmen zu hören: So las man, dass in erster Linie nicht die Scheichs, sondern die westlichen Konzerne und die USA an einer Ölpreiserhöhung interessiert seien. Die Verknappung sei künstlich geschürt worden. Eine Einschätzung, die sich auch auf den US-Gewerkschaftsführer Charles Levinson stützte.
    PdA-Nationalrat Jean Vincent äusserte im Parlament, es gebe überhaupt keine Erdölkrise, sondern nur «kriminelle Praktiken der Erdölmonopole». CVP-NR Edgar Oehler verwies auf eine doppelte Erpressung durch arabische Scheichtümer und die Konzerne, während SP-NR Otto Nauer festhielt, dass die Souveränität eines Landes zur Farce werde angesichts des Preisdiktats der Konzerne. Aber auch die Exekutive äusserte sich. Bundesrat Ernst Brugger räumte im Dezember 1973 Fehleinschätzungen ein und sagte: «Dieser internationale Ölmarkt ist wenig transparent, das ist tatsächlich eine Wissenschaft für sich.» Auch die USA würden das nicht durchschauen, meinte er. (vgl. Ganser, S. 188 ff.)
    1978 forderte der Schlussbericht der vom Bundesrat eingesetzten Eidgenössischen Kommission für die Gesamtenergiekonzeption (GEK) unter anderem den Ausbau der erneuerbaren Energien – auch wenn das Hauptgewicht damals noch auf den Ausbau der Atomenergie gelegt wurde. (vgl. Ganser, S. 205 ff.)

Kriegswirtschaftliche Instrumente einsetzen

Beim Ausbruch des Krieges zwischen dem Irak und Iran 1980 wies im September 1980 Bundesrat Fritz Honegger darauf hin, dass die Schliessung der Strasse von Hormuz für Eu­ropa und die Schweiz äusserst gefährlich wäre, fiele so doch ein Viertel des westlichen Öls weg. Die Schweiz habe sich vorbereitet und könnte kriegswirtschaftliche Instrumente einsetzen, sprich Rationierungen, Fahrverbote usw.
    Die Mahnung des Bundesrates im März 1981, die einseitige Abhängigkeit vom Öl zu reduzieren, blieb ohne Folgen, brach doch der Ölpreis im November 1985 wider Erwarten drastisch ein, von 32 auf 10 Dollar, da Saudi-Arabien plötzlich wieder viel mehr förderte. (vgl. Ganser, S. 225 ff.)

Nötig ist ein Paradigmenwechsel

«Der Umstieg kann nur gelingen, wenn Energiekonzerne mit Energiesparen Geld verdienen; dafür braucht es einen Paradigmenwechsel, der noch nicht eingesetzt hat.» (Daniele Ganser, S. 333)

Kann das unkonventionelle Erdöl die Lücke füllen? Nein, da EROI negativ!

ts. Der CEO von Shell, Jeroen van der Veer, gestand ein, dass im Jahre 2006 das konventionelle Erdöl den Peak erreicht habe. Aber beim unkonventionellen Öl und Gas, die schwerer zu erschliessen sind, da gebe es noch grosse Reserven. Ganser mag hier keine Entwarnung geben, denn eins müsse man wissen: Aufwand, Kosten und Geschwindigkeit der Förderung von konventionellem und unkonventionellem Öl unterschieden sich wie Tag und Nacht.
Konventionelles Öl könne mit Coca-Cola verglichen werden, das nach etwas Schütteln selbständig aus der Dose spritze. Das unkonventionelle Öl hingegen muss aus grosser Meerestiefe, mehr als 500 Meter unter dem Wasserspiegel, gefördert werden; Teersand, der nicht flüssig ist, muss abgebaggert werden; die Förderung braucht mehr Energie als bei konventionellem Öl. Das heisst, dass sich das Verhältnis Energieaufwand zu Energieertrag verschlechtert. Man spreche von «Energy Return on Investment» oder EROI. Liege der EROI bei Easy Oil bei 1:100 (1 Fass Öl aufwenden, um 100 zu gewinnen), so beträgt der EROI bei unkonventionellem Ölschiefer 1:5 oder sogar 1:2!
Mit anderen Worten, so Ganser: Die Nutzung von unkonventionellem Erdöl hilft nur, den Peak auf der Zeitachse etwas nach hinten zu schieben. Und: Es belastet die Umwelt viel stärker!
Für den Laien verkompliziert sich die Sache, da heute in den Statistiken meist konventionelles und unkonventionelles Erdöl vermischt werden. So unterscheiden sich etwa die Zahlen der OPEC und von BP: die OPEC zeigt den Peak von 2006 bei 70 Mio. Fass pro Tag. BP hingegen verzeichnet einen jährlichen Anstieg auf 83 Mio. Fass pro Tag im Jahre 2011. Des Rätsels Lösung? BP führt alle Erdölprodukte auf, auch unkonventionelle, und beim Verbrauch rechnet BP auch Biotreibstoffe dazu. Ganser verlangt von den grossen Zeitungen, dass sie dies genauer ausweisen sollen, auch die «NZZ» und die «FAZ», die das bisher nicht tun.
Immerhin: Heute bestätigt auch ExxonMobil, dass das konventionelle Öl stagniert, während andere Firmen schon einen Rückgang eingestehen. (vgl. Ganser, S. 266ff.)

Lehren in der Schweiz: Eigenes Erdöl weckt Begehrlichkeiten von Grossmächten

ts. Der CIA-Putsch in Iran im Jahre 1953 wurde auch in der Schweiz aufmerksam verfolgt. So gab SP-Ständerat Emil Klöti zu bedenken, dass der Besitz von eigenem Erdöl nicht ungefährlich sei, denn er wecke Begehrlichkeiten der Grossmächte. Deshalb müsse die Schweiz die Suche nach eigenem Erdöl auch in den eigenen Händen behalten. Und der FDP-Nationalrat Paul Kunz doppelte im März 1953 nach: Eigenes Öl könne die Unabhängigkeit und Neutralität in Gefahr bringen – wegen des Erdöldursts der anderen Länder.
Da in der Schweiz die Kantone die Konzessionen für Erdölsuche vergeben, auf Grund des sogenannten Bergregals, mussten ausländische Konzerne wie Shell im Jahre 1951 bei 17 Kantonen gleichzeitig Konzessionsgesuche einreichen. Als der Kanton Fribourg mit der Firma d’Arcy, einer Tochter von BP, handelseinig werden wollte, lud der Bund aus grosser Sorge am 6.11.1952 die Kantone zu Erdölkonferenz nach Bern ein: Dort gab der Bundesrat bekannt, die Erteilung von Konzessionen an ausländische Konzerne sei eine Gefährdung der äusseren Sicherheit, der Unabhängigkeit und der Neutralität, da BP in der Hand der britischen Marine und damit des Staates Grossbritannien war.
Im Juni 1959 wurde die Swisspetrol Holding AG gegründet, eine Dachgesellschaft mit Schweizer Aktienmehrheit, zur Kontrolle der Erdölforschung in der Schweiz. Aber die seismischen Messungen des Untergrundes des Mittellandes durch eine Tochterfirma von Swisspetrol, die Schweizerische Erdöl AG (SEAG), waren wenig ergiebig. Auch anschliessende Tiefenbohrungen blieben erfolglos, was viele Schweizer Bürger freute, da sie davon ausgingen, dass Öl immer bloss Kriege anzog. (vgl. Ganser, S. 90 ff.)

Die Lage der Schweiz im Zweiten Weltkrieg

«Unsere Lage war mit jener in einer Mäusefalle vergleichbar geworden. Es bedurfte unablässiger handelspolitischer und diplomatischer Anstrengungen, um unser Volk vor dem langsamen Hungertode zu bewahren.»
Aus dem Bericht des Bundesrates zur Lage der Schweiz nach dem Fall Frankreichs im Mai 1940, umzingelt von faschistischen Staaten. (Quelle: Eidgenössisches Volkswirtschaftsdepartement [Hrsg.]: «Die Schweizerische Kriegswirtschaft: 1939–1948». Bern. Eidgenössische Zentralstelle für Kriegswirtschaft, 1950, S. XV)