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vendredi, 05 septembre 2014

Argentine: une autre victime

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Argentine: une autre victime

Un exemple des méfaits du futur traité transatlantique

Auran Derien
Ex: http://metamag.fr

L’Argentine a été pillée, situation comparable à celle de nombreux pays européens. C’était en 2001. Les financiers de Washington avaient tellement saigné l’Argentine qu’une crise brutale frappa le pays. Les Autorités déclarèrent un moratoire pour quelques 100 000 millions de dollars. Il y eut des négociations fructueuses avec 93% des créditeurs puisqu’à la fin, à peu près 70% de la valeur nominale des titres publics fut annulée.
 
Deux fonds financiers, NML Capital et Aurelius Management, ont acheté les titres de la dette publique argentine, à prix dévalués, et ont alors déposé des plaintes devant un tribunal US à la manière que nous imposera le futur Traité transatlantique en négociation actuellement. La finance anglo-saxonne possède en effet un système de droit et de morale qui lui est propre. Ses intérêts sont au-dessus des intérêts de quelque pays que ce soit. La globalisation est sans droit. Tout simplement.
 
Ces deux fonds veulent extorquer 1300 millions de dollars à l’Argentine et Thomas Griesa, Juge en chef de la Cour de district des États-Unis pour le district sud de New York, leur a donné le feu vert. Encore faut-il de multiples appuis. Le responsable de NML Capital, un homme d’affaires nommé Paul Singer, traîne souvent à Davos. Il possède un autre fond, Elliot Management, qui finance la campagne du sénateur Marco Rubio, de lointaine origine cubaine, lequel ambitionne de se présenter aux prochaines élections présidentielles. La mère de Rubio, Mme Ros-Lehtinen s’agite dans la politique US contre les pays d’Amérique Latine. Un autre personnage du lobby cubain aux USA tient aussi un rôle important: le sénateur du New Jersey, Menéndez. Sa campagne est financée par le cabinet d’avocat Lowenstein-Sandler …La liste est longue mais le principe est le même. Il semble donc que tout se ramène à une très ordinaire médiocrité financière: des financiers paient les campagnes de politiciens qui font voter les lois permettant de racketter.

Bientôt, la résistance ? 

Que la finance mondialiste tienne le haut du pavé ne fascine pas la totalité des politiciens d’Amérique Latine. D’abord les membres du MERCOSUR (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, Venezuela), puis l’UNASUR ont diplomatiquement affirmé que les financiers affectaient la stabilité financière globale et ont condamné la décision du juge Griesa. Ils ont précisé de plus que les paiements de cette dette ne devaient pas hypothéquer le futur et manifesté leur solidarité aux pays victimes de cette situation. Trois Présidents, Morales (Bolivie), Mujica (Uruguay) et Correa (Equateur) furent plus explicites. Morales employa l’expression « extorsion financière », expliqua que le but final était la privatisation de toutes choses afin que les multinationales puissent mettre à sac les ressources existantes. Mujica précisa que ces méthodes seraient utilisées contre tout le monde et qu’il convenait de porter les débats sur les forums internationaux où se rencontrent d’autres victimes afin d’y faire germer une attitude commune. Il affirma clairement que ces initiatives avaient pour but d’obliger l’Argentine à privatiser son pétrole au bénéfice des grandes multinationales. Correa regretta qu’il n’y ait pas encore une grande solidarité entre les victimes de ce pillage ; il manifesta toutefois une certaine ingénuité en déclarant qu’il convenait de séparer les investisseurs honnêtes des autres. Mais qu’est-ce qu’un investisseur honnête ? La situation est telle qu’il est impossible de faire la différence.
 
Un cloaque sans droits

L’activité financière fonctionne sur la circulation de créances et de dettes qui se transforment sans cesser d’exister. Un prêt suppose que des études ont été faites, que le risque a été apprécié. Une justification du paiement d’intérêts n’est-elle pas dans la prise de risque ? Lorsqu’un débiteur fait faillite, la banque qui a octroyé les crédits est donc responsable puisqu’elle n’a pas su étudier le dossier correctement. Il est normal qu’elle en supporte les conséquences. De cette manière, la dette s’éteint. 

Pourtant, des financiers font traduire le pays devant un tribunal ad hoc, utilisant une loi d’exception, valable dans leur seul pays. Selon les règles internationales, tous ceux qui ont trempé dans cette condamnation sont des criminels. Il conviendrait donc de les poursuivre, les arrêter, les condamner.
 
Un peu de patience est nécessaire avant que cela ne se produise. Mais nous devons pousser dans cette direction, seule voie de retour vers une commune humanité.

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